/ 2983
1625. (1825) Racine et Shaskpeare, n° II pp. -103

Je ne vois réellement que Corinne qui ait acquis une gloire impérissable sans se modeler sur les anciens ; mais une exception, comme vous savez, confirme une règle. […] Mais ce que les anciens ont de beau et de bon n’est-il pas de tous les temps ? […] C’est au moment où elle tombe enfin sous les coups tardifs que lui porte le bon sens, que l’ancien poète court un vrai danger. […] Depuis que la mort de cet homme amusant faillit tuer leur journal, ce corps d’anciens critiques a été soutenu par le talent vivant de M.  […] Cette vénération savait cependant qu’il y avait une littérature ancienne, elle attendait des jouissances des pièces de Racine et de Voltaire.

1626. (1908) Après le naturalisme

Et quant aux Idées anciennes, il nous sera permis de douter de leur valeur absolue. […] Le capital industriel a remplacé la naissance privilégiée ou plutôt s’y est allié et tous deux constituent une féodalité plus implacable encore que l’ancienne. […] La nouvelle vérité triomphatrice voit accourir à elle tous les anciens adorateurs de la foi abandonnée. […] C’étaient là des coups plus ou moins retentissants qui commençaient à ébranler les arches anciennes du monde. […] Les anciennes formules littéraires ne peuvent plus valoir rien pour nous.

1627. (1881) La parole intérieure. Essai de psychologie descriptive « Chapitre VI. La parole intérieure et la pensée. — Second problème leurs différences aux points de vue de l’essence et de l’intensité »

Vraisemblablement, tous les noms aujourd’hui conventionnels sont d’anciennes métaphores, et toutes les métaphores sont d’anciennes onomatopées. […] D’ordinaire, pour apercevoir un certain nombre des images diverses dont le mélange intime constitue l’idée, il faut isoler un mot et le retenir longtemps sous le regard de l’attention ; l’attention, comme certains réactifs chimiques, a le pouvoir de revivifier les traces évanouies des anciennes idées particulières ; mais, en même temps, elle éveille nos facultés d’invention, et nous risquons ainsi de faire de notre idée une analyse fantaisiste, en substituant à notre insu des imaginations à des souvenirs, en confondant le vraisemblable et l’authentique. […] Mais, dira-t-on, au moment où l’idée est remémorée, elle n’est pas, comme le souvenir d’une sensation, l’écho affaibli d’un état fort, puisque déjà auparavant elle était un état faible ; son intensité est, au contraire, renforcée, puisque, cette fois, nous lui donnons notre attention ; or ne disions-nous pas, il y a peu d’instants, qu’une remémoration attentive fait revivre les anciennes images particulières dont la répétition avait affaibli les traits distinctifs ? […] Et ce qui prouve bien que les éléments de l’idée dégagés par la puissance évocatrice de l’attention ne sont pas reconnus, c’est que, en opérant l’analyse de l’idée, nous ne saurions distinguer la part du souvenir et celle de l’imagination, les éléments anciens qui ont servi à la construire, mais que l’habitude a effacés, et les éléments nouveaux, inventés au moment même, seulement vraisemblables, qui n’ont avec elle qu’un rapport logique et non psychologique. […] J’ai observé des lapsus memoriæ qui n’ont pas d’autre explication ; voici leur formule générale : un jour j’éprouve un état A, assez fort ; quelques jours plus tard, un état a, analogue à A et très faible ; à quelque temps de là, je me trouve de nouveau en présence de l’objet a, et, tout d’abord, je le méconnais, car je me dis : « C’est A » ; puis une circonstance quelconque me révèle mon erreur ; — l’état a avait donc été trop faible pour être ensuite bien reconnu ; sans doute il l’a été : je l’ai jugé ancien en même temps que présent ; mais ce jugement, en se déterminant, s’égarait sur un état analogue à a, plus ancien pourtant et, par suite, plus effacé par l’oubli, mais que sa vivacité primitive prédisposait à être reconnu en toute circonstance.

1628. (1714) Discours sur Homère pp. 1-137

Cette modération a presque toujours manqué dans la dispute sur les anciens en général, et en particulier sur Homere. […] Les dernieres armes des apologistes des anciens, c’est la différence du goût des tems. […] Mais on a deux poids et deux mesures pour les anciens et pour les modernes : on condamne franchement Quinault, parce qu’il est de notre siécle ; et le préjugé de l’antiquité fait qu’on n’ose sentir la faute d’Homere. […] Cependant Nestor, regrettant la vigueur de sa jeunesse, s’abandonne à lui conter ses anciens exploits contre les éléens. […] Il faut donc se garder d’en rassassier les lecteurs ; et la prudence veut au contraire, que les poëtes françois réduisent le poëme à des bornes plus étroites que ne faisoient les anciens, qu’ils le distribuent même en livres plus courts, afin de ménager plus souvent à l’attention, le repos dont elle a besoin, pour mieux goûter nos vers.

