S’il est heureux pour un moment, la création lui révélera son éternelle beauté, son éternelle sagesse ; mais n’exigez pas que demain confirme aujourd’hui, ni qu’aujourd’hui soit la conséquence apparente d’hier. […] Il est absolu, il est éternel, il est indestructible en tant que la loi de création et de renouvellement. […] C’est par lui, en effet, bien plus que par Jésus, que l’Église romaine a gouverné les esprits, c’est-à-dire par la personnification du mal absolu, menaçant l’homme d’une éternelle société avec lui et d’une torture éternelle sous ses lois. […] Si c’est une loi éternelle, comprenons-la, tout en la subissant. […] On ne s’habitue pas tout d’un coup à ces éternelles séparations, et, dans les premiers moments, on a plus besoin d’y songer que d’en parler.
C’est d’abord pour cette nécessité glorieuse d’accomplir leur destinée que les Poëtes écrivent, pour obéir à l’universelle loi de l’expansion naturelle, — aussi pour mériter la Vie éternelle. […] Comparaison juste : le domaine naturel de l’esprit humain, c’est la pensée pure et, quand il s’extravase jusqu’aux manifestations historiques, il semble dépasser ses limites éternelles, comme la mer à l’heure du flux. […] Bien des pages datent dans son grand ouvrage, et je sais des morceaux de René qui sont d’un délice éternel. […] — Le sens de l’Exception, le sens Spirituel (singulier) de la Beauté dans l’intensité et enfin le sens Lyrique de la Science, — voilà les trois plus glorieux titres de Poe à l’admiration éternelle. […] Et pourtant, malgré l’éternelle placidité souriante de leurs visages, ils ne sont pas heureux.
Une force éternelle a fait tout ce que tu vois, et le renouvelle sans cesse. […] Le principe de tout cela est éternel : qu’importe le reste ? […] Pour le découvrir, il ne faut pas chercher bien loin : elles existent de l’existence de l’esprit ; elles ne sont pas autre chose que les manières d’être de la raison éternelle. […] Ainsi Dieu et la nature, la raison éternelle et sa manifestation extérieure nous présentent les mêmes résultats que l’étude de l’humanité. […] À peine détachée du principe éternel des choses, ce n’est pas elle qui la frappe et la captive, mais le principe auquel elle tient encore.
Alors en effet on se plaisait à concevoir une sorte de drame à la fois réel et idéal, qui reproduirait avec étude et fidélité les mœurs et les personnages de l’histoire, y associerait les passions éternelles de la nature humaine, et ferait parler le tout d’un ton plus simple et plus sincèrement poétique à la fois qu’on n’avait osé jusqu’ici.
Les nations ne sont pas quelque chose d’éternel.
Il faut séparer la vie terrestre de la vie céleste de cette sainte : sur la terre, elle ne fut qu’une femme ; sa divinité ne commence qu’avec son bonheur dans les régions de la lumière éternelle.
Josué, Élie, Isaïe, Jérémie, Daniel, tous ces prophètes enfin qui vivent d’une éternelle vie, ne pourraient-ils pas faire entendre dans un poème leurs sublimes lamentations ?
Après avoir observé dans ce Livre comment les sociétés recommencent la même carrière, réfléchissons sur les nombreux rapprochements que nous présente cet ouvrage entre l’antiquité et les temps modernes, et nous y trouverons expliquée non plus l’histoire particulière et temporelle des lois et des faits des Romains ou des Grecs, mais l’histoire idéale des lois éternelles que suivent toutes les nations dans leurs commencements et leurs progrès, dans leur décadence et leur fin, et qu’elles suivraient toujours quand même (ce qui n’est point) des mondes infinis naîtraient successivement dans toute l’éternité.
Ces trois éléments d’opposition étaient, de 1826 à 1830, d’abord le bonapartisme de l’armée, force immense dans un peuple de soldats où cent mille légionnaires, généraux, officiers ou sous-officiers, licenciés ou aigris par les revers et par l’inaction, semaient dans toutes les villes et dans toutes les chaumières l’éternelle légende des exploits de leur César et l’éternelle complainte de leur propre déchéance. […] Voilà, selon nous, le secret de la popularité vivace, renaissante, éternelle en France de Béranger. […] Car il ne faut pas croire qu’il n’y eût un coin de scepticisme, de découragement triste, de laisser-faire et de laisser-aller dans cette belle âme, quand il considérait le monde en masse dans ses éternelles aspirations et dans ses éternelles rechutes. […] Et cette vie il ne la dévouait plus à aucune vaine et secrète popularité ; il la dévouait véritablement et uniquement à Dieu et aux hommes : on le voyait au recueillement respectueux de sa physionomie et au timbre ému de sa voix quand la conversation déviait vers les choses éternelles.
