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1577. (1922) Gustave Flaubert

» (Du Camp écrit par erreur Delaunay). […] Flaubert ne publiera pas Saint Antoine, le rejettera pour le moment comme une erreur de jeunesse, mais il sera lui-même un saint Antoine, un solitaire de l’art, et l’histoire de Delamarre mûrit silencieusement. […] L’erreur psychologique se double d’une erreur littéraire quand nous calquons sur cette différence psychologique du naturel et de l’artificiel, une différence littéraire d’un style naturel et d’un style artificiel. […] Pourquoi la critique relève-t-elle aujourd’hui avec tant de scandale et d’ironie les erreurs volontaires des Confessions, des Mémoires d’outre-tombe, des Confidences, des Actes et Paroles ? […] Son travail de recherches, assez considérable, ne lui a pas été inutile, loin de là, car il y était guidé par le sens du pittoresque, et savait tomber au juste sur tout ce qui devait lui permettre de belles images, mais la liste incomplète de ses erreurs a été suffisamment dressée pour que nous ne nous en laissions pas imposer par la lettre, d’ailleurs très verveuse à Frœhner.

1578. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE LA FAYETTE » pp. 249-287

Il est à remarquer qu’à l’endroit où on lui fait dire cela, dans le Segraisiana, on lui prête une erreur au sujet du roman qui aurait été le sien : il parle en effet de la rencontre de M. de Nemours et de Mme de Clèves chez le joaillier, tandis que c’est M. de Clèves qui y rencontre celle qui doit être sa femme.

1579. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Charles Nodier »

quand on est destiné à écrire cette phrase-là, ou celles encore de la magique danse des castagnettes dans Inès de las Sierras, on éprouve trop de dédommagement secret à décrire même ses erreurs, même ses désespoirs, pour ne pas devoir leur échapper bientôt et leur survivre.

1580. (1858) Cours familier de littérature. VI « XXXIIe entretien. Vie et œuvres de Pétrarque (2e partie) » pp. 81-155

Un vers de Lucain a donné lieu à cette erreur, en joignant le Timave à l’Apono dans les monts Euganées. » XX C’est à peu près à cette époque qu’il adressa au nouveau pape Urbain V, pontife enfin selon son cœur, une lettre véritablement cicéronienne pour le décider à rétablir le siège du pontificat à Rome.

1581. (1865) Cours familier de littérature. XX « CXVIIe entretien. Littérature américaine. Une page unique d’histoire naturelle, par Audubon (1re partie) » pp. 81-159

S’il prenait quelquefois la parole, c’était dans un intervalle de repos ; il relevait d’un mot une erreur ; il ramenait la discussion à son principe et à son but.

1582. (1868) Cours familier de littérature. XXVI « CLIIIe entretien. Madame de Staël. Suite. »

« Il ne faut point rechercher la cause de l’ordre que je vous ai signifié dans le silence que vous avez gardé à l’égard de l’empereur dans votre dernier ouvrage, ce serait une erreur : il ne pouvait pas y trouver une place qui fût digne de lui.

1583. (1889) Histoire de la littérature française. Tome III (16e éd.) « Chapitre neuvième »

Témoin ce passage de l’Épître de Boileau à Racine : L’ignorance et l’erreur à ses naissantes pièces, En habits de marquis, en robes de comtesses, Venaient pour diffamer son chef-d’œuvre nouveau.

1584. (1913) Les antinomies entre l’individu et la société « Chapitre II. L’antinomie psychologique l’antinomie dans la vie intellectuelle » pp. 5-69

La tendance à regarder toutes les facultés intellectuelles comme apprises, comme acquises, comme suggérées par l’éducation relève toujours de la même erreur qui consiste à vouloir tout expliquer par la socialité et à ne faire aucune part aux différenciations congénitales de l’individu.

1585. (1890) L’avenir de la science « III » pp. 129-135

Le cheik Rifaa, dans l’intéressante relation de son voyage en Europe, insiste vivement sur les déplorables erreurs qui déparent nos livres de science, comme le mouvement de la terre, etc., et ne regarde pas encore comme impossible de les expurger de ce venin.

1586. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XVI. La littérature et l’éducation publique. Les académies, les cénacles. » pp. 407-442

Celuy donc qui. voudra complaire Tant seulement au populaire, Celuy choisira les erreurs Des plus ignorants bateleurs… Et Jehan de la Taille, en tête des Corrivaux, fait cette profession de foi : « Vous y verrez non point une farce ni une moralité ; nous ne nous amusons point en chose ni si basse ni si sotte, et qui ne montre qu’une pure ignorance de nos vieux Françoys… Aussi avons-nous grand désir de bannir de ce royaulme telles badineries et sottises… » C’était dur pour les pauvres auteurs du moyen Age.

1587. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 8 mai 1885. »

La Volonté, qui est la Nature, s’y perçoit elle-même au dessous des erreurs de la Représentation.

1588. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 8 juillet 1885. »

Nous pouvons donc dire — et ne point craindre une erreur, — que la musique exprime, avant toute chose, une tendance à priori de l’homme à créer le Drame, de même que nous construisons le Monde de l’Apparence en appliquant aux phénomènes les lois à priori de l’Espace et du Temps, dont nous avons, en notre cerveau, le germe inné.

