Donc, notre effort a été de chercher à faire revivre auprès de la postérité nos contemporains dans leur ressemblance animée, à les faire revivre par la sténographie ardente d’une conversation, par la surprise physiologique d’un geste, par ces riens de la passion où se révèle une personnalité, par ce je ne sais quoi qui donne l’intensité de la vie, — par la notation enfin d’un peu de cette fièvre qui est le propre de l’existence capiteuse de Paris.
Donc, notre effort a été de chercher à faire revivre auprès de la postérité nos contemporains dans leur ressemblance animée, à les faire revivre par la sténographie ardente d’une conversation, par la surprise physiologique d’un geste, par ces riens de la passion où se révèle une personnalité, par ce je ne sais quoi qui donne l’intensité de la vie, — par la notation enfin d’un peu de cette fièvre qui est le propre de l’existence capiteuse de Paris.
Le critique suisse salue cet effort de classement des émotions, inscrit dans le sillage de Spencer et de Wundt, qui a contribué à faire passer l’étude des phénomènes de conscience du « dogmatisme » à « l’observation » ; il signale en outre que « l’auteur ne se sert que modérément de la doctrine de l’évolution, et s’abstient de toute métaphysique ».
Un corps de savants qui se forme de lui-même, ainsi que la société des hommes s’est formée, celle-ci pour lutter avec plus d’avantage contre la nature, celui-là par le même instinct ou le même besoin : la supériorité avouée des efforts réunis contre l’ignorance.
Le petit enfant placé devant ses parens est à ravir ; Wouwermans ne l’aurait pas peint plus fin de couleur, ni plus spirituel de touche, il est bien posé ; la lumière dégrade à merveille sur lui ; cette figure est un effort de l’art.
Loin de là, mes efforts en faveur de la beauté de vivre, ma critique des factices et des impuissants mystérieux ne m’attiraient guère que des moqueries. […] L’Effort avait posé trois questions : I. […] D’une façon plus ou moins formelle, maints correspondants de l’Effort inclinent à suivre cette dernière direction. […] Tout de suite, je dirigeai mon effort contre ces blocs insolents qui m’avaient si longtemps dominé. […] Elle prendra part à son effort pour se manifester ; elle sera un poème ou un théorème : beautés différentes, forces équivalentes.
Pour cette réforme, plutôt réactionnaire, se massent tous ses efforts. […] Aussi, dès les premiers efforts de la Jeune Belgique, Lemonnier voit-il se grouper autour de lui tous les jeunes écrivains. […] J’aime particulièrement le poème du « Passeur d’eau », allégorie de l’effort vers un rêve dont la réalisation, sans cesse, échappe. […] Elle enseigne le culte de l’effort, stimule les enthousiasmes, apprend à ne jamais désespérer de la vie. […] C’est, de compte fait, pour l’instant, et malgré tous les efforts de nos volontés, le fond de notre vérité humaine.
Il paraît qu’ils ne sont même plus capables de cet effort. […] Point de tension ni d’effort ; mais aussi, nul excès d’abandon, nulle veulerie. […] Maintenant, Pierre Veber et Tristan Bernard ont séparé leurs efforts. […] Hervieu est souvent obscur, contracté, crispé par l’effort qu’il fait pour ramasser sa pensée en de vigoureux raccourcis. […] Le danger, jusqu’ici, c’est la bizarrerie, l’obscurité des œuvres, l’exécution inégale aux intentions et l’immense effort égaré dans le vide.
La volonté affaiblie, énervée, se ressaisit et se tend dans un effort salutaire. […] Il est l’aboutissement d’efforts multiples et de tendances diverses. […] Tout son effort ne tend qu’à nous faire rire à leurs dépens. […] Qu’on se trouve plus tard aux prises avec un sujet dont le développement exigerait un effort de pensée de la part de l’auteur, un effort d’attention de la part du spectateur. […] Zola est arrivé, par un effort de volonté, où il a voulu et comme il l’a voulu.
C’est là qu’il résolut de ne plus faire d’efforts pour garantir ses jours. […] Il porta dans cette guerre un nouvel effort de vigilance et d’activité. […] Séjan, couvrant Tibère de son corps, soutint l’effort de la chute, et fut trouvé dans cette situation par les soldats qui vinrent au secours. […] On le voit par un effort qu’elle fit, peu de temps après, pour acheter ce qu’elle n’avait pu détruire. […] Quoi qu’il en soit, ces productions si diverses, ces efforts d’imagination si variés, témoignent de la richesse du génie de Shakspeare.