C’est un mythe qui se retrouve ailleurs avec d’innombrables variantes, une des formes que la pauvre humanité a données à son éternel rêve de bonheur. […] Ailleurs, c’est dans une de ces montagnes qui semblent former la barrière de l’empire nocturne du soleil, qu’on a placé le palais de l’éternelle jeunesse. […] Mais partout ailleurs, c’est le nouveau type, le vrai Juif Errant, l’éternel marcheur, qui passe sans s’arrêter devant les peuples ébahis. […] Le Juif Errant, marcheur éternel, a pris la place d’autres personnages qui, profondément différents à l’origine, étaient comme lui toujours en mouvement. […] Helbig, a écrit une étude spéciale sur tous les poètes de son pays qui se sont essayés à mettre en scène le Juif éternel (Berlin, 1874) : ce n’est qu’un magasin de curiosités.
je t’amène Siegfried : salue-le avec tendresse, car par lui tu as la puissance éternelle ! » ; les chœurs, alternants, d’hommes et de femmes, souhaitent aux deux amants « des délices éternelles à Walhall ! […] VI, 377) des trois drames précédents, pour former une symphonie immense, le viol de Brünnhilde, la mort de Siegfried, le crépuscule des Dieux, « la fin de l’éternel Devenir », comme disait Brünnhilde dans les vers supprimés de la fin … Or, cette musique, comme nous venons de le constater, se meut — en partie — sur une base poétique inadéquate ; de là des secousses, des sensations mixtes et contradictoires chez l’auditeur, et, le plus souvent, une impression totale assez confuse. […] Mais alors, comme à un signe visible que la Lumière Éternelle avait lui pour les deux amants, toutes les voix entonnent dans un immense chœur sur les huit premières mesures du thème religieux de l’ouverture, un « Alléluia ! […] Mais voici que j’entends, la voix de l’Éternelle Sagesse, de la tout-voyante Isis, en ma faveur dévoilée.
Grandes leçons de onze ans chaque, en moyenne, donnée six fois en soixante ans, et que Dieu, quand l’ordre de ses sociétés est violé, recommence tranquillement d’infliger d’un bras plus fort, avec sa patience éternelle. […] Pour tous ceux qui aiment le pouvoir et souhaiteraient son action éternelle, pour tous ceux qui, comme Cassagnac, voudraient effacer à jamais ce mot d’accident que les partis désarmés jettent à l’Empire qui les a vaincus, n’était-ce pas surtout de ce côté que l’historien de cet Empire devait diriger son regard et concentrer sa pensée ? […] Il est le journaliste toujours armé, dans la mêlée des principes et des intérêts de son temps, lui qui aurait pu être un écrivain de choses éternelles. […] C’est l’écrivain des choses éternelles que je souffre de voir sacrifié à la nécessité des choses du temps. […] Monarchiste par-dessus toutes les dynasties, il resta dans sa cause, et dans la bataille éternelle pour sa cause, comme ces drapeaux que les Gaulois appelaient fièrement : « les immobiles !
Goethe a créé un mot, une expression de génie que tout le monde connaît : l’éternel féminin. […] Cet éternel féminin, Molière l’a saisi ; mais il faut convenir qu’il n’en a saisi que les parties qui ne sont ni les plus belles ni les meilleures. […] Oui, c’est vrai ; mais elles changent cependant ; non pas dans leur essence, qui est éternelle. […] Qu’y a-t-il de plus éternel que l’amour ? […] Ou plutôt, messieurs, prenons garde tous tant que nous sommes : nos vices sont éternels, et éternelle doit être l’attention que nous leur portons.
Et si l’on n’entendait garder de sa morale, de son enseignement, que ce qu’ils pouvaient avoir d’humain et d’éternel, quel danger encore dans l’application de préceptes immuables aux sociétés de tous les temps. […] Il a nié la femme et la terre, l’éternelle nature, l’éternelle fécondité des choses et des êtres. […] Mais l’homme n’étant pas isolé, sa volonté dépendant de la volonté universelle, il épandra, aux jours d’exaltation où il se sentira vivre avec plénitude, son âme par le monde, afin qu’elle communie avec la puissance éternelle qu’il perçoit sous le flux changeant des phénomènes. […] C’est ce que Nietzsche entend par le Retour Éternel, et voici comment il explique cette vue sur la fatalité : « Tous les états que ce monde peut atteindre, il les a déjà atteints, et non pas seulement une fois, mais un nombre infini de fois. […] Il est à signaler que, par cette conception du Retour Éternel, Nietzsche, l’aristocrate, se rencontre avec Blanqui le révolutionnaire.
