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430. (1895) Les confessions littéraires : le vers libre et les poètes. Figaro pp. 101-162

Pour le provençal peut-être, pas pour le français ; voyez ce Dictionnaire de rimes, là, ouvrez-le et considérez quelle liste infinie d’exquises sonorités ! […] Je considère comme stériles toutes les discussions des artistes entre eux, parce qu’ils se dispensent de définir et de préciser ; ce ne sont que des échanges de protestations naïves. […] Je considère Mistral comme un très grand poète, un des plus grands sans doute qui soient à l’heure présente, non seulement en France, mais dans le monde entier. […] Quant à l’influence de Mistral, je la crois grande et louable sur les poètes du félibrige, je la crois nulle et peu désirable sur les poètes de langue française, car je considère le provençal plutôt comme un dialecte. […] je ne leur reproche rien, mais j’estime qu’il faut, pour la parole chantée, une immédiate compréhension, de même que je considère les vers dits « musicaux » simplement propres à combattre la musique, à laquelle ils ont mission de s’adapter et non de suppléer.

431. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — T — Tellier, Jules (1863-1889) »

Sa vie trop brève et les circonstances ne lui ont pas permis de se faire connaître du public, mais cet inconnu doit être considéré comme un des logiciens du sentiment les plus extraordinaires que compte notre littérature… Il a sombré, ne laissant dans l’histoire littéraire, pour indiquer la place qu’il méritait, que cinq ou six cents lignes !

432. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — V — Valéry, Paul (1871-1945) »

La plupart des poèmes qu’on va lire et que leur auteur maintenant considère comme des plaisirs depuis longtemps décolorés, furent composés de 1889 à 1895 et parurent dans les diverses Revues dont on trouvera plus bas la nomenclature.

433. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre troisième. Découverte du véritable Homère — Argument » pp. 249-250

On doit trouver dans les poèmes d’Homère les deux principales sources des faits relatifs au droit naturel des gens, considéré chez les Grecs.

434. (1932) Les deux sources de la morale et de la religion « Remarques finales. Mécanique et mystique »

Mais laissons de côté le tempérament du « chef », et considérons les sentiments respectifs des dirigeants et des dirigés. […] Pessimistes, ils s’accordent avec les optimistes à considérer le cas de deux peuples qui vont se battre comme analogue à celui de deux individus qui ont une querelle ; ils estiment seulement que ceux-là ne pourront jamais, comme ceux-ci, être contraints matériellement de porter le litige devant des juges et d’accepter la décision. […] Elle exprime simplement le fait qu’une tendance est la poussée d’une multiplicité indistincte, laquelle n’est d’ailleurs indistincte, et n’est multiplicité, que si on la considère rétrospectivement, quand des vues diverses prises après coup sur son indivision passée la composent avec des éléments qui ont été en réalité créés par son développement. […] Nous nous garderons donc d’attribuer aux quinzième, seizième et dix-huitième siècles (encore moins au dix-septième, si différent, et qu’on a considéré comme une parenthèse sublime) des préoccupations démocratiques comparables aux nôtres. […] Sens dont nous ne considérons d’ailleurs ici qu’une partie, comme nous le faisons aussi pour le mot « impérialisme ».

435. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 8 septembre 1886. »

Les souvenirs des scènes précédentes, d’un si bel effet, dans ce morceau peuvent être considérés comme un pastiche du fameux épisode du Final de la neuvième, dont je viens de parler ; Franz Liszt les a splendidement caractérisés et interprétés, comme du reste le rôle entier du motif de l’alto, dans sa célèbre analyse de « Harold »60. […] Que l’on considère les partitions des diverses ouvertures : chaque instrument, toujours, intervient lorsqu’est à traduire tel état de l’esprit. […] Son œuvre, close encore naguère à notre intelligence par une barrière de sottes admirations, est aujourd’hui, pour les races érudites qui la considèrent, un très louable effort à restituer la passion collective de bruyantes âmes parisiennes. […] Quant à François Adrien Boieldieu (1775-1834), c’est un compositeur français, considéré comme le fils spirituel de Grétry.

