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366. (1912) L’art de lire « Chapitre IX. La lecture des critiques »

Il est quelquefois cassant ; il est quelquefois un peu trop admiratif et ami de tout le monde ; il est quelquefois, à votre goût, trop tourné du côté du passé ou au contraire trop attiré vers les nouveautés, et homme qui découvre tous les matins un nouveau chef-d’œuvre, ce qui lui fait oublier celui qu’il a découvert hier ; il est quelquefois l’homme qui n’a que de la mémoire et qui cite presque sans choix, et vous le trouvez monotone ; il est quelquefois l’homme qui, en parlant des autres, songe surtout à lui et qui, dans l’esprit des auteurs, ne trouve presque qu’une occasion de faire admirer celui qu’il a ; mais quels que soient ses défauts vous l’aimez toujours un peu : le lecteur aime celui qui lit et qui lui parle de lectures, et en vient même, par besoin de confidences intellectuelles à faire et à recevoir, à ne pouvoir plus se passer de lui Eh bien !

367. (1915) La philosophie française « I »

Nous n’essaierons pas de résumer sa doctrine : chaque progrès de la science et de la philosophie permet d’y découvrir quelque chose de nouveau, de sorte que nous comparerions volontiers cette œuvre aux œuvres de la nature, dont l’analyse ne sera jamais terminée. […] Darwin a serré de plus près les faits ; il a surtout découvert le rôle de la concurrence et de la sélection.

368. (1936) Réflexions sur la littérature « 1. Une thèse sur le symbolisme » pp. 7-17

Les stances, qui ont été saluées comme la négation du symbolisme et comme un retour authentique à l’art classique, ne sont-elles pas au contraire l’expression même de ce que le symbolisme comportait d’échec devant les sentiments profonds et les grandes idées humaines, le fruit de cendre que devaient découvrir à la fin ses feuillages dorés ? […] Ils découvraient l’inconscient ; ils le proclamaient objet de poésie.

369. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre VIII. »

Il est un tout cependant qu’on souhaite de découvrir, bien qu’il soit formé de ce que l’homme ne voit pas, n’entend pas, ne peut saisir par la pensée. […] Il est malaisé d’ailleurs de découvrir si le premier homme levé du sol fut Alcomène, chez les Béotiens, au-dessus des eaux du Céphise, ou si ce furent les Curètes d’Ida, race divine, ou les Corybantes de Phrygie, que le soleil vit alors éclore les premiers, enfantés par la tige des arbres, ou si l’Arcadie donna naissance à Pélasge, plus ancien que la Lune, ou Éleusis à son premier habitant Diaulos, ou si Lemnos, féconde en beaux enfants, mit au monde le Cabire des mystères ineffables, ou si Pallène fit naître Alcione de Phlégra, l’aîné des superbes géants.

370. (1861) La Fontaine et ses fables « Conclusion »

Mais, si on l’ouvre pour examiner l’arrangement intérieur de ses organes on y trouve un ordre aussi compliqué que dans les vastes chênes qui la couvrent de leur ombre ; on la décompose plus aisément ; on la met mieux en expérience ; et l’on peut découvrir en elles les lois générales, selon lesquelles toute plante végète et se soutient.

371. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Troisième partie. Disposition — Chapitre premier. Rapports de l’invention et de la disposition »

Sans que nous y fassions attention, et comme en dehors de notre conscience, l’esprit travaille et cherche, combine et découvre encore, et soudain parmi les lignes de plan que nous arrêtons nous voyons surgir une pensée nouvelle, importante souvent, parfois vraiment principale et maîtresse, à laquelle il faut tout soumettre, et qui nous oblige à bouleverser l’édifice commencé.

372. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre XVI. Consultation pour un apprenti romancier » pp. 196-200

Les réminiscences ne l’encombreront guère : sans vergogne il découvrira le roman d’une bourgeoise de province mal amusée par son mari, qui sera médecin par exemple.

373. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — T. — article » pp. 309-314

C'est tantôt par des attaques à découvert, tantôt par de sombres marches, d'autant plus dangereuses qu'elles sont moins apperçues.

374. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Troisième partie. Beaux-arts et littérature. — Livre troisième. Histoire. — Chapitre III. Suite du précédent. — Seconde cause : les anciens ont épuisé tous les genres d’histoire, hors le genre chrétien. »

Xénophon découvrit à son tour une route nouvelle.

375. (1763) Salon de 1763 « Peintures — Loutherbourg » pp. 224-226

Dites-moi si l’espace que vous découvrez au-delà de ces roches, n’est pas la chose qui a fixé cent fois votre admiration dans la nature ?

376. (1890) La vie littéraire. Deuxième série pp. -366

Il faut pour les découvrir, recourir au raisonnement et procéder par déduction. […] Quand on voyait l’un, on était sûr de découvrir bientôt l’autre. […] Nous avons beau découvrir le néant de la vie : une fleur suffira parfois à nous le combler. […] Mais je crains qu’il ne faille une expérience déjà longue pour en découvrir le sens profond. […] Je n’ai jamais découvert dans les dialogues de Gyp la moindre excitation au vice.

377. (1923) Au service de la déesse

Victor Bérard a découvert : l’imposture de Wolf. […] Il a dissimulé son génie, avec tant de soin que, parmi ses contemporains, aucun n’a découvert la noble fraude. […] Quelquefois, c’est un tel secret que seuls de très malins conspirateurs l’ont un peu découvert. […] Méconnu : ils venaient de le découvrir. […] Ou bien, les ressemblances que l’on découvrirait ne seraient point à l’honneur de M. 

378. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — A — Aubanel, Théodore (1829-1886) »

Mais, en même temps, j’y découvrais une irréflexion, une étourderie d’improvisateur, un tragique tout en superficie, un échauffement sans profondeur, une outrance et comme une gesticulation de Canebière.

379. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — S — Sainte-Beuve, Charles-Augustin (1804-1869) »

Victor Hugo Poète, dans ce siècle où la poésie est si haute, si puissante et si féconde, entre la messénienne épique et l’élégie lyrique, entre Casimir Delavigne qui est si noble et Lamartine qui est si grand, vous avez su, dans le demi-jour, découvrir un sentier qui est le vôtre et créer une élégie qui est vous-même.

380. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Troisième partie. Beaux-arts et littérature. — Livre troisième. Histoire. — Chapitre IV. Pourquoi les Français n’ont que des mémoires. »

D’une autre part, ne pouvant parler de nous à découvert, nous nous cachons derrière nos personnages.

381. (1763) Salon de 1763 « Peintures — Vien » pp. 202-205

L’image la plus favorable sous laquelle on puisse envisager un critique, est celle de ces gueux qui s’en vont avec un bâtonnet à la main remuer les sables de nos rivières pour y découvrir une paillette d’or.

382. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 43, que le plaisir que nous avons au théatre n’est point produit par l’illusion » pp. 429-434

Ainsi quand nous voïons une belle tragédie, ou bien un beau tableau pour la seconde fois, notre esprit est plus capable de s’arrêter sur les parties d’un objet qu’il a découvert et parcouru en entier.

383. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre quatrième. Du cours que suit l’histoire des nations — Chapitre I. Introduction. Trois sortes de natures, de mœurs, de droits naturels, de gouvernements » pp. 291-295

Introduction Nous avons au livre premier établi les principes de la Science nouvelle ; au livre second, nous avons recherché et découvert dans la sagesse poétique l’origine de toutes les choses divines et humaines que nous présente l’histoire du paganisme ; au troisième, nous avons trouvé que les poèmes d’Homère étaient pour l’histoire de la Grèce, comme les lois des douze tables pour celle du Latium, un trésor de faits relatifs au droit naturel des gens.

384. (1867) Cours familier de littérature. XXIV « CXLIIe entretien. Littérature cosmopolite. Les voyageurs »

Il découvrit presque toute ma chambre, dans la pensée que j’y avais caché beaucoup de choses. […] Les raisons qui me portèrent à l’emmener plutôt qu’un autre, c’est qu’il souffrait son mal en désespéré et en furieux, et que je craignais que le désespoir et l’ivrognerie, à quoi il était sujet, ne nous fît découvrir en Mingrélie. […] L’oncle découvrit l’intrigue. […] J’ai tâché plusieurs fois de savoir à combien tout cela se monte sur les registres, car il est marqué et on le sait très-exactement ; mais je n’ai pu le découvrir. […] X Après avoir émerveillé et ébloui l’imagination de ses lecteurs par ce panorama de puissance et de richesse du royaume dont on lui découvre les entrailles, Chardin passe à la religion, à la politique, aux mœurs, et nous introduit dans la vie publique et dans la vie privée de ce peuple.

385. (1867) Cours familier de littérature. XXIV « CXLIIIe entretien. Littérature cosmopolite. Les voyageurs »

La princesse, désespérée de ce qu’il ne servait pas sa fureur sur-le-champ, conjura le lendemain avec une personne de qualité, qu’elle savait dans ses intérêts, pour faire assassiner Janikan ; mais celui-ci, qui avait déjà semé d’espions la cour et la ville, découvrit la conjuration avant qu’elle fût formée. […] Il était, à la vérité, un des grands ennemis du mort ; mais, faisant réflexion sur le crime et sur le danger de l’entreprise, dont il était moralement impossible d’éviter la punition tôt ou tard, il résolut de la découvrir au roi, ne voyant point d’autre voie de se tirer du mauvais pas où il s’était engagé. […] Quand on a passé le portail, on découvre des jardins à perte de vue, couverts d’arbres de haute futaie, et quand on a fait environ six vingt pas de chemin, on trouve quatre grands corps de logis, qui ne sont point entourés de murs, parce qu’ils sont à cent cinquante pas de distance l’un de l’autre. […] Il revient ensuite aux ruines de Persépolis, qu’il visite et décrit en philosophe et en historien, mais sans en découvrir le mystère. […] Et quand il me l’aurait voulu celer, ne m’aurait-il pas été plus aisé qu’à vous d’en découvrir quelque chose, puisque je demeure dans le palais intérieur, et que je sais tout ce qui s’y passe de plus secret ; que vous n’y entrez jamais, et que vous ne le pouvez regarder que par dehors ?

386. (1894) Écrivains d’aujourd’hui

C’est ce qui arrive pour l’observateur qui, dans le raccourci de chaque vision, découvre tout le long travail que résume chaque moment d’un être ou d’une vie. […] Jules Lemaître a souvent défini ce qu’on appelle « l’esprit parisien » ; il se trouve que quelques-uns des traits qu’il y découvre sont pareillement ceux de son esprit. […] De là un parti pris de bienveillance qui marquait surtout le désir de découvrir, partout où ils pouvaient se rencontrer, les germes de talent. […] Cette vérité que l’Église possède doit être assez large pour contenir tous les fragments de vérité que découvre à mesure le lent travail de la pensée. […] Et c’est aujourd’hui que vous vous avisez de le découvrir !

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