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1557. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Horace, et les mauvais écrivains du siècle d’Auguste. » pp. 63-68

On sçait avec quel sel cette bravade est rendue dans l’auteur satyrique. […] D’être né d’un affranchi, le meilleur des pères, le seul qu’il eût pris, s’il avoit pu s’en choisir un ; d’éviter la société de ses confrères les auteurs, se réduisant à celle de quelques amis intimes & choisis, placés à la tête du gouvernement & de la littérature ; d’avoir pris la suite à la bataille de Philippe, jetté son bouclier, & protesté qu’il ne remanieroit plus les armes ; d’avoir été tribun militaire sans en avoir le mérite ; de s’être emparé de la confiance de Mécène ; de comparer son devancier Lucile à un fleuve qui roule quelques grains précieux d’or parmi beaucoup de boue ; enfin de ne se refuser à aucune raillerie sanglante, & de nommer chacun par son nom.

1558. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 15, des personnages de scelerats qu’on peut introduire dans les tragedies » pp. 115-119

L’action de la tragedie revolta contre Speroné Speroni les beaux esprits d’Italie, mais on est obligé de condamner leur delicatesse quand on a lû la dissertation que cet auteur composa pour justifier le choix de son sujet. […] Ainsi en voïant la tragedie de Phédre, on se prête à la supposition qui faisoit les dieux du paganisme les auteurs et les vengeurs des crimes, bien que cette supposition revolte encore plus le bon sens, que ne le fait la plus extravagante des métamorphoses qu’Ovide a mises en vers.

1559. (1909) Les œuvres et les hommes. Philosophes et écrivains religieux et politiques. XXV « Pierre Mancel de Bacilly »

Quand on a seulement ouvert son ouvrage, on est bien vite rassuré sur le sens d’un titre que l’auteur n’a pas mis au front de ses idées sans dessein. […] L’auteur du Pouvoir et de la Liberté, qui appartient, par les tendances générales de sa philosophie autant que par ses convictions religieuses, à la grande école des de Maistre et des Bonald, ne croit pas à la souveraineté du peuple, et la plus grande partie de son livre est consacrée à la combattre ; mais l’originalité de son principe consiste précisément en ceci qu’il n’est faussé par l’application d’aucune théorie et qu’il embrasse et domine les plus opposées, aussi bien la théorie de la souveraineté du nombre que la théorie mystique du droit divin.

1560. (1889) La bataille littéraire. Première série (1875-1878) pp. -312

La critique proprement dite prendra une place plus importante dans les volumes suivants, mais le lecteur pourra, comme dans celui-ci, avoir toujours sous les yeux les pièces du procès, la défense des auteurs présentés par les auteurs eux-mêmes. […] Présentement l’auteur des Reliques vivantes et Tolstoï devraient nous suffire. […] Charles Deulin, qui l’a fait précéder sur l’auteur. […] En voici une qui donnera une idée de la manière de l’auteur. […] Parodi qu’à l’auteur des Contemplations.

1561. (1927) Quelques progrès dans l’étude du cœur humain (Freud et Proust)

On sent la subtilité de l’auteur, mais pas assez son bon droit. […] Mais c’est parce qu’il y a une ressemblance de conception de la vie psychique, chez nos deux auteurs, et c’est celle-là surtout qui nous intéresse. […] Il y a bien la formidable algarade de M. de Charlus ; mais c’est un monologue ; l’interlocuteur (qui est l’auteur) s’est évanoui dans une brume. […] Il disparaît vraiment, comme auteur, sous le flot de leurs paroles ; il ne lui impose aucune limite, ni aucune direction. […] Un auteur anglais a pu écrire tout un article sur le Platonisme de Proust.

1562. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre IV. Que la critique doit être écrite avec zèle, et par des hommes de talent » pp. 136-215

À voir l’auteur du Misanthrope marcher ainsi, le nez au vent et sans manteau, ne diriez-vous pas que vous avez affaire à l’auteur du Roi Lear ? […] Le Malade imaginaire est une comédie excellente, et pourtant dans la pensée de l’auteur c’était tout au plus une parade ! […] L’auteur de cette œuvre sans nom est d’ailleurs en son pays ce qu’on appelle une célébrité ; nous savons déjà qu’il s’appelle M.  […] Alors il arriva que « l’auteur se refusa à une condition telle qu’aucun auteur d’une certaine réputation ne l’accorderait à un éditeur ». […] L’auteur n’entend guère plus les passions qu’il ne sait l’histoire, et il se perd lui-même dans un chaos d’événements.

1563. (1889) Histoire de la littérature française. Tome III (16e éd.) «  Chapitre treizième.  »

Les auteurs de l’antiquité lui avaient été familiers dès l’enfance. […] Bossuet commence par être le sujet d’un article pour un auteur de mémoires graveleux, et l’occasion d’une pointe pour un poète à la mode ! […] Les auteurs profanes lui devinrent aussi familiers que les livres saints. […] C’est le chimérique qu’il avait tout d’abord cherché dans la religion, en s’y attachant aux auteurs mystiques. […] C’est un historique vif et intéressant de l’origine et des progrès de la doctrine des auteurs mystiques.

1564. (1858) Du vrai, du beau et du bien (7e éd.) pp. -492

Leur auteur aurait pu en choisir d’autres. […] Je n’en suis donc pas l’auteur. […] Si notre nature morale est belle, quelle ne doit pas être la beauté de son auteur ! […] L’auteur couronné, M.  […] Je suppose qu’ainsi parlait Madame, l’aimable, spirituelle et infortunée Henriette ; ainsi écrivent l’auteur de La Princesse de Clèves et l’auteur de Télémaque.

1565. (1892) Un Hollandais à Paris en 1891 pp. -305

Cela montre qu’ils s’occupent de mon livre et cela ne peut qu’être agréable à un auteur. […] Quel auteur ne reconnaîtrait son livre entre mille, même à une lieue ? […] Combien de choses neuves il nous apporte et quelle application immense au sujet que l’auteur s’est proposé ! […] Est-ce que l’auteur le sait lui-même ? […] L’auteur semble nouer le nœud du récit, tandis qu’en réalité il en prépare la solution.

1566. (1874) Premiers lundis. Tome I « Ch.-V. de Bonstetten : L’homme du midi et l’homme du nord, ou l’influence du climat »

Une remarque bien simple devient, entre les mains du spirituel auteur, la clef d’une multitude de phénomènes moraux : c’est qu’au nord il y a des nuits et des hivers, et peu ou point au midi. […] Je ne suivrai pas l’auteur dans les détails de ces divers chapitres ; des observations choisies, des anecdotes agréables, précisent ce qu’il pourrait y avoir d’un peu vague dans l’idée générale.

1567. (1874) Premiers lundis. Tome I « Mémoires de madame de Genlis sur le dix-huitième siècle et la Révolution française, depuis 1756 jusqu’à nos jours — II »

On l’appelait en face Mécène-Atticus, parce qu’il faisait des vers et qu’il était fermier général ; en arrière on riait de son faste de bel esprit et de vertu, de ses disgrâces d’auteur et d’époux, et Mécène n’était plus rien que Turcaret. […] Auteur autrefois célèbre de tragédies, de ballets, de pastorales.

1568. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — A — Aubanel, Théodore (1829-1886) »

Théophile Gautier Auprès de Mistral, il est juste de placer Aubanel, auteur de la Grenade entr’ouverte , dont les vers ont la fraîcheur vermeille des rubis que laisse voir en se séparant la blonde écorce de ce fruit, éminemment méridional. […] En effet, l’auteur des Margarideto , Roumanille, se voua, dès la seconde heure et presque exclusivement, à la prose de son cher Armana prouvençau.

1569. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — P — Pailleron, Édouard (1834-1899) »

Évidemment, Le Monde où l’on s’ennuie ne semble pas, au premier abord, sortir de la même plume que ce recueil intitulé : Amours et haines, et pourtant, en y regardant bien, on trouvera des tournures d’esprit, une façon de voir, piquante même dans le lyrisme, qui démontrent bien que l’auteur dramatique et le poète ne font qu’un. […] Édouard Pailleron se révélait auteur dramatique avec le Parasite et poète avec les Parasites.

1570. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — F. — article » pp. 296-302

Personne ne possédoit mieux les Auteurs Grecs & Latins ; & ne s’est plus appliqué à les commenter, à les éclaircir, & à les faire paroître sur la Scène avec tout le cortége d’une Edition travaillée avec soin. […] Nous avons aujourd’hui un homme de Lettres du même nom, Auteur d’une Tragédie, intitulée Zuma, qui, malgré le succès qu’elle a eu au Théatre, ne figurera jamais que parmi les Pieces médiocres.

1571. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — F. — article » pp. 317-322

Les Dialogues des Morts ne sont que des assauts de pensées brillantes, où l’Auteur cherche plus à étonner par les Interlocuteurs disparates, qu’à instruire en développant le vrai caractere. […] La modération de M. de Fontenelle, dans cette circonstance, doit servir de modele à tout Auteur raisonnable.

1572. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Le père Bouhours, et Barbier d’Aucour. » pp. 290-296

Mais le trait, lancé contre l’auteur des Entretiens, étoit entré trop avant dans son cœur pour l’en arracher. […] Elle le regarde comme un auteur futile qui couroit après les mots.

1573. (1824) Ébauches d’une poétique dramatique « De la comédie chez les Anciens. » pp. 25-29

La comédie d’intrigue est celle où l’auteur place ses personnages dans des situations bizarres et plaisantes qui naissent les unes des autres, jusqu’à ce que D’un secret, tout à coup la vérité connue, Change tout, donne à tout une face imprévue, et amène le dénouement. […] Dans la comédie de caractère, l’auteur dispose son plan de manière que les situations mettent en évidence le caractère qu’il veut peindre : expressions, sentiments, actions, incidents, épisodes, tout doit se rapporter à cet unique but.

1574. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre second. Poésie dans ses rapports avec les hommes. Caractères. — Chapitre VI. La Mère. — Andromaque. »

Ici nous proposons d’ouvrir un nouveau sentier à la critique ; nous chercherons dans les sentiments d’une mère païenne, peinte par un auteur moderne, les traits chrétiens que cet auteur a pu répandre dans son tableau, sans s’en apercevoir lui-même.

1575. (1881) La parole intérieure. Essai de psychologie descriptive « Chapitre III. Variétés vives de la parole intérieure »

Chez des auteurs moins classiques, la voix devient un cri ; il y a le cri de l’innocence, le cri de la nature, le cri de l’amour, le cri du remords, le cri de l’honneur, et même le cri du besoin public. […] Nous ne pouvons prendre au sérieux l’auteur du XXXe livre des Problèmes aristotéliques, ch.  […] Dans cet ordre d’idées, l’auteur grec a ouvert la voie à MM.  […] Nous ne tenons pas pour authentique le Théagès, dont l’auteur s’est emparé de ce mot […], et en a abusé pour donner à son récit plus de couleur et un caractère plus merveilleux ; mais le texte de l’Apologie l’autorisait du moins à s’en servir. […] Selon quelques auteurs, la parole intérieure devient vive, puis extérieure, même dans la méditation scientifique, quand nous voulons penser fortement, ou quand le problème qui nous occupe exige un grand effort d’attention et comme le concours de tout notre être (de Cardaillac, p. 320 ; cf. p. 306 ; A.

1576. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Les poëtes français. Recueil des chefs-d’œuvre de la poésie française »

Parmi les auteurs de notices qui ont contribué au Recueil pour une grande part, tant dans ce volume que dans les précédents, M.  […] Je ne puis citer tous les collaborateurs, auteurs de notices, et qui sont la plupart connus eux-mêmes en qualité de poëtes distingués, Léon de Wailly, Banville, Philoxène Boyer, Baudelaire, etc. ; mais j’ai remarqué, entre les noms que je connaissais moins, celui de M.  […] Il a dès longtemps traduit Térence, en vers également, et il est encore à nous en faire jouir ; mais l’ouvrage manuscrit a obtenu bien des suffrages compétents, et les lectures que l’auteur en fait réussissent toujours.

1577. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Hommes et dieux, études d’histoire et de littérature, par M. Paul De Saint-Victor. »

Que de fois j’ai regretté que ces pages d’éclat, d’imagination et bien souvent de pensée, ainsi semées à tous les vents, ne fussent point recueillies en volumes pour qu’on pût les relire et pour que l’auteur, si distingué, si hors de ligne, pût définitivement prendre son rang et compter dans la sérieuse et noble élite à laquelle de droit il appartient ! […] En lisant dernièrement son feuilleton sur la Maison neuve de Sardou, je remarquais que, bien qu’il soit ami du très-spirituel auteur, il lui faisait avec fermeté toutes les bonnes et justes observations. […] Les préférences de l’auteur se prononcent d’une manière très-ferme.

1578. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Virgile et Constantin le Grand par M. J.-P. Rossignol. »

Telle est l’idée générale de ce volume qui se compose d’une suite de petits Mémoires, et dans lequel l’auteur semble n’avoir pris son sujet principal que comme un prétexte à quantité de remarques nouvelles, à des dissertations curieuses, et, ainsi qu’on aurait dit autrefois, à des aménités de la critique. […] — Et quand il est arrivé sur ces divers points à des résultats nets et précis ; quand, ayant franchi les préliminaires, et s’étant pris au texte même de la traduction en vers grecs, il l’a restitué et expliqué, ne croyez pas que l’auteur s’enferme dans les limites trop étroites d’un sujet qui pourrait sembler aride. […] Rossignol, que depuis la majestueuse épopée jusqu’à la vive épigramme aiguisée en un simple distique, chaque poëme eut son style et son harmonie, ses mots, ses locutions, son dialecte propre, son rhythme particulier ; et quoique la limite qui séparait deux genres fût quelquefois légère et peu sensible, il n’en fallait pas moins la respecter, sous peine d’encourir l’anathème d’un goût difficile et ombrageux. » L’auteur donne ici de piquants exemples tirés de la métrique des anciens ; le déplacement d’un seul pied suffisait pour changer tout à fait le caractère et l’effet d’un chant.

1579. (1895) Histoire de la littérature française « Troisième partie. Le seizième siècle — Livre II. Distinction des principaux courants (1535-1550) — Chapitre II. Jean Calvin »

En 1541, lettre et livre furent donnés en français par l’auteur, pour l’édification du simple populaire : cette traduction est un des chefs-d’œuvre du xvie  siècle. […] C’est une traduction : mais plus pourtant qu’une traduction, puisque l’auteur se traduisait lui-même. […] Calviu est bien l’auteur de la version de 1560 ; mais vingt ans de prédication improvisée ont donné à son style une fluidité molle et prolixe qui est bien inférieure à la rudesse de la traduction de 1541.

1580. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — D — Dumas, Alexandre (1802-1870) »

Dumas est un remarquable conteur ; il sait intéresser le lecteur par les qualités d’une imagination brillante qui, au don heureux de l’invention dramatique, joint la verve, l’action, la rapidité du récit, l’agilité d’un style qui court à son but et s’arrête peu pour décrire, encore moins pour prouver, car l’auteur n’a pas de systèmes ; mais cependant avec tous ces avantages, ses succès n’auraient pas été aussi grands s’il ne s’était pas servi de ces trois mobiles : la glorification de la personnalité humaine, les peintures hardies qui troublent les sens, les lieux communs du scepticisme voltairien. […] Jules Lemaître Il y a deux choses dans Charles VII : un drame d’amour qui semble directement inspiré d’Andromaque, quoique, peut-être, l’auteur n’y ait point songé, et un morceau d’histoire de France accommodé à la Dumas. […] Quand Firmin vint nommer l’auteur, ce fut une explosion d’enthousiasme, le duc d’Orléans se tenant debout et découvert pour écouter le nom de son employé.

1581. (1682) Préface à l’édition des œuvres de Molière de 1682

On les trouvera rétablis dans celle-ci, et ce n’est pas un petit service rendu au public par ceux qui ont pris ce soin, puisque les nombreuses Assemblées qu’on voit encore tous les jours aux représentations des Comédies de ce fameux Auteurs, font assez connaître le plaisir qu’on se fera de les avoir dans leur pureté. […] Elle eut un succès qui passa ses espérances : Comme ce n’était qu’une pièce d’un seul Acte qu’on représentait après une autre de cinq, il la fit jouer le premier jour au prix ordinaire, mais le peuple y vint en telle affluence, et les applaudissements qu’on lui donna furent si extraordinaires, qu’on redoubla le prix dans la suite ; ce qui réussit parfaitement à la gloire de l’Auteur, et au profit de la Troupe. […] Le Lecteur observa que sur la fin de la Comédie Le Malade imaginaire qui était représenté par cet excellent Auteur, contrefait le mort.

1582. (1782) Plan d’une université pour le gouvernement de Russie ou d’une éducation publique dans toutes les sciences « Plan d’une université, pour, le gouvernement de Russie, ou, d’une éducation publique dans toutes les sciences — Quatrième faculté d’une Université. Faculté de théologie » pp. 511-518

Comme notre doctrine et notre culte ne diffèrent qu’en quelques points assez peu essentiels du culte schismatique-grec, nos bons auteurs peuvent être à l’usage de ses écoles. […] A ces auteurs je joindrais un petit ouvrage qui vient d’être nouvellement publié par un de nos professeurs de Sorbonne appelé Duvoisin103, De l’autorité des livres du Nouveau Testament contre les incrédides. […] Cano, évêque espagnol, d’abord dominicain, auteur de Locorum theologicorum lib. 

1583. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre III. Mme Sophie Gay »

Il n’y a qu’une femme qui ait assez de pointe d’aiguille ou d’épingle dans l’esprit pour toucher, aux endroits qu’il faut, ce sujet trop fin pour les gros doigts de l’homme, et c’est surtout ici que le sexe de l’auteur est nécessaire au sujet et à la valeur des aperçus. […] Elle se ressouvint qu’elle était l’auteur du Moqueur amoureux, — un joli sujet qu’elle a manqué aussi, — et son livre fut une moquerie. Mondaine et pédante, superficielle et lourde, en même temps — car les bas-bleus ont ces défauts contradictoires, — Mme Sophie Gay, l’auteur de la Physiologie du Ridicule, au lieu de traiter sincèrement son sujet, en fait une mauvaise plaisanterie, et le rire de cette moqueuse n’est ni assez amer ni assez gai pour que nous puissions lui pardonner les mensonges et les superficialités de son ironie….

1584. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre XII. Mme la Princesse de Belgiojoso »

Mais, tel qu’il est, ce livre a un accent à lui, et n’en a pas deux, qui vous attache et vous pénètre, et que vous retrouvez sous tous les spectacles qu’il étend devant la pensée, et cet accent unique, c’est l’âme de l’auteur, une âme plutôt lasse qu’apaisée et qui vide simplement son calice de vie, comme on boit tranquillement un verre d’eau à la fin du jour. […] Aucun procédé, aucun effort de volonté, aucune de ces comédies intérieures que l’homme se joue et qu’il appelle de l’art, n’a pu donner à l’auteur, de ces souvenirs d’Asie l’accent brisé et doux de bonheur impossible qu’on entend, mais qui ne gémit pas, sous ses phrases écrites, dirait-on, par une signora Pococurante, dans le calme et l’indifférence, ni lui faire composer à loisir ce parfum subtil qui s’en échappe et vous enveloppe bientôt tout entier… Mme de Belgiojoso a-t-elle jamais été une femme littéraire ? […] On en cherche en vain ; il n’y en a pas, mais on ne le reproche pas à l’auteur.

1585. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « Deux diplomates »

Ils n’y apparaîtront peut-être jamais, et, pour leur auteur, ce sera probablement tant mieux ! […] Pour Donoso Cortès, l’auteur de l’Essai sur le socialisme, qui s’est écrit en toutes lettres ineffaçables dans ce livre éclatant, allumé sur sa mémoire comme un phare sur un tombeau, ce n’est pas bien sur ; mais pour Raczynski, cela est certain. […] Mais, malgré son mérite et peut-être à cause de son mérite, le livre était resté aristocratiquement inconnu… Et il en serait de même de la personne de son auteur sans la publication du comte Adhémar d’Antioche, qui a la prétention de le faire connaître.

1586. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « Le cardinal Ximénès »

Indépendamment de ce déchet, de cette absence de relief dans la personne, qu’il faut ressusciter, puisqu’elle est le sujet du livre même, on ne trouve dans l’histoire en question aucune trace de composition, aucune architecture régulière dans la distribution des détails que l’auteur a recueillis sur l’un des plus grands hommes de l’Espagne. […] L’auteur était un abbé Richard… Mais, pour le second, Hefele a suivi son inspiration personnelle, et cette inspiration a été heureuse. […] … Sisson et Crampon avaient, en publiant le Ximénès d’Hefele, des intentions excellentes, nous n’en doutons pas, mais quoi qu’ils aient eu la grosse exactitude des faits qui suffit au contentement d’un auteur heureux de se voir reproduit, tant bien que mal, dans un idiome étranger, cela n’est point assez, pourtant, pour donner une idée des mérites littéraires de cet homme, s’il en a dans sa propre langue.

