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832. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « L’abbé Maury. Essai sur l’éloquence de la chaire. (Collection Lefèvre.) » pp. 263-286

Et il y répond comme on pouvait le faire en 1771, en parlant devant une Académie plus qu’à demi composée de philosophes ou de gens du monde imbus des idées philosophiques. […] Il faut l’entendre là-dessus parler avec autorité et conviction : Les grands sujets de cette belle et solide instruction chrétienne, si bien indiqués par l’Église dans l’ordre annuel et la distribution des Évangiles ; ces sujets si importants, si féconds, si riches pour l’éloquence, et sans lesquels la morale, dépourvue de l’appui d’une sanction divine et déshéritée de l’autorité vengeresse d’un Juge suprême, n’est plus qu’une théorie idéale et un système purement arbitraire qu’on adopte ou qu’on rejette à son gré ; ces sujets magnifiques, dis-je, furent plus ou moins mis à l’écart par les orateurs chrétiens qui composèrent malheureusement avec ce mauvais goût, et qui, en s’égarant dans ces nouvelles régions, renoncèrent d’eux-mêmes aux plus grands avantages et aux droits les plus légitimes de leur ministère. […] C’est autant de peine de moins et de loisir de plus pour composer, au lieu de me donner une peine inutile en me dévouant à un simple travail de mémoire.

833. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Armand Carrel. — II. (Suite.) Janvier 1830-mars 1831. » pp. 105-127

Le peuple, sans doute, composé de la masse des laboureurs, ouvriers, soldats, marchands, écrivains, est à ses yeux « la plus imposante de ces réalités manifestées par la Révolution » ; mais la royauté, de son côté, est une chose essentielle : La royauté d’abord ! […] Sa politique se compose d’une suite de vues fermes, mais déterminées comme par étapes, et successives. […] Tout ce prélude de sa politique pendant les derniers mois de 1830 ne se compose que de moyens termes, tels qu’en proposaient alors les hommes ralliés au gouvernement.

834. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Rollin. » pp. 261-282

Il se mit donc à l’œuvre, commençant pour la première fois d’écrire en français, et il composa les deux premiers volumes de son Traité des études, bientôt suivis de deux autres. […] L’Université, ce corps singulier composé de tant de fondations et de collèges distincts, et où le peuple latin se divisait par nations et par tribus, cette confédération aussi compliquée au sein de Paris que pouvait l’être la Confédération helvétique, avait alors un grand travail à faire sur elle-même pour se mettre en accord avec la société française et avec les lumières qui s’y répandaient de toutes parts. […] Les Histoires de Rollin ont été dans le temps un service et un bienfait du même genre ; à mesure qu’il les composait, l’auteur découvrait en lui et déployait aux yeux de tous un véritable talent d’ampleur, de développement et de récit, qui s’est soutenu jusqu’à la fin, et qui a charmé le public durant bien des années.

835. (1864) William Shakespeare « Conclusion — Livre I. Après la mort — Shakespeare — L’Angleterre »

Avoir vingt ans combattu sciemment la vérité, dans l’espoir qu’elle serait vaincue, s’apercevoir un beau matin qu’elle a la vie dure, qu’elle est la plus forte et qu’il pourrait bien se faire qu’elle fût chargée de composer un cabinet, et alors passer brusquement de son côté, autre piédestal, une statue à M.  […] On y a utilisé tous les bronzes York, Cumberland, Pitt et Peel ; on a, pour la composer, désencombré les places publiques d’un tas de cuivres non justifiés ; on a amalgamé dans cette haute figure toutes sortes de Henris et d’Edouards, on y a fondu les divers Guillaumes et les nombreux Georges, l’Achille de Hyde-Park a fait l’orteil ; c’est beau, voilà Shakespeare presque aussi grand qu’un Pharaon ou qu’un Sésostris. […] Toute confiance est due au comité du Jubilé de Shakespeare, comité composé de personnes hautement distinguées dans la presse, la pairie, la littérature, le théâtre et l’église.

