Exaucez, mon Dieu, mes prières : éclairez, attirez, touchez cette âme si faite pour vous connaître et vous servir ! […] J’ai recueilli cette pensée sur l’amour de Dieu, qu’on aime sans le connaître : Le cœur a ses raisons que la raison ne comprend pas. […] Dieu le connaît. […] Lisez encore Mlle de Guérin, si vous voulez connaître les habitants de ces antiques demeures. […] » Son âme est de même famille que la mienne, et, puisque Dieu m’a permis de la connaître dans cette confidence, cette âme ne me quittera plus jusqu’à mon dernier jour.
Mais tous ces Boileau, à en juger par les trois ou quatre individus de la famille que nous connaissons bien, tous ces Boileau n’étaient pas tendres, et notre poète, en particulier, n’était assurément pas né très sensible ni très délicat : aussi ne s’étiola-t-il pas, pas plus qu’il ne se renfrogna, dans le délaissement de ses premières années. […] J’imagine qu’il avait connu ces amis qualifiés au cabaret, ou chez les comédiennes, près desquelles son ami Racine l’avait introduit. […] Et quel auditoire dans toutes ces maisons : La Rochefoucauld, Caumartin, Mmes de Sévigné, de La Fayette, de Coulanges, de La Sablière, Mme Scarron, Mme de Thianges, tout ce que la postérité connaît comme la plus exquise élite des honnêtes gens d’alors ! […] Le roi fut charmé des quarante derniers vers, qu’il ne connaissait pas. […] Nous connaissons tous ces méchants propos par Mme de Sévigné, qui dépeint à son cousin Bussy « ces deux poètes historiens, suivant la cour, plus ébaubis que vous ne le sauriez penser, à pied, à cheval, dans la boue jusqu’aux oreilles ».
C’est pourquoi il n’est peut-être pas de poète qui soit moins connu du public, ni plus sacré pour ses fidèles ; qui ait moins de lecteurs, ni des lecteurs plus fanatiques. […] Il connut la rêverie sans tendresse, le sentiment de notre impuissance à l’égard des choses, la soif de rentrer au grand Tout, dont la vie un moment nous distingue, et, en attendant, la joie immobile de contempler de splendides tableaux sans y chercher autre chose que leur beauté. […] Ils s’accommodaient admirablement d’être hommes ; ils connaissaient ce que cela vaut depuis que trente mille Grecs avaient vaincu un million de Barbares. […] Dirai-je qu’il manque à ces églogues, pour être entièrement grecques, le « je ne sais quoi » que Chénier seul a connu par un extraordinaire privilège ? […] Qu’on ouvre Leconte de Lisle : on connaîtra pour un instant la vision sans souffrance et la sérénité des Olympiens ou des Satans apaisés.
Une pensée cependant me rassure : c’est que les grands écrivains de l’antiquité et des temps modernes sont, pour la plupart d’entre vous, de ces vieilles connaissances, de ces anciens amis dont on aime toujours à entendre parler ; et que les autres me sauront gré de leur faire connaître ces hommes du passé qui deviendront bientôt leurs amis les plus chers. […] Dans l’histoire, il ne nous suffit pas de savoir qu’une bataille est gagnée, nous voulons encore connaître le vainqueur ; dans les arts, après avoir admiré l’œuvre, nous cherchons le nom de l’artiste. […] Si nous devons nous écarter des règles ordinaires dans l’appréciation des œuvres du génie, nous ne suivrons pas plus, dans la manière de vous les faire connaître, l’exemple de la plupart des cours de littérature. […] Ces règles, il faut les connaître ; cette habitude, il faut la prendre de bonne heure. […] Il est rare que, dans le premier âge, on s’attache à lui faire connaître autre chose que la valeur des lettres et les résultats de leurs combinaisons.
» par lequel les laïques croient expliquer tous les cas de ce genre, est quelque chose de fade, qui porte à sourire ceux qui connaissent les choses comme elles sont. […] Elle parlait admirablement le breton, connaissait tous les proverbes des marins et une foule de choses que personne au monde ne sait plus aujourd’hui. […] Il n’y avait nulle honte à y être ; car on y avait connu les personnes les plus respectées. […] Les nobles des villes se moquaient de lui, mais bien à tort : il connaissait le pays ; il en était l’âme et l’incarnation. […] La vertueuse et mystique race à laquelle elle appartenait ne connaît pas la frénésie qui renverse les obstacles, et qui estime ne rien avoir si elle n’a pas tout.
