Elle a passé depuis par des fortunes diverses, elle s’est atténuée au temps de la fusion, et, à l’époque de M. […] Mais force nous est de prendre aujourd’hui le capitalisme tel qu’il est, c’est-à-dire comme la chose acquise, la fortune acquise, un système d’intérêts, une doctrine d’intérêts, une volonté d’intérêts à défendre. […] Le même destin, la même fortune, le même avenir favorable, refusés en 1832 par l’Ecclesia volens, sont échus en 1907 à l’Ecclesia nolens. […] Ce radical a opté pour le boursier, comme le traditionaliste Barrès opte pour l’héritier, tous deux portés par leur passé et leur fortune avec une égale sincérité, et, du côté de M. […] Dans trente ans les exclus de l’école unique mèneront peut-être la vie dure aux inclus : à l’aristocratie des concours ne sera-t-il pas plus difficile de se faire aimer qu’à l’aristocratie de la fortune, et qu’à l’aristocratie de naissance ?
Un avancement lent n’était pourtant pas interdit encore au mérite obscur : un officier de fortune pouvait, à force de valeur, et sur la fia de sa vie, aspirer à la place de major ou de lieutenant colonel, et devenir le mentor en titre du colonel étourdi, non moins impatient de conseil qu’incapable de commandement.
Mais il semble d’abord qu’à part cette juxtaposition chronologique, tout autre rapprochement entre cet homme et ce peuple doive être plus ingénieux que réel, plus académique qu’historique, l’apparition et la fortune de Bonaparte, en effet, se rattachent à des causes toutes modernes et très générales, à la Révolution française, à la disposition de l’Europe.
Il me semble qu’on n’en est guère là, et l’on aurait chance bien plutôt de peindre avec vérité un homme résolu à tout, déterminé à faire fortune, à se conquérir un nom, un état, une influence, une considération presque, ou du moins tout ce qui en tient lieu socialement et la représente, et cela en envoyant promener sa conscience et même le respect humain, mais en osant, en voulant fortement, en s’imposant.
Mais quelle misère que, Napoléon devenu maître du monde, Lemercier voie toutes les amertumes empoisonner sa vie ; qu’incrédule envers l’empereur, il doive marcher de revers en revers, comme l’empereur de triomphes en triomphes ; qu’il finisse par être attaqué jusque dans les débris de sa fortune !
Je ne vous enseignerai pas l’art de faire fortune, ni, comme on dit vulgairement, l’art de faire son chemin ; cette spécialité-là m’est assez étrangère.
Costar, transporté de joie, se félicita d’avoir réfuté Girac, lui fit faire des remercimens de lui avoir ouvert le chemin de la fortune & de la gloire, & publia qu’il avoit plus d’obligation à son adversaire qu’à tous ses amis.
Quel attrait nous ramene auprès d’eux quand un mouvement de curiosité nous a fait aller voir ce que la fortune décidoit sur les théatres voisins ?
Entendez bien que je ne le félicite pas d’avoir négligé de faire fortune ou d’avoir peu insisté pour être sénateur.
la fortune que l’on avait péniblement amassée ? […] Leur histoire était encore une histoire privée ; leur passion, en un certain sens, n’intéressait qu’eux-mêmes ; la fortune de tout un grand peuple ne dépendait pas de la leur. […] Car, d’abord, il est jeune, et il a sa fortune à faire. […] Cependant, au xviie siècle, à la cour de Louis XIV, si grand que fût le pouvoir de la fortune, il était contrebalancé par celui de la noblesse ou du sang. […] De même que l’autre jour Turcaret en son genre, la tragédie de Crébillon nous apparaît comme un sûr témoin de la fortune et de la popularité croissantes du roman.
