Pendant les dernières années de l’Empire, il a été le centre du seul groupe poétique qui ait poussé après la grande floraison de 1830. […] Le Poe de la Lettre volée, le Maupassant des derniers contes revivent ici, mais en désinvolture pittoresque. […] Et que tu dises Eleutho, Ou quelque belle de Watteau, Ou Jeanne, du dernier bateau ; Que ton marteau d’or pur concasse Du sucre sur quelque cocasse Ou que, dans une dédicace, Tu divinises la Sarah Que Paris perdit, mais qu’il l’a, La Seule qui toujours sera ; (Car Elle fut, en sa cathèdre, Gismonde, Izëyl sous son cèdre, Et, sous son laurier-rose, Phèdre !) […] Il y a, au travers des histoires du Clown Papiol, une belle symphonie de Paris ; de jolis contes dans les Folies amoureuses, des scènes héroïques dans les Mères ennemies ; mais ce sont promesses et prémices à côté des dernières réalisations : la Maison de la Vieille et Gog. […] ………………………………………………………………………… J’écrivais ces lignes l’an dernier.
Or, il avait créé le Drame, complet et vrai : complet, par la cohésion des trois dernières et essentielles formes expressives, littéraire, plastique et musicale ; vrai, par la réaliste description d’une action idéale, par la description naturelle et exacte d’une humaine action, abstraite en un mythe ; aux Œuvres il avait donné un Théâtre de représentation ; ce Théâtre était lieu de création artistique, non d’amusement : le Théâtre est éloigné et isolé ; la salle est annulée ; la représentation scénique, seule, est considérable ; les Œuvres étaient des Révélations, et le Théâtre était un Temple : les Œuvres, —Tristan, la Tétralogie, et Parsifal, — tout réalistes en leur forme, — ont un sens idéal, une signifiance profonde, et, en leurs peintures simples, tenacement conformes, et crûment vraies, elles sont, aussi, des symboles de cette Religion de la Compassion, le Mittleîd de ce Néo-Christianisme ; — et le Théâtre est pour cette révélation : à de rares époques fériées, solennellement, le Théâtre est ouvert, et, dans un ordonnement implicite et absolu de piété, se dévoile la splendeur du rite. […] Dans la salle vaguement aperçue, tout à coup l’obscurité tombe, et un grand silence ; alors, en la nuit des yeux et des oreilles et de l’esprit, en la nuit vibrante des quinze cents âmes stupéfiées, un son naît, une résonnance voilée, une sonorité atténuée, emmêlée, dispersée, un mystique résonnement, — inlocalisable, — une intimement chaude mélodie, qui monte, qui s’enfle, et qui dans l’air invisible flotte, portant la pré-sensation des futurs tressaillements du Drame. — Ainsi le Drame se lève : — un rideau s’entrouvre, et, dans le fond, — saillant d’un cadre lointain, noir, obscur, vague, et indistinct, — un paysage apparaît, que nous attendions, et les hommes y sont, dont la vie, en nous inconsciemment vécue déjà, se va en nous revivre évidemment ; — tandis que, parmi l’angoisse des vivantes passions, des désespoirs, des joies, et des extases qui se poussent et s’appellent, parmi l’inéluctable empoignement des très réelles émotions, peu à peu nous descend, insensiblement et nécessairement, l’Explication, l’Idée, la Loi, le prodigieux troublement de l’Unité dernière, comprise. […] Alors, heureux ne pouvait pas être, à Siegfried et Brünnhilde, l’accomplissement de la Mission : la Libération devait être, cruellement, achetée ; et les derniers souillés, Siegfried, possesseur de l’Anneau, Brünnhilde, incarnation révoltée de la Divinité, Siegfried et Brünnhilde, pécheurs chargés du Péché universel, étaient condamnés à expier, par leurs morts, la Souillure. […] Le Crépuscule des Dieux, troisième acte, scène dernière Une salle, sur la rive du Rhin. […] Edouard Rod montre « que l’esthétique de Wagner, très consciente et très réfléchie, est la résultante logique de l’esthétique allemande, et qu’elle est liée par tous ses points essentiels avec les principales théories de l’art que l’Allemagne a produites depuis le siècle dernier. » Tout d’abord, il établit ce fait que « en Allemagne, inversément à la marche habituelle, la poétique précède toujours la poésie.