La joie ou l’angoisse étreignent l’âme : c’est la triomphante extase de passion, l’extase fougueuse et brève que les amants connaissent, aux rares minutes de l’amour. […] Pendant quatre siècles, nulle autre harmonie ne fut connue : Guico d’Arrezzo déclarait, en 1050, que les seuls accords raisonnables sont les accords de quarte et de quinte, ajoutant que l’accompagnement à la quarte était plus spécialement doux et plaisant. […] Ou connaît Brangœne, cette caresse faite femme, et Kurwenal, si tendre sous sa rugueuse écorce. […] Elle redoute une trahison ; mais la reine Iseult, dédaigneuse des craintes, ne connaît que son bonheur. […] Je n’en connais pas de plus délicieux au théâtre, ni de plus réaliste.
Ces deux recueils sont aussi connus sous le nom d’ancienne et de nouvelle Eddas. […] Car, dans l’idée du moyen-âge, l’oiseau est le symbole de l’âme, qui ne connaît point les limites de l’espace et du temps ; c’est l’être le plus divin de la nature extérieure : il est libre, il vole, il chante. […] Nous avons connu le nom de Richard Wagner par des morceaux littéraires longtemps avant d’avoir pu apprécier le musicien dans ses créations lyriques. […] Les articles publiés dans la Revue et Gazette musicale de Paris tout en faisant connaître les diverses circonstances de la vie de Wagner, ignorées jusqu’alors, ne sont autre chose qu’un procès de tendance dirigé contre l’homme et l’artiste. […] L’homme est jugé sévèrement : il apparaît que Wagner n’a pas été connu personnellement de M.
Prochaska considérait le cordon spinal comme formant une grande partie du sensorium commune, et il en donnait pour preuve les faits connus de sensibilité, manifestée par des animaux sans tête. […] Ainsi beaucoup de faits établissant les fonctions sensitives du cordon spinal étaient connus, et même une vague conception de leur sens réel était généralement répandue, jusqu’au moment où la Théorie réflexe vint expliquer ces faits comme le résultat d’un ajustement, mécanique. […] Le sommeil et la transmission héréditaire ont été en France l’objet de travaux si importants et si nombreux, qu’il n’y a pas lieu de nous y arrêter longtemps ; notre but étant surtout de faire connaître les résultats les plus nouveaux de la psychologie anglaise. […] Cette question ne peut avoir qu’un seul sens : quelles sont les conditions connues du tissu musculaire vivant et les modes de réaction de ce tissu, quand on l’excite ? […] Il finit par cette conclusion : « Que l’existence — l’absolu — nous est connue dans l’acte de sentir qui, dans son expression la plus abstraite, est changement, externe et interne.
Mais tous ces animaux bourgeois qui s’alimentent d’une « vaine pâture », argent ou vanité, nous les connaissons déjà, nous les avons rencontrés mille fois, et souvent dessinés d’un trait plus net, animés d’un mouvement plus vivant. […] Misérable chanteur errant de ville en ville, J’ai connu les mépris et la haine servile Et jamais en mon Ciel l’Espérance n’a lui. […] Silvestre me fait songer à un homme qui n’aurait connu et aimé que des brunes. […] Le Songe seul s’y érige, despotique. » Je suis bien embarrassé pour faire connaître cet admirable poème. […] Mais dans les langueurs heureuses, et dans les lenteurs charmantes, et dans les visions douces et lointaines, je ne connais pas de poète à lui comparer.
Ainsi les poëtes lyriques ne sçauroient s’appliquer avec trop de soin à le connoître et à le chercher. […] Où sur le caractére de ce guerrier une fois connu, on voit qu’il a dû penser ce qu’Homere lui fait dire. […] Ils avoient tous trois un génie fort différent ; et je vais tâcher d’en faire connoître la diversité, en rendant raison des moyens que j’ai pris pour imiter leurs ouvrages. […] J’ai étendu quelquefois ses fables, et fait entrer, pour ainsi dire, le commentaire dans le texte ; parce que ce qui s’entendoit à demi mot du tems d’Horace, n’est pas aujourd’hui aussi connu ; et il me semble que dans une traduction où l’on veut plaire, le traducteur doit suppléer ainsi à la distance des tems, et tâcher toujours de rendre l’équivalent, aussi bien pour les faits que pour les pensées. […] Il paroît même assez siasi de cet enthousiasme qui entraînoit Pindare ; et le mauvais succès de l’imitateur vient moins d’avoir mal suivi son modéle, que de n’avoir pas connu le génie de la langue françoise.
