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462. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Le Mystère du Siège d’Orléans ou Jeanne d’Arc, et à ce propos de l’ancien théâtre français (suite et fin.) »

Figurons-nous bien, car c’est le devoir de la critique de se déplacer ainsi à tout moment et de mettre chaque fois sa lorgnette au point, — figurons-nous donc, non pas seulement dans la salle de l’hôpital de la Trinité à Paris (cette salle me semble trop étroite), mais dans une des places publiques d’une de ces villes considérables, Angers ou Valenciennes, devant la cathédrale ou quelque autre église, un échafaud dressé, recouvert et orné de tapisseries et de tentures magnifiques, et tout alentour une foule avide et béante ; des centaines d’acteurs de la connaissance des spectateurs, jouant la plupart au vrai dans des rôles de leur métier ou de leur profession : des prêtres faisant ou Dieu le Père ou les Saints ; des charpentiers faisant saint Joseph ou saint Thomas ; des fils de famille dans les rôles plus distingués, et quelques-uns de ces acteurs sans nul doute décelant des qualités naturelles pour le théâtre ; figurons-nous dans ce sujet émouvant et populaire, cru et vénéré de tous, une suite de scènes comme celles que je ne puis qu’indiquer : — le dîner de saint Matthieu le financier, qui fait les honneurs de son hôtel à Jésus et à ses apôtres, dîner copieux et fin, où l’on ne s’assoit qu’après avoir dit tout haut le bénédicité, où les gais propos n’en circulent pas moins à la ronde, où l’un des apôtres loue la chère, et l’autre le vin ; — pendant ce temps-là, les murmures des Juifs et des Pharisiens dans la rue et à la porte ; — puis les noces de Cana chez Architriclin, espèce de traiteur en vogue, faisant noces et festins, une vraie noce du xve  siècle ; — oh ! […] On y assiste ; dans un tête-à-tête avec son fils, elle lui adresse successivement quatre requêtes, et lui demande au moins de quatre choses l’une : 1° de ne point mourir, lui son fils, de ne point souffrir mort, s’il est possible ; 2° cette première requête refusée, et puisque cette mort est jugée nécessaire, de ne point la souffrir si amère, si honteuse et si cruelle ; 3° cette requête rejetée encore par Jésus au nom des Écritures et des Prophéties, de permettre au moins que sa mère meure la première et n’ait point à voir de ses yeux une mort si terrible ; 4° puisque cette troisième pétition n’est pas plus accueillie que les deux autres, de vouloir bien qu’elle perde au moins connaissance pendant la durée de la Passion, qu’elle soit ravie en esprit et demeure comme une chose insensible, privée d’intelligence et de sentiment.

463. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « La civilisation et la démocratie française. Deux conférences par M. Ch. Duveyrier »

Volney, dans le programme de ses leçons d’histoire aux Écoles normales (an iii, 1795), se propose d’examiner quel caractère présente l’histoire chez les différents peuples, quel caractère surtout elle a pris en Europe depuis environ un siècle : « L’on fera sentir, disait-il, la différence notable qui se trouve dans le génie historique d’une même nation selon les progrès de sa civilisation, selon la gradation de ses connaissances exactes. » Notez bien cette sorte de traduction qui définit le sens. […] Volney devait tenir plus de compte des connaissances exactes, et M. 

464. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Essai sur Talleyrand »

Membre des deux clubs fameux de l’époque (les Jacobins et les Feuillants), il les fréquentait de temps à autre, non pour se mêler à leurs débats, mais pour faire la connaissance de ceux qui y prenaient part, et pouvoir les influencer. […] J’y existe, comme je l’ai toujours été, étranger à toutes les discussions et à tous les intérêts de parti, et n’ayant pas plus à redouter devant les hommes justes la publicité d’une seule de mes opinions politiques que la connaissance d’une seule de mes actions… » Sa réclamation étant restée vaine, il s’embarqua en ce temps pour les États-Unis.

465. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre III. Les grands artistes classiques — Chapitre V. La Fontaine »

De son siècle, de l’esprit rationaliste et scientifique qui prévalait alors, il tient son goût de vérité exacte, son observation précise et serrée, sa curieuse recherche et sa sûre connaissance de la vie morale et des passions humaines. […] Parmi ses poésies diverses sont deux pièces importantes pour la connaissance de son génie. l’Épître à Huet et le Discours à Mme de la Sablière Éditions : Les Fables : lre et 2e parties, 1668, in-4 ; 1668, 2 vol. in-12, réimp. avec une 3e et une 4e partie, 1678 et 1679, 5 vol. in-12 ; Le xiie livre, Paris, 1692, in-12.