Nous sommes tous chassés vers le même but par la mort ; plus tôt ou plus tard, notre sort est agité dans la même urne ; il en sortira, ce jour qui nous condamne à entrer tous dans la barque de notre éternel exil ! […] Mais cet apologue, volé par les deux poètes à Ésope, et par Ésope lui-même au fabuliste indien, Lakman, finit, dans Horace, par un vers lapidaire qui contient avec une énergie sublime le proverbe éternel de la modération des désirs : Serviet æternum qui parvo nesciet uti ; Il sera éternellement esclave celui qui ne sait pas se contenter de peu. […] Le voici : Est-ce un de ces poètes confident du cœur, consolateur de l’âme, conseiller des mauvais jours, que les hommes de tous les âges peuvent emporter avec eux dans l’exil, dans l’amour, dans le recueillement de la solitude, dans la douleur des éternelles séparations, dans l’intimité religieuse de leur conversation à voix basse avec le ciel, pour oublier la patrie, pour nourrir les chastes tendresses, pour s’envelopper du mystère des pensées infinies, pour donner des larmes sympathiques à leurs yeux, pour prêter des prières à leurs invocations secrètes, pour verser en eux dans des vers sacrés la foi et l’espérance des réunions éternelles ?
Je suis souvent solitaire par choix, et il y a peut-être plus d’analogie entre nos idées que vous ne le pensez ; cependant, je l’avoue, une solitude éternelle m’épouvante ; j’ai de la peine à la concevoir. […] Quoique la puissance de Dieu soit aussi visible dans la création d’une fourmi que dans celle de l’univers entier, le grand spectacle des montagnes en impose cependant davantage à mes sens : je ne puis voir ces masses énormes, recouvertes de glaces éternelles, sans éprouver un étonnement religieux ; mais, dans ce vaste tableau qui m’entoure, j’ai des sites favoris et que j’aime de préférence ; de ce nombre est l’ermitage que vous voyez là-haut sur la sommité de la montagne de Chaveuse. […] L’Éternel a répandu le bonheur, il l’a répandu à torrents sur tout ce qui respire ; et moi, moi seul ! […] Je ne puis voir ces masses énormes recouvertes de glaces éternelles sans éprouver un étonnement religieux.
Dans la musique même, si belle qu’elle soit, il y a plus de soif de l’éternel repos que de la vie éternelle, qui est la vie active de l’âme et de l’esprit. […] « Nous, dit Schopenhauer, qui, philosophes, cherchons à scruter la valeur éthique des actions, et pour qui celle-ci seule importe, nous reconnaîtrons hautement, — sans craindre l’éternelle majorité de la vulgarité et de la platitude, — que le plus grand, le plus important et le plus significatif phénomène n’est pas l’homme qui conquiert le monde, mais l’homme qui le dompte. » — Dans l’ordre intellectuel, tout est aspiration, progression, désir sans fin ; c’est-à-dire éternelle Négation de ce qui est atteint : l’Ironie, cette formule des poètes contemporains de Schopenhauer, n’était autre chose que la destruction par la pensée de nos adorations.
L’amour, en l’approchant, jure d’être éternel ! […] Le Penseroso est le chef-d’œuvre du poème méditatif et contemplatif ; il ressemble à un magnifique oratorio, où la prière par degrés monte lentement vers l’Éternel.
Dès lors, l’être peut agir pour l’avenir, à distance ; il peut agir pour la totalité de sa vie individuelle, et même pour sa vie conçue comme éternelle. L’idée-force du moi éternel n’est-elle pas un des éléments les plus importants de la religion ?
Ainsi sa vanité qui faisait roue de paon éternelle avec tout, même avec ce qu’elle eût dû cacher, lui dicta son roman intitulé Lui comme sa haine révolutionnaire lui fit écrire ses deux romans, les Derniers Marquis et les Derniers Abbés, et son livre qui veut être de l’histoire et qui n’est que du pamphlet, l’Italie des Italiens… Seulement, chose très particulière ! […] Cette Italie des monuments et des musées, Mme Colet nous la badigeonne… Rien de plus favorable encore à la phrase sans pensée, que cette éternelle description de tableaux, si vastement pratiquée dans les livres actuels d’une littérature byzantine… Mme Colet qui n’ajoute rien à l’opinion de tous les imbéciles révolutionnaires, n’ajoute pas davantage à l’opinion de tous les Guides en Italie et de tous les badauds qui en écrivent.
Dans quelles grottes entendra-t-on mes préludes associant aux astres et aux conseils de Jupiter la gloire éternelle de l’illustre César ? […] Le prestige éternel d’Horace, c’est la peinture attachante de l’homme, et l’instinct poétique dans la vie privée.