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1742. (1896) Les époques du théâtre français (1636-1850) (2e éd.)

Songe, songe, Céphise, à cette nuit cruelle, Qui fut pour tout un peuple une nuit éternelle ! […] l’éternelle vérité ? […] Car, ici “les fins mouvements de pudeur blessée” d’Hermione coûtaient la vie à Pyrrhus et la raison à Oreste ; “insinuations” ou les “ménagements” de Roxane avaient pour conclusion l’arrêt de mort de Bajazet et de son Atalide ; et la “coquetterie” de Phèdre, en envoyant Hippolyte au supplice, condamnait Thésée aux tortures d’un éternel remords. […] Regardons-y de plus près, la ressemblance paraît plus étroite : Zénobie, c’est Pauline ; Arsame, c’est Xipharès ; Pharasmane, c’est Mithridate ; et ces vers sont de Phèdre : Vous verrai-je toujours les yeux remplis de larmes, Par d’éternels transports remplir mon cœur d’alarmes !

1743. (1825) Racine et Shaskpeare, n° II pp. -103

Un des amis de ma famille, auquel j’étais allé rendre mes devoirs dans sa terre, disait à son fils : « Que signifient vos sollicitations éternelles et vos plaintes amères contre M. le ministre de la guerre ?

1744. (1894) Journal des Goncourt. Tome VII (1885-1888) « Année 1888 » pp. 231-328

Il a varié son éternel et gauche frappement de cuisse, par des saluts militaires faits, la main à la tempe, avec des dandinements de corps triomphants de tambour-major, etc., etc.

1745. (1881) La parole intérieure. Essai de psychologie descriptive « Chapitre premier. Aperçu descriptif. — Histoire de la question »

Toujours préoccupé de vérités immuables, de principes sociaux éternels, Bonald n’a pas le sens du devenir ; il comprend mal la vie du langage ; de même, en psychologie, s’il observe parfois avec précision, il généralise trop vite, il néglige les nuances dès qu’il a trouvé l’antithèse où il se complaît à enfermer sa pensée ; la sécheresse, en psychologie, est toujours inexactitude ; il était difficile de reconnaître la vie de l’âme, cet être « ondoyant et divers », dans les formules concises où Bonald prétendait la résumer ; enfin et surtout, il avait à l’avance compromis son autorité comme psychologue par les conséquences démesurées qu’il avait cru pouvoir tirer d’une observation d’ailleurs bien faite.

1746. (1911) Lyrisme, épopée, drame. Une loi de l’histoire littéraire expliquée par l’évolution générale « Chapitre II. Vérification de la loi par l’examen de la littérature française » pp. 34-154

De fait, ce poète, qui fut si bien Grec et Français, est encore si profondément universel que, de siècle en siècle, on retrouvera son œuvre sans une ride, dans l’éternelle beauté de la vérité. — Je fais un effort de volonté pour demeurer fidèle à mon programme, ne dire de Racine, comme des autres, que ce qui touche étroitement à mon sujet, et je constate un fait important : Racine ne fut pas compris de ses contemporains.

1747. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre II. La Renaissance. — Chapitre I. La Renaissance païenne. » pp. 239-403

Après l’affreuse nuit du moyen âge et les douloureuses légendes des revenants et des damnés, c’est un charme que de revoir l’olympe rayonnant de la Grèce ; ses dieux héroïques et beaux ravissent encore une fois le cœur des hommes ; ils soulèvent et instruisent ce jeune monde en lui parlant la langue de ses passions et de son génie, et ce siècle de fortes actions, de libre sensualité, d’invention hardie n’a qu’à suivre sa pente pour reconnaître en eux ses maîtres et les éternels promoteurs de la liberté et de la beauté. […] Il est la source première de la vie et l’âme éternelle des choses.

1748. (1922) Le stupide XIXe siècle, exposé des insanités meurtrières qui se sont abattues sur la France depuis 130 ans, 1789-1919

Des squelettes baroques, dans des pourpoints, y mènent la danse macabre d’Holbein, sans susciter l’émotion ni le rêve ; Barbey d’Aurevilly, qui est un lyrique, alternativement concentré et débridé, et chez qui la vigueur de la conception, adéquate à la magnificence du verbe, pousse et exalte ce verbe à mesure, dans une émulation digne du XVIe siècle, Barbey d’Aurevilly s’attaque aux sujets forts, durables, éternels. […] Elles les surprendront par l’éternelle nouveauté, l’immortelle fraîcheur des vrais chefs-d’œuvre. […] Le monsieur qui a du temps à perdre (type éternel, Dieu merci) tombant, dans une bibliothèque publique ou privée, sur l’Avenir de la Science et le lisant, s’il a l’esprit bien tourné, ne s’ennuiera certes pas.