1589. (1887) Journal des Goncourt. Tome I (1851-1861) « Année 1860 » pp. 303-358

Il est également permis de croire qu’en cette affaire, M. de Manteuffel obéissait un peu à son ressentiment contre le parti russe, qui ne lui pardonnait pas d’avoir empêché le roi de Prusse de prendre fait et cause pour son beau-frère, l’Empereur Nicolas. » Donc le fait avancé par mon frère et moi, dans notre Journal, est parfaitement vrai, sauf quelques petites erreurs de détail, provenant du récit, tel qu’il nous a été fait à cette époque.

1590. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre neuvième. Les idées philosophiques et sociales dans la poésie (suite). Les successeurs d’Hugo »

Il y a toutefois erreur, — disons-le en passant, — à croire que Démocrite admettait le hasard.

1591. (1856) Cours familier de littérature. I « IIIe entretien. Philosophie et littérature de l’Inde primitive » pp. 161-239

L’humanité monte et descend sans cesse sur sa route, mais elle ne descend ni ne monte indéfiniment ; voilà l’erreur des philosophes de la perfectibilité indéfinie.

1592. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Robert » pp. 222-249

De ce lieu jusqu’aux habitations des villes, jusqu’aux demeures du tumulte, au séjour de l’intérêt, des passions, des vices, des crimes, des préjugés, des erreurs, il y a loin.

1593. (1868) Curiosités esthétiques « I. Salon de 1845 » pp. 1-76

. — C’est l’erreur d’un peintre de genre qui prendra sa revanche.

1594. (1912) Chateaubriand pp. 1-344

Et, d’autre part, cette interprétation du rôle des jacobins ne l’empêche point de voir et de définir avec une sagacité aiguë l’erreur fondamentale de la Révolution. […] Il ajoute, ce qui est neuf et vient à propos après les fades déluges de larmes et l’horrible sensibilité du dix-huitième siècle : Je dirai encore que mon but n’a pas été d’arracher beaucoup de larmes ; il me semble que c’est une dangereuse erreur, avancée, comme tant d’autres, par M. de Voltaire, que les bons ouvrages sont ceux qui font le plus pleurer. […] Si tu savais combien de pleurs tes erreurs ont fait répandre à notre respectable mère, combien elles paraissent déplorables à tout ce qui pense et fait profession non seulement de piété, mais de raison ; si tu le savais, peut-être cela contribuerait-il à t’ouvrir les yeux, à te faire renoncer à écrire ; et si le ciel touché de mes vœux permettait notre réunion, tu trouverais au milieu de nous tout le bonheur qu’on peut goûter sur la terre ; tu nous donnerais ce bonheur, car il n’en est point pour nous tandis que tu nous manques et que nous avons lieu d’être inquiètes de ton sort. […] Il développe leurs erreurs avec une complaisance extrême.

1595. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Première série

Mais, en somme, cette erreur est rare chez lui. […] Ma jeunesse, je la vivais en moi, par moi, sans être tenue de la vivre dans la jeunesse de cent races, dans les erreurs, les caducités de cent sociétés mortes de vieillesse40. […] Le lieutenant Pascal finit par reconnaître que son patriotisme ascétique, culte d’une abstraction à laquelle il sacrifie ses sentiments naturels, n’est qu’une sublime erreur, et il se décide à aimer la France dans la personne d’une Française46. […] Les écoliers d’aujourd’hui sont bien heureux : ils ne sont point exposés à la fâcheuse erreur de la « jeune guenon » de Florian.

1596. (1864) Corneille, Shakespeare et Goethe : étude sur l’influence anglo-germanique en France au XIXe siècle pp. -311

« Mais cette universalité de Shakespeare a, par l’autorité de l’exemple et l’abus de l’imitation, servi à corrompre l’art ; elle a fondé l’erreur sur laquelle s’est malheureusement établie la nouvelle école dramatique. […] « Tous les bons littérateurs, dit-il, en parlant du livre de la Littérature, conviennent que la forme de notre langue a été fixée et déterminée par les grands écrivains du siècle dernier, rien n’empêche aujourd’hui d’inventer de nouveaux mots, lorsqu’ils sont devenus absolument nécessaires ; mais nous ne devons plus inventer de nouvelles figures, sous peine de dénaturer notre langue, et de blesser son génie. » Et il termine l’un de ses articles par cet aveu : « On ferait vingt volumes sur les trois qu’a donnés Mme de Staël, si l’on voulait s’arrêter à chaque page, et poursuivre une à une toutes les erreurs qu’on rencontre à chaque pas dans son livre. » Chateaubriand lui-même se joignit alors à Dussault pour attaquer Mme de Staël. […] Il en adorait les principes, mais il en maudissait les erreurs.

1597. (1890) La bataille littéraire. Troisième série (1883-1886) pp. 1-343

Je ne nie pas que la dépravation ne soit aujourd’hui fort à la mode et que tout, jusqu’aux puérils poèmes des opéras wagnériens, ne roule sur de prétendus incestes ; mais ces troubadours qui, comme le disait Berlioz, portent des trombones au lieu de guitares en bandoulière, reconnaissent bien vite leur erreur ; le frère n’est pas le frère, la sœur n’est pas la sœur, c’était un enchantement, il y a désenchantement, et tout finit par des chansons. […] Je sais bien qu’il se trouvera quelqu’un pour affirmer qu’il y a là-dessous une grande leçon de morale et que les pères qui déposent de la progéniture à droite et à gauche exposent leurs enfants à bien des erreurs ; je demande alors à ce quelqu’un d’exiger que, quand la sœur s’apercevra qu’elle est dans les bras de son frère, elle se sauve bien vite et n’y retourne pas avec autant de suite et de joie que l’héroïne en question. […] C’est une erreur profonde.

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