1587. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « IV. Saisset »

je n’ai trouvé dans cet Essai de philosophie religieuse ni philosophie, ni religion, car le déisme n’est pas plus une religion que le spiritualisme n’est une philosophie, et le mot même d’essai n’est pas plus vrai que le reste avec sa modestie, car un essai suppose qu’on s’efforce à dire une chose neuve, et l’auteur en redit une vieille dont nous sommes blasés, tant nous la connaissons ! […] … Le livre d’aujourd’hui est divisé en deux parties : la première est l’histoire discursive et critique des philosophes antérieurs et contemporains et de leurs systèmes, Descartes, Mallebranche, Spinosa, Newton, Leibnitz, Kant, Fichte, Schelling et Hegel, et dans un temps où la philosophie n’est plus que l’histoire de la philosophie, cette partie du livre, dans laquelle il y a l’habitude des matières traitées qui singe assez bien le talent, se recommande par l’intérêt d’une discussion menée grand train et avec aisance ; mais d’importance de sujet, elle est bien inférieure à cette seconde partie où l’esprit s’attend à trouver contre toutes les erreurs et les extravagances signalées par l’auteur dans toutes les philosophies, un boulevard doctrinal solide, et s’achoppe assez tristement contre ces infiniment petits philosophiques : — le déisme de la psychologie et ses conséquences inductives et probables, ce déisme dont Bossuet disait, avec la péremptoire autorité de sa parole, « qu’il n’est qu’un athéisme déguisé !  […] Ce sont des affirmations peu carrées et peu appuyées, mais rondes plutôt et glissantes, de ces inductions données cent fois par l’école cartésienne tout entière, cette école du moi qui n’a jamais su jeter de pont d’elle à Dieu, et dont l’auteur de l’Essai d’une philosophie religieuse a répété, sans les varier, les termes connus.

1588. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « Barthélemy Saint-Hilaire »

Or, je l’avouerai, cette Histoire des Histoires de Mahomet m’a impatienté, non lorsque je la lisais, mais après coup, quand elle a été entièrement lue et que j’ai songé à ce que l’auteur aurait pu faire, s’il n’avait pas eu au cou son collier de chien d’Académie, dont l’esprit qui le met reste toujours un peu pelé, comme le cou du chien. […] Pour ma part, je ne crois pas du tout que le livre de Barthélemy Saint-Hilaire ait été simplement inspiré par les recherches et les travaux de Muir, Sprenger et Caussin de Perceval, les modernes historiens de Mahomet, rencontrés au courant des vastes lectures de l’auteur, dans une flânerie critique ou historique quelconque. Nonobstant la note très modeste que Barthélemy Saint-Hilaire a placée en tête de son ouvrage, pour nous apprendre que son livre avait paru par articles dans le Journal des Savants, au fur et à mesure que William Muir, Sprenger et Caussin de Perceval publiaient les leurs, je suis sûr qu’avec les habitudes de sa pensée, avec sa préoccupation si singulièrement philosophique et religieuse prouvée par la dissertation que je trouve, dans ce volume sur Mahomet, concernant les devoirs mutuels de la religion et de la philosophie, Barthélemy Saint-Hilaire, l’auteur déjà d’un livre sur Bouddha et sa religion, devait aller — de son chef — à cette grande figure de Mahomet, qui nous apparaît, en ce moment, comme une figure neuve en histoire, tant jusqu’ici elle avait été offusquée et enténébrée par l’ignorance, le parti pris et toutes les sottises, volontaires ou involontaires, des passions et du préjugé !

1589. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « Feuillet de Gonches »

L’auteur, qui a la bonne grâce de son titre et qui n’a pas plus de honte de l’épithète que du substantif, l’auteur, qui a signé, résolument et aimablement, sa dédicace, nous autorise donc à le nommer. […] Nous avons parlé de Rabelais déjà, de Rabelais, l’aïeul de La Fontaine, et par qui toute langue se colore, mais il faut y ajouter le dernier venu de cette robuste famille rabelaisienne, l’auteur des Contes drolatiques, notre grand et moderne Balzac.

1590. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXXV. Des éloges des gens de lettres et des savants. De quelques auteurs du seizième siècle qui en ont écrit parmi nous. »

De quelques auteurs du seizième siècle qui en ont écrit parmi nous. […] Des jurisconsultes comme Baudouin, Duaren et Hotman, commentateurs de ces lois romaines, si nécessaires à des peuples barbares qui commençaient à étudier des mots, et n’avaient point de lois ; d’Argentré, d’une des plus anciennes maisons de Bretagne, et auteur d’un excellent ouvrage sur la coutume de sa province ; Tiraqueau, qui eut près de trente enfants, et composa près de trente volumes ; Pierre Pithou, qui défendit contre Rome les libertés de l’église de France, qui devraient être celles de toutes les églises ; Bodin, auteur d’un livre que Montesquieu n’a pas fait oublier ; enfin, Cujas et Dumoulin, tous deux persécutés, et tous deux hommes de génie, dont l’un a saisi dans toute son étendue le véritable esprit des lois de Rome, et l’autre a trouvé un fil dans le labyrinthe immense de nos coutumes barbares.

1591. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre V : Lois de la variabilité »

Ainsi que l’ont remarqué plusieurs auteurs, les parties homologues ont une forte tendance à adhérer les unes aux autres. […] C’est encore une remarque du même auteur et de plusieurs botanistes, que les organes très multiples sont aussi très sujets à des variations de structure. […] C’est avec droit, je crois, que quelques auteurs considèrent les organes rudimentaires comme susceptibles de grandes variations. […] Dans le paragraphe suivant, que l’auteur nous a envoyé lors de notre seconde édition, et qui a été inséré dans la seconde édition allemande, M.  […] Ce paragraphe, ajouté par l’auteur, manque aux éditions antérieures à la seconde, sauf à la seconde édition allemande.

1592. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 13, qu’il est probable que les causes physiques ont aussi leur part aux progrès surprenans des arts et des lettres » pp. 145-236

les differentes idées, dit un auteur moderne, sont comme des plantes et des fleurs qui ne viennent pas également bien en toutes sortes de climats… etc. . Il seroit à desirer que cet auteur eût bien voulu prendre la peine de déveloper lui-même ce principe. […] Pour revenir au silence de Pline, cet auteur vivoit dans un temps où les ouvrages des égyptiens subsistoient encore. […] La même curiosité qui fait courir après les compatriotes des auteurs de ces écrits lorsqu’ils paroissent en France vêtus à la mode de leur païs, fait lire avec empressement ces traductions quand elles sont nouvelles. […] Il y avoit disent des auteurs du quatriéme siecle plus de statuës à Rome que d’hommes vivans.

1593. (1910) Études littéraires : dix-huitième siècle

C’est à quoi un auteur ne doit pas moindre garde qu’un jardinier. » Voilà sa manière. […] L’auteur des Éloges est bien le même homme que l’auteur de l’Origine des Fables et des Oracles. […] Mais voyez comme pour l’auteur il est malaisé de contenter ce goût particulier. […] L’auteur n’en est pas responsable. […] Ce qui est grave, c’est que c’est un jeune homme, et de génie, qui en est l’auteur.

1594. (1897) La vie et les livres. Quatrième série pp. 3-401

L’auteur insère dans un cadre vrai des événements fictifs. […] L’auteur est surtout un cérébral. […] Voilà que je taquine, moi aussi, un auteur que je goûte. […] Notre auteur croit qu’il faut en rabattre. […] Ils ont sous la main un texte imprimé, dont l’auteur a corrigé les épreuves.

1595. (1902) Le problème du style. Questions d’art, de littérature et de grammaire

Lire les bons auteurs, comment ? […] L’auteur, M.  […] Le puéril auteur de Paul et Virginie est exact, minutieux et, comme Homère, successif. […] Quel genre pourtant témoigne d’une plus intime « assimilation des auteurs » ? […] Cette prétendue licence représente l’usage constant des auteurs classiques.

1596. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « M. Daru. Histoire de la république de Venise. — I. » pp. 413-433

Ce serait une occasion naturelle pour parler de l’ouvrage et de l’auteur, s’il était besoin pour cela d’une occasion, et si le nom de M.  […] Daru, dans une longue lettre motivée qu’il adressa à l’auteur de L’Année littéraire, et qui, je crois, n’a pas été publiée, conteste avec politesse la prompte conclusion du critique ; il insiste sur un point, c’est que, pour traduire fidèlement, il ne suffit pas de bien rendre le sens de l’original, mais qu’il faut encore s’appliquer à modeler la forme de l’expression : « Pour ne pas sortir de notre sujet, dit-il, un traducteur de Cicéron qui aurait un style sautillant serait-il un traducteur fidèle ?  […] Il était encore à l’armée dite du Danube, et à Zürich, lorsque s’accomplirent à Paris les événements du 18 Brumaire ; les correspondances de cette date entre lui et quelques-uns de ses amis littérateurs et auteurs de pièces de théâtre (Creuzé de Lesser, Barré, Goulard) le montrent plus préoccupé réellement des lettres que de la politique. […] Pendant qu’il était encore en Italie comme inspecteur en chef aux revues, dans l’hiver de 1800, une femme, auteur de petits vers et d’un Éloge plus sérieux de Montaigne, Mme de Bourdic-Viot, qui s’appelait sa compatriote, lui écrivait ces mots affectueux et tout littéraires, qui, après les titres officiels et sévères que nous venons d’énumérer, peignent bien la double existence de Daru à cette époque : Quand nous serez-vous rendu ? […] Mérault), lui demandait avec instance ce petit conte que l’auteur lui avait toujours refusé, et il ajoutait agréablement : « Je crois avoir tout ce qui est à vous et de vous, Horace et Venise.

1597. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « I » pp. 1-20

Marie-Joseph Chénier continuait de tout admirer de Voltaire, et l’épître qu’il lui adressa put devenir le programme brillant du peuple des voltairiens : mais les gens de goût et dont en même temps l’esprit s’ouvrait à des aperçus d’un ordre plus élevé, des hommes tels que M. de Fontanes, par exemple, savaient fort bien concilier ce que méritait en Voltaire l’auteur charmant, et ce qui était dû au satirique indécent, au philosophe imprudent, inexcusable. […] Ces deux auteurs sont mes dieux domestiques, sans lesquels je ne devrais point voyager. » Voilà le poème épique qui le préoccupe au milieu de tant d’autres soins ; cette diversité d’emplois et de pensées ne laisse pas d’y nuire. […] Mais, même lorsqu’il fut devenu ce qu’il n’aurait pu dans aucun cas s’empêcher d’être, le roi des poètes de son temps et le chef du parti philosophique, même alors Voltaire avait des regrets et des habitudes d’homme de société, d’auteur de société, et qui n’aurait voulu rester que cela. […] L’histoire, où il excellait aussi, et où il se montrait supérieur quand elle était contemporaine ou presque contemporaine, ne le conviait pas moins à devenir un auteur célèbre dans le sens le plus respectable du mot, le peintre de son siècle et du siècle précédent. […] Cette tragédie, dans laquelle il n’y a pas un seul mot d’amour ni d’intrigue, a été trouvée si belle, que M. de Voltaire, qui parut après la pièce dans une première loge, fut claqué personnellement pendant un quart d’heure, tant par le théâtre que par le parterre ; on n’a jamais vu rendre à aucun auteur des honneurs aussi marqués.

1598. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Histoire de l’Académie française, par Pellisson et d’Olivet, avec introduction et notes, par Ch.-L. Livet. » pp. 195-217

Il n’est pas de ceux qui ayant tout vu, tout essayé dans l’action, comme Retz, et tout osé, se risquent à tout dire, sauf à se faire une langue à leur image et qu’ils sont seuls à parler de cet air-là, bien assurés qu’ils sont d’ailleurs d’être toujours de la bonne école et de la bonne race : il est un de ces auteurs de profession qui, ayant commencé par la plume et ne la perdant jamais de vue, se retrancheraient plutôt (comme Fontanes) des idées ou des accidents de récit, s’ils croyaient ne pouvoir les rassembler et les rendre en toute correction et en parfaite élégance. Né à Béziers en 1624, originaire de Castres, d’une famille protestante très distinguée dans la robe, ayant fait ses études dans le Midi, il y prit un grand goût pour les bons auteurs latins, Cicéron, Térence, et ne s’aperçut, au sortir du collège, que l’on pouvait bien écrire aussi en français, que lorsqu’il eut vu quatre ouvrages dont il garda toujours un souvenir reconnaissant : les Huit Oraisons de Cicéron alors récemment traduites, Le Coup d’État de Sirmond, un volume des lettres de Balzac, et les charmants Mémoires de la reine Marguerite. […] L’un d’eux (M. de Malleville) fut le premier à y manquer ; il parla un peu indiscrètement des conférences et de ce qu’on y agitait entre soi à Faret, auteur de L’Honnête homme, et qui y porta son livre, alors nouvellement imprimé. […] J’aime à le voir, appliqué à un de nos bons auteurs, et tel que l’ont traité Chamfort dans son Éloge de La Fontaine, M.  […] On oublie que, par ces concours qu’elle ouvre à l’émulation des jeunes auteurs, l’Académie semble dire : « Jeune homme, avancez, et là, sur ce parquet uni, au son d’une flûte très simple, mais au son d’une flûte, exécutez devant nous un pas harmonieux ; débitez-nous un discours élégant, agréable, justement mesuré, où tout soit en cadence et qui fasse un tout ; où la pensée et l’expression s’accordent, s’enchaînent ; dont les membres aient du liant, de la souplesse, du nombre ; un discours animé d’un seul et même souffle, ayant fraîcheur et légèreté ; qui laisse voir le svelte et le gracieux de votre âge ; dans lequel, s’il se montre quelque embarras, ce soit celui de la pudeur ; quelque chose de vif, de court, de proportionné, de décent, qui fasse naître cette impression heureuse que procure aux vrais amis des lettres la grâce nouvelle de l’esprit et le brillant prélude du talent. » — Ainsi j’entends cet idéal de début académique, dont il ne se rencontre plus guère d’exemple.

1599. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Mémoires de l’abbé Legendre, chanoine de Notre-Dame secrétaire de M. de Harlay, archevêque de Paris. (suite et fin). »

Étaient-ils vrais pour le positif des faits allégués, comme l’auteur le soutint toujours ? […] Le Noir, auteur des principaux libelles, fut condamné à faire amende honorable devant l’église de Paris, nu, en chemise, la corde au cou, la torche au poing. […] Quoi qu’il en soit du mobile, il fut le principal auteur et acteur dans cette élévation d’un cran et cet anoblissement définitif de la Compagnie ; il obtint que l’Académie eût désormais ses séances dans une salle du Louvre et fût considérée comme un des ornements ou accessoires du trône ; il usa de tout son crédit pour la faire valoir en toute occasion et la maintenir dans l’intégrité de son privilège ; et un jour qu’allant complimenter le roi elle n’avait pas été reçue avec tous les honneurs rendus aux Cours supérieures, il s’en plaignit directement à Sa Majesté, en rappelant « que François Ier, lorsqu’on lui présentait pour la première fois un homme de Lettres, faisait trois pas au-devant de lui. » La querelle engagée entre l’Académie et Furetière intéressait au plus haut degré l’honneur de la Compagnie : « car c’est grand pitié, comme remarque très sensément Legendre, quand des personnes d’un même corps s’acharnent les uns contre les autres, et qu’au lieu de se respecter et de bien vivre ensemble comme doivent faire d’honnêtes gens, elles en viennent à se reprocher ce que l’honneur de la Compagnie et le leur en particulier aurait dû leur faire oublier. » Il s’agissait, au fond, de l’affaire importante de l’Académie, le Dictionnaire, et de savoir si un académicien avait le droit d’en faire un, tandis que l’Académie n’avait pas encore publié le sien. […] Dans une publication toute en l’honneur et à la dévotion de M. de Harlay, intitulée : Éloges historiques des Évêques et Archevêques de Paris, etc., par Martignac, l’un des serviteurs et des obligés de l’archevêque, et qui dédie son ouvrage à la duchesse de Retz elle-même (1698), on voit percer tout l’embarras de l’auteur si dévoué, lorsqu’il en est à la fin et aux derniers moments du prélat. […] Ses Mémoires, quoiqu’il n’y ait pas lieu de soupçonner la véracité de l’auteur, renferment pourtant des inexactitudes évidentes, comme lorsqu’il dit (page 173) avoir rencontré à Auteuil, chez Boileau, Mme Des Houlières : c’est tout simplement impossible, Mme Des Houlières et Boileau étant brouillés à mort depuis la querelle de Phèdre ; et de plus, il est peu exact de dire, comme il le fait, que la vertu de Mme Des Houlières avait essuyé bien des assauts, et sans que la médisance y pût mordre.

1600. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Sismondi. Fragments de son journal et correspondance »

Critiques, auteurs, si vous n’êtes voués qu’au présent, si vous portez dans les Lettres, sous une forme à peine détournée, de cet esprit actuel et positif, de cette âpreté d’égoïsme qui appartient aux industries diverses, si vous ne supportez pas qu’on revienne de temps en temps à vos devanciers, en vous quittant pour un jour, vous ne méritez pas de lendemain ; vous méritez d’avoir affaire à des neveux qui, ne s’occupant à leur tour que d’eux seuls et de leurs œuvres, vous renverront vite à l’oubli. […] L’auteur même est assez peu lu aujourd’hui. On va voir qu’il y a profit à faire connaissance chez lui avec l’homme encore plus qu’avec l’auteur. […] Voici le premier de ces morceaux, sur les Champs ou les plaines ; après avoir montré les avantages que présente le val de Nievole pour tout ce qui est des terres arrosables et des potagers, l’auteur ajoute : « Le reste de la plaine du val de Nievole mérite encore d’être compté parmi les sols les plus fertiles de la Toscane ; l’œil du cultivateur est cependant étonné, en la parcourant, de n’y voir ni prés ni pâturages, ni presque aucune récolte destinée à la nourriture du bétail. » « Mais il ne peut s’arrêter sur cette idée ; son attention est entraînée, son admiration est commandée par le tableau d’abondance que la campagne étale autour de lui, par l’étonnante variété de productions et de récoltes, qui frappe ses yeux de toutes parts. […] Mais il fut très-surpris d’entendre Mme de Staël en personne lui tenir un tout autre langage que l’auteur du roman.

1601. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Réminiscences, par M. Coulmann. Ancien Maître des requêtes, ancien Député. »

Évidemment le titre d’un ouvrage anglais, les Réminiscences d’Horace Walpole, l’a séduit ; mais, en laissant à la charge de l’auteur anglais le mot de Réminiscences pris en ce sens, je nie qu’en français ce soit le mot juste. […] Je ne l’aurais pas remarqué si cette incertitude dans l’expression ne se rattachait à beaucoup d’autres incertitudes et indécisions de l’honorable auteur amateur qui, avec de l’esprit, de l’amabilité et de belles qualités sociales, me paraît être resté toujours dans des intervalles et des entre-deux. […] Toutes ces premières impressions, celles du toit domestique, de la maison du pasteur auquel d’abord on l’avait confié, la mort d’une mère, puis la première communion, et le sentiment pénible qu’éprouva le jeune garçon en passant de son Alsace riante et champêtre aux murs froids d’un collège, ces premières descriptions ne peuvent nous toucher que médiocrement : il y a du vrai, de la sincérité ; mais ces peintures de l’enfance, recommencées sans cesse, n’ont de prix que lorsqu’elles ouvrent la vie d’un auteur original, d’un poète célèbre. « Les souvenirs de ma première enfance sont bien vagues, nous dit M.  […] L’auteur vient de parler des vexations et des procédés brutaux qu’il eut à essuyer de la part des Prussiens dans son domaine d’Alsace, à Brumath ; cela le conduit à une réflexion fort sage : « De ces excès, dit-il, dont aucune armée n’est innocente, soit qu’ils empruntent de la main lourde et de l’intelligence lente des Autrichiens un caractère de petitesse et de détail, à la fois étouffant et solennel ; soit que la demi-civilisation du Russe leur imprime une fourberie raffinée ou une violence sauvage ; soit que le Prussien y mette sa hauteur et sa prétention ; soit enfin que la malice et la moquerie rendent insupportables les ingénieux tourments que le Français sait infliger à ses victimes, je ne veux tirer qu’une conséquence : c’est que la guerre, quelquefois si légèrement commencée, laisse aux intérêts et aux amours-propres des plaies qu’un siècle cicatrise à peine. « C’est grand pitié que de la guerre : je croy que si les sainctz du paradis y allaient, en peu de temps ils deviendraient diables », dit Claude Haton en 1 553 déjà. » 1815 vient renflammer les plaies et aggraver tous les maux. […] Un peu auteur, pas trop, il est lié avec toutes les muses du temps, avec Mme Dufrenoy, avec la princesse de Salm, avec Mme Voïart, avec Mme Sophie Gay ; il est un des habitués des grands salons libéraux de ce temps-là, et particulièrement de celui de Mme Davillier, boulevard Poissonnière ; il dîne chez Benjamin Constant, chez M. 

1602. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME ROLAND — II. » pp. 195-213

Quand d’un auteur, d’un personnage, même excellent, il en a assez, il n’en veut plus. […] La jeune Phlipon, dans son avidité de savoir, dans son instinct de talent, lit toutes sortes d’auteurs, s’en rend compte, en fait des extraits, et s’en entretient, non sans étude, avec son amie : « Car, dit-elle très-judicieusement, on n’apprend jamais rien quand on ne fait que lire ; il faut extraire et tourner, pour ainsi dire, en sa propre substance, les choses que l’on veut conserver, en se pénétrant de leur essence. » Esprit ferme et rare, chez qui tout venait de nature, même l’éducation qu’elle s’est donnée ! […] Ou aperçoit le bout d’oreille d’auteur. […] Pourquoi, le jour où vous avez revu celui que vous évitez de nommer, le jour où il vous a fait lire les feuilles d’épreuve d’un ouvrage vertueux qu’il achève, et où vous vous sentez toute transportée d’avoir découvert que, si l’auteur n’est pas un Rousseau, il a du moins en lui du Greuze, pourquoi conciuez-vous si passionnément la lettre à votre amie : « Reçois les larmes touchantes et le baiser de feu qui s’impriment sur ces dernières lignes ?  […] Et quel est donc l’auteur de Mémoires qui pourrait supporter, d’un bout à l’autre, l’exacte confrontation avec ses propres Correspondances contemporaines des impressions racontées ?

