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1658. (1902) Le chemin de velours. Nouvelles dissociations d’idées

Malgré les efforts de la pédagogie rationnelle qui voudrait bien substituer au Petit Poucet l’histoire de la Révolution ou celle de la fondation de l’Empire allemand, c’est avec le conte bleu ou rouge, d’amour ou de sang, que les mères continuent d’endormir les enfants sages. […] Paysage : à gauche, un arbre à feuilles de marronnier ; à droite, un olivier ; au fond une colline lépreuse ; sur le devant, de l’herbe où étaient semés un croc, une araignée de fer, un fouet, un sabre japonais, un ciboire en forme de sucrier empire.

1659. (1923) L’art du théâtre pp. 5-212

C’est la dramaturgie cornélienne, plus extérieure, que les auteurs tragiques de la Révolution et de l’Empire vont rajeunir à la mode du temps.

1660. (1911) L’attitude du lyrisme contemporain pp. 5-466

Laissons-nous donc aller à l’empire des suggestions proposées par l’auteur de Phocas et des évocations dont il nous veut envelopper. […] En regard de l’empire romain, force brutale et sauvage, le poète a placé l’être le plus faible en apparence, la jeune fille chrétienne.

1661. (1884) Les problèmes de l’esthétique contemporaine pp. -257

L’empire du Brésil est-il sous ce rapport plus avancé que la république des États-Unis ? […] Le vers antique marque un équilibre essentiellement instable entre ces deux forces qui tiraient à elles le langage ; avant la fin de l’empire romain, on ne comprenait déjà plus le vers latin ou grec ; aujourd’hui, aucun de nous n’est capable de se représenter l’effet qu’il produisait exactement sur l’oreille : les hexamètres allemands ou russes n’en sont que des imitations assez grossières.

1662. (1896) Les Jeunes, études et portraits

Tel est au surplus l’empire que sa femme a repris sur ses sens qu’il n’a pas le courage de renoncer à elle. […] Nous avions eu sous le second empire beaucoup de gens d’esprit.

1663. (1891) Enquête sur l’évolution littéraire

Le romantisme s’expliquait, socialement, par les secousses de la Révolution et les guerres de l’Empire ; après ces massacres les âmes tendres se consolaient dans le rêve.

1664. (1765) Articles de l’Encyclopédie pp. 7172-17709

En latin au contraire, & ceci prouve bien l’indépendance & l’empire de l’usage, les noms correspondans aquila & vulpes sont toûjours féminins ; turtur & vespertilio sont toûjours masculins.

1665. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre II. La Renaissance. — Chapitre IV. Shakspeare. » pp. 164-280

La dignité vient de l’empire exercé sur soi-même ; l’homme choisit dans ses actions et dans ses gestes les plus nobles, et ne se permet que ceux-là.

1666. (1909) Nos femmes de lettres pp. -238

Montreur d’objet rare, sorte de prince-époux qui accompagne un phénomène, on est toujours tenté de placer dans sa bouche le drôlatique et peu respectueux jeu de mots dont notre moquerie française — « tendait à ridiculiser l’attitude du prince Albert, au temps du Second Empire : — “Je suis les talons de la Reine !” 

1667. (1907) L’évolution créatrice « Chapitre IV. Le mécanisme cinématographique de la pensée  et l’illusion mécanistique. »

L’autre connaissance, si elle est possible, sera pratiquement inutile, elle n’étendra pas notre empire sur la nature, elle contrariera même certaines aspirations naturelles de l’intelligence ; mais, si elle réussissait, c’est la réalité même qu’elle embrasserait dans une définitive étreinte.

1668. (1869) Philosophie de l’art en Grèce par H. Taine, leçons professées à l’école des beaux-arts

Mais Pallas elle-même rayonnait à l’entour dans tout l’espace ; il n’y avait pas besoin de réflexions et de science, il ne fallait que des yeux et un cœur de poëte ou d’artiste pour démêler l’affinité de la déesse et des choses, pour la sentir présente dans la splendeur de l’air illuminé, dans l’éclat de la lumière agile, dans la pureté de cet air léger auquel les Athéniens attribuaient la vivacité de leur invention et de leur génie ; elle-même était le génie du pays, l’esprit même de la nation ; c’étaient ses dons, son inspiration, son œuvre, qu’ils voyaient étalés de toutes parts aussi loin que leur vue pouvait porter, dans les champs d’oliviers et les versants diaprés de cultures, dans les trois ports où fumaient des arsenaux et s’entassaient des navires, dans les longues et puissantes murailles par lesquelles la ville venait de rejoindre la mer, dans la belle cité elle-même qui, de ses temples, de ses gymnases, de ses théâtres, de son Pnyx, de tous ses monuments rebâtis et de toutes ses maisons récentes, couvrait le dos et le penchant des collines, et qui, par ses arts, ses industries, ses fêtes, son invention, son courage infatigable, devenue « l’école de la Grèce », étendait son empire sur toute la mer et son ascendant sur toute la nation.