836. (1920) Action, n° 4, juillet 1920, Extraits

Il hait la distance et compose ses visions toujours grandioses, toujours cosmiques en accumulant de pauvres petites choses. […] Si on multiplie les aéroplanes, on arrive aisément à composer de véritables dialogues et de grandes actions dramatiques. […] Sur les innombrables spectateurs couchés, les aéroplanes bariolés ou camouflés danseront le jour dans les zones colorées, formées par les poussières qu’ils auront répandues et composeront durant la nuit, de mobiles constellations et des danses, dans les gerbes éclatantes des projecteurs.

837. (1907) Le romantisme français. Essai sur la révolution dans les sentiments et dans les idées au XIXe siècle

Condition chimérique d’ailleurs et contradictoire dont il compose la fiction au mépris de toute philosophie naturelle. […] Leur union composait la gloire. […] Elle l’est deux fois, si Aristote et Hobbes ont raison tous deux, si, ce qui semble bien la vérité, l’homme est composé d’instincts sociaux et d’instincts antisociaux. […] Un oncle de Benjamin avait composé des Instructions de morale. […] Assurément ce masque, si contradictoire qu’il fût à son visage vrai, ne lui a pas été composé par un froid artifice de littérateurs puisant tranquillement dans l’arsenal des grands mots.

838. (1898) Manuel de l’histoire de la littérature française « Livre III. L’Âge moderne (1801-1875) » pp. 388-524

Mais il faut remarquer que tous les particuliers qui composent les sociétés ne veulent pas qu’on les regarde comme la dernière partie du corps duquel ils sont. […] Ils le sentent bien ; et, pour tirer de leur originalité le droit de nous ennuyer d’eux, ils s’en composent, ils essaient péniblement de s’en composer une, ce qui ne tarde pas à les jeter dans la bizarrerie ou dans la monstruosité. […] À tout le moins, dans leur vulgarité même, sont-ils mieux composés, plus intéressants, plus dramatiques ; et, autant ou plus que ceux de George Sand, les derniers contribuent à détourner l’attention de ces misères dont les romantiques avaient fait tant d’éclat, pour la diriger vers d’autres misères, plus réelles, plus profondes, plus cruelles. […] Il avait dit aussi : « Un livre tel que je le conçois doit être composé, sculpté, doré, taillé, fini et limé et poli comme une statue de marbre de Paros », et à cet égard il faut bien convenir qu’il est demeuré, dans ses plus beaux poèmes, trop au-dessous de cette ambition d’art. […] Son Théâtre se compose en tout de 29 pièces, dont, on ne sait pourquoi, il en a éliminé deux de l’édition de son Théâtre complet : La Chasse au roman, 1851 ; — et Les Méprises de l’amour, 1852.

839. (1902) La poésie nouvelle

Aussi ne composent-ils pas une école. […] Le rythme d’une phrase poétique résulte d’une heureuse répartition des syllabes plus ou moins longues, des syllabes plus ou moins accentuées qui la composent.‌ […] En outre, se plaisant à composer des strophes très variées, il employait un grand nombre de mètres divers. […] D’autres poèmes sont composés de vers inégaux, capricieusement entrecroisés, mais analogues, ceux-ci (sauf un peu plus de mètres impairs et quelquefois de treize syllabes), à ceux de La Fontaine. […] Les différents vers qui composent la laisse poétique sont, bien qu’inégaux entre eux, déterminés individuellement par le nombre de leurs syllabes.

840. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « XXII » pp. 91-93

— Il paraît qu’à Rio la foule est presque toute composée de noirs.

841. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — F — Faramond, Maurice de (1862-1923) »

Il composa leur figure avec une âpre précision, un soin minutieux, un lyrisme ardent.

842. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — B — article » pp. 241-244

On a recueilli les Poésies qu’il avoit composées avant l’âge de dix ans, & elles forment un volume in-4°. avec tous les vers qui lui furent adressés.

843. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — R. — article » pp. 90-93

Il a composé plus de vingt Ouvrages plus mauvais les uns que les autres, dont la liste occuperoit ici une douzaine de pages, si l'on vouloit en copier fidélement les titres*, tant ils sont étendus.

844. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Troisième partie. Beaux-arts et littérature. — Livre premier. Beaux-arts. — Chapitre VI. Architecture. — Hôtel des Invalides. »

Trois corps de logis, formant avec l’église un carré long, composent l’édifice des Invalides.

