Madame Elie de Beaumont est femme du célebre Avocat de ce nom, connu par son zele & ses Mémoires dans l’affaire des Calas.
Avec du talent pour les affaires, le Président Jeannin eut le temps d’observer.
Dans les huit volumes de Mémoires qu'il a laissés sur différentes affaires, tout annonce le grand Magistrat, le Jurisconsulte éclairé, le bon Citoyen.
Le gouvernement de l’empereur10 n’est pas de ceux qui craignent d’avoir affaire à la démocratie, sous quelque forme qu’elle se présente, parce que ce gouvernement a la puissance et le secret de l’élever et de l’organiser. […] On nous apprend à aimer le beau, l’agréable, à avoir de la gentillesse en vers latins, en compositions latines et françaises, à priser avant tout le style, le talent, l’esprit frappé en médailles, en beaux mots, ou jaillissant en traits vifs, la passion s’épanchant du cœur en accents brûlants ou se retraçant en de nobles peintures ; et l’on veut qu’au sortir de ce régime excitant, après des succès flatteurs pour l’amour-propre et qui nous ont mis en vue entre tous nos condisciples, après nous être longtemps nourris de la fleur des choses, nous allions, du jour au lendemain, renoncer à ces charmants exercices et nous confiner à des titres de Code, à des dossiers, à des discussions d’intérêt ou d’affaires, ou nous livrer à de longues études anatomiques, à l’autopsie cadavérique ou à l’autopsie physiologique (comme l’appelle l’illustre Claude Bernard) !
Quoi qu’il fût très agréable en conversation lorsque les gens lui plaisaient, il ne parlait guère en compagnie, à moins qu’il ne se trouvât avec des personnes pour qui il eût une estime particulière : cela faisait dire à ceux qui ne le connaissaient pas qu’il était rêveur et mélancolique ; mais s’il parlait peu, il parlait juste, et d’ailleurs il observait les manières et les mœurs de tout le monde ; il trouvait moyen ensuite d’en faire des applications admirables dans ses Comédies, où l’on peut dire qu’il a joué tout le monde, puisqu’il s’y est joué le premier en plusieurs endroits sur des affaires de sa famille, et qui regardaient ce qui se passait dans son domestique. […] Ce qui était cause de cette inégalité dans ses ouvrages, dont quelques-uns semblent négligés en comparaison des autres, c’est qu’il était obligé d’assujettir son génie à des sujets qu’on lui prescrivait, et de travailler avec une très grande précipitation, soit par les Ordres du Roi, soit par la nécessité des affaires de la Troupe, sans que son travail le détournât de l’extrême application, et des études particulières qu’il faisait sur tous les grands rôles qu’il se donnait dans ses Pièces.
Grandes, petites circonstances, affaires publiques, affaires domestiques, en tout il dispose ouvertement ou clandestinement des esprits, selon sa pusillanimité ou son audace.
Mais quand tous les chefs de gouvernements pourront se parler de bouche à oreille, de tous les cabinets et de tous les coins du globe, pas de doute qu’ils ne fassent eux-mêmes leurs affaires et qu’ils ne suppriment ces intermédiaires d’envoyés et d’ambassadeurs, d’un faste si grand et si coûteux pour ce qu’ils ont d’utile ! […] L’autre, moins passionné, moins grand, moins à bout de tout, ne donna que celle des affaires publiques.
Il est à son affaire, et son affaire, c’est l’homme : la sagesse de l’homme, l’amour de l’homme, le droit de l’homme !
L’affaire se serait-elle arrangée ? […] V C’est que le poète, je l’ai dit, est la grande affaire, la grande réalité dont on doive se préoccuper quand il s’agit de Henri Heine, tellement poète qu’il emporte tout dans le tourbillon de sa création ou de son expression poétique.
De cette plume rompue au style des affaires, de cette plume à la Vergennes, fine et limpide, Feuillet de Conches écrit un livre de féerie. […] Nous avons donc eu dans ces Contes, au prix d’un plaisir, deux leçons : la leçon morale que doit aux enfants tout conteur, et qui est le pain de la confiture, disait Bernardin de Saint-Pierre, et la leçon de langue que le conteur ne devait pas et qu’il nous a donnée, sans avoir l’air d’y toucher, — la seule chose, cette finesse (j’aurai la brutalité de le dire en finissant), qui sente la diplomatie et qui nous rappelle à quel diplomate nous avions affaire, puisque, dans tout ce carnaval de contes d’enfant et de grand-père, il s’est si parfaitement et si délicieusement déguisé.
