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1155. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Madame Récamier. » pp. 121-137

Tous ces hommes attirés et épris n’étaient pas si faciles à conduire et à éluder que cette dynastie pacifiée des Montmorency.

1156. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Le cardinal de Retz. (Mémoires, édition Champollion.) » pp. 238-254

Le lendemain des Barricades, la reine, le jeune roi et Mazarin avec la Cour une fois enfuis de Paris (janvier 1649), que va faire le coadjuteur, tribun du peuple, maître du pavé, ayant pour allié d’un côté le Parlement, cette machine peu commode à conduire, et de l’autre ceux des princes du sang et des grands du royaume (les Bouillon, les Conti, les Longueville) qui se sont engagés dans la faction avec des vues toutes personnelles ?

1157. (1824) Notes sur les fables de La Fontaine « Livre douzième. »

Ce vers aurait pu donner l’idée de la petite comédie intitulée le Procureur arbitre, dont le héros se conduit de la même manière.

1158. (1759) Observations sur l’art de traduire en général, et sur cet essai de traduction en particulier

Ce qu’on propose ici, de ne traduire les anciens que par morceaux détachés, conduit à une autre réflexion qui, à la vérité, n’a qu’un rapport indirect à la matière présente, mais qui peut être utile.

1159. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre premier. Considérations préliminaires » pp. 17-40

Peut-être serons-nous conduits à croire que, contre le cours ordinaire des choses, il faut laisser l’opinion suivre sa pente naturelle, indépendamment des mœurs.

1160. (1936) Réflexions sur la littérature « 6. Cristallisations » pp. 60-71

De ce point de vue, l’amour-vanité, l’amour-goût, l’amour-passion, le mouvement qui conduit Stendhal de l’un à l’autre, qui lui fait apercevoir l’un comme un rêve à l’horizon de l’autre, prennent une valeur musicale.

1161. (1778) De la littérature et des littérateurs suivi d’un Nouvel examen sur la tragédie françoise pp. -158

Un ambitieux, un enthousiaste, un fourbe les ménent, les exhortent, les conduisent ; & l’ancien axiôme, tout vice est issu d’ânerie, mérite d’être renouvelé. […] Il y a tant de démarches à faire avant que de tirer une vérité des ténèbres qu’il ne faudroit point rejeter les premiers essais, quelqu’informes qu’ils fussent ; une simple lueur a quelque fois conduit à l’idée de possibilité ; & d’une pensée d’abord conjecturale on est parvenu à la vraisemblance. […] Comment serai-je conduit à croire ce qu’il veut me persuader ? […] Si l’on ne peut juger que par comparaison de la plus ou moins grande perfection de l’Art, nous ôserons dire que le François a été jusqu’ici dans l’impuissance de bien juger son théâtre ; par ce qu’il a constamment fermé l’oreille à tout ce qui pouvoit le conduire à se désentraver de ses règles arbitraires & fausses ; scrupuleux imitateur des premiers traits donnés, (foibles linéamens où lui seul a reconnu la figure humaine) il a défié néanmoins ses voisins ; & semblable au moucheron de la Fable, il a sonné la charge & la victoire, il a publié que lui seul avoit un théâtre ; que ce théâtre étoit parfait, puisqu’il étoit le sien ; & comme il parloit à lui-même, personne ne l’a contredit. […] La science n’est faite que pour nous conduire à la morale qui nous est nécessaire ; à la morale qui nous apprend à être patients, modérés, doux, & qui, en nous parlant de nos semblables, nous enseigne tout ce que nous leur devons.

1162. (1932) Les deux sources de la morale et de la religion « La religion statique »

La logique de l’absurde suffisait, cette logique qui conduit l’esprit de plus en plus loin, à des conséquences de plus en plus extravagantes, quand il part d’une idée étrange sans la rattacher à des origines qui en expliqueraient l’étrangeté et qui en empêcheraient la prolifération. […] En attendant cette science, son action tire de la causalité mécanique tout ce qu’elle en peut tirer, car il tend son arc et il vise ; mais sa pensée va plutôt à la cause extra-mécanique qui doit conduire la flèche où il faut, parce que sa croyance en elle lui donnera, à défaut de l’arme avec laquelle il serait sûr d’atteindre le but, la confiance en soi qui permet de mieux viser. […] Force était de me conduire parfois chez le dentiste, lequel sévissait aussitôt contre la dent coupable ; il l’arrachait sans pitié. […] Donnons, à titre d’hypothèse, l’interprétation à laquelle on pourrait être conduit par nos principes. […] Il n’est pas d’erreur ni d’horreur où ne puisse conduire la logique, quand elle s’applique à des matières qui ne relèvent pas de la pure intelligence.