« J’ai souvent remercié la fortune de m’avoir donné un contemporain tel que vous, qui m’avez mieux compris que personne, et qui avez bien voulu en aider d’autres à me mieux comprendre48 ; mais je la remercierais davantage encore, si elle eût rendu nos habitations plus voisines : vous verriez qu’aujourd’hui, comme au temps que vous rappelez, tout serait de ma part abandon et confiance. — Pauvre Dalberg ! […] Il prit la main refroidie de celui qui, vivant, lui avait témoigné tant d’attentions et de bienveillance, et qui avait dit un jour de lui et de sa fortune rapide, en réponse à quelqu’un qui prononçait le mot de parvenu : « Vous avez tort, il n’est point parvenu ; il est arrivé. » Les funérailles furent célébrées en grande pompe le 22 mai, à l’église de l’Assomption. […] Ce sont les circonstances atténuantes, naïvement exposées et déduites : « Il dépensait beaucoup ; sa main était libéralement ouverte pour ses anciens amis ; sa maison princière était peu tenue, et sa fortune particulière très peu considérable.
L’ambition de faire fortune, pour contenter ensuite ses goûts de voyage, le préoccupa au point de l’engager dans une entreprise fort incertaine et fort coûteuse avec un homme qui le leurra de promesses et finalement l’abusa76. […] J’ai ployé mon caractère impatient jusqu’à condescendre aux désirs souvent capricieux d’un homme que j’estimais au-dessous de moi en tout, excepté dans un talent équivoque de faire fortune. […] Ils ressemblent à ces femmes bien élevées et sans richesses, qui ne peuvent souffrir un époux vulgaire, et à qui une union mieux assortie est interdite par la fortune.
… Nous ne concevons pas que tant de gens de conscience se jettent dans les affaires politiques, et poussent le char de notre fortune dans un sens ou dans un autre, avant d’avoir songé à se poser ces grandes questions…. […] On lit dans une lettre de Ninon vieillie au vieux Saint-Évremond : « S’il (votre recommandé) est amoureux du mérite qu’on appelle ici distingué, peut-être que votre souhait sera rempli ; car tous les jours on me veut consoler de mes pertes par ce beau mot. » Il paraît toutefois que ce mot distingué pris absolument, et sans être déterminé par rien, ne fit alors qu’une courte fortune, et il n’était pas encore pleinement autorisé à la fin du xviiie siècle. […] Dans des observations qui suivent, on répond fort bien à ce gentilhomme flamand, un peu puriste, que, s’il est bon de bannir de la conversation et des écrits ces mots aventuriers dont parle La Bruyère, qui font fortune quelque temps, il ne faut pas exclure les expressions que le besoin introduit ; et à propos de distingué tout court qui choquait alors beaucoup de gens et que beaucoup d’autres se permettaient, on le justifie par d’assez bonnes raisons : « On parle d’un peintre et on dit que c’est un homme distingué : on sait bien que ce doit être par ses tableaux ; pourquoi sera-t-on obligé de l’ajouter ?
Il a l’imagination des affaires : il passe son temps à inventer des combinaisons qui contiennent des fortunes. […] Balzac est le peintre vigoureux et fidèle d’un moment et d’une partie de la société française : il a représenté la bourgeoisie, qu’en bon légitimiste il détestait, cette bourgeoisie parisienne et provinciale, laborieuse, intrigante, servile, égoïste, qui voulait l’argent et le pouvoir, qui allait à la fortune par le commerce et l’industrie, qui à la seconde génération se décrassait par les titres et les places. […] Balzac nous montrait les faits : l’effort universel, la lutte brutale pour la fortune, pour les places, pour le pouvoir.
Il était conseiller au parlement de Bordeaux à l’âge de 21 ans ; plus tard, gentilhomme de la chambre du roi Charles IX ; du reste, n’ayant pas connu l’ambition, dont sa fortune le dispensait ou, s’il en sentit un moment les atteintes dans sa jeunesse, s’en étant bientôt défait, « avec le conseil de ses bons amis du temps passé », y dit-il, et parce que l’ambition n’est convenable « qu’à celui à qui lafortune refuse de quoi planter son pied146. » Mais s’il n’en connut pas le principal mobile, il en put du moins considérer les objets d’assez près pour en porter des jugements purs d’illusions et de préventions. […] Il a peint admirablement ce caprice de son esprit et cette indifférence pour toute méthode : « Je n’ai point d’aultre sergent de bande à ranger mes pieces que la fortune à mesme que mes resveries se présentent, je les entasse ; tantdst eues se pressent en foule, tantost elles se traisnent à la file. […] Je prends de la fortune le premier argument ; ils me sont esgalement bons154. » Comme il a le mieux peint son humeur, Montaigne a le mieux défini son style « Le parler que j’ayme, dit-il, c’est un parler simple et naïf, tel sur le papier qu’à la bouche ; un parler succulent et nerveux, court et serré, non tant deslicat et peigné que véhément et brusque, Haec demum sapiet dictio, qUse feriet plutôst difficile qu’ennuyeux, esloigné d’affectation, desreglé, descousu et hardy, chaque loppin y face son corps ; non pedantesque, non fratesque, non plaideresque. » C’est là, en effet, le style de Montaigne.