Ton intrépide cœur, étranger aux alarmes, Vient donc aussi d’apprendre à connoître l’effroi ! […] Qui prend le gouvernail doit connaître l’écueil. […] Aussi après lui je ne connais que de mauvaises pièces, et avant lui que quelques bonnes scènes. » (Ibid. […] Soixante savants de l’Europe reçurent à la fois des récompenses de lui, étonnés d’en être connus. […] Non sans doute ; on ne connaissait que l’italien et l’espagnol.
Nous ne connaissons pas M. […] Nous connaissons trop les détails de ce pauvre bonheur qui se cache dans un appartement de garçon, dont on nous donne assez bourgeoisement l’inventaire, pour que M. […] Il n’était nullement difficile d’en prendre la mesure avec sang-froid, et pour notre part nous la prîmes un des premiers… Ce n’était pas, en effet, un de ces talents qui semblent tomber du ciel, tant ils sont inattendus : nous en connaissions la famille… L’idée du livre, qui valait mieux que le livre, était heureuse, et pour le moment très-nouvelle. […] Il y a enfin des promenades à cheval, et l’amazone, et le voile, et tout cela à la dernière mode, et qui s’en ira avec elle, et enfin il y a une langue pour dire et pour peindre tout cela, toutes ces pauvretés de détail accumulées sur cette pauvreté d’invention, mais cette langue, nous la connaissions ; elle n’a pas changé, c’est celle de Fanny. […] Le Manfred bourgeois croisé de Werther, qu’il a appelé Daniel, ne sera pas la floraison et l’épanouissement d’une branche de plus sur cette vieille souche de types connus et coupables, et qu’il faut à présent couper au ras de terre pour tout le mal qu’elle nous a fait.
Spon l’a questionné au sujet des vaisseaux lymphatiques dont on s’occupait alors (1656) : Pour leurs vaisseaux lymphatiques, répond-il, je n’en dis mot : je n’y connais rien et ne m’en soucie point ; ad majora et ad meliora propero ; tous ces messieurs-là sont trop curieux de telles nouveautés. […] On ne connaît jamais bien l’homme qu’on étudie, tant qu’on ne s’est pas demandé quelle est sa religion et qu’on ne s’est pas fait la réponse. […] C’est un pur libéral de l’école du xvie siècle : il a horreur de 93, je veux dire de 1593, de la Ligue et des Ligueurs ; il en a connu de vieux dans sa jeunesse et les estime méchants : mais les Frondeurs, c’est tout autre chose à ses yeux ; ils ont toute sa tendresse ; il ne les voit que par leur beau côté : « Il y a ici des honnêtes gens qu’on appelle des Frondeurs, qui sont conduits par M. de Beaufort, le Coadjuteur, Mme de Chevreuse et autres. » La première Fronde ne l’a atteint qu’à peine et nullement averti. […] Le premier président de Lamoignon, qu’il connaissait d’auparavant, le prit en amitié particulière dès 1658 et le voulut voir souvent ; il l’aurait voulu même tous les jours. […] Nous savons qu’un littérateur de nos amis, et bien connu du public, a, depuis longtemps, préparé cet intéressant travail.
Il y a des notes très-bonnes et très exactes, d’amples marges, pour faire connaître les personnes dont il est parlé. […] Montesquieu, à cette date, n’était pas du tout l’auteur de l’Esprit des Lois, et ceux qui ne le connaissaient point directement ne le prévoyaient pas un aussi grand homme. […] Coupons court d’un mot : on ne le connaissait point parmi les Quarante. […] J’ai parlé de lui vingt fois en plein consistoire ; nos Quarante n’ont jamais voulu y entendre : la plupart ne le connaissaient pas seulement de nom. […] Nous avons connu M. de La Rivière et M.
