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528. (1913) La Fontaine « VI. Ses petits poèmes  son théâtre. »

Cela consiste à rapprocher un événement petit et trivial d’un grand événement historique ou mythologique, de parler des petites choses en termes emphatiques. […] Les événements y sont juxtaposés sans y être enchaînés et engrenés d’une façon solide ; il en résulte un peu d’incohérence, et, peut-être même serait-ce votre impression, un peu de monotonie, dans le ton comique, dans le ton divertissant.

529. (1848) Études sur la littérature française au XIXe siècle. Tome III. Sainte-Beuve, Edgar Quinet, Michelet, etc.

. — Tous ces événements, il les écrit lui-même pendant son trajet d’Europe en Amérique, à un jeune ami qu’il veut prémunir contre les mêmes écueils où sa jeunesse a fait naufrage. […] L’histoire de cette conversion est vraie, j’aime à le croire ; peu importent les détails purement extérieurs, pourvu que tout soit vrai dans le récit des événements intérieurs et de ce qui les a immédiatement déterminés. […] Et n’est-il pas pour le moins aussi sûr de voir les événements du haut d’un fait que du haut d’une idée ? […] Port-Royal, non plus qu’aucun événement sérieux, ne peut se scinder. Ce serait une pauvre histoire de ce grand fait que celle qui n’irait pas tout droit au cœur de l’événement, à son centre, et ce centre est théologique.

530. (1920) Essais de psychologie contemporaine. Tome I

Il s’est trouvé que cet historien des événements lointains était aussi l’un des plus actuels d’entre nous, l’un de ceux qui, par suite, nous passent le plus près du cœur. […] Et c’est ainsi que Flaubert inventa le procédé d’art qui fit de l’apparition de Madame Bovary un événement littéraire d’une importance capitale. […] Il était demeuré l’homme d’un coin de terre, pour qui les plus petits événements ont leur importance. […] Taine n’admet une substance permanente et cachée qui soutienne les qualités et qui survive, identique et durable, aux événements accidentels et passagers. […] Un groupe d’événements une fois donné, la grande affaire du philosophe est de déterminer la loi générale qui les gouverne.

531. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre IV. L’âge moderne. — Chapitre I. Les idées et les œuvres. » pp. 234-333

Le moindre événement le met hors des gonds. […] Ne prenez ceux-ci que comme exemples ; il y en a une trentaine d’autres par derrière, et je crois que de tous les beaux paysages visibles ou imaginables, de tous les grands événements réels ou légendaires, sur tous les points du temps, aux quatre coins du monde, il n’en est pas un qui leur ait échappé. […] Ils l’envoient dans tous les recoins de la société civile et dans tous les événements de l’histoire privée à la recherche de documents et d’expédients pour apprendre de lui le moyen de remédier aux abus, de soulager les misères, de prévenir les tentations. […] La moitié de ses pièces sont enfantines, presque niaises1220 : des événements plats dans un style plat, nullité sur nullité, et par principe. […] Quand il a tenté de faire des personnages et des événements, dans la Reine Mab, dans Alastor, dans la Révolte de l’Islam, dans Prométhée, il n’a produit que des fantômes sans substance.

532. (1824) Ébauches d’une poétique dramatique « Conduite de l’action dramatique. » pp. 110-232

Une mort est à la vérité un événement important ; mais souvent il sert plus à la facilité du dénouement qu’à l’importance de l’action, et le péril de la mort n’y sert pas quelquefois davantage. […] Si le poète change les principales circonstances de l’action, que l’on suppose être un événement connu, son poème cesse d’être vraisemblable. […] Un des grands secrets pour piquer la curiosité, c’est de rendre l’événement incertain. […] Souvent le poète a besoin de renforcer un caractère, pour fonder un événement nécessaire à la constitution de son poème. […] Capables des mêmes passions et des mêmes transports, c’est pour nous-mêmes, c’est nous-mêmes que nous craignons à la vue de cet événement.

533. (1864) Le roman contemporain

L’éparpillement des volontés s’accroît, en effet, dans l’Assemblée à mesure qu’on approche des événements. […] Les uns espèrent, les autres craignent, tout le monde attend un événement. Cet événement, c’est le coup d’État du 2 décembre. […] C’est plutôt le reflet lointain d’anciens événements qu’un événement actuel qu’on trouve dans ces livres. […] Sentiments, idées, caractères, événements mêmes, tout est plus ou moins chimérique.