1749. (1891) Études critiques sur l’histoire de la littérature française. Quatrième série

Mais ce qu’il n’aime pas de la religion, c’est ce qui s’oppose à la philosophie dont il est ; c’est le principe sur lequel toute religion digne de ce nom repose ; et c’est la contrainte surtout qu’elle nous impose, tandis qu’on enseigne autour de lui, non seulement parmi les jansénistes, mais parmi les jésuites aussi, que la nature humaine est corrompue dans son fonds ; que nos plus dangereux ennemis, nous les portons en nous et que ce sont nos instincts ; qu’en suivant leur impulsion nous courons de nous-mêmes à la damnation éternelle ; qu’il n’y a donc d’espoir de salut qu’à les tenir en bride ; que la vie de ce monde nous a été donnée pour ne pas en user, et la nature pour nous être une perpétuelle occasion de combat, de lutte, et de victoire sur elle-même, Molière, lui, croit, comme nous l’avons montré, précisément le contraire. […] Sa volonté éternelle est que le bien soit préféré au mal, et le bien général au bien particulier.

1750. (1863) Histoire de la vie et des ouvrages de Molière pp. -252

Alarmée de ce dessein, elle dépêcha vers lui le maître de pension dont il avait reçu les leçons dans son enfance, et le chargea de lui représenter qu’il compromettait l’honneur des siens, et les condamnait à une éternelle douleur, en embrassant une profession qui était réprouvée à la fois par l’Église et par la société. […] Ce marquis ridicule dont tous les raisonnements et toute la critique motivée se bornent à l’éternelle exclamation de : Tarte à la crème ! […] Il est fait tout de même ; il vient le nez au vent, Les pieds en parenthèse et l’épaule en avant ; Sa perruque, qui suit le côté qu’il avance, Plus pleine de lauriers qu’un jambon de Mayence ; Les mains sur les côtés, d’un air peu négligé ; La tête sur le dos, comme un mulet chargé ; Les yeux fort égarés ; puis, débitant ses rôles, D’un hoquet éternel sépare ses paroles ; Et lorsque l’on lui dit : « Et commandez ici », Il répond : « Con-nais-sez-vous Cé-sar, de lui par-ler ain-si ?  […] Louis XIV lui-même, dont les idées naturellement grandes et généreuses n’étaient pas encore étouffées par les efforts des Le Tellier ou des Maintenon, ne cédait qu’avec impatience aux désirs de la cabale puissante qui sollicitait chaque jour l’éternelle suspension du Tartuffe.

1751. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Camille Jordan, et Madame de Staël »

Il me semblait mettre une barrière éternelle entre moi et tous ceux que j’aime, et j’étais si souffrante en arrivant à Turin que j’ai cru tomber tout à fait malade.

1752. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — Chapitre V. Swift. » pp. 2-82

Ce bon goût et cette philosophie manquent à l’esprit positif ; il veut atteindre non la beauté éternelle, mais le succès actuel.

1753. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — chapitre VI. Les romanciers. » pp. 83-171

À force de travail intérieur, il obtient « de son esprit non-seulement la résignation à la volonté de Dieu, mais encore la gratitude sincère1034. » — « Je lui rendis d’humbles et ferventes actions de grâces pour avoir bien voulu me faire comprendre qu’il pouvait pleinement compenser les inconvénients de mon état solitaire et le manque de toute société humaine par sa présence, et par les communications de sa grâce à mon âme, me soutenant, me réconfortant, m’encourageant à me reposer ici-bas sur sa providence et à espérer sa présence éternelle pour le temps d’après1035. » Dans cette disposition d’esprit, il n’est rien qu’on ne puisse supporter ni faire ; le cœur et la tête viennent aider les bras ; la religion consacre le travail, la piété alimente la patience, et l’homme, appuyé d’un côté sur ses instincts, de l’autre sur ses croyances, se trouve capable de défricher, peupler, organiser et civiliser des continents.

1754. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre V. Les contemporains. — Chapitre III. La critique et l’histoire. Macaulay. »

Cette solidité, cette énergie, cette profonde passion politique, ces préoccupations de morale, ces habitudes d’orateur, cette puissance limitée en philosophie, ce style un peu uniforme, sans flexibilité ni douceur, ce sérieux éternel, cette marche géométrique vers un but marqué, annoncent en lui l’esprit anglais.