* * * — La loi moderne, le Code, dans la réglementation des choses intéressant la société actuelle, n’a oublié que l’honneur et la fortune. […] Quant à la fortune d’aujourd’hui, qui est presque toute dans des opérations de bourse, de courtage, d’agiotage, de coulisse ou d’agences de change, rien n’a été prévu pour la protéger ou la défendre, cette fortune moderne : nulle réglementation de ces trafics journaliers ; les tribunaux incompétents pour toutes transactions de bourse ; l’agent de change ne donnant pas de reçu.
Les imaginations vives et turbulentes qui ont trouvé de la grandeur dans les exploits militaires et dans la fortune des etats, ont donné naissance au poëme épique. […] Horace raille le début d’un poëme de son tems, qui commençoit par ces mots : je chanterai la fortune de Priam, et toute la fameuse guerre de Troye . […] Il est vrai que Pindare eut à peu près la même fortune ; et au rapport d’Athenée, du tems d’Eupolis le comique qui vivoit cent ans après ce poëte, sa muse étoit déja tombée dans le mépris ; mais elle reprit bientôt l’empire, que personne depuis n’a osé lui contester.
Mais on n’y reviendra pas, comme histoire, malgré un talent qui ferait dix fois la fortune d’un livre écrit sur tout autre sujet. […] Qu’un tel mot cachât une idée, — ou, meilleure fortune pour un mot, qu’il dispensât d’en avoir une ; — que ce fût là une vérité ou un sophisme, une réalité ou une chimère, la chose que ce mot exprimait existait non pas seulement de fait, mais aussi avant d’être nommée, et M. […] Seule, elle dispense les caractères, les passions, l’énergie qui enchaînent la fortune… » Certes, M.
Zola : le déshonneur d’un prêtre catholique, qui jette sa soutane aux rosiers et fait l’amour comme les satyres le faisaient autrefois avec les nymphes, dans les mythologies… Cette malhonnêteté cinglée à la face de la sainte Église catholique paraît très piquante à tous les libres-penseurs de cette époque d’impiété et de décadence ; mais il n’y a pas que cela qui fasse la fortune du livre de M. […] La fortune d’un pareil livre, où la Nature humaine est mutilée, quand elle n’est pas pervertie, est bien moins dans la sympathie douloureuse qu’elle devrait exciter que dans la crudité obscène de la langue et des détails. Mais, pour mon compte, je connais mon temps, je crois cette fortune assurée.
Si j’avais jamais été un jeune homme avisé, mon cher Halévy, quelle ne serait pas aujourd’hui ma fortune. […] C’est là un de ces coups de fortune, un de ces coups du génie, (un de ces coups de la grâce), que nous Français nous ne réussissons pas seulement, que nous obtenons ; que de temps à autre nous mettons dans le commun de l’univers. […] Jouissons en plein, donnons en plein de cette fortune qu’aujourd’hui nous avons. […] Une telle fortune n’est pas donnée deux fois dans une vie. […] Fortuitement, par forte fortune, par un coup de fortune.
Il se fourre dans toutes sortes d’affaires qui ne le regardent pas et où il risque sa liberté, et commet à chaque instant des imprudences capables de perdre à jamais sa fortune. […] Ce changement de fortune mit fin à ses querelles. […] Voilà les éléments qui furent offerts par la fatalité de la fortune à sa jeune curiosité, et tous les lecteurs de Tristram Shandy savent si son génie en a su bien profiter. […] Mais je vous ai laissé jusqu’à un shilling de ma fortune. Puis elle me montra son testament. » Cette petite fortune dont elle voulait faire Sterne héritier servit vingt ans plus tard à payer en grande partie les dettes laissées par lui.