Mais il reste un dernier Chef, et l’Espion semble avoir retardé son nom, sachant quel dé fatal il va jeter sur le champ de mort. — « Le septième enfin, celui qui marche à la septième porte, je dois le dire, c’est ton frère. […] » — Comme s’il n’était plus qu’un glaive insensible et sourd, il répond aux dernières instances du Chœur : — « Je suis aiguisé, tes prières ne m’émousseront pas. » Et il court d’un pas de vertige à la porte fatale où la mort l’attend. […] Ce spectre indomptable, c’est Capanée qui se croit toujours le damnéde Zeus, et ne distingue pas l’Enfer chrétien du Tartare : Et l’Ombre, s’apercevant que je parlais d’elle à mon maître, cria : « Tel je fus vivant, tel je suis mort. — Quand Jupiter fatiguerait son forgeron duquel, dans sa colère, il prit la foudre aiguë dont je fus frappé, à mon dernier jour, — et quand il fatiguerait l’un après l’autre tous ses noirs ouvriers de l’Etna en criant : Aide-moi, aide-moi, bon Vulcain ! […] Au dernier chant de l’Iliade, quand le cadavre d’Hector, ramené dans le palais de Priam, est déposé sur un lit sculpté, les chanteurs funèbres, dont l’élégie est la profession, préludent par des complaintes à peine mentionnées. Mais le service intime du héros est célébré par les femmes de la famille qui viennent, dans l’ordre de leur parenté et de leur douleur, lui chanter les derniers adieux. — Andromaque « aux bras blancs » parle la première, en tenant dans ses mains la tête de l’époux : — « Ô homme !
Quand il fit son dernier cours de philosophie, il insulta à l’originalité de l’homme, soit dans ses œuvres, soit dans sa vie, avec une énergie pédante qui prouve à quel point il est dénué d’un des plus profonds instincts de l’artiste. […] Quand la liste des grandes dames sera épuisée, nous aurons l’histoire de leurs femmes de chambre ; et c’est ainsi que nous passerons nos derniers jours, comme Renaud dans les jardins d’Armide, dans la domesticité secrète et amoureuse de l’histoire ! […] Remuante, impatientante, piquant le Pouvoir comme une guêpe pique le lion aux narines, le Pouvoir la chasse trois fois, et quand elle revient une dernière, elle est soumise. […] les années et les chagrins avaient triomphé de sa beauté, mais elle était encore pleine d’agréments… Elle avait trouvé un dernier ami dans le marquis de Laigues qu’elle aima jusqu’à la fin… (Enfin !) […] Cousin, celles-ci seront-elles les dernières ?
La lune se leva ; elle était à son dernier quartier : son disque renversé parut au-dessus des terrasses, mais trop diminué pour éclairer la nuit et pareil à un anneau brisé. […] Au printemps dernier, je voyageais en Tunisie avec la caravane que dirigeait le Résident général de France, et je me rappelle l’impression de limpidité que me laissa le crépuscule, un jour que nous approchions du village de Téboursouk. […] Les dernières touffes des branches baignaient encore dans le rayon allongé qui rasait les crêtes. […] Dès lors il n’y a plus d’événements dans ces deux vies séparées et voisines, mais seulement des incidents grossis par la passion qui en souffre, et par le talent du romancier qui les analyse jusqu’en leurs dernières conséquences. […] avec qui j’ai vécu ces jours derniers.
Cette nouvelle profession de foi a paru samedi dernier sous une signature qui m’était absolument inconnue. […] Jean Moréas publiait, samedi dernier, au « Figaro », un soi disant « manifeste littéraire » de l’Ecole Symbolique. […] « Des deux grands courants suscités par le mouvement littéraire de ces vingt-cinq dernière années, M. […] Oui, pour ses derniers écrits. […] Des mots encore, s’il parle lui aussi du dernier poème : un Coup de Dé.
C’est dans cette carrière qu’il a marché en avant et entraîné son siècle à sa suite ; c’est là que ses plus faibles essais annoncent déjà la force prodigieuse qu’il déploiera dans ses derniers travaux. […] Le génie puissant dont le regard avait embrassé la destinée humaine n’en pouvait méconnaître le sublime secret ; un instinct sûr lui révélait cette explication dernière, sans laquelle il n’y a que ténèbres et incertitude. […] Rien n’écarte ou ne confirme cette supposition ; et les derniers jours de Shakespeare sont entourés d’une obscurité encore plus profonde, s’il se peut, que celle de sa vie. […] Vers le milieu du dernier siècle, un M. […] C’est bien là la tyrannie et le malheur ; c’est bien là ce qui appelle les révoltes des peuples et pousse aux complots les derniers défenseurs de leurs libertés.