534. (1858) Cours familier de littérature. VI « XXXIe entretien. Vie et œuvres de Pétrarque » pp. 2-79

Ou je me trompe, ou il vous est survenu quelque fâcheux événement ? […] La rencontre qui décida de la vie et de l’immortalité du jeune poète est racontée par lui dans toutes ses circonstances d’année, de lieu, de jour et d’heure, comme un événement de l’histoire du monde. […] Cette adoration multipliait sous toutes les formes ses hommages : Laure était passée à l’état de divinité dans l’âme de son amant ; ce culte avait cependant l’onction, la dévotion, le mysticisme de tout autre culte ; il avait ses reliques et ses stations ; il consacrait la mémoire des jours où il était né, des événements qui le nourrissaient, et bientôt, hélas ! […] « Les uns font passer en revue devant moi les événements des siècles passés ; d’autres me dévoilent les secrets de la nature ; ceux-ci m’apprennent à bien vivre et à bien mourir ; ceux-là chassent l’ennui par leur gaieté, et m’amusent par leurs saillies ; il y en a qui disposent mon âme à tout souffrir, à ne rien désirer, et me font connaître à moi-même.

535. (1860) Cours familier de littérature. IX « LIIIe entretien. Littérature politique. Machiavel (2e partie) » pp. 321-414

X Ces trois événements, provoqués involontairement par le pape, avaient précédé de plusieurs mois la révolution de 1848 et l’avènement de la république à Paris. […] L’Europe, à la nouvelle des événements révolutionnaires de Naples, se rassembla en congrès à Laybach, pour délibérer la guerre ou la paix en Italie. […] XXXIV Cependant le duc de Génevois, son oncle, absent de Turin pendant ces événements, et devenu roi légitime par l’abdication de son frère, n’hésita pas plus que ce frère détrôné entre la couronne insurrectionnelle et le droit monarchique dont il se croyait responsable à sa maison, à son honneur et à l’Europe. […] Ici nous n’en sommes pas réduits à conjecturer ; nous pouvons affirmer avec certitude l’opinion de Machiavel sur les vrais intérêts de sa patrie, car ses opinions sur la nature de la constitution fédérale qui convient à l’Italie sont toutes écrites d’avance dans les considérations lumineuses et anticipées sur la nature des choses de son temps et des temps futurs ; la politique tout expérimentale de Machiavel n’était que de la logique à longue vue ; la logique est le prophète infaillible des événements à distance : le génie est presbyte.

536. (1864) Cours familier de littérature. XVIII « CVIe entretien. Balzac et ses œuvres (1re partie) » pp. 273-352

« La famille réagit tellement sur le caractère des enfants et exerce de si grandes influences sur leur sort, que quelques détails sur nos parents me paraissent ici nécessaires ; ils expliqueront d’ailleurs les premiers événements de la jeunesse de mon frère. » Mme de Surville parle ainsi de son père : « Mon père, né en Languedoc en 1746, était avocat au conseil sous Louis XVI. […] « Le plus grand événement de son enfance fut un voyage à Paris, où ma mère le conduisit, en 1804, pour le présenter à ses grands-parents. […] « Mon père ne céda pas, toutefois, aux désirs d’Honoré sans regrets ; des événements fâcheux les augmentaient encore. […] Rien n’est plus difficile que de percer le mystère des voyages de Balzac ; ce que j’en sais, je ne le sais que de lui-même, longtemps avant l’événement qui dénoua par un trop court mariage le nœud de sa vie.

537. (1867) Cours familier de littérature. XXIII « cxxxve entretien. Histoire d’un conscrit de 1813. Par Erckmann Chatrian »

Erckmann et Chatrian sont très-jeunes), c’est que ces jeunes gens, dis-je, aient pu avoir, à distance, une connaissance si vraie, si précise et si complète, et pour ainsi dire l’impression photographiée et toute vivante d’un souvenir personnel de ces événements. […] Chacun se reconnaît dans son image et l’intérêt qui s’attache à l’événement n’a aucun besoin de rien feindre pour être touché. […] Seulement, il faut que la simplicité des détails et la naïveté des récits forcent le lecteur à reconnaître qu’on ne le trompe pas et qu’il se dise : « Cela est si naturel que la nature ne se laisserait pas imiter à ce point ; cela est si vrai qu’aucun mensonge ne pourrait se glisser dans la sincérité de ces événements, ou dans les paroles de ces personnages. […] alors, je reprendrai la suite de ces événements, et je vous raconterai Waterloo !