1629. (1925) Portraits et souvenirs

De là, on domine l’étrange et capricieuse rue Berton, qui monte du quai à la crête de Passy et, avant d’y arriver par des zigzags rocailleux, passe devant l’ancienne maison de santé du docteur Blanche. […] Il se sentait à l’aise dans ce décor d’ancienne France, comme il se plaisait dans l’antique logis de l’Arsenal. […] Cette petite enquête auprès des anciens élèves du maître nous a valu plusieurs lettres intéressantes dont l’une, signée de M.  […] Joseph Caillaux, ancien président du Conseil. […] A cette époque, son père, ancien capitaine au régiment de Royal-Dragon, retiré du service, vivait dans une petite gentilhommière qu’il possédait en Thiérache, près du bourg de Vigneux.

1630. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « [« Pages extraites d’un cahier de notes et anecdotes »] » pp. 439-440

Elle aimait à parler des années anciennes et à initier ceux qu’elle appelait ses jeunes amis aux confidences d’autrefois : « C’est une manière, disait-elle, de mettre du passé dans l’amitié. » C’est donc elle qui parle autant et plus que moi dans ce que je vais dire : « La première passion de Mme de Staël, à son entrée dans le monde, a été pour M. de Narbonne qui s’est très mal conduit avec elle, comme font trop souvent les hommes après le succès.

1631. (1874) Premiers lundis. Tome II « Sextus. Par Madame H. Allart. »

L’héroïne du roman, Française de vingt-quatre ans, blonde au visage noble et animé, qui a quelque chose d’élégant, de modeste et de naturel dans toute sa personne, d’un abord parfois sévère, mais qui s’adoucit avec de la grâce et de la cordialité, telle enfin qu’on croit sentir en elle une âme à la fois aimable et forte, capable de grandes choses, mais sensible aux petites ; Thérèse de Longueville, au milieu des hommages dont elle est l’objet, et auxquels elle reste assez indifférente, ne tarde pas à distinguer Sextus, à le craindre d’abord (car d’anciens chagrins l’ont rendue prudente), puis à désirer de le revoir et de lui plaire.

1632. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — L — Louÿs, Pierre (1870-1925) »

Pierre Louÿs lui-même, en guise d’avant-propos aux Lectures antiques, que depuis quelque temps il publie régulièrement dans le Mercure de France, nous a conté qu’un savant professeur de faculté, ancien élève de l’École d’Athènes, et à qui il avait envoyé son ouvrage, lui répondit qu’il avait, avant lui, lu l’œuvre de Bilitis.

1633. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — N — Nodier, Charles (1780-1844) »

. — Voyages pittoresques et romantiques dans l’ancienne France (1820). — Smana ou les Démons de la nuit (1821). — Bertram ou le Château de Saint — Aldobrand (1821). — Trilby ou le Lutin d’Argail (1822). — Mélanges tirés d’une petite bibliothèque (1829). — Histoire du roi de Bohême et de ses sept châteaux (1830). — La Fée aux miettes, roman imaginaire (1832). — Mademoiselle de Marsan (1832). — Souvenirs de jeunesse (1839). — La Neuvaine de la Chandeleur ; Lydie (1839). — Trésor des fèves et fleur des pois ; le Génie bonhomme ; Histoire du chien de Brisquet (1844).

1634. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — D. — article » pp. 120-124

Ses Observations en général nous ont paru très-judicieuses, mais un peu trop séveres ; car si, comme il le dit lui-même dans un Ouvrage qu’il a donné depuis, les anciens Poëtes ne sauroient jamais être traduits que très-difficilement & toujours très-imparfaitement, on doit avoir de l’indulgence pour un Traducteur qui a su faire passer dans notre langue une partie des beautés de son original.

1635. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — R. — article » pp. 94-98

Nourri de la lecture des Anciens, dont il paroît s'être pénétré ; appuyé sur les principes invariables de la nature, qui sont ceux du vrai & du beau ; toujours armé du flambeau de la raison, l'Auteur parcourt d'un pas noble & ferme les différens âges du Génie Littéraire de la France, découvre les causes qui l'ont retenu long-temps captif dans les chaînes de l'ignorance & du mauvais goût, & nous montre par quels secours il en a triomphé.

1636. (1893) Thème à variations. Notes sur un art futur (L’Académie française) pp. 10-13

— La plastique les extasie ; ils se trouvent habiles à farder d’emphase de fragiles opinions, d’enfantins refrains très anciens.

1637. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome II « Bibliotheque d’un homme de goût — Chapitre XI. Des Livres sur la Politique & le Droit Public. » pp. 315-319

Les auteurs précédens abondent plus en passages qu’en réfléxions ; en voici un qui pense trop par lui-même pour avoir besoin de compiler ce que les anciens & les modernes ont pensé.

1638. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre troisième. Découverte du véritable Homère — Chapitre IV. Pourquoi le génie d’Homère dans la poésie héroïque ne peut jamais être égalé. Observations sur la comédie et la tragédie » pp. 264-267

L’ancienne comédie prenait des sujets véritables pour les mettre sur la scène, tels qu’ils étaient ; ainsi ce misérable Aristophane joua Socrate sur le théâtre, et prépara la ruine du plus vertueux des Grecs.