L’emploi de cette formule, dans notre littérature, date du siècle dernier, des premiers bégayements de nos sciences modernes. […] Voilà l’esprit littéraire des siècles derniers. […] Maintenant, il me sera facile de déterminer notre esprit littéraire et de le comparer à l’esprit des siècles derniers. […] Toute réaction est violente, et nous réagissons encore contre la formule abstraite des siècles derniers. […] Et c’est Céline qui brusque les choses, en provoquant une explication, un dernier adieu.
On pourrait persister dans cette existence par la crainte d’en sortir ; mais si ce seul motif nous retenait sur la terre, tous ceux qui ont vaincu la terreur par des habitudes militaires, toutes les personnes dont l’imagination est plus frappée du fantôme de la vie que de celui de la mort, s’épargneraient les derniers jours qui répètent d’une voix si rauque les airs brillants des premiers. […] Asham, vous le savez, est sérieux et calme, il s’appuie sur la vieillesse pour supporter les maux de l’existence ; en effet la vieillesse d’un penseur n’est pas débile, l’expérience et la foi le fortifient, et quand l’espace qui reste est si court, un dernier effort suffit pour le parcourir ; ce terme est encore plus rapproché pour moi que pour un vieillard, mais les douleurs rassemblées sur mes derniers jours seront amères. […] je croyais jusqu’à ce jour qu’elle était mon droit et je recueille maintenant ses derniers bienfaits comme les adieux d’un ami. […] — Mon ami, lui dis-je, quand mes derniers moments seraient entourés de respect, ils ne m’inspireraient pas moins d’effroi ; la mort porte-t-elle un diadème sur son front livide ? […] Au détour du chemin qui mène à la place où la mort est préparée pour nous deux, il s’est arrêté pour me revoir encore ; ses derniers regards ont béni celle qui fut sa compagne sur le trône et sur l’échafaud.
Le roi, les princes se portent au danger comme les derniers des soldats. […] Il restait là une dernière réserve d’artillerie. […] L’alliance est scellée par ces promesses mutuelles ; la Prusse presque entière est abandonnée par son dernier allié Alexandre au vainqueur d’Iéna ; elle a mérité son sort par la duplicité de sa diplomatie depuis qu’elle existe ; mais Napoléon traite avec dédain son héroïque et belle reine, que la fortune amène en larmes à Tilsitt. […] Les désastres et l’évacuation de l’Espagne ; la campagne de Saxe, dernière étreinte des bras qui veulent retenir en vain le monde tout entier quand chacune de ses conquêtes lui échappe ; les faux retours de gloire à Dresde, à Lützen, à Bautzen ; les négociations de mauvaise foi avec l’Autriche, négociations aussi exigeantes après les revers qu’après les victoires ; le tombeau de la dernière armée française à Leipsick ; la retraite sur le Rhin ; le second retour de Napoléon sans armée à Paris, pour demander le dernier soldat à la terre qui lui a donné en trois ans trois armées de six cent mille soldats à jouer et à perdre, sont les dernières scènes de ce magnifique drame entre un homme et l’univers. Arrêtons-nous ici, et voyons si l’écrivain aura la constance de conduire son héros jusqu’à Waterloo, où il tombe enfin dans le sang de ses derniers compagnons d’armes pour ne plus se relever que dans l’imagination sans mémoire des peuples.
Depuis que tout le monde s’en mêle, c’est une profession qui tend à disparaître : car à propos d’art, et d’art littéraire surtout, chacun se réserve le droit de juger en dernier ressort. […] je t’ai bien compris, sauvage voyageur, Et ton dernier regard m’est allé jusqu’au cœur ! […] Restés les héritiers de la grande voix merveilleuse qui chanta les héroïques légendes, ils ont fait au fond de leurs âmes un asile fastueux, en dépit d’une solitude souvent désolée, aux dernières vibrations des traditions antiques, qu’ils recréent selon les préceptes éternels. […] Un siècle détruit autant d’œuvres qu’il en apporte ; la guerre, les révolutions, l’incendie ont pris en pitié notre mémoire surchargée, et de temps en temps la soulagent avec une affreuse mais, en dernière analyse, peut-être bienfaisante cruauté. […] À Paris, l’an dernier, dans les grands et les petits théâtres, c’est à la douzaine qu’il faut compter les tentatives de ce genre.