1603. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Aloïsius Bertrand »

C’est dans ce journal qu’il dédiait à l’auteur des Deux Archers, à l’auteur de Trilby, les jolies ballades en prose dont la façon lui coûtait autant que des vers. […] Mais l’éditeur, comme l’auteur, y désirait un certain luxe, des vignettes, je ne sais quoi de trop complet. […] C’est le manuscrit exactement préparé par l’auteur pour l’impression, qui, retiré, moyennant accord, des mains du premier éditeur, se publie aujourd’hui à Angers sous des auspices fidèles ; cette résurrection éveillera dans la patrie dijonnaise plus d’un écho. […] Les voici donc, et avec leurs épigraphes, pompon en tête ; quand on cite le minutieux auteur, il y aurait conscience de rien oublier.

1604. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Madame Geoffrin. » pp. 309-329

On essayait, raconte-t-on, de lui faire lire quelque ouvrage d’histoire ou de voyages, et, comme on lui donnait toujours un premier tome sans qu’il s’en aperçût, il se contentait de trouver « que l’ouvrage était intéressant, mais que l’auteur se répétait un peu ». […] Mme de Tencin est bien moins remarquable comme auteur d’histoires sentimentales et romanesques, où elle eut peut-être ses neveux pour collaborateurs, que par son esprit d’intrigue, son manège adroit, et par la hardiesse et la portée de ses jugements. […] Elle a peu de goût et encore moins de savoir, mais elle protège les artistes et les auteurs, et elle fait la cour à un petit nombre de gens pour avoir le crédit d’être utile à ses protégés. […] c’est un sot frotté d’esprit. » Elle disait du duc de Nivernais : « Il est manqué de partout, guerrier manqué, ambassadeur manqué, auteur manqué, etc. » Rulhière lisait dans les salons ses Anecdotes manuscrites sur la Russie ; elle aurait voulu qu’il les jetât au feu, et elle lui offrait de l’en dédommager par une somme d’argent. […] C’est un plaisir plus grand qu’on ne suppose, de relire ces auteurs du xviiie  siècle qu’on répute secondaires, et qui sont tout simplement excellents dans la prose modérée.

1605. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Montesquieu. — II. (Fin.) » pp. 63-82

Et parlant du grand ouvrage que Montesquieu préparait depuis vingt ans, M. d’Argenson ajoutait : J’en connais déjà quelques morceaux qui, soutenus par la réputation de l’auteur, ne peuvent que l’augmenter ; mais je crains bien que l’ensemble n’y manque, et qu’il n’y ait plus de chapitres agréables à lire, plus d’idées ingénieuses et séduisantes, que de véritables et utiles instructions sur la façon dont on devrait rédiger les lois et les entendre… Je lui connais tout l’esprit possible ; il a acquis les connaissances les plus vastes, tant dans ses voyages que dans ses retraites à la campagne ; mais je prédis encore une fois qu’il ne nous donnera pas le livre qui nous manque, quoique l’on doive trouver dans celui qu’il prépare beaucoup d’idées profondes, de pensées neuves, d’images frappantes, de saillies d’esprit et de génie, et une multitude de faits curieux, dont l’application suppose encore plus de goût que d’étude. […] Le public voit les choses plus dans leur ensemble, et quand il y a un souffle supérieur et une haute empreinte dans une œuvre, il suppose à l’auteur de la raison sur tous les points, et il se prête à l’impulsion qu’il en reçoit. […] Ce qu’il y a de beau chez Montesquieu, c’est l’homme derrière le livre, Il ne faut pas demander à ce livre plus de méthode, plus de suite, plus de précis et de positif dans le détail, plus de sobriété dans l’érudition et dans l’imagination, plus de conseils pratiques qu’il n’y en a en réalité ; il faut y voir le caractère de modération, de patriotisme et d’humanité que l’auteur a porté dans toutes les belles parties, et qu’il a revêtu de mainte parole magnanime. […] « J’entends, disait l’illustre auteur, quelques frelons qui bourdonnent autour de moi ; mais, si les abeilles y cueillent un peu de miel, cela me suffit. » Montesquieu vécut six années encore : il était vieilli avant le temps. […] Dupin n’était pas l’auteur de cette réfutation, et qu’il la devait à un homme de lettres du temps.

1606. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « M. Necker. — II. (Fin.) » pp. 350-370

Buffon, malade de sa dernière maladie, se faisait lire l’introduction, et, deux jours avant sa mort, il dictait à son fils une lettre adressée à Mme Necker, et dans laquelle il remerciait magnifiquement l’auteur. […] Son livre est rempli de vues élevées ou fines, mais sous forme un peu compacte ; il est fait pour être lu et médité par des hommes de pensée et de réflexion plutôt que par l’ordinaire du public ; il n’a rien qui se détache ni qui frappe ; l’auteur continue d’être abstrait, tout en sentant que l’abstrait ne prend point et n’est pas le plus court chemin pour arriver à l’effet qu’il désire. […] Necker, dans la teneur morale de sa vie, doit sembler plus d’accord avec ses doctrines religieuses que ne le fut avec les siennes le brillant et fragile auteur de tant d’écrits passionnés : mais l’idée du Génie du christianisme (je le prouverai un jour par une pièce décisive que j’ai été assez heureux pour rencontrer) fut sincère à l’origine et réellement conçue dans les larmes d’une pénitence ardente, bien que trop tôt distraite et dissipée. […] L’auteur, encore tout ému de sa chute et de l’ingratitude de l’Assemblée, ne prévoyant pas que, dans les malheurs qui s’apprêtent à fondre sur toutes les têtes, cette retraite prématurée deviendra pour lui un salut et un bienfait, l’auteur se laisse aller à toutes ses pensées ; il nous livre son âme au vif, toute saignante et gémissante ; il la montre dans sa sensibilité, dans ses étonnements, dans ses douleurs de tout genre, dans ses passions naturelles, honnêtes, droites, humaines et un peu débonnaires.

1607. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Henri Heine »

Et, en effet, c’est une conversion de la pensée de son auteur, ou une transformation, — comme on voudra, — que ce livre de Heine, repris en sous-œuvre, diminué par un côté, augmenté par l’autre, démenti par un troisième, et portant la trace, l’enrichissante trace de tous les atterrissements et de toutes les alluvions de la vie ! […] D’ailleurs, dans ce livre : De l’Allemagne, comme dans la tête de l’auteur, il résulte du mélange de poésie très vraie et de philosophie très fausse qui s’y combinent, je ne sais quoi d’hermaphrodite et de bâtard qui n’est ni la poésie qu’on pouvait espérer, ni la philosophie qu’on devait attendre. […] Comme Lord Byron, le Byron du Childe-Harold, qui échangea la sublime rêverie de son front contre le rire gastralgique et nerveux de Juan et de Beppo, l’auteur de l’Allemagne a voulu rire aussi de ce rire funeste. […] L’auteur de l’Allemagne reviendra-t-il à la vérité de sa nature naïve et profonde, à cette inspiration primitive et pure qu’il a travestie avec puissance, mais enfin qu’il a travestie ? […] Ceci est la transformation — comme nous l’avons avancé au commencement de ce chapitre — de l’auteur de l’Allemagne, la condamnation absolue — et il le reconnaît — de beaucoup de pages de son livre qu’il aurait voulu déchirer, et — nous ne craignons pas de le dire ! 

1608. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « X. Ernest Renan »

L’auteur des Études, et dans sa préface et dans vingt-cinq endroits de son livre, reprend l’idée de Benjamin Constant, la retourne, la commente, l’explique et l’applique. […] Renan est l’aristocrate de la science, C’est lui qui a osé écrire : « Il ne faut pas sacrifier à Dieu nos instincts scientifiques. » Après cela, vous comprenez très bien le charmant détour que l’auteur des Études a pris ou l’immense illusion dont il est la dupe. […] Impossible, dans un seul chapitre, de suivre l’auteur des Études dans les discussions auxquelles il se livre sur les quatre sujets que nous avons signalés. […] Sans conclusion ferme et qui satisfasse même l’auteur, ces Études d’histoire religieuse ne sont guère qu’une collection glacée de huit à dix blasphèmes qui forment un symbole d’insolences ! […] Et ce n’est là que la première brume d’hypothèses que l’auteur de l’Essai sur le langage oppose à la réalité sévère de la métaphysique de M. de Bonald, en si magnifique conformité avec le récit de Moïse.

1609. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Alfred de Vigny. »

Éloa ou la Sœur des Anges, mystère, parut en 1824, cette fois avec le nom de l’auteur : la forme était religieuse, la forme seule ; pour le fond, on était et l’on nageait en pure poésie. […] Une Revue s’étant montrée alors assez sévère, l’irritation dans le camp des néophytes fut extrême, et peu s’en fallut qu’un jeune auteur de sonnets ne provoquât en duel le directeur. […] M. de Vigny, m’assure-t-on, prétendait, par suite de cette même illusion encore, que le discours devenu si désagréable pour lui n’était plus exactement le même que celui qu’il avait entendu à huis clos deux jours auparavant et dont il avait remercié spontanément l’auteur. […] J’ai reçu une lettre charmante de l’auteur ; mais, comme il met les numéros tout de travers, elle ne m’est parvenue qu’après des courses sans fin. […] L’auteur vient à Paris.

1610. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Delille »

Ainsi masquant de grâces fantastiques Le noble auteur des douces Géorgiques, Par trop d’esprit il n’eut qu’un faux succès… Oh ! […] Elle fut achetée à l’auteur quarante mille francs d’abord, bien grande somme pour le temps. […] Geoffroy, quoique du même parti politique que Delille, s’est montré beaucoup plus sévère dans la nouvelle Année littéraire qu’il essaya alors, et il ménagea moins l’aimable auteur que l’ancienne Année littéraire ne l’avait fait. […] Le docte et élégant auteur des Métamorphoses, comme ne craint pas de l’appeler M. de Maistre, est bien supérieur à Delille en invention, en idées. […] Mais rien n’égale, comme violence et infamie, un certain pamphlet intitulé Examen critique du, poème de la Pitié, précédé d’une Notice sur les faits et gestes de l’auteur et de son Antigone (Paris, 1803).

1611. (1875) Premiers lundis. Tome III « Du point de départ et des origines de la langue et de la littérature française »

La vanité s’en mêla aussi : « Les paysans gaulois, dit un auteur que nous citerons souvent (M. de Chevallet), firent alors pour le latin ce que font aujourd’hui pour le français les paysans de l’Alsace, de la Bretagne, et ceux de nos provinces méridionales qui, de jour en jour et de plus en plus, s’évertuent à comprendre et à parler notre langue littéraire. […] Il dit quelque part que le premier auteur du mal est M. […] Raynouard est le premier auteur et promoteur du bien qui s’est fait et qui se continue en cette branche de la linguistique. […] Il lui a même créé, à force de bonne volonté, un auteur distinct, Théroulde, l’abbé Théroulde ou le père de cet abbé ; il en a presque fait quelqu’un. […] Burguy, le savant auteur de la Grammaire de la Langue d’oïl, s’est rangé (ce qui étonne un peu) à l’opinion de Fuchs.

1612. (1926) L’esprit contre la raison

Daté sur le manuscrit de la fin de l’automne 1926, le texte paraît à Marseille dans la revue d’André Gaillard, Les Cahiers du Sud n°6, avec un portrait de l’auteur par Tchelitchev ; l’achevé d’imprimer est du 5 décembre 1927. […] Glissements, superpositions, bifurcations : c’est au moment où l’auteur semble s’abandonner un peu complaisamment à l’évocation pittoresque, au délire ou à la fulmination que s’insinue le mot qui nous rappelle qu’on n’est jamais hors de propos. […] Servi par un sens peu commun des valeurs, l’auteur du Manifeste du surréalisme assigne ainsi à la raison son véritable rôle qui est de contrôle. […] Ainsi le dualisme chrétien et philosophique prétend sauver l’âme de la mort totale, quand, aux yeux de l’auteur, dévalorisant le corps, mais incapable de renoncer aux bénéfices terrestres, il étouffe l’esprit. […] Stanislas Fumet (1896-1983), ami de Claudel, écrivain critique, est l’auteur d’essais et d’articles sur Rimbaud, ainsi que de Notre Baudelaire (1926) qui lui valut une réponse cinglante de Desnos dans La Révolution surréaliste n°7 le 15 juin 1926, sous le titre « Fumet ?

1613. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Mémoires du duc de Luynes sur la Cour de Louis XV, publiés par MM. L. Dussieux et E. Soulié. » pp. 369-384

Ce furent des curieux de tout temps que les de Luynes ; non que je veuille remonter, pour retrouver en lui ce trait caractéristique, au chef même de leur race, à l’auteur de leur illustration historique, et insister sur les talents ornithologiques par lesquels il gagna, dit-on, la faveur de Louis XIII. […] Le duc de Luynes, l’auteur des mémoires, s’était donc proposé un travail bien minutieux, bien peu élevé, ce semble, et sans haute portée : il ne visait qu’à être (incognito) un collecteur d’anecdotes, — pas même d’anecdotes —, de faits quelconques journaliers se passant à la Cour et sous ses yeux. […] Sachons donc gré à l’auteur des présents mémoires d’avoir rempli son dessein, même au prix de tant de détails qui sont de pure étiquette, de nous avoir tenus au courant de tous les pas et démarches du roi, de la reine, du principal ministre, de livrer ces faits tout secs et nus à notre critique, à nos réflexions : à voir le soin et le scrupule de ponctualité qu’apporte dans les moindres circonstances de son narré le noble chroniqueur, je suis tenté de l’appeler (toute proportion gardée) le Tillemont de la Cour. […] Il y avait cependant, alors même, de singulières infractions à cette étiquette, et telles qu’on ne le croirait pas, si un narrateur aussi véridique que M. de Luynes ne nous les certifiait en nous citant ses garants et auteurs : Mme la duchesse mère (fille naturelle de Louis XIV) me contait à Marly, il y a quelques jours, que dans les soupers du feu roi avec les princesses et des dames à Marly, il arrivait quelquefois que le roi, qui était fort adroit, se divertissait à jeter des boules de pain aux dames et permettait qu’elles lui en jetassent toutes.

1614. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Le Mystère du Siège d’Orléans ou Jeanne d’Arc, et à ce propos de l’ancien théâtre français (suite et fin.) »

D’autres scènes du même genre, auxquelles le vieil auteur s’est complu, sont singulièrement entremêlées et entrelacées à des scènes respectables et augustes, — aux plus augustes même, telles que la Transfiguration de Jésus sur le Thabor. […] Jésus et sa mère Maintenant je n’ai plus à citer de ce vieux Mystère qu’une scène véritablement pathétique et où le sujet a heureusement inspiré l’auteur, soit qu’il ait eu le premier l’idée, soit plutôt qu’il l’ait prise ailleurs et simplement perfectionnée. […] Ils sont les premiers à reconnaître ; « Que l’imagination des auteurs, quand ils traitaient des sujets religieux dont les points fondamentaux étaient fixés par l’Ancien ou le Nouveau Testament, ne pouvait se donner carrière que dans quelques scènes épisodiques et dans le dialogue naïf, familier, souvent trivial, des personnages secondaires, tels que les bergers, les soldats, les démons ; que l’exactitude des tableaux, le langage plus ou moins vrai qu’on prêtait aux personnages, l’effet comique qui résultait des facéties de quelques-uns, constituaient le principal mérite de l’ouvrage aux yeux du public, et en faisaient tout le succès ; que toute espèce d’idée d’unité était absente de ces compositions et étrangère à la pensée des auteurs ; qu’on ne songeait nullement alors à disposer les faits de façon à les faire valoir par le contraste, à concentrer l’intérêt sur certaines scènes, à tenir en suspens l’esprit du spectateur et à l’amener de surprise en surprise, de péripétie en péripétie, jusqu’au dénouement.

1615. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Térence. Son théâtre complet traduit par M. le marquis de Belloy »

Traduire en vers surtout est une entreprise qui suppose entre l’auteur et les lecteurs certaines conditions convenues, qui doivent changer d’un âge à l’autre. […] Entré jeune dans la vie littéraire sous l’astre orageux de Balzac (l’auteur assurément qui ressemble le moins à Térence), M. de Belloy a sauvé de cette influence caniculaire son originalité, une manière de sentir à lui, modeste, discrète, délicate. […] Mais, plus à plaindre que Virgile, Térence n’avait que trente-cinq ans environ, la première jeunesse pour un auteur comique, l’âge même auquel Molière a commencé sa grande carrière. […] , il n’a pas à fuir le rapprochement avec son auteur ; il nous y invite, et nous ne faisons certainement que lui obéir en relisant à son occasion Térence.

1616. (1890) L’avenir de la science « XII »

Ce fut par d’informes traductions qu’Anquetil-Duperron aborda la littérature zende, comme, au Moyen Âge, ce fut par des versions arabes très imparfaites que la plupart des auteurs scientifiques de la Grèce arrivèrent d’abord à la connaissance de l’Occident. […] On peut commenter sérieusement un madrigal ou un roman frivole ; d’austères érudits ont consacré leur vie à des productions dont les auteurs ne pensèrent qu’au plaisir. […] Le nom seul de l’auteur reste dans les fastes de l’esprit humain comme le nom des politiques et des grands capitaines. […] La lecture des auteurs du XVIIe siècle est certes éminemment utile pour faire connaître l’état intellectuel de cette époque.

1617. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Querelles générales, ou querelles sur de grands sujets. — Seconde Partie. De l’Éloquence. — Éloquence de la chaire. » pp. 205-232

Pour la réformer & lui donner un éclat nouveau, il quitta le ton de poëte, d’auteur profâne, & prit celui de citoyen vertueux, & de chrétien zélé. […] Ces trois remarques méritent de l’attention ; mais elles ne furent pas sans réplique, comme l’auteur s’en flattoit. […] Si elles étoient bonnes, on les goûteroit, on les redemanderoit : si elles étoient mauvaises & sur-tout ridicules, on les mépriseroit ; on forceroit l’auteur à se taire, & l’on s’en tiendroit aux chefs-d’œuvre des maîtres de l’art. […] On retrouve dans ses sermons l’auteur de Lysimaque, de Cyrus, de l’Andrienne, & de beaucoup d’autres ouvrages qui lui font tenir un rang sur le Parnasse.

1618. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 13, qu’il est des sujets propres specialement pour la poësie, et d’autres specialement propres pour la peinture. Moïens de les reconnoître » pp. 81-107

Il peut bien, pour donner à comprendre le soupçon qu’avoit Germanicus que Tibere fut l’auteur de sa mort, faire montrer par Germanicus à sa femme Agrippine une statuë de Tibere avec un geste et avec un air de visage propres à caracteriser ce sentiment ; mais il faut qu’il emploïe tout son tableau à l’expression de ce sentiment là. […] La coutume établie maintenant chez tous les peuples polis de l’Europe veut qu’on fasse de l’étude des auteurs grecs et romains l’occupation la plus serieuse des enfans. En étudiant ces auteurs, on se remplit la tête des fables et des histoires de leur païs, et l’on oublie difficilement tout ce qu’on peut avoir appris dans l’enfance. […] Horace passe avec raison pour le plus judicieux des auteurs qui ont donné des enseignemens aux poëtes.

1619. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre VI : M. Cousin philosophe »

Naturellement tous ces débris s’assemblent, emportés par un courant d’éloquence, et dirigés à peu près dans le même sens par les habitudes françaises et par l’éducation psychologique de l’auteur. […] On l’aperçoit ; et ce retranchement exécuté par l’auteur prouve tout ce que valent ces quatre mots. […] Nous lui attribuerons toutes ces qualités, et nous dirons que, s’il est l’auteur de l’humanité, il en est « le type. » Nous ne nous embarrasserons pas de concilier ces attributs moraux avec les attributs métaphysiques. […] Tout s’y tient, tout s’accorde pour définir le génie de l’auteur ; tout indique la domination définitive de la faculté maîtresse que nous avons reconnue dans les beautés et dans les défauts de son style, dans ses goûts et dans son impuissance d’historien et de peintre, et que nous reconnaissons dans le but, comme dans toutes les parties de sa philosophie, dans sa théorie de la certitude, de la raison, de la Divinité, de la justice et de l’art.

1620. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Appendice. — Notice sur M. G. Duplessis. » pp. 516-517

N’étant sollicité d’aucun désir de renommée et d’aucune ambition d’auteur, il n’a jamais écrit pour son compte que selon le loisir et l’occurrence. […] Il s’était amusé à traduire un petit discours latin prononcé dans l’Assemblée générale de Sorbonne le 23 décembre 1780 par l’abbé Cotton des Houssayes, bibliothécaire de la maison, et où toutes les qualités et les devoirs du parfait bibliothécaire sont exposés avec élégance et candeur (Techener, 1839) : L’auteur de ce petit chef-d’œuvre presque inconnu, disait M. 

1621. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « LXXXI » pp. 323-327

Les journaux ne vantent d’ailleurs que les livres et les auteurs qu’eux-mêmes ils éditent. […] Il y a un peu de René, un peu de Jean-Jacques et de Lamennais dans l’auteur de Sic et non et dans l’amant d’Héloïse.

1622. (1874) Premiers lundis. Tome II « Théophile Gautier. Fortunio — La Comédie de la Mort. »

Tout ce qui suit, d’une énergie croissante, a sa vérité funèbre ; le dialogue du ver et de la trépassée, l’apparition de Raphaël dont le masque se ranime et profère contre le siècle des cris d’anathème et de désespoir, ces scènes fantastiques s’admettent dans la situation et dans le monde où l’auteur nous transporte ; on résiste d’abord à l’horreur, mais bientôt on y cède, tant les coups sont redoublés et souvent puissants. […] Si elle reproduit tout à fait la mythologie et le fantastique des moralités et des peintures du moyen âge, elle n’en est pas un simple pastiche ; le manque absolu de foi et l’idée de néant qu’y jette l’auteur, en deviennent l’inspiration originale ; après tout, cette image physique de la mort, horrible, détaillée, continuelle, obsédante, ce n’est que celle qu’avaient les chrétiens de ces âges pieusement effrayés ; mais le poète, en prenant les images sans la foi, les éclaire d’une lueur plus livide, et qui les renouvelle suffisamment.

