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1080. (1894) La vie et les livres. Première série pp. -348

Bourget, qui est métaphysicien, me pardonnera ce pédantisme), aux monades de Leibniz, qui sont grosses du passé et chargées de l’avenir. […] il y a une petite Adèle Raffraye qui ressemble, trait pour trait, à la défunte sœur de Francis Nayrac… Qu’importe, dit la sagesse des gens du monde, est-ce que cette enfant n’a pas une situation légale, des parents reconnus, une maison confortable et un avenir assuré ? […] Mais ces batteurs d’estrade, qui mangent des chenilles dans des tasses de rhododendron, qu’ils lèchent après chaque repas, sont humblement soumis à ceux qui possèdent le pouvoir sacerdotal, à ceux qui lisent dans l’avenir et qui peuvent délier les âmes des punitions méritées. […] Voilà un scrupule d’une espèce rare et délicate ; on doit en signaler l’exemple aux petits docteurs qui ne s’embarrassent pas d’une pareille expérience pour trancher les questions sociales et prédire l’avenir de l’humanité. […] les échos de l’avenir.

1081. (1896) La vie et les livres. Troisième série pp. 1-336

Il les interrogea sur leurs projets d’avenir. […] D’autres fois, ils se laissent aller à des projets d’avenir, à de vaillantes résolutions, à de viriles pensées. […] On n’attend pas que j’expose ici tous les dangers où peut se heurter, se meurtrir, se gâter pour toujours la candeur de celles en qui repose l’énigme de l’avenir. […] Quel est l’avenir de la démocratie ? […] Que pesaient les craintes de l’avenir, les remords du passé, à côté de la présence de Pierre, ce Pierre dont elle voyait, dont elle sentait le cœur battre, la poitrine respirer, le corps bouger, l’esprit penser, la personne vivre ?

1082. (1902) La politique comparée de Montesquieu, Rousseau et Voltaire

D’abord, et c’est le plus grand point, et quand cela n’existe pas il ne faut pas même songer à constituer ou à maintenir un état, il faut de la « vertu », c’est-à-dire du patriotisme ; car le patriotisme consiste précisément à ne pas vouloir obéir à des volontés, fût-ce même à la sienne, mais à la raison ; les volontés particulières, et par cela il faut entendre même une volonté universelle, mais qui peut être éphémère, n’étant point faites pour bien gouverner un corps éternel, une nation qui vit dans le passé, dans le présent et déjà dans l’avenir, puisque gouverner c’est prévoir. Il faut donc du patriotisme, c’est-à-dire du désintéressement, c’est-à-dire de la vertu pour obéir à cette raison nationale et pour se gouverner ou se laisser gouverner selon les intérêts du présent, selon les traditions du passé et selon les intérêts de l’avenir. […] Donc ces « corps intermédiaires dépendants », dépendants, c’est-à-dire soumis, du reste, à l’autorité du pouvoir central, mais ayant une indépendance et une autonomie relatives, d’abord maintiennent les traditions nationales, et en cela ils sont comme les soutiens et les tenants de cette raison nationale dont nous ayons parlé ; ils sont les répresseurs naturels de ces volontés inconsidérées, passionnées et éphémères, qu’elles viennent d’en haut ou d’en bas, qui sont le contraire même de la raison ; ils ne gouvernent pas ; mais ils tiennent à ce qu’on gouverne d’après le passé et l’avenir, en même temps que selon les nécessités du présent, qui, elles, s’imposent toujours assez. […] Qu’il songeât aux républiques anciennes, c’est peu douteux ; mais il était de taille à considérer l’avenir en même temps que le passé et celui-la à travers celui-ci. […] De lui naît le christianisme qui établit ce départ d’une façon plus précisé et dans tout l’univers : guerres religieuses, tous les Etats troublés, assassinats, guerre civile permanente, misère et malheur universel. — Avenir : Retour au système antique, concentration des deux puissances en une seule main, despotisme absolu, spirituel et temporel, de l’Etat, ordre, tranquillité, bonheur.

