Cependant l’extrême degré de souplesse et d’habileté qu’il lui voit déployer dans cette chaude affaire (le tête-à-tête avec Tartuffe de l’acte IV) ne laisse pas de l’offusquer et lui gâte quelque peu le personnage. […] Il y a une femme polie, sortie toute polie de la main de Molière ; je ne connais qu’une femme qui le soit à ce degré dans son théâtre, c’est Célimène. […] Comme cela est naturel, comme cela est charmant ; quelle femme achevée, quelle vraie femme, et en même temps quelle femme ayant le degré d’innocence que comporte la situation ! […] En sa qualité de bourgeois, il déteste et méprise la police au suprême degré, et, quand le commissaire de police se présente devant lui, il lui dit : « Monsieur, ne vous laissez pas graisser la patte au moins ! […] Peut-être que dans cet excès de misère, ne rien craindre et ne rien espérer donnent une force et un ressort qu’on ne verrait pas à un degré moins bas.
De telles erreurs attestent à quel degré ces maniaques du journal intime sont devenus incapables du regard objectif. […] Pour qui l’a connu, ce sacrifice mesure le degré de son dévouement à la chose publique. […] Par quels arbitres faire reconnaître les promesses du talent quand ses réalisations sont contestées à ce degré ? […] L’officier n’est pas patriote à un degré au-dessus du citoyen. […] À quelque degré que ce soit, ces innombrables bonnes volontés ont contribué à la création de cet outillage.
On est surpris de la différence que produisent à cet égard quelques degrés de latitude… » Voltaire écrit à Mme du Deffand : « Savez-vous le latin, madame ? […] Leur existence féconde et pleine, en tous ses degrés de maturité, a les fruits de chaque saison. […] Car le plus ou le moins décide des choses, et bien souvent ce qui paraît une différence de nature n’est qu’une différence de degré. […] Autre chose est l’esprit, quel qu’en soit le degré ; autre chose le travail et l’exercice de cette intelligence, soit ordinaire, soit supérieure. […] Or, ce n’est pas le degré de la force musculaire qui fait connaître la grandeur réelle d’un peuple ; sa valeur se mesure au degré de sa puissance intellectuelle et morale, degré toujours corrélatif à certaines conditions du système nerveux, sur lequel on ne peut nier que la qualité des choses qu’on boit ait une grande influence.
De degré en degré, elles nous firent ériger l’intuition en méthode philosophique. « Intuition est d’ailleurs un mot devant lequel nous hésitâmes longtemps. […] Matière et esprit présentent un côté commun, car certains ébranlements superficiels de la matière viennent s’exprimer dans notre esprit, superficiellement, en sensations ; et d’autre part l’esprit, pour agir sur le corps, doit descendre de degré en degré vers la matière et se spatialiser. […] Mais le possible ainsi entendu n’est à aucun degré du virtuel, de l’idéalement préexistant. […] Sans doute l’intuition comporte bien des degrés d’intensité, et la philosophie bien des degrés de profondeur ; mais l’esprit qu’on aura ramené à la durée réelle vivra déjà de la vie intuitive et sa connaissance des choses sera déjà philosophie. […] Cette combinaison ne pourra présenter ni une diversité de degrés ni une variété de formes : elle est ou elle n’est pas.
La politesse y est à un degré de religion et de solennité. […] Elles ne guériront personne de ceux qui sont malades à un certain degré, pas plus qu’elles n’ont guéri Flaubert. […] Aucun homme n’a représenté à un degré supérieur les hautes vertus du grand artiste littéraire. […] Ce don, l’illettré Gambetta, pour prendre un exemple personnellement connu de nous deux, le possédait au plus haut degré. […] Il manque d’idéalisme — au sens philosophique et intime de ce mot — à un incroyable degré.
Il y a un certain degré de puissance, d’ordonnance et d’abondance qui couvre tout et qui désarme !
Il se trouve de la sorte que les poëtes, certains poëtes, et de ceux qui avaient le plus enlevé nos premières amours, peuvent sembler moins bien traités en définitive que des critiques, des historiens, des hommes que nous estimons et que nous admirons sans doute, mais dont tous pourtant ne sont pas à beaucoup près placés au même degré que les premiers dans notre évaluation des talents.
Si on a été attentif à regarder en soi comme au dehors, si on a essayé de noter ses émotions, d’en saisir les causes, les effets, les nuances, les degrés, la communication ira se resserrant chaque jour entre la sensibilité et l’intelligence ; les émotions multiplieront les idées, l’esprit affinera le cœur, et la subtilité du jugement s’augmentera avec la délicatesse du sentiment.
Les difficultés sans nombre que vous devez avoir rencontrées dans votre marche, & que vous avez heureusement surmontées, ajoutent un nouveau degré au mérite d'avoir rassemblé, presque sous un seul point de vue, tout ce que l'Histoire, la Politique & la Géographie présentoient d'intéressant & d'essentiel à la connoissance exacte de ce vaste Corps.
