Et maintenant la science et l’art se retournent vers les origines communes. […] Il est le sommet commun où aboutissent les voies de l’esprit. […] L’assentiment général va d’instinct aux choses dont le relief ne dépasse pas le niveau commun. […] L’Antiquité homérique n’a rien de commun avec la Dryade, Symétha, la Somnambule et le Bain d’une Dame romaine. […] Auguste Barbier n’a rien de commun, assurément, avec cette lie des poètes.
Ces espèces représentatives se rencontrent souvent et s’entremêlent sur les limites communes de leurs stations ; et, à mesure que les unes deviennent de plus en plus rares, les autres se montrent de plus en plus communes, jusqu’à ce que l’une remplace complétement l’autre. […] De Candolle, combien la disparition d’espèces alpines très communes est quelquefois soudaine. […] C’est, je crois, d’après le même principe que les espèces les plus communes dans chaque contrée présentent, en moyenne, un plus grand nombre de variétés bien tranchées que les espèces plus rares, ainsi que nous l’avons déjà vu autre part. […] Enfin, son bec est droit et fort, et quoiqu’un peu moins fort et moins droit que chez l’espèce européenne commune, il peut cependant lui permettre de perforer le bois. […] Cependant on peut faire de graves objections à cette hypothèse de la transmission héréditaire des organes électriques chez quelques espèces seulement depuis un ou plusieurs ancêtres communs plus ou moins reculés.
Comme moraliste, que de vues sur les passions en général, sur les traits communs et sur les diversités des caractères et quelle abondance de fait publics et particuliers à l’appui de ses jugements ! […] » Admirable leçon donnée par un esprit supérieur et impartial à tant d’esprits communs et violents qui s’arrogeaient la sagesse et la certitude. […] « Les raisons premières et plus aisées, dit-il, qui sont communément les mieulx prises, je ne sçais pas les employer, mauvais prescheur de commune. » C’est toucher droit à Cicéron, dont la gloire est d’avoir admirablement exprimé les raisons premières et plus aisées, celles qui forment le commun des hommes, et d’avoir été excellent prescheur de commune. […] Le goût, c’est encore le sentiment du vrai commun à tous ; or, à ces deux époques, comme on ne croit pas à des vérités communes à tout le monde, on ne peut pas avoir de goût. […] Quand il parle de ses faiblesses ou de certaines facilités qui, sans être des vices, sont bien moins encore des vertus, nous hésitons d’autant moins à les trouver en nous, que la pensée de les avoir en commun avec un homme supérieur nous en atténue le tort.
On ne considère ici Port-Royal que comme une compagnie où, parmi les occupations de piété, on donnait du temps aux études profanes et aux lettres, et où l’on rédigeait en commun de très bons écrits. […] L’inégalité des talents ne se faisait point sentir, là où la supériorité n’était que la plus grosse part de la tâche commune. […] Mais ces différences ne servaient qu’à faire les affaires communes, et les caractères n’étaient que des aptitudes particulières, distribuées par Dieu même, aux diverses parties de la tâche de tous. […] Tout en combattant pour la cause commune, il parlait sans cesse de paix, de repos. […] Pourquoi n’y pas voir ce qui rend ces écrits si admirables, l’esprit collectif qui dicte, des plumes particulières qui écrivent, une révision en commun qui arrête le travail ?
— Examinons maintenant si les divers faits constatés concernant la succession géologique des êtres organisés, de même que les lois qui la gouvernent, s’accordent mieux avec l’opinion commune de l’immutabilité des espèces, ou avec celle, de leur modification lente et graduelle par voie de descendance et de sélection naturelle. […] Nous avons une preuve évidente de cette loi dans le grand nombre de variétés fournies par les plantes dominantes, c’est-à-dire les plus communes et les plus répandues dans le monde, qui sont proportionnellement beaucoup plus riches en formes subordonnées que les espèces végétales confinées dans une patrie étroite. […] Le cas le plus commun, surtout à l’égard des groupes distincts, tels que les Poissons et les Reptiles, c’est que, supposant, par exemple, qu’ils se distinguent aujourd’hui l’un de l’autre par une douzaine de particularités caractéristiques, les anciens membres des mêmes groupes se distinguent par un nombre un peu moindre de caractères. […] Ces trois familles, réunies aux nombreux genres éteints qui ont formé les diverses lignées généalogiques divergentes depuis la souche mère A, formeront un ordre ; car tous auront hérité quelque chose en commun de cet ancien progéniteur. […] Au fur et à mesure que ces nouveaux groupes dominants se forment, les espèces des groupes les moins vigoureux, ayant hérité d’un commun progéniteur certains désavantages, tendent à s’éteindre ensemble, sans laisser de descendants modifiés à la surface de la terre.
Effets de sélection naturelle sur les descendants d’un père commun, résultant de la divergence des caractères et des extinctions d’espèces. — XII. […] Il est vrai qu’alors il y aurait sur leurs limites communes des croisements fréquents entre ces variétés nouvelles de même espèce. […] Effets de la sélection naturelle sur les descendants d’un parent commun, résultant de la divergence des caractères et des extinctions d’espèces. […] Nous avons vu aussi que les espèces les plus communes et les plus répandues varient plus que les espèces rares dont la station est très limitée. […] Ainsi les variétés ou descendants modifiés du commun parent A iront toujours s’accroissant en nombre et divergeant de caractères.
Nous avons vû dans le dix-septiéme siecle des guerres civiles en France et des partis aussi aigris et aussi animez l’un contre l’autre sous Louis XIII et sous Louis XIV que pouvoient l’être dans le siecle précedent les factions qui suivoient les ducs De Guise ou l’amiral De Coligni, sans que l’histoire des derniers mouvemens soit remplie d’empoisonnemens, d’assassinats, ni des évenemens tragiques si communs en France sous les derniers Valois. […] Comme il ne s’en est pas trouvé de tels durant les dernieres guerres civiles, il faudra tomber d’accord qu’il est des temps où des hommes de ce caractere qui rencontrent toujours assez d’occasions d’extravaguer, sont plus communs que dans d’autres. […] Les sçavans médiocres et les personnes qui professent les arts liberaux avec un talent chetif, sont même devenus si communs, qu’il est des gens assez bizarres pour penser qu’on devroit aujourd’hui avoir autant d’attention à limiter le nombre de ceux qui pourroient professer les arts liberaux, qu’on en apportoit autrefois à l’augmenter.
À peine y pourrait-on trouver un poisson, un coquillage ou un crustacé qui fût commun à l’une et à l’autre ; et cependant elles ne sont séparées que par l’isthme étroit mais infranchissable de Panama. […] Bien qu’à peine un coquillage, un crustacé ou un poisson soit commun aux trois faunes dont je viens d’indiquer approximativement les limites, cependant de nombreux poissons s’étendent depuis l’océan Pacifique oriental jusque dans la mer des Indes, et beaucoup de coquillages sont communs aux îles orientales de l’océan Pacifique et aux côtes orientales de l’Afrique, presque sous des méridiens opposés. […] Mais si les mêmes espèces peuvent être produites en deux points séparés, pourquoi ne trouvons-nous pas un seul mammifère qui soit commun à l’Europe et à l’Australie ou à l’Amérique du Sud ? […] De semblables cas sont communs ; et, comme nous le verrons mieux un peu plus loin, ils sont inexplicables dans l’hypothèse des créations indépendantes. […] Ces pierres sont cependant assez communes pour rapporter aux petits rois du pays un droit important.
Un désir commun réunit en ira groupe homogène des hommes animés des mêmes besoins et qui appartiennent à des nationalités différentes. […] Or l’idée chrétienne préparée par la réflexion philosophique, réalisée dans les évangiles comme fait de sensibilité, traduit une de ces attitudes, autres que nationales, et qui sont communes pourtant à un grand nombre d’êtres entre lesquels cette communauté établit un lien. […] Il est évident, d’autre part, qu’ils ont un avantage décidé à propager cette indifférence, à nier entre les bonnes les distinctions ethniques, celles qui proviennent du long habitat en commun dans un même lieu de l’espace, d’une même tradition historique et morale, d’une commune nécessité de réagir contre un ensemble déterminé de circonstances selon des modes appropriés. Il est trop évident qu’ils ont un intérêt majeur à nier ces différences, afin de jouir immédiatement et d’une manière intégrale d’une civilisation qui n’a pourtant été créée, à travers le cours des siècles, que par un long effort commun. […] « Deux hommes ne pouvaient être agnats entre eux que si, en remontant toujours de mâle en mâle, ils se trouvaient ont avoir des ancêtres communs ».
Quelle que soit leur origine, leur fin, leur organisation, qu’elles soient famille, armée ou club, les sociétés ont ce caractère commun qu’il existe entre leurs éléments plus ou moins de ressemblances ou de différences. […] Responsabilités collectives, propriétés communes, autorité sociale despotique, activités individuelles altruistes, tous ces traits, par lesquels se ressemblent les sociétés fortement homogènes, nous prouvent assez que l’individu n’y est nullement, comme le voudrait l’égalitarisme, tenu pour une cause par soi ni pour une fin en soi. […] Devons-nous donc conclure de tout ceci que l’hétérogénéité absolue des sociétés est la condition nécessaire et suffisante de leur égalitarisme, et que celles, où les individus n’ont plus rien de commun sont aussi celles où il y a le plus de chances pour qu’ils se considèrent comme égaux en droit ? […] Cette égalisation même, dont nous venons de prouver qu’elle est rendue nécessaire par la différenciation des individus coopérants, n’est rendue possible que par leur accord préalable, par une volonté de vivre en commun qui leur fait préférer à la lutte anarchique les conventions égalitaires. […] Les croyances dernières apparaissent de plus en plus comme choses toutes personnelles. — si bien qu’on a pu dire, en un sens, qu’une seule foi commune nous reste, la religion de l’individu149.
Le grand succès de Bourdaloue est d’un temps où la critique proposait aux auteurs, pour idéal commun à tous les ouvrages d’esprit, la raison. […] Il ne rejetait point les pensées communes, dit le Père Bretonneau70 ; mais les pensées communes accablent les langues de termes dépréciés et effacés par l’usage. Bourdaloue y est d’autant plus sujet, qu’il était plus au-dessus du travers de rendre extraordinaires par les mots les choses communes. Croyant ces choses communes utiles à son propos, il ne voulait pas avouer, en les ornant, que des paroles utiles peuvent n’être pas assez belles. […] Il n’est que le plus retenu de ses contemporains dans une doctrine glissante, et peut-être le seul disciple inconséquent de l’école commune.
— Il est vrai ; mais la machine Raphaël n’a jamais été commune ; mais les ouvrages de cette machine ne sont pas aussi communs que les feuilles de chêne ; mais par une pente naturelle et presque invincible nous supposons à cette machine une volonté, une intelligence, un dessein, une liberté. […] La chose commune à tous est de l’espèce, la chose propre à chacun distingue l’individu. […] -l’imagination et le jugement sont deux qualités communes et presque opposées. […] — Fort bien, l’abbé. — Il n’y aurait pas eu un mot commun dans leurs discours. — À merveille. — Pas plus qu’il n’y a un accent commun dans leur manière de prononcer, une même lettre dans leur écriture ?
De plus, outre ces capacités communes à tous les hommes, j’en ai qui me sont particulières ; par exemple, je suis capable de comprendre un livre latin ; ce portefaix est capable de porter un sac de trois cents livres ; voilà des attributions précises qui déterminent le quelque chose inconnu. Réunissons en un groupe et en un faisceau toutes les capacités et facultés, communes ou propres, qui se rencontrent en lui, et nous saurons ce qu’il est, en sachant ce qu’il contient. […] Or, tous les événements que je m’attribue ont un caractère commun ; ils m’apparaissent comme intérieurs. […] Outre ces pouvoirs communs à tous les hommes, chacun de nous découvre en lui-même, par une expérience semblable, les pouvoirs particuliers qui lui sont propres. […] Il faut ensuite que, grâce aux abréviations de la mémoire, les particularités de nos événements s’effacent, qu’un caractère commun à tous les éléments de la file prédomine, se dégage, s’isole et soit érigé par un substantif en substance.
Retranchez toutes les différences qui séparent un homme des autres ; ne conservez de lui que la portion commune à lui et aux autres. […] Ainsi tous seront égaux devant la loi ; nulle personne, famille ou classe, n’aura de privilège ; nul ne pourra réclamer un droit dont un autre serait privé ; nul ne devra porter une charge dont un autre serait exempt D’autre part, tous étant libres, chacun entre avec sa volonté propre dans le faisceau de volontés qui constitue la société nouvelle ; il faut que, dans les résolutions communes, il intervienne pour sa part. […] Ce sont des composés de laboratoire qui restent inoffensifs dans le cabinet et sous la main du chimiste, mais qui deviennent terribles dans la rue et sous les pieds du passant. — On ne s’en apercevra que trop bien tout à l’heure, quand les explosions iront se propageant sur tous les points du territoire, quand, au nom de la souveraineté du peuple, chaque commune, chaque attroupement se croira la nation et agira en conséquence, quand la raison, aux mains de ses nouveaux interprètes, instituera à demeure l’émeute dans les rues et la jacquerie dans les champs. […] Il faut que l’État ait tous les droits et que les particuliers n’en aient aucun ; sinon, il y aurait entre eux et lui des litiges, et, « comme il n’y a aucun supérieur commun qui puisse prononcer entre eux et lui », ces litiges ne finiraient pas. […] Morelly, Code de la nature . « À cinq ans, tous les enfants seront enlevés à la famille et élevés en commun aux frais de l’État d’une façon uniforme. » On a trouvé un projet analogue et tout spartiate dans les papiers de Saint-Just.
Maintenant, en creusant au-dessous de ces trois hypothèses, je leur découvre un fond commun : elles tiennent les opérations élémentaires de l’esprit, perception et mémoire, pour des opérations de connaissance pure. […] Entre la chose en soi, c’est-à-dire le réel, et la diversité sensible avec laquelle nous construisons notre connaissance, on ne trouve aucun rapport concevable, aucune commune mesure. […] Et nous voyons réalisme et idéalisme tout près de coïncider ensemble, à mesure que nous écartons le postulat, accepté sans discussion par l’un et par l’autre, qui leur servait de limite commune. […] Et c’est pourquoi la surface de notre corps, limite commune de ce corps et des autres corps, nous est donnée à la fois sous forme de sensations et sous forme d’image. […] Mais justement parce que nous avons éliminé les éléments, atomes ou autres, que ces mouvements auraient pour siège, il ne peut plus être question ici du mouvement qui est l’accident d’un mobile, du mouvement abstrait que la mécanique étudie et qui n’est, au fond, que la commune mesure des mouvements concrets.
C’est là un exemple parfait de Bovarysme puéril, car à se concevoir autrement qu’il n’est, l’enfant s’attribue les qualités et les aptitudes du modèle qui l’a fasciné : il se réalise tel qu’il se veut jusqu’au moment où la réalité commune contredit son pouvoir de réalisation individuelle. […] De son incompétence à l’égard des tâches les plus communes il a su conclure à un raffinement qui ne le destinait qu’aux plus hautes. […] Son souci est de ne point penser selon les modes ordinaires car il ignore que les hommes ne diffèrent pas entre eux par leurs opinions qui sont marchandises communes, mais par les raisons, selon qu’elles sont superficielles ou profondes, ’grossières ou délicates, qui les persuadent de ces opinions. […] À professer des opinions à la portée commune sur des sujets accessibles à tous, il risquerait de s’en faire remontrer par chacun. […] C’est un geste, une coiffure, c’est un port de tête, un mot, une piété en commun pour un nom d’artiste nouveau ou oublié, et ce signe, qui symbolise leur supériorité, reçoit son efficacité et sa puissance de suggestion de l’unanimité de leur accord.
Cuvier ne fit que commenter Platon en même temps que la Bible lorsqu’il admettait des embranchements ayant leurs types absolument distincts, des espèces irréductibles à quelque ancêtre commun, créations successives d’un Dieu modelant les êtres sur ses idées. […] Mais, selon nous, une troisième théorie des idées est possible : c’est celle qui, sous l’opposition du sujet pensant et du sujet pensé, chercherait une unité plus profonde, une action commune à l’esprit et aux choses, un processus universel dont la « représentation intellectuelle » est un moment et une manifestation incomplète. […] Il n’a pas su montrer dans cette « volonté de vivre » qui, selon lui, fait le fond commun de tous les êtres, la vraie origine de nos idées universelles et nécessaires, des formes à la fois cérébrales et mentales à travers lesquelles nous apercevons toutes choses.
Cette affiche, c’est le fin fond du programme secret de la Commune ! […] Les affaires de la Commune vont-elles mal ? […] Devant le passage Jouffroy, je suis surpris d’entendre des cris : À bas la Commune ! […] Il s’est animé au sujet de la politique de la Commune. […] Pas, sur toute la ligne des boulevards, un membre de la Commune ceint de son écharpe.
Son chant n’a rien de commun avec les sentiments et les pensées des hommes ; il ne se ressent pas davantage des impressions de la nature. […] Telle est la véritable philosophie de cette histoire ; elle n’a rien de commun avec les classiques récits de l’antiquité. […] Mais qu’est-ce que cette fatalité a de commun avec l’avènement de la véritable démocratie ? […] Aussi le droit et le fait ne peuvent-ils avoir une commune mesure. […] Vico, Principes d’une science nouvelle relative à la nature commune des nations.
L’homme de génie fait quelques pas dans des sentiers inconnus ; mais il ne faut pas moins que la force commune et réunie des siècles et des nations pour frayer les grandes routes. […] L’éloquence populaire des anciens, celle des premiers orateurs français, produiraient dans la Chambre des communes plutôt l’étonnement que la conviction. […] S’il fallait prolonger un raisonnement, sa fausseté serait plus sensible ; si l’on pouvait le réfuter avec les formes qui servent à développer les vérités élémentaires, les esprits les plus communs finiraient par comprendre quel est l’objet de la question. […] L’importance politique de chaque citoyen est telle dans un pays libre, qu’il attache plus de prix à ce qui lui revient du bonheur public, qu’à tous les avantages particuliers qui ne serviraient pas à la force commune.
Hatin dit encore que « le journalisme est le signe de la vie commune ». Mais la vie commune sans des chefs serait le pêle-mêle de l’anarchie, et ce n’est pas pour y trouver de tels spectacles que les hommes étudient l’histoire, mais pour tirer de ces spectacles de vigoureuses conclusions. Il faut donc en revenir à cette question d’autorité qui doit primer toutes les questions de liberté dans les sociétés vivant en commun, mais en organisation cependant, et que le gouvernement de Napoléon III a posée en matière de presse. […] Enfin, relevée un instant par l’abbé Aubert, et retombant de nouveau sous la plume insignifiante de Bret, la Gazette, journal privilégié, atteignit l’époque mortelle à tous les privilèges, et, en 1792, retomba sous le droit commun.
Duranty, mais ce pathétique vient de gens et d’événements si communs qu’ils ne vous touchent plus ; et quand, parmi ces gens si profondément communs, tous tant qu’ils sont, il y a un caractère qu’au moins le romancier devrait sauvegarder de la vulgarité générale, puisque c’est celui de son héroïne, sur le malheur de laquelle il a pour but de nous attendrir, le croira-t-on ? il faut qu’à la fin il le rende aussi commun que tous les autres, mené qu’il est par la misérable idée de son école que, plus on est commun, plus on est vrai.
À la vérité, il y aurait encore quelque chose de commun entre les deux énoncés, mais c’est parce que ces être ne diffèrent pas encore assez de nous. On peut imaginer des êtres plus étranges encore, et la partie commune entre les deux systèmes d’énoncés se rétrécira de plus en plus. […] Veut-on que cette partie commune des énoncés soit exprimable par des mots ? […] Mais, dira-t-on, sans doute, les Français seraient capables de comprendre les Allemands même sans avoir appris l’allemand, mais c’est parce qu’il reste entre les Français et les Allemands quelque chose de commun, puisque les uns et les autres sont des hommes. […] Il est clair que la science de ces êtres différerait absolument de la nôtre et qu’il serait superflu de chercher un « invariant » commun à ces deux sciences.
Toutefois, sous l’empreinte originale des personnalités, il sera possible de retrouver, dans les œuvres d’un pays et d’un temps, les traces d’un même esprit ; ces notions communes qui, malgré les divergences des pensées personnelles, se seront imposées aux unes comme aux autres, on dira légitimement qu’elles « règnent ». […] Et d’abord le premier postulat qui leur est commun est l’idée de la valeur propre l’individu. […] Il est hors de doute que la coexistence d’un certain homme avec une certaine femme chez ces peuples primitifs n’a rien de commun avec le mariage monogamique de l’Europe moderne. » Ainsi, ajouterons-nous, leur prétendu égalitarisme, qui n’est que l’absence même de lois reconnues, de fonctions définies, de propriétés fixées, de gouvernement stable, n’a pas de commune mesure avec le nôtre. […] On n’y trouve point l’usage de compter les voix pour déterminer la majorité : preuve qu’il n’est pas juste de dire que dans ces réunions « chacun compte pour un et ne compte que pour un ». — Mais enfin, dans les sociétés très primitives, les fonctions nécessaires à l’existence commune ne sont pas encore réservées à une certaine classe ? […] Nous avons plus longuement exposé la thèse qui leur est commune dans un article de la Revue de Métaphysique et de Morale de janvier 1896 : « Sociologie et Démocratie ».
Germain pour ses beaux travaux sur la Commune de Montpellier33. […] Le Play est loin de conclure, à la façon des publicistes ultra-conservateurs, que le régime de privilège détruit en 1789 doive être préféré à celui du droit commun inauguré depuis lors, et qu’il puisse avoir des chances de se relever : tous les champions, d’ailleurs, de cet ancien régime, tous « ces demeurants d’un autre âge » sont tombés l’un après l’autre et ont définitivement disparu ; aucun parti, à l’heure qu’il est, n’avoue ni ne défend plus leur programme. […] Voir dans le Moniteur du 6 décembre 1864 tout le passage qui commence par ces mots : « En effet, messieurs, est-ce bien à proprement parler une commune que cette immense capitale, etc. ? […] Histoire de la Commune de Montpellier (3 vol. in-8°, 1851), par M. […] L’auteur a particulièrement insisté, en maint endroit, sur l’esprit de liberté, d’égalité et d’harmonie, qui animait les bourgeois de cette Commune sous la vive influence du christianisme dont ils étaient imbus et pénétrés.
Si l’on excepte quelques illustres incurables, auxquels les années n’ont guère rien appris, la plupart, d’un côté ou d’un autre, sont arrivés à un fonds commun ; ce que j’appelle les secondes phases du talent a tourné chez presque tous à l’expérience. […] c’est le radeau après le navire), la critique, par épuration graduelle et contradiction commune des erreurs, tend à se reformer et à fournir un lieu naturel de rendez-vous. […] Il me semblerait, en leur place, que la distance de quelques points de départ divers devrait s’évanouir et se confondre dans un but désormais commun de recomposition et de salut. […] Dix ans se sont écoulés, et ces mêmes esprits développés, rapprochés, peuvent, quand on les lit, sembler unis en une large nuance commune, qui ne laisse guère subsister d’essentiellement différent que ce qui tient au talent propre, à la manière, à la finesse. […] Tout serait gagné s’il venait à y renaître un certain souffle de désintéressement qui ne se peut espérer que dans les travaux en commun.