1083. (1817) Cours analytique de littérature générale. Tome III pp. 5-336

D’ailleurs le vrai génie ne se promet de salaire que de son propre succès, et que de l’avenir : tout autre prix le détourne de sa route, et abat son essor. […] Ce n’est point aux filles de mémoire d’oublier sitôt les attentats contre les libertés publiques, et de leur accorder si généreusement l’impunité qui les enhardirait à l’avenir. […] La solitude même se peuple autour de vous ; et le passé, le présent, et l’avenir, vous offrent partout des témoins qui vous renouvellent ces entretiens imaginaires que l’on supposait entre les messagers célestes et nos premiers aïeux. […] Apollon commande à l’oubli de s’emparer de son âme, et d’en effacer la trace des secrets de l’avenir. […] « Et quand j’aurai rempli mon profond avenir, « Mon orbe consumé se dissoudre et finir..

1084. (1826) Mélanges littéraires pp. 1-457

Je rappelle ceci non pour me plaindre, mais afin qu’on ne fasse pas à l’avenir porter sur d’autres que moi ces méprisables vengeances, et ces ignobles économies, si peu d’accord avec la générosité naturelle de nos monarques et la dignité de la couronne. […] Le passé et le présent nous garantissaient l’avenir… Telle était l’agréable histoire que nous faisions ; et pour achever ces nobles projets, il n’y avait que la durée de sa vie dont nous ne croyions pas devoir être en peine. […] La révolution a creusé un abîme qui a séparé à jamais l’avenir et le passé. […] Nous pouvons affecter une humeur superbe, à dédaigner les talents qui nous restent, mais je ne doute point que l’avenir ne soit plus juste envers nous, et qu’il n’admire ce que nous aurons peut-être méprisé. […] L’homme qui naît dans la décadence des empires, et qui n’aperçoit dans les temps futurs que des révolutions probables, pourrait-il en effet trouver quelque joie à voir croître les héritiers d’un aussi triste avenir ?

1085. (1905) Études et portraits. Portraits d’écrivains‌ et notes d’esthétique‌. Tome I.

Notre état normal résume si bien notre avenir infini. » Se trouve-t-elle aux prises avec une des mille difficultés de l’existence d’artiste ? […] Si vous aviez à définir les grands courants qui nous emportent et qui paraissent déterminer la direction de notre avenir, vous trouveriez que ces courants sont au nombre de deux. […] On peut s’attendre à toutes les destructions dans l’avenir lorsque l’on voit de ces tombes ouvertes dans le passé et que l’on se rappelle ce que l’humanité y a laissé choir de son cœur. […] Cette conviction me troublerait dans ma foi profonde à l’avenir de l’art que je préfère, si je n’étais persuadé que la grande puissance de création poétique a pour loi première une solitude. […] Telle est la question à laquelle doivent répondre ceux qui s’intéressent à l’avenir de notre art dramatique français.

1086. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Eugène Gandar »

Les uns meurent à la fleur de la jeunesse, au printemps des espérances ; on leur rêvait tout un avenir de bonheur ou de gloire, et ils disparaissent : leur image continue de nous sourire de loin, à demi voilée, du haut d’un nuage. […] L’expression, pour être ainsi discrète et contenue, n’en est que plus pénétrante : « (Ithaque, 21 août 1848.) — La vie d’un voyageur est une étrange alternative de joies et de peines, de regrets et d’oublis, d’élans impétueux vers l’avenir et de retours mélancoliques vers le passé. […] Mais même dans ses plus libres échappées vers l’avenir, il ramenait tout à la carrière principale où il mettait son honneur, à l’office sévère auquel il s’était voué.

1087. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — Chapitre IV. Addison. »

Il se confiait en Dieu, comme un être bon et juste qui se sent aux mains d’un être juste et bon ; il vivait volontiers dans sa pensée et en sa présence, et songeait à l’avenir inconnu qui doit achever la nature humaine et accomplir l’ordre moral. […] L’homme du Nord porte volontiers sa pensée vers la dissolution finale et l’obscur avenir. […] Il s’excite par des comparaisons mathématiques à préférer l’avenir au présent.