1623. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — B — Bataille, Henry (1872-1922) »

Maurice Beaubourg Cette pièce (L’Enchantement), d’Henry Bataille, l’auteur de la Belle au bois dormant , de Ton sang et de la Lépreuse, est, à mon avis, la plus belle et la plus forte qu’il ait écrite. […] Dans le premier et le quatrième se retrouvent la plupart des qualités d’Henry Bataille : véritable instinct du théâtre, aisance du dialogue, style à la fois serré et fin, d’une désinvolture aiguë et charmante, mots spirituels et profonds d’auteur dramatique, comme le : « Enfin, un homme ! 

1624. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — G — Ghil, René (1862-1925) »

Stéphane Mallarmé particulièrement l’a discerné, qui écrivait à l’auteur : « … Peu d’œuvres jeunes sont le fait d’un esprit qui ait été, autant que le vôtre, de l’avant », et il lui prodigua les conseils, attirant son attention sur L’Harmonie contenue en ces vers de la Légende d’âme et de sang, « et ainsi, disait dernièrement Ghil, me jeta dans la voie, ma voie, selon un sens harmonique très développé en moi, qui me fait écrire en compositeur plus qu’en littérateur ». […] Le rêve scientifique domine cette œuvre, où l’auteur, dans son écriture, veut synthétiser les différentes formes d’art : littéraire, musicale, picturale et plastique.

1625. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — V — Vicaire, Gabriel (1848-1900) »

L’auteur, au rebours de beaucoup de ses confrères, s’exprime dans une langue ferme et savoureuse dont la sobriété et la gaîté font songer aux chansons populaires. […] On peut trouver la définition tout au moins un peu étroite, et même appliquée à l’auteur des seuls Émaux bressans .

1626. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre X » pp. 83-88

Jean Desmarets, sieur de Saint-Sorlin, Guillaume Bautru, comte de Serran, le marquis de Racan, Guillaume Colletet, qui étaient aussi des amis de l’hôtel de Rambouillet, puisque leurs noms se trouvent avec les cinq premiers, au nombre des dix-huit auteurs qui firent chacun un madrigal pour la Guirlande de Julie, en 1641. […] En 1635, furent données des lettres patentes pour la fondation légale de rétablissement, et Henri Louis Hubert de Montmor, autre auteur de la guirlande, y fut aussi compris.

1627. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — B — article » pp. 329-336

Mais cet Ecrivain a hasardé tant de faits, & ces faits sont si opposés aux idées reçues, que cette anecdote ne trouvera pas plus de créance dans les esprits raisonnables, que mille autres de cet Auteur, que personne n’a voulu adopter. […] Ce Discours, dit avec raison l’Auteur du Siecle de Louis XIV, n’a eu ni modeles, ni imitateurs.

1628. (1824) Ébauches d’une poétique dramatique « Théâtre français. » pp. 30-34

Ces pieuses farces étaient un mélange monstrueux d’impiétés et de simplicités, mais que ni les auteurs ni les spectateurs n’avaient l’esprit d’apercevoir. […] En voici la description, telle que l’a faite un auteur contemporain.

1629. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre troisième. Suite de la Poésie dans ses rapports avec les hommes. Passions. — Chapitre II. Amour passionné. — Didon. »

Voilà donc un nouveau moyen de situations poétiques, que cette religion si dénigrée a fourni aux auteurs mêmes qui l’insultent : on peut voir, dans une foule de romans, les beautés qu’on a tirées de cette passion demi-chrétienne. […] « C’est le caractère de cette passion, dit cet homme éloquent en parlant de l’amour, de remplir le cœur tout entier, etc. : on ne peut plus s’occuper que d’elle ; on en est possédé, enivré : on la retrouve partout ; tout en retrace les funestes images ; tout en réveille les injustes désirs : le monde, la solitude, la présence, l’éloignement, les objets les plus indifférents, les occupations les plus sérieuses, le temple saint lui-même, les autels sacrés, les mystères terribles en rappellent le souvenir32. » « C’est un désordre, s’écrie le même orateur dans la Pécheresse 33, d’aimer pour lui-même ce qui ne peut être ni notre bonheur, ni notre perfection, ni par conséquent notre repos : car aimer, c’est chercher la félicité dans ce qu’on aime ; c’est vouloir trouver dans l’objet aimé tout ce qui manque à notre cœur ; c’est l’appeler au secours de ce vide affreux que nous sentons en nous-mêmes, et nous flatter qu’il sera capable de le remplir ; c’est le regarder comme la ressource de tous nos besoins, le remède de tous nos maux, l’auteur de nos biens34… Mais cet amour des créatures est suivi des plus cruelles incertitudes : on doute toujours si l’on est aimé comme l’on aime ; on est ingénieux à se rendre malheureux, et à former à soi-même des craintes, des soupçons, des jalousies ; plus on est de bonne foi, plus on souffre ; on est le martyr de ses propres défiances : vous le savez, et ce n’est pas à moi à venir vous parler ici le langage de vos passions insensées35. » Cette maladie de l’âme se déclare avec fureur, aussitôt que paraît l’objet qui doit en développer le germe.

1630. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 28, de la vrai-semblance en poësie » pp. 237-242

Voilà ce qui distingue ces poëtes illustres des auteurs plats, et des faiseurs de romans de chevalerie, tels que sont les amadis. […] Au contraire ils en sont remplis ; mais leurs fictions sans vrai-semblance, et les évenemens trop prodigieux, dégoutent les lecteurs dont le jugement est formé, et qui connoissent les auteurs judicieux.

1631. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre troisième. Découverte du véritable Homère — Chapitre VII » pp. 278-283

C’étaient de pauvres gens qui gagnaient leur vie à chanter par les villes les poèmes homériques, dont ils étaient auteurs, en ce sens qu’ils faisaient partie des peuples qui y avaient consigné leur histoire. — 3. […] Convenons plutôt que l’auteur de l’Iliade dut précéder de longtemps celui de l’Odyssée ; que le premier, originaire du nord-est de la Grèce, chanta la guerre de Troie qui avait eu lieu dans son pays ; et que l’autre, né du côté de l’Orient et du Midi, célèbre Ulysse qui régnait dans ces contrées. — 4.

1632. (1856) Leçons de physiologie expérimentale appliquée à la médecine. Tome I

Selon ces auteurs, le siège de cette affection était dans l’intestin. […] D’où l’indication thérapeutique, pour cet auteur, de donner des alcalis aux malades. […] Suivant cet auteur, ces tubes renferment un liquide vert, ou jaune, ou brun, ou violet, ou blanc, ou incolore, d’une saveur amère comme la bile. […] L’auteur du travail nie d’abord la production exclusive du sucre dans les végétaux, par sentiment. […] Cependant la fonction glycogénique du foie est mise en jeu, mais, ainsi que le dit l’auteur lui-même, d’une manière indirecte.

1633. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE RÉMUSAT » pp. 458-491

MADAME DE RÉMUSAT J’ai toujours eu un grand faible pour les auteurs qui le sont sans qu’on s’en doute. On vit dans le monde à côté d’eux ; on goûte leur esprit ; on joue avec le sien en leur présence ; on est à cent lieues de penser à l’homme de lettres, à la femme de lettres, à l’auteur, et en effet rien n’y ressemble moins. […] En attendant, nous avons droit de la revendiquer ici comme l’auteur d’un excellent Essai sur l’Éducation des Femmes, qu’on vient de réimprimer. […] L’auteur est loin de refuser au ministre espagnol toute qualité affectueuse : « Nous nous trompons souvent dans nos jugements, quand nous penchons trop à supposer qu’un homme est tout à fait, est complétement ce qu’il est beaucoup. […] Je n’ai, grâce à Dieu, jamais rien eu à gouverner dans ce monde, mais j’ai eu le ma[ILLISIBLE]ment des amours-propres d’auteur, et c’est bien assez.

1634. (1875) Premiers lundis. Tome III « Les poètes français »

De même qu’alors chacun, selon le mot du vieil Étienne Pasquier, avait sa maîtresse qu’il célébrait et magnifiait par ses vers, chacun ici avait son auteur qu’il épousait, qu’il poussait de son mieux et faisait valoir avec feu, avec science. […] Tous les auteurs qui se rattachent à l’esprit du règne de Charles V, soit pour le célébrer, soit pour le regretter, sont des écrivains de sagesse et de restauration, des écrivains conservateurs. […] La critique de nos jours a trouvé à s’évertuer sur Villon ; en général, elle aime les auteurs à moitié obscurs, elle n’est pas fâchée d’avoir à pêcher en eau trouble. Les critiques, s’ils n’y prennent garde, sont de plus en plus portés à admirer dans un auteur moins encore ce qui y est que ce qu’ils y mettent. […] Que si, après cela, on passe à Boufflers, à cet abbé-chevalier, qui était en son temps un auteur de vers à la mode, comme Mellin de Saint-Gelais l’était dans le sien, on croit revenir en arrière, ou plutôt on se sent déjà en décadence.

1635. (1869) Cours familier de littérature. XXVII « CLXIIe entretien. Chateaubriand, (suite.) »

C’était à l’époque où la tyrannie renversait tous les monuments religieux, c’était au bruit de tous les blasphèmes et, pour ainsi dire, en présence de l’athéisme triomphant, que l’auteur se plaidait à retracer les augustes souvenirs de la religion. […] La première et la dernière partie se divisent chacune en six livres ; la deuxième et la troisième, qui se tiennent, formaient aussi six livres chacune, dans le premier plan, lorsque Atala et René, que l’auteur en a depuis détachés, y étaient compris. […] Dans son premier chapitre, l’auteur définit très-bien le genre d’apologie qu’il entreprend. […] Le lecteur devient complice de l’auteur. […] Je ne pus croire que ce corps inanimé était en moi l’auteur de la pensée ; je sentis qu’elle me devait venir d’une autre source ; et, dans une sainte douleur qui approchait de la joie, j’espérai me rejoindre un jour à l’esprit de mon père.

1636. (1895) Histoire de la littérature française « Première partie. Le Moyen âge — Livre I. Littérature héroïque et chevaleresque — Chapitre I. Les chansons de geste »

Le fameux poème en l’honneur de Clotaire II dont l’auteur de la Vie de saint Chilien transmit quelques vers à l’auteur de la Vie de saint Faron, était assurément en latin vulgaire : les femmes de la Brie qui le chantaient n’ont jamais parlé tudesque. […] Dès que l’auteur est à bout d’art ou de psychologie, la main de Dieu paraît. […] Ce qui en fait la vérité, c’est l’absolue égalité, l’identité plutôt de l’auteur et du public, l’impossibilité où est celui-là de penser hors et au-dessus de la sphère où celui-ci enferme ses pensées. […] Auteur inconnu. […] Auteur allégué, Bertolai, xe  siècle. — Édition : P.

1637. (1896) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Sixième série « De l’influence récente des littératures du nord »

Ce qui frappe dans ces romans, qui sont tous des histoires de conscience, c’est la constante préoccupation morale dont ils sont marqués à chaque page, et c’est la sympathie cordiale et attentive de l’auteur pour les formes les plus modestes et les plus ordinaires de la vie humaine. […] Qui l’a mieux connue et exprimée que l’auteur de la Comédie humaine ou que l’auteur de Madame Bovary et de l’Éducation sentimentale ? […] À quoi il est aisé de répondre que ce que ces auteurs perdent d’un côté à être traduits, ils le regagnent d’un autre, et avec usure. […] La conséquence, c’est une surveillance morale de tous les instants exercée par les personnages sur eux-mêmes, ou par l’auteur sur ses personnages. […] Les « humbles » et les « misérables » sympathiques des romans septentrionaux gardent tous des restes au moins et des habitudes de foi confessionnelle ; et l’on sent que l’auteur leur sait gré d’être, au fond, « bien pensants ».

1638. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « Crétineau-Joly »

un parti qui leur est familier et qu’ils ont pris déjà avec elle dans un autre livre du même auteur : ils ne nieront rien, ils ne discuteront rien, ils se tairont et passeront outre. […] Mais à cela près de l’estime des esprits clairvoyants, acquise à l’auteur, et qui vaut mieux que les faveurs de cette Gloire, fille de la Fortune et plus aveugle que sa mère, quelles contradictions un tel ouvrage a-t-il soulevées, et quels bruits ? […] Des hommes d’un jugement plus délicat que hardi, doivent nécessairement s’effrayer de la franchise avec laquelle une plume aussi catholique que celle de l’auteur du Clément XIV a tracé la peinture de ce déplorable pontificat. […] Elle a dû arrêter un moment l’auteur de Clément XIV quand, riche des renseignements inconnus déposés par masses dans ses mains, il s’est dit qu’il allait peut-être retourner contre le Saint-Siège, dans l’opinion du monde, les jugements qu’il avait à rendre contre un pontificat isolé. […] Nous aimons, comme l’auteur de Clément XIV, à suivre jusqu’à ses dernières limites le développement du principe de l’obéissance, appliqué contre eux-mêmes par ces hommes qui sont la gloire de l’humanité.

1639. (1929) Amiel ou la part du rêve

On reconnaîtra, je l’espère, que de ces deux paysages concentriques, l’auteur a aimé l’un et l’autre, l’un à cause de l’autre. […] L’auteur d’un Journal intime doit abdiquer l’éloquence. […] Et cela ne fait pas l’une des moindres singularités de sa vie que l’auteur du Journal soit aussi l’auteur du chant national Roulez, tambours ! […] On sait l’interpellation d’une grande dame à l’auteur de l’Ami des Femmes : « Des femmes du monde, monsieur, mais où donc avez-vous pu en connaître ? […] Genève, dont les portes fermées avaient repoussé l’auteur des Confessions, a gardé et lié celui du Journal.

1640. (1908) Esquisses et souvenirs pp. 7-341

L’auteur, M.  […] Nous pouvons égaler hardiment l’auteur Horace et l’auteur d’Athalie aux grands Athéniens. […] Quand l’auteur parle de Phidias ou d’Anaxagore, il enseigne sans peser. […] Non en tant qu’auteur : c’est un simple, un commun mensonge féminin. […] Mais le plus surprenant, c’est que l’auteur affirme qu’en ce temps-là (1837) !

1641. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « M. de Fontanes »

C’est peut-être la seule fois que l’auteur s’est rapproché du style à la mode, et Dieu me préserve de le lui passer !  […] La Harpe ne connut d’abord le livre que par le premier extrait de Fontanes ; il envoya aussitôt chercher l’auteur par Migneret. […] Quand le caractère et les sentiments français pouvaient s’altérer de plus en plus par un mélange étranger, elle faisait lire les auteurs qui les rappellent avec le plus de grâce et d’énergie. […] Dans la suite du Mémorial, l’auteur a jugé à propos d’en venir à l’injure ; mais, comme preuve, il ne trouve à citer qu’un trait généreux. […] Raynal (1795), avec l’indication de Fontanes, comme en étant l’auteur sous le nom de Raynal ; mais ici il y a erreur : l’ouvrage est de Servan.

1642. (1896) Études et portraits littéraires

S’il faut lâcher le mot, j’ai pris sur le fait, çà et là, le souci d’auteur. […] Aucune pourtant, j’en suis sûr, n’a été plus vraiment sentie par son auteur. […] Et sur ce point le débat eût dû être clos depuis longtemps par ces deux lignes de Nisard : « Lesage usa des auteurs espagnols comme Molière avait usé des auteurs de comédies : il y prit son bien. […] L’auteur veut être clair, explicite ; il vise à tout dire simplement, sans accompagnement de flûte ni de cuivre. […] C’est que, de l’une à l’autre, les auteurs ont singulièrement renouvelé leur conception de l’art littéraire.

1643. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Ducis épistolaire (suite et fin). »

Un jour qu’un lecteur s’étonnait, devant un célèbre auteur de romans et de drames, que ceux qui répandent des choses si touchantes dans leurs écrits parussent souvent en mettre si peu dans leur vie : « Qu’y a-t-il d’étonnant à cela ? reprit le spirituel auteur ; nous donnons tout au public, il ne nous reste plus rien pour nous-même. » Ce n’est là qu’un mot d’homme d’esprit. […] mais nous, auteurs vivants, n’irritons pas l’envie qui est aussi vivante. […] Je n’aurai qu’une physionomie, celle d’un bonhomme et d’un auteur tragique qui n’était pas propre à autre chose. […] Il paraissait moins indigné et moins affecté de la cabale indécente qui avait failli empêcher de représenter sa pièce jusqu’à la fin, qu’il n’était touché des témoignages d’intérêt et d’attachement que lui avaient donnés les autres auteurs tragiques, Chénier, Legouvé, Lemercier, Arnault.

1644. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Vaugelas. Discours de M. Maurel, Premier avocat général, à l’audience solennelle de la Cour impériale de Chambéry. (Suite et fin.) »

Prenons quelques-uns de ces mots singuliers qui réussirent ou échouèrent alors. — Tous les gens de mer disaient Naviguer ; toute la Cour disait Naviger, et, tous les bons auteurs l’écrivaient ainsi. […] Du Vair) ; et chez ce vieil auteur qu’on ne lisait plus, il notait comme trop rudes les mots d’Empirance, de Vénusté que Ménage soutint depuis et que Chateaubriand a restauré ; il regrettait de voir Orer pour Haranguer, Los pour Louange, etc. […] L’auteur est poli ; il est de ceux qui, par humeur, ne parleraient de qui que ce fût en mauvaise part, et qui, pour rien au monde, « n’offenseraient personne par un mauvais trait de plume. » Il loue même Vaugelas pour plusieurs belles Remarques que contient son livre ; mais il réitère et renouvelle ses regrets sur plus d’un point. On voit d’abord qu’il est ramené un peu malgré lui à dire son avis sur ces questions purement grammaticales de diction et d’élocution ; ce ne sont pas les sujets qu’il préfère : « Mon âme se fait accroire, dit-il, qu’il est temps de s’occuper plus sérieusement, et qu’il y a de la honte à s’amuser encore à des questions de grammaire. » Il proteste d’honorer infiniment l’auteur des Remarques ; les critiques qu’il a essuyées de sa part ne le rendront pas injuste. […] Ce n’était pas un adversaire de Vaugelas, c’était un approbateur sous forme badine et qui se masquait en diseur de contre-vérités, que l’évêque Godeau qui, après la lecture des Remarques, écrivait à l’auteur une lettre assez singulière qui débute de la sorte : « Monsieur, il y a longtemps que votre libéralité m’a fait un grand présent en m’envoyant le livre de vos Remarques sur notre langue ; mais il y a fort peu de jours que je l’ai reçu après une longue attente.

1645. (1863) Cours familier de littérature. XV « LXXXVIe entretien. Considérations sur un chef-d’œuvre, ou le danger du génie. Les Misérables, par Victor Hugo (4e partie) » pp. 81-143

et combien il est aisé à l’auteur d’avoir raison contre elle ! […] Toutes les fois que l’auteur a besoin d’un personnage, il l’appelle du fond du néant, comme dans les contes de fées ou comme dans les contes de Voltaire, et le personnage obéit contre toute vraisemblance au signe de l’écrivain. […] Mais cela n’est pas digne du talent si élevé de l’auteur. […] Mais, en attendant encore, l’auteur fait une digression politique de quelques centaines de pages, très éloquentes, mais très oiseuses, sur la révolution de 1830, sur Louis-Philippe d’Orléans, roi de rechange, sur la Fayette qui voudrait aller plus loin, mais qui n’ose pas, sur les jeunes étudiants, enfants de Béranger, qui voudraient chanter la Marseillaise, mais à qui Casimir Delavigne a mis dans la bouche la Parisienne. […] Les aspirations de mille passagers sur le vaisseau social ne conduiront pas le navire au port ; il faut qu’un seul monte sur le pont et presse l’auteur pour donner la route.

1646. (1889) Les premières armes du symbolisme pp. 5-50

L’auteur des Cantilènes a bien voulu faire accueil à notre placet, dans une lettre pleine de verve, que le lecteur lira ci-après. […] Edmond de Goncourt, ce jargon qui rehausse les spécieuses créations de l’auteur de La Faustin, porterait préjudice à des synthèses d’humanité, larges et dûment symboliques. […] Jean Moréas, auteur des Syrtes 2, M. Laurent Tailhade, auteur du Jardin des rêves 3, M.  […] (L’auteur des Exilées pousse un soupir lamentable et l’intermède finit.)

1647. (1890) L’avenir de la science « VIII » p. 200

Bien des gens sont tentés de rire en voyant des esprits sérieux dépenser une prodigieuse activité pour expliquer des particularités grammaticales, recueillir des gloses, comparer les variantes de quelque ancien auteur, qui n’est souvent remarquable que par sa bizarrerie ou sa médiocrité. […] Il y avait autant d’auteurs latins et aussi peu d’auteurs grecs en Occident à l’époque de Vincent de Beauvais qu’à l’époque de Pétrarque. […] Pour apprécier la valeur de la philologie, il ne faut pas se demander ce que vaut telle ou telle obscure monographie, telle note que l’érudit serre au bas des pages de son auteur favori : on aurait autant de droit de demander à quoi sert en histoire naturelle la monographie de telle variété perdue parmi les cinquante mille espèces d’insectes. […] La grammaire, c’était l’encyclopédie, non pour la science positive elle-même, mais comme moyen nécessaire pour l’intelligence des auteurs. […] Le XVIIe siècle apprenait mieux le latin dans les auteurs, ou même dans Despautères, que nous ne l’avons appris dans Lhomond et qu’on ne l’apprendra dans des grammaires bien meilleures.