Mais le style n’est plus même possible à un certain degré de contradiction dans les idées.
Parmi les artistes qui, sous toute forme et dans toute œuvre, arrivent à ce degré de profondeur et d’intensité qui est plus que la vie et qui en constitue l’idéal, il y a ceux qui ont tiré à eux toute cette magnifique couverture du nom de poètes et qui l’ont gardé pour eux seuls.
Les interrogations, les examens sont presque nuls : l’émulation n’existe à aucun degré et serait tenue pour un mal. […] Gosselin ; il négligeait la propreté à un degré tout à fait choquant. […] J’étonne toujours les réalistes quand je leur dis que j’ai vu de mes yeux un type que leur connaissance insuffisante du monde humain ne leur a pas permis de trouver sur leur chemin, je veux dire le portier sublime, arrivé aux degrés les plus transcendants de la spéculation. […] La contradiction des travaux philosophiques ainsi entendus avec la foi chrétienne ne m’apparaissait point encore avec le degré de clarté qui bientôt ne devait laisser à mon esprit aucun choix entre l’abandon du christianisme et l’inconséquence la plus inavouable.
Il y a différents degrés dans cet art : le sauvage, en effet, dominé par la passion, ne connaît dans sa danse que le mouvement violent ou le repos apathique. […] Le décor examiné, nous allons passer su premier degré de mimique, la première perceptible à l’œil, la plus accessible aux sens. […] Puis la cérémonie terminée, le jour réparait, et les chevaliers se séparent, se perdant par degrés dans l’obscurité. […] Nous avons, jusque maintenant, négligé de parler des acteurs ; mais il nous faut ici parler de Mlle Malten, quand cela ne serait que pour la donner comme exemple à tous nos acteurs : elle arrive, dans ce dernier acte, où elle n’a rien à chanter, où elle ne fait que jouer, à un degré de perfection, qui nous cause presque de l’éblouissement à nous autres, spectateurs français, tant ses poses sont justes, et admirable son expression de figure.
Rappelons-nous, en effet, comment se sont développées en nous les sensations : nous avons vu que c’est la volonté de vivre, le désir d’écarter la peine et de retenir le plaisir par des mouvements appropriés, qui a donné aux sensations le degré de distinction et de force nécessaire pour se détacher dans la conscience92. […] N’ai-je pas des sensations d’une qualité déterminée, en partie différentes, en partie semblables, continues, déjà liées et organisées à un degré aussi faible qu’on voudra ? […] Une sensation, selon nous, n’existe en elle-même qu’à la condition d’exister aussi pour soi à quelque degré, et il n’y a pas plus de sensation absolument inconsciente que de souffrance inconsciente ; or, par cela même qu’un état de conscience est senti, on peut dire aussi que, dans la même mesure, il est connu comme tel. […] S’il en est ainsi, les états de conscience ne diffèrent pas, comme le croient les platoniciens et les péripatéticiens, en ce que tantôt ils seraient et tantôt ne seraient à aucun degré des pensées, des représentations, des idées ou formes ; ils différent simplement en ce qu’ils sont pensées de plus ou moins de choses, en ce qu’ils enveloppent une vérité plus ou moins large.
ce sont tous les degrés de la pauvreté psychologique, toutes les variétés de la folie. […] Mais ce n’est là qu’une question de degré, et la loi générale de ces phénomènes pourrait se formuler ainsi : Est comique tout incident qui appelle notre attention sur le physique d’une personne alors que le moral est en cause. […] Il partira alors des objets réellement perçus par le sujet, et il tâchera d’en rendre la perception de plus en plus confuse : puis, de degré en degré, il fera sortir de cette confusion la forme précise de l’objet dont il veut créer l’hallucination.
Élevés dans l’égalité, jamais nous ne comprendrons ces effrayantes distances, le tremblement de cœur, la vénération, l’humilité profonde qui saisissait un homme devant son supérieur, la rage obstinée avec laquelle il s’accrochait à l’intrigue, à la faveur, au mensonge, à l’adulation et jusqu’à l’infamie pour se guinder d’un degré au-dessus de son état. […] C’est qu’il a trouvé sa vraie place ; cet esprit qui regorgeait de sensations et d’idées était né curieux, passionné pour l’histoire, affamé d’observations, « perçant de ses regards clandestins chaque physionomie », psychologue d’instinct, « ayant si fort imprimé en lui les différentes cabales, leurs subdivisions, leurs replis, leurs divers personnages et leurs degrés, la connaissance de leurs chemins, de leurs ressorts, de leurs divers intérêts, que la méditation de plusieurs jours ne lui eût pas développé et représenté toutes ces choses plus nettement que le premier aspect de tous les visages. » « Cette promptitude des yeux à voler partout en sondant les âmes » prouve qu’il aima l’histoire pour l’histoire. […] L’artiste est une machine électrique chargée de foudres, qui illumine et couvre toute laideur et toute mesquinerie sous le pétillement de ses éclairs ; sa grandeur consiste dans la grandeur de sa charge ; plus ses nerfs peuvent porter, plus il peut faire ; sa capacité de douleur et de joie mesure le degré de sa force. La misère des sciences morales est de ne pouvoir noter ce degré ; la critique, pour définir Saint-Simon, n’a que des adjectifs vagues et des louanges banales ; je ne puis dire combien il sent et combien il souffre ; pour toute échelle, j’ai des exemples et j’en use.