Il y connut un vénérable prêtre breton, autrefois déporté, qui y avait passé les longues années de l’émigration à faire le bien, à fonder des établissements utiles, et qui, rentré en France seulement en 1814, venait, sous le coup du 20 mars, de repartir lui-même pour l’exil. […] Je désire aussi infiniment que tu connaisses ses bonnes et aimables dames118. […] Il n’est pas sans se le demander et, en homme qui se connaît, sans se faire la réponse : « Si je me chargeais d’une semblable tâche, je ne pourrais guère m’occuper d’autre chose, et demeurerais par conséquent exposé à tous les dangers qui accompagnent l’état d’homme de lettres, et que M. […] On est obligé de s’avouer qu’on ne connaissait pas l’homme à un certain degré de profondeur auparavant, La misanthropie de La Mennais, à cette heure, déborde même sur le talent singulier, sur le talent par excellence qui lui a été accordé : il en a fait fi, que dis-je ? […] Loin de m’applaudir du succès de mon livre, j’y vois la ruine du seul bien qui me restait pour me rendre la vie supportable, une profonde obscurité ; et je ne me connais pas seulement l’ombre d’une petite consolation. » Il répète le même refrain presque dans chaque lettre.
Il n’était pas de ces talents qui doivent réussir, dans leur première poussée, par des essais de création et d’art : il n’a rien fait en art (que je connaisse), hormis plus tard une toute petite nouvelle (la Laitière d’Auteuil), qu’il a donnée comme échantillon d’histoire simple, et qui est la faiblesse même157. […] On y apprend beaucoup de détails piquants de mœurs, et à connaître en somme (pourvu qu’on le lise avec contradiction) toute cette poésie du second âge. […] Si Villon est un premier aïeul connu des Marot, La Fontaine, Voltaire, Béranger, etc., il est le dernier lui-même, à d’autres égards, d’une race très-ancienne en France ; il n’a fait que ce que mille autres auteurs de fabliaux ou de ballades avaient fait avant lui. […] Grâce à lui, ce caractère si profond, si creusé, si énergique, si généreux au travers de ses arrière-pensées, et dans ses complications mêmes si précis, est devenu un peu plus qu’auparavant un problème pour ceux qui ne l’ont pas connu ; il est devenu matière à récrimination, et, qui pis est, à amplification. Au moment où l’on faisait profession de l’avoir tant connu, c’était surtout le bien méconnaître que de l’aborder par ce côté de phrase sonore qui lui était certes le plus antipathique : car l’épigraphe de l’article, en somme, et malgré ses bonnes parties, ne me semble pas autre que ce vers de Juvénal sur Annibal : Ut pueris placeas et declamatio fias !
Que ce soit le même homme de qui, il y a vingt-cinq ans, partit l’impulsion philosophique, qui vienne aujourd’hui secouer si vivement, exciter si à l’improviste une branche réputée assez ingrate de la critique française, il n’y a rien là qui puisse étonner ceux qui connaissent cet infatigable esprit de verve en tous sens et d’initiative. […] Faugère en son Introduction, nous croyons avoir surmonté ces difficultés autant qu’il était possible de le faire ; du moins nous y avons travaillé, non-seulement avec patience, c’eût été trop peu pour une pareille tâche, mais avec l’infatigable passion qu’inspire aisément la mémoire d’un écrivain en qui se rencontrent dans une merveilleuse alliance la beauté de l’âme et la grandeur du génie. » Connu déjà par l’Éloge de Gerson et par celui de Pascal que l’Académie française avait tous deux couronnés, M. […] Ce qui reste de la pensée et de la vie intérieure des hommes, par rapport au courant continuel de leur esprit, n’est jamais que le fragment des fragments ; il nous manque les intermédiaires, ce qu’en ses ébauches surtout supprimait pour soi cette pensée rapide, parce qu’elle le supposait connu, ce que les amis habituels avaient chance de savoir tout simplement mieux que nous ne le devinons. […] Pour guérir cela, il faut commencer par montrer que la religion n’est point contraire à la raison ; qu’elle est vénérable, en donner le respect ; la rendre ensuite aimable, faire souhaiter aux bons qu’elle fût vraie, et puis montrer qu’elle est vraie : — vénérable parce qu’elle a bien connu l’homme, aimable parce qu’elle promet le vrai bien. » On n’aurait que le choix entre les passages pour faire voir que Pascal n’avait nullement dessein de pousser les choses à l’absurde, comme on le pourrait augurer d’après certaines pensées publiées isolément. […] « Il faut savoir douter où il faut, assurer où il faut, et se soumettre où il faut, » a-t-il dit en une parole déjà connue.
