On y voit un tableau de la Société, aussi vif que juste, finement dessiné, & capable de guérir les ridicules, si les ridicules n’étoient encore plus difficiles à vaincre que les vices.
Dans notre étude sur la Littérature et la Critique littéraire au xixe siècle nous avons rencontré le problème si difficile, et d’un intérêt si général, de la conciliation de l’autorité et de la liberté, de la tradition et du changement, des lois du goût et des droits du génie ; et tout en restant fidèle à notre admiration pour les principes éternels de l’art classique, nous avons défendu la liberté de l’invention en littérature ; car ces lois éternelles elles-mêmes ne sont que l’expression des grandes inventions du génie.
Cette oscillation nécessaire, qui maintenant ne s’observe plus qu’envers les plus difficiles théories, a pareillement existé jadis à l’égard même des plus simples, tant qu’a duré leur âge métaphysique, en vertu de l’impuissance organique toujours propre à une telle manière de philosopher. […] Mais il importe surtout de bien reconnaître, à cet égard, que la relation fondamentale entre la science et l’art n’a pu jusqu’ici être convenablement conçue, même chez les meilleurs esprits, par une suite nécessaire de l’insuffisante extension de la philosophie naturelle, restée encore étrangère aux recherches les plus importantes et les plus difficiles, celles qui concernent directement la société humaine. […] En outre, la sage réserve avec laquelle l’esprit positif procède graduellement envers des sujets très faciles doit faire indirectement apprécier la folle témérité de l’esprit théologique à l’égard des plus difficiles questions. […] Mais une plus mûre appréciation montre, au contraire, qu’elle doit trouver d’énergiques résistances chez presque tous les esprits maintenant actifs, par suite même de la difficile rénovation qu’elle exigerait d’eux pour les associer directement à sa principale élaboration. […] Elle consiste à classer les différentes sciences, d’après la nature des phénomènes étudiés, selon leur généralité et leur indépendance décroissantes ou leur complication croissante, d’où résultent des spéculations de moins en moins abstraites et de plus en plus difficiles, mais aussi de plus en plus éminentes et complètes, en vertu de leur relation plus intime à l’homme, ou plutôt à l’Humanité, objet final de tout le système théorique.
. — La sculpture, à qui la couleur est impossible et le mouvement difficile, n’a rien à démêler avec un artiste que préoccupent surtout le mouvement, la couleur et l’atmosphère. […] Ici l’art est plus difficile, parce qu’il est plus ambitieux. […] Il est aussi difficile de faire comprendre avec des mots le talent de M. […] C’est pourquoi il est aussi difficile de se connaître en sculpture que d’en faire de mauvaise. […] Que le peuple des coloristes ne se révolte pas trop ; car, pour être plus difficile, la tâche n’en est que plus glorieuse.
Rigoley de Juvigny : on devient plus difficile à mesure qu'on voit plus de ressources dans un Ecrivain.
Sans religion on peut avoir de l’esprit ; mais il est difficile d’avoir du génie.
Chaque fois qu’il soulève ce fagot pour se le mettre sur la tête, le trouvant trop lourd, il le rejette à terre et se remet à ramasser du bois pour l’ajouter à cette charge qu’il lui est déjà difficile de soulever.
Horace, dans son Art poétique, trouve qu’il est trop difficile d’imaginer de nouveaux caractères après Homère, et conseille aux poètes tragiques de les emprunter plutôt à l’Iliade ( Rectiùs iliacum carmen deducis in actus, Quàm si… ).
Stéphane Mallarmé n’ont rien écrit de plus difficile à interpréter, sinon précisément à comprendre, car j’ai peur de les avoir quelquefois compris. […] Mais, pour toutes les raisons que nous venons de dire, il nous paraît bien difficile que son œuvre scientifique ait péri tout entière. […] Musset, à peine plus difficile sur ses rimes, l’était bien moins encore sur la plupart de ses métaphores. […] Et l’on voit sans doute qu’il s’y agit d’un dieu, mais de quel dieu, et pourquoi dieu, quel titre et de quel chef, c’est ce qu’il serait difficile de dire. […] et, si l’on y mettait un peu de bonne volonté, croirons-nous qu’il fût si difficile de s’entendre sur le sens d’un mot ?
Tout ceci est uniquement pour dire qu’en nous appliquant de plus en plus aux matières dites sérieuses, il nous est pourtant difficile de ne pas regretter et saluer, au moment de les voir disparaître, les premiers rivages et les statues que nous avions une fois couronnées.
Il a abordé une tâche difficile que le temps seul et les efforts successifs peuvent mener à fin.
Anatole France Une nouvelle bien faite est le régal des connaisseurs et le contentement des difficiles.
Il est difficile de citer : ce serait indiquer des préférences impossibles.
Préface Je ne sache, pour mon compte, aucun livre où l’on ait défini nettement et de manière à satisfaire les esprits difficiles, cette chose mystérieuse et puissante qu’on a si souvent l’occasion de nommer : — la Poésie.