1639. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre II. La Renaissance. — Chapitre I. La Renaissance païenne. » pp. 239-403

Autour d’eux, André Borde, John Bale, John Heywood, Skelton lui-même renouvellent la platitude de la vieille poésie et la rudesse de l’ancien style. […] Il a des concetti, des mots faux ; il emploie des tours usés ; il raconte comment Nature, après avoir fait sa dame, a brisé le moule ; il fait manœuvrer Cupidon et Vénus ; il manie les vieilles machines des troubadours et des anciens en homme ingénieux qui veut passer pour galant. […] Il entre de plain-pied dans les plus étranges songes des anciens conteurs, sans étonnement, comme un homme qui de lui-même en trouve encore de plus étranges. […] En effet, Cowley est un écrivain, le plus ancien de tous ceux qui en Angleterre méritent ce nom. […] En musique, métaphysique, philosophie naturelle et morale, philologie, politique, chronologie, dans les généalogies, dans le blason, etc. : il y a de grands volumes ou ces traités des anciens, etc.

1640. (1914) Une année de critique

Mais elle compte bien faire profiter sa condition présente de la curiosité qui s’attachait à l’ancienne. […] Je sais bien que c’est là une opinion très répandue, et que les anciens du « boulevard » la propagent à envi ; mais ils sont orfèvres. […] Seulement, tout le physique de l’amour est complètement étranger à l’ancien ami de Mme de Warens, au rival de Claude Anet. […] Je doute que la logique pût justifier cet amour ; cette haine, en tout cas, était née, non de la réflexion, mais d’une rancune ancienne. […] Pour les ennemis de l’ancien régime, qui seraient tentés d’approuver le jeu de massacre auquel se livre M. 

1641. (1894) Critique de combat

France a voulu sans doute nous fournir ainsi l’occasion, toujours bienvenue, de nous remémorer d’anciennes connaissances. […] Nos couturiers ont imité les couturières d’alors qui imitaient les anciens. […] Je sais quelqu’un, un ancien officier, qui l’a conçu et exprimé comme M.  […] Montesquieu est à la fois « un ancien, un homme de son temps, un homme du nôtre, un homme des temps à venir ». […] Le culte de Montesquieu pour les anciens n’est qu’un cas particulier d’un mouvement général des esprits.

1642. (1895) Nouveaux essais sur la littérature contemporaine

Il continuait de solliciter les faveurs du Directoire, comme autrefois il avait fait celles de l’ancien régime. […] Spuller, au contraire, voit d’année en année Lamennais s’affranchir des anciennes contraintes. […] Biré que l’histoire de notre ancien régime en est pleine, et qu’un Alberoni, qu’un Dubois, qu’un Mazarin en sont peut-être des exemples assez fameux ? […] Renan que d’avoir voulu substituer à l’ancienne une nouvelle image de personne de Jésus. […] C’est la pluralité des races qui est ancienne.

1643. (1896) Impressions de théâtre. Neuvième série

Au surplus, Euripide est depuis longtemps, entre tous les Grecs anciens, celui que j’aime le mieux. […] L’âme même de l’ancien Palais-Royal, du Palais-Royal de la grande époque, parlait par sa bouche. […] À l’aide, ô souvenirs guerriers des anciens jours ! […] Au Figaro : Concert d’instruments anciens. […] Pauvre ancienne patrie, jetée bas d’un seul coup, épuisée de gloire !

1644. (1898) Impressions de théâtre. Dixième série

Il y a, dans la Carrière, une petite femme de drogman, ancienne actrice, qui est l’amie de tout le monde, ou à peu près. […] Ce qu’on redoute dans l’ancien mariage indissoluble, c’est l’engagement pour la vie, et c’est finalement le sacrifice. […] De tous les critiques de l’ancienne école, c’est à coup sûr Geoffroy qui a le mieux parlé de notre théâtre classique. […] Il faut se dépouiller de toute affection nationale, il faut oublier son pays si l’on veut goûter et juger les auteurs étrangers, anciens et modernes. […] etc. » Un peu après, il regrette son ancien rôle, car c’est par lui qu’il fut quelque chose, et, depuis qu’il y a renoncé, il sent son néant.

1645. (1890) Le réalisme et le naturalisme dans la littérature et dans l’art pp. -399

Il fut, lisez les anciens comme chez les modernes, un temps où cet équilibre n’existait pas encore, un temps où il n’existait plus. […] La Renaissance en effet n’est, au premier moment, qu’une résurrection des anciens. […] À force de vivre avec les anciens, ils se pénétrèrent de leur esprit, ils se laissèrent infuser par eux l’amour de la vie naturelle. […] les Anciens ! […] Les anciens ont des bâtons en corne de narval et des diadèmes, et, quand ils s’asseyent au conseil, ils mettent « par-dessus leur tête la queue de leur robe ».

/ 2983