De même, dans toute langue, et dans notre français, à côté des mots de l’usage commun et que tout le monde comprend à peu près, il y a des mots techniques, des termes de sciences, d’arts, de métiers, qui sont comme autant de langues dans la langue, et qui font aux profanes le même effet que le latin d’Ovide à ses voisins scythes. […] On doit s’efforcer de rendre sa pensée avec toute l’exactitude possible, au moyen des mots de la langue commune à tous les métiers, à toutes les classes. […] Sully-Prudhomme expliquer, mieux que dans la langue commune, dans la langue de la poésie, certaines doctrines philosophiques, avec autant de rigueur qu’eût pu le faire un docteur allemand, devant quelques disciples initiés, dans un langage hérissé de locutions scolastiques ?
Il est quelques artisans beaucoup plus capables que le commun des hommes de porter un bon jugement sur les ouvrages de leur art. Ce sont les artisans nez avec le génie de cet art, toujours accompagné d’un sentiment bien plus exquis que n’est celui du commun des hommes. Mais un petit nombre d’artisans est né avec du génie, et par consequent avec cette sensibilité ou cette délicatesse d’organes supérieure à celle que peuvent avoir les autres, et je soutiens que les artisans sans génie jugent moins sainement que le commun des hommes, et si l’on veut que les ignorans.
Il aurait continué à prouver que « le vice interne dont souffre notre société française, c’est l’émiettement des individus, isolés, diminués aux pieds de l’État trop puissant, rendus incapables par de lointaines causes historiques et plus encore par la législation moderne, de s’associer spontanément autour d’un intérêt commun ». […] ∾ « Commune, Département, Église, École, ce sont-là, dans une nation, à côté de l’État, les principales sociétés qui peuvent grouper des hommes autour d’un intérêt commun et les conduire vers un but marqué : d’après ces quatre exemples, on voit déjà de quelle façon, à la fin du xviiie siècle et à la fin du xixe , nos politiques et nos législateurs ont compris l’association humaine.
Hâtons-nous de le reconnaître : la philosophie religieuse n’a rien de commun avec la philosophie naturelle quant au sentiment des vérités de l’ordre moral. […] Un Dieu à la façon de Plotin, de Spinosa, de Schelling, de Hegel, n’a rien de commun avec l’objet du sentiment religieux. La théorie ne s’en tient pas là ; elle va jusqu’à l’union, la vie commune avec Dieu. […] Il est bien vrai sans doute qu’ils ont tous ceci de commun de conclure à l’absorption en Dieu ; mais quel Dieu ? […] Le vrai sentiment religieux n’a rien de métaphysique ; il ne s’adresse ni à l’être infini, ni à l’être absolu, ni à l’être universel, tous êtres abstraits qui n’ont rien de commun avec la conscience.
En effet elle insiste exclusivement sur ce qu’il y a de commun chez les individualités humaines ; elle néglige de parti pris ce qu’il y a en elles de divers, de singulier et d’unique ; bien plus elle voit dans ce dernier élément une source de désordre et de mal. […] Pourquoi en effet respecterions-nous ce pacte s’il est l’œuvre de gens avec lesquels nous n’avons ou ne voulons avoir rien de commun ? […] C’est une originalité au rabais ; c’est un minimum d’originalité ; c’est une originalité très commune et très banale puisqu’elle appartient à tous les hommes sans exception, qu’ils le veuillent ou non. […] Y a-t-il quelque trait commun entre ces deux individualismes : l’individualisme uniciste et l’individualisme aristocratique ? […] Un autre trait commun à l’individualisme uniciste et à l’individualisme aristocratique est un antichristianisme et un immoralisme déclaré ou latent.
Supposons que A soit la source commune : il est possible que A ait été copié séparément par B et par C ; que C n’ait connu la source commune que par l’intermédiaire de B ; que B n’ait connu la source commune que par l’intermédiaire de C. […] C’est la condition commune des observations dans toutes les sciences constituées. […] quelles habitudes avaient-ils en commun ? […] La mésaventure est commune aux hommes qui méditent longtemps sur un petit nombre de textes. […] Les faits généraux consistent dans des actes souvent répétés communs à beaucoup d’hommes.
La délicatesse des manières et la finesse de l’esprit n’ont rien de commun en Orient avec ce que nous appelons éducation. […] Les fréquentes ressemblances qu’on trouve entre lui et Philon, ces excellentes maximes d’amour de Dieu, de charité, de repos en Dieu 135, qui font comme un écho entre l’Évangile et les écrits de l’illustre penseur alexandrin, viennent des communes tendances que les besoins du temps inspiraient à tous les esprits élevés. […] La négation du miracle, cette idée que tout se produit dans le monde par des lois où l’intervention personnelle d’êtres supérieurs n’a aucune part, était de droit commun dans les grandes écoles de tous les pays qui avaient reçu la science grecque. […] La légende se plaît à le montrer dès son enfance en révolte contre l’autorité paternelle et sortant des voies communes pour suivre sa vocation 142.
À plus forte raison, son fils n’avait rien de commun avec cette famille. […] Comme ils sont une même famille, ils ont une sépulture commune. […] Varron dit que ces rites étaient communs au Latium et à l’Etrurie. […] Pas de religion commune, pas de loi commune. […] On n’admettait pas qu’il dût y avoir rien de commun entre deux cités.
Ces vers-là n’ont rien de commun avec la poétique étroite et pseudo-classique de MM. Bornier et Parodi, rien de commun non plus avec la plate emphase et le patois rugueux de M.
Longtemps habitué à une sorte d’unité de doctrine, quelque vague et illusoire qu’elle dût être, sous l’empire des fictions théologiques et des entités métaphysiques, l’esprit humain, en passant à l’état positif, a d’abord tenté de réduire tous les divers ordres de phénomènes à une seule loi commune. […] Mais, d’après le sentiment unanime de leur commune insuffisance, ni l’un ni l’autre ne peut plus inspirer désormais, chez les gouvernants ou chez les gouvernés, de profondes convictions actives. […] On doit, il est vrai, reconnaître, en général, que l’introduction de toute règle morale a dû partout s’opérer d’abord sous les inspirations théologiques, alors profondément incorporées au système entier de nos idées, et aussi seules susceptibles de constituer des opinions suffisamment communes. […] Cet état doit être facile, au contraire, soit aux penseurs, soit aux opérateurs, d’après leur commun affranchissement spontané des soucis relatifs à l’emploi des capitaux, et indépendamment de la régularité naturelle de leur vie journalière. […] La loi fondamentale de cet ordre commun, de dépendance dogmatique et de succession historique, a été complètement établie dans le grand ouvrage ci-dessus indiqué, et dont elle détermine le plan général.
Cependant elle a servi de texte à un biographe moderne de Molière, pour imputer positivement à toutes les précieuses, comme une des habitudes qui leur étaient communes, les plus ridicules exercices. […] Mais la paix a tout ranimé ; et il n’est pas facile de dire comment elles sont devenues si communes. […] Ce titre se donne, dit de Pure dans La Précieuse, page 26, aux personnes du beau sexe qui ont su se tirer du prix commun des autres. […] Ainsi on ne disait une précieuse simplement, que quand il s’agissait de l’opposera femme vulgaire ou commune ; on disait une illustre, quand il s’agissait de l’opposer à grande précieuse, ou à précieuse ridicule. […] Il avait pu être lui-même subjugué par l’exemple de ses approbateurs, et atteint de leur corruption : c’était la destinée commune.
Comme ses Ouvrages sont plus d’un Physicien que d’un Littérateur, nous n’en jugerons point le fond ; nous nous contenterons de dire qu’ils sont écrits d’un style aisé & assez clair pour instruire le commun des Lecteurs sur toutes les matieres qu’il traite. […] M. le Dauphin avoit pour lui une affection particuliere, dont il lui donna des preuves dans une circonstance qu’il n’est pas hors de propos de rapporter, pour faire connoître tout à la fois la bonté du Prince, le désintéressement du Savant, & l’indifférence du commun des Grands pour les Sciences.
Nous avions les Constituants, les Girondins, les Montagnards, la Commune ; l’Angleterre avait les Épiscopaux, les Presbytériens, les Indépendants, les Niveleurs et les Millénaires. […] A chacune de ces contradictions nouvelles, elle a gagné d’un côté ce qu’on lui interdisait de l’autre ; elle a perdu, chaque fois, quelque chimère, quelque fiction dont elle ne s’était pas assez gardée dans le premier enivrement ; et aujourd’hui que tous les obstacles sont enfin levés, elle remet en commun tous ces progrès si lents, tous ces résultats conquis un à un durant quarante années : il n’y a que les chimères qu’elle a laissées en chemin. […] Quand, à force de folies et de crimes, les Stuarts et leurs conseillers eurent réuni contre eux, dans une haine commune, anglicans, presbytériens et puritains, les grands seigneurs anglais comprirent qu’il était temps d’agir, et entrèrent en pourparlers avec Guillaume.
Le trait commun à tous les courtisans, c’est le désir de plaire, c’est au moins la crainte de déplaire ; mais ils sont tous jetés dans des moules différents. […] De même, ceux de Louis XIV n’avaient rien de commun ni avec ceux de Louis XI, ni avec ceux de Louis XIII. […] Il était grand citoyen aussi quand il livrait à la moquerie publique la manie de se faire noble, de se donner des titres, de se séparer du commun état.
C’est la destinée de tous les arts, qui ont une origine et un objet commun, que l’infection passe d’un art à l’autre. […] Si notre musique nous plaît, c’est parce que nous ne connoissons pas rien de mieux, et parce qu’elle chatoüille les sens, ce qui lui est commun avec le ramage des chardonnerets et des rossignols. […] Je parle du commun des hommes.
Le comte de Vigny, — que nous pouvons appeler maintenant simplement : Alfred de Vigny, puisqu’il n’est plus qu’un grand nom littéraire de la France du xixe siècle et que l’Immortalité ne dit : monsieur à personne, — le comte de Vigny a cela de rare et de merveilleux, qui fermera la bouche aux âmes communes toujours prêtes à jeter la pierre aux poètes, qu’on ne peut trouver une contradiction dans sa vie, et que ce qu’il fut comme poète, il le fut également comme homme. […] À une époque, en effet, où la poésie est devenue tellement extérieure que toute son âme a passé par dehors et que les plasticités de Rubens sont la visée commune de tous les poètes, rien de plus curieux et de plus inattendu que ces quelques vers, qui n’ont pas jailli, mais qui sont tombés lentement d’une tête réfléchie comme le sang tombe lentement d’une blessure quand elle est trop profonde pour dégorger… Et ce n’est pas tout. […] Le nombre borné de ces poésies qui résument en quelques pièces les inspirations de trente années, et que je ne mettrai certainement pas, moi, sur le compte de ce dessèchement de la veine si commun chez les poètes communs qui n’ont pas en eux la source intarissable du génie, ce très petit nombre m’explique davantage et m’éclaire plus intensément Alfred de Vigny et cette transformation de tout son être qui lui avait fait mettre le doigt d’Harpocrate sur la bouche fermée de sa Muse.
Faudrait-il conjecturer enfin pour unique avenir, pour dernier progrès du monde civilisé, le triomphe de ce que l’on a nommé la science sociale, de cette égalité utilitaire, que les uns, rêveurs sans imagination, fanatiques sans culte, prétendraient réaliser par un niveau démocratique asservi à des règlements de vie commune et de salaire, et que d’autres seraient prêts à représenter plus commodément et plus vite par la simple action du despotisme militaire et civil ? […] Les crimes de palais, la politique sanguinaire, les massacres en masse, qui étaient encore il y a trente ans le droit commun de la Turquie, lui sont désormais interdits. […] Et cependant, sur cette laborieuse arène des intérêts privés, quel souffle commun de patriotisme rapproche soudainement tous les cœurs américains ! […] Comme le souffle de la liberté commune anima tous ces âpres égoïsmes, et comme le génie naissant de la jeune Amérique accueillit rudement sur ses rivages l’attaque, injuste alors, d’étrangers envahisseurs !
entre nous et notre propre conscience, un voile s’interpose, voile épais pour le commun des hommes, voile léger, presque transparent, pour l’artiste et le poète. […] Elle choisit, parmi les singularités, celles qui sont susceptibles de se reproduire et qui, par conséquent, ne sont pas indissolublement liées à l’individualité de la personne, des singularités communes, pourrait-on dire. […] Nous aimons mieux insister sur ce qu’elles ont de commun. […] A qui n’est-il pas arrivé de voir la même image reparaître dans plusieurs rêves successifs et prendre dans chacun d’eux une signification plausible, alors que ces rêves n’avaient pas d’autre point commun ? […] Ou bien encore il aura conscience de parler et d’agir comme à l’ordinaire ; seulement il parlera de lui comme d’un étranger avec lequel il n’a plus rien de commun ; il se sera détaché de lui-même.
La découverte de la loi dernière de nos actes psychologiques aurait donc cela de commun avec bien d’autres découvertes, d’être venue tard et de paraître si simple qu’on ait le droit de s’en étonner. […] L’usage le plus répandu consiste, comme on le sait, à répartir les phénomènes intellectuels en classes, à séparer ceux qui diffèrent, à grouper ensemble ceux de même nature et à leur imposer un nom commun et à les attribuer à une même cause ; c’est ainsi qu’on en est arrivé à distinguer ces divers aspects de l’intelligence qu’on appelle jugement, raisonnement, abstraction, perception, etc. […] Si l’on ne perd point de vue que les diverses facultés ne sont aussi que des causes inconnues de phénomènes connus, qu’elles ne sont qu’un moyen commode de classer les faits et d’en parler ; si l’on ne tombe pas dans le défaut si commun d’en faire des entités substantielles, des sortes de personnages qui tantôt s’accordent, tantôt se querellent, et forment dans l’intelligence une petite république ; on ne voit point ce qu’il y aurait de répréhensible dans cette distribution en facultés, très conforme aux règles d’une saine méthode et d’une bonne classification naturelle. […] Bain sous ces quatre titres : Classification, abstraction, généralisations de notions, noms généraux, définitions : la classification consistant à grouper les objets d’après la ressemblance ; de là résulte une généralisation ou idée abstraite qui représente ce qu’il y a de commun dans le groupe ; et une définition qui exprime les caractères communs de la classe.
Non seulement nous avons un moi social répondant à la partie de la société qui est commune avec notre individualité, mais, dans notre moi individuel lui-même, l’analyse découvre des facteurs sociaux, et ces facteurs ont joué un rôle important dans la genèse de l’idée. […] Nous disons je pense, et, si le sujet désigne notre individualité, l’attribut désigne quelque chose qui la dépasse, qui est valable pour les autres comme pour nous, qui est soumis à des lois communes et générales, à une logique impersonnelle : la pensée. […] Ce qui a encore accusé le contraste de la pensée impersonnelle avec la personne individuelle, c’est la vie en société, parce que la pensée impersonnelle est au fond une pensée sociale : c’est ce qu’on nommait chez les anciens la raison commune, ϰοινὸς λόγος, et ce qu’on nomme encore le sens commun. […] Même dans nos rapports avec les animaux, nous subissons encore une logique commune, qui est plutôt, il est vrai, sensitive qu’intellectuelle : le commerce avec les animaux, amis ou ennemis, n’en est pas moins une interprétation de signes, conséquemment un phénomène de logique sociale. […] Cette tendance est encore augmentée par la nécessité de se nourrir, commune à tous les êtres vivants, et qui est une intusception, une absorption en soi des éléments extérieurs, une sorte de faim perpétuelle et d’aspiration à se remplir.
A ce ridicule près, qui n’en est plus un aujourd’hui, à force d’être commun, Mademoiselle de Gournay n’étoit pas sans mérite. Son esprit étoit orné ; elle avoit l’imagination vive & agréable, une érudition peu commune parmi les personnes de son sexe.
Dans la première hypothèse, l’espace se réduirait à une abstraction, ou pour mieux dire à un extrait, il exprimerait ce que certaines sensations, dites représentatives, ont de commun entre elles. […] Bref, le mot aux contours bien arrêtés, le mot brutal, qui emmagasine ce qu’il y a de stable, de commun et par conséquent d’impersonnel dans les impressions de l’humanité, écrase ou tout au moins recouvre les impressions délicates et fugitives de notre conscience individuelle. […] En un certain sens, nous les avons adoptées sans raison, car ce qui en fait le prix à nos yeux, c’est que leur nuance répond à la coloration commune de toutes nos autres idées, c’est que nous y avons vu, dès l’abord, quelque chose de nous. […] L’animal ne se représente probablement pas, comme nous, en outre de ses sensations, un monde extérieur bien distinct de lui, qui soit la propriété commune de tous les êtres conscients. La tendance en vertu de laquelle nous nous figurons nettement cette extériorité des choses et cette homogénéité de leur milieu est la même qui nous porte à vivre en commun et à parler.
Un trait commun, hélas ! […] Ils ont voulu leurs œuvres lues sagement, lues par nous avec un désir de les penser à notre tour, non avec la vaine envie, commune, de critiquer et de railler. […] Le moraliste ne peut pas chercher une indication plus précise du devoir commun : à peine, ensuite, ranger, dans une formule générale, les désirs les plus fréquents autour de lui. […] Et Tolstoï nous montre le bonheur, seulement, dans la fusion de notre vie avec la commune Vie. […] Auprès, il verra les hommes, librement pareils ; avec eux il fera les tâches salutaires, partageant le travail commun pour le commun bonheur : le travail facile des moissons, des bâtiments, des vêtements.
Le club des Jacobins règne par ses tribuns sur le peuple ; le peuple règne par ses agitateurs à l’hôtel de ville dans la commune de Paris. […] Les Jacobins et la commune soulèvent contre eux la multitude. […] Une Convention nationale, formée de tous les partis extrêmes, est appelée à leur place par le tocsin du 10 août ; des tribuns forcenés de la commune de Paris veulent les intimider par les massacres de septembre. […] J’appris qu’il vivait encore, qu’il s’était réconcilié avec l’Église au temps des rétractations, et qu’il était, depuis longues années, curé de la commune de Bessancourt, dans le département de Seine-et-Oise. […] Je dois le dire, la commune même de Paris ne les voulut pas ; elle les adopta après coup pour les arrêter.
Il est commun, elle est commune, Voilà ce qu'ils ont de pareil.
D’autres littérateurs veulent nous persuader que le bon goût consiste dans un style exact, mais commun, servant à revêtir des idées plus communes encore. […] Je le répète, un style commun n’a rien à craindre de ces attaques. […] Les paradoxes sans doute sont aussi des idées communes.
Et, quoique chaque œuvre en particulier puisse plaire par des raisons particulières, toutes cependant plaisent ensemble par des raisons qui leur sont communes. Rechercher ces raisons communes, c’est faire une doctrine littéraire ; rechercher ces raisons particulières, c’est l’appliquer. […] Plus on connaît de grandes œuvres dans des temps et dans des pays différents, plus il devient difficile de ramener à des principes généraux et à des lois communes tant d’écrits nés dans des conditions très-diverses et sous des inspirations opposées. […] Certainement Pline et Quintilien avaient le droit de se considérer comme les représentants de la raison générale, de la raison commune, contre ce sens propre et individuel qui se disait inspiré.
Tout ce que lui dit La Fontaine est assez commun ; mais il y a deux vers bien singuliers : V. 37. […] la plaisante idée de La Fontaine d’avoir choisi des moines, au lieu d’une commune de paysans, afin que la faute de l’âne fût la plus petite possible, et la confession plus comique. […] C’est une aventure fort commune qui ne méritait guère la peine d’être rimée. […] Belle expression qui rajeunit une idée commune.
Elle n’existait pas pour le commun des esprits, qui a pourtant besoin de savoir quelque peu d’histoire. […] Henri Martin, qui vit le moment bon, se dévoua à ce genre historique, — l’histoire pour les gens qui ne la savent pas et qui ne la sauront jamais très bien ; et il fit alors cette teinture qu’il a extrêmement travaillée, destinée à tremper le commun des esprits dans des notions d’histoire, suffisantes et convenables. […] Nous n’outragerons pas son intelligence au point même de le supposer, mais c’est un ennemi de l’Église qui écrit pour le commun des esprits et pour l’éducation élémentaire des pauvres jeunes gens qui ne se collèteront jamais avec les difficultés de l’histoire, et cela lui constitue un terrain sur lequel, si grotesque qu’on soit, on finit par devenir dangereux. […] La seule chose qui nuira peut-être à cette gloire des idées communes qui doit être la sienne, c’est son druidisme.
Être distingué, dans ce temps, c’est un inconvénient… Quand l’envie de l’égalité abaisse les lettres vers le commun où tout le monde peut se rencontrer, quand Victor Hugo lui-même, pour être populaire, aplatit son talent qu’il aurait dû respecter, s’aviser de montrer dans le sien de la distinction est un début bien imprudent pour un jeune homme. […] Je ne dis pas qu’un jour le jeune écrivain, plus avancé dans la vie et dans l’expérience d’écrire, ne baissera pas de quelques tons une corde de lyre qu’il tend quelquefois trop ; je ne dis pas qu’il penchera toujours vers cette préciosité dont il ne faut pas dire trop de mal, après tout, puisqu’elle nous empêche, par un ressaut et un cabrement, de tomber dans ce vilain abîme du commun qui n’est qu’un trou, et dans lequel nous tomberions tous, comme des capucins de cartes, si nous ne nous rejetions pas entièrement de l’autre côté Mais je dis qu’il continuera d’être distingué, fût-ce malgré lui ; car la distinction est la chose, quand elle est en nous, la plus difficile à supprimer. […] aux idées communes, et les plus communes, sur le Moyen Age et sur l’Église.
B′ Moyens internes 6° Sujets préférés : a) Époques : Le moyen âge, l’antiquité orientale, l’époque moderne, pittoresque ou hideuse ; caractères communs : le bizarre, le coloris. b) Lieux : La mer, les forêts, les villes, la cathédrale, le château, le bouge : caractères communs : le mystérieux, le ténébreux, l’infini, le coloris, l’indistinct. c) Moments : La nuit, le soir, l’ombre les crises, le trouble ; mêmes caractères communs.
Tout le monde se croit compétent sur ce point, presque tout le monde se trompe, il ne faut que se promener une fois au sallon, et y écouter les jugemens divers qu’on y porte, pour se convaincre qu’en ce genre comme en littérature, le succès, le grand succès est assuré à la médiocrité, l’heureuse médiocrité qui met le spectateur et l’artiste commun de niveau. […] Celui qui devance son siècle, celui qui s’élève au-dessus du plan général des mœurs communes doit s’attendre à peu de suffrages, il doit se féliciter de l’oubli qui le dérobe à la persécution. Ceux qui touchent au plan général et commun sont à la portée de la main, ils sont persécutés ; ceux qui s’en élèvent à une grande distance ne sont pas apperçus, ils meurent oubliés et tranquilles.
Saurin, ne sont distinguées de celles qui nous inondent tous les jours, que par quelques traits de chaleur & de facilité, qui ne les exceptent pas de la réprobation commune. On sait que ce Poëte est fils de Joseph Saurin, de l'Académie des Sciences, qui n'a rien de commun avec le précédent, que d'avoir été Ministre comme lui.
Un ami commun réconcilia les deux adversaires. […] Mais la raison qui rendait Lamotte si difficile pour Homère n’a de commun avec celle-là que le nom. […] C’est un trait commun à toute une classe d’auteurs, et voilà pourquoi je le relève. […] Un second motif d’hostilité contre les anciens lui est commun avec Desmarets, Perrault et Lamotte ; c’est l’ignorance de soi-même. […] Dans la médiocrité commune, on estima plus ce qu’il voulait nous ôter que ce qu’il offrait de mettre à la place, et la raison se vengea d’abord, par l’incrédulité, du conseil de s’abêtir.
Avis du traducteur Les Principes de la Philosophie de l’Histoire dont nous donnons une traduction abrégée, ont pour titre original : Cinq Livres sur les principes d’une Science nouvelle, relative à la nature commune des nations, par Jean-Baptiste Vico, ouvrage dédié à S. […] M. le chevalier de Angelis, auteur de travaux inédits sur Vico, a bien voulu nous communiquer la plupart des ouvrages italiens que nous avons extraits ou cités ; exemple trop rare de cette libéralité d’esprit qui met tout en commun entre ceux qui s’occupent des mêmes matières.
