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499. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « Eugène Sue » pp. 16-26

… Les grands fondeurs… en carton-pâte de la Critique contemporaine élèveront-ils une statue à un écrivain qui a bien assez écrit pour que beaucoup d’esprits le croient un colosse ? […] « Les grands artistes, les grands écrivains, ne sont jamais instantanément populaires », disait Goethe, qui ne l’était pas, et qui s’en vantait. […] Alors le Socialisme, qui avait des doctrinaires, mais qui n’avait pas d’artistes, le prit pour son lauréat, son écrivain et son romancier, et lui jeta au cou cette chaîne d’éloges qu’un homme comme lui a dû impatiemment porter. […] Lui, l’ancien écrivain régence et à outrance, il devint le moraliste des temps futurs.

500. (1824) Notes sur les fables de La Fontaine « Conclusion. »

On a pu être étonné de la multitude des fautes qui se trouvent dans un écrivain si justement célèbre. […] Ne point lire légèrement, ne point être la dupe des grands noms, ni des écrivains les plus célèbres, former son jugement par l’habitude de réfléchir.

501. (1895) Histoire de la littérature française « Première partie. Le Moyen âge — Introduction. Origines de la littérature française — 3. Causes générales de diversité littéraire. »

Puis les littératures occidentales se feront plus nationales, en même temps que les œuvres deviendront plus individuelles, et bourgeois, nobles et clercs seront avant tout éminemment Français en France, Anglais en Angleterre et Allemands en Allemagne : souvent même la marque provinciale sera plus forte que l’empreinte de la condition sociale, et elle sera visible surtout chez les écrivains qui n’appartiennent pas aux pays de l’ancienne France et de langue d’oïl. […] Le mouvement des idées, l’évolution de l’organisme social, le contact des races étrangères, et le spectacle de leurs idées, de leur organisation, de leurs arts aussi et de leur littérature, modifient sans cesse le génie national, et l’expression qu’il donne de lui-même dans les œuvres de ses écrivains. […] Enfin au xixe  siècle, après la reprise du sentiment religieux et du sens artistique qui produit l’explosion romantique, voici que jusqu’à une date très rapprochée de nous, l’esprit critique et expérimental devient le principal ressort de l’âme française, et se traduit littérairement par l’abondante floraison du roman et du théâtre réalistes, par l’étonnant développement de l’histoire et de la critique, par un effort enfin universel et sensible pour soumettre l’inspiration de l’écrivain aux lois de la méthode scientifique.

502. (1892) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Cinquième série « Un grand voyageur de commerce »

La Réclame de tous les pays du monde nous l’a garanti « grand écrivain ». […] je voudrais tout au moins qu’il fût un écrivain exact, clair et bonhomme. […] On sent que c’est quelque chose de voulu, de convenu, et que l’écrivain a jugé bienséant, à certains endroits, de parler de Dieu.

503. (1887) La Terre. À Émile Zola (manifeste du Figaro)

Ceux-là mêmes que lassaient plus particulièrement la répétition énervante des clichés se souvenaient trop de la trouée impétueuse faite par le grand écrivain, de la déroute des romantiques. […] Mais une désertion plus terrible se manifestait déjà : la trahison de l’écrivain devant son œuvre. […] Alors, tandis que les uns attribuaient la chose à une maladie des bas organes de l’écrivain, à des manies de moine solitaire, les autres y voulaient voir le développement inconscient d’une boulimie de vente, une habileté instinctive du romancier percevant que le gros de son succès d’éditions dépendait de ce fait que « les imbéciles achètent les Rougon-Macquart enchaînés, non pas tant par leur qualité littéraire, que par la réputation de pornographie que la vox populi y a attachée ».