1669. (1924) Souvenirs de la vie littéraire. Nouvelle édition augmentée d’une préface-réponse

Le café est le cercle des gens qui ne jouent pas et qui causent après avoir lu. » Boulevardier endurci, comme on l’était sous le second Empire, Gustave Claudin, qui n’avait jamais quitté Paris, eut un jour la faiblesse de se laisser entraîner en Italie par Paul de Saint Victor. « Il y saigna, dit Bergerat, tout le sang de son corps déraciné. […] On rencontrait aussi dans cet établissement non seulement les amis du poète, mais les amis de ses amis, qui finissaient tôt ou tard par prendre nos habitudes  : Henri d’Alméras, auteur d’intéressants volumes historiques et de deux précieux volumes sur les débuts de nos grands écrivains contemporains ; Guillaume Appollinaire, si rapidement disparu, bon garçon, amateur de paradoxes, empêtré plus tard dans le casse-tête cubiste ; le regretté Dupuy, mort à la guerre, toujours prêt à changer de place au moindre courant d’air ; Canudo, qui a fait des livres d’esthétique flamboyants ; Tudesque, bon poète devenu grand reporter ; le mélancolique Vitrolles ; le philosophe Gillouin, subtil vulgarisateur de Bergson ; l’insatiable producteur et aimable Ernest Gaubert ; Glorget, amateur volage et multiple ; le poète Larguier, pittoresque et puissant lyrique ; l’impénitent réaliste Paul Brulat, demeuré fidèle à Flaubert ; Léon Lafage, conteur à barbe légendaire, rival de Daudet et d’Arène ; Fréjaville, spirituel courriériste dramatique des Débats ; Gabriel Boissy, grand organisateur des dramaturgies d’Orange et illusionnant imitateur de Mounet Sully ; Paul Vulliaud, rabbinisant farouche, qui allait publier deux gros volumes sur la Kabbale ; l’ineffable Marc Legrand, entêté traducteur de Sophocle, qui ressemblait à Ménélik et avait fondé la Revue du bien ; le souriant Frédéric Lolliée, qui eut entre ses mains des trésors de documentation sur le second Empire ; le spirituel et exubérant Gautier, aujourd’hui un des maîtres du grand journalisme financier ; l’infatigable Egyptologue Boussac ; Khaller, qui renonça de bonne heure à la littérature ; Menabréa, auteur de deux bons romans ; le classique La Tailhède ; Magre, poète de sensibilité infernale ; le spirituel Toulousain Périlhou, qui dédaigna d’écrire ; le ruisselant et torrentiel Gasquet ; Le Cardonnel, qui ne transige pas non plus sur Flaubert ; André Billy, autre critique admirateur de Flaubert ; le docteur Thiercelin, qui ne jure plus que par la Grèce et l’époque Mycénienne ; l’excellent ami optimiste La Tour du Villard, qui fut longtemps secrétaire à l’Univers ; le jeune Bernard Grasset, venu à Paris pour finir son droit et qui s’improvisa éditeur en publiant une plaquette de son ami Rigal ; Durand, l’inséparable compagnon de Moréas ; le romancier Charles Derennes, maestro en prose et en vers, qui s’est fait écrivain comme on se fait notaire ; Van Bever, qui venait parler édition ; Dhumur, intransigeant libéral et auteur de truculents romans patriotiques ; le terrible Toulet, Espagnol contemporain du Gréco, qui a écrit de petits chefs-d’œuvre d’observation ultra-parisienne ; l’incorrigible bohème et bon diable La Jeunesse, qui eut son heure de célébrité ; Etienne Rey, moraliste sérieux et auteur dramatique folâtre ; les frères Tharaud, impeccables prosateurs et gais compagnons ; le caustique Dyssord, qui cherche la stabilité dans le journalisme comme on cherche la quadrature du cercle ; Raymond Clauzel, qui venait à Paris se documenter sur Robespierre et Philippe II ; Tardieu, qui a donné au Figaro de vivantes sensations de guerre ; Curnonsky, l’homme le plus spirituel et le plus sympathique que j’aie connu ; Dubreuilh, délicat musicien qui savait par cœur tous les vers de Moréas ; Guy Valvor, auteur de romans psychologico-sociaux, qui passait son temps à saluer à droite et à gauche et qui vous disait avec une fermeté souriante  : « Oh !