1163. (1814) Cours de littérature dramatique. Tome I

Placé d’une manière convenable dans la maison d’un homme riche et généreux, et qui faisait de sa fortune un usage si noble, que sa mémoire est encore chère à tous les gens de bien2, Geoffroy conduisait souvent ses élèves à la Comédie-Française. […] Personne ne s’est avisé de craindre qu’Horace fût tué en combattant pour son pays ; mais on craint qu’il soit conduit au supplice. […] Cette note est bien vague et bien peu exacte : le Français, naturellement généreux, a toujours aimé la liberté ; mais le propre de la passion est d’égarer, et la passion de la liberté, mal dirigée, conduit à l’esclavage ; c’est ce qui est arrivé aux Français. […] Si Auguste abdique, Cinna ne venge ni la patrie ni sa maîtresse : la bassesse, la fourberie s’ennoblissent alors à ses yeux quand elles peuvent le conduire à ces deux grands résultats : le propre du fanatisme, son caractère le plus particulier est d’ériger les crimes en vertus, et de consacrer, pour ainsi dire, par la sainteté du motif, les plus effroyables attentats contre la nature et l’humanité. […] « Molière n’a point de tirade plus parfaite, dit Voltaire ; Térence n’a rien écrit de plus pur que ce morceau : il n’est point au-dessus d’un valet, et cependant c’est une des meilleures leçons pour se bien conduire dans le monde. » L’éloge est un peu exagéré : les vers, il est vrai, sont élégants et purs ; mais Molière a des tirades où il y a plus de force et de profondeur ; et quant à la doctrine, elle me paraît fort au-dessus d’un valet , qui n’est pas fait pour donner des leçons de délicatesse à son maître ; enfin il s’en faut beaucoup que ce soit là une des meilleures leçons pour se conduire dans le monde .

1164. (1814) Cours de littérature dramatique. Tome II

Il n’y a point ici de politesse et de galanterie : Achille entreprend de forcer Iphigénie par la peur à désobéir à son père ; il prétend la protéger malgré elle, l’enlever et la conduire à sa tente, où il se flatte de la défendre seul, avec Patrocle et ses Thessaliens, contre son père et toute l’armée. […] Dans cet heureux espoir je l’avais élevée : C’est vous que nous cherchions sur ce funeste bord ; Et votre nom, seigneur, la conduit à la mort. […] Fils de Thétis, secourez une mère au désespoir ; secourez une fille qui a porté le nom de votre épouse, bien en vain, il est vrai ; cependant c’est pour vous que je l’ai couronnée ; c’est à vous que je l’amenais, et maintenant je la conduis à la mort. […] L’Achille de Racine, après avoir dit qu’il ne faut pas se tourmenter des ordres suprêmes des dieux, sent cependant le besoin qu’il en a pour aller à Troie : Je ne demande aux dieux qu’un vent qui m’y conduise. […] Racine observe que le grand-prêtre n’est que le ministre passif du dieu qui l’inspire et le fait agir : c’est la doctrine constante de la Bible, que Dieu lui-même conduit ses serviteurs.

1165. (1857) Causeries du samedi. Deuxième série des Causeries littéraires pp. 1-402

Si nous rappelons en passant les dix ou douze romans informes qu’il publia sous divers pseudonymes et qui le conduisirent à peu près jusqu’à l’âge de trente ans, ce n’est pas pour nous donner le plaisir facile de constater le néant de ces rapsodies. […] On voit où conduit cette méthode, et nous n’en sommes pourtant encore qu’à la question de goût. […] Oui, car une leçon énorme doit sortir de ce livre difforme, pour nous servir des rimes favorites de l’auteur des Contemplations : il faut voir jusqu’à quel degré de démence l’orgueil peut conduire le génie. […] De là son obstination à ne voir et à ne comprendre dans les faits, dans les individus, dans les masses, dans les livres, que ce qu’il y met lui-même, que ce qui y serait si tout ici-bas consentait à se conduire d’après les fantaisies brillantes ou le poétique despotisme de son génie. […] C’était la première fois qu’un grand peuple, un peuple intelligent, tournant le dos à un gouvernement de fait qui ne le dirigeait plus, se laissait aveuglément conduire par des hommes dont la plus grande force et le principal attrait était de n’avoir jamais gouverné et d’ignorer comment on gouverne.