La beauté du climat, en développant leur imagination, leur donnait un caractère enthousiaste et sensible ; la liberté élevait leurs âmes ; l’égalité des citoyens leur faisait mettre un grand prix à l’opinion de tous les citoyens ; la loi, en permettant à chacun d’aspirer aux charges, et de décider des affaires de l’État, leur défendait de se mépriser eux-mêmes ; les arts vils, abandonnés à des mains esclaves, les empêchaient de se flétrir sous les travaux ; les exercices et les jeux les donnaient continuellement en spectacle les uns aux autres ; la multitude des petits États établissait des rivalités d’honneur entre les peuples ; enfin, les grands intérêts et les victoires leur donnaient ce sentiment d’élévation qui aspire à la renommée. […] Platon, qui ne se mêla jamais des affaires publiques, ne parut point dans Athènes au rang des orateurs ; mais dans cet éloge funèbre, composé en l’honneur des guerriers, il voulut disputer le mérite de l’éloquence à Périclès, comme dans ses autres ouvrages il lutte avec Pythagore pour la philosophie, avec Lycurgue et Solon pour la politique, avec Homère pour l’imagination ; souvent sublime, et presque toujours poète, orateur, philosophe et législateur.
Ce désintéressement d’ambition est un défaut selon le monde, qui le regarde comme une faiblesse de la volonté ; en réalité c’est une force de la raison ; cette abnégation personnelle laisse le sang-froid au cœur dans les affaires publiques, et par là même elle donne plus de lumière à l’esprit. […] Ma retraite des affaires pour toujours est devenue dans ma tête une idée fixe ; je la porte dans le monde et à la promenade. […] Les affaires extérieures suivront leur cours. […] Cependant je n’ai pas trop mal arrangé ici les affaires du roi, et j’ai envoyé sur la guerre d’Orient un Mémoire de quelque importance ; j’ai de plus entre les mains une dépêche faite et assez curieuse, pour laquelle j’attends un courrier. […] Mais il avait heureusement affaire à un cœur de femme qui ne se lassait pas de supporter ses tristesses.
Je n’y ai pas été trompé en 1856, en lisant cette intervention irrégulière permise au Piémont dans les affaires intérieures du pape, du roi de Naples et des autres puissances italiennes. […] Le prince don Neri Corsini, son élève et son émule, lui succéda à la tête des affaires. […] L’avenir jugera ce procédé diplomatique dont Machiavel lui-même eût été étonné : un ambassadeur s’immisçant, à l’abri du droit des gens, dans les affaires du prince auprès de qui il représente l’alliance et l’amitié de son maître ; et cet ambassadeur remplaçant, le soir même de la révolution, le souverain qu’il a éconduit du trône, du palais et du pays ! […] Rien ne viendra de nous, ni conseils, ni garantie, ni intervention prématurée dans vos affaires ; à vous seuls votre responsabilité. […] « Quant au reste de l’Italie, si nous intervenons une fois légitimement dans ses affaires, nous n’interviendrons que pour la couvrir contre toute intervention étrangère ; nous ne la laisserons absorber ni par l’Autriche ni par vous-même ; nous n’exproprierons pas (p. 409) une ou plusieurs des glorieuses nationalités plus italiennes que vous qui composent la péninsule.
Grâce à cette étude approfondie de sa vie et grâce à sa correspondance, nous le connaissons comme s’il eût été un de nos collègues dans les affaires publiques ou un de nos amis dans la vie privée. […] Poète, philosophe, citoyen, magistrat, consul, administrateur de provinces, modérateur de la république, idole et victime du peuple, théologien, jurisconsulte, orateur suprême, honnête homme surtout, il eut de plus le rare bonheur d’employer tous ces dons divers, tantôt à l’amélioration, au délassement et aux délices de son âme dans la solitude, tantôt au perfectionnement des arts de la parole par l’étude, tantôt au maniement du peuple, tantôt aux affaires publiques de sa patrie, qui étaient alors les affaires de l’univers, et d’appliquer ainsi ses dons, ses talents, son courage et ses vertus au bien de son pays, de l’humanité, et au culte de la Divinité, à mesure qu’il perfectionnait ces dons pour lui-même ! […] Le grand-père et les oncles de Cicéron s’étaient distingués déjà par l’aptitude aux affaires et par quelques symptômes inattendus d’éloquence dans des députations envoyées par leur ville