1648. (1891) Journal des Goncourt. Tome V (1872-1877) « Année 1877 » pp. 308-348

… Alors Flaubert se met à attaquer — toutefois avec des coups, de très grands coups de chapeau, au talent de l’auteur — se met à attaquer les préfaces, les doctrines, les professions de foi naturalistes de Zola. […] » * * * — Un volume qui est sous presse, et qui n’a point encore paru, laisse son auteur, dans un état vague, dans une résolution singulière de l’activité et du travail. […] Et à chaque tête qui passe, à chaque lettre qu’on apporte, j’attends toujours la terrible annonce : « Nous sommes saisis. » En regagnant le chemin de fer d’Auteuil, j’ai une de ces joies enfantines d’auteur, je vois un monsieur, qui, mon livre à la main, sans pouvoir attendre sa rentrée chez lui, le lit en pleine rue, sous une petite pluie qui tombe. […] On a évoqué le nom de M. de Germiny « moins digne d’une punition que moi », et un journal a été jusqu’à demander, que l’auteur de La Fille Élisa soit enfermé dans une maison de fous, ainsi que l’auteur de Justine, le fut par ordre de l’empereur Napoléon Ier. […] * * * — Saint-Simon jugé par Mme du Deffand : « Le style est abominable, les portraits mal faits, l’auteur n’était point un homme d’esprit. » Jeudi 11 octobre Il y a chez moi une aversion telle de la politique, qu’aujourd’hui, où c’est vraiment un devoir de voter, je m’abstiens… J’aurais passé toute ma vie, sans voter une seule fois !

1649. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « I — L’avenir du naturalisme »

La recherche est aisée, car l’auteur a pris soin de nous en détailler longuement et scrupuleusement la genèse. […] Si nous passons du savant à l’homme de lettres, de l’auteur de l’Introduction à l’auteur des Rougon-Macquart, l’analogie de principe est aussi frappante que l’analogie de méthode. […] Havelock Ellis, l’auteur de New Spirit, la même remarque, développée de la façon la plus précise.‌ […] Cette méthode, et je désire insister là-dessus, a pris racine dans l’expérience du monde qu’a eu l’auteur. […] Il est vrai, que si nous jetons les yeux à la page suivante, nous sentons chez l’auteur un certain regret — inexplicable — de s’être abandonné à de telles « folies » : « La passion de la nature nous a souvent emportés, et nous avons donné de mauvais exemples, par notre exubérance, par nos griseries du grand air.

1650. (1898) Les personnages de roman pp. 39-76

Voyez les auteurs qui font les grands romans pour petits journaux. […] Ces auteurs se servent très habilement de ce héros classique. […] Mais, quelque talent que les auteurs y aient mis, est-il possible de ne pas être frappé de ce qu’il y a d’incomplet et d’inachevé dans la plupart de ces peintures ? […] Ce sont là des notes d’auteur. […] Il n’en est pas autrement lorsque l’auteur traite d’autres sujets.

1651. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « BRIZEUX et AUGUSTE BARBIER, Marie. — Iambes. » pp. 222-234

Mais chez l’auteur de Marie, tout cela est si habilement fondu, si intimement élaboré au sein d’une mélancolie personnelle et d’une originalité indigène, que la critique la plus pénétrante ne saurait démêler qu’une confuse réminiscence dans ce produit vivant d’un art achevé, et que si elle voulait marquer d’un nom ce fruit nouveau, elle serait contrainte d’y rattacher simplement le nom du poëte ; mais nous qui jugeons combien est sincère la modestie qui nous l’a caché81, nous ne prendrons pas sur nous de lui faire violence ; et pour conclure, nous nous bornerons à citer la plus touchante, à notre gré, des élégies que le nom de Marie décore : Partout des cris de mort et d’alarme ! […] Cette première édition de Marie ne portait pas de nom d’auteur. […] L’auteur ici a rétabli les noms celtiques dans leur pure orthographe, il les a multipliés : an lieu de chanter désormais sa Bretagne du point de vue adouci du Cénacle et du Musée, il semble vouloir la venger au point de vue de sa nationalité propre.

1652. (1874) Premiers lundis. Tome II « Alexis de Tocqueville. De la démocratie en Amérique. »

L’étendue et l’importance des questions que soulève ce second volume, surtout relativement à notre Europe, se conçoivent aisément ; l’auteur, sans prétendre jamais résoudre à l’avance ce que recèle l’avenir, a rassemblé tous les éléments d’expérience, et posé les règles déjà évidentes pour les plus probables conjectures. […] Sainte-Beuve dans les Nouveaux Lundis, tome X, à la suite de son étude sur la Nouvelle Correspondance inédite de l’auteur de la Démocratie en Amérique (1865). […] Les choses flatteuses que vous avez bien voulu dire sur mon ouvrage m’auraient causé beaucoup d’orgueil et de joie, de quelque part qu’elles vinssent ; mais le nom de l’auteur de l’article ajoute encore à mes yeux un nouveau prix à ce que contient d’aimable l’aracle même.

1653. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Troisième partie. Disposition — Chapitre IV. Unité et mouvement »

Elle n’est point matérielle, mais idéale : elle ne consiste pas dans la répétition indéfinie d’une seule note, dans l’extension indéfinie d’une seule couleur, dans le développement indéfini d’une seule passion ; elle est dans le rapport, dans l’harmonie que l’auteur établit et que le public saisit entre les notes, les couleurs, les passions différentes. […] Pour le faire entendre, il fallait montrer le tyran haïssable avant de faire voir l’empereur magnanime : l’auteur des proscriptions devait paraître d’abord, pour se transformer jusqu’à pardonner à son assassin. […] L’auteur nous fait accompagner des marins bretons dans leurs lointaines expéditions : l’un pêche la morue en Islande, l’autre sert l’État en Indochine, tandis que les mères et les fiancées comptent tristement les jours, travaillant et écoutant les bruits de la mer.

1654. (1824) Notes sur les fables de La Fontaine « Livre neuvième. »

Nous avançons dans notre carrière, et La Fontaine avance vers la vieillesse ; car tous les livres de cette seconde partie n’ont pas été donnés à la fois : même la plupart des fables du douzième livre ne parurent que plusieurs années après les autres, et quelques-unes de ces derniers livres se ressentent de l’âge de l’auteur ; il y en a qui rentrent tout-à-fait dans la moralité des fables précédentes ; d’autres qui ont une moralité vague et indéterminée ; d’autres enfin qui n’en ont pas du tout. […] Un jour, dit un auteur, n’importe en quel chapitre, Deux voyageurs à jeun rencontrèrent une huître. […] L’auteur a l’air de blâmer le renard, en disant : V. 33.

1655. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 22, que le public juge bien des poëmes et des tableaux en general. Du sentiment que nous avons pour connoître le mérite de ces ouvrages » pp. 323-340

Les peintres mêmes diront qu’il est en eux un sentiment subit qui dévance tout examen, et que l’excellent tableau qu’ils n’ont jamais vû, fait sur eux une impression soudaine qui les met en état de pouvoir, avant aucune discussion, juger de son mérite en general : cette premiere apprehension leur suffit même pour nommer l’auteur du tableau. […] Il en tient compte à l’auteur quand il définit son ouvrage en general. […] Ce n’est point sur de pareilles beautez qu’un auteur sensé qui compose en langue vulgaire, fonde le succès de son poëme.

1656. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre XIII. Mme Swetchine »

Mme Swetchine, qui a écrit ce que nous avons d’elle sur de petits bouts de papier, non pas avec une plume, mais avec un crayon, parce que, écrire au crayon, c’est parler bas, a-t-elle dit avec une fine modestie ; Mme Swetchine, dont le mérite et même la vertu est de n’être jamais auteur en quatre points, à la manière des femmes publiques de lettres, qui se croient des fonctionnaires, n’avait pas besoin de tant de jour versé sur elle. […] La simplicité acquise, dans un siècle d’affectation, la simplicité contractée à force de ne plus penser qu’à Dieu seul, fit éviter à Mme Swetchine d’être auteur, et cela avec le danger presque inévitable du talent, comme cette simplicité fit aussi d’elle une sainte femme, sans en faire une religieuse. […] Mme Swetchine, qui n’est pas auteur, — qui en a un jour couru le danger, mais qui y a échappé par cette conversion qui la jeta dans le grand sérieux de la vie et qu’elle n’a jamais racontée (trait caractéristique de la discrétion sur elle-même de cette sympathique femme du monde), Mme Swetchine, ne peut avoir eu que deux buts en écrivant sa pensée : — ou la fixer mieux en la parlant, pour la connaître et lui donner sa forme, pour qu’elle cessât d’être une rêverie et fût bien une pensée, — ou entrer par là dans la pratique morale, dans le conseil, dans le soulagement.

1657. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « La diplomatie au xviie  siècle »

L’auteur, en dehors de son livre, m’est inconnu, mais je ne serais pas surpris qu’il fût attaché comme « rédacteur » au ministère des affaires étrangères ; et, s’il n’y est pas, on peut l’y mettre, car il a la convenance, la correction, la haute prudence, le culte du carton, la cravate blanche, tirée à quatre épingles, qu’on a dans ces pays ministériels, quand on y écrit quelque chose. […] L’auteur de ce livre intitulé Hugues de Lionne 50 l’a pensé, mais la vie qu’il en a écrite ne le prouve pas. […] Si l’on n’est pas un grand historien, on peut être plus facilement un bon commis… Je ne demande pas mieux que de voir l’auteur du Hugues de Lionne en devenir un, agrémenté de tous les ornements de cette fonction publique ; mais je ne veux pas qu’on nous donne, à nous qui nous occupons de la valeur des livres et de leur beauté, comme preuve de talent, un volume d’une confection aussi facile et de si peu de signifiance.

1658. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « X. Doudan »

Les sentiments et les sensations de ses lettres, exprimés avec la magie d’une forme très personnelle, sont infiniment au-dessus des jugements qu’on y trouve, et puisque ces lettres sont une histoire littéraire du temps où leur auteur vivait, il faut se demander, pour avoir une idée de son coup d’œil, ce qu’il a vu dans le xixe  siècle à mesure qu’il se déroulait devant lui. […] Il n’a pas l’air de se douter de la supériorité de pareils hommes… Stendhal, qui publiait alors des choses aussi neuves que profondes, Stendhal, l’original auteur de Rouge et Noir, n’a qu’un mot, à propos de sa Chartreuse, et il est de mépris, — et du plus ignorant des mépris ! […] La publication de ces lettres de Ximénès Doudan mérite un succès que je crois certain, malgré les défaillances de l’auteur ou des éditeurs.

1659. (1909) Les œuvres et les hommes. Philosophes et écrivains religieux et politiques. XXV « Gustave D’Alaux »

Qui croirait, en lisant cette préface, que l’homme qui l’a écrite pût peindre Soulouque et sa race avec cette énergie de ressemblance, ou, ayant lu le livre, que l’auteur de ce livre en eût pu penser la préface ? […] Rien dans le livre de d’Alaux ne nous autorise à ne pas croire l’auteur chrétien. […] Dans le détail de cette histoire, qui ressemble à un conte d’Edgar Poe, l’auteur nous fait parfaitement toucher du doigt ce qui fit tout de suite la puissance du nouveau président de la République et lui versa sur le front une couronne.

1660. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. J. Autran. Laboureurs et Soldats, — Milianah. »

Évidemment, l’esprit de l’auteur était hanté par les beaux sujets poétiques, et c’était là une supériorité dans ce temps. […] L’auteur de Milianah et de Laboureurs et Soldats a-t-il l’importance qui justifie l’examen détaillé de la Critique ? […] Partout là l’auteur de Laboureurs et Soldats est traité d’écrivain viril, la plus noble qualification, selon nous, qu’on puisse donner à un homme de lettres dans ce temps, si tristement émasculé.

1661. (1908) Jean Racine pp. 1-325

Il traduit beaucoup, beaucoup de grec, et même des auteurs simplement curieux, tels que Diogène Laërce, Eusèbe et Philon. […] Mais, en outre, le nombre des auteurs dramatiques était, même relativement, beaucoup moindre qu’aujourd’hui. […] Les deux auteurs favoris du public, à ce moment-là, c’est Thomas Corneille et Quinault. […] Que si le roi en sait gré à l’auteur… eh bien, l’auteur s’en arrangera. […] Visionnaire lui-même, il était l’auteur de la baroque et charmante comédie des Visionnaires (1640).

1662. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Entretiens de Gœthe, et d’Eckermann »

Celui-ci, ancien professeur et recteur de l’Académie de Lausanne, auteur pour son compte d’agréables ouvrages en vers et en prose, consacre la fin de son honorable carrière à faire passer dans notre langue toutes les productions du vaste génie auquel il s’est voué44. […] On lui avait fort conseillé la lecture des grands auteurs, particulièrement de Schiller et de Klopstock ; il les admira, mais sans tirer grand profit de leurs œuvres. […] Le grand poëte n’avait cessé d’être de loin son « étoile polaire. » En recevant le volume de poésies, Gœthe reconnut vite un de ses disciples et de ses amis comme le génie en a à tous les degrés ; non content de faire à l’auteur une réponse de sa main, il exprima tout haut la bonne opinion qu’il avait conçue de lui. […] « Je protestai, dit Gœthe, et le personnage fut écarté. » Mérimée qui, entre nos auteurs français du jour, était le favori de Gœthe, était bien pourtant un peu entaché lui-même de cruauté ou du moins de dureté dans ses scènes de passion, dans l’exposé et le récit de certaines horreurs (se rappeler surtout la Guzla) ; mais là encore il se contenait, il ne se laissait jamais entraîner en racontant, et il retraçait ces choses horribles avec sobriété et un parfait sang-froid, comme quelqu’un de neutre et d’impassible ; ce dont Gœthe lui savait gré. […] Nous avons à passer avec Gœthe la revue de presque tous nos auteurs en vogue dans les dix dernières années de la Restauration, à entendre sur eux son avis vrai et sans fard.

1663. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Œuvres de Louise Labé, la Belle Cordière. »

Il m’est arrivé quelquefois de réhabiliter d’anciens auteurs, et l’on m’a même reproché d’en avoir l’habitude et le goût ; mais, si j’en ai réhabilité quelques-uns, je me flatte du moins de n’en avoir pas inventé. J’appelle inventer en pareil cas, venir supposer, après coup, à un vieil auteur de qui l’on n’avait jamais entendu parler, un talent dont les preuves, tardivement produites, sont plus que douteuses, et une signification, une importance qu’il n’a jamais eue à aucun moment parmi ses contemporains. […] Sans doute le biographe tire un peu à lui et pousse le plus haut qu’il peut dans l’ordre des poètes son cher Pontus ; mais il n’y a pas à cela grand mal ; si le goût d’abord s’étonne et souffre d’un peu d’excès dans la louange, les choses ensuite se rétablissent aisément, et l’on y a gagné, au total, de mieux connaître son vieil auteur. — L’étude de M.  […] Que diriez-vous si, voulant écrire l’histoire de la poésie au xixe  siècle, on allait mettre en ligne un à un, à côté des cinq ou six noms de maîtres qui ont donné le coup d’archet et mené la marche, les auteurs des innombrables recueils de vers, publiés depuis trente ou quarante ans, sous prétexte que dans presque chacun de ces volumes il y a quelque chose ? […] Œuvres choisies d’Alexandre Sylvain de Flandre, poète à la Cour de Charles IX et de Henri III, précédées d’une Etude sur l’auteur et ses oeuvres, par M. 

1664. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Théophile Gautier. »

Gautier critique, Gautier auteur des charmants feuilletons qu’on lit chaque jour, a fait tort à Gautier poète. […] Il eût été possible dès lors, m’assure-t-on, de noter chez l’écolier un goût singulier pour l’espèce de latin qui n’est pas précisément celle qu’on recommande le plus ; Tite-Live et Cicéron l’ennuyaient déjà, et il se rejetait plus volontiers sur des auteurs archaïques ou de décadence, sur un latin moins simple et plus primitif ou plus avancé. […] Il se préoccupait dès lors de Brantôme, de Rabelais, des vieux auteurs français. […] — Il fallait, pour y aller, passer sur une planche assez longue, très étroite et qui ployait étrangement par le milieu ; — un vrai pont pour des chèvres, et qui en effet ne servait guère qu’à elles : — c’était délicieux. — Un gazon court et fourni, où le souviens-toi de moi ouvrait en clignotant ses jolies petites prunelles bleues… » Suit une description détaillée, minutieuse, comme l’auteur sait les faire, — et d’Albert, en effet, nous est donné lui-même comme un peu auteur, bien qu’inédit, — et il ajoute : « Que nous étions bien faits pour être les figures de ce paysage !

1665. (1895) Histoire de la littérature française « Première partie. Le Moyen âge — Livre II. Littérature bourgeoise — Chapitre I. Roman de Renart et Fabliaux »

De là vient que les mêmes poètes n’étaient point embarrassés pour rimer de la même plume les défaites des infidèles et les accidents des ménages : le Picard Jean Bodel, dont on a la Chanson des Saxons, est (selon une hypothèse fort plausible) l’auteur d’une dizaine de contes vulgaires ou obscènes qui nous sont parvenus : toute proportion gardée, c’est comme si Corneille s’était délassé du Cid par les Rémois ou le Berceau. […] Dédier que les auteurs de fabliaux : n’ont point mis à contribution les recueils de contes d’origine certainement orientale, tels que la Discipline de Clergie ou le Directorium humanæ vitæ ; que dans les sujets communs à l’Occident et à l’Orient il n’est pas toujours certain que la rédaction orientale — la plus anciennement écrite — soit la source réelle et primitive des versions occidentales ; que la tradition orale où puisaient nos conteurs renfermait des contes de toute provenance, où l’Inde a pu apporter son contingent, mais autant et pas plus que n’importe quel autre pays77 ; enfin que la plupart des sujets de fabliaux ont pu naître n’importe où, étant formés d’éléments humains et généraux, et ne portant aucune marque d’origine. […] Bon nombre sont anonymes ; des auteurs qu’on connaît, sauf Rutebeuf, on ne sait rien que le nom, et souvent le pays d’origine ; ils sont Français. […] Les auteurs de Fabliaux n’ont pas songé à peindre les mœurs de leur temps, et leurs œuvres étaient pour nos pères ce qu’ont été pour nous la Boule ou le Chapeau de paille d’Italie. […] Ce qui a duré, c’est l’esprit du genre qui est une forme de l’esprit de la race, et ainsi reparaissent de temps à autre dans nos farces du Palais-Royal des moyens et des effets dont usaient les auteurs des fabliaux : nos armoires ont remplacé les buffets de nos pères, nos pantalons leurs braies.

1666. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre IV. Les tempéraments et les idées (suite) — Chapitre IV. Le patriarche de Ferney »

Paris, l’Europe sont inondés de petits livrets signés de noms connus ou inconnus, réels ou fantastiques : Dumarsais, Bolingbroke, Hume, Tamponel docteur de Sorbonne, l’abbé Bigex, l’abbé Bazin et son neveu, les aumôniers du roi de Prusse, je ne sais combien d’auteurs inattendus, tous différents d’âge et de condition, encore que beaucoup soient d’Eglise, tous semblables de doctrine et d’esprit. […] Il sait que le gouvernement, qui ne peut rien contre lui et ne tient pas à pouvoir quelque chose, lui demande pour toute concession de ne pas s’avouer l’auteur des plus meurtrières brochures. […] Un beau jour circulèrent des dialogues « traduits de l’anglais552 », qui démontraient que l’Esprit des Lois est un « labyrinthe sans fil, un recueil de saillies », un livre plein de fausses citations, où l’auteur prenait « presque toujours son imagination pour sa mémoire ». […] Mais ce qui fit déborder la coupe, c’est qu’il se permit quelque part554 d’écrire que Voltaire était l’auteur du Sermon des Cinquante. […] Il est tout pétri d’amour-propre ; il en a de toutes les sortes : entêtement de ses idées, vanité d’auteur, vanité de bourgeois enrichi et anobli.

1667. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre IX. La littérature et le droit » pp. 231-249

C’est pourquoi les romanciers et les auteurs dramatiques se sont jetés avec avidité sur ce sujet attendrissant, et en quelques années ils ont prodigué les fictions82 où ils se sont faits les porte-parole de l’Église catholique, des esprits conservateurs ou des cœurs tendres contre la dissolution légale de la famille. […] Est-il nécessaire de rappeler que certains auteurs, Alexandre Dumas fils, par exemple, se sont donné pour mission de corriger, non seulement les mœurs, mais les lois ; que la condition des femmes, celle des enfants naturels, voire les principes régissant l’héritage et la propriété ont été maintes fois débattus par le roman et le théâtre ; que des cas de conscience84, comme en présente par dizaines la profession du juge ou celle de l’avocat, se sont déroulés en savantes et émouvantes, péripéties ; que l’art, aux époques où il est militant, travaille à la préparation d’un code de l’avenir ? […] § 3. — Il est dans nos codes une partie qui se lie plus intimement encore à la littérature : c’est celle qui porte sur la publication de la pensée et sur les profits que l’auteur peut en tirer. […] Contre ceux qui contrevenaient aux ordonnances étaient édictées les peines les plus sévères comportant pour les libraires la saisie des exemplaires mis en vente, l’amende, la prison, le pilori, les galères, entraînant pour les auteurs le bannissement, la Bastille, et même en certains cas la mort. […] Je ne veux pas la détailler ; il me suffira de dire qu’en fixant pour combien de temps une œuvre appartient à l’auteur et à ses héritiers, au bout de quelle durée elle tombe dans le domaine collectif, elles ont permis aux écrivains de prendre dans le monde la situation confortable et nouvelle pour eux de propriétaires ; qu’elles leur ont fourni l’occasion et les moyens de s’organiser en corporation, de former des associations nationales et internationales ; bref qu’elles ont contribué puissamment à régulariser le métier littéraire avec ce que ce mot implique de bon et de mauvais : d’une part, l’indépendance de l’homme qui vit de son travail et ne relève que du public ; d’autre part, la littérature industrielle fabriquant à la vapeur des romans ou des pièces comme on fabrique des robes de soie ou des bas de laine.