Une autre raison plus fondamentale entre autres, qui rend le La Bruyère difficile de nos jours, c’est qu’on ne sait plus bien ce que sont certains défauts auxquels le moraliste jette tout d’abord un coup d’œil pénétrant, et que sa sagacité évente pour ainsi dire. […] Voici un trait bien fin sur les évasions qu’on se fait à soi-même dans les cas difficiles : « Je ne sais, dit le héros du roman, si tout le monde est comme moi ; mais quand je me suis longtemps occupé d’un projet qui m’intéresse beaucoup, quand la difficulté que je trouve à en tirer parti m’a contraint à le retourner en différents sens, je me refroidis et n’attache plus aucun prix à la chose à laquelle, l’instant d’auparavant, je croyais n’en pouvoir trop mettre. » Et ailleurs : « Comme il arrive toujours lorsqu’on est occupé d’un projet, si peu important qu’il puisse être, j’oubliai pour un instant tous mes chagrins. » Que dirait de mieux un ironique de quarante-cinq ans, retiré du monde ? […] Il était difficile qu’on ne parlât pas beaucoup dans le monde des articles de Mlle de Meulan, et qu’on n’en parlât pas en divers sens. […] Mais ne craindraient-ils pas d’avoir un reproche à se faire à eux-mêmes, si, par une opinion légèrement énoncée, ils parvenaient à m’ôter ou du moins à me rendre plus difficile le courage dont j’ai pu avoir besoin pour sacrifier, à ce que je regardais comme un devoir, des convenances que mon éducation et mes habitudes m’avaient appris à respecter ?
Il est déjà très difficile de savoir ce qui convient le mieux à tel peuple donné, à un moment donné. […] Cela sera d’ailleurs très difficile. […] Je rangerais volontiers dans les déviations qu’ils expriment l’indulgence excessive dont jouissent les crimes « passionnels » et les désirs « irrésistibles » qui devraient être jugés d’autant plus sévèrement qu’il est plus difficile de les vaincre. […] Cela est très difficile.
Lundi 24 janvier Chez Alphonse Daudet. « Rendre l’irrendable » c’est ce que vous avez fait, — me dit, ce soir, Alphonse — ça doit être l’effort actuel, mais le point où il faut s’arrêter : voilà le difficile, sous peine de tomber dans le amphigourisme. […] Il vous disait : « Moi, j’ai la plus grande facilité poétique, en pension, il m’arrivait, quand un devoir était difficile, de l’écrire en vers… » et je me doute de ce que pouvaient être ses vers ! […] Le retour fut embarrassé, difficile, et vous l’imaginez bien, sans dépenses d’amour. […] Samedi 16 décembre C’est très difficile à expliquer.
Sainte-Beuve nous montre, à peu près dans le même temps, trois talents occupés du même sujet et visant chacun à la gloire difficile d’un poème sur la nature des choses. […] Il faut chercher ailleurs les motifs de cette résistance, ceux que les meilleurs amis du poète doivent lui indiquer pour l’aider à la vaincre une autre fois, bien convaincus d’ailleurs que le poète ne sort pas diminué de cette difficile épreuve, qu’il en doit sortir au contraire fortifié, mais en même temps éclairé sur les conditions, la puissance et les limites de son art. […] Plus les sujets étaient difficiles, plus il convenait que le poète gardât toute sa liberté pour les exprimer. […] Grave question, difficile à résoudre et qui laisse le lecteur indécis, d’autant plus qu’il ne se sent guère éclairé par la conclusion de l’auteur.
Mais de l’amour à l’abandon de soi-même, de l’union à l’absorption, si courte est la distance, si glissante est la pente, qu’il est bien difficile de ne pas faire le saut périlleux. […] Heureusement que le choix n’est pas difficile, et ne peut être un instant douteux. […] Quand la pensée s’est élevée jusqu’à la conception de l’Être universel, il lui devient difficile de ne point se laisser aller à toutes les conséquences plus ou moins rigoureuses de cette conception. […] Il ne serait pas plus difficile de faire voir comment l’économie politique, si cette lumière lui manque, perd de vue l’homme et sa haute destinée, c’est-à-dire le but final où tend tout ce mouvement de la production et la distribution de la richesse.
Roederer, dans son journal, plaisantait de cette faction nouvelle à laquelle, disait-il, on cherchait un nom et qui se composait de deux hommes « qui ne voient personne, qui ne se voient pas, et sont connus pour être d’un caractère très difficile à vivre ». […] Roederer écrivait trop souvent et avec trop de liberté pour ne pas rencontrer sans cesse sous sa plume Mme de Staël, et surtout sa famille, ses amis ; elle était plus difficile et plus exigeante pour eux que pour elle-même. […] Quand Bonaparte me demanda si je ne voyais pas de grandes difficultés à ce que la chose se fît, je répondis : « Ce que je crois difficile, même impossible, c’est qu’elle ne se fasse pas ; car elle est aux trois quarts faite. » Les moyens de l’exécution importaient beaucoup.
Obligé de s’accommoder à ses auditeurs, c’est-à-dire à des gens du monde qui ne sont point spéciaux et qui sont difficiles, il a dû porter à la perfection l’art de se faire écouter et de se faire entendre, c’est-à-dire l’art de composer et d’écrire Avec une industrie délicate et des précautions multipliées, il conduit ses lecteurs par un escalier d’idées doux et rectiligne, de degré en degré, sans omettre une seule marche, en commençant par la plus basse et ainsi de suite jusqu’à la plus haute, de façon qu’ils puissent toujours aller d’un pas égal et suivi, avec la sécurité et l’agrément d’une promenade. […] Voltaire, Essai sur le poème épique [‘polies,’], 290. « Il faut avouer qu’il est plus difficile à un Français qu’à un autre de faire un poème épique… Oserai-je l’avouer ? […] I.) — « Ces longues chaînes de raisons, toutes simples et faciles, dont les géomètres ont coutume de se servir pour parvenir à leurs plus difficiles démonstrations, m’avaient donné occasion de m’imaginer que toutes les choses qui peuvent tomber sous la connaissance des hommes s’entresuivent de même. » (Descartes, Discours de la méthode, I, 142.) — Au dix-septième siècle, on construit a priori avec des idées, au dix-huitième siècle avec des sensations, mais toujours par le même procédé, qui est celui des mathématiques et qui s’étale tout entier dans l’Éthique de Spinosa.