466. (1920) La mêlée symboliste. II. 1890-1900 « Le symbolisme ésotérique » pp. 91-110

La lecture des grimoires éveille en lui des secrets dont il avait eu toujours la connaissance virtuelle. […] La revue La Connaissance (9, galerie de la Madeleine) annonce la publication d’extraits du Mémoire secret de Barras d’où il résulterait que Louis XVII, dont l’évasion du Temple ne fait plus aucun doute, serait mort à l’âge de vingt ans en Allemagne.

467. (1904) Prostitués. Études critiques sur les gens de lettres d’aujourd’hui « Chapitre XI. Quelques philosophes »

Ses explications de détail, soit qu’il cherche « l’origine de la connaissance », « l’origine du logique » ou toute autre genèse, font intervenir la sélection naturelle comme un agent dont personne n’oserait nier l’existence ou l’importance. […] Le soleil de la connaissance dissipe les brumes des « mystères artificiels », mais sa lumière élargit à l’infini « l’océan du mystère réel ».

468. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « M. FAURIEL. —  première partie  » pp. 126-268

La Décade philosophique n’aura pas de rédacteur plus compétent, plus avancé en tous les ordres de connaissances. […] Il n’est presque aucune voie d’études et de connaissances dans laquelle nous ne puissions saisir sa trace cachée, mais profonde, mais certaine. […] Ce journal, qui ne subsista guère plus d’une année, et que les circonstances politiques interrompirent, est indispensable pour la connaissance précise de ce que projetait la jeune école par delà les monts. […] La connaissance que vous avez de notre langue vous suggérera tout de suite ce qui manque à mes idées ; mais j’ai bien peur qu’elle ne vous amène pas à en contester le fond. […] Car il est absolument impossible que des souvenirs d’une lecture il résulte une connaissance sûre, vaste, applicable à chaque instant, de tout le matériel d’une langue.

469. (1927) Des romantiques à nous

Mais il lui a ouvert des perspectives aussi claires qu’agréables sur le grand paysage des doctrines et des connaissances humaines. […] Poussé à l’orgueil par la multiplication de ses connaissances spéciales et matérielles, il s’est rendu oublieux des connaissances mystiques et intérieures qu’il tenait, non de son propre fond, mais des communications ou impressions de la Divinité elle-même, et qui avaient jusque-là éclairé pour lui le sommet de toutes les choses. […] Mais dans ses écoles, à lui, l’Etat républicain a voulu offrir, en outre des connaissances usuelles, une doctrine morale complète, capable de suffire à l’éducation de l’homme. […] Ses drames accusent le sens réel de l’histoire, la connaissance lucide de tout le tragique de l’humanité. […] Le cerveau est l’organe de la connaissance, il n’est pas l’organe de l’enthousiasme et du lyrisme.

470. (1911) L’attitude du lyrisme contemporain pp. 5-466

II. — Le réel et la façon de l’atteindre. — L’intuition et la connaissance lyrique. […] Déjà Vigny nous conviait à la sérénité, à cette sérénité que donne la connaissance des lois de l’univers et de la destinée acceptée. […] — ne renferme à ma connaissance des vers de l’auteur du Pauvre Pécheur. […] Elle participe en quelque sorte de la genèse de l’instinct et de la connaissance intuitive, partant elle s’affirme d’ordre affectif. […] Notre connaissance ôtant humaine, partant bornée, n’appréhende que du relatif.

471. (1886) Quelques écrivains français. Flaubert, Zola, Hugo, Goncourt, Huysmans, etc. « De la peinture. A propos d’une lettre de M. J.-F. Raffaëlli » pp. 230-235

Son art aboutit à la connaissance passionnée, sympathique ou antipathique, d’une portion représentative de l’humanité de ce temps.

472. (1765) Essais sur la peinture pour faire suite au salon de 1765 « Un petit corollaire de ce qui précède [Mon mot sur l’architecture] » pp. 77-79

C’est ainsi que le plaisir s’accroîtra à proportion de l’imagination, de la sensibilité et des connaissances.

473. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Lundberg » pp. 169-170

Il ne s’avise point de chicaner, il ne dit point : cet œil est trop petit, trop grand ; ce muscle est exagéré, ces formes ne sont pas justes ; cette paupière est trop saillante, ces os orbiculaires sont trop élevés : il fait abstraction de ce que la connaissance du beau a introduit dans la copie.

474. (1909) Les œuvres et les hommes. Philosophes et écrivains religieux et politiques. XXV « L’abbé Cadoret »

Quoique cette polémique soit animée de l’esprit de charité de son auteur, elle doit nuire cependant à l’effet d’un livre qui, s’il fût resté à cette hauteur de généralité et d’enseignement d’où tombent plus largement et avec plus de poids dans les esprits les idées justes et les connaissances approfondies, eût dissipé beaucoup d’erreurs courantes dans un milieu où les grands publicistes catholiques, comme Suarez et Bellarmin par exemple, ne pénètrent pas.

475. (1900) Taine et Renan. Pages perdues recueillies et commentées par Victor Giraud « Taine — V »

Comme éducateur, et pour nous communiquer l’ensemble des connaissances au point où l’observation et l’expérimentation les avaient menées en 1870, M. 

476. (1949) La vie littéraire. Cinquième série

La vie n’est pas autre chose, en somme, que l’accès à la connaissance. […] C’est l’effet ordinaire des connaissances diverses chez un esprit facile. […] Nous avons fait connaissance, l’autre jour, avec ces deux personnages. […] Il y acquit de profondes connaissances en physique et en astronomie. […] Vous l’aimez, vous le goûtez en toute connaissance.

477. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « L’Académie française »

Ces trois classes étaient divisées elles-mêmes en sections dont les objets d’étude répondaient à un exact dénombrement des connaissances humaines. […] Gardons-nous toutefois de méconnaître ce qu’il y avait de grand, d’utile, d’applicable à une société républicaine et libre dans ce premier programme, tracé tout en vue du travail et de l’émulation des membres, du concert et du progrès des connaissances humaines. […] Enfin il reçoit, il a un salon qui est celui de la Compagnie même, un salon où l’on discute à l’avance les choix, où on les prépare, où l’on respire un air attiédi, tempéré, où les candidats prochains s’acclimatent, où les visages s’accoutument, où les aspérités non académiques s’émoussent ; et, pour peu que le secrétaire perpétuel ait de tact, de connaissance du monde et d’urbanité, il imprime insensiblement à tout ce cercle poli un mouvement dont il est l’âme.

478. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Chateaubriand — Chateaubriand, Mémoires »

En lisant l’Essai, on y voit quelles connaissances nombreuses, indigestes, avait su amasser le jeune émigré ; quelle curiosité érudite et historique le poussait à la fois sur tous les sujets qu’il a repris dans la suite ; quelle préoccupation littéraire était la sienne ; quel souci de style, et d’exprimer avec saillie, avec éclat, tout ce qui en sens divers était éloquemment exprimable ; quel respect empressé pour tout ce qui avait nom d’homme de lettres, pour Flins, par exemple, qu’il cite entre Simonide et Sanchoniaton. […] Un Horace non châtié et le livre des Confessions mal faitestombèrent aux mains du jeune homme ; il entrevoyait d’une part la volupté flatteuse avec ses secrets incompréhensibles, de l’autre la mysticité délirante apprêtant des flammes et des chaînes. « Si j’ai peint plus tard avec vérité, dit-il, les entraînements de cœur mêlés aux syndérèses chrétiennes, je l’ai dû à cette double connaissance simultanée. » Le quatrième livre de l’Énéide, les volumes de Massillon où sont les sermons de l’Enfant prodigue et de la Pécheresse, ne le quittaient pas. […] À Paris, le jeune officier fait connaissance avec des gens de lettres, et négocie, à force d’habileté et d’appui, l’insertion d’une idylle dans l’Almanach des Muses.

479. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « DES MÉMOIRES DE MIRABEAU ET DE L’ÉTUDE DE M. VICTOR HUGO a ce sujet. » pp. 273-306

La connaissance des vrais mémoires d’un grand homme, c’est la chute de ce mur de séparation, c’est la vue du héros, de l’orateur, du poëte, non plus dans son unité apparente et glorieuse, mais dans son unité effective, plus diverse et à la fois plus intelligible ; on saisit les passions, les affections premières, les tournures originelles de ces natures qui, plus tard, ont dominé ; en quoi elles touchent au niveau commun, et quelques parties des racines profondes. […] A Montesquieu, l’histoire renouvelée ; à Voltaire, la propagation du déisme, du bon sens et de la tolérance ; à Diderot, le résumé encyclopédique des connaissances humaines ; à Jean-Jacques, la restauration du sentiment religieux, des droits de l’homme, tant individuel que social, et le grand principe de la souveraineté démocratique : tels sont les titres généraux que leur reconnaît M. […] Ses écrits nombreux sur les matières économiques, son Voyage en Italie, attestent beaucoup de justesse, de finesse et de connaissances ; ses descriptions de machines dans l’Encyclopédie méthodique surpassent. assure-t-on, en précision élégante celles de Diderot.

480. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Diderot »

Voilà ce que nous avions besoin de nous dire avant de nous remettre, nous, critique littéraire, à l’étude curieuse de l’art, et à l’examen attentif des grands individus du passé ; il nous a semblé que, malgré ce qui a éclaté dans le monde et ce qui s’y remue encore, un portrait de Regnier, de Boileau, de La Fontaine, d’André Chénier, de l’un de ces hommes dont les pareils restent de tout temps fort rares, ne serait pas plus une puérilité aujourd’hui qu’il y a un an ; et en nous prenant cette fois à Diderot philosophe et artiste, en le suivant de près dans son intimité attrayante, en le voyant dire, en l’écoutant penser aux heures les plus familières, nous y avons gagné du moins, outre la connaissance d’un grand homme de plus, d’oublier pendant quelques jours l’affligeant spectacle de la société environnante, tant de misère et de turbulence dans les masses, un si vague effroi, un si dévorant égoïsme dans les classes élevées, les gouvernements sans idées ni grandeur, des nations héroïques qu’on immole, le sentiment de patrie qui se perd et que rien de plus large ne remplace, la religion retombée dans l’arène d’où elle a le monde à reconquérir, et l’avenir de plus en plus nébuleux, recélant un rivage qui n’apparaît pas encore. […] Diderot féconda l’idée première et conçut hardiment un répertoire universel de la connaissance humaine à son époque. […] Grâce à sa prodigieuse verve de travail, à l’universalité de ses connaissances, à cette facilité multiple acquise de bonne heure dans la détresse, grâce surtout à ce talent moral de rallier autour de lui, d’inspirer et d’exciter ses travailleurs, il termina cet édifice audacieux, d’une masse à la fois menaçante et régulière : si l’on cherche le nom de l’architecte, c’est le sien qu’il faut y lire.

481. (1867) Cours familier de littérature. XXIV « CXLIVe entretien. Mélanges »

M. de Genoude y fit connaissance de M. de Chateaubriand, de M. de Lamennais et de la plupart des hommes de lettres de l’époque appartenant alors au parti religieux et royaliste, auquel sa mère lui avait recommandé d’être fidèle ; il semblait se destiner à la prêtrise. […] II Quelques jours après cette connaissance sommaire, il vint un matin me revoir en sortant de chez l’abbé de Lamennais. […] Celle-ci me fit faire connaissance avec la marquise de L…, qui était la fille aînée de la duchesse de D…, amie de M. de Chateaubriand.

482. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre II — Chapitre deuxième »

Au commencement, il ne fit que l’éluder il ne se trouvait pas assez savant, et il voulait ajouter à ses connaissances. […] C’est la Renaissance qui lui fait dire que l’imprimerie a été inventée de son temps « par inspiration divine », que les lettres « sont une manne céleste de bonne doctrine57. » C’est la Renaissance qui lui fait écrire au savant Tiraqueau58 : « Comment se fait-il qu’au milieu de la lumière qui brille dans notre siècle, et lorsque par un bienfait spécial des dieux » (il est plus près d’être païen que théologien) « nous voyons renaître les connaissances les plus utiles et les plus précieuses, il se trouve encore çà et là des gens qui ne veulent ou ne peuvent ôter leurs yeux de ce brouillard gothique et plus que cimmérien dont nous étions enveloppés, au lieu de les élever à la brillante clarté dusoleil ?  […] Mais ni l’impiété de Lucien, ni le spiritualisme de Platon, dont la science commence où finit celle d’Hippocrate et de Galien, ni le matérialisme de ce dernier, ne le rendaient indifférent aux systèmes opposés, et à mille autres connaissances de tout ordre qui prenaient place dans cette vaste mémoire pour en sortir quelque jour pêle-mêle, ou en leur lieu, sous les formes les plus capricieuses.

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