Si donc des déviations de structure étranges et rares s’héritent réellement, on doit admettre que des déviations moins extraordinaires et même communes sont transmissibles. […] Blyth, dont la science profonde et variée me fait évaluer l’opinion très haut, pense que toutes nos races volatiles proviennent du Coq d’Inde commun (Gallus bankiva). […] Pour ce qui est des Canards et des Lapins, dont les races diffèrent considérablement entre elles, les faits connus disposent cependant à croire qu’elles descendent toutes du Canard sauvage et du Lapin commun. […] L’Oie commune, au contraire, n’a fourni qu’un très petit nombre de variétés ; il s’en est suivi que la race de Toulouse et la race commune, qui diffèrent seulement en couleur, le moins constant de tous les signes caractéristiques, ont été exhibées comme distinctes à nos expositions de volatiles. […] En France, le nom de Biset sert à désigner non seulement l’espèce sauvage du C. livia, mais encore la variété domestique commune ou Pigeon de colombier (Dove-cot des Anglais).
Et en particulier, les hommes remarquables, guerriers, prélats, savants, hommes de lettres, qui sont sortis avec éclat de la terre natale, y rentrent à l’état de personnages historiques après des années ou après des siècles, et y obtiennent d’un commun suffrage des bustes, des statues. […] On conçoit qu’avec tous ces souvenirs vivants, en présence de ces membres d’une famille qui est encore aujourd’hui pour la cité ce qu’elle était il y a plus d’un siècle, la fête qui se célébrait, il y a quinze jours, dans la jolie ville d’Hesdin n’était pas une solennité ordinaire, toute d’apparat et de curiosité ; il s’y mêlait un intérêt amical et commun, et ce n’était que justice. Était-ce bien pour l’abbé Prévost, pour l’auteur de ces romans et de ces mille écrits qu’ils n’ont point lus, que se pressaient vers la ville, dès le matin du dimanche 23, les habitants des communes rurales d’alentour, tellement que le travail des moulins chômait et qu’il ne restait dans les villages qu’une seule personne par maison pour la garde des enfants et des bestiaux ? […] Duchange, adopter l’opinion commune et la tradition sur la mort de l’abbé Prévost, attribuée à la promptitude d’un chirurgien ignorant ; d’autre part, dans le discours qu’il a prononcé, M. le docteur Danvin a dit : Il existe, sur la fin de l’abbé Prévost, une histoire lugubre que l’on rencontre reproduite partout : on rapporte que, trouvé sur un grand chemin dans un état de mort apparente, il aurait été, de son vivant, soumis à l’autopsie, et aurait pu rouvrir les yeux pour voir le misérable état où il était. […] Cependant, j’ai sous les yeux une note écrite de la main d’une petite-nièce de l’abbé Prévost, Mlle Rosine Prévost, et dictée à elle par son père, lequel avait dix-huit ans au moment de la mort de l’abbé ; et il dut certainement être informé avec précision de toutes les circonstances par son frère, qui était alors auprès de leur oncle commun.
Ceux qui sous un tel ordre de choses sont nés dans la classe privilégiée, ont à quelques égards beaucoup de données utiles ; mais d’abord la chance des talents se resserre, et à proportion du nombre, et plus encore, par l’espèce de négligence qu’inspirent de certains avantages ; mais quand le génie élève celui que les rangs de la monarchie avaient déjà séparé du reste de ses concitoyens, indépendamment des obstacles communs à tous, il en est qui sont personnels à cette situation ; des rivaux en plus petit nombre, des rivaux qui se croient vos égaux à plusieurs égards, se pressent davantage autour de vous, et lorsqu’on veut les écarter, rien n’est plus difficile que de savoir jusqu’à quel point il faut se livrer à la popularité, en jouissant de distinctions impopulaires ; il est presqu’impossible de connaître toujours avec certitude le degré d’empressement qu’il faut montrer à l’opinion générale : certaine de sa toute puissance, elle en a la pudeur, et veut du respect sans flatterie ; la reconnaissance lui plaît, mais elle se dégoûte de la servitude, et rassasiée de souveraineté, elle aime le caractère indépendant et fier, qui la fait douter un moment de son autorité pour lui en renouveler la jouissance : ces difficultés générales redoublent pour le noble, qui dans une monarchie veut obtenir une gloire véritable ; s’il dédaigne la popularité, il est haï : un plébéien dans un État démocratique, peut obtenir l’admiration en bravant la popularité ; mais si un noble adopte une telle conduite dans un État monarchique, au lieu de se donner l’éclat du courage, il ne ferait croire qu’à son orgueil ; et si, cependant, pour éviter ce blâme, il recherche la popularité, il est sans cesse près du soupçon ou du ridicule. […] Mais non, pourrait-on dire, le jugement de la multitude est impartial, puisqu’aucune passion envieuse et personnelle ne l’inspire ; son impulsion toujours vraie, doit être juste ; mais par cela même que ces mouvements sont naturels et spontanés, ils appartiennent à l’imagination ; un ridicule détruit à ses yeux l’éclat d’une vertu ; un soupçon peut la dominer par la terreur ; des promesses exagérées l’emportent sur des services prudents, les plaintes d’un seul, l’émeuvent plus fortement que la silencieuse reconnaissance du grand nombre ; enfin, mobile, parce qu’elle est passionnée ; passionnée, parce que les hommes réunis ne se communiquent qu’à l’aide de cette électricité, et ne mettent en commun que leurs sentiments ; ce ne sont pas les lumières de chacun, mais l’impulsion générale qui produit un résultat, et cette impulsion, c’est l’individu le plus exalté qui la donne. […] Toutes les passions, sans doute, ont des caractères communs, mais aucune ne laisse après elle autant de douleurs que les revers de la gloire ; il n’y a rien d’absolu pour l’homme dans la nature, il ne juge que parce qu’il compare ; la douleur physique même est soumise à cette loi : ce qu’il y a de plus violent dans le plaisir ou dans la douleur est donc causé par le contraste ; et quelle opposition plus terrible que la possession ou la perte de la gloire ! […] La passion de la gloire excite le sentiment et la pensée au-delà de leurs propres forces ; mais loin que le retour à l’état naturel soit une jouissance, c’est une sensation d’abattement et de mort : les plaisirs de la vie commune, ont été usé sans avoir été sentis, on ne peut même les retrouver dans ses souvenirs ; ce n’est point par la raison ou la mélancolie qu’on est ramené vers eux ; mais par la nécessité, funeste puissance, qui brise tout ce qu’elle courbe ! […] L’homme accoutumé à compter avec l’histoire, ne peut plus être intéressé par les événements d’une existence commune ; on ne retrouve en lui aucun des mouvements qui le caractérisaient, il ne sent plus la vie, il s’y résigne.
C’est que toutes les fois qu’il se présente, il éveille un nombre infini d’idées de ces individus ; et comme il les éveille en combinaison étroite, il en forme une espèce d’idées complexe. » « De là résulte que le mot homme n’est ni un mot répondant à une simple idée, ce qui était l’opinion des réalistes ; ni un mot ne répondant à aucune idée, ce qui était l’opinion des nominalistes ; mais un mot éveillant un nombre infini d’idées, par les lois irrésistibles de la sensation et en formant une idée très complexe et indistincte, mais non pas intelligible pour cela. » C’est dans le but de dénommer, et de dénommer avec une plus grande facilité, que nous formons des classes : et c’est la ressemblance qui, quand nous avons appliqué un nom à un individu, nous conduit à l’appliquer à un autre et à un autre, jusqu’à ce que le tout forme un agrégat, lié par le commun rapport de l’agrégat à un seul et même nom. […] Elle ne voit dans la classification qu’un nom commun, associé à un agrégat indéfini et indistinct d’individus concrets semblables. […] IV Nous allons voir l’association des idées employée par l’auteur de l’Analyse, pour expliquer divers états de conscience qu’il comprend sous le nom commun de croyance36. […] « A chacune des sensations que nous avons d’un objet particulier, nous joignons dans notre imagination une cause, à ces diverses causes nous joignons une cause commune à toutes et nous la marquons du nom de substratum 37. » En résumé nous éprouvons des groupes (clusters) de sensations ; ces sensations éveillent l’idée d’antécédents (les qualités), celles-ci éveillent l’idée d’un antécédent commun à toutes les qualités (le substratum), et le substratum avec ses qualités nous l’appelons l’objet38.
L’histoire, assez inutile au commun des hommes, est fort utile aux enfants, par les exemples qu’elle leur présente et les leçons vivantes de vertu qu’elle peut leur donner, dans un âge où ils n’ont point encore de principes fixes, ni bons ni mauvais. […] c’est un sens général qui est commun à ces mots : qu’est-ce qui fait ensuite que ces mots ne sont pas toujours synonymes ? […] Nous en avons plusieurs de cette espèce, et on pourrait ou n’en point marquer la quantité, ou la désigner par un caractère particulier, semblable à celui dont on se sert pour désigner les syllabes communes en grec et en latin, et qui est de cette forme — —. […] C’est en quoi consiste la véritable éloquence, et même en général le vrai talent d’écrire, et non dans un style qui déguise par un vain coloris des idées communes. […] Elles sont d’ailleurs presque aussi communes, même dans le discours ordinaire, que l’usage des mots pris dans un sens figuré, est commun dans toutes les langues.
Il aime le luxe à cause qu’il idolâtre les arts, étant poète, bel esprit et homme de goût ; il n’est pas fait pour se ravaler aux choses communes et éloignées des excès. C’est pourtant dans ces choses communes qu’est le bon, le vertueux, le bonheur, et par là le sublime. Que le bonheur et la vertu soient dans les choses communes, cela peut être, mais c’est trop d’y voir le sublime. Chacun abonde et verse dans son sens : le brillant séduit Voltaire ; le commun n’est jamais ce qui effraie d’Argenson : il lui suffit à lui d’être commun avec originalité. […] mais de dessous une aristocratie odieuse, — non une aristocratie de noblesse qui penserait plus généreusement, — mais une satrapie de roture qui a tout mis en formes, en mauvaises règles, en méchants principes et en ruine. » Il avait donc pensé que, « pour mieux gouverner, il ne s’agissait que de gouverner moins », et d’organiser la monarchie elle-même à l’aide d’une démocratie bien entendue, très divisée, non périlleuse, c’est-à-dire d’un système municipal et cantonal ; il en forme le plan détaillé, essayant en quelque sorte de provoquer un second établissement des communes par le bienfait direct de la royauté.
Divers préjugés avaient fait la fortune de la Henriade, et Voltaire, comme le plus intéressé, n’avait eu que la plus grosse part de l’illusion commune. […] C’est moins de la critique que de la guerre, et je n’affirmerais pas que ces prophètes de malheur et ces éplucheurs de mots aient été purs du péché d’envie ; cependant, ne sont-ils pas plus près de la vérité dernière sur la Henriade que la Harpe, qui ne trouve à porter au compte des fautes qu’un seul exemple de « vérités communes exprimées en vers communs ? […] Tous les bons juges des choses de l’esprit dans notre siècle en ont parlé, et, j’ajouterais, en ont tout dit, si André Chénier n’avait de commun avec tous les grands poètes que tout en a été dit et que tout en est encore à dire. […] Mais dans le fond, c’était le commun succédant au raffiné. […] C’est à peine si çà et là un hémistiche commun, une rime un peu maigre, un vers pensé où l’on voudrait un sentiment, donnent la date du morceau.
Il y a parfois de l’esprit dans ces lettres, mais un ton en général commun, et même grossier dans la plaisanterie. […] L’auteur supprime en idée tout ce qui est du caractère et du génie particulier aux diverses races, aux diverses nations ; il tend à niveler dans une médiocrité universelle les facultés supérieures et ce qu’on appelle les dons de nature ; il se réjouit du jour futur où il n’y aura plus lieu aux grandes vertus, aux actes d’héroïsme, où tout cela sera devenu inutile par suite de l’élévation graduelle du niveau commun. […] Sans doute, ajoute-t-il naïvement, l’homme ne deviendra pas immortel ; mais la distance entre le moment où il commence à vivre, et l’époque commune où naturellement, sans maladie, sans accident, il éprouve la difficulté d’être, ne peut-elle s’accroître sans cesse ? […] « Condorcet, il est vrai, ne dit que des choses communes, a remarqué finement M. Joubert, mais il a l’air de ne les dire qu’après y avoir bien pensé. » Ce cachet de réfléchi dans le commun (littéralement parlant) est ce qui le distingue.
Après les besoins du corps qui ont rassemblé les hommes pour lutter contre la nature, leur mère commune et leur infatigable ennemie, rien ne les rapproche davantage et ne les serre plus étroitement que les besoins de l’âme. […] La portée commune de l’esprit humain est la règle d’une éducation publique. […] Division commune à toute science et à tout art. […] Mais de l’une de ces divisions je vois éclore pêle-mêle des physiciens, des naturalistes, des médecins, des astronomes et des géomètres ; de l’autre, des historiens, des moralistes en vers et en prose, des jurisconsultes, des politiques ; la science de la robe, de l’épée et de l’église ; mais combien d’études préliminaires essentielles et communes à tous ces états ! […] 1re classe Le dessin (Cette classe est commune à tous les élèves.)
Si l’on ne s’en tenait point à des actions communes, (et j’appelle actions communes toutes celles où un homme en menace ou en tue un autre) mais qu’on imaginât quelque trait de générosité, quelque sacrifice de la vie à la conservation d’un autre, on élèverait mon âme, on la serrerait, peut-être même m’arracherait-on des larmes. […] Il y a, comme on voit, deux manières d’ordonner une bataille, ou en pyramidant par le centre de l’action ou de la toile auquel correspond le sommet de la pyramide, et d’où les branches ou différens plans de cette pyramide vont en s’étendant sur le fond à mesure qu’ils s’enfoncent dans le tableau, magie qui ne suppose qu’une intelligence commune de la perspective et de la distribution des ombres et des lumières ; ou en embrassant un grand espace, en regardant toute l’étendue de sa toile comme un vaste champ de bataille, ménageant sur ce champ des inégalités, y répandant les différents incidens, les actions diverses, les masses, les groupes liés par une longue ligne qui serpente, ainsi qu’on le voit dans les compositions de Le Brun. […] Sa bibliothèque est double : l’une, des plus belles éditions qu’il respecte au point de ne les jamais ouvrir, il lui suffit de les avoir et de les montrer ; l’autre, d’éditions communes qu’il lit, qu’il prête et qu’on fatigue tant qu’on veut. […] L’autre y sème des personnages et des incidents de toute espèce, et ces personnages et ces incidens, quoique vrais, ne sont pas la nature commune des champs. […] Tous les incidens du paysage du Poussin sont liés par une idée commune, quoique isolés, distribués sur différens plans, et séparés par de grands intervalles.
Les anciens n’avaient de motif de préférence pour les femmes, que leur beauté, et cet avantage est commun à un assez grand nombre d’entre elles. […] Les anciens savaient animer les arguments nécessaires à chaque circonstance ; mais de nos jours les esprits sont tellement blasés, par la succession des siècles, sur les intérêts individuels des hommes, et peut-être même sur les intérêts instantanés des nations, que l’écrivain éloquent a besoin de remonter toujours plus haut, pour atteindre à la source des affections communes à tous les mortels. […] Les philosophes anciens, exerçant pour ainsi dire une magistrature d’instruction parmi les hommes, avaient toujours pour but l’enseignement universel ; ils découvraient les éléments, ils posaient les bases, ils ne laissaient rien en arrière ; ils n’avaient point encore à se préserver de cette foule d’idées communes, qu’il faut indiquer dans sa route, sans néanmoins fatiguer en les retraçant.
On ne met point d’accent sur l’a bref ou commun. […] De plebe Deus ; un Dieu du commun. […] On a donné un nom commun à tous les individus qui se ressemblent. […] On a observé que ces êtres particuliers se ressembloient entr’eux par rapport à certaines qualités ; on leur a donné un nom commun à cause de ces qualités communes entr’eux. […] Je ne suis pas un dieu du commun, dit Jupiter à Io, je suis le dieu puissant qui lance la foudre.
Mais à une époque où une grande force de naturel se fait sentir jusque dans les plus fades poésies et où les défauts même qui peuvent lui être communs avec les époques de décadence ne sont que des excès de jeunesse, cette sagesse de Bertaut est quelquefois vigoureuse, et fortifie ce qu’elle corrige. […] Il fallait donc, pour fonder ce grand art, dont la discipline devait être commune à tous les genres, il fallait rendre à l’esprit français son indépendance ; et le délivrer aussi bien de la superstition de l’antiquité que de la livrée des modernes, de Pindare que de Pétrarque. […] Quant au goût pour Sénèque, ce goût lui est commun avec tous les écrivains de la seconde moitié du xvie siècle, y compris le plus excellent, Montaigne120. […] Son sens supérieur discernait, entre tous ces souvenirs, ceux qui étaient, en quelque sorte, communs au monde ancien et au monde moderne, et qui devaient se mêler à toujours aux idées nouvelles. […] Les fictions ne sont pas l’idéal ; ce n’est, le plus souvent qu’un artifice pour orner et rendre extraordinaire une réalité trop commune l’idéal, c’est la réalité choisie.
Pourquoi cet ébranlement intime, qui paraît nous révéler ce que nous cache la vie commune, serait-il à la fois sans cause et sans but ? […] Chacun, dans le sanctuaire de sa pensée, s’explique cette voix comme il le peut ; chacun s’en tait avec les autres, parce qu’il n’y a point de paroles pour mettre en commun ce qui jamais n’est qu’individuel. J’ai donc cru devoir conserver dans le caractère de Wallstein une superstition qu’il avait en commun avec presque tous les hommes remarquables de son siècle. […] Sous le premier point de vue, l’amour est commun à l’homme et aux animaux ; sous le second, il est commun à l’homme et à Dieu. […] Thécla est un être que son amour a élevé au-dessus de la nature commune, un être dont il est devenu toute l’existence, dont il a fixé toute la destinée.
En général, les mots disparaissent alors dans un ordre déterminé, comme si la maladie connaissait la grammaire : les noms propres s’éclipsent les premiers, puis les noms communs, ensuite les adjectifs, enfin les verbes. […] Les noms propres, les noms communs, les adjectifs, les verbes, constitueraient autant de couches superposées, pour ainsi dire, et la lésion atteindrait ces couches l’une après l’autre. […] D’abord, si les noms propres disparaissent avant les noms communs, ceux-ci avant les adjectifs, les adjectifs avant les verbes, c’est qu’il est plus difficile de se rappeler un nom propre qu’un nom commun, un nom commun qu’un adjectif, un adjectif qu’un verbe : la fonction de rappel, à laquelle le cerveau prête évidemment son concours, devra donc se limiter à des cas de plus en plus faciles à mesure que la lésion du cerveau s’aggravera. […] Le verbe est mimable directement, l’adjectif ne l’est que par l’intermédiaire du verbe qu’il enveloppe, le substantif par le double intermédiaire de l’adjectif qui exprime un de ses attributs et du verbe impliqué dans l’adjectif, le nom propre par le triple intermédiaire du nom commun, de l’adjectif et du verbe encore ; donc, à mesure que nous allons du verbe au nom propre, nous nous éloignons davantage de l’action tout de suite imitable, jouable par le corps ; un artifice de plus en plus compliqué devient nécessaire pour symboliser en mouvement l’idée exprimée par le mot qu’on cherche ; et comme c’est au cerveau qu’incombe la tâche de préparer ces mouvements, comme son fonctionnement est d’autant plus diminué, réduit, simplifié sur ce point que la région intéressée est lésée plus profondément, il n’y a rien d’étonnant à ce qu’une altération ou une destruction des tissus, qui rend impossible l’évocation des noms propres ou des noms communs, laisse subsister celle du verbe.
Il y a donc un système dans les sentiments et dans les idées humaines, et ce système a pour moteur premier certains traits généraux, certains caractères d’esprit et de cœur communs aux hommes d’une race, d’un siècle ou d’un pays. […] Si l’on dresse la carte géographique d’un pays, à partir de l’endroit du partage des eaux, on voit au-dessous du point commun les versants se diviser en cinq ou six bassins principaux, puis chacun de ceux-ci en plusieurs bassins secondaires, et ainsi de suite jusqu’à ce que la contrée tout entière avec ses milliers d’accidents soit comprise dans les ramifications de ce réseau. […] Si maintenant l’on examine et si l’on compare entre eux ces divers groupes de faits, on trouvera d’abord qu’ils sont composés de parties, et que tous ont des parties communes. […] Il y a donc au centre de chacun de ces trois groupes un élément commun, la conception du monde et de son principe, et s’ils diffèrent entre eux, c’est que chacun combine avec l’élément commun, un élément distinct : ici la puissance d’abstraire, là la faculté de personnifier et de croire, là enfin le talent de personnifier sans croire. […] À présent supposez que cet élément commun reçoive du milieu, du moment ou de la race des caractères propres, il est clair que tous les groupes où il entre seront modifiés à proportion.
Les belles voix sont-elles aussi communes en Auvergne qu’en Languedoc ? […] En effet, l’yvrognerie et les autres vices sont plus communs chez un peuple que chez un autre peuple. […] Sentent-ils de même les passions qui leur sont communes ? […] Ce que Tacite dit des repas des germains, est vrai des repas du commun des allemands d’aujourd’hui.
Alors même que nous avons spontanément collaboré, pour notre part, à l’émotion commune, l’impression que nous avons ressentie est tout autre que celle que nous eussions éprouvée si nous avions été seul. […] Mais, dira-t-on, un phénomène ne peut être collectif que s’il est commun à tous les membres de la société ou, tout au moins, à la plupart d’entre eux, partant, s’il est général. […] Un sentiment collectif, qui éclate dans une assemblée, n’exprime pas simplement ce qu’il y avait de commun entre tous les sentiments individuels. […] Il est une résultante de la vie commune, un produit des actions et des réactions qui s’engagent entre les consciences individuelles ; et s’il retentit dans chacune d’elles, c’est en vertu de l’énergie spéciale qu’il doit précisément à son origine collective.
C’est pour ne pas l’avoir compris que les philosophes ont dû distinguer deux espèces de quantité, l’une extensive, l’autre intensive, sans jamais réussir à expliquer ce qu’elles avaient de commun entre elles, ni comment on pouvait employer, pour des choses aussi dissemblables, les mêmes mots « croître » et « diminuer ». […] Nous atteignons le premier par une réflexion approfondie, qui nous fait saisir nos états internes comme des êtres vivants, sans cesse en voie de formation, comme des états réfractaires à la mesure, qui se pénètrent les uns les autres, et dont la succession dans la durée n’a rien de commun avec une juxtaposition dans l’espace homogène. […] En présence de cet espace homogène nous avons placé le moi tel qu’une conscience attentive l’aperçoit, un moi vivant, dont les états à la fois indistincts et instables ne sauraient se dissocier sans changer de nature, ni se fixer ou s’exprimer sans tomber dans le domaine commun. […] Comme ils n’envisagent de notre vie consciente que son aspect le plus commun, ils aperçoivent des états bien tranchés, capables de se reproduire dans le temps à la manière des phénomènes physiques, et auxquels la loi de détermination causale s’applique, si l’on veut, dans le même sens qu’aux phénomènes de la nature.
