Les tendances non moins que les incidents de sa vie le conduisaient, d’ailleurs, vers Chateaubriand. […] L’intérêt qu’excitèrent ses premières confessions le conduisit à affecter une tristesse fort exagérée, et l’affectation agit probablement sur ses sentiments. […] Sous la Terreur, son père fut conduit avec tous les siens en prison. […] Sans doute, les Français n’étaient plus conduits par l’émigration ou l’exil à chercher des inspirations au dehors. […] Cette sinistre conception, nous conduit à un autre poète qui, lui aussi, est entré à un certain moment dans la même voie.
C’est ainsi que nous fûmes conduit devant l’idée de Temps. […] Bornons-nous à dire un mot de l’hypothèse à laquelle nous serions conduit par notre approfondissement de la vie. […] Où sera-t-on conduit ? […] La dialectique nous conduit à des philosophies opposées ; elle démontre aussi bien la thèse que l’antithèse des antinomies. […] Et peut-être n’aurait-il jamais formulé les conclusions où vingt nouvelles années de réflexion l’avaient conduit, s’il n’eût été invité officiellement à le faire.
que ce que nous connaissons serve à nous conduire, et que de la peinture de ce qui se fait il sorte toujours quelque enseignement sur ce qui doit se faire. […] C’est ainsi que la loi morale, qui m’impose l’honnête, me veut voir plus véritablement libre qu’une certaine philosophie, qui s’en fie à ma sagesse du soin de me conduire, et qui se rend ainsi complice de mes erreurs et de mes défaillances. […] Neuf satires, dont quatre exclusivement littéraires, et les autres semées de traits contre les poètes contemporains, des préfaces agressives, des ouvrages satiriques en prose133, des apologies de la satire, remplissent ces huit années, qui conduisent Boileau de la jeunesse à l’entrée de l’âge mûr134. […] Les grandes vérités de l’art, dont la principale, Rien n’est beau que le vrai, fait le sujet de l’épître à Seignelay140; l’utilité qu’on doit tirer des critiques injustes, pour s’exciter à n’en pas mériter de justes141; l’amour de la campagne, pour s’y étudier soi-même commodément, et en devenir meilleur142; le noble témoignage qu’il se rend à lui-même des motifs qui ont conduit sa plume et dirigé sa vie143 ; l’éloge du travail et la critique de l’oisiveté144; l’amour de Dieu, selon la doctrine catholique, c’est-à-dire avec l’espoir des récompenses éternelles145 ; des remercîments délicats à Louis XIV pour les bienfaits qu’il en a reçus146 : tels sont les sujets de ces épîtres, où s’épanche une humeur pacifique et indulgente. […] Mais, dans ses chefs-d’œuvre, il est grand écrivain en vers, parce qu’il s’est servi des vers pour exprimer ce que concevait de meilleur un esprit excellent, conduit par un cœur droit176.
Après avoir quelque temps promené mes yeux sur tant de platitudes menées à bonne fin, tant de niaiseries soigneusement léchées, tant de bêtises ou de faussetés habilement construites, je fus naturellement conduit par le cours de mes réflexions à considérer l’artiste dans le passé, et à le mettre en regard avec l’artiste dans le présent ; et puis le terrible, l’éternel pourquoi se dressa, comme d’habitude, inévitablement au bout de ces décourageantes réflexions. […] De même que la création, telle que nous la voyons, est le résultat de plusieurs créations dont les précédentes sont toujours complétées par la suivante ; ainsi un tableau conduit harmoniquement consiste en une série de tableaux superposés, chaque nouvelle couche donnant au rêve plus de réalité et le faisant monter d’un degré vers la perfection. […] J’ai vu une petite Annonciation, de Delacroix, où l’ange visitant Marie n’était pas seul, mais conduit en cérémonie par deux autres anges, et l’effet de cette cour céleste était puissant et charmant. […] Tels nous apparurent, il y a quatorze ans à peu près, ces sauvages du Nord-Amérique, conduits par le peintre Catlin, qui, même dans leur état de déchéance, nous faisaient rêver à l’art de Phidias et aux grandeurs homériques. […] En vérité, de tels sujets ne sont pas dignes d’un talent aussi mûr, et le jury s’est bien conduit en repoussant ce vilain drame.