1166. (1898) Politiques et moralistes du dix-neuvième siècle. Troisième série

Tocqueville ne croit nullement à cette anankè, et analyse très finement le tour d’esprit qui conduit à l’admettre. […] — « Ceux qui nous ont conduits où nous sommes (en 1853) sont ces prétendus logiciens qui, surfaisant le projet électoral de M.  […] Si vous voulez donc un principe d’action parmi les hommes, consentez à ce qu’ils se laissent conduire à un sentiment. […] Il est temps d’examiner dans le détail comment il s’y est conduit. […] Il n’a pas de saint… Une telle disposition neutre l’a conduit très loin. » Indifférence et neutralité qui n’exclut ni la curiosité ni la conscience, ce n’est pas ce qu’a été toujours Sainte-Beuve ; mais c’est ce qu’il aurait tenu à être, et à quoi il a réussi quelquefois, à quoi il a fini, l’âge aidant, par tout à fait réussir.

1167. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre V. Les contemporains. — Chapitre II. Le Roman (suite). Thackeray. »

Alcide de Mirobolan, cuisinier français, artiste en sauces, qui déclare sa flamme à miss Blanche au moyen de tartes symboliques, et se croit un gentleman ; Mme la majoresse O’Dowd, sorte de grenadier en bonnet, la plus pompeuse et la plus bavarde des Irlandaises, occupée à régenter le régiment et à marier bon gré mal gré les célibataires ; miss Briggs, vieille dame de compagnie, née pour recevoir des affronts, faire des phrases et verser des larmes ; le Docteur, qui prouve à ses élèves mauvais latinistes que l’habitude des barbarismes conduit à l’échafaud. […] Pour mesurer sa fortune à son vice, il la conduit triomphante à travers la ruine, la mort ou le désespoir de vingt personnes, et la brise au moment suprême d’une chute aussi horrible que son succès. […] — Si Votre Majesté veut bien entrer dans l’appartement voisin, dit Esmond du même ton grave, j’ai quelques papiers que je voudrais lui soumettre, et avec sa permission je vais l’y conduire. » Puis, prenant le flambeau, et reculant devant le prince avec grande cérémonie, M. 

1168. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome II « Bibliotheque d’un homme de goût — Chapitre IV. Des Livres nécessaires pour l’étude de l’Histoire. » pp. 87-211

Garnier, Professeur d’Histoire au Collège Royal, est le second continuateur de cette histoire funeste à ses auteurs, & nous souhaitons qu’il puisse la conduire jusqu’à nos jours. […] Mais nous avions besoin d’une pareille entreprise, nous n’avions point de bonne histoire d’Allemagne ; vous sçavez combien la moins mauvaise, celle de Heiss est imparfaite : n’êtes-vous pas trop heureux qu’il se trouve un homme au monde qui donne sa vie à la retraite, à la lecture, &c. pour avoir l’honneur de vous conduire dans les détours de ce curieux labyrinthe, où vous ne seriez jamais entré sans lui, ou dont vous ne vous seriez jamais tiré. […] La haine ou la flatterie conduisent sa plume ; il fait paroître trop d’attachement pour sa nation & pour la maison de Médicis ; pensionnaire de Charles-Quint, il ne parle de ce Prince qu’avec la plus basse adulation.

1169. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Le maréchal de Saint-Arnaud. Ses lettres publiées par sa famille, et autres lettres inédites » pp. 412-452

Militaire français s’il en fut, esprit français, saillie française, il était fait pour conduire et enlever des soldats de notre nation. […] L’expédition d’Orient se prépare, et Saint-Arnaud, tout mortellement atteint qu’il est, demande à l’empereur la faveur de la conduire et de la commander70.

1170. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « M. BALLANCHE. » pp. 1-51

Montrez-le-moi, ce mortel privilégié : son imagination a tenu toutes ses promesses ; l’amour l’a conduit par la main ; heureux époux, père plus heureux encore, il n’a acheté par aucun tourment le charme des affections du cœur ; il a connu les agréments de la société sans ignorer les plaisirs de la solitude ; il n’a rencontré sur sa route que des hommes bons et généreux, et lui-même n’a jamais vu au fond de son âme que des pensées douces et calmes qu’il s’est plu à entretenir ; il a joui de ses souvenirs comme il avait joui de ses espérances ; il a trouvé dans le passé le gage de l’avenir : montrez-le-moi ! […] Ballanche n’a été conduit là, au moins à ce qu’il me semble, que par suite d’une erreur de goût qui l’a porté à convertir et à traduire en poésie une opinion créée par la réflexion et l’analyse. » Nous croyons qu’il ressort de la biographie psychologique de M.