Ce n’est pas ce qui nous occupera chez Bayle ; nous ne saisirons et ne relèverons en lui que les traits essentiels du génie critique qu’il représente à un degré merveilleux dans sa pureté et son plein, dans son empressement discursif, dans sa curiosité affamée, dans sa sagacité pénétrante, dans sa versatilité perpétuelle et son appropriation à chaque chose : ce génie, selon nous, domine même son rôle philosophique et cette mission morale qu’il a remplie ; il peut servir du moins à en expliquer le plus naturellement les phases et les incertitudes. […] Je lirois beaucoup, je retiendrois diverses choses vago more, et puis c’est tout. » Ces passages et bien d’autres encore témoignent à quel degré Bayle possédait l’instinct, la vocation critique dans le sens où nous la définissons. […] La façon dont Bayle était religieux (et nous croyons qu’il l’était à un certain degré) cadrait à merveille avec le génie critique qu’il avait en partage.
Une filiation exacte et continue rattache à nos perceptions les plus simples les sciences les plus compliquées, et, du plus bas degré au plus élevé, on peut poser une échelle ; quand l’écolier s’arrête en chemin, c’est que nous avons laissé trop d’intervalle entre deux échelons ; n’omettons aucun intermédiaire, et il montera jusqu’au sommet À cette haute idée des facultés de l’homme s’ajoute une idée non moins haute de son cœur. […] Contre leurs débordements et leurs dévastations, il a fallu installer une force égale à leur force, graduée selon leur degré, d’autant plus rigide qu’elles sont plus menaçantes, despotique au besoin contre leur despotisme, en tout cas contraignante et répressive, à l’origine un chef de bande, plus tard un chef d’armée, de toutes façons un gendarme élu ou héréditaire, aux yeux vigilants, aux mains rudes, qui, par des voies de fait, inspire la crainte et, par la crainte, maintienne la paix. […] Neuvième époque), on se vit obligé de renoncer à cette politique astucieuse et fausse qui, oubliant que les hommes tiennent des droits égaux de leur nature même, voulait tantôt mesurer l’étendue de ceux qu’il fallait leur laisser sur la grandeur du territoire, sur la température du climat, sur le caractère national, sur la richesse du peuple, sur le degré de perfection du commerce et de l’industrie, et tantôt partager avec inégalité les mêmes droits entre diverses classes d’hommes, en accorder à la naissance, à la richesse, à la profession, et créer ainsi des intérêts contraires, des pouvoirs opposés, pour établir ensuite entre eux un équilibre que ces institutions seules ont rendu nécessaire et qui n’en corrige même pas les influences dangereuses. » 430.
Combien le Christianisme n'éleve-t-il pas l'Homme au dessus de ces vertus calculées, & à quel degré de grandeur & de perfection son ame ne se porte-t-elle pas, lorsqu'elle se pénetre de son esprit, & qu'elle le suit ! […] Pourquoi tous les sentimens qu’ils annoncent participent-ils des derniers degrés de la corruption humaine ? […] Il est dit dans le même Arrêt, si flétrissant pour les mœurs actuelles, que le nombre des enfans exposés augmentoit tous les jours, & que la plupart provenoient aujourd'hui de nœuds légitimes, de maniere que les asiles institués dans l'origine, pour prévenir les crimes auxquels la crainte de la honte pouvoit induire une mere égarée, devenoient par degrés des dépôts favorables à l'indifférence criminelle des parens.
Ainsi que la vertu, le vice a ses degrés, et la pièce aurait pu choisir une petite dame de plus haut étage pour faire débuter la fille moderne au Théâtre-Français. […] Vis-à-vis de la jeune fille, cette amitié d’enfance se transforme, par degré, en un amour que Fanny partage. […] La physionomie de l’excellent juge change étrangement à mesure qu’il parle : de rayonnante qu’elle était, elle s’assombrit par degrés.
Les années, ces degrés qui croulent à mesure qu’on les monte, étaient les marches du mystique escalier qui conduit à Dieu. […] Elle ne sentit jamais le besoin d’avoir une société autour d’elle sur les degrés d’un Capitole ou sur le pic d’un cap Misène, pour épancher la poésie contenue dans son sein. […] C’étaient les jeunes filles des châteaux voisins, presque toutes ses cousines à quelque degré.