436. (1856) Cours familier de littérature. II « IXe entretien. Suite de l’aperçu préliminaire sur la prétendue décadence de la littérature française » pp. 161-216

Il y a deux faces à cette institution tant controversée de l’Académie française, et deux manières de la juger, selon qu’on la considère au point de vue de l’émulation qu’elle était destinée à donner au génie national, ou au point de vue de l’ascendant et de l’autorité qu’elle peut donner à la pensée. […] IX Mais si nous considérons l’institution littéraire de l’Académie française à un autre point de vue, c’est-à-dire au point de vue de l’autorité morale, de l’indépendance et de la dignité de la pensée en France, l’institution de l’Académie change d’aspect et mérite la plus sérieuse considération dans l’esprit public. […] L’idée, considérée dans sa grande acception humaine, n’est ni française, ni anglaise, ni nationale, ni locale ; le monde pense et produit partout ; chaque nation civilisée et littéraire apporte son contingent à ce qu’on appelle l’idée. […] La France bien considérée est le gouvernement des lettres.

437. (1913) La Fontaine « VI. Ses petits poèmes  son théâtre. »

Par « petits poèmes » de La Fontaine nous entendons des poèmes qui, en vérité, sont plus longs que les Fables et que les Contes, mais qui, étant des poèmes didactiques et des poèmes épiques, sont moins longs que les poèmes épiques et que les poèmes didactiques que nous avons coutume de considérer dans l’histoire de la littérature ; c’est pour cela qu’on les a appelés « les petits poèmes de La Fontaine », ce qui ne répond pas à une idée très précise, mais vous comprenez ce que l’on a voulu entendre parla. […] Une chose gêne cet heureux et ce tout-puissant, une feuille de rose est dans son lit de sybarite qui, pourtant, est un sybarite très revenu : la chaumière et les trois tilleuls de Philémon et Baucis gênent sa vue, gênent la perspective qu’il a sur l’étendue des flots ; et, ce qui lui est singulièrement reproché, du reste, ce qui est considéré comme sa dernière faute, presque son dernier crime, quelque chose du moins entre la faute et le crime, il fait abattre les tilleuls et la chaumière. […] Par exemple ceci qui est un petit intermède, le petit couplet d’Iris ou d’une de ses sœurs, d’une des filles de Minée, sur l’amour considéré comme producteur de belles actions, sur l’amour considéré comme ferment ou levain de générosité, de grandeur d’âme, de magnanimité, de courage.

438. (1870) La science et la conscience « Chapitre II : La psychologie expérimentale »

Tandis que l’expérience de l’histoire animale démontre qu’il n’y a nul signe de moralité et de religiosité chez l’animal, même considéré dans ses espèces supérieures, l’expérience de l’histoire humaine établit que ces caractères ne manquent à aucune des variétés de notre espèce, pas même aux peuplades les plus voisines de l’animalité que les voyageurs ont pu observer dans le centre de l’Afrique et dans les îles les plus sauvages de l’Océanie. […] Mais, si ces signes deviennent manifestes, il n’y a plus qu’à s’incliner devant le fait historique observé, tandis que les révélations du sens intime trouvent encore des contradicteurs, par cela même qu’elles peuvent être considérées comme plus ou moins personnelles. […] En sorte qu’à parler rigoureusement l’ouïe et la vue devraient être considérées comme les organes et non les facultés du beau. […] A ne considérer que les conclusions de cette école, on serait tenté de regretter que la psychologie de notre temps ait abandonné la voie de la conscience, qui a toujours été celle des grandes révélations, pour s’engager dans la voie laborieuse et obscure de l’expérience proprement dite.

439. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « LV » pp. 213-214

Or, M. de Montalivet est considéré dans tous ses actes et toutes ses paroles politiques comme le roi en personne dont il est le favori (fidus Achates).

440. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — G — article » pp. 371-373

L’amour sur-tout, considéré comme affection de l’ame, naissant en nous d’elle-même, & précédant toute détermination à la volonté, y est développé dans tous ses mouvemens, & réduit à une théorie aussi lumineuse qu’utile.

441. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre second. Poésie dans ses rapports avec les hommes. Caractères. — Chapitre premier. Caractères naturels »

Avant d’examiner les caractères sociaux, tels que ceux du prêtre et du guerrier, considérons les caractères naturels, tels que ceux de l’époux, du père, de la mère, etc., et partons d’abord d’un principe incontestable.

442. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Maine de Biran. Sa vie et ses pensées, publiées par M. Ernest Naville. » pp. 304-323

Il se livra à l’étude ; pendant deux années, il lut toutes sortes de livres ; il s’appliqua avec suite aux mathématiques : « J’ai conçu beaucoup de choses dans cette science, disait-il, mais je n’ai pas une tête à calcul, et ma santé est trop faible pour supporter l’extrême contention qu’exige cette étude. » Il se considérait dès lors comme un solitaire un peu cacochyme, que son organisation éloigne de la vie active et des affaires, et qui est plutôt fait pour se replier et se renfermer au dedans. […] Mais ce qu’il a et ce qui rachète bien des défauts, c’est (je ne parle que du présent volume et du journal) une certaine richesse de vues, la présence et la suggestion de plusieurs solutions possibles à la fois, la plénitude du problème bien posé et considéré sans cesse, la sincérité parfaite, l’honnêteté, la bonté, la profondeur à force de candeur, un sentiment moral qui anime et personnifie ses recherches, qui les rend touchantes, et qui y donne (avec plus de douceur et d’affection) quelque chose de l’intérêt qu’auront éternellement les angoisses et les fluctuations orageuses de Pascal à la poursuite du bonheur. […] Lainé, Raynouard, Gallois et Flaugergues, à l’acte fameux de résistance qui peut être apprécié diversement, mais qu’il considéra comme un devoir.

443. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « L’abbé de Marolles ou le curieux — II » pp. 126-147

Il suffisait que Marolles fît une chose pour qu’elle cessât bientôt d’être considérée. […] À côté d’une faculté qui dévie et qui divague, il peut, dans le même homme, s’en rencontrer une autre où il excelle et où il mérite d’être considéré ; et tel qui le raille aisément pour des défauts qui sautent aux yeux, aurait tout profit d’aller à son école pour la qualité qu’il a. […] Clément de Ris a, depuis, traité de Marolles spécialement considéré à titre d’amateur et de collecteur d’estampes (voir le Moniteur du 7 août 1860).

444. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Journal et mémoires du marquis d’Argenson, publiés d’après les manuscrits de la Bibliothèque du Louvre pour la Société de l’histoire de France, par M. Rathery » pp. 238-259

Une des maximes de sa politique était qu’on augmentât chez le propriétaire foncier l’esprit de propriété, mais que l’office public ne pût jamais être considéré comme propriété par l’officier qui en était investi. […] Il voulut faire le prompt réformateur en détails particuliers, sans considérer qu’un intendant n’était pas assez grand seigneur pour cela. […] Chauvelin vient de causer avec d’Argenson pendant deux heures dans son cabinet ou dans les allées de Grosbois, ou de le promener dans son carrosse par les rues de Paris, quand il a l’air de le consulter et de le vouloir avancer, il lui paraît avoir l’étoffe d’un grand ministre et être le dernier de la grande école de Richelieu, de Louis XIV : notre homme s’enflamme pour lui, il compte sur lui ; il le considère, dans le ministère du vieux cardinal, comme le bras nerveux d’un cerveau sénile ; il le voit déjà comme l’âme énergique d’un nouveau ministère, le vainqueur de Maurepas et de la faction des marmousets dans une nouvelle journée des Dupes ; il lui souhaite la prochaine succession de Fleury, qu’il croit prête à s’ouvrir à l’amiable, et en augure bien pour la grandeur et la restauration politique de la France.

445. (1861) La Fontaine et ses fables « Troisième partie — Chapitre II. De l’expression »

Le propre de la nature est d’être variée à l’infini, sans cesse opposée à elle-même, à la foi sublime et naïve ; quand on cesse un instant de considérer les petits mouvements d’un insecte ou d’une plante, on voit autour de soi les paysages profonds, et sur sa tête le ciel immense. […] 195 Comme vous êtes roi, vous ne considérez Qui ni quoi ? […] J’aime mieux cependant considérer dans cette table le mélange des mètres, remarquer les graves alexandrins employés à représenter les événements et les idées graves, puis deux petits vers au milieu d’une longue période choisis pour peindre un petit animal.