1668. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « L’abbé Maury. Essai sur l’éloquence de la chaire. (Collection Lefèvre.) » pp. 263-286

Mais son organisation, même dans sa fougue, ne se laissa jamais détourner du travail opiniâtre qui devait le conduire au but : Cet auteur est une preuve, a dit La Harpe (son rival), de ce que peut le travail obstiné et la force des organes… Il était né avec de l’esprit, et, se levant tous les jours à cinq heures du matin, étudiant jusqu’au soir, il avait acquis des connaissances littéraires. […] L’auteur se pose cette question : Qu’était la religion pour Fénelon ? […] Plus tard, en retouchant cet Éloge à cet endroit et en quelques autres, il est curieux de voir comment l’auteur s’y prendra pour corriger dans le détail ces parties faibles et à demi mondaines. […] L’auteur, en se remettant à cet estimable travail, s’est évidemment ressouvenu des heures appliquées de sa jeunesse, et il les a recommencées avec charme et avec fruit. […] Mais, tandis que le traité du cardinal Maury nous recommande ces choses excellentes, faut-il donc que sa vie et son exemple nous répètent encore plus haut que, pour être éloquent jusqu’au bout, pour l’être de près comme de loin, pour avoir autorité, même avec un talent moindre, pour se faire écouter dans ce qu’on dit de grand, d’éclatant ou même de simplement utile, il n’est rien de tel que de mettre en parfait accord l’homme et l’orateur, l’homme et l’auteur, et, si vous préférez à tout la parole de Bourdaloue, d’y joindre ce qui en est le principe et la source première, je veux dire les mœurs de Bourdaloue !

1669. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Rollin. » pp. 261-282

Les Histoires de Rollin ont été dans le temps un service et un bienfait du même genre ; à mesure qu’il les composait, l’auteur découvrait en lui et déployait aux yeux de tous un véritable talent d’ampleur, de développement et de récit, qui s’est soutenu jusqu’à la fin, et qui a charmé le public durant bien des années. […] Combien de fois n’avons-nous pas relu ce second volume de l’Histoire ancienne, où l’auteur s’est complu à nous retracer dans Cyrus le plus accompli des héros et des conquérants dont il soit parlé dans l’histoire profane ! […] Je goûte aussi la solitude, La paix du cœur, la douce étude, Les vieux auteurs grecs et romains… C’est ainsi que Fontanes, grand maître de l’Université à son tour, célébrait le souvenir de son humble prédécesseur, en se promenant du côté du château de Colombes d’où Rollin aurait aimé à dater son Histoire. […] Pluche, auteur du Spectacle de la nature, et qui est un peu le Rollin de l’histoire naturelle. C’est dans cette vue et dans cette mesure, et en les rapportant toujours au Suprême Auteur, qu’il conseillait les études physiques.

1670. (1892) Journal des Goncourt. Tome VI (1878-1884) « Année 1881 » pp. 132-169

la monographie des nerfs d’un ménage d’auteur, pendant une première, ce serait une curieuse étude à faire. […] Dimanche 15 mai Je suis un auteur d’une tout autre école, et cependant les auteurs que je préfère parmi les modernes ce sont Henri Heine et Poë. […] Une propriété qui, à l’heure qu’il est, coûte plus de 200 000 francs à l’auteur, et dont le prix de l’acquisition primitive a été, je crois bien, de 7 000 francs. Un cabinet de travail ayant la hauteur et la grandeur, où se lit sur la cheminée, la devise : Nulla dies sine linea , et où l’on aperçoit dans un coin un orgue mélodium avec voix d’anges, dont l’auteur naturaliste tire des accords à la tombée de la nuit.

1671. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « I — L’art et la sexualité »

Je crois au contraire que toutes les œuvres où éclatent la couleur, la nouveauté, la richesse et la variété, — toutes qualités du génie — ont eu pour auteurs des êtres vivant et sentant, en intime et sensuel contact avec le monde, dépourvus de la crainte de s’y mêler largement et d’y renouveler sans cesse leur vitalité par des sensations intégralement et réellement vécues. […] Que l’excitation sexuelle produise sur le cerveau une action féconde, ceci non seulement je ne cherche pas à le nier, mais je l’affirme avec l’auteur et avec tout homme de bon sens, qui aura pu observer ce phénomène d’après les autres ou d’après lui-même. […] Mais après cette modeste remarque, entrons dans la pensée plus intime de l’auteur. « … L’homme est né pour l’idéal, dit un de ses critiques24 en résumant le thème général du livre, il a mission de travailler à l’amélioration de son espèce, et il s’en trouve empêché par ses instincts sexuels, source infinie d’abrutissement et de dégradation. « Il est temps, s’écrie M.  […] Mais, plus intéressants encore sont les chapitres qui suivent et où l’auteur, après avoir exposé les avantages théoriques de la continence, s’efforce de nous en démontrer les avantages pratiques, « Certes, dit-il, c’est un grand sacrifice que de renoncer aux joies de la paternité. […] En renonçant à m’attaquer à la doctrine tellement surnaturelle du moderne « vierge et martyr », je me demande ce qu’il faut le plus admirer, du courage de celui qui écrivit un livre semblable au sien, ou de l’inépuisable sympathie de ceux qui eurent la constance de prendre pour autre chose que ce qu’elle est au fond, cette amusante comédie dont l’auteur est le seul personnage, et à laquelle il voudrait nous voir participer.

1672. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « [Chapitre 5] — Post-scriptum » pp. 154-156

Je vis avec de bonnes gens en les lisant ; dès que ce sont des romans de mœurs, les auteurs y peignent les mœurs de leur temps, et non celles du temps où vivait le héros. […] J’aime ces auteurs qui me décrivent les usages de leur temps, peu soucieux, il est vrai, du temps où vécut leur héros.

1673. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « LX » pp. 231-236

C'est là que, se débattant contre des difficultés inextricables, le savant auteur quitte à la fin le terrain historique, et, transportant la question au milieu des nuages, il recourt aux voies étranges, mystérieuses, inconcevables de la Providence, qualifiant de miraculeuse une découverte qu’avait amenée fortuitement, deux fois de suite41, la pioche d’un maçon. […] On y défend les Burgraves et Lucrèce Borgia à l’aide des chefs-d’œuvre antiques : les jeunes auteurs ne s’aperçoivent pas que c’est parce qu’ils ont ensauvagé Sophocle et lui ont imposé des contre-sens de couleur et des traits de moyen âge, qu’ils parviennent ensuite, tant bien que mal, à en faire un patron à leur idole-monstre.

1674. (1892) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Cinquième série « Stéphane Mallarmé »

Catulle Mendès appelle par une exquise litote un « auteur difficile ». […] Au moins voudrais-je savoir au juste pourquoi je ne les comprends pas  C’est peut-être, direz-vous, que c’est inintelligible  Mais non, puisqu’ils sont trois qui comprennent, et probablement quatre, en comptant l’auteur.

1675. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — R — Rodenbach, Georges (1855-1898) »

Gaston Deschamps L’auteur de la Vie des chambres , du Cœur de l’eau, des Cloches du dimanche et de Au fil de l’âme murmure si bas, si bas, ses chansons tristes, que souvent sa voix hésite, s’éteint et que sa pensée fuit, dans un clair-obscur de limbes. […] Francis Vielé-Griffin C’est un art indubitablement mièvre, fluide et décadent que professe l’auteur de l’Aquarium mental  ; l’aberration esthétique que dénote, seul, le choix d’un pareil titre, l’a mené loin — trop loin, pour que cette notice reste, comme nous l’eussions souhaitée, totalement élogieuse.

1676. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre XIII. Beau trio » pp. 164-169

. — Et le petit prince don-juanesque, celui-là même qui a appris toutes les ficelles de la courtisanerie à Stanislas, en piochant ce que vous savez ; d’où tient-il ses roueries si subtiles que l’auteur s’écrie, enthousiaste : « Mais il n’a pas dix-huit ans, il a cent ans !  […] L’auteur dénomme ainsi les mauvais farceurs du dernier bateau littéraire et artistique et les dames qui les adornent.

1677. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — C — article » pp. 23-32

Le soi-disant ne se borne point à des injures calomnieuses : il me donne des avis admirables ; il m’apprend des anecdotes impies sur quelques Auteurs ; il fait des sorties tout-à-fait touchantes contre les gens d’Eglise ; il passe en revue plusieurs articles des Trois Siecles, pour avoir occasion de se déchaîner contre les bons Ecrivains qui ne sont pas Philosophes, & d’élever à la sublimité du génie ceux qui sont reconnus pour tels. […] Pour montrer combien il respecte la Magistrature, il dit du Parlement de Paris, que c’est un Corps d’assassins, & cite en toutes lettres deux de ses Membres les plus respectables & les plus vénérés du Public, comme les auteurs d’un jugement, qu’il appelle atroce.

1678. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 27, qu’on doit plus d’égard aux jugemens des peintres qu’à ceux des poëtes. De l’art de reconnoître la main des peintres » pp. 382-388

Comme les plus grands ouvriers en ont fait quelquefois de médiocres, on ne connoît pas l’excellence d’un tableau dès qu’on connoît son auteur. […] Quoique l’expérience nous enseigne que l’art de deviner l’auteur d’un tableau en reconnoissant la main du maître, soit le plus fautif de tous les arts après la médecine, il prévient trop néanmoins le public en faveur des décisions de ceux qui l’exercent, même quand elles sont faites sur d’autres points.

1679. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « Madame de La Fayette ; Frédéric Soulié »

Le livre est-il, quel qu’en soit l’auteur, un de ces diamants qu’il fallût s’empresser d’enchâsser et de mettre en lumière ? […] Les Mémoires en question, les autres romans de l’auteur, ces drames de toute forme, très intrigués et dans lesquels les événements semblent des nœuds gordiens impliqués les uns dans les autres, frappèrent à poing fermé sur l’imagination d’une époque qui avait ressenti les étincelantes secousses du Romantisme.

1680. (1923) Nouvelles études et autres figures

De tous les passages des auteurs musulmans que M.  […] Il n’avait pas besoin de le signer pour qu’on sût qu’il en était l’auteur. […] L’indignation de Godwin eût réjoui un auteur comique. […] Les seules pages faibles du Sahara sont celles où l’auteur nous raconte la prise d’El Aghouat. […] Martino, que dans les modifications qu’il a fait subir à ses premières versions, « l’auteur s’efface ».

1681. (1892) La vie littéraire. Quatrième série pp. -362

Il savait sur le bout du doigt ses auteurs et leurs livres. […] D’ailleurs, il en était des employés comme des auteurs ; ils quittaient bien rarement la maison. […] L’auteur a, comme autrefois M.  […] Jean Moréas est plutôt un auteur difficile. […] Que nos auteurs à la mode pillent çà et là.

1682. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Troisième partie. — L’école historique » pp. 253-354

Quant aux instruments de l’agriculture, comment pourrions-nous aujourd’hui imiter l’auteur des Géorgiques, qui les nomme sans détour330 ? […] « Les auteurs nationaux, a-t-il dit, produisent des fresques qu’il est impossible de transporter dans d’autres pays, si ce n’est avec le mur lui-même374. » Hegel mérite une mention à part. […] J’aime encore mieux le comparer à un musicien : de même que l’auteur d’un opéra-comique répète sur différents tons avec des instruments divers un motif favori, Molière reproduit ses mélodies en style sérieux, en style bouffon, jusqu’à ce que l’esprit pleinement satisfait les possède tout entières dans leurs plus petits détails. […] L’auteur avait cru devoir y faire d’importants changements, qui tempéraient la violence et l’amertume de la satire. […] « La Cour, disait l’arrêt, fait défense à toutes personnes d’obtenir ou d’enseigner aucune maxime contre les anciens auteurs approuvés, à peine de la vie 454. » La Faculté de médecine était la place forte de la tradition.

1683. (1887) Journal des Goncourt. Tome II (1862-1865) « Année 1865 » pp. 239-332

Cela semble le palais de l’Économie, que ce château, où est mort l’auteur des Œconomies royales. […] * * * — Il existe des auteurs qui sont antipathiques autant que des personnes. […] Comme nous lui parlions de la mystérieuse cristallisation du rôle d’un auteur dans la personne d’un acteur, il nous confesse le composer d’abord avec la pensée de l’auteur, en y entrant entièrement, — c’est pour cela qu’il ne crée jamais sûrement un rôle dans une pièce d’auteur mort, car pour lui, avec l’auteur, le rôle meurt. — Il faut qu’il entende l’auteur lire et expliquer le rôle dans son mouvement à lui. […] Est-ce curieux, et ça ressemble-t-il aux inventions d’auteur, les combinaisons dramatiques amenées par les événements de la vie ? […] Quant à la voix de Delaunay, c’est la plus adorable musique que puisse rêver un auteur pour sa prose.

1684. (1894) Journal des Goncourt. Tome VII (1885-1888) « Année 1885 » pp. 3-97

À une heure, je suis dans les ténèbres de l’Odéon, d’où jaillit une femme qui me saute au cou : c’est Léonide qui embrasse son auteur. […] Daudet comparait, ces jours-ci, l’intérêt qui se fait forcément entre un auteur et ses interprètes, à l’intimité qui s’établit entre passagers et matelots sur un vaisseau, pendant une tempête. […] Lettre de Debry, agent de la société des auteurs dramatiques, qui m’annonce que Mme Favart accepte mes conditions pour une tournée en province. […] Ç’a été, cette annonce, pour l’auteur qui s’est analysé dans le livre, un déchirement tel, que dans les premiers moments, il n’osait, dit-il, pas se mettre à sa fenêtre, de peur de la tentation de se jeter en bas. […] L’histoire de ma femme en omnibus, il faut qu’un auteur l’ait toujours présente à l’esprit, quand il fait une pièce. » L’on rit, et l’on se met à analyser les impressions de la salle à la première.

1685. (1868) Curiosités esthétiques « I. Salon de 1845 » pp. 1-76

Nous avons vu plus d’un critique, important dans la presse, lui jeter en passant son petit mot pour rire — que l’auteur n’y prenne pas garde. — Il est beau d’avoir un succès à la Saint-Symphorien. […] La couleur est d’une crudité terrible, impitoyable, téméraire même, si l’auteur était un homme moins fort ; mais… elle est distinguée, mérite si couru par MM. de l’école d’Ingres. — Il y a des alliances de tons heureuses ; il se peut que l’auteur devienne plus tard un franc coloriste. — Autre qualité énorme et qui fait les hommes, les vrais hommes, cette peinture a la foi — elle a la foi de sa beauté, — c’est de la peinture absolue, convaincue, qui crie : je veux, je veux être belle, et belle comme je l’entends, et je sais que je ne manquerai pas de gens à qui plaire. […] Ce tableau, un peu maniéré comme son titre, mais joli comme le nom de l’auteur, est d’un sentiment fort distingué. — Ce sont deux jeunes femmes, l’une appuyée sur l’épaule de l’autre, qui regardent à travers une fenêtre ouverte. — Le vert et le rose, ou plutôt le verdâtre et le rosâtre y sont doucement combinés. […] Gigoux, l’auteur du Comte de Cominges, de François Ier assistant Léonard de Vinci à ses derniers moments, M.  […] Papety avait néanmoins trouvé des poses heureuses et quelques motifs de composition ; et malgré sa couleur d’éventail, il y avait tout lieu d’espérer pour l’auteur un avenir sérieux.

1686. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « La marquise de Créqui — III » pp. 476-491

. — Les lettres de Mme de Créqui — Ses jugements sur les auteurs ; excès dans la justesse, — De l’atticisme en France et de ses variations depuis deux siècles, — De la bonne compagnie qui ne meurt pas. […] Necker, auteur de L’Importance des opinions religieuses : « Ce M. de Saint-Pierre, dit-elle, était son concurrent : je n’aime pas mieux son livre. » Voilà qui abrège. […] Mme de Créqui, à l’en croire, avait toujours été laide ; elle faisait bon marché de son passé et de ses grâces de jeunesse : Mais, nous dit l’auteur de la notice déjà citée, M.  […] On lit le journal, le regard tombe sur un discours (du temps qu’il y avait des discours) ou sur un rapport concernant les chemins de fer ou tout autre matière d’intérêt public ; on en connaît l’auteur, on essaie de le lire, et il en reste quelque expression de style administratif et positif, qui ensuite se glisse par mégarde sous la plume aux endroits les plus gracieux.

1687. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire de mon temps. Par M. Guizot. »

Ses Mémoires n’apprendront que peu de chose aux hommes de son temps qui ont vécu à côté de lui ; ils sont très propres à instruire ceux qui sont venus depuis et qui viendront par la suite ; et c’est en vue de ces derniers que l’auteur semble les avoir composés. […] L’auteur y parle de sa jeunesse, de sa première éducation, de son entrée dans le monde, de ses débuts littéraires, sitôt suivis de ses débuts politiques en 1814 ; de ce voyage à Gand, qui lui fut tant reproché, et qui n’était pas un tort, mais qui devint un embarras ; de sa carrière durant la seconde Restauration, carrière de publiciste, d’historien, de professeur, toujours à côté et en vue de la politique. […] On y sent se dessiner les formes d’esprit de l’auteur lui-même, confiance, espérance, certitude ; on y saisit ses origines intellectuelles et morales, son tour et son degré de libéralisme, ses limites distinctes et précises : « Je suis de ceux, dit-il, que l’élan de 1789 a élevés et qui ne consentiront point à descendre… Né bourgeois et protestant, je suis profondément dévoué à la liberté de conscience, à l’égalité devant la loi, à toutes les grandes conquêtes de notre ordre social. […] L’auteur a pourtant, par le titre même de son livre, pris possession déjà de l’époque, et il dit « Mon temps. » J’ai toujours été étonné, je l’avoue, de cette façon de dire, qui est très en usage, je le sais, même chez d’autres peuples ; mais j’en suis toujours un peu choqué pour mon compte ; quand un homme, si éminent qu’il soit, parle des années que nous avons parcourues et vécues comme lui, et qu’il m’en parle à moi-même, j’aimerais mieux qu’il dît « Notre temps. » L’originalité de l’ouvrage commence avec le second volume, c’est-à-dire avec la Révolution de Juillet, qui porta décidément M. 

1688. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Louis XIV et le duc de Bourg, par M. Michelet. (suite.) »

Je n’ai pas tout dit de cette éducation inventive et agréable où « la conversation, les amusements, la table, tout, par les soins et l’habileté du maître, devenait leçon pour l’élève, et rien ne paraissait l’être. » Je n’ai rien dit du Télémaque, ce cours de thèmes comme il n’y en a jamais eu, qui n’est, a le bien voir, que la plus longue des fables de Fénelon, l’allégorie développée, devenue épique, et où l’auteur, abordant par les douces pentes de l’Odyssée la grandeur d’Homère, de cet Homère qui, « d’un seul trait met la nature toute nue devant les yeux », n’a fait, en le réduisant un peu, que lui donner la mesure et comme la modulation virgilienne, et le ramener en même temps aux convenances françaises, telles crue les entendaient les lecteurs de Racine. Je n’ai point suivi le maître dans les plans et programmes de lectures sérieuses et graduées qu’il propose, à mesure que l’éducation avance : peu de grammaire, pas de rhétorique formelle ni dogmatique, et la logique ajournée ; mais la jurisprudence positive, historique, l’histoire elle-même, la lecture directe des auteurs, c’est ce qu’il conseille, indiquant chacun de ces auteurs alors en usage, le désignant au passage d’un trait juste, et sur les sujets et pour les époques les plus éloignées de cette « ingénue Antiquité » qu’il préfère, montrant qu’il sait comprendre tout ce qu’il regarde, même l’âge de fer et le Moyen-Age, et qu’il est un guide non trompeur, évitant partout sans doute l’accablement et la sécheresse, mais de trop de goût pour aller mettre des fleurs là où il n’en vient pas. […] Il apprit ensuite l’espagnol et l’italien, et il aurait appris le grec si l’on eut voulu, pour mieux entendre les bons auteurs, particulièrement les poètes… » Écoutez La Fontaine qui, dévot alors et bien près de sa fin, fut admis auprès du jeune prince et reçut de ses bienfaits ; il parle comme l’abbé Fleury, et célèbre « ce goût exquis, ce jugement si solide », qui l’élève si fort au-dessus de son âge.

1689. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Le Poème des champs, par M. Calemard de Lafayette (suite et fin) »

L’auteur a essayé aussi d’y introduire quelques épisodes et des légendes ; ce n’est pas ce que j’en préfère. […] « Mais heureux aussi celui qui, d’un esprit moins émancipé et d’un cœur plus humble, reconnaît dans la nature un Auteur visible, se manifestant par tous les signes ; qui croit l’entendre dans le tonnerre et dans l’orage ; qui le bénit dans la rosée du matin et dans la pluie du printemps ; qui l’admire et l’adore dans la splendeur du soleil, dans les magnificences d’une belle nuit, et qui ne cesse de le sentir encore à travers la douce et tiède nuaison d’un ciel voilé ! […] C. de Lafayette quand il nous dit heureusement en vers de ces choses qui ne semblaient pouvoir être dites qu’en prose, par les auteurs d’ouvrages d’agriculture, M.  […] Bien entendu que les sacrifices que je demande à l’auteur seraient plus que compensés par de nouveaux tableaux qui lui viendraient et lui souriraient dans l’intervalle.