1755. (1928) Les droits de l’écrivain dans la société contemporaine

Les plus beaux gestes, ce sont les grands coups de lance de l’éternel Don Quichotte, qui pourchasse les ailes des moulins de la terre.

1756. (1887) Journal des Goncourt. Tome II (1862-1865) « Année 1863 » pp. 77-169

Presque toutes les difficultés de la vie viennent de ce sentiment de l’homme qui ne veut pas se considérer comme un être fait pour le viager, mais qui se prend pour le propriétaire éternel des choses et des créatures.

1757. (1898) Manuel de l’histoire de la littérature française « Livre II. L’Âge classique (1498-1801) — Chapitre premier. La Formation de l’Idéal classique (1498-1610) » pp. 40-106

Par des chemins différents, tous ces écrits, d’origine et de caractères si divers, tendent ensemble à deux ou trois fins : dont la première est de rendre à la morale éternelle quelque chose au moins de son ancien empire ; la deuxième, de soustraire l’esprit français à des influences étrangères que l’on regarde alors bien moins comme des entraves à sa liberté que comme les causes de sa corruption ; et la troisième enfin, d’imposer à l’individu, dans l’intérêt commun de la société, les qualités ou les vertus dont il ne se soucierait pas pour lui-même.

1758. (1814) Cours de littérature dramatique. Tome II

Molière et Racine consultèrent leur génie plutôt que la mode ; ils achetèrent un triomphe éternel par une disgrâce momentanée ; ils immolèrent leur amour-propre à la perfection de l’art : de grands hommes sont seuls capables de ce sacrifice héroïque ; de petits talents cherchent la vogue plus que la gloire ; ils sont pressés de jouir et de vivre, et donneraient pour l’applaudissement du jour tous les suffrages de la postérité. […] Ces hommes, d’ailleurs éclairés, mais aveuglés par l’esprit de parti, ne voulaient reconnaître de chefs-d’œuvre que dans les tragédies de leur chef : ils adoraient Mahomet et dédaignaient Athalie, quoique Mahomet, en comparaison d’Athalie, ne soit qu’un ouvrage monstrueux, une complication d’horreurs dégoûtantes, qui révoltent l’esprit et la raison, sans émouvoir le cœur ; mais il entrait dans les principes de l’école de Voltaire, il était de l’honneur du maître, que la Bible, éternel objet de ses sarcasmes, ne parût pas avoir fourni à Racine le sujet d’une tragédie sublime. […] Je voudrais qu’un des courtisans de Crésus, pour se venger de ses éternelles moralités, lui débitât aussi une fable sur le ridicule d’un vieux bossu, qui aime une jolie fille, et, qui pis est, prétend en être aimé.

1759. (1887) George Sand

Ce sera donc encore l’éternelle lutte de l’amour contre les obstacles qui l’entourent à chaque pas et le détournent de son but. […] Évidemment cet amour qu’elle édifie et qu’elle couronne sur les ruines de l’infâme est son utopie ; cet amour est grand, noble, beau, volontaire, éternel ; mais cet amour, « c’est le mariage tel que l’a fait Jésus, tel que l’a expliqué saint Paul, tel encore, si vous voulez, que le chapitre VI du titre V du Code civil en exprime les devoirs réciproques ».

1760. (1829) Tableau de la littérature du moyen âge pp. 1-332

Si la poésie qui en fut l’ouvrage n’est pas digne d’une grande admiration, si on ne place point cette poésie dans les archives de l’esprit humain, après ces quatre ou cinq poésies qui font l’enchantement éternel de notre imagination, on s’arrête cependant avec plaisir sur elle, et on y voit le témoignage de la prospérité sociale dont jouit un peuple, au milieu des agitations sanglantes de toute l’Europe. […] Si vous ne redoutez pas les flammes éternelles, ne devez-vous pas craindre les châtiments temporels que vous méritez par tant de crimes ?

1761. (1765) Articles de l’Encyclopédie pp. 11-15754

Du Marsais Articles de l’Encyclopédie Compilation établie à partir de l’édition numérisée de l’ARTFL A A, a & a s.m. (ordre Encyclopéd. Entend.

1762. (1867) Cours familier de littérature. XXIII « cxxxviiie entretien. Littérature germanique. Les Nibelungen »

Tu m’as, en tes discours, soumise à ton service ; sache-le bien, tu peux m’en croire, ce sera pour moi une blessure éternelle.

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