La révolution de 1688, consécration du gouvernement constitutionnel en Angleterre, eut longtemps dans le pays et en Europe des adversaires redoutables, dont l’avènement de la maison de Hanovre put seul détruire les dernières espérances. […] Mais en revanche, rien n’était moins propre à fermer les blessures, qu’avaient laissées dans l’âme de Swift les épreuves de sa jeunesse, que le scepticisme de Temple, que sa prudence intéressée, que cette mauvaise opinion des hommes, qu’on rapportait inévitablement de la vie publique sous les deux derniers des Stuarts. […] Jacques, au contraire, pressé surtout de ne pas ressembler à Pierre, arrache les broderies et met en même temps l’habit en lambeaux, se frotte contre les murs pour effacer les dernières traces de ces odieux ornements et, intérieurement honteux de la destruction de son habit, maudit la modération de Martin. […] L’art profond de Swift, pour prendre et soutenir un personnage, apparaît ici consommé et arrivé à sa dernière perfection. […] Rien ne serait plus propre que cette tendance de Swift, dans les dernières de ses œuvres, à confirmer l’opinion d’une infirmité naturelle, qui aurait aigri son esprit et qui l’aurait attiré vers les images les plus capables d’émousser ses regrets et de l’en consoler.
le bruit va-t-il être le tourment agaçant de mes dernières années ? […] Mercredi dernier, Maupassant qui vient de louer un appartement avenue Victor-Hugo, me disait qu’il cherchait une chambre pour dormir, à cause du passage devant chez lui des omnibus et des camions. […] je voudrais en avoir fini de ces trois derniers livres… Après l’Argent, oui, viendra la Guerre, mais ce ne sera pas un roman, ce sera la promenade d’un monsieur à travers le Siège et la Commune… Au fond le livre qui me parle, qui a un charme pour moi, c’est le dernier, où je mettrai en scène un savant… Ce savant, je serais assez tenté de le faire d’après Claude Bernard, avec la communication de ses papiers, de ses lettres… Ce sera amusant… je ferai un savant marié avec une femme rétrograde, bigote, qui détruira ses travaux, à mesure qu’il travaille. […] Ç’a été d’abord les romans naturistes que j’ai écrits, puis les pièces révolutionnaires que j’ai fait représenter, enfin en dernier lieu le Journal. […] Puis pour moi, la France commençant à Avricourt, n’est plus la France, n’est plus une nation dans des conditions ethnographiques qui lui permettent de se défendre contre une invasion étrangère, et j’ai la conviction que fatalement, et malgré tout, il y aura un dernier duel entre les deux nations : duel qui décidera si la France redeviendra la France, ou si elle sera mangée par l’Allemagne.
Vos Abregés sont longs au dernier point. […] Il poursuivit l’erreur dans ses derniers détours, Et contre elle des vers emprunta le secours. […] Ce préjugé peut être injuste ; mais comme il paroît avoir généralement gagné, nous nous étendrons fort peu sur les Poëtes des siécles derniers qui ont écrit en latin. […] Les autres productions de Santeuil traduites, soit en vers, soit en prose, par plusieurs Poëtes du dernier siécle, se trouvent dans le recueil de ses œuvres, à Paris 1698. […] Le Physicien & le Poëte s’y montrent dans un jour avantageux, sur tout dans les deux derniers chants, où l’auteur exprime aussi heureusement qu’il décrit savamment les differens ouvrages de Verrerie.