1088. (1869) Cours familier de littérature. XXVII « CLIXe Entretien. L’histoire, ou Hérodote »

C’est ce dieu, celui sans doute qui naguère m’a prédit ce triste avenir, qui seul en est l’auteur. » Il ordonna ensuite de faire à son fils des funérailles dignes de sa naissance. […] — Seigneur, répondit Harpagus, jusqu’ici vous ne m’avez jamais vu songer à vous déplaire, et je ne me rendrai pas plus coupable à l’avenir. […] Cependant, donnez-moi encore votre opinion sur un autre sujet, et, après y avoir mûrement réfléchi, dites quelles mesures il faut prendre pour garantir dans l’avenir la stabilité de ma maison, et en même temps votre propre sûreté ? 

1089. (1896) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Sixième série « Louis Veuillot »

Il eût composé de merveilleux évangiles de l’avenir tout bouillonnants de la plus redoutable éloquence et pénétrés de la plus tendre poésie. […] Misanthrope à l’égard du présent, il est d’un optimisme fou dans le passé et dans l’avenir. […] Et c’est du même regard visionnaire qu’il considère l’avenir.

1090. (1879) À propos de « l’Assommoir »

La proposition fut agréée  Ainsi cet auteur que l’on accuse de vénalité engageait son avenir, auquel il avait foi, pour dix longues années, et sacrifiait la propriété d’œuvres dont le rapport pouvait être considérable, dans le seul but de pouvoir travailler librement ! […] Son prochain roman, Nana, ne sera guère fini que dans une année ; les dix ou douze qui doivent terminer la série sont encore dans un avenir incertain. […] Zola, c’est-à-dire un défenseur qui ne se ménage pas ; toute la jeunesse littéraire, c’est-à-dire l’avenir.

1091. (1886) Le roman russe pp. -351

Un étranger est peut-être mieux placé pour entrevoir le jugement de l’avenir ; la distance fait pour lui l’office des années, elle donne ces vues éloignées qui égalisent sur le même plan tous les objets à comparer. […] Ce que j’eusse voulu montrer dans ce livre, c’est le réservoir de la littérature contemporaine, l’eau mère où sont déjà cristallisées toutes les inventions de l’avenir. […] En lisant ce fragment de confession, on est tenté de s’inquiéter pour l’avenir du poète ; on entend derrière ces phrases comme un mauvais grondement de politique ; est-ce que la grande suborneuse va le détourner de sa vraie voie ? […] Le Russe devine que là, là seulement est l’avenir, le secret de force ; mais, de son propre aveu, il ne sait comment s’y prendre. […] Aussi bien, il faut laisser le dernier mot à l’avenir dans ces questions de préséance.

1092. (1848) Études critiques (1844-1848) pp. 8-146

On voit qu’avant d’être diplomate et voyageur, l’auteur de l’Essai sur l’Inégalité des Races Humaines, des magnifiques récits de voyage en Asie, de la Renaissance et des Pléiades, avait été journaliste et que curieux de tout, l’esprit plein de ce feu qui a l’éclat du diamant, il attendait la carrière brillante qu’un avenir prochain lui réservait en pourvoyant de ses écrits les colonnes des revues et journaux les plus cotés de cette attrayante époque. […] C’est là que sont les bijoux prohibés, diamants de la couronne de l’avenir et dans son cerveau, si vous pouviez y glisser les doigts, vous recueilleriez avec horreur, un nid, un nid bien peuplé de livres confiscables. […] Le poète se promène de nuit dans les rues de Cologne, livré aux pensées les plus sombres et invoquant sur les iniquités du temps présent, la justice de l’avenir. […] Heine ; c’est là que la verve rabelaisienne, l’âcreté sarcastique de Luther se retrouvent plus que dans aucune œuvre moderne ; non, certes, on ne peut disputer à ce morceau un rang distingué parmi les productions de la poésie de nos temps ; mais, précisément à cause de tant d’avantages nous sommes forcés de nous taire ; il nous est impossible d’insister sur une scène où l’on trouve une révélation de l’avenir de l’Allemagne, contemplée au fond d’une sorte d’urne qui jusque-là était restée étrangère à toutes fonctions divinatoires.