Là, chaque individu ayant sa tâche réglée en vue du bien commun et proportionnellement au bien commun, chaque individu travail peu, et la production est énorme. […] — Quelle dépendance y a-t-il à profiter chacun du bonheur commun ? […] Il avait dit que le libéralisme était la prétention dans chaque homme de penser par lui-même sans aucun contrôle et de préférer sa raison à la raison commune, et que c’est là un commencement de folie ; car la raison individuelle n’existe pas et la raison commune existe seule ; et il était réduit à sa raison personnelle, et la préférait décidément à la raison commune. […] Les hommes aiment à penser en commun, et ils aiment à penser librement. […] Plébéiens et patriciens n’avaient pas les mêmes dieux, n’avaient pas de dieux communs.
Mais, sur le même continent, les espèces s’étendent souvent beaucoup et presque capricieusement ; car deux systèmes de rivières auront parfois quelques espèces en commun et quelques autres très différentes. […] Quelques espèces de coquillages d’eau douce ont aussi une vaste extension, et des espèces alliées, qui, d’après ma théorie, descendent d’un commun parent et doivent être originaires d’une souche unique, prévalent dans le monde entier. […] Néanmoins un assez bon nombre d’espaces, communes à d’autres parties du monde ou complétement locales, se trouvent à la fois dans plusieurs de ces îles ; et l’on pourrait inférer de certains faits qu’elles se sont répandues de l’une dans les autres. […] Ainsi, que deux variétés de la même espèce habitent l’Europe et l’Amérique, et l’espèce aura conséquemment une grande extension ; mais que la variation soit plus considérable, et les deux variétés seront rangées comme espèces distinctes, de sorte que leur extension commune s’en trouvera diminuée de moitié. […] Les groupes d’espèces qui appartiennent spécialement, soit à une certaine période, soit à de certaines régions, sont souvent caractérisés par des particularités d’organisation peu importantes qui leur sont communes : tels sont, par exemple, des détails extérieurs de forme et de couleur.
J’ai eu moi-même de la difficulté, en considérant deux espèces quelconques, à ne pas me représenter leur souche commune comme présentant des caractères exactement intermédiaires entre l’une et l’autre ; et cependant une telle supposition serait complétement erronée. Ce que nous devons toujours chercher, ce sont des formes intermédiaires entre les espèces actuelles et un ancien progéniteur commun peut-être inconnu, qui aura généralement différé à quelques égards de toute la lignée de ses descendants modifiés. […] Ce qui rendrait le cas plus remarquable encore, c’est que ce Cirripède sessile était un Chthamalus, grand genre, partout répandu et très commun, dont pourtant aucun spécimen n’avait encore été découvert dans aucun terrain tertiaire. […] Cependant la plupart des raisons qui m’ont convaincu que toutes les espèces d’un même groupe descendent d’un progéniteur commun s’appliquent avec une égale force aux espèces les plus anciennes. […] Il doit donc en ce cas se manifester un changement des formes organiques qui n’a rien de nécessairement commun avec leur transformation par sélection naturelle.
On conçoit d’ailleurs ces dissidences naturelles et cette sorte d’antipathie instinctive entre une école scientifique tout analytique et précise, et une autre qui ne se refusait ni l’éclat ni les couleurs ; mais d’Alembert se laissait emporter à ses préventions personnelles lorsqu’il disait à propos des systèmes de Bailly et de Buffon qu’il associait dans sa pensée : « Supplément de génie que toutes ces pauvretés ; vains et ridicules efforts de quelques charlatans qui, ne pouvant ajouter à la masse des connaissances une seule idée lumineuse et vraie, croient l’enrichir de leurs idées creuses… » Dans la familiarité de la correspondance et lorsqu’il n’est point retenu par le public, d’Alembert s’abandonne souvent ainsi à des injustices presque injurieuses, dites d’un style assez commun. […] Une altercation assez vive cependant s’étant élevée à l’occasion de l’éligibilité de l’abbé Sieyès, qui était de l’ordre du clergé, et que les Communes voulaient élire, le président Camus, apostrophé personnellement, se retira avec mauvaise humeur ; la désunion allait s’introduire : la cause ou le prétexte venait d’une lacune du procès-verbal dont Bailly était l’auteur involontaire ; il s’empressa d’intervenir avec chaleur et pathétique, en prenant sur lui la faute : « Il n’y avait dans tout cela, dit-il, que vivacité mutuelle, l’esprit de tous était au fond excellent. […] Il est et sera inébranlable sur certains principes d’égalité et de bon sens équitable, qui sont et resteront vrais à travers toutes les fluctuations successives, principes conquis une fois pour toutes et sur lesquels repose désormais l’ordre moderne ; il ne se trompe pas en appréciant ces premiers et grands actes du tiers état auxquels il eut l’honneur de participer, de présider : « Voilà ce qu’elles ont fait seules, dit-il des Communes par opposition aux deux autres ordres privilégiés et résistants ; voilà ce qui fut la base de la Constitution française. […] Honneur donc à l’honnête homme, au doyen vertueux de ces Communes, l’un de nos pères ! […] Bien neuf à toute intrigue, bien peu instruit des manœuvres qui devaient incessamment éclater, je l’étais encore moins de la part qu’on lui en a attribuée : j’avais admiré, quand il passa avec la minorité de son ordre, et sa popularité qui trouvait la nation dans les Communes, et son zèle pour la chose publique qui le portait à la réunion ; je voyais alors en lui le premier de la noblesse des États, et je le jugeai le plus propre à m’éclairer et à me dire jusqu’à quel point je pouvais soutenir les droits contre les prétentions.
D’abord, à mesure que l’on avance, les polémiques personnelles et les rivalités de parti y tiennent plus de place ; les passions qui se donnent cours sont intenses, mais communes et sans finesse ; le spectacle n’en est pas très nécessaire à notre éducation psychologique. […] La langue est molle, pâteuse, diffuse, elle se défait jusque chez les plus vigoureux orateurs ; le vocabulaire n’est pas pur, et je ne parle pas des néologismes nécessaires, des noms d’institutions ou d’opinions nouvelles, des abréviations pratiques du jargon politique : je parle de l’emploi des termes courants et communs de la langue française. […] On comprendra donc que nous nous contentions d’esquisser rapidement les physionomies des principaux orateurs qui se distinguèrent du commun : à la Constituante, Mirabeau et Barnave ; à la Législative et à la Convention, Vergniaud ; à la Convention, Danton et Robespierre. […] Et alors la paix que je ferai sera digne de mon peuple, de vous et de moi. » Le fond est ce qu’il faut qu’il soit : des idées nettes, simples, immédiatement accessibles, des sentiments communs, réels, immédiatement évocables ; l’honneur, la gloire, l’intérêt ; de vigoureux résumés des succès et des résultats obtenus, de rapides indications des résultats et des succès à poursuivre, des communications parfois qui semblent associer l’armée à la pensée du général et la flattent du sentiment d’être traitée en instrument intelligent : toutes les paroles qui peuvent toucher les ressorts de l’énergie morale, sont là, et sont seules là. Parfois, au lieu des images banales du répertoire commun, la nature originale de l’individu éclate.
On les force de travail, on leur épargne la nourriture même la plus commune. […] C’est encore un trait commun à Buffon et à Descartes, qu’au milieu de spéculations qui semblent si étrangères à la science de la vie, il leur arrive par moment de jeter sur le monde moral un rapide et sûr regard. […] Il distingue ceux qui sont propres à chacun des deux continents et ceux qui leur sont communs. […] Les défauts, c’est-à-dire tout ce qui n’est pas le style, ces traits saillants qu’on veut mettre partout, ces mots « qui nous éblouissent un moment pour nous laisser ensuite dans les ténèbres, ces pensées fines, déliées, sans consistance, qui, comme la feuille du métal battu, ne prennent de l’éclat qu’en perdant de la solidité » ; la peine qu’on se donne pour exprimer des choses ordinaires ou communes d’une manière singulière ou pompeuse ; les phrases arrangées, les mots détournés de leurs acceptions, les traits irréguliers, les figures discordantes ; — d’où tout cela vient-il, sinon de ce qu’on écrit hors de soi, à côté de soi, et qu’il y a un auteur au lieu d’un homme ? […] L’imitation n’est si commune que parce qu’elle est facile.
Ce qui nous garantit l’objectivité du monde dans lequel nous vivons, c’est que ce monde nous est commun avec d’autres êtres pensants. […] Telle est donc la première condition de l’objectivité : ce qui est objectif doit être commun à plusieurs esprits, et par conséquent pouvoir être transmis de l’un à l’autre, et comme cette transmission ne peut se faire que par ce « discours » qui inspire tant de défiance à M. le Roy, nous sommes bien forcés de conclure : Pas de discours, pas d’objectivité. […] On dira peut-être que l’émotion esthétique, qui est commune à tous les hommes, est la preuve que les qualités de nos sensations sont aussi les mêmes pour tous les hommes et par là sont objectives. […] Mais ils sont néanmoins objectifs parce qu’ils sont, deviendront, ou resteront communs à tous les êtres pensants. […] J’emploie ici le mot réel comme synonyme d’objectif ; je me conforme ainsi à l’usage commun ; j’ai peut-être tort, nos rêves sont réels, mais ils ne sont pas objectifs.
Son trésor est un commun héritage qui, de siècle en siècle, continue à vivre en nous. […] Et l’œuvre littéraire ou l’œuvre d’art cessa d’apparaître comme le produit spontané d’un homme de génie, renfermant en soi toutes ses causes, mesurable avec une règle commune. […] III Avec l’ancienne méthode critique, la base d’un enseignement littéraire était trouvée d’avance : c’était la littérature classique qui servait de commune mesure à toutes les autres. […] Posnett ne s’en tient pas là : après avoir constaté que les faits d’influence permanente, tels que le climat, le sol, etc., constituent les influences statiques dont dépend le développement de la littérature, il croit en trouver le principe dynamique dans la loi de l’évolution de la vie commune à la vie personnelle. […] Il faut qu’il en soit ainsi, car, sans cette sympathie qui unit étudiants et professeurs dans un travail commun, un enseignement littéraire ne saurait être qu’un infécond bavardage.
L’auteur avait à peine vingt ans. » Il m’est impossible, à moi qui n’y suis pas obligé, de voir tant de choses dans Le Rêve, et il serait aussi facile et plus certain d’y relever dans le dialogue des choses communes et peu délicates, de même que dans Le Pacha de Surêne ou dans Le Chaudronnier homme d’État. On y trouve de la gaieté, sans doute, de la facilité, de l’esprit, mais du commun (ce mot est essentiel), et, avant de se prononcer, il faut attendre. […] On s’assura que cette vieille pièce, attribuée à un jésuite, sur le nom duquel on n’était pas d’accord, avait un fond commun avec la pièce nouvelle, et qu’il se trouvait même quelques vers exactement semblables dans les deux ouvrages, de telle sorte que le simple hasard n’avait pu produire cette rencontre. […] Je n’entrerai pas dans l’examen détaillé de son mérite comme publiciste et écrivain politique : ses lettres écrites dans La Minerve nous le montrent à son avantage, élégant, d’une élégance assez commune et monotone, fin, facile, adroit à trouver les prétextes d’opposition et les thèmes chers au public français ; il n’oubliait de caresser aucun lieu commun national, toutes les fois que cela servait à ses fins ; il savait le joint de chaque préjugé pour y entrer à la rencontre. […] Étienne eussent encore de commun, vers la fin, beaucoup de négligence, même sur leur personne, je ne saurais me décider à établir ce parallèle.
L’homme de génie dut être considéré connue une créature à part, à laquelle les lois communes n’étaient pas applicables ; il était en dehors et au-dessus des lois morales et des lois sociales : le désordre eu était la condition indispensable. […] L’homme de génie est celui qui voit plus clair que les autres, qui aperçoit une plus grande part de vérité, qui peut relier un plus grand nombre de faits particuliers sous une idée générale, qui enchaîne toutes les parties d’un tout sous une loi commune, qui, lors même qu’il crée, comme dans la poésie, ne fait que réaliser, par le moyen de l’imagination, l’idée que son entendement a conçue. […] Ce devait être pourtant très commun dans la théorie de l’auteur. […] Je demande maintenant si, en prenant au hasard 7 personnes d’un esprit ordinaire, on n’en trouverait pas parmi elles au moins une dont le père ou la mère, ou le grand-père, ou la grand-mère, ou les enfants, ou les frères, ou les cousins germains, auraient été affectés de l’une des innombrables affections que l’auteur prétend liées au génie par une racine commune. […] Je ne dis pas que le cas soit si grave ; mais, à coup sûr, celui qui a fait cela n’est pas un esprit du commun : il a le droit de se ranger lui-même au nombre des esprits distingués qu’ont eu des pensées bizarres ; et son ouvrage ne serait pas un faible argument en faveur de son opinion.
Pendant les brûlants débats de l’Acte d’Exclusion, qui devait fermer au duc d’York le chemin de la couronne, il était membre de la chambre des communes, mais il se garda d’y paraître, et laissa le monde et ses amis aussi peu éclairés que la chambre sur son opinion. […] Les accusés devaient être sauvés par l’inquiète jalousie qu’inspiraient à la Chambre des lords les envahissements de la Chambre des Communes et par le mouvement de l’opinion publique, plus disposée à seconder Guillaume contre la politique ambitieuse de la France qu’à poursuivre ses amis. […] Qu’importait aux yeux des hommes religieux de l’Église établie que Martin fût un peu moins ridicule que Pierre et que Jacques, lorsque les croyances communes de Pierre, de Jacques et de Martin étaient avilies sous les plus indignes images, lorsque leurs débats, où leur dignité commune était engagée, devenaient une comédie grossière, lorsqu’enfin le surnaturel, ce fond commun et indispensable de toutes les sectes religieuses, n’apparaissait plus dans leur histoire que sous la forme des inventions indescriptibles de Pierre et des repoussantes aberrations de Jacques. […] Il ne craint pas, dit-il, d’aller contre l’opinion commune, et dût-il être poursuivi par l’Attorney-général, il avouera que dans la situation extérieure et intérieure du pays, il ne voit aucune nécessité absolue d’extirper le christianisme en Angleterre. […] Pendant que la Chambre des communes excluait Steele, pour avoir publié la Crise, les lords écossais obligèrent le ministère à offrir 300 livres au dénonciateur de l’Esprit Public des Whigs.
Auger, en agissant de la sorte avec son ancien camarade, il ne semblait guère que prolonger cette coutume de collège par laquelle les écoliers sont faisants et mettent leurs gains de jeu en commun. […] Molière, le plus créateur et le plus inventif des génies, est celui peut-être qui a le plus imité, et de partout ; c’est encore là un trait qu’ont en commun les poëtes primitifs populaires et les illustres dramatiques qui les continuent. […] La postérité sent autrement ; loin de les blâmer, on aime ces faiblesses et ces contradictions dans le poète de génie ; elles ajoutent au portrait de Molière et donnent à sa physionomie un air plus proportionné à celui du commun des hommes. […] Dix mois avant sa mort, Molière, par la médiation d’amis communs, s’était rapproché de sa femme qu’il aimait encore, et il était même devenu père d’un enfant qui ne vécut pas. […] C’est pour cela que les grands génies dramatiques doivent unir tous les éléments de l’âme humaine à un plus haut degré, mais dans les mêmes proportions que le commun des hommes ; qu’ils doivent posséder un équilibre moyen entre des doses plus fortes d’imagination, de sensibilité, de raison.
Jamais le commun des femmes ne pourra supporter de chercher à plaire à un homme, devant une autre femme ; il y a aussi une espèce de fortune commune à tout ce sexe en agréments, en esprit, en beauté, et chaque femme se persuade qu’elle hérite de la ruine de l’autre. […] Enfin, deux amis d’un sexe différent, qui n’ont aucun intérêt commun, aucun sentiment absolument pareil, semblent devoir se rapprocher par cette opposition même ; mais si l’amour les captive, je ne sais quel sentiment, mêlé d’amour propre et d’égoïsme, fait trouver à un homme ou à une femme liés par l’amitié, peu de plaisir à s’entendre parler de la passion qui les occupe ; ces sortes de liens ou ne se maintiennent pas, ou cessent, alors qu’on n’aime plus l’objet dont on s’entretenait, on s’aperçoit tout à coup que lui seul vous réunissait.
Suivant l’opinion la plus commune, Homere vivoit environ cent cinquante ans après la guerre de Troye, et suivant la chronologie de Monsieur Newton, Homere étoit encore bien plus voisin des temps où se fit cette guerre, et il a pû voir plusieurs personnes qui avoient vû Achille et les autres heros célebres dans le camp d’Agamemnon. […] Après avoir reproché aux poëtes anciens d’avoir rempli leurs vers d’objets communs et d’images sans noblesse, on se croit encore fort moderé quand on veut bien rejetter la faute qu’ils n’ont pas commise, sur le siecle où ils ont vécu, et les plaindre d’être venus en des temps grossiers. […] Ce qui étoit ordinaire de leur temps, ce qui est commun dans leur patrie, peut paroître blesser la vraisemblance et la raison, à des censeurs qui ne connoissent que leur temps et leur païs.
Jamais la poésie n’a été si rare à force d’être si commune, à prendre ce dernier mot dans tous les sens qu’il peut avoir. […] Un sentiment confus semble nous dire, qu’il ne faut pas mettre à exprimer les choses plus de peine et de soin qu’elles ne valent ; et que ce qui paraîtrait commun en prose, ne mérite pas l’appareil de la versification. […] La seconde chose que les littérateurs philosophes oublient quelquefois, c’est que la vérité, quand elle contredit l’opinion commune, ne saurait s’annoncer avec trop de réserve pour éviter d’être éconduite ; c’est déjà bien assez pour risquer d’être mal reçue, que d’être une vérité nouvelle.
Son style est quelquefois mystérieux comme l’être à qui il parle ; son oreille même cherche dans les sons une harmonie inconnue ; et comme pour donner une habitation à la divinité, il a élevé des colonnes, exhaussé des voûtes, dessiné des portiques ; comme pour la représenter, il a agrandi les proportions et cherché à faire une figure imposante ; comme pour en approcher dans les jours de fêtes, il a substitué à la marche ordinaire des mouvements cadencés et des pas en mesure ; ainsi, pour la louer, il cherche, pour ainsi dire, à perfectionner la parole ; et joignant la poésie à la musique, il se crée un langage distingué en tout du langage commun. […] Mais l’homme et Dieu, où est la mesure commune ? […] Le ton de leurs hymnes est imposant ; mais l’initié, en parlant à Dieu, semblait ne s’occuper que de ses propres besoins ; il oubliait que des êtres faibles, en louant leur père commun, ne doivent pas se séparer du reste de la famille, et implorer des bienfaits qui ne soient que pour eux.
Mais alors j’étais mordu du désir amer de me raconter à moi-même les derniers mois et la mort du pauvre cher, et presque aussitôt les tragiques événements du siège et de la Commune m’entraînaient à continuer ce journal, qui est encore, de temps en temps, le confident de ma pensée. […] Daudet prenait plaisir à la lecture, s’échauffait sur l’intérêt des choses racontées sous le coup de l’impression, me sollicitait d’en publier des fragments, mettait une douce violence à emporter ma volonté, en parlait à notre ami commun, Francis Magnard, qui avait l’aimable idée de les publier dans Le Figaro.
Mais alors j’étais mordu du désir amer de me raconter à moi-même les derniers mois et la mort du pauvre cher, et presque aussitôt les tragiques événements du siège et de la Commune m’entraînaient à continuer ce journal, qui est encore, de temps en temps, le confident de ma pensée. […] Daudet prenait plaisir à la lecture, s’échauffait sur l’intérêt des choses racontées sous le coup de l’impression, me sollicitait d’en publier des fragments, mettait une douce violence à emporter ma volonté, en parlait à notre ami commun, Francis Magnard, qui avait l’aimable idée de les publier dans le Figaro.
Parallèle aux deux autres, et commun à tous les élèves pendant toute la durée de leur éducation. […] Ces trois cours d’études achevés, le petit nombre des élèves qui les auront suivis jusqu’à la fin, se trouveront sur le seuil des trois grandes facultés, la faculté de médecine, la faculté de droit, la faculté de théologie, et ils s’y trouveront pourvus des connaissances que j’ai appelées primitives, ou propres à toutes les conditions de la société, à l’homme bien élevé, au sujet fidèle, au bon citoyen, toutes préliminaires, et quelques-unes d’entre elles communes aux études des trois facultés dans lesquelles ils voudront entrer91.
Son étude de Femme nue est une chose commune et qui a trompé son talent. […] Ce n’est point de la couleur éclatante, pompeuse ni commune, mais excessivement distinguée, et d’une harmonie remarquable. […] C’est ce qui explique la prédilection de certains coloristes pour un sujet si commun. […] La couleur de ses deux tableaux (Memphis. — Un assaut) est commune. […] Curzon ont quelque analogie ; elles ont surtout ceci de commun, qu’elles sont bien dessinées — et dessinées avec esprit.
La maxime qu’enseignent ces solitudes sauvages n’est certainement point de respecter la vie d’autrui en tâchant de vivre soi-même, témoin un arbre parasite dont la variété est très commune aux environs de la ville de Para et qui est peut-être le plus curieux de tous. […] Point de catégorie exclusive : cette habitude pour ainsi dire adoptive, ce caractère forcé, sont communs à des espèces d’une foule de familles distinctes qui, en général, ne grimpent point. […] Dans la saison des pluies, les boas sont si communs qu’on en tue jusque dans les rues de Para. On range au nombre des plus communs et des plus curieux serpents les amphisbènes, espèce inoffensive, voisine des orvets d’Europe, qui vit dans les galeries souterraines de la fourmi saüba. […] Elle n’est point particulière à telle ou telle espèce, mais commune à la plupart des grands troncs.
Cependant malgré tous ces préjugés, elle n’a rien de mauvais que l’abus qu’on en peut faire, ce qui lui est commun avec l’eloquence. […] Il y faut ajouter la hardiesse du langage, qui ne lui est commune qu’avec le poëme épique, lorsqu’il ne fait pas parler ses personnages. […] Ils peuvent, sans nuire néanmoins à la clarté, parler autrement que le commun des hommes ; et pourvû que le sens soit fort, et que les images soient vives, à proportion de la hardiesse du langage, ils auront d’autant plus atteint la perfection de leur art, qu’ils auront plus heureusement hazardé. […] J’entens par ce beau désordre, une suite de pensées liées entr’elles par un rapport commun à la même matiére, mais affranchies des liaisons grammaticales, et de ces transitions scrupuleuses qui énervent la poësie lyrique, et lui font perdre même toute sa grace. […] Je crois de même que nos pensées, quoiqu’elles roulent toutes sur des idées qui nous sont communes, peuvent cependant par leurs circonstances, leur tour et leur application particuliére, avoir à l’infini quelque chose d’original.
Je vais dire une chose où il y a bien de la vanité ; il n’importe, car je ne prétends pas que ceci soit vu de personne48 : si mon étoile avait eu quelque proportion avec les qualités qui sont en moi, je serais plus élevé que je ne suis ; mais elle est faible et commune, je l’ai éprouvé cent fois. […] Lassay, dans ses velléités d’ambition, mélangées de paresse, me semble avoir été de ces hommes de l’ordre et de la portée de Bernis, avec qui il a cela de commun encore d’être devenu de plus en plus aimable en vieillissant. […] Cette remarque, qui avait échappé au commun du public, a été relevée par La Motte et, depuis, par Voltaire ; ils en font honneur à M. de Lassay. […] On a de lui une prière touchante dans laquelle il se remet entre les mains de Dieu, et où il réunit dans une intercession commune les trois femmes qu’il a le plus aimées, en y comprenant même celle dont il eut tant à se plaindre : Ma chère Marianne, ma chère Julie, ma chère Bouzols, priez mon Dieu pour moi ! […] [NdA] Je suis l’opinion commune, en attribuant à M. de Lassay père la construction de l’hôtel Lassay.