Au dernier siècle, quand de jeunes Français allaient à Rome où le cardinal de Bernis résida comme ambassadeur de France à dater de 1769, et où il ne mourut qu’en 1794, un de leurs premiers désirs, c’était de lui être présentés, et une des premières choses qu’ils trouvaient d’ordinaire à lui dire, c’était de le remercier du plaisir que leur avaient fait ses jolis vers ; ils s’étonnaient ensuite que le prélat ne répondît point à ce compliment comme ils auraient voulu, et qu’il gardât toute son amabilité et toute sa grâce pour d’autres sujets de conversation. […] Jusque-là il était abbé comme on l’était volontiers alors, ayant le titre et quelques bénéfices ; mais il n’était point lié à son état, il n’était prêtre à aucun degré ; et en 1755, à l’âge de quarante ans, on le voit hésiter beaucoup avant de franchir ce pas dont il sent le péril, et d’où sa délicatesse d’honnête homme l’avait tenu éloigné jusque-là : « Je me suis lié à mon état, écrit-il à Pâris-Duverney (le 19 avril 1755), et j’ai mis moi-même dans cette démarche tant de réflexions que j’espère ne m’en repentir jamais1. » Quant aux petits vers galants, ils sont de sa première jeunesse ; il cessa d’en faire à l’âge de trente-cinq ans : J’ai abandonné totalement la poésie depuis onze ans, écrit-il à Voltaire en décembre 1761 ; je savais que mon petit talent me nuisait dans mon état et à la Cour ; je cessai de l’exercer sans peine, parce que je n’en faisais pas un certain cas, et que je n’ai jamais aimé ce qui était médiocre ; je ne fais donc plus de vers et je n’en lis guère, à moins que, comme les vôtres, ils ne soient pleins d’âme, de force et d’harmonie ; j’aime l’histoire… Il y a donc, avant tout, quand on parle de Bernis, à bien marquer les époques, si l’on veut être juste envers un des esprits les plus gracieux et les plus polis du dernier siècle, envers un homme d’une capacité réelle, plus étendue qu’on ne pense, et qui sut corriger ses faiblesses littéraires ou ses complaisances politiques par une maturité décente et utile, et par une fin honorable. […] Pâris-Duverney, homme supérieur, d’une capacité administrative de premier ordre, et d’un talent singulier pour les choses de guerre, était déjà à demi dans la retraite ; il s’occupait presque exclusivement de réaliser sa dernière pensée patriotique, l’établissement de l’École militaire. […] Cette nature, qui semblait surtout épicurienne et paresseuse, a comme trouvé son élément : « Nous sommes dans la crise de la grande décision, écrit-il à Duverney, le 13 octobre 1756 ; ma santé est bonne, malgré le travail qui augmente et va augmenter de jour en jour. » Sa seule plainte, c’est de n’avoir pas tout à faire, c’est de n’avoir pas sur lui tout le fardeau : Les derniers ordres sont arrivés (Fontainebleau, 5 novembre 1756) ; je travaille actuellement au plus grand ouvrage qui ait jamais été fait.
Cette chevalerie chrétienne, inaugurée dès Charlemagne, triomphant avec Godefroi de Bouillon, a ici sa dernière couronne dans saint Louis. […] Cet invincible et maladif désir d’une croisade dernière le prit comme prend à d’autres, après une longue absence, le désir de s’en revenir mourir dans la patrie. […] C’est un dernier trait qui achève de peindre cette franche et droite nature […] [NdA] Le conseil général de la Haute-Marne, dans sa séance du 25 août dernier (1853), a décidé qu’une statue serait érigée par souscription à la mémoire du sire de Joinville, sur la principale place de la ville de ce nom.
Le lendemain de sa mort, Frédéric écrivait au prince Henri ce billet, dont les dernières lignes sont mouillées de ses larmes : Mon cher frère, j’ai reçu votre triste lettre, et vous remercie de tout mon cœur de la part que vous prenez à mon affliction. […] Il est curieux de voir, à cette fin de campagne, l’impatience du vieux guerrier qui, arrivé toutefois à son but pour la politique, frémit de colère de n’avoir pu frapper un dernier coup, et de se voir obligé à remettre l’épée dans le fourreau sans s’être vengé une bonne fois de ses ennemis dans une bataille : « En fait de campagne, disait-il en se jugeant avec une sorte d’amertume, nous n’avons fait (cette fois) que des misères55. » Dans les années qui suivent, on retrouve Frédéric et le prince Henri en conversation par lettres, en discussion philosophique sur les objets qui peuvent le plus intéresser les hommes, la religion, la nature humaine et le rang qu’elle tient dans l’univers, les ressorts et mobiles qui sont en elle, et les freins qu’on y peut mettre. […] Un dernier service politique que le prince Henri rendit à son frère, ce fut de venir en France, et, en y réussissant de sa personne, d’y corriger, d’y neutraliser un peu l’influence autrichienne auprès du cabinet de Versailles. […] J’ai terminé ce chapitre, qui aurait pu s’intituler Frédéric le Grand et le prince Henri : il m’en reste un dernier à écrire, à extraire d’une autre portion, également intéressante, de cette correspondance de famille ; il aura pour titre : Frédéric le Grand et sa sœur la margrave de Baireuth, et pour ce qui est des sentiments moraux, il sera plus consolant.