1690. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Souvenirs de soixante années, par M. Etienne-Jean Delécluze »

Il nous initie à toutes ses impressions d’enfance ; il nous fait assister aux grands événements publics : Étienne y était, nous dit l’auteur, Étienne en fut témoin ; et à l’instant nous voilà satisfaits de la satisfaction d’Étienne ou émus de son émotion. L’auteur a de petites rencontres familières où il se tape sur la joue à lui-même ; il s’appelle le petit espiègle ; il se fait marcher devant soi. […] Delécluze n’eut point de maître pour la littérature et qu’il se forma lui-même, lisant directement les auteurs, apprenant le latin dans Térence, et devenant même assez fort plus tard dans l’étude du grec. […] La description que l’auteur faisait du Louvre et de la saleté de ses abords, et de l’horreur des constructions privées au-dedans, et des éviers même et des latrines (car le mot y est), parut singulière dans son détail et dans sa longueur à ce petit public choisi.

1691. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série « La comtesse Diane »

Par la forme même de son livre, par la disposition typographique qui, isolant chaque pensée, nous la présente comme souverainement importante et nous la propose pour sujet de méditation, l’auteur semble prendre envers nous cet engagement que chacun de ces brefs alinéas supposera et résumera une masse considérable d’observations particulières, en contiendra tout le suc, sera l’équivalent d’un roman, d’une comédie, tout au moins d’un sermon ou d’une chronique. […] On peut encore passer en revue les auteurs dramatiques et les romanciers et libeller sous forme de maximes les vérités qui ressortent de quelques-unes de leurs œuvres — ou bien rajeunir les proverbes — ou bien s’emparer d’une pensée célèbre et en prendre le contre-pied : ce sera presque aussi vrai et cela paraîtra plus piquant. […] Le reste de sa dissertation revient à dire qu’un livre de maximes vaut exactement ce que vaut l’esprit de l’auteur : nous n’avions pas besoin du secours de ses lumières pour nous en aviser. […] Désordre prémédité ; car vous trouverez, par exemple, pages 8 et 50, 20 et 36, 6 et 161, 73 et 80, 72 et 90, la même pensée sous des formes différentes : l’auteur, n’ayant le courage de sacrifier aucune de ses rédactions, a voulu sans doute dissimuler les redites en les séparant.

1692. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre IX. Inquiets et mystiques » pp. 111-135

Si je cherche ce mot, c’est par crainte de trop desservir l’auteur, en formulant moi-même sa propre pensée. […] L’auteur conclut avec logique que toutes les aspirations idéalistes et religieuses nouvelles n’ont aucun sens si elles n’ont pas un sens chrétien. […] Il est typique qu’elle n’éveille pas une minute le sourire ; c’est une marque singulière des progrès de l’occultisme, qu’un roman dont le personnage essentiel est fantômal ne nous interloque nullement. — Je reprocherai à l’auteur d’avoir fait à la science un procès mesquin (chapitre VII). […] L’auteur ne préconise point de remède prophylactique.

1693. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre V. Mme George Sand jugée par elle-même »

Il est la contradiction affirmée de tout ce qu’elle a écrit ; un démenti donné à la Critique — et autant à la Critique qui l’a grandie et exaltée, — et cette Critique, formidable par le nombre, pourrait s’appeler légion — qu’à la Critique qui l’a diminuée, — et cette autre Critique n’est guère composée que de deux ou trois voix isolées, lesquelles ont protesté bien plus au nom de la morale qu’au nom de la littérature, contre l’affolement universel, inspiré par l’auteur de Valentine et d’Indiana. […] Il se laissa enguirlander par l’auteur d’Indiana comme un chevreau par une Bacchante. […] Séduit comme les autres, Chateaubriand n’oublia pas cependant tout à fait qu’il était l’auteur du Génie du Christianisme, mais il condescendit jusqu’à faire une de ses grandes phrases sur Mme Sand. […] J’ai cité plus haut Mme Gottin, l’auteur de Malek-Adel, l’inspiratrice de tant de pendules d’épicier ; mais Mme Cottin parlerait-elle plus de « l’ange de la destinée, du volcan, de la chaîne brisée et du bouclier ?

1694. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre VIII : M. Cousin érudit et philologue »

André ; mais l’heureux auteur de la découverte se réserve la partie la plus précieuse, les lettres échangées entre André et Malebranche. […] Un des amis de Bourgogne termina mes doutes et mon embarras en m’apportant une revue de mon pays, intitulée Revue des deux Bourgognes, année 1836, où sont imprimées les six lettres de Leibnitz du manuscrit de Paris, et celles dont je déplorais la perte, en tout dix-huit lettres parfaitement authentiques, adressées à l’abbé Nicaise par l’auteur de la Théodicée. […] Il a l’amour des grands hommes du dix-septième siècle : après avoir recueilli les moindres fragments de son auteur et retrouvé son écrit sur les Passions de l’amour, il a poussé la dévotion jusqu’à faire un lexique de ses locutions remarquables. […] Lorsque plus tard il écrivit, il se figurait toujours qu’il avait pour auditeurs ces esprits si délicats, si ennemis de toute affectation, si amateurs du style clair et des termes simples, et cette pensée le préserva des expressions abstraites ou vagues sur lesquelles les métaphysiciens chevauchent dans leurs promenades fantastiques, dont l’obscurité prétentieuse pouvait plaire à des écoliers, à des bourgeois, à des poètes, mais qui auraient exclu l’auteur du salon de Mme de la Fayette, et l’auraient relégué dans la société des sulpiciens.

1695. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « quelque temps après avoir parlé de casanova, et en abordant le livre des « pèlerins polonais » de mickiewicz. » pp. 512-524

Hugo, je disais, après quelques mots sur sa Comédie de la Mort (15 septembre 1838) : … Voilà pour l’éloge ; mais, à peine sorti de cette pièce, et en continuant la lecture du volume à travers les autres pièces de tous les tons qui le composent, on ne tarde pas à s’apercevoir que le procédé de l’auteur ne se conforme pas toujours au sujet, n’est pas, tant s’en faut, proportionné à l’idée ou au sentiment, qu’il y a parti pris dans le mode d’expression exclusivement tourné à la couleur et à l’image. […] Si l’auteur a voulu faire la critique des orgies du jour et montrer l’esclave ivre au jeune Lacédémonien, il a trop bien réussi : Pour vos petits boudoirs il faut des priapées. […] L’auteur est maître en ces jeux de forme et de contraste.

1696. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre XX. Du dix-huitième siècle, jusqu’en 1789 » pp. 389-405

La liberté des opinions a commencé, en France, par des attaques contre la religion catholique ; d’abord, parce que c’étaient les seules hardiesses sans conséquence pour l’auteur, et, en second lieu, parce que Voltaire, le premier homme qui ait popularisé la philosophie en France, trouvait dans ce sujet un fonds inépuisable de plaisanteries, toutes dans l’esprit français, toutes dans l’esprit même des hommes de la cour. […] Mais sans imiter les incohérences des tragédies anglaises, sans se permettre même de transporter sur la scène française toutes leurs beautés, il a peint la douleur avec plus d’énergie que les auteurs qui l’ont précédé. […] Il importe au perfectionnement de la morale elle-même que le théâtre nous offre toujours quelques modèles au-dessus de nous ; mais l’attendrissement est d’autant plus profond, que l’auteur sait mieux retracer nos propres affections à notre pensée.

1697. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Troisième partie. Disposition — Chapitre VII. Narrations. — Dialogues. — Dissertations. »

Ce caractère dramatique, cette exacte combinaison de détails rapportés à un but unique, et placés pour produira leur plus grand effet, ce progrès constant de l’action, cette rigoureuse analyse des passions, l’appropriation merveilleuse des discours et des faits, la rapidité du développement, la précision des effets, c’est par là surtout que les Fables de La Fontaine ont réussi : si ces qualités ne sont pas plus précieuses en elles-mêmes et plus essentielles que l’imagination pittoresque et le sentiment poétique, elles sont du moins plus utiles ; si elles ne font pas l’auteur plus grand, elles contribuent plus à la fortune du livre. […] Il n’est pas aisé d’y réussir : on voit des hommes de talent, au théâtre, présenter des personnages qui sont à tour de de rôle de plates photographies et des types abstraits, qui tantôt parlent le verbiage insignifiant de leur condition dans le monde, et tantôt proclament la théorie profonde de l’auteur sur leur caractère. […] Et s’ils font des peintures saisissantes, des dialogues émouvants avec des incidents insignifiants, et des mots inexpressifs, c’est que l’adoption même de ces détails, de ces mots, leur accueil et leur place dans le cadre que l’auteur a tracé, leur donnent une signification d’autant plus profonde, une expression d’autant plus intense, qu’elles sont plus inattendues.

1698. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — R — Richepin, Jean (1849-1926) »

Enfin, nous l’avons, ce livre sur la Mer, ce beau livre autour duquel il se mène grand tapage, un peu grâce à la personnalité puissante de son auteur. […] Irons-nous dire : « Oui, les vers sont beaux ; oui, tout l’accessoire est d’excellente qualité ; mais qui donc eut attendu de l’auteur de la Chanson des gueux un drame aussi innocent ? […] Ce n’est pas que bien des pièces du livre, surtout celles écrites en argot, ne soient d’assez faciles exercices de rhétoricien qui s’encanaille en l’honneur de Villon ou qui n’est point mécontent de dépasser l’auteur des Réfractaires sur le chemin frayé par lui.

1699. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre XXIV. Conférence sur la conférence » pp. 291-305

Muni d’une bonne bibliothèque, il s’instruisait, avant que de sortir, d’anecdotes variées relatives à l’histoire de son auteur. […] Mais allais-je vous conter la vie de collège ou de volontariat, de coulisses et de salles de rédaction des auteurs représentés aujourd’hui ? Je constatai tôt que ces bavardages historiques et documentaires sont simplement scandaleux quand ils veulent caractériser des contemporains ; et lorsqu’ils s’appliquent à des auteurs jadis, ils sont insipides, ils sont livresques, ils puent le Memento de baccalauréat.

1700. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Troisième partie — Section 10, continuation des preuves qui montrent que les anciens écrivoient en notes la déclamation » pp. 154-173

Jugeons, fait dire cet auteur à Crassus, de l’ancienne prononciation, par la maniere dont quelques femmes prononcent encore aujourd’hui. […] En effet, cet auteur après avoir loüé les préceptes que Ciceron donne sur le geste de l’orateur, ajoute : nous sommes accoutumez présentement à voir un geste plus animé. […] Cet auteur raconte encore que Domitius Afer, orateur célebre dans l’histoire romaine, et qui pouvoit avoir commencé de plaider environ trente ans après la mort de Ciceron, appelloit la nouvelle mode de déclamer la perte de l’éloquence.

1701. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Les Femmes de la Révolution » pp. 73-87

Triste procédé, qui pourrait dispenser la Critique de s’occuper d’un ouvrage dont le fond est déjà connu, si, d’un autre côté, le nom de l’auteur, le titre du livre, et les quelques points de suture qui tiennent les morceaux dont il est composé rapprochés, ne révélaient pas suffisamment l’éternel dessein de propagande contre lequel on ne saurait mettre trop en garde les esprits faibles sur lesquels Michelet, avec son talent mystico-sensuel, peut beaucoup agir. […] Du reste, ce n’est point sur le compte de madame Roland que l’auteur des Femmes de la Révolution augmente la somme des connaissances acquises et des renseignements connus. […] … N’est-ce pas assez de se soutenir au niveau de soi-même, et de continuer l’auteur du Prêtre et de La Femme dans Les Femmes de la Révolution ?

1702. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « M. Oscar de Vallée » pp. 275-289

L’auteur des Manieurs d’or est un écrivain. […] L’auteur de l’André Chénier et les Jacobins n’est pas le seul qui ait gardé dans les yeux l’éblouissement de la poésie de Chénier et qui ait involontairement reporté cette lueur sur sa prose. […] III En cela, Chénier fut supérieur à Lamartine, qui resta toujours ce qu’il était… l’auteur de cette Histoire des Girondins qui est un crime, — le crime de les avoir vantés, après les leurs !

1703. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Benjamin Constant »

L’éditeur, c’est naturellement Madame Lenormant, l’auteur des Mémoires de Madame Récamier, qui n’a jamais eu de Mémoires, mais une nièce qui tira parti de ses petits papiers de famille et qui veut qu’on sache, la bonne nièce ! […] Si quelqu’un eût pu s’opposer à la publication de ces Lettres, — qui ne sont pas une Correspondance puisque les réponses n’y sont pas, — c’eût été tout au plus quelque parent de Benjamin Constant, pour peu qu’il eût tenu au genre de renommée qu’a laissée derrière lui l’auteur d’Adolphe… L’idée, en effet, qu’on a de Benjamin Constant, comparé pour l’esprit par ses contemporains à rien moins que Voltaire, se trouve légèrement entamée par ces lettres, qui nous le montrent tout à coup sous l’aspect étonnant d’un sentimental aussi niais que le premier amoureux venu ! L’espèce de fatuité qu’on attribuait à l’auteur d’Adolphe, qui, disait-on, avait dans ce roman écrit sa propre histoire et peint la fatigue d’une liaison qui justifiait le mot fameux des Liaisons dangereuses : « on s’ennuie de tout, mon ange », ne tient plus devant le ton de ces lettres écrites par le plus maltraité des hommes qui aiment, — par le plus patito des patiti qui aient jamais existé !

1704. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Byron »

, laquelle a trouvé que lui, Byron, l’auteur du Corsaire, de Lara, du Giaour, de Don Juan, et de tant d’autres chefs-d’œuvre, était, en termes de cette École : horriblement poncif ; que ses Turcs et ses Grecs ressemblaient à des sujets de pendule ; que tout cela était vieux et passé comme le turban de madame de Staël, comme le Malek-Adel de madame Cottin… Ah ! […] Ô monsieur Taine, c’est un mauvais auteur anglais ! […] Dans un livre34 plein de choses qui n’avaient pas été dites et de contrastes piquants sur la Grèce, l’auteur — A. 

1705. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « Mme de Girardin. Œuvres complètes, — Les Poésies. »

Mais, quand elle écrit de gros ouvrages, et des romans en plusieurs volumes, et des tragédies et des comédies en cinq actes, alors elle est auteur dans le sens laborieux et disgracieux du mot, et le bas-bleu, cette affreuse chose, apparaît dans son foncé terrible. […] Mais moi, par exemple, qui n’ai point de reconnaissance à garder envers la mémoire de Mme de Girardin, moi qui n’ai pas été reçu chez elle et qui n’ai pas bu dans les verres à champagne de ses soupers cette décoction de lotus qui fait oublier la Critique, j’oserai très bien écrire qu’en somme Mme de Girardin, cette Philaminte, mais sans le bourgeois, le cuistre et le grammatical de la Philaminte de Molière, Mme de Girardin, l’auteur des Deux amours, du Lorgnon, de La Canne de M. de Balzac, et dont les deux meilleures chosettes, La Joie fait peur et Le Chapeau d’un horloger, sont des comédies de paravent, ne fut guère qu’un talent de salon qui ne s’élevait pas beaucoup plus haut que les corniches. […] C’est donc l’auteur de Napoline qu’en face du bas-bleu, faisant métier d’écrivain, on doit particulièrement regretter.

1706. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « Amédée Pommier »

C’est à Barthélemy et à Barbier que se raccorde donc mieux qu’à personne le talent ferme de l’auteur du Livre de sang. […] Mais les parentés de talent entre lui et l’auteur des Iambes et celui de la Némésis sont évidentes ; ce sont les chênes tordus et noueux de la même forêt. […] Sainte-Beuve n’a jamais consacré à l’auteur des Assassins, des Océanides, de L’Enfer, de Paris, une de ces Études qu’il méritait.

1707. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « Alfred de Vigny »

Alfred de Vigny, l’auteur des Poèmes philosophiques, peut porter le même nom aujourd’hui. […] Évidemment, de destinée révélée par la physiologie, l’auteur des Destinées semblait fait pour porter la mitre ou la barrette comme Fénelon et le cardinal de Polignac, natures analogues à la sienne, si la Révolution n’avait pas renversé sens dessus dessous toutes les existences, comme la main d’un enfant secoue et mêle, dans leur sac, tous les numéros d’un loto. […] Il y a dans ces Poèmes d’Alfred de Vigny, réunis sous ce nom général de : Destinées, des morceaux qui n’ont pas ce double caractère que je tiens surtout à signaler, et qui se rapprochent de la première manière de l’auteur, mais concentrée, mûrie, calmée ; d’une couleur moins vive, mais certainement d’un dessin plus fort : La Jeune Sauvage, La Maison du Berger, et surtout L’Esprit pur, poésie cornélienne, l’exegi monumentum du poète, dans laquelle, se mesurant à ses ancêtres, gens d’épée dont il raconte admirablement la vie de cour et d’armes : Dès qu’ils n’agissaient plus, se hâtant d’oublier : il se trouve plus grand de cela seul qu’il a mis sur son casque de gentilhomme : Une plume de fer qui n’est pas sans beauté !

1708. (1902) Les œuvres et les hommes. Le roman contemporain. XVIII « Jean Richepin »

L’auteur de La Chanson des gueux, qui se chauffe avec les ossements des tombes et des têtes de morts tant il est affamé de flamme et de tableaux d’un tragique effréné, l’écrivain moins puissant, mais non moins ardemment épris de choses physiques, qui a écrit Les Morts bizarres et Les Caresses, et qui couve, en ce moment, comme le Chaos et la Nuit couvèrent l’Amour dans une terrible mythologie, l’œuf monstrueux de ses Blasphèmes, vient de nous faire, en Madame André, le livre le plus retenu, le plus contenu, le plus rassis, le plus didactique, le plus sage de la sagesse humaine, et le plus en dissonance et en contraste avec ce qu’il nous avait donné le droit de croire ses incoercibles instincts. […] L’auteur de La Chanson des gueux a une si méprisante indifférence pour les journaux et l’opinion qu’ils font, qu’au sien il s’est détourné de son œuvre, avec une légèreté qui n’est pas même un stoïcisme, et qu’il a laissé opérer sur sa personne les sordides et lâches ciseaux de l’industrialisme qui l’ont dépecée. […] Quoique le sujet ait été choisi et traité par un esprit qu’on n’aurait jamais pu croire celui de l’auteur de La Chanson des gueux, des Caresses et des Morts bizarres, il termine les étonnements qu’il cause par l’étonnement du genre de talent qu’on y trouve.

1709. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « M. Jules Sandeau » pp. 77-90

III Et qu’importe, du reste, que La Maison de Penarvan soit un roman ou une histoire ; qu’elle soit quelque touchante anecdote racontée à son auteur au coin du feu ou dans un coin de voiture ; que ce soit un livre déjà connu, déjà écrit et qu’on a repris en sous-œuvre pour y ajouter ! […] Certes, quel que soit le succès du nouveau roman de l’auteur de Mariana et de Mademoiselle de la Seiglière, on ne trouve vraiment dans son œuvre, quand on l’examine sans parti pris, rien qui lui mérite plus d’estime qu’on n’en a jamais eu pour lui. […] Donc, pour nous résumer, œuvre médiocre, vulgairement écrite, nulle de couleur et de caractère, nulle de conviction quelconque, convenable en décence, mais sceptique, avec deux ou trois situations, que l’auteur a trouvé le moyen de gâter encore, voilà l’œuvre à propos de laquelle on a dit que M. 

1710. (1874) Premiers lundis. Tome I « Mémoires sur Voltaire. et sur ses ouvrages, par Longchamp et Wagnière, ses secrétaires. »

Il est bien vrai que les Mémoires de Longchamp et Wagnière empruntent un mérite particulier de la position des auteurs, et que les secrétaires d’un homme de lettres illustre qui deviennent ses historiens réclament de la postérité un quart d’heure d’attention, à tout aussi bon droit que la femme de chambre qui jase de la maîtresse favorite, ou le chambellan qui se remémore le potentat. […] On n’arrive à ces détails clairsemés qu’à travers un texte hérissé d’interminables notes, par-delà onze préfaces, avis, avertissements d’auteur ou d’éditeur ; et on ne peut éviter, chemin faisant, d’entendre MM. 

1711. (1892) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Cinquième série « Gilbert Augustin-Thierry »

Et, après que l’assurance de l’auteur m’a fait hésiter, la demi-obscurité de son programme prolonge cette hésitation. […] Si j’ai bien compris l’auteur de Marfa, il voudrait qu’après la psychologie des personnes on tentât l’étude de ce qu’il y a en nous d’étranger et de supérieur à nous, des influences fatales dont nous n’avons pas clairement conscience et qui ne deviennent intelligibles qu’à la condition de les observer, non plus dans des individus isolés, mais dans des successions ou des groupes d’êtres humains.

1712. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — C — article » pp. 40-47

Voltaire a fait des Tragédies, il est vrai ; mais sa touche est si foible auprès de celle de l’Auteur de Cinna, de Polieucte, de Rodogune, des Horaces, qu’il auroit dû se borner au genre de suffrages qu’il mérite, sans chercher à détruire une espece de culte dont la France & l’Europe Littéraire ne se départiront jamais en sa faveur. […] De petits Auteurs froids & composés auront beau disserter, raisonner, subtiliser, ressasser ces mots imposans de vûes justes & fines, de discernement sûr, de sentiment, de convenance, de sensibilité ; le Héros de notre Tragédie sera toujours en droit de dire, au sujet de ses sentimens & de sa Poésie : Rome n’est plus dans Rome, elle est toute où je suis.

1713. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Clément Marot, et deux poëtes décriés, Sagon & La Huéterie. » pp. 105-113

C’étoit moins l’amour de son pays qui l’affectoit, que l’idée de triompher de l’envie & des auteurs de ses désastres. […] L’auteur suppose que Mercure, venant de Paris, rencontre, dans une avenue de cette ville, Honneur qui se promenoit, & qui s’arrête pour lui demander des nouvelles.

1714. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre premier. Vue générale des épopées chrétiennes. — Chapitre IV. De quelques poèmes français et étrangers. »

Quant à l’auteur du poème de Noé, il a succombé sous la richesse de son sujet. […] III, 10, 3) dit, sur le témoignage de différents auteurs, qu’il rendit la vie à Capanée, à Lycurgue, à Tyndare, à Hyménéus, à Glaucus.