Ses liaisons avec des jeunes gens aimables et dissipés, avec l’abbé Le Vasseur, avec La Fontaine qu’il connut dès ce temps-là, le mirent plus que jamais en goût de poésie, de romans et de théâtre. […] On le voit, dès 1660, en relation avec les comédiens du Marais au sujet d’une pièce que nous ne connaissons pas. […] Ce passage est assez peu connu, et jette assez de jour dans l’âme de Racine, pour devoir être cité tout au long : « Il y a ici une demoiselle fort bien faite et d’une taille fort avantageuse. […] Néanmoins je ne demeurai pas, et elle me répondit d’un air fort doux et fort obligeant ; et, pour vous dire la vérité, il faut que je l’aie prise dans quelque mauvais jour, car elle passe pour fort belle dans la ville, et je connois beaucoup de jeunes gens qui soupirent pour elle du fond de leur cœur. […] Cependant son noviciat ne s’acheva pas : il s’ennuya d’attendre un bénéfice qu’on lui promettait toujours ; et, laissant là les chanoines et la province, il revint à Paris, où son ode de la Renommée aux Muses lui valut une nouvelle gratification, son entrée à la cour, et d’être connu de Despréaux et de Molière.
Cependant cette inquiétude du roi ne paraissait encore point fondée, et Lemonnier, qui connaissait sa disposition naturelle à s’effrayer de rien, regardait cette inquiétude plutôt comme un effet ordinaire d’une telle disposition que comme le présage d’une maladie. […] Mme Dubarry, qui connaissait le roi comme Lemonnier, pensait comme lui sur la réalité des douleurs dont le roi se plaignait et s’inquiétait, mais regardait comme un avantage pour elle les soins qu’elle pourrait lui rendre, et l’occupation qu’elle pourrait lui montrer avoir de lui. […] Il voulait suivre le même plan ; mais il avait affaire à gens qui connaissaient toutes ses prétentions, qui se tenaient en garde contre elles, et qui, sans vouloir augmenter leurs droits, étaient déterminés à n’en rien laisser attaquer. […] Cette histoire ridicule peut servir à faire connaître l’empressement peu réfléchi, l’exactitude machinale des subalternes, que la plus profonde vénération n’abandonne jamais. […] Ceux-ci sortirent de la chambre du roi, et l’annoncèrent à la famille royale en disant qu’enfin on savait ce qu’était la maladie, qu’elle était bien connue, que le roi était préparé à merveille, et que cela irait bien.
Les ouvrages anciens et modernes qui traitent des sujets de morale, de politique ou de science, prouvent évidemment les progrès successifs de la pensée, depuis que son histoire nous est connue. […] Le goût se forme sans doute par la lecture de tous les chefs-d’œuvre déjà connus dans notre littérature ; mais nous nous y accoutumons dès l’enfance ; chacun de nous est frappé de leurs beautés à des époques différentes, et reçoit isolément l’impression qu’elles doivent produire. […] Ce qu’il découvre aujourd’hui sera dans peu généralement connu, parce que les vérités importantes une fois découvertes, frappent tout le monde presque également. […] L’art d’observer les caractères, d’en expliquer les motifs, d’en faire ressortir les couleurs, est d’une telle puissance sur l’opinion, que, dans tout pays où la liberté de la presse est établie, aucun homme public, aucun homme connu ne résisterait au mépris, si le talent l’infligeait. […] L’esprit humain ne pouvant jamais connaître l’avenir avec certitude, la vertu doit être sa divination.
Représentez-vous tel objet que vous connaissez bien, par exemple telle petite rivière entre des peupliers et des saules. […] « Nous avons connu, dit Carpenter, une jeune fille, qui, dans le temps qu’elle allait à l’école, se mettait souvent à parler une heure ou deux après s’être endormie. Ses idées roulaient presque toujours sur les événements de la journée ; si on l’encourageait par des questions qui la guidassent, elle en rendait un compte très distinct et très cohérent, révélant souvent ses peccadilles et celles de ses compagnes, et exprimant un grand repentir pour les siennes, tout en paraissant hésiter à faire connaître celles des autres. Mais, pour tous les sons ordinaires, elle semblait parfaitement insensible… et, si l’interlocuteur lui adressait des questions ou observations qui n’entraient pas dans le cours de ses idées, elles ne faisaient aucune impression… Le cas bien connu de l’officier dont parle le docteur James Gregory appartient à cette classe intermédiaire, plus voisine, croyons-nous, du somnambulisme que du rêve ordinaire. […] Ici, elle se reproduisait avec une intensité égale à celle de la sensation, à l’improviste, sans appel de la volonté, contre toute résistance de la volonté ; elle ne différait donc plus de la sensation telle que nous la connaissons par la conscience.