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1715. (1891) Politiques et moralistes du dix-neuvième siècle. Première série

… et tu me diras comme les choses tournent. » — Lettre à une amie : « … La jeunesse disparaissant dans sa fleur a quelque chose de particulièrement terrible. […] Qu’on n’objecte point qu’il n’y a rien de plus égoïste et de plus impitoyable que de dire : « Des milliers d’hommes ont souffert pour que le dernier soit heureux. » Qu’on ne dise point que l’idée du progrès se ramène, en son fond, à une monstrueuse hécatombe engraissant le sol pendant des siècles pour faire, peut-être, à la fin, pousser une fleur éclatante. — Il est très vrai que le rêve du bonheur universel n’a point d’autre forme précise que l’idée de progrès.

1716. (1908) Après le naturalisme

Le merveilleux, c’en est l’enfance, le balbutiement, et certes il y a aujourd’hui quelque ridicule à imaginer des légendes et faire parler innocemment des fleurs et des bêtes.

1717. (1862) Notices des œuvres de Shakespeare

Le soleil ne parut point durant six mois, jusqu’à ce qu’enfin les meurtriers ayant été découverts et exécutés, il brilla de nouveau sur la terre, et les champs se couvrirent de fleurs, bien que ce ne fût pas la saison. […] On dirait que Shakspeare a voulu imiter ce luxe de paroles, cette facilité verbeuse qui, dans la littérature comme dans la vie, caractérisent en général les peuples du midi ; il avait certainement lu, du moins dans les traductions, quelques poëtes italiens ; et les innombrables subtilités dont le langage de tous les personnages de Roméo et Juliette est, pour ainsi dire, tissu, les continuelles comparaisons avec le soleil, les fleurs et les étoiles, quoique souvent brillantes et gracieuses, sont évidemment une imitation du style des sonnets et une dette payée à la couleur locale.

1718. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome III pp. -

Heureusement pour lui la mort l’enleva en 1707, à la fleur de son âge ; il auroit pu voir la fausseté de sa prophétie, dans l’accueil fait aux bouffons à leur arrivée à Paris l’an 1752 ; année remarquable à jamais dans les fastes de la musique, & où l’on vit, comme dans la guerre de la fronde, citoyens animés contre citoyens, cabaler, se nuire, se déchirer mutuellement, & prêts à s’égorger. […] Ce sont les images, les fleurs, les ornemens, la pureté, l’élégance & l’harmonie de Virgile.

1719. (1914) En lisant Molière. L’homme et son temps, l’écrivain et son œuvre pp. 1-315

Tout compte fait, toutes ces jeunes filles ou, si voulez, la plupart, sont exquises ; c’est une jolie corbeille de fleurs dans la littérature un peu austère du xviie  siècle. […] Les jeunes filles de Molière sont des jeunes filles, déjà femmes, point femmes encore, des femmes en fleur, en âge flottant, quoique en soi très précises, délicieusement intermédiaires.

1720. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Notes et pensées » pp. 441-535

Après vous avoir longuement entretenu un soir de ses travaux, de ses projets, des Oupanichads, des Pouranas et du Chou-King, il vous apprend au moment de vous quitter, déjà debout, en vous serrant la main, — en grande confidence, — qu’il doit faire de tout cela un jour une immense composition en vers qui enrichira notre poésie, un seul et unique bouquet de toutes les fleurs à la fois de l’Orient !

1721. (1907) L’évolution créatrice « Chapitre II. Les directions divergentes de l’évolution de la vie. Torpeur, intelligence, instinct. »

Et, dans la série des Insectes, il n’y a de postérieur à l’Hyménoptère que le Lépidoptère, c’est-à-dire, sans doute, une espèce de dégénéré, véritable parasite des plantes à fleurs.

1722. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Joseph de Maistre »

. — En vérité, ceci ne peut se voir que dans ce pays, à cette époque. » Mais, pour dernière citation, voici une réflexion d’ironique et haute mélancolie que lui inspire la vue d’une pauvre jeune fille qui se meurt : La jeunesse disparaissant dans sa fleur a quelque chose de particulièrement terrible ; on dirait que c’est une injustice.