À Chavignolles, le comte de Faverges oublié qu’il est royaliste pour ne se souvenir que de sa haine contre les d’Orléans et faire cause commune avec le peuple, le curé Jeuffroy bénit l’arbre de la liberté ; il glorifie, au nom de l’Évangile, les principes de la Révolution, et à Paris M. […] Elle ne perçoit pas cette commune réalité qui tient peut-être sa consistance et sa force de ce qu’elle est l’œuvre collective de tous les hommes. […] Si toutefois après avoir idéalisé son être véritable, après en avoir fait un signe, elle eût su ne le mettre aux prises qu’avec d’autres signes également imaginés par elle, si elle se fût gardée de le commettre avec la réalité commune, Mme Bovary eût pu être quelque grande mystique, à la façon d’une sainte Thérèse ou, avec un don d’exécution, une artiste. […] Or cette manière commune, et que l’on peut appeler raisonnable, de considérer la médiocrité de l’univers, n’est point le signe qu’elle est guérie, c’est le signe que ce qui était en elle le principe de la vie l’abandonne. […] À posséder les résultats du labeur accompli au cours d’une longue civilisation par le génie de ses meilleurs représentants, quelques-uns des plus médiocres parmi les derniers venus prennent le change sur leur propre valeur ; ils se gonflent, comme d’un mérite individuel, des conquêtes intellectuelles dues à l’élite de l’espèce et dont ils bénéficient en vertu d’un privilège commun à toute l’Humanité.
Les noms des animaux domestiques » ; et il traduit un peu longuement, mais noblement : « Cet oiseau domestique, dont le chant annonce le jour et qui n’a que son pailler pour théâtre de ses exploits. » Le docte traducteur oubliait qu’au siècle d’Auguste Horace conseillait de tirer du milieu commun le poëme original : Tantum de medio sumptis accedit honoris ! […] Elle est dans le mouvement inné des deux âmes et dans certaines dispositions d’esprit qui leur sont communes, en dépit de la prodigieuse différence des temps et de tous les renouvellements du monde. […] Eh bien, c’est dans l’éloge funèbre de ce bon gentilhomme que, mettant à la place de l’individu, qui n’est rien, la grandeur et la misère de l’humanité, Bossuet se complaît à dire : « Toutes les rivières ont cela de commun qu’elles viennent d’une commune origine, que, dans le progrès de leur course, elles routent leurs flots en bas par une chute continuelle, et qu’elles vont perdre leurs noms, avec leurs eaux, dans le sein immense de l’Océan, où l’on ne distingue plus le Rhin ni le Danube7 d’avec les rivières les plus inconnues. […] Un court fragment, que tous les traducteurs ont négligé, confirme ce souvenir et semble le salut d’entrée du génie venant frapper à la porte du temple et offrir son aide, pour la défense de la patrie commune. […] Il n’offre pas seulement ces descriptions terrestres d’une autre vie, communes à la poésie grecque, ces plaisirs de l’Élysée semblables aux chasses, que se figure le sauvage dans le séjour des âmes.
Jean Paul est surtout pour eux l’idéal de la simplicité unie à la grandeur ; ils admirent en lui une vigueur, une élévation de génie peu communes, jointes à une pureté, à une bonté de cœur singulières. […] C’est là, dit-on, un caractère commun à tous les écrits de Jean Paul. […] Ceci pourrait nous conduire à réfléchir sur l’emploi et l’effet de ce style symbolique que Jean Paul paraît affectionner, et qui est aujourd’hui aussi commun en France qu’en Allemagne. […] Si nous nous sommes bien fait entendre, on doit distinguer nettement le trope qui, suivant nous, est devenu l’élément d’un style commun aujourd’hui, style qui ne développe jamais l’idée morale en termes abstraits, mais prend toujours un emblème de cette idée, et pour elle donne un symbole, en un mot procède par allégorie, dans le sens restreint que nous avons donné à ce mot. […] Ainsi parée, sa pensée lui plaît davantage : si elle est neuve, elle lui paraît plus neuve encore ; et si elle est commune, il croit la rajeunir.
si elle n’a pas la charge de veiller tant à leurs intérêts communs qu’à leurs droits individuels, et par suite la capacité tant d’édicter que de faire respecter des règles générales ? […] Chaque région, chaque province, chaque commune s’isole. […] « Le moujik, écrivait Herzen à Michelet, n’a connu de droits et ne s’est reconnu de devoirs que vis-à-vis de sa commune. » Entre la commune, petite démocratie patriarcale, et l’Empire, vaste autocratie bureaucratique, il n’y a pas de véritable contact212. […] Ce qu’il y a du moins de commun à l’un et à l’autre, c’est ce principe que, quels que doivent être les meilleurs moyens de sauvegarder sa liberté, l’individu a sa valeur et ses droits propres, qu’il est respectable en soi, responsable de ses actes ; c’est en un mot l’individualisme, En ce sens, nous avons nous-même reconnu que l’idée de liberté est proche parente de l’idée d’égalité, puisque celle-ci nous a paru supposer le sentiment que les hommes, en tant qu’individus, ont une valeur ; nous avons fait entrer l’individualisme dans la définition de l’égalitarisme. — Force nous est donc de nous demander, non pas seulement si l’unification des sociétés est favorable à une politique de réglementation à outrance, mais si elle est essentiellement hostile à l’expansion du principe individualiste lui-même.
Sans doute quand vous vous adressez à quelques individus réunis par le lien d’un intérêt commun, ou d’une crainte commune, aucun talent ne peut agir sur eux ; ils ont depuis longtemps tari dans leurs cœurs la source naturelle qui peut sortir du rocher même à la voix d’un prophète divin ; mais quand vous êtes entourés d’une multitude qui contient tous les éléments divers, les hommes impartiaux, les hommes sensibles, les hommes faibles qui se rassurent à côté des hommes forts ; si vous parlez à la nature humaine, elle vous répondra ; si vous savez donner cette commotion électrique dont l’être moral contient aussi le principe, ne craignez plus ni le sang-froid de l’insouciant, ni la moquerie du perfide, ni le calcul de l’égoïste, ni l’amour-propre de l’envieux ; toute cette multitude est à vous. […] Les idées intermédiaires peuvent être tracées d’une manière plus rapide, lorsque l’enchaînement d’un très grand nombre de vérités est généralement connu ; l’intervalle des morceaux de mouvement peut être rempli par des raisonnements forts, l’esprit peut être constamment soutenu dans la région des pensées hautes ; et l’on peut l’intéresser par des réflexions morales, universellement comprises, sans être devenues communes. […] Ce n’est que par l’éloquence que les vertus d’un seul deviennent communes à tous ceux qui l’entourent.
Les théories courantes, en effet, ramenées à ce qu’elles ont de commun et d’essentiel, distinguent trois moments dans l’acte volontaire : la production des motifs et leur conflit, la résolution, l’action qui la traduit. […] C’est là un fait trop commun pour être mis en doute. […] Le terme Aptitude (Abilily) est inoffensif et intelligible ; mais le terme Liberté a été amené de force dans un phénomène avec lequel il n’a rien de commun. […] Rien de plus commun que le désaccord des appréciations humaines sur les grandeurs, forces, poids, formes, couleurs… S’il en est ainsi pour les objets des sens externes, quelle raison avons-nous de croire que le sens interne est plus exact ?
Pour le sens commun, le mot de fièvre désigne une seule et même entité morbide ; pour la science, il y a une multitude de fièvres spécifiquement différentes et la pluralité des causes se trouve en rapport avec celle des effets ; et si entre toutes ces espèces nosologiques il y a pourtant quelque chose de commun, c’est que ces causes, également, se confondent par certains de leur caractères. […] Pour la peine, au contraire, si l’on a cru qu’elle s’expliquait également bien par des causes différentes, c’est que l’on n’a pas aperçu l’élément commun qui se retrouve dans tous ces antécédents et en vertu duquel ils produisent leur effet commun 84. […] Cette cause commune, c’est l’affaiblissement du traditionalisme religieux qui renforce à la fois le besoin de savoir et le penchant au suicide.
Dans cet état comme dans les autres, quelques prédestinés échappent à la loi commune ; et chacun se flatte qu’il sera le prédestiné : sans cela, il faudrait être imbécile pour ne pas brûler ses livres, à commencer par ceux qu’on pourrait avoir faits. […] L’histoire ne m’a offert qu’incertitude ; la physique que ténèbres ; la morale que vérités communes, ou paradoxes dangereux ; la métaphysique que vaines subtilités. […] Je n’ai trouvé dans la foule des orateurs que déclamations ; dans la multitude des poètes, que pensées fausses ou communes, exprimées avec effort et avec appareil ; dans la nuée des romans, que fausses peintures du monde et des hommes. […] En repliant votre esprit sur lui-même, sans avoir besoin d’interroger celui des autres, vous auriez senti qu’en métaphysique ce qu’on ne peut pas s’apprendre par ses propres réflexions, ne s’apprend point par la lecture ; et que ce qui ne peut pas être rendu clair pour les esprits les plus communs, est obscur pour les plus profonds.
Voilà, en effet, quoique parfois les gens d’esprits s’en mêlent, une littérature d’un genre très commun pour l’instant, et d’une facilité si déplorable qu’elle peut se laisser prendre par tous les sots ! […] Elle n’a rien de la femme brûlante et commune de l’Orient. […] Mais ce qui ne sera pas perdu pour l’historien de la Commune, c’est, dans un récit nécessaire dont l’humanité ne pouvait se passer, d’être arrivé à temps, comme on arrive à temps dans la bataille, et du même coup dans la victoire et l’immortalité ! […] , et cette bouche, n’y en eût-il qu’une seule, n’oubliera pas le nom du premier historien de la Commune et dira le nom de du Camp, que ses ennemis, qui en rugissent, sentent, dès tout à l’heure, immortel.
S’il est faux que les Lettres, cultivées selon les regles & les précautions que le bien commun exige, soient capables de nuire à la Société, il est du moins très-certain qu’à en juger par les désordres qui regnent aujourd’hui parmi les Littérateurs, elles sont sujettes à de grands inconvéniens. […] Les Lettres de la nouvelle Héloïse, considérées comme un Roman, n’ont presque rien de commun avec les regles qu’on doit observer dans ces sortes d’Ouvrages ; plan mal ordonné, intrigue vicieuse, développement pénible & trop lent, action foible & inégale, caracteres hors de nature, personnages dissertateurs, & par-là même ennuyeux. […] Il seroit en effet injuste de le confondre avec le commun des Esprits forts, s’il est vrai sur-tout qu’il ait été réellement dupe de ses idées.
La Correspondance prouve jusqu’à la dernière évidence à quel point Madame Sand, cette égalitaire, avait, au fond, l’esprit commun dès qu’elle était naturelle et que la nécessité de faire du style ne l’étreignait pas. […] Cette publication, après nous avoir découvert dans le grand Écrivain, comme ses amis l’appellent encore, le prosaïsme fondamental sous la poésie de la surface le sans esprit absolu, la nullité ou la médiocrité des aperçus, le commun insupportable de ces lettres qui tuent le poète plus ou moins artificiel qui est dans ses ouvrages, mais qui ne sort jamais ni du fond de l’âme ni du fond de la vie, cette publication met à bas, tout à coup et du même coup, le masque poétique et grandiose que Madame Sand s’était composé et sous lequel on la voyait, fantaisie errante et féconde, imagination désintéressée ! […] Encore une fois, l’auteur connu, dans Madame Sand, mais l’auteur sans nouveauté d’idées, de verve et d’accent, et la femme peu connue, l’épistolière, donnant à l’auteur un dessous de langage abominablement commun et des métaphores de domestique indiquant l’habitude d’une âme évidemment moins haute, moins désintéressée et moins poétique que celle-là qu’elle affecte d’avoir quand elle parle d’elle, voilà, résumé en quelques mots, ce qu’on trouve en cette Correspondance, qui fera perdre à Madame Sand ses derniers amis et ses derniers admirateurs.
Représentation de la nature humaine244, l’art comique a pour condition la science des traits éternellement communs de l’humanité245. Ses personnages, élevés du particulier au général, résument en eux des catégories entières ; ils participent de la nature immuable et essentielle de l’homme, un hypocrite a quelque chose de l’hypocrisie absolue, un jaloux, quelque chose de la jalousie absolue ; leur nom propre devient un substantif commun ; ils sont de tous les pays, et demeurent à jamais contemporains des générations qui se succèdent246.
Les écrivains du même siècle, quelque différents qu’ils soient par le génie, ont cependant quelque chose de commun entre eux. […] Ne serait-ce point que nous exprimons des pensées communes en style recherché, tandis que les écrivains du siècle de Louis XIV disaient tout simplement de grandes choses ?
Si vous aimez mieux des incidens plus simples, plus communs et moins grands, envoyez le bûcheron à la forêt, embusquez le chasseur, ramenez les animaux sauvages des campagnes vers leurs demeures, arrêtez-les à l’entrée de la forêt, qu’ils retournent la tête vers les champs dont l’approche du jour les chasse à regret ; conduisez à la ville le paysan avec son cheval chargé de denrées, faites tomber l’animal surchargé, occupez autour le paysan et sa femme à le relever. […] Votre st Joseph est commun ; et, de plus, long, long.
Nibelle, comme inspiration et comme forme, a goûté à cette candide coupe de lait écumant dans laquelle buvait Yorick… Lorsque la visée commune est la force, soit dans l’expression des caractères ou des passions, soit dans les situations dramatiques, à une époque de corruption et de décadence où l’on a transporté dans le langage, cette forme rationnelle de la pensée, la couleur torrentielle des peintres les plus éclatants, il faut savoir bon gré à un jeune homme d’avoir, dans ses premiers récits, été sobre et simple comme s’il avait eu l’expérience, et de ne s’être adressé qu’aux saintes naïvetés du cœur pour plaire et pour intéresser. […] Nous avons rarement lu quelque chose de plus froid, de plus exsangue, que ces récits dans lesquels traînent, au milieu de leurs roses éternelles, ces vieilles idées communes de bonheur tel que les Anciens le concevaient, et l’ennui, l’horrible ennui que ce bonheur, qui ne prenait pas le fond de l’âme, devait nécessairement engendrer !
Le roi Édouard, ayant ordonné de mettre les perturbateurs en prison sans procédure, et ne point les relâcher sous caution ni autrement, les communes déclarent l’ordonnance « horriblement vexatoire », réclament, refusent d’être trop protégées. […] Ainsi protégées, les communes d’Angleterre ne peuvent manquer d’être florissantes. Considérez, au contraire, dit-il au jeune prince qu’il instruit, l’état des communes en France. […] La guerre des Deux Roses releva encore les communes : avant les batailles, ordre fut donné souvent de tuer les nobles et d’épargner les roturiers. […] Et sic evangelica margarita spargitur et a porcis conculcatur… (ita) ut laicis commune æternum quod ante fuerat clericis et ecclesiæ doctoribus talentum supernum.
Une commission composée d’un certain nombre de membres représente les intérêts communs. […] Dans aucun cas, d’ailleurs, le Gouvernement n’eût pu intervenir comme le désiraient les directeurs, lesquels demandaient une enquête ayant pour but : 1º La révision de la loi du 13 janvier 1791, qui permet aux sociétés d’auteurs de traduire en police correctionnelle tout directeur qui peut se trouver en désaccord avec elles ; 2º La création d’un tarif pour les œuvres des auteurs, quelque minimes que soient ces œuvres, tarif qui, une fois établi et fixé, couperait court à bien des prétentions ; 3º Enfin que les contestations entre auteurs et directeurs, contestations qui sont essentiellement commerciales et rentrant dans le droit commun, soient jugées par les tribunaux civils ou de commerce et non par les tribunaux correctionnels.
Cette société faisait cause commune avec la cour contre le mauvais langage et les mauvaises manières, et eut peut-être la plus grande part à leur réprobation ; mais elle faisait cause commune avec les bonnes mœurs de sa préciosité contre la licence de la cour et contre celle des écrivains nouveaux et elle eut la plus grande part à leur défaite.
La tête de ce corps est l’Empereur, et dans ce qui concerne les intérêts communs de l’Empire il se gouverne aristocratiquement. […] Il y a droit par son sujet : la nature commune des nations ; sujet vraiment universel, dont l’idée embrasse toute science digne de ce nom.
Dans la tragédie comme dans la comédie, sous la mythologie, sous l’histoire, sous les fictions convenues, n’est-ce pas vraiment la vie ordinaire qu’ils peignent, et ne sont-ce pas au fond des incidents communs, dans le raccourci vigoureux ou l’agrandissement idéal que les règles imposent ? […] Il faut voir dans Corneille comment, dans les âmes des héros, pour produire les révolutions soudaines des nations, parmi les grands intérêts des États et les raisons de la plus sublime philosophie, peuvent trouver place et prendre rang de causes efficaces les incidents familiers de la vie réelle, les relations sociales, les affections de famille, les situations communes que créent à tous les hommes les croyances et les institutions communes de l’humanité.
Ils ont beau s’écrier d’un fausset philosophique, qu’il n’a fait que copier Horace & Juvenal, qu’il n’est tout au plus qu’un bon versificateur, qu’il ne connut jamais le sentiment, que ses idées sont froides & communes, qu’il n’est pas enluminé comme eux, qu’il n’a qu’un ton, qu’une maniere ; ils ont beau s’applaudir réciproquement de leurs prouesses littéraires, lever jusqu’aux nues l’entortillage & l’enflure de leurs pensées, ne trouver rien d’égal à la profondeur de leurs courtes vues, s’extasier sur le vernis de leurs mystérieuses expressions ; la voix noble & ferme de Stentor n’a qu’à se faire entendre, & aussitôt cette engeance mutine disparoîtra, avec son Général, pour se cacher sous ses humbles pavillons. […] D’ailleurs Despréaux oublia-t-il jamais que les défauts d’un Ouvrage n’ont rien de commun avec la personne de l’Auteur ? […] S’il s’en trouve quelques-unes de médiocres, cette médiocrité même a toujours son prix ; elle est celle d’un homme de haute taille qui se baisse, sans que les tailles ordinaires & communes puissent en tirer avantage pour s’égaler à lui.
Clément a profité de ces défauts communs à plusieurs Poëmes didactiques, & les a fait valoir, pour soutenir qu’il est impossible de composer, en notre Langue, un bon Poëme de cette espece. […] Seroit-il possible, en effet, que notre Langue fût privée d’une faculté commune à toutes les autres Langues ? […] Vaniere, la Callipédie de Quillet, le Poëme de Scevole de Sainte Marthe, sur la maniere d’élever les enfans à la mamelle, celui de Arte graphicâ de Dufresnoy, celui de l’Abbé de Marsy sur le même sujet, l’Anti-Lucrece, sont regardés comme d’excellens Ouvrages, malgré le fond des matieres, au dessus du commun des Lecteurs ; malgré la Langue dans laquelle ils sont écrits, dont la connoissance est encore plus bornée que celle des matieres.
Sans cette distinction les dons cessent d’être des récompenses, et ils deviennent un simple salaire commun aux mauvais et aux bons artisans. […] Le commun de la nation faisoit donc alors sa principale occupation de son plaisir, ainsi que ceux de nos citoïens qui naissent avec cent mille livres de rente, et le climat heureux de leur patrie les rendoit très-sensibles aux plaisirs de l’esprit, dont la poësie et la peinture font le charme le plus decevant. […] Ce genre de mérite faisoit d’un homme du commun un personnage, et il l’égaloit à ce qu’il y avoit de plus grand et de plus important dans un état.
Pour que toujours, à toute époque, les choses se soient passées ainsi, ne faut-il pas qu’il y ait dans cette Chine, dont c’est là l’éternelle histoire, des faits d’un ordre providentiel, mystérieux et terrible, peu aperçus du commun des historiens, mais pourtant comme il s’en rencontre à certaines places dans les annales du genre humain… Pour les peuples, ainsi que pour les hommes, la grâce méprisée — longtemps et obstinément méprisée produit l’endurcissement, l’aveuglement, l’impénitence. […] Indépendamment de ce qui est commun à l’une et à l’autre, de cette résistance de la race bien plus que de l’individu qu’elles opposent au Christianisme toutes les deux, — car on n’a pas déformé la tête humaine pendant des milliers d’années dans des doctrines de perdition pour qu’elle se courbe, au premier mot, sous le signe sacré du baptême, et pour que la lumière de la vérité y pénètre tout à coup dans la douceur de son premier rayon, — la Chine, de son côté, qui ne le sait ? […] Comme elle confond tous les Occidentaux avec les Barbares aux cheveux rouges qui lui ont fait la guerre, elle confondra dans une commune horreur l’Église, mère de la chrétienté, et tous les gouvernements politiques qui allongent, plus ou moins, leurs épées vers elle.
Lacombe explique en détail ce qu’était la commune de Paris, réunion fraternelle des six plus grands corps de l’industrie, désignée à toutes les époques sous le double nom de l’Hôtel de Ville ou Maison de la Marchandise. Le chef de cette commune, directeur de l’œuvre commerciale avant d’être magistrat municipal, s’appela prévôt des marchands jusqu’au 15 juillet 1789 : « Élevé à sa fonction par le vote universel, il gouvernait à la fois tous les arts et tous les métiers, et devenait ainsi le symbole social. […] Il le juge en toute indépendance, et, selon nous, sa sévérité est justice : « Organe — dit-il — du droit commun vis-à-vis d’une société constituée par le monopole, M.
Ce droit répondrait tout à fait au jus quiritium Romanorum, que nous avons prouvé avoir été le droit naturel commun à toutes les nations héroïques. […] Comme l’éclat de la noblesse leur faisait ombrage, ils se montrèrent favorables aux droits de la nature humaine, commune aux nobles et aux plébéiens. […] On peut même dire avec vérité que toutes les exceptions faites aux lois chez les modernes, sont des privilèges voulus par le mérite particulier des faits, qui les sort de la disposition commune.
En effet cette intention fut celle des citoyens qui s’accordaient dans la conception d’un intérêt raisonnable qui leur fût commun à tous. […] S’il est certain qu’il y eut des lois avant qu’il existât des philosophes, on doit en inférer que le spectacle des citoyens d’Athènes s’unissant par l’acte de la législation dans l’idée d’un intérêt égal qui fût commun à tous, aida Socrate à former les genres intelligibles, ou les universaux abstraits, au moyen de l’induction, opération de l’esprit qui recueille les particularités uniformes capables de composer un genre sous le rapport de leur uniformité. Ensuite Platon remarqua que, dans ces assemblées, les esprits des individus, passionnés chacun pour son intérêt, se réunissaient dans l’idée non passionnée de l’utilité commune.
. — À la Chambre des communes dont il était membre, Gibbon n’en eut point de si flatteur. […] Il a de charmantes lettres en ce sens, adressées à son ami lord Sheffield82, encore engagé dans la mêlée, et le plus souvent pour le railler agréablement, pour le plaindre d’être toujours dans ce Pandaemonium de la Chambre des communes. […] Mardi dernier, 11 novembre, après avoir bien pesté et vous être tourmenté toute la matinée autour de quelque affaire de votre fertile invention, vous êtes allé à la Chambre des communes et vous avez passé l’après-midi, le soir et peut-être la nuit, sans dormir ni manger, suffoqué à huis clos par la respiration échauffée de six cents politiques qu’enflammaient l’esprit de parti et la passion, et assommé par la répétition des lourds non-sens qui, dans cette illustre assemblée, l’emportent si fort en proportion sur la raison et l’éloquence. — Le même jour, après une matinée studieuse, un dîner d’amis et une gaie réunion des deux sexes, je me suis retiré pour me reposer à onze heures, satisfait du jour écoulé, et assuré que le suivant m’apportera le retour du même repos et des mêmes jouissances raisonnables. […] Lord Sheffield, livré par goût à la vie active et publique, était à quelques égards plus difficile à contenter que lui ; il avait besoin des ressources d’un monde dont Gibbon se passait très bien : Vous êtes toujours, lui écrivait ce dernier, à la recherche du savoir, et vous n’êtes content de votre monde qu’autant que vous en pouvez tirer information ou amusement peu commun. […] Alors seulement la réunion est parfaite, les goûts se communiquent, les sentiments se répondent, les idées deviennent communes, les facultés intellectuelles se modèlent mutuellement ; toute la vie est double, et toute la vie est une prolongation de la jeunesse.