Une entreprise comme celle de Fichte, quoique plus philosophique que celle de Spencer, en ce qu’elle respecte davantage l’ordre véritable des choses, ne nous conduit guère plus loin qu’elle. […] Si l’on remarque qu’une chose est véritablement là où elle agit, on sera conduit à dire (comme le faisait Faraday 78 que tous les atomes s’entrepénètrent et que chacun d’eux remplit le monde. […] Que si nous prétendons en affirmer quelque chose, aussitôt l’affirmation contraire surgit, également démontrable, également plausible : l’idéalité de l’espace, prouvée directement par l’analyse de la connaissance, l’est indirectement par les antinomies où la thèse opposée conduit. […] Car si la matière est un relâchement de l’inextensif en extensif et, par là, de la liberté en nécessité, elle a beau ne point coïncider tout à fait avec le pur espace homogène, elle s’est constituée par le mouvement qui y conduit, et dès lors elle est sur le chemin de la géométrie. […] Une évolution autre eût pu conduire à une humanité ou plus intelligente encore, ou plus intuitive.
Il a été conduit de la sorte à l’habitude du monologue écrit. […] Son coup d’œil sur l’histoire de France le conduit à des conclusions aussi sévères sur le pays actuel, mais qui n’aboutissent qu’à des directives générales. […] Vous reconnaissez la manière dont les Allemands ont conduit la leur. […] Les sciences nous conduisent à une vue de l’homme individuel et des sociétés de plus en plus complexes, comme je le disais tout à l’heure. […] Il est grand parce qu’il les conduit fortement et sagement.
Je n’oublierai jamais la manière dont il s’est conduit pour moi. — Comment sont les ministres ensemble ? […] Enfin, vous le savez, les excuses ne sont bonnes que dans la proportion du désir ; et, quoi que vous me disiez, je croirai toujours qu’un mouvement de plus vous aurait conduit vers moi. […] Il avait rencontré celle-ci pour la première fois un matin au Jardin des Plantes, où leur goût commun de la botanique les avait conduits. […] Fauriel pensait de Benjamin Constant, comme de La Rochefoucauld, que c’étaient ses relations premières avec les hommes qui l’avaient conduit à des résultats si désolants, et qu’il valait mieux que ses maximes. […] Ils croiraient seulement que les vices sont très-souvent bien voisins l’un de l’autre, et que l’habitude des fautes dans un genre nous conduit presque inévitablement à d’autres fautes qui ne paraissent pas, au premier coup-d’œil, avoir de liaison avec elles. ».
Mais elle n’avait pas encore démêlé et noté quelle sensation musculaire de son œil avait abouti à l’apparition de la tache verte, et surtout elle n’avait pas constaté le nombre et la direction des enjambées qui, étant donnée cette sensation musculaire, pouvaient la conduire jusqu’au gazon ; de sorte que, voyant le gazon, elle ne savait pas où il était, et peut-être tâtait avec le pied pour vérifier s’il n’était pas tout à côté d’elle. — Pour nous qui avons noté et associé au souvenir du mouvement de nos membres les diverses sensations musculaires de nos yeux, « la sensation que nous éprouvons quand nos yeux sont parallèles et que notre vision est distincte est maintenant associée à l’idée d’une marche prolongée, en d’autres termes à l’idée d’une grande distance… Celle que nous éprouvons quand notre œil passe d’une inclinaison de trente degrés à une inclinaison de dix degrés est associée à l’idée d’un mouvement déterminé du bras qui porterait la main à huit pouces et demi52 ». […] En effet, j’ai intérieurement la représentation visuelle de mon corps, et même des portions, comme le dos, que je n’ai pas vues, et, quand je contracte un muscle ou que je subis un contact, je localise la contraction et le contact, non seulement en imaginant la sensation plus ou moins longue qui conduirait ma main jusqu’à l’endroit de la contraction et du contact, mais, encore et surtout, en imaginant la forme visuelle et la couleur de la portion affectée. « C’est à droite, à l’occiput, au genou, à l’entre-deux des os du coude gauche. » Quand nous prononçons mentalement un tel jugement, nous voyons mentalement la forme colorée des parties. — Cela va si loin que d’ordinaire, pour nous représenter le mouvement du bras qui doit mesurer une distance, nous employons non les images musculaires, mais les images visuelles, et que nous nous représentons non pas la contraction prolongée du bras, mais la forme colorée de notre bras promené dans l’air de tel point visible à tel point visible. — Pareillement, pour évaluer la distance d’un son, nous nous représentons par des images visuelles l’espace qui nous entoure, et nous situons le tremblotement sonore à telle hauteur, dans telle direction, à telle proximité et à tel éloignement, dans le large champ que l’œil externe ou l’œil interne parcourt d’un regard aux alentours de notre corps. […] Mécanisme admirable qui nous trompe pour nous instruire et nous conduit par l’erreur à la vérité. […] Grâce à l’image associée des sensations musculaires qui conduiraient le toucher explorateur jusqu’au livre et tout le long du livre, la sensation de couleur, qui est nôtre, cesse de nous sembler nôtre et nous paraît une tache étendue située à trois pieds de notre œil. — Grâce à l’image associée des sensations de contact et de résistance qu’éprouverait alors le toucher explorateur, la tache nous semble une étendue solide. — Grâce à l’image associée des sensations qu’éprouverait en tout temps tout être semblable à nous, qui recommencerait la même expérience, il nous semble qu’il y a à cet endroit un quelque chose permanent, indépendant, capable de provoquer des sensations, et que nous appelons matière. — Ainsi naît le simulacre interne, composé d’une sensation aliénée et située à faux, d’images associées, et, en outre, chez l’homme réfléchi, d’une interprétation et d’un nom qui isolent et posent à part un caractère permanent inclus dans le groupe. — Ce simulacre change à chaque instant avec les sensations qui lui servent de support.