1723. (1889) Histoire de la littérature française. Tome III (16e éd.) «  Chapitre treizième.  »

C’est le prêtre qui, parlant de la parure des filles, reproche aux hommes de transporter les ornements que le temple de Dieu devrait avoir seul « à ces cadavres ornés, à ces sépulcres blanchis114 » ; c’est l’homme qui s’attendrit sur les grâces de la duchesse d’Orléans, sur ces charmes de l’esprit et du cœur, sur cette fleur sitôt desséchée ; c’est l’homme qui nous tire des larmes sur l’iniquité de la mort.

1724. (1923) L’art du théâtre pp. 5-212

Chose étrange, il reste vivant grâce au premier de ses succès, la Dame aux Camélias, fleur bourgeoise du romantisme.

1725. (1859) Moralistes des seizième et dix-septième siècles

Ce portrait ne donne pas non plus l’idéal de l’égoïste ; mérite réservé à Arnault dans cette admirable fable du Colimaçon que chacun sait par cœur : Sans ami, comme sans famille, Ici-bas vivre en étranger ; Se retirer dans sa coquille Au signal du moindre danger ; S’aimer d’une amitié sans bornes ; De soi seul emplir sa maison ; En sortir, suivant la saison, Pour faire à son prochain les cornes ; Signaler ses pas destructeurs Par les traces les plus impures ; Outrager les plus belles fleurs Par ses baisers ou ses morsures ; Enfin, chez soi, comme en prison, Vieillir, de jour en jour plus triste, C’est l’histoire de l’égoïste, Et celle du colimaçon.

1726. (1765) Articles de l’Encyclopédie pp. 7172-17709

Beauzée Articles de l’Encyclopédie Compilation établie à partir de l’édition numérisée de l’ARTFL Beauzée, articles de l’Encyclopédie FORMATION Formation (Grammaire) FORMATION, s.f. terme de Grammaire, c’est la maniere de faire prendre à un mot toutes les formes dont il est susceptible, pour lui faire exprimer toutes les idées accessoires que l’on peut joindre à l’idée fondamentale qu’il renferme dans sa signification.

1727. (1907) L’évolution créatrice « Chapitre IV. Le mécanisme cinématographique de la pensée  et l’illusion mécanistique. »

Celui qui va de la fleur au fruit ne ressemble pas à celui qui va de la larve à la nymphe et de la nymphe à l’insecte parfait : ce sont des mouvements évolutifs différents.

1728. (1893) Études critiques sur l’histoire de la littérature française. Cinquième série

Voici encore un joli tableau de l’Aurore — dans le goût du guide ou de l’Albane, ses contemporains, que Ronsard ou Desportes même, beaucoup plus maniéré que Ronsard, aurait pu envier à Malherbe : L’Aurore d’une main, en sortant de ses portes, Tient un vase de fleurs languissantes et mortes ; Elle verse de l’autre une cruche de pleurs. […] Si les fleurs, plus abondantes, y sont souvent aussi plus artificielles qu’on ne le voudrait, cependant la lecture, aujourd’hui même encore, en est singulièrement instructive, et le plaisir que nous y trouvons, nous est un sûr garant du profit qu’en ont jadis tiré les contemporains de Fontenelle.

1729. (1817) Cours analytique de littérature générale. Tome II pp. 5-461

Ni le hasard de quelques heureuses citations, ni l’accent magistral avec lequel il prononcera ses jugements, ne déguiseront ce qui manque au jeune professeur, à qui l’on gardera dérisoirement ce même titre, pour lui rappeler qu’il n’a pu faire oublier, par ses phrases creuses et arrondies, que les fleurs de sa rhétorique parfumée ne sont que des débris encore tout frais de ses petites couronnes de collège. […] Les productions de l’intelligence nous sont appréciables en leurs progrès, comme toutes les autres de la nature ; et vous n’ignorez pas, Messieurs, que les hommes, sincèrement épris de la gloire des lettres, ne sont pas moins affligés de voir, après le temps de la maturité, se tarir la sève et se dessécher la fécondité de l’esprit, qu’ils ne sont charmés de voir naître les fleurs hâtives et les fruits précoces sur les nouveaux rejetons, objets de leurs espérances. […] Là s’établit un contraste vif et risible entre le guerrier Lamachus, qui s’enharnache d’un appareil militaire pour aller combattre, et le bourgeois Dicéopolis qui se couvre de fleurs pour s’asseoir au banquet et prendre la coupe en mai.