à Rome pour y soutenir de graves intérêts. […] Il acheta une maison plus rapprochée du centre des affaires que sa maison paternelle, située dans un quartier d’oisifs. […] Parvenu à l’âge de quarante et un ans, possesseur par ses héritages personnels et par la dot de Térentia, sa femme, d’une fortune qui ne fut jamais splendide (car il ne plaida jamais que gratuitement, pour la justice ou pour la gloire, jugeant que la parole était de trop haut prix pour être vendue) ; lié d’amitié avec les plus grands, les plus lettrés et les plus vertueux citoyens de la république, Hortensius, Caton, Brutus, Atticus, Pompée ; père d’un fils dans lequel il espérait revivre, d’une fille qu’il adorait comme la divinité de son amour ; n’employant son superflu qu’à l’acquisition de livres rares, que son ami, le riche et savant Atticus, lui envoyait d’Athènes ; distribuant son temps, entre les affaires publiques de Rome et ses loisirs d’été dans ses maisons de campagne à Arpinum, dans les montagnes de ses pères ; à Cumes, sur le bord de la mer de Naples ; à Tusculum, au pied des collines d’Albe, séjour caché et délicieux ; mesurant ses heures dans ces retraites comme un avare mesure son or ; donnant les unes à l’éloquence, les autres à la poésie, celles-ci à la philosophie, celles-là à l’entretien avec ses amis ou à ses correspondances, quelques-unes à la promenade sous les arbres qu’il avait plantés et parmi les statues qu’il avait recueillies, d’autres au repas, peu au sommeil ; n’en perdant aucune pour le travail, le plaisir d’esprit, la santé ; se couchant avec le soleil, se levant avant l’aurore pour recueillir sa pensée avant le bruit du jour dans toute sa force, sa santé se rétablissait, son corps reprenait l’apparence de la vigueur, sa voix ces accents mâles et cette vibration nerveuse que Démosthène faisait lutter avec le bruit des vagues de la mer, et plus nécessaires aux hommes qui doivent lutter avec les tumultes des multitudes.
Le roi de Suède, Gustave III, visitait alors l’Italie, et, bien qu’il voyageât sous le nom du comte de Haga, c’est-à-dire incognito, sans pompe, sans bruit, occupé seulement d’étudier les monuments et les musées, il se mêla cependant, comme tout le monde, des affaires de la comtesse d’Albany. […] Tâchez de terminer cette affaire le plus tôt possible. […] Mais ma joie ne fut pas de longue durée ; les choses allant de mal en pis, et chaque jour, dans cette Babylone, ôtant quelque chose au repos et à la sécurité de la veille, pour augmenter le doute et les sinistres présages qui menaçaient l’avenir, tous ceux qui ont affaire avec ces espèces de singes, et nous sommes malheureusement dans ce cas, mon amie et moi, doivent passer leur vie à craindre un dénouement qui ne peut tourner à bien. « Voilà donc plus d’une année que je regarde en silence et que j’observe le progrès des lamentables effets de la docte ignorance de ce peuple, qui a le don de savoir babiller sur toutes choses, mais qui ne peut en mener aucune à bonne fin, parce qu’il n’entend rien à la pratique des affaires et au maniement des hommes, ainsi que déjà l’avait finement remarqué et dit notre prophète politique, Machiavel. » — Les intérêts de mon amie, ajoute-t-il, me retiennent seuls à Paris. — Quels pouvaient être ces intérêts, si ce n’est de faire ratifier par M. […] Je voulus donc mettre ordre à mes affaires et me tenir prêt à tous événements.
Le châtiment inévitable du travers de Turcaret, c’est d’avoir affaire à des gens qui entendent bien lui reprendre une partie de ce qu’il a pris. […] On est médiocrement peiné qu’un homme qui eut du génie en tant de choses en ait manqué pour la comédie ; mais il est triste de voir Voltaire disputant à la Chaussée le prix dans un genre dont il se moque, et abandonné cette fois par son esprit qui ne voulut pas faire les affaires de son amour-propre. […] Aussi ne s’inquiète-t-on guère pour les gens qui ont affaire à Cléon. […] L’auteur qui produit pour la seconde fois sur la scène les mêmes personnages risque d’avoir affaire à ce genre de curiosité où se mêle le doute du succès, peut-être l’attente d’un échec. […] Pour moi, je reconnais encore le premier Alceste à l’ardeur dont le second laisse ses propres affaires pour suivre celles d’un inconnu, et risque de se ruiner pour tirer son ami de la ruine.