Il a abordé une tâche difficile que le temps seul et les efforts successifs peuvent mener à fin.
Mais enfin si l’on cherche dans l’entretien d’autrui autre chose qu’une distraction sans effort, une occasion de sommeil pour l’intelligence accablée, autre chose que la satisfaction de bavarder, de manifester et d’assouvir une curiosité frivole ou une malignité irréfléchie, si l’on veut penser tout haut, et écouter penser les autres, il y a encore beaucoup à tirer de la conversation.
Des poètes qui, comme lui, ont déjà conquis la renommée, on aimerait quelque effort nouveau.
C’est pour nous avoir laissé des Lettres qui sont un chef-d’œuvre d’éloquence ; pour avoir enrichi l’esprit humain de pensées profondes, fortes & sublimes ; pour avoir lancé, dans cinq ou six traits de plume, plus de lumiere & de génie qu’on n’en trouve dans tout ce qui paroît accumulé avec tant d’effort dans des volumes de Mélanges de Littérature, d’Histoire, & de Philosophie.
Ce morceau a été cité par les critiques comme le dernier effort du sublime.
— Il n’y a qu’un seul mérite, mais mérite tout local et que les Italiens seuls peuvent apprécier : c’est la langue toscane, ou plutôt l’effort de l’auteur pour traduire avec peine et succès son piémontais en étrusque. […] Ce succès ne pouvait être obtenu que par vous seule au monde ; il fallait les efforts, le courage, la persévérance d’une affection que la mort a rendue plus sacrée et qu’elle a presque transformée en culte. […] Comme il n’est rien qu’avec effort, comme il veut toujours paraître au lieu d’être lui-même, ses défauts sont tachés comme ses qualités, et une vérité profonde, une vérité sur laquelle on se repose avec assurance, n’anime pas tous ses écrits. […] Les ressorts par lesquels il maintenait un pouvoir si démesuré, quelque violents qu’ils nous parussent, étaient modérés, si on les compare à l’effort dont il avait besoin et à la résistance qu’il éprouvait.
Deux amants qu’attache l’un à l’autre une passion profonde et légitime, et que va rendre ennemis la loi du devoir filial et de l’honneur domestique ; Rodrigue aimant Chimène, mais forcé de venger l’affront de son père dans le sang du père de sa maîtresse ; Chimène forcée de haïr celui qu’elle aime, et de demander sa mort, qu’elle craint d’obtenir ; Rodrigue, tout plein des grands sentiments qui feront bientôt de lui le héros populaire de l’Espagne ; Chimène, héritière de l’orgueil paternel, fière Castillane, qui veut se battre contre Rodrigue avec l’épée du roi ; ce roi, si plein de sens et d’équité, image de la royauté de Salomon, par sa modération, par sa connaissance des hommes, par sa justice ingénieuse : les deux pères si énergiquement tracés ; le comte, encore dans la force de l’âge, qui a été vaillant à la guerre, mais qui se paie de ses services par le prix qu’il en exige et par les louanges qu’il se donne ; le vieux don Diègue, qui a été autrefois ce qu’est aujourd’hui le comte, mais qui n’en demande pas le prix, et ne s’estime que par l’opinion qu’on a de lui ; le duel de ces deux hommes, si rapide, si funeste, d’où va naître entre les deux amants un autre duel dont les alternatives seront si touchantes ; Rodrigue, après avoir tué le comte, défendant son action devant Chimène, qui n’en peut détester le motif, puisque c’est le même qui l’anime contre Rodrigue ; la piété filiale aux prises avec l’amour ; l’ambition désappointée ; l’idolâtrie de l’honneur domestique ; des épisodes étroitement liés à l’action ; un récit qui nous met sous les yeux le sublime effort de l’Espagne se débarrassant des Maures, d’un pays rejetant ses conquérants : quel sujet ! […] Pour s’exciter à venger son père, elle ne se refuse pas même le sophisme ; mais qu’elle a peu d’efforts à faire, et que tout cet esprit lui est inutile, quand elle cède à son amour ! […] Que d’artifices pour forcer l’intérêt, lequel naît sans effort, dans la tragédie de caractère, des rapports nécessaires qui lient les caractères aux situations ! […] Mais, dans les dernières pièces de Corneille, au lieu de belles situations amenées par des moyens défectueux, je ne vois plus que de stériles efforts pour tirer des situations médiocres d’un fond sans événements et sans caractères.