1171. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « DE LA MÉDÉE D’APOLLONIUS. » pp. 359-406

Elle-même prit les rênes, et, tenant le fouet élégant de la main droite, elle conduisait à travers la ville. […] Dis-moi quelque chose encore de cette jeune fille que tu as nommée comme si célèbre, de cette fille de Pasiphaé, la sœur de mon père. » Elle dit ; et lui aussi, à son tour, le funeste Amour commença à le surprendre par les larmes de la jeune fille, et il répondit… » On voit que Jason a bien tardé à s’émouvoir, et que son sang-froid a duré assez longtemps ; il est tout à fait dans le rôle d’Énée et de tant de héros qui se laissent faire et que les Dieux, en de telles rencontres, conduisent par la main à leur fortune.

1172. (1870) De l’intelligence. Première partie : Les éléments de la connaissance « Livre troisième. Les sensations — Chapitre II. Les sensations totales de la vue, de l’odorat, du goût, du toucher et leurs éléments » pp. 189-236

Tous ces faits conduisent à cette conclusion que les molécules dissoutes du corps sapide pénètrent dans le tissu de la langue jusqu’au contact de ses papilles nerveuses, et que là, sous l’influence de la chaleur animale, elles forment avec nos liquides sécrétés une combinaison chimique, variable avec la variation de ces liquides92. — Pareillement un corps n’a d’odeur que s’il est à l’état gazeux ; il faut en outre que la membrane pituitaire ne soit pas sèche ; de plus, on a constaté que, pour être odorant, un gaz doit se combiner sur la membrane pituitaire avec l’oxygène. Tous ces faits conduisent à une même conclusion : c’est que les molécules du gaz se dissolvent dans l’humidité de la membrane pituitaire au contact des filets olfactifs, et là forment une combinaison chimique avec l’oxygène de l’air. — En sorte que l’action du nerf olfactif, comme celle des nerfs gustatifs, semble avoir une combinaison chimique pour antécédent immédiat.

1173. (1861) Cours familier de littérature. XI « LXVe entretien. J.-J. Rousseau. Son faux Contrat social et le vrai contrat social (1re partie) » pp. 337-416

Rousseau, comblé des dons de madame de Warens, qui s’appauvrit pour son élève, part pour Lyon avec son pauvre maître de chapelle ; il l’abandonne à son premier malheur, comme les chiens ne font pas de l’aveugle indigent, qu’ils conduisent aux portes des hôpitaux. […] Le grand historien anglais Hume a pitié de ses agitations : il se dévoue à le conduire en Angleterre et à lui trouver, avec une pension du roi, un asile champêtre dans le plus beau site du royaume pour passer en paix le reste de ses jours.

1174. (1862) Cours familier de littérature. XIV « LXXXIe entretien. Socrate et Platon. Philosophie grecque (1re partie) » pp. 145-224

Ce procédé, qui fait briller sans doute l’adresse du maître, embarrasse l’intelligence du disciple ; il fait du chemin de la vérité, au lieu d’une route droite, large et bien jalonnée, un labyrinthe de sentiers étroits, tortueux, obscurs où l’écrivain a l’air de conduire le lecteur à un piège, au lieu de le mener à la lumière, à la vérité et à la vertu. […] Or il en résulte, dans l’effet général des Dialogues, je ne sais quel sourire sarcastique de l’esprit, qui humilie l’auditeur, au lieu de le disposer à la confiance ; on craint toujours de marcher sur un piège de sophiste, quand on devrait s’abandonner sans défiance à la main du sage qui vous conduit ; on ne sait jamais si ce sage parle sérieusement ou ironiquement ; il y a trop de gascon dans ce grec ; on craint le maître qu’on devrait adorer.

1175. (1892) Journal des Goncourt. Tome VI (1878-1884) « Année 1884 » pp. 286-347

Vendredi 27 juin Ce soir, un général étranger racontait, qu’avant 1866, Bismarck lui parlant de ses projets et faisant allusion au Roi, son maître, dans une langue bien irrespectueuse, lui disait : « Je conduirai la charogne au fossé, il faudra bien qu’elle le saute !  […] Samedi 3 décembre La comtesse de Béhaine me contait aujourd’hui, qu’une jeune fille, qu’elle connaissait, donnait des répétitions dans une institution laïque du Nord de la France, et qu’elle conduisait, tous les dimanches, une vingtaine de fillettes à la messe — cela sur la demande des parents.

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