504. (1857) Cours familier de littérature. III « XVIIIe entretien. Littérature légère. Alfred de Musset » pp. 409-488

Il en résulte qu’il y a et qu’il doit y avoir eu toujours des écrivains correspondants à ces trois phases de la vie humaine. […] Ces deux écrivains sont : Hamilton, l’auteur des Mémoires du comte de Grammont, et Saint-Évremond, le premier importateur du véritable sel attique en France. […] Mais ces esprits-là ne se copient pas, ils jaillissent du caractère et de la verve de l’écrivain ; il faut que le livre naisse avec l’homme. […] Si nous avions fondé l’école des larmes, deux écrivains d’un immense génie, mais d’une dépravation de cœur aussi prodigieuse que leur génie, avaient fondé l’école du rire. […] Un jeune écrivain aussi délicat de touche qu’il est accompli d’intelligence et qu’il est viril de caractère, M. 

505. (1769) Les deux âges du goût et du génie français sous Louis XIV et sous Louis XV pp. -532

Mais les efforts de cet Ecrivain furent long-tems sans imitateurs. […] criait à cet Auteur un Ecrivain du dernier siecle, remportez cette bagatelle. […] Il adressa aux Artistes & aux Ecrivains de nos jours cette exhortation très-nécessaire. […] Elle existe aujourd’hui, & le devoir de tout Ecrivain est de la respecter. […] C’est dommage que le pinceau de cet Ecrivain ne seconde pas toujours son crayon.

506. (1925) La fin de l’art

Tel écrivain, aujourd’hui bien connu et encore très jeune, débuta dans le recueil des jeux floraux, de Toulouse. […] Sans doute, il est plaisant de le voir dépiauter ces mauvais écrivains qui pullulaient déjà, mais on souffre un peu de le voir confondre avec la tourbe les Heine et les Renan. […] Pour lui, l’écrivain qui ne va pas à la messe n’est pas loin d’être un misérable, et quand on raille la religion, on est bon pour l’échafaud. […] Femme et poète, elle est aussi un écrivain. […] Bien peu d’écrivains d’aujourd’hui et même de philosophes qui aient une culture universitaire.

507. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — B — article » pp. 239-240

Peu d’Ecrivains étoient plus en état que lui de donner une bonne suite à l’Histoire Romaine de M. […] C’est un Ecrivain sensé qui ne court pas après les ornemens ; qui, sans rien omettre d’intéressant, écarte les détails minutieux ; qui, ne prodiguant pas les portraits, les laisse, pour ainsi dire, se former sous la plume d’eux-mêmes, & sait sur-tout les arranger, de maniere que la confusion & la surcharge sont également proscrites de la galerie des tableaux qu’il présente aux yeux de son Lecteur.

508. (1805) Mélanges littéraires [posth.]

Ce qu’il y a de singulier, c’est qu’ordinairement ces beaux parleurs sont de très mauvais écrivains. […] Avec un peu d’oreille de la part de l’écrivain, les hiatus ne seront ni fréquents ni choquants dans sa prose. […] Le plaisir qui résulte de cette harmonie est-il purement arbitraire et d’habitude, comme l’ont prétendu quelques écrivains ? […] L’estime raisonnée d’un philosophe honore plus les grands écrivains, que toute la prévention des pédants. […] Quels ouvrages que ceux dont plusieurs de nos écrivains périodiques ne rougissent pas de faire l’éloge !

509. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — D. — article » pp. 214-215

La méthode, le nombre, l’onction, & souvent la force unie à l’élégance, distinguent ses Ecrits de ceux des autres Ecrivains de Port-Royal, dont il se rapproche cependant quelquefois par la diffusion & le fond des principes défendus si opiniâtrément par cette Ecole célebre. […] Si l’Ecrivain n’y est pas politique aussi profond, que l’esprit actuel des Gouvernemens semble l’exiger, les vûes y sont du moins saines, les principes sagement discutés, les réflexions justes & lumineuses, la morale utile & irréprochable.

510. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — L — article » p. 72

Les Recueils de l’Académie Françoise conservent plusieurs Discours de sa façon, qui annoncent un sage Littérateur & un Ecrivain élégant, mais souvent diffus. […] Nous ajouterons donc, par un principe d’équité, que ce Prélat doit être regardé, sinon comme un des premiers Ecrivains de l’Eglise, du moins comme un Ministre laborieux, dont les talens sont plus dignes d’éloge que de critique.

511. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — S. — article » pp. 186-187

Il ajoute : « Si les Grecs avoient eu des Ecrivains tels que nos bons Auteurs, ils auroient été encore plus vivans ». L’observation n’est pas juste : il falloit dire, que si l’on nous eût conservé toutes les Productions des Grecs célebres, le nombre de leurs Ecrivains ne le céderoit certainement pas au nombre des nôtres.

512. (1898) Émile Zola devant les jeunes (articles de La Plume) pp. 106-203

Ce serait une sottise de le croire puisque nous voyons la célébrité sourire à tant d’auteurs médiocres et d’écrivains détestables. […] Le père du grand écrivain, M.  […] C’est à cause de ces écrivains que l’on a pris une vue aussi restreinte, aussi mesquine du naturalisme. […] Il fallait proclamer les droits de l’Écrivain, comme la Révolution avait proclamé les droits de l’Homme. […] qui donc reprochait à Zola de n’être pas un artiste écrivain.

513. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Figurines (Deuxième Série) » pp. 103-153

L’œil guetteur et amusé, il a commencé par être un écrivain excessivement pittoresque, un peu dans la manière d’Alphonse Daudet (Inconsolables, Sire). […] Mais, comme il arrive, l’homme en lui se laisse deviner par tout ce que l’écrivain se refuse. […] En sorte que je ne sais si l’on vit jamais chez aucun écrivain, plus surprenant accord de la sensibilité pittoresque et de la sensibilité morale. […] * * * Et l’écrivain, chez Daudet, est de la qualité la plus rare. […] Ai-je défini cet adorable écrivain ?

514. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « M. Taine » pp. 305-350

Taine, je crois, révéla le vrai sens dans lequel il aurait dû pousser ou laisser épanouir son talent d’écrivain. […] L’expression étincelante y brille à nombre de places sur le fond étoffé de cette phrase pesante comme les plis du velours, mais ce velours qui traîne ne s’enlève jamais sous les souffles irrésistibles qui donnent tant de grâce aux grands écrivains. […] Il a pu, par le fait de sa volonté, éteindre le rayon de son opinion politique et le rayon de son talent littéraire, bien autrement difficile à éteindre quand on a le bonheur et la gloire d’être un écrivain, et M.  […] Taine a voulu rafraîchir la mémoire des hommes, si prompts à l’oubli, et il a refait cette histoire que des écrivains passionnés avaient écrite dans des intérêts de parti, avec plus ou moins d’illusion ou de rouerie. […] Taine, à l’impersonnalité du crime, l’impersonnalité d’un écrivain qui ne veut être qu’un érudit, la voilà qui devient une histoire comme on n’en avait jamais vu !

515. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Balzac » pp. 17-61

Quel écrivain, quel moraliste, quel observateur, si spirituel et si original qu’il pût être, avait eu l’idée d’un Esprit des Lois de la vie élégante ? […] En Angleterre surtout, où, grâce à l’aristocratie, la vie élégante se précise et ne se compose pas seulement, comme chez nous, de nuances pâles et subtiles, les écrivains de high life sont nombreux Il y a toute une école. Mais nul d’entre eux et parmi les plus distingués, ni Bulwer, ni Lister, ni Normanby, ni Byron (écrivain de high life dans les derniers chants du Juan et dans ses Mémoires), ni le comte d’Orsay, qui avait commencé par écrire et qui, s’il avait continué, aurait plus marqué comme écrivain et comme observateur de high life que comme artiste, nul n’avait effleuré de sa pensée le sujet que Balzac, au début de sa vie intellectuelle, avait résolu de creuser. […] Dans La Comédie humaine, on rencontre bien çà et là des types et des tableaux d’une bonhomie adorable, mais ce n’est pas là le ton ordinaire de l’écrivain ou la qualité la plus en relief de l’inventeur. […] Ils ont introduit l’anarchie dans l’ordre et la hiérarchie de Balzac, comme si le génie des plus grands écrivains ne leur avait été donné que pour que des éditeurs pussent s’y vautrer tout à leur aise.

516. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « La comédie de J. de La Bruyère : par M. Édouard Fournier. »

C’est le cas du très-chercheur et très-piquant écrivain, M.  […] Valincour, homme du monde, écrivain amateur, esprit délicat, ne mérite en rien ces sévérités de M.  […] Mais ce qu’il faut dire et faire observer, c’est que La Bruyère était d’une génération plus jeune que celle des purs écrivains du xviie  siècle ; venu le dernier, il avait à renchérir un peu à sa manière, à s’efforcer. […] Il aurait droit de nous dire que La Bruyère est un de ces écrivains chez qui il faut faire attention à tout, car lui-même il mettait à tout de l’intention. […] Dans la Collection des grands Écrivains de la France, chez Hachette ; le premier volume du La Bruyère a paru.

517. (1892) Boileau « Chapitre VI. La critique de Boileau (Fin). La querelle des anciens et des modernes » pp. 156-181

Son caractère naturaliste, et la condition de la vraisemblance imposée aux écrivains, rendent compte de ce qu’ont parfois les œuvres d’un peu sévère et sec, et de médiocrement flatteur pour l’imagination. […] Par là encore, sa critique est adéquate à l’inspiration des grands écrivains. […] Et comme ces régents en robes noires et à bonnets carrés avaient du moins sur lui l’avantage de savoir le grec et le latin, il s’évertuait à démontrer que pour bien juger d’un écrivain, il faut le prendre dans une traduction. […] Jugez-en par Racine, un des deux ou trois écrivains du siècle à l’âme desquels la Grèce a vraiment parlé : qui s’attendrait que Racine voulût retrancher du Banquet de Platon, comme inutile et scandaleux, tout le discours d’Alcibiade, ce portrait de Socrate, ce pur chef-d’œuvre où l’enthousiasme et la moquerie se mêlent avec une grâce subtile ? […] Avec une netteté admirable de vues, il disait les écrivains qui devaient recommander leur siècle à la postérité.

518. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Pensées, essais, maximes, et correspondance de M. Joubert. (2 vol.) » pp. 159-178

Quoiqu’il ne soit pas de ces écrivains destinés jamais à devenir populaires, la publication première de ses deux volumes de Pensées et de Lettres, en 1842, a suffi pour le classer, dès l’abord, dans l’estime des connaisseurs et des juges ; il ne s’agit que d’étendre un peu le cercle de ses lecteurs aujourd’hui. […] En fait d’expression, il préfère encore le sincère au beau et la vérité au simulacre : La vérité dans le style est une qualité indispensable, et qui suffit pour recommander un écrivain. […] Plus le genre dans lequel on écrit tient au caractère de l’homme, aux mœurs du temps, plus le style doit s’écarter de celui des écrivains qui n’ont été modèles que pour avoir excellé à montrer, dans leurs ouvrages, ou les mœurs de leur époque ou leur propre caractère. […] Joubert sur la critique et sur le style, de ses jugements sur les divers écrivains : il y paraît neuf, hardi, vrai presque toujours. […] J’ai commencé tout simplement par Pascal, par les Pensées de littérature dans lesquelles le grand écrivain a consigné quelques-unes des observations qu’il avait faites sur son art ; je les lisais à haute voix en les commentant.

519. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Discours sur l’histoire de la révolution d’Angleterre, par M. Guizot (1850) » pp. 311-331

Guizot a pris deux fois la parole, comme écrivain, depuis février 1848 : la première fois, en janvier 1849, par sa brochure, De la démocratie en France ; la seconde fois, ces jours derniers, par le Discours dont il s’agit, et qui est à double fin. […] Et puis, il s’agit bien ici d’un écrivain vraiment ! […] Mais on ne jugerait pas bien l’écrivain chez M.  […] Le plus habituellement, c’est l’écrivain (Cicéron l’a remarqué) qui contribue à former l’orateur. […] Guizot, c’est plutôt l’orateur qui a contribué à perfectionner l’écrivain, et quelqu’un a pu dire que c’est sur le marbre de la tribune qu’il a achevé de polir son style.

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