1730. (1929) La société des grands esprits

Sa tournure d’esprit purement sensitif et artiste fait qu’il n’est à l’aise que dans le concret et le contingent, non pas du tout pour y chercher de pénétrantes intuitions métaphysiques (le bergsonisme l’ennuierait autant que le platonisme), mais pour en jouir naïvement, sans se poser de questions, comme on respire une fleur. […] Il a fait à Rouen grand effet, m’a-t-on dit. » Paulin Limayrac — « Si Limayrac devenait fleur… » — n’en fut pas moins indigné des complaisances du lundiste pour cet « art qui s’enfonce dans la réalité jusqu’au cou et n’en veut pas sortir ».

1731. (1836) Portraits littéraires. Tome I pp. 1-388

Tout le monde a lu Jean Sbogar, Thérèse Aubert, Adèle, le Peintre de Saltzbourg ; c’est partout et à tout propos, dans la description d’un paysage comme dans l’analyse d’une passion, dans la révélation d’un caractère, dans le récit d’une catastrophe, dans la peinture d’un amour frais et jeune, le même style harmonieux et souple, diapré comme les ailes d’un papillon, nuancé de mille couleurs, délicat et parfumé comme les fleurs d’un gazon au premier jour de mai.

1732. (1898) Manuel de l’histoire de la littérature française « Livre II. L’Âge classique (1498-1801) — Chapitre III. La Déformation de l’Idéal classique (1720-1801) » pp. 278-387

— De la prédilection de Montesquieu pour Florus [Cf. son Essai sur le goût] ; — et généralement pour les Latins de la décadence ; — ce qui ne l’empêche pas de reprocher à Tite-Live « d’avoir jeté des fleurs sur les colosses de l’antiquité ». — Comparaison du livre de Montesquieu avec la troisième partie du Discours sur l’histoire universelle ; —  et dans quelle mesure Montesquieu a eu l’intention de combattre Bossuet. — Sa théorie des causes ; — et sa philosophie de l’histoire.

1733. (1898) Introduction aux études historiques pp. 17-281

Toute trouvaille procure une jouissance ; or, dans le domaine de l’érudition il y a d’innombrables trouvailles à faire, soit à fleur de terre, soit à travers de quadruples obstacles, pour ceux qui aiment et pour ceux qui n’aiment pas à jouer la difficulté. […] Le mépris de la rhétorique, des faux brillants et des fleurs en papier n’exclut pas le goût d’un style pur et ferme, savoureux et plein.

1734. (1903) La pensée et le mouvant

Ainsi une vérité, pour être viable, doit avoir sa racine dans des réalités ; mais ces réalités ne sont que le terrain sur lequel cette vérité pousse, et d’autres fleurs auraient aussi bien poussé là si le vent y avait apporté d’autres graines.

1735. (1873) Molière, sa vie et ses œuvres pp. 1-196

Ne devinerait-on pas une sorte de Molière en fleur, si je puis dire, dans ces farces ignorées, Le Fagoteux, Le Médecin par force, Gorgibus dans le sac, Le Grand benêt de fils, dont on ne connaît, en somme, que les étiquettes, et n’évoquent-elles pas aussitôt les figures si célèbres et éternellement comiques du Médecin malgré lui, de Scapin fourré dans ce sac que Boileau appellera ridicule, et du fils de Diafoirus, immobile et pâle, juché sur sa chaise et tournant son chapeau entre ses doigts, comme le berger Agnelet ?

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