538. (1888) Revue wagnérienne. Tome III « IX »

Le récit est identique à celui de l’Anneau du Nibelung tel que nous le connaissons aujourd’hui ; c’est-à-dire, la fable — ce qu’on nomme vulgairement l’action — du drame est la même ; c’est absolument la même série d’événements ». […] On voit que c’est strictement la même suite d’événements que dans le poème ultérieur. […] Mais à cette série d’événements extérieurs, d’aventures, est venu s’ajouter un nouveau drame, exclusivement intérieur, — le drame de Wotan. […] Mais les événements qui suivirent, sa fuite de Munich, la nouvelle impossibilité ce songer à une exécution d’une œuvre telle que le Ring, semblent avoir bientôt interrompu ce travail ; et pendant les deux aimées suivantes, 1866 et 1867, nous le voyons exclusivement occupé, dans son asile sur le lac de Lucerne, à terminer la partition des Maîtres Chanteurs, à laquelle il travaillait — avec interruptions — depuis 1862.

539. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « XVIII. J.-M. Audin. Œuvres complètes : Vies de Luther, de Calvin, de Léon X, d’Henri VIII, etc. » pp. 369-425

… D’ailleurs, dans l’existence si studieuse et si réglée d’Audin, les événements véritables et réellement importants étant les pensées, dire ces pensées et les juger sera continuer de raconter et de juger sa vie. III Lorsque l’exécution du 24 août 1572 eut été accomplie, le gouvernement de Charles IX fit frapper, en commémoration de ce terrible événement, une médaille qui représentait le roi, assis sur son trône, sceptre d’une main, épée de l’autre, avec cette légende : « Virtus in rebelles. » Au revers, étaient gravées les armoiries de France avec la devise de Charles : « Pietas justitiam excitavit. » Une autre médaille, qui fut aussi frappée à la même époque, portait l’effigie du monarque avec l’inscription : « Charles IX, vainqueur des rebelles », et sur le revers se dressait un Hercule. […] Michelet en France, ou Thomas Carlyle en Angleterre, un faiseur de discours, un brillant souteneur de thèses sur l’histoire ; il s’enchaîne fidèlement aux événements ; il respecte le tissu des faits ; il ne se donne pas des airs d’aigle qui plane ou s’élève dans un orgueilleux caprice. […] En 1848, la fortune d’Audin, gagnée à la sueur de son noble front, fut fortement endommagée par les événements politiques ; mais le chrétien sourit à une perte qui d’ailleurs ne fermait pas sa main à la charité.

540. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Le prince de Ligne. — II. (Fin.) » pp. 254-272

Le prince de Ligne y contribua ; il confesse tout ce manège, non pas dans ses lettres à la marquise de Coigny, écrites sur le moment et faites pour être vues, mais dans une relation écrite plus tard après l’événement, et qui peut se lire dans le XXIVe tome de ses Œuvres. […] Pourtant, quand la guerre éclate, quand la Turquie (elle le pouvait alors) se pique la première, et lorsqu’on apprend que l’ambassadeur russe a été mis aux Sept-Tours, Catherine, rentrée dans sa capitale, reçoit ces événements d’un air moins joyeux qu’elle ne les avait provoqués : elle redevient ce qu’elle était en réalité, une souveraine pour l’histoire bien plus que pour le roman, et ne songe plus qu’à se procurer le moins difficilement quelques résultats possibles et solides.

541. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Ramond, le peintre des Pyrénées — III. (Fin.) » pp. 479-496

Que d’événements se succéderaient, jusqu’à présent inconnus, inobservés, inouïs ! […] À la date où il entra dans le tourbillon des assemblées, il y avait longtemps déjà qu’il était trop tard pour tout individu prétendant à modérer ce que les événements seuls et les partis en masse décidaient et précipitaient.

542. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Le duc de Rohan — I » pp. 298-315

Ses mémoires, qui comprennent, à son point de vue, toute l’histoire de France depuis la mort de Henri IV jusqu’à la fin de la troisième guerre contre les réformés où succomba La Rochelle (1610-1629), se ressentent de la complication des événements et des embarras de l’auteur. […] C’est une entreprise bien difficile, pour ce que la perte des choses certaines et présentes qu’on voit et qu’on touche est préférable, parmi un peuple ignorant, aux choses dont les événements sont incertains et les utilités éloignées : et nul ne peut bien comprendre cette difficulté, qui ne l’a expérimentée au gouvernement des peuples.

543. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « La Margrave de Bareith Sa correspondance avec Frédéric — II » pp. 414-431

Les événements le pressent d’y consentir. […] Vous savez que les affaires de l’Europe ne sont jamais longtemps dans la même assiette, et que c’est un devoir pour un homme tel que vous de se réserver aux événements.

544. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Les Caractères de La Bruyère. Par M. Adrien Destailleur. »

Ce qui est certain, c’est que l’événement décisif de sa vie fut son entrée, son initiation à la maison de Condé. […] Après la publication de son livre, le Discours de réception de La Bruyère à l’Académie a été le grand événement de sa vie littéraire ; c’est le seul même qui soit arrivé jusqu’à nous dans un parfait éclaircissement.

545. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Correspondance de Béranger, recueillie par M. Paul Boiteau. »

Conçoit-on un éditeur, au contraire, qui intervient à tout propos à travers son auteur, parle en son propre nom durant des pages, exprime son opinion sur les événements et sur les personnes, prétend dicter à chacun le ton et donner la note sur ce qu’on peut juger aussi bien que lui ; qui déclare que la France, après s’être incarnéedans Napoléon, s’incarna une seconde fois dans Béranger, et que, depuis 1815 jusqu’en 1857, « la poésie de Béranger est Vessieu sur lequel tourne notre histoire : il a mû quarante ans nos destinées !  […] On peut lui dire à bout portant bien des choses flatteuses, exagérées, — qu’il a tout conseillé, qu’il a tout inspiré et tout fait, etc. ; il peut se les laisser dire et ne les repousser qu’en badinant ; mais, si on le serre de près, si les événements sont là qui parlent, qui se précipitent impérieux et déchaînés, il a le juste sentiment de son inutilité, et il se confesse de son peu de force d’action et de son peu d’envie d’en faire preuve, dès que l’application réelle commence.

546. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Mémoire de Foucault. Intendant sous Louis XIV »

Les abjurations ne se faisaient plus une à une ; des Corps et des Communautés entières se convertissaient par délibération et par des résultats de leurs assemblées, tant la crainte avait fait d’impression sur les esprits, ou plutôt, comme l’événement l’a bien fait voir, tant ils comptaient peu tenir ce qu’ils, promettaient avec tant de facilité !  […] Il fut témoin, en ces années d’intendance de Normandie, de deux événements sur lesquels son témoignage doit compter dans l’histoire.

547. (1920) La mêlée symboliste. II. 1890-1900 « La génération symboliste » pp. 34-56

Il ne faut pas oublier non plus qu’un événement tragique pèse sur la génération des poètes, symbolistes, qui n’a pas peu contribué à les démonter et à les rendre vulnérables : le désastre de 1870. […] Son enquête, publiée à Londres vers 1880, ramène l’attention sur la doctrine d’Allan Kardec, qu’un événement impressionnant va réhabiliter : l’apparition du livre de Crooke, la Force psychique.

548. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Éloges académiques de M. Pariset, publiés par M. Dubois (d’Amiens). (2 vol. — 1850.) » pp. 392-411

Les événements politiques qui remplissaient alors la France de joie et d’enthousiasme avaient jeté beaucoup de sombre sur la petite société d’Auteuil, qui représentait les hommes de la veille, les républicains probes et mécontents. […] Imitez-moi, mon ami ; vous m’avez vu dans les mêmes sollicitudes que vous ; mais, en y songeant bien, j’ai substitué le droit au fait, et je me suis convaincu que les événements actuels tiennent comme effets nécessaires à des causes nécessaires, et que, s’ils ont lieu, c’est qu’ils devaient arriver comme cela et non autrement.

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