Il en est de même des plantes : on peut citer des espèces végétales nouvellement introduites en certaines îles où elles sont devenues très communes en moins de dix années. Plusieurs plantes, telles que le Cardon culinaire et un grand Chardon qui sont maintenant extrêmement communs dans les vastes plaines de la Plata, où ils recouvrent des lieues carrées de surface presque à l’exclusion de toute autre plante, ont été importées d’Europe ; et je tiens du Dr Falconer que, dans l’Inde, certaines plantes qui s’étendent aujourd’hui depuis le cap Comorin jusqu’à l’Himalaya, ont été importées d’Amérique depuis sa découverte. […] Le changement produit dans la population des insectes devait encore avoir été plus grand, car six espèces d’oiseaux insectivores étaient communs dans la plantation et n’habitaient point la lande qui, par contre, était fréquentée par deux ou trois espèces distinctes. […] Or, Azara et Rengger ont montré qu’une certaine Mouche, très commune en cette contrée, dépose ses œufs dans le nombril de ces animaux nouveau-nés et les fait périr. […] L’accroissement récent de la Draine (Turdus viscivorus) en certaines parties de l’Écosse a causé la rareté croissante de la Grive commune (Turdus musicus).
Panégyriste des rois de Sicile près desquels se retira plus tard le poëte Eschyle, Pindare ne les loua que de leurs vertus, et au profit du commun salut de la Grèce, dont ces rois défendaient aussi la cause contre d’autres barbares alliés de la Perse. […] Le sujet commun à toutes, c’est la gloire de la Grèce et les épreuves viriles qui préparent cette gloire. […] Le poëte lyrique, avec son autorité sainte, dans les fêtes et les jeux sacrés de la Grèce, est le conseiller de la patrie commune, le messager d’alliance entre les villes de même origine, de même noblesse hellénique, entre les métropoles et les colonies devenues indépendantes et souveraines à leur tour. […] Pindare vient, au milieu des concitoyens et des amis, saluer le jeune vainqueur, dans la maison de son père, riche citoyen d’Égine ; et tout aussitôt la pensée du poëte s’élève à la joie du patriotisme commun, comme pour y perdre le souvenir de la faute et du malheur de Thèbes. […] Quel oubli de tout, hormis l’orgueil de la patrie commune et la joie de sa gloire, dans cette distraction du poëte qui met le mot de barbares à la bouche même des Perses, comme se reconnaissant une race inférieure et vaincue !
C’est aux croisades que nos poëtes durent ce tour d’imagination qui leur est commun. […] Environ soixante ans se sont écoulés entre les deux parties de ce roman, qui sont en réalité deux poëmes très-distincts, sous un titre commun. […] Cet écrivain si grave et si solide n’a pas échappé cette fois à la tentation, si ordinaire de notre temps, de substituer son jugement personnel à l’opinion commune. […] Une faisait qu’exprimer l’opinion commune. […] Il en a la qualité suprême, la mesure, le goût ; il sait n’exprimer de ses sentiments que ceux qui lui sont communs avec tout le monde, et garder pour lui ce qui n’est propre qu’à lui.
Leibnitz disait que des horloges peuvent marquer la même heure soit par hasard, soit parce qu’un même ouvrier a réglé d’avance leur harmonie, soit parce qu’elles se transmettent sympathiquement leurs vibrations par l’intermédiaire d’un commun support. […] Un autre fait social d’importance majeure est venu corroborer cette nécessité d’une logique commune : c’est l’existence de la parole. […] Ne fait-il pas partie, lui aussi, de l’univers, et ne participe-t-il pas à la constitution commune ? […] Évidemment, l’impénétrabilité est ici une propriété commune au cerveau et aux agents extérieurs. […] Nous savons que tout mouvement de ce genre forme un arc dont les deux branches, action du dehors et réaction du dedans, ont leur point commun dans la cellule centrale.
Mr De La Grenée, sachez qu’une allégorie commune, quoique neuve, est mauvaise et qu’une allégorie sublime n’est bonne qu’une fois. […] Tout est d’un caractère petit et commun. […] Point de milieu, ou de grandes figures et peu d’action ; ou beaucoup d’action et des figures de proportion commune. […] Au même moment où la nation fut frappée de ces différents fléaux, les mamelles de la mère commune se desséchèrent, une petite portion de la nation regorgea de richesses, tandis que la portion nombreuse languit dans l’indigence. […] L’argent, avec lequel on put se procurer tout, devint la mesure commune de tout.
Opprimés, enserrés dans le réseau rigide de l’organisation normande, ils ont beau avoir été conquis, ils n’ont pas été détruits ; ils sont sur leur sol, chacun avec ses amis et dans sa commune ; ils font corps, ils sont encore vingt fois plus nombreux que leurs vainqueurs. […] Mais pendant toute cette durée le loisir a manqué pour la fine et haute culture ; il a fallu vivre et se défendre, piocher la terre, tisser la laine, s’exercer à l’arc, aller aux assemblées, au jury, payer et raisonner pour les affaires communes ; l’homme important et estimé est celui qui sait bien se battre et faire de gros profits. […] Sitôt que des hommes veulent agir ensemble, il leur faut des chefs ; toute association volontaire ou involontaire en a un ; quelle qu’elle soit, État, armée, navire ou commune, elle ne peut se passer d’un guide qui trouve la voie, y entre, appelle les autres, gourmande les retardataires. […] Ceux-ci, sans élection populaire ni désignation d’en haut, le trouvent tout fait et tout reconnu dans le propriétaire important, ancien habitant du pays, puissant par ses amis, ses protégés, ses fermiers, intéressé plus que personne par ses grands biens aux affaires de la commune, expert en des intérêts que sa famille manie depuis trois générations, plus capable par son éducation de donner le bon conseil, et par ses influences de mener à bien l’entreprise commune. En effet, c’est ainsi que les choses se passent ; tous les jours des centaines de gens riches quittent Londres pour passer un jour à la campagne ; c’est qu’ils ont convocation pour les affaires de leur commune ou de leur Église ; il sont justices, overseers, présidents de toutes sortes de Sociétés, et gratuitement.
. — Ce qu’ils ont de commun. — § II. […] Ce qu’ils ont de commun. […] Pascal, par le trait qui lui est commun avec Descartes, allait donc ajouter à la force de l’esprit français. […] Le sujet même de la querelle nous touche assez peu, outre le sort commun des ouvrages de polémique, dont la partie la plus personnelle se refroidit le plus vite. […] Rien de vague, ni de commun.
La communication habituelle de tous les hommes distingués, leur réunion dans un centre commun, établit une sorte de législation littéraire, qui dirige tous les esprits dans la meilleure route. […] Il est trop aisé d’écrire l’allemand assez bien pour être imprimé ; trop d’obscurités sont permises, trop de licences tolérées, trop d’idées communes accueillies, trop de mots réunis ensemble ou nouvellement créés ; il faut que la difficulté du style soit de nature à décourager au moins les esprits tout à fait médiocres. […] À ce défaut, qui leur est commun avec les Anglais, ils joignent un certain goût pour la métaphysique des sentiments, qui refroidit souvent les situations les plus touchantes. […] Voyez ce que fait le crime au milieu d’une nation ; des persécuteurs toujours agités, des persécutés toujours implacables ; aucune opinion qui paraisse innocente, aucun raisonnement qui puisse être écouté ; une foule de faits, de calomnies, de mensonges tellement accumulés sur toutes les têtes, que, dans la carrière civile, il reste à peine une considération pure, un homme auquel un autre homme veuille marquer de la condescendance ; aucun parti fidèle aux mêmes principes ; quelques hommes réunis par le lien d’une terreur commune, lien que rompt aisément l’espérance de pouvoir se sauver seul ; enfin une confusion si terrible entre les opinions généreuses et les actions coupables, entre les opinions serviles et les sentiments généreux, que l’estime errante ne sait où se fixer, et que la conscience se repose à peine avec sécurité sur elle-même.
L’exaltation de ce qu’on appelle la philosophie, est une superstition comme le culte des préjugés ; les mêmes défauts conduisent aux deux excès contraires ; et c’est la différence des situations ou le hasard d’un premier mot, qui, dans la classe commune, fait de deux hommes de parti, deux ennemis, ou deux complices. […] Lorsque les Constitutionnels luttaient contre les Jacobins, si les Aristocrates avaient adoptés le système des premiers ; s’ils avaient conseillé au roi de se livrer à eux, ils auraient alors renversé l’ennemi commun, sans perdre l’espoir de se défaire un jour de leurs alliés. […] L’esprit de parti unit les hommes entre eux par l’intérêt d’une haine commune, mais non par l’estime ou l’attrait du cœur ; il anéantit les affections qui existent dans l’âme, pour y substituer des liens formés seulement par les rapports d’opinion : l’on sait moins de gré à un homme de ce qu’il fait pour vous que pour votre cause ; vous avoir sauvé la vie est un mérite beaucoup moins grand à vos yeux que de penser comme vous ; et, par un code singulier, l’on n’établit les relations d’attachement et de reconnaissance qu’entre les personnes du même avis : la limite de son opinion est aussi celle de ses devoirs ; et si l’on reçoit, dans quelques circonstances, des secours d’un homme qui suit un parti contraire au sien, il semble que la confraternité humaine n’existe plus avec lui, et que le service qu’il vous a rendu est un hasard qu’on doit totalement séparer de celui qui l’a fait naître. […] Les hommes d’esprit qui, dans toute autre circonstance, cherchent à se distinguer, ne se servent jamais alors, que du petit nombre d’idées qui leur sont communes avec les plus bornés d’entre ceux de la même opinion : il y a une sorte de cercle magique tracé autour du sujet de ralliement que tout le parti parcourt et que personne ne peut franchir ; soit qu’on redoute, en multipliant ses raisonnements, d’offrir un plus grand nombre de points d’attaque à ses ennemis ; soit que la passion ait également dans tous les hommes plus d’identité que d’étendue, plus de force que de variété ; placés à l’extrême d’une idée comme des soldats à leur poste, jamais vous ne pourrez les décider à venir à la découverte d’un autre point de vue de la question, et tenant à quelques principes comme à des chefs, à des opinions, comme à des serments, on dirait que vous leur proposez une trahison quand vous voulez les engager à examiner, à s’occuper d’une idée nouvelle, à combiner de nouveaux rapports.
Il s’agit du système de Schelling dont il dit33 : « Selon lui la philosophie doit s’élever d’abord jusqu’à l’Être absolu, substance commune et commun idéal du moi et du non-moi, qui ne se rapporte exclusivement ni à l’un ni à l’autre, mais qui les comprend tous deux, et en est l’identité. […] Ce qui persiste et ce qui tend à persister, ce ne sont pas les individus, c’est l’espèce, c’est-à-dire la forme abstraite ou idéale commune à tous les individus, et les individus ne vivent, ne naissent et ne se remplacent que parce que cette forme tend à subsister. […] Mais d’autre part elle n’existe qu’en eux et par eux ; elle ne serait pas s’ils n’étaient pas ; il n’y aurait pas de forme idéale commune à tous les bluets, s’il n’y avait pas de bluets.
Tout ce qui tend à niveler graduellement ces inégalités, qui sont souvent des injustices, et à répartir le plus équitablement l’héritage commun entre tous les hommes, est divin. […] Enfin Pache, Hébert, Chaumette et la commune leur arrachaient maintenant leur abdication et ne leur laissaient que la vie. […] L’insurrection de la commune, fomentée et dirigée par des passions perverses, fut présentée aux yeux des patriotes comme l’insurrection du salut public. […] La loi n’était, dans cette usurpation réciproque et continue, ni dans la Montagne, ni dans la Gironde, ni dans la commune, ni à Paris, ni à Bordeaux. […] Malgré le soin qu’elle avait pris de sa toilette, le délabrement de sa robe, le linge grossier, l’étoffe commune, les plis froissés, déshonoraient son rang.
Vous tous, qui avez la science, le jugement et l’imagination, ne formez qu’une ligue en faveur de l’ordre et de la civilisation ; tournez vers le bien et vers le beau toutes les facultés que vous avez reçues du Ciel, mettez en commun tous vos trésors et toutes vos forces pour faire avancer le grand œuvre du 19e siècle, et laissez les versificateurs continuer en paix leur innocent métier. […] Ainsi, on n’a point de style pour écrire correctement des choses communes, et on peut avoir un style et un très beau style tout en donnant prise à la critique par quelques endroits. […] L’harmonie de Mozart n’a rien de commun avec celle de Cimarosa. […] Il ne choque point, parce que ses défauts sont communs, ainsi que ses qualités ; c’est là le secret de ses petits triomphes de société. […] C’est le commun seul qui, dans notre siècle, tue les arts et les lettres, soit qu’il garde la forme classique, soit qu’il affecte la forme romantique ; c’est contre le commun, que toutes les colères de la saine critique doivent être dirigées.
Car elle ne peut rien si les conditions dont dépend ce phénomène ne sont pas déjà réalisées, c’est-à-dire si les différences individuelles ne se sont pas suffisamment accrues par suite de l’indétermination progressive de la conscience commune et des influences héréditaires60. […] La densité dynamique peut se définir, à volume égal, en fonction du nombre des individus qui sont effectivement en relations non pas seulement commerciales, mais morales ; c’est-à-dire, qui non seulement échangent des services ou se font concurrence, mais vivent d’une vie commune. […] Or, la vie commune ne peut être affectée que par le nombre de ceux qui y collaborent efficacement. […] L’homme est donc naturellement réfractaire à la vie commune, il ne peut s’y résigner que forcé. […] Les règles que nous venons d’exposer permettraient, au contraire, de faire une sociologie qui verrait dans l’esprit de discipline la condition essentielle de toute vie en commun, tout en le fondant en raison et en vérité.
Les représentations qui engendrent des superstitions ont pour caractère commun d’être fantasmatiques. […] L’intelligence est donc nécessairement surveillée par l’instinct, ou plutôt par la vie, origine commune de l’instinct et de l’intelligence. […] Mais elle n’a que cela de commun avec la science, dont elle est séparée par toute la distance qu’il y a entre désirer et vouloir. […] Celui qui n’accepte pas la croyance commune l’empêche, pendant qu’il nie, d’être totalement vraie. […] A conserver, à resserrer ce lien vise incontestablement la religion que nous avons trouvée naturelle : elle est commune aux membres d’un groupe, elle les associe intimement dans des rites et des cérémonies, elle distingue le groupe des autres groupes, elle garantit le succès de l’entreprise commune et assure contre le danger commun.
La connaissance des vrais mémoires d’un grand homme, c’est la chute de ce mur de séparation, c’est la vue du héros, de l’orateur, du poëte, non plus dans son unité apparente et glorieuse, mais dans son unité effective, plus diverse et à la fois plus intelligible ; on saisit les passions, les affections premières, les tournures originelles de ces natures qui, plus tard, ont dominé ; en quoi elles touchent au niveau commun, et quelques parties des racines profondes. La forte séve qui, plus haut, s’en va mûrir et se transformer merveilleusement sous un soleil dont les rayons ne viennent pas également à chacun, on la voit sortir et monter de cette terre qui est notre commune mère à tous. […] Bien des jugements faux, inexacts, légers et passionnés, outrageux pour d’anciens bienfaiteurs du genre humain, ont été portés par eux, et ont longtemps altéré l’opinion, qui s’en affranchit à peine d’aujourd’hui ; mais le but moral, bien que souvent poursuivi à faux, leur demeura toujours présent ; la commune pensée humaine, la sympathie fraternelle, fut religieusement maintenue. […] Lucas-Montigny se plaint amèrement de Manuel, l’ancien procureur de la Commune, qui, en publiant le recueil des lettres à Sophie, a négligé quelques suppressions faciles, quelques arrangements de convenance et de morale, qui auraient suffi pour rendre cette lecture irréprochable, on du moins attrayante sans mélange. […] » Chose bien commune au contraire !
Il en paraît enfin une image dégagée de toutes les formes qu’elle reçoit dans chaque temps particulier, des religions et des sociétés diverses et composée de ces traits généraux et communs qui constituent l’unité de l’homme, si divers par le temps et le lieu. […] De là, l’illusion de quelques personnes de notre temps, auxquelles il paraît que le xviie siècle en a moins su que le xvie sur ce grand sujet, et qu’il y a plus d’idées au temps de Montaigne qu’au temps de Bossuet ; véritable illusion d’optique, si cela peut se dire, dont la cause est une certaine disposition d’esprit propre à notre siècle, et qui lui est commune avec le xvie siècle. […] Pour mieux apprécier la vérité de cette sorte d’impatience dont on est saisi après avoir lu les grands écrivains du xvie siècle, il faut rassembler les traits qui leur sont communs, et en former une image de l’esprit français à cette époque, pour la comparer avec le type que nous en avons en nous. […] Pascal a dit166 : « C’est le doute qui doute de soi, c’est l’ignorance qui s’ignore » ; et plus loin : « Laisser aux autres le soin de chercher le vrai et le bien ; demeurer en repos ; couler sur les sujets de peur d’enfoncer en s’appuyant ; ne pas presser le vrai et le bien, de peur qu’ils n’échappent entre les doigts ; suivre les notions communes agir comme les autres. » Voilà une image saisissante de l’esprit de Montaigne. […] J’y vois en outre une faiblesse des écrivains supérieurs commune aux plus médiocres par contagion, par laquelle ils font un tort à la langue de leur pays de résister à des conceptions molles ou extraordinaires.
L’histoire commune est bien plus simple. […] Et, sans doute, il arrivera que ces croquis auront été faits et multipliés en vue d’une œuvre déterminée, mais le contraire est la loi commune. […] On acquiert, entre autres, la certitude qu’il y a parmi les ouvrières, à côté des vices, des travers, des imperfections propres à leur condition ou communes à l’humanité, des trésors d’énergie, de délicatesse et de poésie. […] Il y a bien longtemps que vous la connaissez, que vous avez observé le fond d’envie de cette nature molle et d’imagination égoïste, sa perpétuelle et lointaine tentation d’échapper au devoir commun, d’être délivrée des soucis de sa vie de paysanne, obligée de soigner l’homme, les enfants et les bêtes. […] L’intrigue elle-même, si elle est bien conduite, supprime une foule d’actions communes et sans intérêt ; elle simplifie le personnage, et c’est un effet de l’art ; elle l’engage en des situations où il reste fidèle au caractère d’élection, mais qu’il n’a pas traversées, et dont on peut dire seulement qu’il les eût traversées de cette manière.
La cité antique, la république, mère de tous, l’État, loi commune de tous, sont constitués en hostilité avec le royaume de Dieu. […] Les sociétés chrétiennes auront deux règles morales, l’une médiocrement héroïque pour le commun des hommes, l’autre exaltée jusqu’à l’excès pour l’homme parfait ; et l’homme parfait, ce sera le moine assujetti à des règles qui ont la prétention de réaliser l’idéal évangélique. Il est certain que cet idéal, ne fût-ce que par l’obligation du célibat et de la pauvreté, ne pouvait être de droit commun.
Les licornes sont plus communes qu’une amitié entre femmes, et Mme de Staël et Mme Récamier ajoutèrent ce phénomène-là à tous les autres phénomènes. […] C’est hardi, et surtout ce n’est pas dit d’une façon commune ! […] Mais les salons sont comme tout ce qui est collectif, comme tout ce qui fait masse à un degré quelconque, ils sont la proie des idées communes, de la sottise et du préjugé.
Chez Gœthe, Byron, les romantiques français, ce sont généralement des états de sensibilité commune, sinon à tous les hommes, du moins à un groupe ou à une époque. […] On trouverait bien des thèmes communs entre les vers de Valéry et le Traité du Narcisse d’André Gide. […] Mer et cimetière sont pris dans une essence commune, cimetière marin et mer cimetière de l’être. […] La poésie de Valéry se trouve comme à la croisée de trois mouvements poétiques : classique, parnassien et symboliste, et les réunit en une essence commune. […] Ils doivent se soumettre aux lois d’une technique, celle de la recherche en commun.
Il aime donc mieux adopter l’illusion commune. […] La couleur n’étant que de la couleur, la résistance n’étant que de la résistance, jamais vous ne trouverez rien de commun entre la résistance et la couleur, jamais vous ne tirerez des données de la vue un élément qui leur soit commun avec celles du toucher. […] Le concept ne peut symboliser une propriété spéciale qu’en la rendant commune à une infinité de choses. […] Il commence par négliger la coloration spéciale de la personne, qui ne saurait s’exprimer en termes connus et communs. […] Mais le passage, qui est un mouvement, n’a rien de commun avec un arrêt, qui est immobilité.
Ainsi chaque espèce est fortement individualisée ; à l’abstraite et vague idée qu’évoque le nom commun de l’espèce, le nom propre, personnel, substitue l’image précise d’une physionomie et d’un tempérament uniques. […] Les Fabliaux 76 sont des contes plaisants en vers dont les sujets sont en général tirés de la vie commune et physiquement, sinon moralement et psychologiquement, vraisemblables. […] Paris a donné l’appui de son autorité — on a soutenu que nombre de récits dont s’égayaient nos pères avaient une origine plus lointaine et plus singulière : ils seraient venus de l’Inde, et par toute sorte d’intermédiaires, portés de leur patrie bouddhique dans le monde musulman, de là dans l’Occident chrétien, ils se seraient infiltrés jusque dans nos communes picardes et françaises, déversant dans le large courant de la tradition populaire un torrent d’obscénités et de gravelures. […] Dédier que les auteurs de fabliaux : n’ont point mis à contribution les recueils de contes d’origine certainement orientale, tels que la Discipline de Clergie ou le Directorium humanæ vitæ ; que dans les sujets communs à l’Occident et à l’Orient il n’est pas toujours certain que la rédaction orientale — la plus anciennement écrite — soit la source réelle et primitive des versions occidentales ; que la tradition orale où puisaient nos conteurs renfermait des contes de toute provenance, où l’Inde a pu apporter son contingent, mais autant et pas plus que n’importe quel autre pays77 ; enfin que la plupart des sujets de fabliaux ont pu naître n’importe où, étant formés d’éléments humains et généraux, et ne portant aucune marque d’origine. […] Il en est des mauvaises mœurs comme des cadavres : cela ne signifie plus rien, à force d’être commun.
Il avait l’esprit très philosophique, et peu de connaissances ou de curiosité philosophiques ; il n’avait en morale qu’une science commune et superficielle, et ni théoriquement ni pratiquement il n’avait de grandes lumières sur la vie de l’âme humaine : il fait exception dans le xviie siècle par son manque de sens psychologique. […] A l’expression simplement réaliste des choses extérieures et communes, Boileau a mêlé ses malices de bourgeois indévot, ses épigrammes de polémiste littéraire : il a tâché le plus souvent de mettre des idées, de l’intelligence dans ses vers, d’en pénétrer ou d’en entourer ses sensations. […] La polémique des satires Mais le critique, pour nous, dépasse le poète, ou l’artiste : et la raison en est qu’ici Boileau ne représente plus dans son œuvre son tempérament personnel, mais le génie de son siècle, et la commune essence des grandes œuvres. […] La nature que la poésie imitera sera donc la nature commune, celle qui est partout et toujours, les objets qui existent en vertu de ses lois éternelles, non pas les accidents de l’individualité, ni les bizarreries des phénomènes monstrueux. […] Les grands genres, où Boileau s’arrête en son 3e chant, sont l’épopée, par tradition antique, et par respect d’Homère et de Virgile, la tragédie et la comédie, par tradition aussi, mais surtout par sentiment de leur importance actuelle, par goût personnel et conscience du goût commun de son siècle.