446. (1869) Cours familier de littérature. XXVIII « CLXVIIe entretien. Sur la poésie »

Nous trouverions partout que c’est l’émotion qui est la mesure de la poésie dans l’homme ; que l’amour est plus poétique que l’indifférence, que la douleur est plus poétique que le bonheur, que la piété est plus poétique que l’athéisme, que la vérité est plus poétique que le mensonge ; et qu’enfin la vertu, soit que vous la considériez dans l’homme public qui se dévoue à sa patrie, soit que vous la considériez dans l’homme privé qui se dévoue à sa famille, soit que vous la considériez dans l’humble femme qui se fait servante des hospices du pauvre et qui se dévoue à Dieu dans l’être souffrant, vous trouveriez partout, disons-nous, que la vertu est plus poétique que l’égoïsme ou le vice, parce que la vertu est au fond la plus forte, comme la plus divine des émotions.

447. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Victor Duruy » pp. 67-94

Il considéra que, la Révolution étant rationaliste dans son essence, l’encouragement et la propagation de la science devaient être un des principaux soucis d’une société issue de la Révolution. […] Il étendit la gratuité, amena même plus de six mille communes à voter la gratuité absolue, créa dix mille écoles nouvelles ; fonda les cours d’adultes, les bibliothèques scolaires, la caisse des écoles ; réforma les études dans les écoles normales d’instituteurs ; essaya d’accommoder l’enseignement aux milieux et aux régions ; introduisit des notions industrielles dans les écoles de villes, agricoles dans les écoles de campagne ; mit un peu de maternité dans les salles d’asile ; améliora notablement les traitements des instituteurs et des institutrices… Je m’arrête avant la fin de l’énumération et vous prie de considérer, Messieurs, que ce n’est point ma faute si l’abondance des œuvres de M.  […] Cette justice de l’histoire n’est pas toujours celle de la raison ; elle épargne parfois le coupable et saute des générations ; mais jamais les peuples n’y échappent… Considérée ainsi, l’histoire devient le grand livre des expiations et des récompenses ».

448. (1890) La fin d’un art. Conclusions esthétiques sur le théâtre pp. 7-26

Taine, Émile Hennequin) considèrent l’artiste comme un produit naturel de son milieu, pondant nécessairement ses chefs-d’œuvre, suivant les lois d’une obstétrique spéciale que découvre l’histoire et que formule l’esthétique, branche de la sociologie. […] Ainsi considérée comme la transfiguration complète de la sensation, l’idée est bien l’œuvre d’art, parce qu’elle est sa cause finale. […] Non point, car nous ne considérons pas le public comme une foule étrangère à amuser ; comme un but, principal ou accessoire.

449. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre XX. La fin du théâtre » pp. 241-268

Taine, Émile Hennequin) considèrent l’artiste comme un produit naturel de son milieu, pondant nécessairement ses chefs-d’œuvre, suivant les lois d’une obstétrique spéciale que découvre l’histoire et que formule l’esthétique, branche de la sociologie. […] Ainsi considérée comme la transfiguration complète de la sensation, l’idée est bien l’œuvre d’art, parce qu’elle est sa cause finale. […] Non point, car nous ne considérons pas le public comme une foule étrangère à amuser ; comme un but, principal ou accessoire.

450. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XVII. Rapports d’une littérature avec les littératures étrangères et avec son propre passé » pp. 444-461

Il nous faut considérer maintenant ces deux catégories de relations nouvelles. […] Mais ce n’est pas assez de considérer les relations politiques où l’État est engagé. […] Après 1870, la France a considéré l’Allemagne tantôt comme une rivale à laquelle on pouvait utilement emprunter des armes ou des méthodes, tantôt comme une ennemie dont il était nécessaire de se garder et agréable de contrecarrer les goûts.

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