1670. (1896) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Sixième série « Lamartine »

Le progrès, s’il se fait, se fera par l’amour, par la charité agissante, par l’empire de l’homme sur soi plutôt que sur la nature, par l’effort de préférer les autres à soi, et par une foi qui nous rende capable de cet effort.

1671. (1932) Les deux sources de la morale et de la religion « La religion statique »

Mais la vérité est que la cité ou l’empire, d’une part, ses dieux tutélaires de l’autre, formaient un consortium vague dont le caractère a dû varier indéfiniment.

1672. (1817) Cours analytique de littérature générale. Tome II pp. 5-461

Enfin les dieux déchus de leur trône et dépossédés de la souveraineté, la céderont aux oiseaux qui remplaceront sur les autels, durant l’empire de la huppe, désignant Lacédémone, Jupiter de Corinthe par l’aigle, Apollon de Delphes par l’épervier, Hercule de Béotie par le cygne, et Minerve d’Athènes par la chouette.

1673. (1896) Le IIe livre des masques. Portraits symbolistes, gloses et documents sur les écrivains d’hier et d’aujourd’hui, les masques…

Mas que l’on ne prenne pas cette opinion pour absolue ; on pourrait la contrarier en citant l’extraordinaire Sarcophage vif, par exemple, ou le Subtil Empereur : En l’or constellé des barbares dalmatiques, La peau fardée et les cheveux teints d’incarnat, Je trône, contempteur des nudités attiques Dans la peau royale où mon rêve s’incarna… Je regarde en raillant agoniser l’empire Dans les rires du cirque et les cris des jockeys, Et cet écroulement formidable m’inspire Des vers subtils fleuris de vocables coquets !

1674. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre premier. Ce que devient l’esprit mal dépensé » pp. 1-92

Voilà comment, et voilà pourquoi, lorsque tant d’œuvres qui, dans la forme et dans le fonds, semblaient plus vivantes et plus françaises, ont disparu de nos théâtres, lorsque Le Méchant du poète Gresset n’est plus qu’un chef-d’œuvre à mettre en nos musées littéraires, lorsque La Métromanie, une merveille, à peine reparaît tous les vingt ans, la comédie de Marivaux a conservé son charme, en dépit de tant d’exils, de révolutions, de changements, après l’Empire et son bruit belliqueux, après la Révolution et son bruit d’échafauds.

1675. (1889) Impressions de théâtre. Troisième série

» Or, à peine Pauline vient-elle d’accomplir ce sacrifice, elle apprend que son fou de mari s’est fait chrétien, c’est-à-dire quelque chose comme anarchiste, nihiliste, carbonaro ou mormon, et qu’il vient de bousculer les statues des dieux de l’empire et de faire, en pleine cérémonie officielle, un esclandre de tous les diables… Ici, nous touchons au moment où le malentendu entre les deux époux semble le plus irréparable. […] qui jamais aurait pu dire Que ce petit nez retroussé Changerait les lois d’un empire !

1676. (1874) Histoire du romantisme pp. -399

Nous voulions la vie, la lumière, le mouvement, l’audace de pensée et d’exécution, le retour aux belles époques de la Renaissance et à la vraie antiquité, et nous rejetions le coloris effacé, le dessin maigre et sec, les compositions pareilles à des groupements de mannequins, que l’Empire avait légués à la Restauration.

1677. (1853) Portraits littéraires. Tome I (3e éd.) pp. 1-363

Mais ce qui était naturel et nécessaire sous l’empire du polythéisme nous semble singulier chez un poète né dans la seconde moitié du xviiie  siècle.

1678. (1927) Quelques progrès dans l’étude du cœur humain (Freud et Proust)

Même si pendant sa dernière nuit, il a tâché de corriger encore certains traits de la Mort de Bergotte, soyez sûr que ce n’est pas sous l’empire d’un devoir positif, d’une obligation active dictée par sa conscience ; c’est seulement la force de son esprit qui tendait encore spontanément à se manifester.

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