La nation, qui deux siècles plus tôt fournissait l’Europe de contes, de romans, de poèmes, borne ses efforts d’invention à traduire en prose ce qu’elle avait dit en vers, à se répéter lamentablement comme une vieille qui radote. […] Lesage les représentait dans son Turcaret sous des traits si peu flatteurs que les financiers du temps firent tous leurs efforts pour empêcher la représentation de la pièce. […] Il exige effort et sincérité. […] La poésie a fait même des efforts pour pénétrer dans les usines, malgré le fracas des marteaux, le grincement des roues, la vitesse vertigineuse des courroies de transmission, les sifflements étourdissants de la vapeur.
Ses romans qui appartiennent au genre des études sociales étaient fatalement exposés à présenter quelques-uns des défauts propres aux romans à thèse, — puisque l’auteur est acculé à prendre parti, — et nous les découvrons aisément, dans Un vainqueur ou dans l’Indocile, en dépit des efforts visibles pour éviter cet écueil. […] Déjà, dans Germinal, comme du reste dans presque toutes les productions d’Émile Zola, l’effort principal de l’écrivain s’est porté avec insistance sur le maniement et sur la mise en circulation des groupes nombreux de personnages, effort inusité jusqu’à lui, sauf dans telle composition de génie comme les Misérables. […] Tous les états de fortune relèvent de lui ; tous les hommes sont bénéficiaires de l’effort.
Le papier est muet sous l’effort d’une passion vulgaire ; pour qu’il parle, il faut que l’artiste ait crié. […] C’est que nulle force ne se limite d’elle-même : son invincible effort est de s’accroître, non de se restreindre ; limitons-la, mais par une force différente ; ce qui pouvait réprimer la royauté, ce n’était pas la royauté, mais la nation. […] Cette crudité de style et cette violence de vérité ne sont que les effets de la passion ; voici la passion pure : Prenez l’affaire la plus mince, une querelle de préséance, une picoterie, une question de pliant et de fauteuil, tout au plus digne de la comtesse d’Escarbagnas : elle s’agrandit, elle devient un monstre, elle prend tout le cœur et l’esprit ; on y voit le suprême bonheur de toute une vie, la joie délicieuse avalée à longs traits et savourée jusqu’au fond de la coupe, le superbe triomphe, digne objet des efforts les plus soutenus, les mieux combinés et les plus grands ; on pense assister à quelque victoire romaine, signalée par l’anéantissement d’un peuple entier, et il s’agit tout simplement d’une mortification infligée à un Parlement et à un président. […] La piété y surnagea par les plus prodigieux efforts.
A M. de Montalembert, après la lecture de son livre, des Intérêts catholiques au XIXe siècle (1852), Tocqueville écrivait également : « Je n’ai jamais été plus convaincu qu’aujourd’hui qu’il n’y a que la liberté (j’entends la modérée et la régulière) et la religion, qui, par un effort combiné, puissent soulever les hommes au-dessus du bourbier où l’égalité démocratique les plonge naturellement dès que l’un de ces deux appuis leur manque. » Il n’épousait la démocratie que sous toutes réserves. […] C’est là, dans cette vallée qu’ont chantée les poètes, au milieu de la société d’amis de son choix, qu’il se recueillit de nouveau, fit son examen de conscience et se dit sans doute qu’il avait assez et trop dépensé de sa vie à des efforts infructueux, à des collaborations politiques sans résultat et sans issue : il résolut de redevenir une dernière fois ce que la nature l’avait surtout prédestiné à être, un observateur historique et un écrivain. […] Je voudrais bien que tu m’aidasses à y voir plus clair… » Les sceptiques pourraient bien avoir raison : cette philosophie des faits, tirée à distance, avec tant d’effort, et qui varie au gré de chaque cerveau, ne prouve guère, après tout, que la force de tête et la puissance de réflexion de celui qui la trouve.