Quand il arrive à Montpellier, il saura se débrouiller et se conduire. […] Sur un point, pourtant, le Traité d’économie politique nous en éloigne plus qu’il n’y conduit, et c’est par là que je veux terminer. […] Il traite avec toutes les puissances de l’Europe, avec tous les exilés et mécontents de tous les pays : de sa personne et directement, il conduit les négociations avec le régent, l’Angleterre, le pape. […] Donc la théorie des climats conduit naturellement à lier les faits moraux aux faits physiques. […] Le Glorieux nous conduit aux extrêmes limites de la comédie définie par Boileau.
Théophile Gautier adopte un procédé exclusif d’expression et qu’il s’y laisse conduire, je ne prétends pas qu’au sein de ce procédé même il n’ait aucune variété ; s’il est sinistre et horriblement funèbre dans la Comédie de la Mort, il fait preuve de grâce dans maint sonnet et mainte villanelle.
Ces humbles allures, un peu pesantes, conduisent pourtant par d’autres chemins ; les objections que le simple bon sens et la réflexion soulèvent, dans ces questions premières, demeurent encore les difficultés définitives et insolubles.
On les fit retirer ensuite, pour les déposer dans une salle particulière avant de les conduire à l’échafaud : ils s’étaient promis de n’y pas arriver.
La chaîne des raisonnements conduit à des découvertes en philosophie, mais la première idée de l’invention des faits poétiques est presque toujours l’effet du hasard.
La comédie pose sur la tête de l’Humanité une couronne de fleurs, et la conduit souriante aux Petites-Maisons. — Moins une nation ou une époque est poétique, plus elle change facilement la comédie en satire.
Le Dictionnaire de l’Académie donne évidemment raison en un sens à ceux qui se plaignaient de l’appauvrissement de la langue, il « écorcheuse » Académie, en effet, a conduit aussi loin que possible l’œuvre de Malherbe et celle des Précieuses.
Il vous arrive pourtant de travailler sans conscience et de déclarer, étourdi : « Nous sommes nés originairement… » Il vous arrive aussi, stendhalien infidèle, de vous égarer vers des métaphores où nul guide ne vous conduit.
On sait pourtant que la sensibilité de son ame le conduisit trop loin dans une matiere où il seroit beau de s’égarer, si la Divinité ne rejetoit elle-même tout excès.
Comment trois hommes, ajoute-t-on, de profession & de goûts différens, trois hommes qu’on sçait avoir été brouillés depuis, & qui ne se sont jamais rien reproché l’un à l’autre qui fut relatif aux couplets, auroient-ils projetté, exécuté, conduit une manœuvre infâme, aussi difficile & aussi réfléchie.
Par cela seul que je reste attaché à cette forme religieuse, c’est que j’y trouve quelque chose que je ne trouverais ni dans une autre religion ni dans une école de philosophie, par exemple un type vivant de piété, de pureté, de charité, qui me sert de modèle pour me conduire ici-bas et d’intermédiaire pour m’élever jusqu’à Dieu.
Ce fut un homme d’action porté au faîte d’une société farouche et qui n’eut pour la conduire que cette puissance morale dont il est, pour l’histoire, la vivante expression.
Il y a, en effet, ici, révélation d’un talent que l’orgueil sardanapalesque du dandysme ne doit pas laisser sans la culture qui lui convient et sans les développements qui peuvent le conduire jusqu’à la magnifique puissance du chef-d’œuvre.