845. (1802) Études sur Molière pp. -355

Quelqu’un dira peut-être : employa-t-il ce temps à composer un acte ? […] Devisé crut se signaler par une comédie en un acte et en prose, où, pour mettre les femmes de son parti, il affecta de rappeler ce vers de L’École des femmes : Et femme qui compose, en sait plus qu’il ne faut. […] Molière l’appelle Fillerin : ce nom, composé de deux mots grecs, et qui signifie ami de la mort, se rapporte très bien à ce que le personnage dit lui-même : Ceux qui sont morts sont morts, et j’ai de quoi me passer des vivants. […] Cette pastorale, que l’impatience de Louis XIV ne permit pas d’achever, ne parut qu’en deux actes ; elle fit partie du Ballet des Muses, donné à Saint-Germain, le 2 décembre, composé par Benserade, et dansé par le roi. […] Deux pédants également vains nous sont offerts ; mais Trissotin estime assez la fortune pour être préparé d’avance aux événements fâcheux d’un hymen mal assorti ; Vadius, ne songeant qu’à l’intérêt de sa ballade, se prépare à composer un poème contre celui qui l’a dédaignée.

846. (1861) La Fontaine et ses fables « Deuxième partie — Chapitre II. Les bêtes »

Aussi, quoi qu’il fasse, il est toujours composé, maître de soi. […] Il laissera Buffon composer une tragédie sur la cruauté, et fera une comédie sur la sottise. […] Quand Buffon ne compose pas un plaidoyer, il est plus exact et se rapproche de La Fontaine. […] Il explique, il développe, il prouve ; il compose des plaidoyers et des réquisitoires, justifie l’âne, invective contre le loup.

847. (1868) Cours familier de littérature. XXVI « CLVe entretien. Vie de Michel-Ange (Buonarroti) »

Le dessin du tableau principal qu’il composa pour lutter face à face avec Léonard représentait une alerte imaginaire de l’armée florentine surprise par l’approche des Pisans pendant une halte au bord de l’Arno, où les soldats se baignaient après une longue marche. […] On voit, dans la suite de la vie de Michel-Ange, que ce tombeau, conçu, commencé, interrompu, repris, abandonné, presque achevé, jamais fini, fut l’œuvre capitale et favorite du grand artiste, le rêve, le réveil, l’espoir et le désespoir de sa vie, poëme de marbre dont les vicissitudes du sort déchiraient les pages à mesure qu’il les avait composées et qu’il s’efforçait de les réunir. […] Il est assis comme l’éternité : d’une main, il tient les lois, symbole de la société ; de l’autre il tient sa barbe touffue, symbole de la force ; cette barbe descend en ondes si épaisses, si prodigues et si harmonieusement tressées sur sa poitrine, qu’on croit voir découler dans la multitude des tresses, des ondes, des poils qui les composent, la multitude innombrable des générations du peuple de Dieu. […] Un vieux serviteur florentin, nommé Urbin, du lieu de sa naissance, composait toute sa domesticité.

848. (1883) Souvenirs d’enfance et de jeunesse « Chapitre V. Le Séminaire Saint-Sulpice (1882) »

Au xviie et au xviiie  siècle, la Sorbonne compose, pour l’usage des écoles, des traités commodes, qui ne sont le plus souvent que la Somme remaniée et amoindrie. […] La théologie morale se compose d’une douzaine de traités, comprenant tout l’ensemble de la morale philosophique et du droit, complétés par la révélation et les décisions de l’Église. […] Le Livre de Daniel, que toute l’orthodoxie rapporte au temps de la captivité, est un apocryphe composé en 169 ou 170 avant Jésus-Christ. […] Que deviennent les soixante-dix semaines d’années, bases des calculs de l’Histoire, universelle, si la partie du Livre d’Isaïe où Cyrus est nommé a été justement composée du temps de ce conquérant, et si pseudo-Daniel est contemporain d’Antiochus Épiphane ?

849. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, le 8 décembre 1885. »

Or, Racine avait composé ses réalistes créations de vie réelle ; et Beethoven instituait la musique expressive des suprêmes vies ; Gluck entrevoyait dans la musique un drame de vie ; le drame complet d’art complet naissait ; et Richard Wagner achevait ces créations d’humaine vie, ces drames, Tristan, la Tétralogie, Parsifal. […] L’esquisse du drame buddhique les Vainqueurs fut composée entre celles de Tristan et de Parsifal, en 1856. […] Ne joue pas Wagner qui veut ; il faut le connaître à fond et être un musicien consommé, pour parvenir à la perfection d’exécution et d’interprétation que nous avons constatée dimanche dernier, et que l’on a obtenue d’un orchestre composé, à deux ou trois exceptions près, exclusivement d’amateurs. […] Le programme, fort bien composé, permettait de se faire une idée des diverses époques du Maître.

850. (1857) Articles justificatifs pour Charles Baudelaire, auteur des « Fleurs du mal » pp. 1-33

[Avertissement de Baudelaire] Les quatre articles suivants, qui représentent la pensée de quatre esprits délicats et sévères, n’ont pas été composés en vue de servir de plaidoirie. […] La Revue de Paris, la Revue des Deux Mondes, l’Artiste, la Revue française, ont publié avant l’apparition du livre quelques-uns des morceaux qui le composent, et aussitôt quelques clameurs discrètes mais concertées se sont fait entendre. […] n’y a-t-il pas des écrivains qui se dévouent par vocation ou par nécessité à composer de petites historiettes sans dard et sans venin ? […] N’avons-nous pas vu récemment un écrivain religieux d’un grand zèle tenter « s’il ne serait pas possible de composer un roman avec des personnages, des sentiments et un langage chrétiens3 » ?

851. (1830) Cours de philosophie positive : première et deuxième leçons « Première leçon »

Il n’en est pas une seule, en effet, parvenue aujourd’hui à l’état positif, que chacun ne puisse aisément se représenter, dans le passé, essentiellement composée d’abstractions métaphysiques, et, en remontant encore davantage, tout à fait dominée par les conceptions théologiques. […] Pour que la philosophie naturelle puisse achever la régénération, déjà si préparée, de notre système intellectuel, il est donc indispensable que les différentes sciences dont elle se compose, présentées à toutes les intelligences comme les diverses branches d’un tronc unique, soient réduites d’abord à ce qui constitue leur esprit, c’est-à-dire à leurs méthodes principales et à leurs résultats les plus importants. […] Ce qui l’indique, c’est que, de l’aveu même des illustres chimistes qui ont le plus puissamment contribué à la formation de cette doctrine, on peut dire tout au plus qu’elle se vérifie constamment dans la composition des corps inorganiques ; mais elle se trouve au moins aussi constamment en défaut dans les composés organiques, auxquels il semble jusqu’à présent tout à fait impossible de l’étendre. […] Il s’agit de la question, encore indécise, qui consiste à déterminer si l’azote doit être regardé, dans l’état présent de nos connaissances, comme un corps simple ou comme un corps composé.

852. (1828) Préface des Études françaises et étrangères pp. -

Au surplus, Voltaire a vécu au milieu d’une civilisation trop avancée pour composer un bon poème épique, quand bien même il en aurait eu la puissance en lui-même. […] Victor Hugo a non seulement composé un grand nombre de magnifiques odes, mais on peut dire qu’il a créé l’ode moderne ; cette ode, d’où il a banni les faux ornements, les froides exclamations, l’enthousiasme symétrique, et où il fait entrer, comme dans un moule sonore, tous les secrets du cœur, tous les rêves de l’imagination, et toutes les sublimités de la philosophie. […] Au moins les traducteurs nous donneront-ils ce que nous n’avions pas encore, ce n’est point parce qu’un auteur prend un sujet nouveau qu’il fait une tragédie neuve ; si les caractères, les situations et le style n’en sont point innovés, s’il a mis à contribution vingt ouvrages nationaux pour composer le sien ; si la mémoire des spectateurs retrouve à tout moment Mithridate ou Alzire sous des habits et des noms supposés, si, presqu’à chaque vers on se souvient du vers suivant, en croyant le deviner, certes, une telle œuvre ne peut point raisonnablement passer pour une œuvre d’imagination. […] Des vers ne sont point durs pour n’être pas composés dans le système harmonique de Racine.

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