1093. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « M. de Fontanes »

Arrivé à trente-cinq ans, et songeant à se recueillir enfin dans une œuvre, Fontanes se disait sans doute un peu pour lui-même ce qu’il écrivait à l’abbé Barthélémy : Tandis que le troupeau des écrivains vulgaires Se fatigue à chercher des succès éphémères,     Et, dans sa folle ambition, Prête une oreille avide à tous les vents contraires     De l’inconstante opinion, Le grand homme, puisant aux sources étrangères, Trente ans médite en paix ses travaux solitaires ; Au pied du monument qu’il fut lent à finir Il se repose enfin, sans voir ses adversaires,     Et l’œil fixé sur l’avenir. Mais, au moment où il reportait son regard vers l’idéal avenir, les orages s’amoncelaient et ne laissaient plus d’horizon. […] Le monde a payé cher la douteuse espérance D’un meilleur avenir ; Tel mourut Pélias, étouffé par tendresse Dans les vapeurs du bain dont la magique ivresse Le devait rajeunir. […] Dénué de tout sentiment jaloux, il avait ses idées très-arrêtées en poésie française et très-négatives sur l’avenir. […] La tromper en lui retraçant des souvenirs, c’est lui préparer des erreurs pour l’avenir.

1094. (1936) Histoire de la littérature française de 1789 à nos jours pp. -564

Ces deux livres de proscrits jetés l’un vers le passé, l’autre vers l’avenir, par la tempête contemporaine, suffiraient à sauver l’honneur de la littérature révolutionnaire. […] Et hors de France, il y aura un roman de l’émigration : le genre de l’avenir a passé la frontière, avec le meilleur de la littérature. […] René, qui créait en France le court roman autobiographique, à prénom, était tourné, comme le genre du roman lui-même, vers l’avenir. […] Mme de Staël affirme le progrès, — la supériorité des modernes — la venue et l’avenir d’une grande littérature nouvelle. […] Quand Zola fait dans Travail une revue des grands utopistes, des constructeurs de l’avenir, c’est devant Fourier qu’il s’arrête avec le plus de sympathie, c’est en somme en faveur de Fourier que conclut le bourgeois naturaliste.

1095. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « M. FAURIEL. —  première partie  » pp. 126-268

Ceux même qui revenaient au passé y tendaient par des sentiers imprévus, s’y lançaient avec feu, avec éclairs, et comme on irait à la conquête de l’avenir. […] J’ai besoin d’en appeler à l’avenir contre le présent, et, surtout à une époque où toutes les pensées qui sont recueillies dans les têtes éclairées n’osent en sortir, je répugne à croire que, le moule étant brisé, tout ce qu’il contient serait détruit. […] Continuez toutefois d’omettre la Violette pour l’avenir ; ce n’était naturellement qu’un badinage de ma part de vous donner cette adresse, une mauvaise plaisanterie, si vous voulez, en pensant à Villette 64, d’où je m’imaginais que vous pourriez de temps en temps dater vos lettres. […] Fauriel, malgré les fréquentes discussions qu’il soutint à ce sujet avec ses amis, ne se laissa jamais entamer à leurs théories plus ou moins spécieuses ; il était et demeura foncièrement antigermanique, en ce sens qu’il n’admit jamais que ces violentes et brutales invasions fussent bonnes à quelque chose, même pour l’avenir éloigné d’une renaissance. […] Le seul Dagobert, parmi les rois mérovingiens, lui paraît faire preuve de quelque instinct de civilisation et aspirer avec quelque suite à fonder l’unité ; mais la race mérovingienne est à bout et ne mérite plus l’avenir.

1096. (1925) Feux tournants. Nouveaux portraits contemporains

La richesse bousculait Barrès ; il était trop pressé, trop impatient de l’avenir, semblait-il, pour grouper ses écrits anciens, pour en faire des volumes. […] D’une critique sérieuse du passé, Alfred Fabre-Luce exigeait ainsi des suggestions favorables à l’avenir. […] La Victoire nous donne seulement, pendant un temps bref, l’ascendant, le pouvoir d’anticiper l’avenir, écrit-il, et de façonner l’Europe selon ses aspirations profondes. […] Néanmoins, plus que Fontanes, dont il a sur l’avenir un peu des idées négatives, M.  […] Cela n’est point sans nous donner confiance pour l’avenir.