Il fallut que bien des révolutions s’accomplissent pour que ce miracle devînt possible ; mais, par cela même qu’il dura, le salon de Mme Swetchine se renouvela souvent, et, dans les dix ou douze dernières années notamment, il fît d’intéressantes recrues, il acquit un certain nombre de jeunes amis et de fidèles qui avaient du mouvement, du liant, beaucoup d’entregent, le goût de la publicité, le talent de l’oraison funèbre, et qui lui ont fait sa réputation posthume. […] Il ne le sait pas et ne l’indique pas : mais quelqu’un, probablement, à qui il a montré son manuscrit et qui en a eu soupçon, l’a averti de prendre garde, et, par précaution, à deux pages de là, et après une suite d’autres passages cités, il ajoute : « Les derniers échos du xviiie siècle, dans sa forme encore spirituelle et littéraire, résonnent dans les Souvenirs de Mme Necker. […] Les derniers venus, en pareil cas, les plus nouveaux en civilisation, ne se montrent pas les moins ardents à renchérir et à subtiliser. […] Elle partit seule, alla plaider auprès du czar la cause deson vieux mari, traversa le Nord par la saison la plusrigoureuse, et dans un état de santé déplorable, sans un murmure, sans une plainte : une lettre d’elle, admirable de sentiment (tome I, page 377), témoigne de ses dispositions morales, de sa résignation au devoir, de sa soumission prête à se laisser conduire jusqu’aux dernières conséquences : elle eût tout quitté, Paris et son monde, s’il l’avait fallu et si le czar avait maintenu son arrêt, pour aller habiter dans quelque ville obscure de la Russie, à côté du triste et taciturne exilé.
Mon désir serait de le faire dans un parfait esprit d’impartialité ; car cette impartialité, cette neutralité même que M. de Pontmartin m’a si souvent reprochée, devient, je l’avoue, un de mes derniers plaisirs intellectuels. […] Ne rien dire sur les écrivains même qui nous sont opposés, rien que leurs amis judicieux ne pensent déjà et ne soient forcés d’avouer et d’admettre, ce serait mon ambition dernière. […] Dans les derniers temps, ses amis, en étant assez de l’avis que j’exprime, ont essayé de lui accorder davantage ; on a dit qu’il avait fait des progrès en sérieux, en solide, en fermeté. […] C’est une de ces dernières que M. de Pontmartin a préconisée dans ce petit roman, dont franchement la morale me paraît détestable, parce qu’elle est inhumaine.
non ; cette histoire des dernières années de la monarchie est sue depuis longtemps, et bien sue : il suffisait, pour l’embrasser et la saisir dans sa vraie suite et sa teneur, d’avoir l’esprit juste, appliqué, le cœur droit, de savoir choisir et démêler entre les divers témoignages et de ne se laisser entraîner à rien d’extrême, même en fait de pitié. […] En quittant la terre natale et au moment de franchir la frontière de l’empire, probablement à Augsbourg, la jeune princesse écrit à son auguste mère une lettre remplie des meilleurs et des plus naturels sentiments : « Madame ma chère mère, « Je ne quitte pas sans une vive émotion et un serrement de cœur la dernière ville frontière de votre empire ; avant de traverser les derniers États qui me séparent de ma nouvelle patrie, je demande à couvrir vos mains de mes baisers et vous remercier comme je le sens pour toutes les bontés maternelles dont vous m’avez entourée. […] Je crois que nous aurons demain notre dernière représentation. […] Feuillet, me remerciant une quinzaine de jours seulement après que ce premier article eut paru, supposait, dans sa lettre, que dans l’intervalle j’avais dû recevoir son Introduction ou Avertissement, ce qui n’était pas ; il m’écrivait : « Après huit jours de repos à Trouville, j’arrive et je trouve votre article dont je vous remercie, bien que vous ne me trouviez pas nouveau : mais je suis abondant pour confirmer vos idées… Je présume que ma plomberie (l’imprimeur Plon) vous aura envoyé de ses œuvres et que vous avez eu, la semaine dernière, mon Avertissement que je n’ai voulu appeler ni Préface, ni Introduction encore moins : tout cela est bien solennel, etc. » Or, à l’heure où je recevais cette lettre, je n’avais pas encore cet Avertissement et j’en étais à mon troisième article.
Il portait, d’ailleurs, sur les choses publiques un jugement excellent ; il sentait les périls intérieurs là où ils étaient ; partisan déclaré de la liberté de la presse, il ne fut pas des derniers à prédire où mènerait la censure. […] S’il avait eu en dernier lieu un triomphe éclatant, il n’était pas insensible aux petits dégoûts qui sont presque toujours la monnaie et la rançon de tout grand succès. […] Il le cultiva surtout dans les dernières années. […] Il n’a cessé d’écrire jusque dans ses dernières années, faisant imprimer à ses frais ses élucubrations, et se posant en candidat perpétuel à l’Académie française.