Le besoin de bien-être, de confort est commun à peu près à tous les hommes de notre civilisation. […] En face de ceux qui disent qu’on doit produire des objets de luxe à l’usage des privilégiés, on trouve ceux qui soutiennent qu’il ne faut produire que des utilités communes à tous. […] Les seuls biens reconnus seront les biens communs, accessibles à l’intelligence et à la sensibilité de tous. […] Sans doute, ici, l’individu comprend la nécessité de se subordonner à l’œuvre commune. […] Vilfredo Pareto, remarque également que les individus composant une société ont certains intérêts communs et certains intérêts contraires, en ce qui concerne la répartition des richesses.
Le commun accord est loin de s’être fait, sur la valeur et le mérite absolus des poèmes de Mallarmé. […] C’est l’état naturel et successif de toute Littérature ; il fut commun aux poètes d’autrefois comme aux poètes d’aujourd’hui, de même que ce sera le souci des poètes de demain. […] Ce ne fut plus une tentative isolée d’esprits mécontents du passé, ce fut la réunion, pour l’œuvre commune, des talents les plus divers. […] Pendant très longtemps, le moyen fondamental et commun fut, il faut le dire, la description. […] Il faut remonter à des principes généraux très profonds pour déterminer à leur effort personnel un point de départ commun.
Quand au fond, il est parfaitement d’accord avec le reste, ce qui n’est ni commun ni facile. […] Je prétends qu’il faut d’autant moins de mouvement dans une composition, tout étant égal d’ailleurs, que les personnages sont plus graves, plus grands, d’un module plus exagéré, d’une proportion plus forte ou prise plus au-delà de la nature commune. […] De quelque manière que des objets inanimés soient disposés les uns à côté des autres, je ne dirai qu’ils groupent que, quand ils sont liés ensemble par quelque fonction commune. […] Mais cette jeune femme assise à terre qui donne sa mamelle à têter à sa vieille mère et qui console d’une main son enfant qui pleure debout devant elle de la privation d’une nourriture que nature lui a destinée et que la tendresse filiale plus forte que la tendresse maternelle détourne, cette jeune femme groupe avec son fils et sa mère, parcequ’il y a une action commune qui lie cette figure avec les deux autres, et celles-cy avec elle. […] Tout étant égal d’ailleurs, les natures exagérées prennent moins aisément le mouvement que les natures faibles et communes.
La situation de leur esprit est même inconnuë au commun des hommes qui, jugeant de ce que les autres doivent souffrir de la solitude par ce qu’ils en souffrent eux-mêmes, pensent que la solitude soit un mal douloureux pour tout le monde. […] C’est l’unique ressource de la plûpart des hommes contre l’ennui ; et même les personnes qui sçavent s’occuper autrement sont obligées, pour ne point tomber dans la langueur qui suit la durée de la même occupation, de se prêter aux emplois et aux plaisirs du commun des hommes.
C’est l’impossibilité pour les hommes, à un certain point de civilisation, de vivre d’une pensée commune, d’une foi commune, d’une science commune, d’une morale commune, d’une éducation commune, parce qu’à un certain point de civilisation il y a trop de pensées diverses, de fois différentes, de sciences inégales, de morales particulières, et d’éducations dissemblables. […] Mais l’humanité commune n’est point si sublime, et certainement vous la troublez. […] Il a jugé qu’une pensée, un sentiment, même un goût individuel, est chose qui importe en elle-même, sans considération de son rapport à l’intérêt commun. […] Les penseurs du xviiie siècle ont un trait commun : ils oublient l’idée de patrie. […] Elle lui a permis d’être un grand écrivain politique, tout en étant un grand politicien, chose rare et désormais impossible, mais déjà peu commune au temps dont il était.
L’optique de Helmholtz renferme une étude approfondie des sensations visuelles dont le commun des hommes ne s’aperçoit jamais, ne prend jamais une conscience distincte : taches aveugles, mouches volantes, images consécutives, irradiation, franges chromatiques, changements marginaux de couleur, images doubles, astigmatisme, mouvements d’accommodation et convergence des yeux, rivalité des deux rétines, etc., etc. […] Dès lors, les sensations, comme sensations, restent en dehors des réductions mécaniques à l’unité ; celles ci portent sur certaines conditions communes à toutes, sur certains concomitants communs et même sur certains éléments communs ; mais elles ne peuvent pas porter sur ce que les sensations ont de propre, puisqu’alors, nous venons de le voir, pour expliquer les différences qualitatives, on serait obligé de les supprimer et de dire qu’il n’y a aucune différence pour la conscience entre sentir une brûlure ou sentir une odeur. […] C’est ce qu’ont fait Spencer et Taine, et ils ont accompli par là une œuvre utile, mais ils se sont fait illusion sur la portée de leur travail et sur sa véritable signification : en se croyant dans le domaine de la qualité et de la sensation, ils étaient dans celui de la quantité, du mouvement, de la force et de l’appétit, de la volonté ; ils mettaient en évidence, sous toutes les sensations, un mode commun d’action et de réaction, qui n’est pas la sensation même et n’en explique pas la qualité spécifique. […] James Ward remarque que l’employé qui pèse des lettres avec la main arrive à juger directement le poids de chacune en particulier, sans avoir besoin de dire que la première est la moitié ou le tiers de la seconde, et sans se rapporter à une commune mesure. […] Vous n’avez donc pas le droit d’objecter : « Il faut qu’il y ait unité d’existence entre le vert, le bleu et le blanc » : car il y a simplement unité de certains éléments communs ; ni de conclure que « le bleu et le vert sont du blanc » ; mais seulement que certains éléments primordiaux du bleu et du vert sont aussi les éléments primordiaux du blanc, diversement combinés, fondus, composés et compliqués.
Plus tard, dans les romans que nous préférons, quand Dickens, plus las et plus calme, se fut fatigué de se trop mêler à ses livres, dans Les Grandes Espérances, dans L’Ami commun, il a réussi à peindre, dans le gris et le glauque, quelques beaux sites de marais, de grandioses tombées de nuit sur le lent cours de la Tamise. […] Les deux bateliers qui, dans L’Ami commun, s’emploient à la sinistre tâche de repêcher dans la Tamise les cadavres des noyés, sont ainsi dessinés par phrases fragmentaires, par allusions discrètes et présentent d’étranges airs de vie. […] Que l’on prenne dans Olivier Twist la massive et redoutable figure du bedeau qui régit avec une si épaisse et stupide cruauté l’hospice de la commune, que l’on observe sa gaîté, sa panse, sa carrure de majordome et de geôlier, sa grosse nature sans pitié, la satire paraîtra violente et elle a porté de grands coups à l’institution même du workhouse. […] Pas un billet qu’il écrive pour proposer une promenade en commun, pour inviter à dîner, pour expliquer une affaire, qui ne soit conçu en termes rapides, d’un style concité, frémissant de passion, de vitalité, d’exubérante bonne humeur ; il y narre à ses correspondants les petits faits qui arrivent chez lui, avec autant de drôlerie et de vivacité qu’il en met dans ses livres ; ses pages les plus célèbres ne sont ni meilleures ni autres que la lettre dans laquelle il raconte au pied levé, avec tout l’humour des grandes occasions, le lamentable trépas d’un corbeau familier qu’il tenait à sa villa. […] Il fut libéral, presque radical dans ses opinions politiques, à une époque où cela était moins commun et moins avantageux qu’aujourd’hui ; il témoigna à plusieurs reprises dans ses discours de peu de vénération pour les institutions monarchiques, de peu de respect pour les classes dirigeantes et le régime parlementaire.
Alcée se met donc à chanter en ces termes : Des sociétés temporelles Le premier lien est la voix, Qu’en divers sons l’homme, à son choix, Modifie et fléchit pour elles ; Signes communs et naturels, Où les âmes incorporelles Se tracent aux sens corporels. […] La seconde strophe est faible et commune, excepté les trois vers du milieu ; à la place de cette trame usée qu’on voit partout, il y a dans le texte : « Le tissu de ma vie a été tranché comme la trame du tisserand. » Qu’est devenu ce tisserand auquel est comparé le Seigneur ? […] Boileau en est la preuve : il imite, il traduit, il arrange à chaque instant les idées et les expressions des anciens ; mais tous ces larcins divers sont artistement reçus et disposés sur un fond commun qui lui est propre : son style a une couleur, une texture ; Boileau est bon écrivain en vers. […] Ce qui est bien de lui, c’est le prosaïque, le commun, la déclamation à vide, ou encore le mauvais goût, comme les livrées de Vertumne et les haleines qui fondent l’écorce des eaux.
Parmi les accidents qui la distinguent de son espèce, il dégage la forme commune qui la range dans son espèce, et ne considère en elle qu’une qualité et qu’un nom. […] La philosophie omet les détails de l’objet complexe, et ainsi le change en chose abstraite ; elle ne prend dans l’objet particulier que ce qu’il a de commun avec les autres, et ainsi le change en un être général ; elle ne l’observe complexe et particulier que pour l’apercevoir général et abstrait ; elle n’agit que pour altérer, dénaturer, transformer ; elle est un raisonnement continu, où les faits ne comptent que parce qu’ils prouvent des lois, où les êtres n’entrent que pour se résoudre en qualités, où les événements ne sont reçus que pour se fondre en formules ; elle ne part de la connaissance primitive que pour s’en écarter. […] Le plus grand homme du monde s’occupe à manger, à dormir, à causer, à s’ennuyer, à effacer la grandeur et l’originalité de son caractère dans les petits détails communs d’une foule de petites actions communes, et le héros n’est héros que par exception.
Réduites en langage commun, ses théories n’ont en général rien d’inacceptable, et beaucoup de ses jugements, encore que sévères, sont mérités. […] Voilà où trente ans de pratique du théâtre, et d’auscultation trop soigneuse du goût commun, ont mené un des esprits les plus libres, les plus vifs, les plus hardis que je connaisse. […] La direction commune semble être de mettre des idées dans la poésie, mais des idées larges qui soient l’expression de la plus intime personnalité, qui traduisent les vibrations profondes de l’être au contact des choses et devant la grande énigme de la vie. […] Sous l’œil des barbares, l’Homme libre, le Jardin de Bérénice, trois romans idéologiques, sur ce titre commun : le Culte du moi, 3 vol. in-18, 1888-1891 ; l’Ennemi des lois, 1 vol. in-18 ; Huit Jours chez M.
L’un est mêlé à toutes les agitations d’une époque d’intrigues et de guerres civiles ; l’autre mène une vie silencieuse et inconnue, dans une ville de province d’abord, puis dans les communs de M. le Duc. […] Ces personnes auxquelles l’avaient lié des goûts et peut-être des préventions communes, c’étaient Mme de la Fayette et d’autres dames de la cour, dont l’esprit délicat aiguisait le sien, et au tact desquelles il éprouvait, comme à une pierre de touche, la vérité de ces réflexions qui, sous le nom de Maximes, allaient devenir des vérités immortelles. […] Un esprit commun, qui n’a qu’une première vue, peut en être choqué, et quelque déclamateur vulgaire y verra des injures contre la nature humaine, mais quiconque sait lire au fond de son cœur, sans crainte d’y apercevoir, sur les indications si sûres de la philosophie chrétienne, ce fond de corruption où sont les tentations et tout le prix de l’innocence, reconnaîtra dans les plus sévères de ces maximes un avertissement menaçant donné par un des penseurs qui ont le mieux connu ce fond. […] Les Maximes, en face de la Fronde, c’est le portrait en face de l’original ; mais si l’on regarde au-delà de ce « mélange d’écharpes bleues, de dames, de cuirasses, de violons98 », que de traits communs à toutes les époques d’agitation politique !
Ses fils, propriétaires de grandes possessions territoriales, et qui étaient investis du droit exorbitant de nommer les gouverneurs du pays, prétendaient que leurs terres fussent exemptées des taxes communes. L’Assemblée de Pennsylvanie s’opposait à une si criante inégalité, et Franklin fut chargé par elle d’aller plaider pour le droit commun contre les fils du colonisateur et en faisant appel aux officiers de la Couronne. […] Franklin, là aussi, a essayé d’appliquer sa méthode : prenant le livre des Prières communes à l’usage des protestants, il a voulu le rendre plus raisonnable selon lui, et de plus en plus moral ; et pour cela il en a retranché et corrigé plus d’une partie ; il a touché aux Psaumes, il a abrégé David. […] La première de ces circonstances est son interrogatoire devant la Chambre des communes en février 1766.
On y voit qu’en telle année, dans telle commune, tel département, un père de famille ayant en l’imprudence de résigner ses biens à ses enfans, ceux-ci, las un jour de nourrir une bouche inutile, l’ont relégué sous un toit à porcs, ou même aidé à mourir plus vite. On y fit qu’en telle autre année, dans un département voisin, et ainsi qu’il est prouvé par les débats ou l’aveu du coupable, un beau-frère, pour éviter la division d’un commun héritage, a violé sa belle-sœur mineure et l’a ensuite étranglée. […] Je crois seulement que, si le paysan, comme l’ouvrier, par exemple, comme le bourgeois, ou comme le militaire, ont quelques traits qui ne soient qu’à eux, ils ne laissent pas, tous tant qu’ils sont, d’en avoir aussi quelques-uns qui leur sont communs entre eux, et avec moi. […] Et ils ne seraient enfin tout à fait ressemblans, à leurs propres yeux comme aux nôtres, que s’ils exprimaient des sentimens ou des idées à eux dans la langue du commun et de l’honnête usage.
Si, dans les vers dont vous me parlez, l’image se joint au sentiment et ne l’affaiblit pas, c’est le plus grand charme de la poésie ; et je préfère, ainsi que vous apparemment, ces vers-là à tous les autres : si le sentiment est de nature à exiger la plus grande simplicité dans l’expression, les vers de cette espèce n’ont rien de commun avec les vers d’image, ni par conséquent aucun terme de comparaison avec eux ; on sera plus touché des uns ou des autres, selon qu’on sera plus sensible à ce qui touche ou à ce qui étonne. […] Le voici : c’est d’abord quand ils offrent des idées heureuses ou neuves ; c’est en second lieu quand l’expression est propre et juste sans être commune. C’est là le grand mérite de Racine, la cause du charme qu’on éprouve en le lisant ; il a fort enrichi la langue, non par des expressions nouvelles, qu’il faut toujours hasarder très sobrement, mais par l’art heureux avec lequel il sait réunir ensemble des expressions connues, pour donner à son vers ou plus de force ou plus de grâce ; par la finesse avec laquelle il sait relever une expression commune, en y joignant une expression noble ; enfin par la simplicité unie partout à la noblesse, à la facilité et à l’harmonie.
Le goût, quoique peu commun, n’est point arbitraire ; cette vérité est également reconnue de ceux qui réduisent le goût à sentir, et de ceux qui veulent le contraindre à raisonner. […] Comme il sait que c’est la première loi du style, d’être à l’unisson du sujet, rien ne lui inspire plus de dégoût que des idées communes exprimées avec recherche, et parées du vain coloris de la versification : une prose médiocre et naturelle lui paraît préférable à la poésie qui au mérite de l’harmonie ne joint point celui des choses : c’est parce qu’il est sensible aux beautés d’image, qu’il n’en veut que de neuves et de frappantes ; encore leur préfère-t-il les beautés de sentiment, et surtout celles qui ont l’avantage d’exprimer d’une manière noble et touchante des vérités utiles aux hommes. […] On connaît le célèbre qu’il mourût du vieil Horace, et on a blâmé avec raison le vers suivant : cependant une métaphysique commune ne manquerait pas de sophismes pour le justifier.
C’est à des talents, en effet, du genre de Carlyle, qu’appartient l’histoire du 4 septembre et de la Commune de Paris, cette misérable et honteuse révolution pondue par la Révolution que Carlyle a peinte et qui est la grande pondeuse de toutes les autres, l’abominable mère Gigogne de toutes celles qui, depuis elle, ont bouleversé le monde, et qui doivent le bouleverser encore. […] Carlyle, je l’ai dit déjà ailleurs, est l’Hogarth de l’Histoire, — de l’Histoire qui a une verge de plus dans sa main, quand elle se sert de la caricature… Or, qui appartient plus à la caricature, à la cruelle, sinistre et déshonorante caricature, que la Révolution du 4 septembre et les crimes bas de la Commune de Paris ? […] Roche tout seul, — car ce singulier livre a la singularité de plus d’avoir changé de traducteur à chaque volume, ce qui prouve la difficulté de bien traduire Carlyle, — ce dernier volume commence en Septembre, à l’établissement de la Commune, jusqu’en Vendémiaire, aux mitraillades de Bonaparte, où finit, pour Carlyle, la Révolution.
, poétiquement un gautiériste… C’est là le mal commun de la poésie de ce moment du siècle… Or Gautier, c’est le symbole de Pygmalion renversé. […] Mais il n’est point, d’après le commun proverbe, de porte de fer que ne brise un marteau d’argent. […] Et cependant l’homme de sac et de corde espagnol, l’aventurier à la diable, avait quelque chose de commun avec le pur Sénéchal, et c’est la foi chrétienne, qu’il n’a jamais perdue !
Dans une époque comme la nôtre, sans force de principe et sans force de volonté, je sais bien que ce misérable type d’homme ou de femme à deux amours, indésouillable du premier, ayant pris corps avec cette fange, est le type commun et presque universel ; que c’est le cri du sang, de ce sang que nous avons gâté, et que de son temps tout romancier, qui en porte le joug comme un autre homme, peut jeter ce cri à son tour ! […] Hector Malot tout ce qui appartient à notre époque et ce qui passera avec elle, toutes les choses qui sont le domaine commun pour qui plante sa plume dans un sujet moderne, et les lectures contemporaines et la langue générale des romans actuels, que resterait-il à ce communiste littéraire qui vit sur l’apport social bien plus que sur son propre talent ? […] Le livre qu’il publie aujourd’hui ne porte pas ce nom de L’Illustre Docteur Mathéus pour marquer un ensemble commun de récits, reliés sous une idée qui les embrasse dans un but unitaire de composition, mais tout simplement L’illustre Docteur Mathéus est la plus grosse pièce du recueil.
Parmi les choses positives, dont la résultante est le talent d’un homme, il n’y a rien de commun entre M. […] Tels sont les côtés communs à M. […] Le fait est commun, et les fabliaux et les comédies parlent gaiement de cette destinée des maris imprudents : mais un Antoine Quérard n’est pas un mari, c’est un amant, et un amant intelligent, coupable, plus vieux que sa maîtresse, et il répugne à sa passion même qu’il établisse gratuitement chez lui M.
Par exemple : « L’étang était couvert de végétations épaisses qui jouaient le tapis de billard… Le jour n’était ni clair ni sombre, mais d’un gris déterminé rappelant la teinte générale de l’uniforme de soldats de garnison. » Et ainsi toujours, pendant les dix-neuf chants de ce poëme accablant d’idées communes, de sentiments communs, de situations communes, et qui prouverait, si Gogol peignait ressemblant et juste, que la Russie est toujours un colosse, — mais le colosse du Béotisme et de la Vulgarité !
Il sut grouper les mécontentements, les appétits et les rancunes, et, à la tête d’un parti où figuraient ensemble des hommes de la Commune, des radicaux pressés d’arriver au pouvoir, des royalistes et des impérialistes, unis seulement pour la lutte et n’ayant en commun que des haines et des négations, il marcha à l’assaut du parlementarisme et put, un moment, aspirer à la dictature.
Il y a entre mon chien et moi beaucoup de sentiments communs et de commencements de pensées communes.
Le langage se composait encore d’images, de comparaisons, faute de genres et d’espèces qui pussent définir les choses avec propriété ; ce langage était le produit naturel d’une nécessité, commune à des nations entières. — C’était encore une nécessité que les premières nations parlassent en vers héroïques (livre II, page 158). — 15. De telles fables, de telles pensées et de telles mœurs, un tel langage et de tels vers s’appelèrent également héroïques, furent communs à des peuples entiers, et par conséquent aux individus dont se composaient ces peuples.
Cette liberté commune est une conséquence de la nature de l’homme. […] Ce but supérieur à la grossière satisfaction en commun des besoins physiques, cette dignité de plus, cette moralité de plus, ce spiritualisme social de plus, c’est l’âme de l’humanité cultivée par la civilisation, résultant de cette société. […] Serait-ce une œuvre bien digne d’un Dieu que la création d’un instinct social qui n’aurait pour fin que de faire brouter en commun une race de bipèdes sur un sillon fauché en commun, afin que la mort, fauchant à son tour cette race ruminante à gerbes plus épaisses, engraissât de générations plus fécondes ces mêmes sillons ? […] Les préceptes de ces lois organiques, qui sont les mêmes en principe chez tout ce qui porte le nom de peuple, sont les lois qui concernent la vie, la famille, la propriété, l’hérédité, le gouvernement, la morale, la religion, la défense de la patrie, héritage commun à toutes les nations, les conditions du travail et d’alimentation, le secours du riche à l’indigent, la mutualité des devoirs, l’éducation, l’application de la justice, l’expiation des crimes ou des actes attentatoires à la société qui est la vie de tous, et que tous appellent crimes. […] Il n’y aurait plus de misère ; oui, parce qu’il n’y aurait plus de pain ; la famine serait la loi commune.
La seconde, c’est que, leurs femmes menant une vie beaucoup plus retirée que les nôtres, & le langage de l’amour n’étant pas, comme aujourd’hui, la matière de tous les entretiens, les poëtes en étoient moins invités à traiter cette passion, la plus commune & pourtant la plus difficile à rendre par la délicatesse qu’elle exige. […] Il condamne les tragédies où l’on substitue aux rois, & à des personnages illustres, de simples bourgeois ; où l’on veut introduire, parmi des hommes du commun, le même sérieux & le même air de dignité qu’on remarque dans les véritables tragédies. […] Les droits communs à tous les hommes devroient-ils être refusés à des hommes entretenus par le roi, dévoués à l’amusement, à l’instruction, à la gloire de la nation & devenus même, par le luxe des riches, une ressource pour les pauvres ? […] Le Brun, si connu par son livre critique des Pratiques superstitieuses, livre où il se donne pour une ame peu commune, étoit superstitieux comme un autre : on a dit que c’étoit un médecin malade lui-même. […] Il ne rapproche point les anciennes pièces des nouvelles ; il n’examine point si ce qu’on dit des unes peut s’appliquer aux autres ; si les farces qu’on représentoit sous les empereurs payens, & contre lesquelles les pères de l’église lançoient tant d’anathêmes, ont quelque chose de commun avec nos pièces régulières ; si les changemens arrivés à nos mœurs n’ont pas amené ceux du théâtre.
La fécondité des croisements entre variétés, c’est-à-dire entre des formes que l’on sait ou que l’on croit descendues de communs parents, de même que la fécondité de leurs métis, est d’aussi grande importance pour ma théorie que la stérilité des espèces ; car ces deux ordres de phénomènes si opposés semblent établir une ligne de démarcation large et bien définie entre les variétés et les espèces. […] Il est certain que ces deux dernières espèces, c’est-à-dire le Faisan commun et le Faisan à collier, se sont mélangées dans les bois de diverses parties de l’Angleterre. […] Les hybrides entre l’Oie commune et l’Oie de Chine (A. cygnoïdes), deux espèces si différentes qu’on les range généralement comme des genres. distincts, se sont souvent reproduits en nos contrées avec l’une des deux souches pures, et une seule fois inter se. […] De plus, Gærtner a reconnu que cette différence dans la facilité d’opérer des croisements réciproques est très commune à un moindre degré. […] Kœlreuter, dont l’exactitnde a été confirmée par tous les observateurs plus récents, a prouvé qu’une variété du Tabac commun est plus féconde que les autres en cas de croisement avec une espèce très distincte.