1097. (1925) Portraits et souvenirs

C’est le bruit le plus vrai que Laclos ait laissé dans la mémoire des hommes, et l’avenir continuera toujours d’entendre le froissement d’acier que font, aux dernières pages des Liaisons, les épées, liées elles aussi, en leur rencontre mortelle, du Chevalier Danceny et du Vicomte de Valmont. […] En aidant de jeunes intelligences à se débrouiller, à se former, à s’éclairer, ce n’est pas seulement une tâche vénale dont il s’acquitte, mais une œuvre indispensable et fécondé à laquelle il participe, celle de préparer l’avenir national et de collaborer aux destinées de la race. […] C’est là, maintenant, qu’elle promène ses tendres désillusions, qu’elle réfléchit au passé, qu’elle accepte le présent et l’avenir. […] Il se prend souvent à des considérations momentanées qui vaudront peu dans le classement définitif qu’opérera l’avenir. […] Ainsi, dans le Bel Avenir, qui est un de ses romans dont le sujet eût prêté le mieux peut-être à un comique un peu plus marqué, souvenez-vous avec quel tact et quelle mesure il a mis en scène l’amusante rivalité des deux mères et l’opposition de caractères des deux jeunes gens, et comme il en a maintenu spirituellement et joliment le ton de malicieuse comédie.

1098. (1911) Études pp. 9-261

Mais Pelléas est d’un certain idéal la réalisation trop parfaite, pour avoir à craindre la réaction de l’avenir. […] Tant d’incertitude, une âme si diverse, cet air de prêter toujours audience à l’avenir, c’en est assez pour expliquer l’hésitation de la louange et cette secrète rancune que beaucoup nourrissent à l’endroit d’André Gide. […] Gide, au moment où il l’écrit, vient de découvrir d’immenses richesses qu’il ne soupçonnait pas ; par son émerveillement il est distrait ; il pense avec tant de plaisir à tout ce qu’il va pouvoir faire qu’il ne se donne pas entier à sa tâche ; il est partagé entre elle et l’avenir ; et ce qu’il refuse de lui-même à l’œuvre présente, c’est le passé, ce sont des habitudes qui tout naturellement viennent y suppléer. […] Nous avons prétendu non pas lui retirer l’avenir, mais seulement décrire jusqu’ici sa continuité. […] Et la promesse qu’ils donnent pareillement s’est amplifiée ; plus que jamais ils me demandent d’attendre ; ils éloignent toute limite, ils s’effacent devant l’avenir en regardant vers lui.

1099. (1888) Études sur le XIXe siècle

Burne Jones se destinait à la théologie, mais Rossetti, à qui il avait communiqué quelques esquisses, ne résista pas au plaisir de l’engager parmi ses prosélytes et le décida à changer ses projets d’avenir. […] Elle s’était figurée les batailles comme un jeu, les peines de la vie de camp comme un passe-temps : aussi quoi qu’il pût arriver, l’avenir nous souriait, et plus sauvages se présentaient les vastes déserts américains, plus séduisants et plus beaux ils nous apparaissaient… » Rien de plus charmant et de plus noble à la fois que ce roman d’amour dans les pampas, parmi les hasards de la vie de partisan. […] Cet homme, qui a abjuré sa patrie, qui ne sera jamais plus rien pour nous, aurait pu, dans un avenir plus ou moins éloigné, jouer un rôle immense dans les destinées de son pays et aurait pu aspirer à guider ses compatriotes dans les voies nouvelles que la civilisation fraye tous les jours, au lieu d’avoir à régenter des écoliers indociles. […] Et les années passent sans que son avenir s’éclaire. […] À cet égard, mes opinions se sont fort modifiées, et j’avoue que je suis infiniment moins disposé à sacrifier le présent aux chances incertaines de l’avenir.

1100. (1890) Derniers essais de littérature et d’esthétique

« Le tablier de cuir est le drapeau de l’avenir » s’écria le conférencier, qui ôta son habit et ceignit son tablier. […] Le relieur de l’avenir devra être un homme éduqué qui apprécie la littérature et a de la liberté pour sa fantaisie et du loisir pour sa pensée. […] Elle se ferme demain, mais elle n’est que la première d’un grand nombre d’autres, dans l’avenir. […] Mais Walt Whitman n’est jamais mieux dans son élément que quand il analyse lui-même son œuvre et fait des plans pour la poésie de l’avenir. […] Les considérations sur l’avenir commercial de Terre-Neuve paraissent n’en pas finir.

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