Des affaires, partout des affaires, rien que des affaires et jusqu’au cintre. […] Voir ces jours-ci (affaire Hachette) un jugement de cour royale qui contredit et discrédite complètement un jugement de première instance. […] 22 juillet Nous allons pour un voyage d’affaires à Breuvannes, à nos fermes des Gouttes… Breuvannes, la maison d’été de notre enfance, devenue une fabrique de limes et de tire-bouchons, toute pleine de cris et de grincements de machines ; les lucarnes du grenier, d’où mon père canonnait les polissons du village à coups de pommes, sont bouchées ; le mirabellier, toujours plein de guêpes et qui a fourni à tant et de si bonnes tartes, est remplacé par un appentis vitré ; et la chambre à four où le maître de danse apprenait des entrechats à l’aîné de nous deux, nous ne savons plus ce qui s’y fait. […] * * * — L’excès du travail produit un hébétement tout doux, une tension de la tête qui ne lui permet pas de s’occuper de rien de désagréable, une distraction incroyable des petites piqûres de la vie, un désintéressement de l’existence réelle, une indifférence des choses les plus sérieuses telle, que les lettres d’affaires très pressées, sont remisées dans un tiroir, sans les ouvrir.
. — Mme la Dauphine, mécontente de quelques sots procédés des comédiens, pria le roi de casser Baron et Raisin, les deux meilleurs comédiens de la troupe, l’un pour le sérieux et l’autre pour le comique. » Et, 3 novembre 1684 : « On choisit trois nouvelles comédiennes pour être mises dans la troupe du roi, et Mme la Dauphine leur fit une exhortation sur leur bonne conduite à l’avenir. » Une des affaires qu’il est le plus intéressant de suivre chez Dangeau, qui ne fait de rien des affaires, mais de simples nouvelles, c’est la révocation de l’Édit de Nantes et ses suites. […] On fait revenir les enfants à Paris, et ils seront élevés dans notre religion. » — « Samedi 26. — Le roi monta en calèche au sortir de la messe, et alla avec les dames voir voler ses oiseaux. » Ce vol des oiseaux, disons-le en passant, était une grande affaire et un des plaisirs ordinaires du roi.
Il doit cependant au commerce de son maître et ami, et à son propre sens, bien de bonnes pensées qu’il exprime heureusement : dès le début de son second livre, où il en vient à exposer les instructions et règles générales de sagesse, il remarque combien, telle qu’il l’entend et qu’il la conçoit, elle est chose rare dans le monde, et il le dit avec bien de la vivacité (je suppose que l’expression dans ce qui suit est de lui et non de Montaigne, car je n’ai pas tout vérifié, et l’on a toujours à prendre garde, quand on loue Charron, d’avoir affaire à Montaigne lui-même) : Chacun, dit-il donc, se sent de l’air qu’il haleine et où il vit, suit le train de vivre suivi de tous : comment voulez-vous qu’il s’en avise d’un autre ? […] Il ne s’agit pas de faire de son élève un clerc, et aussi, quand il sera dans le monde, il n’y fera point de pas de clerc : Venez à la pratique, prenez-moi un de ces savanteaux, menez-le-moi au conseil de ville, en une assemblée en laquelle l’on délibère des affaires d’État, ou de la police, ou de la ménagerie : vous ne vîtes jamais homme plus étonné : il pâlira, rougira, blêmira, toussera ; mais enfin il ne sait ce qu’il doit dire. […] Il répand une teinte si bienfaisante sur toutes les affaires de la vie !
Je mets cette parole à côté de celles que Henri IV écrirait au landgrave de Hesse, au moment des intrigues recommençantes du duc de Bouillon (octobre 1605) : Mon cousin, j’ai voulu décharger mon cœur avec vous de toutes ces choses, afin que vous sachiez que, si ces entreprises et offenses m’ont fait monter à cheval et ont à bon droit ému mon courroux, elles n’ont pourtant changé ni altéré mon naturel ni mon inclination, l’expérience que j’ai des choses du monde m’ayant appris d’être plus prudent que vindicatif en la direction des affaires publiques. […] Il m’a été comme ma conscience, et m’a dicté à l’oreille beaucoup de bonnes honnêtetés, et maximes excellentes pour ma conduite et pour le gouvernement des affaires. […] Je m’assure que vous ne serez des derniers à vous mettre de la partie ; il n’y manquera pas d’honneur à acquérir, et je sais votre façon de besogner en telle affaire.
Vous sentez tous les ménagements dont j’ai besoin dans celle affaire, et combien peu j’y dois paraître ; le moindre vent qu’on en aurait en Angleterre pourrait tout perdre. […] Pendant ce temps-là, on agissait également auprès du maréchal de Richelieu, alors général de l’armée française en Saxe, et, sans rien obtenir quant à l’ensemble des affaires, on parvenait personnellement, par des moyens indirects, à le ralentir. […] Vous savez que les affaires de l’Europe ne sont jamais longtemps dans la même assiette, et que c’est un devoir pour un homme tel que vous de se réserver aux événements.