Les principes communs à tous les beaux-arts et les règles propres à un art distinct se prêtent une mutuelle lumière. […] Celui-là est le but commun de tous les arts, qui est lui-même l’éternel artiste. […] Jamais le déplorable talent de produire sans inspiration n’a été plus commun que de nos jours. […] Esprit vaste et vraiment universel, il avait néanmoins un goût trop exquis pour affecter l’universalité littéraire, prétention de nos jours trop commune. […] Leur imagination à eux, leur robuste et fertile activité, n’a rien de commun que le nom avec cette énervante maladie.
Cet homme fut d’une étrange franchise et, contre l’opinion commune, doux et humble de coeur. […] Mais s’il y a une destinée humaine par-delà la mort, quelle qu’elle doive être pour moi, je serais fou de redouter un sort qui me sera forcément commun avec des milliards d’individus de mon espèce. » Cela ne l’eût point rassuré. […] Chaque province ou État s’administrera librement par ses élus, depuis la commune jusqu’à la subdivision départementale et jusqu’à la division provinciale ou État. […] La commune et la corporation sont nécessairement propriétaires, et la loi les oblige d’avoir, partie en fonds immobiliers, partie en rentes, au moins de quoi suffire à un établissement hospitalier, selon leur importance, etc. […] Peut-être ; et c’est pour cela précisément qu’il n’a jamais souhaité, même en rêve, ni gouvernement théocratique, ni religion d’État (il est très net sur ce point), rien ne devant être plus fort que l’Église libre sous la loi commune.
Amitié d’habitude, entre hommes qui se trouvent rapprochés par les épreuves communes, par la vie quotidienne ; en tient-on suffisamment compte ? […] Enfin, amitié d’attraction, à cause des idées communes.
Elle tient à une identité d’impulsion et non pas à une aspiration commune. […] Et cet élément commun pourra se rendre sensible aux yeux d’une certaine manière, peut-être par la présence d’organes identiques dans des organismes très différents. […] En général, quand des espèces ont commencé à diverger à partir d’une souche commune, elles accentuent leur divergence à mesure qu’elles progressent dans leur évolution. Pourtant, sur des points définis, elles pourront et devront même évoluer identiquement si l’on accepte l’hypothèse d’un élan commun. […] Elle consiste a assembler des parties de matière qu’on a taillées de telle façon qu’on puisse les insérer les unes dans les autres et obtenir d’elles une action commune.
Entre cet ascète du quatorzième siècle et nous, qu’y a-t-il de commun ? […] C’est bien faire ce qu’on fait quand on songe plus à procurer le bien commun qu’à satisfaire sa volonté. […] » Je me demandais ce qu’il y a de commun entre ce saint et nous. […] Mais elle exprime des idées et des sentiments communs avec une vivacité et une fougue tout à fait surprenantes. […] Puis, je vous prie de relire les articles parus dans les journaux au moment des incendies de la Commune.
Il est universel, parce qu’il est connaissable (en employant ce mot, non dans le sens humain, mais dans un plus large) pour tout animal qui possède quelque faculté de sentir ; parce que, en général, toutes les parties du corps de chaque animal peuvent le connaître ; parce qu’il est commun à tous les organismes sensibles ; et commun, dans la plupart des cas, à toute leur surface. […] La justification positive du réalisme suppose d’abord la détermination d’un critérium ; car, en son absence, il n’y a aucun champ de bataille commun entre les idéalistes et les réalistes. Faute de partir d’un principe commun, les arguments frappent au hasard, sans avoir chance de se rencontrer. […] Est-ce le réalisme de la vie commune, de l’enfant du paysan ? […] « Une erreur commune, dit-il, est celle qui consiste à confondre ceux qui suivent la méthode des sciences avec les positivistes, et à en faire des disciples d’Aug.
Il définit donc le sensorium commune : « La somme de tous les centres nerveux, chaque centre étant lui-même un petit sensorium245. » La sensibilité est une propriété histologique et non morphologique ; la disposition de l’organe est donc secondaire. […] Je voudrais voir introduire la même réforme dans notre physiologie du système nerveux, je voudrais voir reconnaître que, malgré les diversités, tous les centres nerveux, en tant que centres, ont des propriétés et des lois en commun. […] Prochaska considérait le cordon spinal comme formant une grande partie du sensorium commune, et il en donnait pour preuve les faits connus de sensibilité, manifestée par des animaux sans tête. […] Mais dans une Physiologie de la vie commune, on ne pouvait guère qu’effleurer ce sujet encore plein d’obscurité et de problèmes. […] Il n’est pas étonnant que des concepts aussi dissemblables que ceux de mouvement et de sensation semblent irréductibles à un terme commun, puisque l’un est regardé comme le signe d’un processus dans l’objet, l’autre comme un processus dans le sujet.
Achille est l’idée de la valeur, commune à tous les vaillants ; Ulysse, l’idée de la prudence commune à tous les sages. […] Ainsi, nous commençons à ébranler ces deux erreurs communes des grammairiens, qui regardent le langage des prosateurs comme propre, celui des poètes comme impropre ; et qui croient que l’on parla d’abord en prose, et ensuite en vers. […] Pour être frappé de cette union, il suffisait de remarquer l’étymologie commune de γραμματική, grammaire, et de γράμματα, lettres, caractères (γράφω, écrire) ; de sorte que la grammaire, qu’on définit l’art de parler, devrait être définie l’art d’écrire, comme l’appelle Aristote. — D’un autre côté, caractères signifie idées, formes, modèles ; et certainement les caractères poétiques précédèrent ceux des sons articulés. […] Cette facilité de composition dut être une propriété commune à toutes les langues primitives. […] Nous croyons avoir victorieusement réfuté l’erreur commune des grammairiens qui prétendent que la prose précéda les vers, et avoir montré dans l’origine de la poésie, telle que nous l’avons découverte, l’origine des langues et celle des lettres.
Le groupe philosophique, poétique et critique, dont les travaux et les productions forment d’habitude ce qu’on pourrait appeler le fonds de la Revue, indépendamment des portions de voyages ou de science où les faits seuls sont admis, ce groupe a une marche commune, rapprochée, sinon concertée, et constitue librement une alliance naturelle. […] Or, les esprits qui jugent de la sorte, ont un rôle à jouer dans l’effort commun ; ils ont à exciter ceux qui doutent d’une issue, à tempérer, à ne pas suivre ceux qui voient à chaque pas un labarum ; ils ont à multiplier les points de vue de l’histoire, les documents de l’érudition, les variétés réelles, innombrables, qui déconcertent les unités étroites et factices ; ils ont aussi à rappeler, d’autres fois, le but futur, la grande unité sociale, vague encore, complexe, et inégale toujours, où évidemment le siècle s’achemine. […] Les volontaires irlandais ne se disposent pas non plus à se dissoudre : le bill pour la réforme de l’église d’Irlande qu’a présenté lord Altorp, à la Chambre des communes, avait fait naître des espérances de conciliation que le bill de répression, présenté par lord Grey à la Chambre des lords, a promptement dissipées.
Quand une idée en suggère une autre, c’est qu’elles ont été précédemment associées soit dans une représentation commune, soit simplement dans un état commun de la conscience générale, soit même dans un travail commun et systématisé de la moelle ou du cerveau.
Cette différence d’opinions vient de l’erreur commune, qui confond un grand avec un habile mathématicien. […] Observons ici une de ces réactions si communes dans les lois de la Providence : les âges irréligieux conduisent nécessairement aux sciences, et les sciences amènent nécessairement les âges irréligieux. […] D’une autre part, il est naturel que des esprits communs, ou des jeunes gens peu réfléchis, en rencontrant les vérités mathématiques dans l’univers, en les voyant dans le ciel avec Newton, dans la chimie avec Lavoisier, dans les minéraux avec Haüy ; il est naturel, disons-nous, qu’ils les prennent pour le principe même des choses, et qu’ils ne voient rien au-delà.
Rien n’est si commun dans toutes les langues que le nom de l’espece donné au genre et le nom du genre attribué à l’espece en stile ordinaire. […] Si les passages des auteurs anciens que nous rapporterons ci-dessous, prouvent que l’acteur qui recitoit et l’acteur qui faisoit les gestes, s’accordoient très-bien, et qu’ils tomboient en cadence avec une grande justesse, ils n’expliquent point la maniere dont ils s’y prenoient pour suivre exactement l’un et l’autre une mesure commune. […] Nous sçavons que les anciens battoient la mesure sur leurs théatres, et qu’ils y marquoient ainsi le rithme que l’acteur qui recitoit, l’acteur qui faisoit les gestes, les choeurs et même les instrumens devoient suivre comme une regle commune.
Tout cela est tombé dans les idées communes, même au théâtre ! […] Il est très commun en France, — plus commun même que les femmes qui y racontent impudiquement leurs amours, quoiqu’elles s’y multiplient beaucoup.
Réformatrice sans originalité, bas-bleu, encore plus maussade que sévère, prêcheuse infatigable d’infini et d’idéal, sa préchaillerie ne l’a conduite qu’au fini et au très réel de la Commune, dont elle a partagé l’exil. C’est la Commune qui a interrompu sa renommée et qui la replongée dans l’obscurité et dans le silence. […] On l’a vu, et j’ai pris plaisir à le reconnaître : Mme André Léo a, dans la question du Divorce, été moins femmelette femelle que les femmelettes mâles de son parti ; mais en dehors de cette question, elle n’est plus qu’un bas-bleu de la troupe et qui ne sort jamais du rang… Elle a toutes les idées communes aux bas-bleus.
Par exemple : « L’étang était couvert de végétations épaisses qui jouaient le tapis de billard… Le jour n’était ni clair ni sombre, mais d’un gris déterminé rappelant la teinte générale de l’uniforme de soldats de garnison. » Et ainsi toujours, pendant les dix-neuf chants de ce poème accablant d’idées communes, de sentiments communs, de situations communes, et qui prouverait, si Gogol peignait ressemblant et juste, que la Russie est toujours un colosse, — mais le colosse du Béotisme et de la Vulgarité !
La religion de ce Mystique sans Dieu était l’humanisme, c’est-à-dire la déification de l’humanité (idée commune, du reste, à tous ces fabricants de religions !) […] Et si vous y joignez cette autre variété florissante, les jugeurs, les solennels, les hommes-tribunaux, les Perrins-Dandins, presque aussi communs que les Georges, pris assez subtilement à la petite trappe de l’impartialité, vous avez l’opinion tout entière, ou au moins ses forces les plus vives, et c’est le cas présent pour M. […] Auguste Comte a une de ces explications arbitraires et communes à toutes les philosophies de l’histoire, le seul genre de philosophie que l’on fasse maintenant !
Ce sont alors des paraphrases et des lieux communs de la morale la plus commune : on croit voir un grand homme qui fait le catéchisme à des enfants ; à la vérité il se relève, mais il faut attendre. […] Quelquefois il attire même les choses communes à la hauteur de son âme, et les élève par la vigueur de l’expression : plus souvent il joint une expression familière à une idée grande ; et alors il étonne davantage, parce qu’il semble même au-dessus de la hauteur des pensées. […] Tel est cet orateur célèbre, qui par ses beautés et ses défauts, a le plus grand caractère du génie, et avec lequel tous les orateurs anciens et modernes n’ont rien de commun.
Cette campagne se développa dans les brochures réunies par la suite sous ce titre commun : Racine et Shakespeare. […] L’esprit français est un par l’unité de la langue et de la forme, par la commune culture classique. […] C’est un homme lourd, à la physionomie commune, tassée, obscure, à l’allure épaisse, sans aucune personnalité physique. […] Nos divertissements étaient communs. […] Le mariage tardait parce qu’ils n’avaient que leur amour à mettre en commun.
C’est qu’intelligence et instinct, ayant commencé par s’entrepénétrer, conservent quelque chose de leur origine commune. […] Les sociétés d’Insectes ont sans doute un langage, et ce langage doit être adapté, comme celui de l’homme, aux nécessités de la vie en commun. Il fait qu’une action commune devient possible. Mais ces nécessités de l’action commune ne sont pas du tout les mêmes pour une fourmilière et pour une société humaine. […] Peut-être leur découvrirons-nous ainsi une source commune.
Le système nerveux des races s’use comme celui des individus ; le fond de sensations et de sentiments communs à un peuple a toujours besoin d’être renouvelé et rafraîchi par l’assimilation d’idées nouvelles. […] Une société, étant un organisme doué d’une conscience collective et d’une volonté commune, ne peut subsister que par la solidarité et le consensus des individus, qui sont ses organes élémentaires. […] Pour Loti comme pour Baudelaire, — et c’est là leur seul point commun, — la mort est toujours présente. […] La pitié de Loti s’étendra même aux choses, celles qui ont ceci de commun avec l’homme, la fragilité, et on dirait qu’il a la nostalgie de tout ce qu’il a vu une fois. […] L’art doit choisir sa société, et cela dans l’intérêt commun de l’esthétique et de l’éthique.
La généralisation ne va donc pas, semble-t-il, sans la considération abstraite des qualités communes, et, de degré en degré, le nominalisme va être amené à définir l’idée générale par sa compréhension, et non plus seulement par son extension comme il le voulait d’abord. […] La généralisation ne peut se faire que par une extraction de qualités communes ; mais les qualités, pour apparaître communes, ont déjà dû subir un travail de généralisation. En approfondissant maintenant ces deux théories adverses, on leur découvrirait un postulat commun : elles supposent, l’une et l’autre, que nous partons de la perception d’objets individuels. […] Si profondes que soient les différences qui séparent deux images, on trouvera toujours, en remontant assez haut, un genre commun auquel elles appartiennent, et par conséquent une ressemblance qui leur serve de trait d’union. […] Nous allons de la ressemblance aux objets ressemblants, en brodant sur la ressemblance, ce canevas commun, la variété des différences individuelles.
L’abbé Terrasson croit déjà à son siècle comme plus tard y croira Condorcet : Les sciences naturelles, dit-il, ont prêté leur justesse aux belles-lettres et les belles-lettres ont prêté leur élégance aux sciences naturelles ; mais, pour étendre et fortifier cette union heureuse qui peut seule porter la littérature à sa dernière perfection, il faut nécessairement rappeler les unes et les autres à un principe commun, et ce principe n’est autre que l’esprit de philosophie. […] Cette idée bizarre du père Hardouin allait bien avec tout ce qu’on savait de lui, et quand on lui représentait qu’il aimait trop à s’écarter en tout des opinions communes : « Croyez-vous donc, répondait-il, que je me serais levé toute ma vie à trois heures du matin pour ne penser que comme les autres ? […] Des amis communs s’étaient entremis et avaient ménagé l’accommodement. […] Leur combat, qui faisait depuis longtemps l’amusement du public, cessa par l’entremise de M. de Valincour, leur ami commun.
Ils ont, pense-t-il, plusieurs choses pareilles et communes, et ont aussi des différences, mais non pas si fort éloignées et dispareilles qu’elles ne se tiennent : l’homme n’est du tout au-dessus, ni du tout au-dessous. » Il fait une cote mal taillée, et voilà une sorte d’égalité établie. […] Il faut une spéciale faveur du ciel, et ensemble une grande et généreuse force et fermeté de nature, pour remarquer l’erreur commune que personne ne sent, s’aviser de ce de quoi personne ne s’avise, et se résoudre à tout autrement que les autres. […] C’est un reste d’école chez lui : il ne devine pas assez qu’un moment approche où il y aura accession ouverte et libre de tous les esprits sur quantité de questions, et que le philosophe et le vrai sage sera tenu, dans ses solutions, de compter de plus en plus avec le sentiment de ce grand nombre dont on fait partie soi-même, et avec cette philosophie irréfléchie, mais nécessaire, qui résulte de l’humaine et commune nature. […] Ce qui parlait surtout en sa faveur, c’était sa vie, la pureté de ses mœurs, l’égalité et la tranquillité de son âme : « C’est une science divine et bien ardue, disait-il, que de savoir jouir loyalement de son être, se conduire selon le modèle commun et naturel, selon ses propres conditions, sans en chercher d’autres étranges. » Cette science pratique, à laquelle, sauf de rares et courts instants de passion, il avait toujours été disposé, il paraît qu’il l’avait tout à fait acquise en vieillissant ; l’équilibre de son humeur et de son tempérament l’y aidait ; il avait pris pour sa devise : Paix et peu, et il la justifiait par toute sa vie.
Ce n’est là qu’un accident qui lui serait commun avec plus d’un partisan des idées démocratiques, si un autre événement notable dans son éducation intellectuelle n’avait suivi : cet événement, ç’a été son association temporaire, mais étroite et intime, au groupe saint-simonien. […] Nous n’en sommes plus au temps où l’on confondait sous ce nom commun de liberté la cause de Thraséas, celle de Brutus et des Gracques, celle du Lacédémonien Agis, celle des patriciens de Venise, celle du Grand-Pensionnaire de Hollande, de Witt, celle de lord Chatham, tous noms des plus respectables et des moins médiocres assurément ; mais nous est-il permis pourtant de distinguer ? […] un grand ministre enlevé si prématurément, Cavour, dans sa confiance pour le sentiment commun qui animait tous les patriotes de son pays, s’était fait un principe et un point d’honneur de ne gouverner et ne marcher qu’en laissant autour de lui souffler et gronder toute la liberté. […] Je ne nie pas que, sur certaines questions d’intérêt et d’utilité commune, où chacun peut être informé et renseigné, la voix de tous, dans nos siècles instruits et adoucis, n’ait sa part de raison et même de sagesse ; par la force même des choses et par le seul cours des saisons, les idées mûrissent.
Cette identité place entre les hommes de ces deux pays un caractère commun qui les fera toujours se prendre l’un à l’autre et se reconnaître ; ils se croiront mutuellement chez eux quand ils voyageront l’un chez l’autre ; ils échangeront avec un plaisir réciproque la plénitude de leurs pensées et toute la discussion de leurs intérêts, tandis qu’une barrière insurmontable est élevée entre les peuples de différent langage qui ne peuvent prononcer un mot sans s’avertir qu’ils n’appartiennent pas à la même patrie ; entre qui toute transmission de pensée est un travail pénible, et non une jouissance ; qui ne parviennent jamais à s’entendre parfaitement, et pour qui le résultat de la conversation, après s’être fatigués de leurs efforts impuissants, est de se trouver mutuellement ridicules. […] « Que l’on considère ces cités populeuses d’Anglais, d’Allemands, de Hollandais, d’irlandais, et aussi d’habitants indigènes, ces bourgades lointaines, si distantes les unes des autres ; ces vastes contrées incultes, traversées plutôt qu’habitées par des hommes qui ne sont d’aucun pays : quel lien commun concevoir au milieu de toutes ces disparités ? […] Si un tel spectacle attache fortement l’imagination, si l’on se plaît à retrouver dans la succession de l’espace ce qui semble n’appartenir qu’à la succession des temps, il faut se résoudre à ne voir que très peu de liens sociaux, nul caractère commun parmi des hommes qui semblent si peu appartenir à la même association. » S’il né semblait puéril et bien ingénu de prendre Talleyrand par le côté littéraire, on aurait à noter encore ce qui suit immédiatement, ces deux portraits de mœurs, le Bûcheron américain, le Pêcheur américain. […] Mais un nouvel intérêt commun fait passer aisément l’éponge sur d’anciens griefs et rapproche vite les politiques ; on ferma les yeux des deux côtés : « Talleyrand craignait d’être mal reçu de Napoléon.
Étienne, quand il parle en vers, est facile, coulant, élégant, comme on dit, mais d’une élégance qui, sauf quelques vers heureux242, devient et demeure aisément commune. […] Le faible ou le commun, qui se retrouve si vite au-delà de la première couche chez cet auteur spirituel, a été, en général, l’écueil de la littérature de son moment. […] On lui rend aujourd’hui plus de justice qu’il n’en rendait : il eut des talents divers dont la réunion n’est jamais commune ; jeune, il contribua pour sa bonne part aux gracieux plaisirs de son temps ; plus tard, s’armant d’une plume habile en prose, il fut utile à une cause sensée, et il reste après tout l’homme le plus distingué de son groupe littéraire et politique. […] Mais sur les autres sujets un peu mixtes et par les autres œuvres qui atteignent les bons esprits dont je parle, dans ces matières qui sont communes à tous ceux qui pensent, et où ces hommes de sens et de goût sont les excellents juges, prouvons-leur aussi que, tout poëtes que nous sommes, nous voyons juste et nous pensons vrai : c’est la meilleure manière, ce me semble, de faire honneur auprès d’eux à la poésie, et de lui concilier des respects ; c’est une manière indirecte et plus sûre que de rester poëtes jusqu’au bout des dents, et de venir à toute extrémité soutenir que nos vers sont fort bons .
Un autre écrit, intitulé : Il est temps de parler, ou Mémoire pour la commune d’Arles, est également de ces premiers mois de 1795. Portalis, rendant hommage dès le début à cette unité de l’empire et à cette patrie française commune, à laquelle il n’avait pas cru d’abord et qui venait de sortir, comme par miracle, du broiement de toutes les parties et de la confusion même, dénonçait à la Convention délivrée et humanisée l’incroyable proscription en masse de plus de dix-huit cents électeurs de la ville d’Arles, la prise d’assaut et de possession de cette innocente cité par les féroces Marseillais, la démolition des antiques murailles bâties sous Clovis, le pillage des rives du Rhône comme au temps des pirates sarrasins, l’impôt forcé de quatorze cent mille livres levé par les brigands et la lie de la populace sur tous les citoyens aisés, enfin des horreurs telles qu’au lendemain toute la politique se réduisait à dire avec lui : « On ne doit plus distinguer que deux classes d’hommes dans la République, les bons et les mauvais citoyens. » Cette histoire de l’oppression et de la dévastation de la commune d’Arles est un des épisodes les plus singuliers et les plus significatifs de la Terreur. […] Le mépris que nous affectons pour un culte commun à tant de nations pourrait nuire à nos intérêts politiques et à nos relations commerciales ; car il n’est rien à quoi les hommes soient plus sensibles qu’au mépris qu’on laisse éclater contre leurs coutumes ou leur religion.
À la vue des armes et du costume des Troyens, Achéménide effrayé s’arrête un instant, et il se demande s’il osera se faire voir à eux ; mais le sentiment de sa misère l’emporte : Au nom des astres, au nom des dieux, s’écrie-t-il en s’avançant, par cet air commun que nous respirons, prenez-moi, Troyens, partout où vous voudrez emmenez-moi ; c’est tout ce que je vous demande. […] C’est là l’honneur et le néant de la métaphysique ; elle élève et agite l’esprit humain, en mettant en question ce que le commun des hommes accepte. Portalis se borne à justifier, en les épurant, ces croyances communes. […] Les faux systèmes de philosophie rendent l’esprit contentieux et laissent le cœur froid : les faux systèmes de religion ont au moins l’avantage de rallier les hommes à quelques idées communes, et de les disposer à quelques vertus71.
Usons, sans préjuger de la justesse de l’analogie, des comparaisons les plus communes et les plus frappantes. […] L’intelligence, qui a une forme générale et commune, en a une particulière en chaque homme. […] Les Jésuites, prenant le parti de la liberté, ne faisaient que se ranger à l’opinion commune. […] L’analyse révèle une surprenante parité de matières grises et la même population cérébrale : décalogue commun, métaphysique commune, entités mâles et femelles procréant les mêmes superstitions morales. […] L’homme à demi chaste est commun.