1715. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre second. Poésie dans ses rapports avec les hommes. Caractères. — Chapitre II. Des Époux. — Ulysse et Pénélope. »

Il y aurait une étude intéressante à faire : ce serait de tâcher de découvrir comment un auteur moderne aurait rendu tel morceau des ouvrages d’un auteur ancien.

1716. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome II « Bibliotheque d’un homme de goût — Chapitre XVIII. Des Livres sur l’Art Militaire & sur les sciences qui y ont rapport. » pp. 370-378

L’auteur est un homme de grande expérience. […] Il y a un autre auteur du même nom, qui a publié en 1738. à Paris un Traité de la décoration des Edifices en général, en un vol.

1717. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 25, des personnages et des actions allegoriques, par rapport à la poësie » pp. 213-220

Comme l’auteur ne nous parle point directement dans ces sortes de poëmes, et qu’ainsi il ne sçauroit nous expliquer lui-même ce qu’il veut dire par son allegorie, il nous exposeroit souvent à la lire sans que nous puissions comprendre son idée. […] Mais ou la raison ou l’instinct nous ont fait quitter ce goût très-propre à faire composer de mauvaises pieces par de bons auteurs, et les poëtes qui depuis quelques années ont voulu le renouveller n’y ont pas réussi.

1718. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « Champfleury ; Desnoireterres »

Eh bien, ce qu’on dit encore aujourd’hui si mal à propos de cet auteur, peut-on le dire plus justement de l’école à laquelle Champfleury appartient ? […] Nous sommes fort heureux de le dire, les Talons rouges, simples et élégants récits, très souvent aristocratiques, ne mentiront point à leur étiquette, et ils marquent un progrès incontestable dans le talent de l’auteur, qui s’affermit, s’affine et s’aiguise.

1719. (1922) Gustave Flaubert

Flaubert a fait le sujet d’une thèse de médecine dont l’auteur, M.  […] Réflexion d’auteur assez gauche ! […] Il a besoin de parler pour lui, d’apporter des réflexions d’auteur. […] Mme de Metternich en fit à l’auteur de grands compliments, et aussi Viollet-le-Duc. […] Thyébaut, auteur du Vin en bouteilles, et Rémy de Gourmont s’en fit parfois l’historiographe.

1720. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre VIII : Hybridité »

Quelques auteurs ont ajouté beaucoup d’importance au fait, supposé vrai, que les animaux métis seulement naissaient très semblables à l’un ou l’autre de leurs parents ; mais on peut démontrer qu’il en est quelquefois de même des hybrides, quoique pourtant moins fréquemment, je l’avoue. […] L’auteur a effacé ici un paragraphe. […] Paragraphe modifié par l’auteur depuis la troisième édition anglaise et inséré dans les deux éditions allemandes et dans notre première édition française. […] Paragraphe ajouté par l’auteur depuis la troisième édition anglaise et inséré déjà dans la seconde édition allemande. […] Qu’on songe encore à ce fait si remarquable des variétés diversement colorées de Molènes (Verbascum), et aux autres exemples que l’auteur cite un peu plus loin.

1721. (1928) Quelques témoignages : hommes et idées. Tome II

Si l’on réfléchit que l’auteur des Réflexions sur la violence est un Normand, cette épithète prend tout son sens. […] Seulement, l’auteur de la Terre qui meurt l’applique, cette rare faculté, à sa contrée d’origine, son Anjou. […] Eugène-Melchior de Vogüé ne nous avait pas donné le Roman russe, et l’auteur de Pères et Enfants nous célébrait le génie de l’auteur de Guerre et Paix, si éloquemment, si finement ! […] En cela, il ressemble à l’auteur de l’Imitation. […] Il a eu le courage de refaire dans la marche d’Ancône le parcours suivi par l’auteur au quinzième siècle.

1722. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Benjamin Constant et madame de Charrière »

— Si vous vous rappelez son auteur, c’est ma meilleure amie et la plus aimable femme que je connaisse117. […] Un je ne sais quoi circule qui avertit que l’auteur a beau s’exalter, que l’homme en lui n’est pas touché ni convaincu. […] On ne le prend pourtant pas pour un sot… Tout cela voit beaucoup un jeune Riouffe, qui est auteur des Mémoires d’un Détenu, qui ont eu de la célébrité. […] En politique de même, il perce au fond de tous les écrits de Benjamin Constant un grand désir de convaincre, si toutefois l’auteur était convaincu. […] L’épigramme s’échappe malgré lui, et il donne un petit coup de griffe à la femme auteur.

1723. (1887) Études littéraires : dix-neuvième siècle

Ce ne sont que dix études sur les écrivains de cette période qui ont paru à l’auteur les plus dignes d’un examen attentif. […] Les auteurs classiques, même dans leur poésie lyrique, ne se peignent point et le goût des auteurs classiques pour la poésie dramatique vient en partie de ce que c’est la forme de poésie où la personne de l’auteur et sa pensée intime se dérobent le plus. […] , voilà ce que s’était proposé l’auteur du Génie du Christianisme. […] auteur de la Bouche d’ombre appréciait avec une discrète gratitude. […] L’auteur de ce livre est un des plus anciens.

1724. (1888) La vie littéraire. Première série pp. 1-363

Qu’en dira son confrère, l’auteur du second Gerfaut, M.  […] La faute en est à moi et non à l’auteur. […] Tel est l’auteur du Petit Jehan de Saintré. […] Le tort en est à l’auteur. […] Bonnetain, pour sa part, est l’auteur d’un roman qui ne passe pas pour chaste.

1725. (1890) La vie littéraire. Deuxième série pp. -366

Elles n’intéressent en somme que l’amour-propre des auteurs. […] L’auteur le sait bien. […] J’avoue que jusqu’ici je l’avais fort peu pratiqué comme « auteur ». […] L’auteur de cet article a omis d’indiquer dans sa bibliographie la Relation d’un voyage à Bruxelles et à Coblentz, dont l’auteur n’est autre que Louis XVIII lui-même. […] Il a ses auteurs, qui travaillent pour lui dans la perfection.

1726. (1902) Symbolistes et décadents pp. 7-402

Ici plus de rendu strict ; l’auteur est en son pur domaine du rêve vécu. […] L’auteur déclare refaire à sa manière le rêve de Jean-Jacques. […] Il s’est agi pour l’auteur de tirer des feux d’artifice d’images. […] La généralité des auteurs cherche à épargner toute fatigue et toute intuition nécessaire à leurs lecteurs. […] Il y aura toujours des auteurs difficiles, et il faut sans doute qu’il y en ait puisqu’il y en a.

1727. (1903) Propos de théâtre. Première série

C’est à persuader à un auteur de se jeter par la fenêtre ! […] L’auteur vous en avertit. […] L’auteur pourrait être un ennemi de la maison. […] La diction simple ne semble pas l’idéal cherché par l’auteur. […] L’auteur part de l’étude et de la peinture des caractères.

1728. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « La Fontaine de Boileau »

Comment tout démêler, tout dénoncer, tout suivre, Aller droit à l’auteur sous le masque du livre, Dire la clef secrète, et, sans rien diffamer, Piquer pourtant le vice et bien haut le nommer ? […] Auteur du poème latin des Jardins : voir au livre III un morceau sur Bâville, et deux odes latines du même.

1729. (1874) Premiers lundis. Tome I « M. Tissot. Poésies érotiques avec une traduction des Baisers de Jean Second. »

Une Esquisse sur la poésie érotique, où l’écrivain passe en revue les divers auteurs qui ont cultivé ce genre, depuis Homère jusqu’à madame Dufresnoy, depuis la Bible jusqu’aux Amours des anges, nous a paru également intéressante et instructive. […] Tissot les a trop fait disparaître ; et si l’on y rencontre et plus de raison et moins d’abus d’esprit que dans l’auteur, on y regrette, d’un autre côté, l’absence des mouvements simples, redoublés, variés en cent façons, jeux de la muse, images des jeux de l’amour.

1730. (1874) Premiers lundis. Tome II « L. Bœrne. Lettres écrites de paris pendant les années 1830 et 1831, traduites par M. Guiran. »

Si, en passant à leur tour par cette route lente et difficultueuse qu’elle a glorieusement parcourue la première, les pays voisins nous offrent une répétition affaiblie du spectacle consommé chez nous ; si, dans les moyens, dans les arguments, il y a de leur part emprunts et redites, nous devons leur en savoir gré et redoubler envers eux de faveur, laissant de côté la prétention puérile d’auteurs originaux, et heureux, comme nation, de voir nos principes se répandre et triompher. […] Pour ce qui touche l’auteur de Clara Gazul, toutefois, nous ne saurions passer à M. 

1731. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre V. Un livre de Renan et un livre sur Renan » pp. 53-59

Il ne se peut pas (je sais trop quel délicat est l’auteur) qu’il ne soit pas ravi du charme unique et clair de l’Eau de Jouvence, par exemple. […] On sent que l’auteur a lu ses textes, pointant en marge tous les passages pouvant servir au dénigrement de Renan.

1732. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Deuxième partie. Ce qui peut être objet d’étude scientifique dans une œuvre littéraire — Chapitre VI. Recherche des effets produits par une œuvre littéraire » pp. 76-80

Recherche des effets produits par une œuvre littéraire De même que l’étude attentive d’une œuvre littéraire et de son auteur nous révèle ainsi des causes particulières qui ont agi sur lui et sur elle, de même cette étude peut nous révéler aussi des effets dont cette œuvre et cet auteur ont été le point de départ.

1733. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Sophocle, et Euripide. » pp. 12-19

Il avoit jusques-là très-bien joué le héros, l’auteur qui méprise sa gloire particulière, qui n’aime que le progrès de l’art, son repos & sa liberté, la paix & l’union entre les gens de lettres. […] Paris a été partagé comme Athènes ; & c’est un assez beau triomphe pour l’auteur de Rhadamiste, de compter encore quelques partisans.

1734. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Girac, et Costar. » pp. 208-216

L’on n’imaginoit pas que la touche légère & galante de l’auteur pût jamais être effacée. […] L’auteur y disoit librement sa pensée, & s’y moquoit des suffrages donnés au ton précieux & à la mauvaise plaisanterie.

1735. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre quatrième. Du Merveilleux, ou de la Poésie dans ses rapports avec les êtres surnaturels. — Chapitre premier. Que la Mythologie rapetissait la nature ; que les Anciens n’avaient point de Poésie proprement dite descriptive. »

C’est donc bien vainement que nos auteurs déçus, etc. […] Il faut plaindre les anciens, qui n’avaient trouvé dans l’Océan que le palais de Neptune et la grotte de Protée ; il était dur de ne voir que les aventures des Tritons et des Néréides dans cette immensité des mers, qui semble nous donner une mesure confuse de la grandeur de notre âme, dans cette immensité qui fait naître en nous un vague désir de quitter la vie, pour embrasser la nature et nous confondre avec son Auteur.

1736. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 44, que les poëmes dramatiques purgent les passions » pp. 435-443

Un miserable auteur fait une comédie qui détruit un des principaux élemens de la societé, je veux dire la persuasion où doivent être les enfans que leurs parens les aiment encore plus que ces parens ne s’aiment eux-mêmes. […] L’auteur dont je parle, expose ce mistere d’iniquité sur la scene comique, sans le rendre plus odieux que Terence cherche à rendre odieux les tours de jeunesse des eschines et des pamphiles, que le boüillant de l’âge précipite malgré leurs remords dans des foiblesses que le monde excuse, et dont les peres eux-mêmes ne sont pas toûjours aussi desesperez qu’ils le disent.

1737. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 6, des artisans sans génie » pp. 58-66

Il s’attache ordinairement à quelque auteur qu’il choisit pour son modele. […] Si leur auteur n’y passe pas pour un génie, il y passe du moins pour être bel esprit.

1738. (1864) Cours familier de littérature. XVII « CIIe entretien. Lettre à M. Sainte-Beuve (2e partie) » pp. 409-488

« L’auteur prend encore tous ses plaisirs dans la vie solitaire, mais il y est ramené par l’ennui de ce qui l’entoure, et aussi effrayé par l’immensité où il se plonge en sortant de lui-même. […] Auguste Le Prévost, un ami de l’auteur, peint admirablement l’impression du dimanche, aussi poétique à force de verve que les sonores épanchements de la cloche de village dans la nature agreste de Bretagne par Chateaubriand. […] « Deux grands poètes dominent le monde : Homère en Grèce, l’auteur de la Bible grecque, le Moïse de l’Hellénie, la vaste et incomparable source de toute poésie. […] Mais ces hommes aimaient l’esprit, aimaient le talent, ils en avaient peut-être eux-mêmes, quoiqu’il soit plus sûr encore pour leur gloire, j’imagine, de ne nous être connus comme auteurs, Pollion, de tragédies, Gallus, d’élégies, que par les louanges et les vers de Virgile. […] Dans la première édition l’auteur avait ajouté « laid de visage ».

1739. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « DÉSAUGIERS. » pp. 39-77

Depuis mars 1799, où il donnait au théâtre des Jeunes-Artistes le Testament de Carlin, on le trouverait sans interruption mêlé à une foule de petites pièces de tout genre, opéras-comiques, vaudevilles, tantôt comme auteur unique, tantôt et le plus ordinairement comme collaborateur pour une moitié ou pour un tiers. […] Comme vaudevilliste et auteur dramatique, il prit rang vers 1805, et ne cessa, durant les vingt années qui suivirent, d’attester chaque soir sa présence par cette quantité de folies, de parades, de parodies plaisantes dont les représentations se comptaient par centaines, et qui fournissaient aux Brunet et aux Potier des types d’une facétie incomparable : M. […] Béranger le lui a rendu par ces couplets sémillants qui se sentent si bien de leur sujet : Bon Désaugiers, mon camarade, Mets dans tes poches deux flacons ; Puis rassemble, en versant rasade, Nos auteurs piquants et féconds. […] Il les lisait jusqu’au bout, et écrivait aux auteurs des lettres longues, motivées, paternelles, qui adoucissaient les refus. […] L’aimable chose est si en souffrance pour le quart d’heure, qu’il a dû être raconté et analysé (j’en demande bien pardon à ses mânes) par celui de tous les auteurs de Tristes qui a le moins le bonheur de lui ressembler.

1740. (1865) Cours familier de littérature. XIX « CXIVe entretien. La Science ou Le Cosmos, par M. de Humboldt (3e partie) » pp. 365-427

Ici finit le second volume, qui ne mérite le nom de Cosmos qu’à la fin, quand l’auteur se relève de la misérable contemplation littéraire des écrivains les plus modernes sur la vague nature à sa pensée astronomique, dont la grandeur grandit tout et le contemplateur lui-même. […] Reléguer l’auteur de son âme et, pour éviter de nier Dieu, l’écarter de l’univers ? […] toi dont j’ignore le nom, parce qu’aucun être et aucun Cosmos n’est assez vaste pour contenir l’image ou le son du nom de son auteur ; infini ! […] Le premier objet de cette pensée, partout, chez tous les peuples plus ou moins policés, c’est l’auteur du monde. […] Quant au mouvement, silence ; la science cosmique n’en connaît pas la cause ; un de ces jours elle apportera un nouveau mot qui remplacera dans un néant de plus la divine, ineffable et constante volonté de l’auteur des mondes.

1741. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XIV. La littérature et la science » pp. 336-362

A l’Académie des sciences, Fontenelle, auteur de tragédies et de pastorales, débite avec compétence des éloges de savants. […] Mentionnerai-je à ce propos ces œuvres qui ont pour but d’amuser en instruisant ou d’instruire en amusant et qui ont pour point de départ quelque vérité scientifique dont l’auteur tire hardiment des conséquences extraordinaires ? […] Mieux vaut rappeler encore les sujets nouveaux que telle découverte de la veille a fournis aux auteurs en quête d’histoires émouvantes. […] Il a été scientifique par l’effort des auteurs pour arriver à l’impassibilité, pour éliminer l’émotion personnelle, pour reproduire la réalité tout entière avec l’implacable fidélité d’un miroir, pour substituer à tout parti pris moral la leçon de choses qui se dégage de l’enchaînement des causes et des effets. […] Saint-Lambert, le médiocre auteur des Saisons, a dit ce mot profond : « Les anciens aimaient et chantaient la campagne ; nous chantons et aimons la nature. » Et qu’est-ce que la nature ?

1742. (1904) Prostitués. Études critiques sur les gens de lettres d’aujourd’hui « Chapitre VII. Repos »

Car ces êtres touchants, presque aériens, délicats, frêles comme des ombres, marchent pourtant devant nous en une grâce onduleuse et, par un don singulier, ce sont uniquement les natures poétiques que l’auteur réussit à créer vivantes. […] Entre deux fragments de mémoires nobles et douloureux, l’auteur a placé, d’une audace heureuse, le journal d’une perversité qui s’éveille. […] On admire de telles richesses seulement quand l’auteur disparu n’est plus à notre pauvreté une insulte vivante. […] Et il salue « ce superbe premier livre qui engage fort l’auteur », car « noblesse oblige ». […] Pas plus que le grand méditatif de La Maison du Berger, l’auteur d’Eternité ne vient rêver seul devant la nature.

1743. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Correspondance de Voltaire avec la duchesse de Saxe-Golha et autres lettres de lui inédites, publiées par MM. Évariste, Bavoux et Alphonse François. Œuvres et correspondance inédites de J-J. Rousseau, publiées par M. G. Streckeisen-Moultou. — I » pp. 219-230

Il en est de ces mets de l’intelligence comme de ceux du corps : il vient un moment où même les plus excellents, à force de reparaître et de nous être servis sous toutes les formes, lassent le goût ; il n’était pas jusqu’à Beuchot, l’éditeur passionné de Voltaire, qui, sur la fin, lorsqu’on lui apportait des lettres nouvelles de son auteur favori, ne criât grâce et ne répondit : « Assez, j’en ai assez !  […] Chaque secte est la seule (à l’entendre) qui ait trouvé la vérité ; chaque livre contient exclusivement les préceptes de la sagesse ; chaque auteur est le seul qui nous enseigne ce qui est bien. […] Il n’y a point de maxime si absurde que quelque auteur de réputation n’ait avancée, ni d’axiome si évident qui n’ait été combattu par quelqu’un d’eux.

1744. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Chateaubriand, jugé par un ami intime en 1803 » pp. 2-15

Je reviendrai tout à l’heure, avec plus de détail, sur l’ensemble des conditions qui me semblent à réunir pour aborder avec avantage de tels problèmes biographiques ; mais, en ce qui est de Chateaubriand, l’auteur d’abord s’est peint lui-même, s’est analysé en tous sens dans des portraits de jeunesse ; il s’est réfléchi et projeté à tout moment dans ceux mêmes de ses écrits subséquents qui, par le sujet, auraient dû être le moins personnels ; il s’est, dans sa vieillesse, raconté de nouveau et avec toutes sortes de variations dans des Mémoires dits d’Outre-Tombe. […] Il était tendrement attaché à Mme de Beaumont, l’amie de Chateaubriand ; très lié avec M. de Fontanes, avec tout ce qui entourait l’auteur du Génie du christianisme depuis sa rentrée en France. […] Il est certain qu’il aime mieux les erreurs que les vérités dont son livre est rempli, parce que ses erreurs sont plus siennes ; il en est plus l’auteur.

1745. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Réception de M. Vitet à l’Académie française. »

L’illustre président du 15 avril avait ainsi à parler de la question romantique et de Lesueur, et l’auteur des Barricades devait aborder ce qui assurément y ressemble le moins, la dernière tragédie de Clytemnestre. […] Il eut d’ailleurs la justesse de reconnaître tout d’abord que, dans ce genre mixte, où l’auteur n’est ni franchement poëte dramatique ni historien, mais quelque chose entre deux, on pouvait très-bien réussir, sans qu’il y eût pour cela une grande palme à cueillir au bout de la carrière : l’auteur n’a devant lui, disait-il, ni la gloire des Corneille, ni celle des Tite-Live.

1746. (1881) La psychologie anglaise contemporaine « M. John Stuart Mill — Chapitre III : Théorie psychologique de la matière et de l’esprit. »

Qu’y a-t-il cependant de commun entre ces deux théories que l’auteur confond sous un même nom ? […] L’auteur, qui se plaint de la façon dont sa doctrine a été reçue par ceux « dont les opinions étaient déjà faites », reconnaît que le jugement le moins défavorable a été celui des partisans de Berkeley ou de tout autre idéaliste. […] Notre auteur semble admettre que le lien, « l’union organique », qui existe entre la conscience présente et la conscience passée, en constituant la mémoire, constitue aussi le moi.

1747. (1904) Prostitués. Études critiques sur les gens de lettres d’aujourd’hui « Chapitre V. Chanteuses de salons et de cafés-concerts »

Quand, au milieu des admirations, l’adroit spécialiste s’arrêta avec aux lèvres un sourire aimable et triomphant, Alexandre dit tout haut à quelqu’un de sa suite : « Il convient de récompenser cet homme selon ses mérites : vous lui donnerez un boisseau de lentille. » Qui refusera à l’auteur des Trophées le boisseau de lentilles ? […] La seconde partie du livre m’intéresse davantage parce que l’auteur, au lieu d’y justifier en avocat ingénieux comme un théologien la méthode qu’on lui enseigna, y révèle et y loue — oh ! […] Dans une préface accordée à je ne sais plus quel volume de vers socialistes, il regrette que l’auteur n’ait pas chanté le patron comme l’ouvrier, n’ait pas magnifié « l’héroïsme de travail » du patron et pleuré sur les « heures d’angoisses » ; du patron.

1748. (1824) Notes sur les fables de La Fontaine « Livre septième. »

L’auteur commence par le plus grand ton… Un mal qui répand la terreur, etc… C’est qu’il veut remplir l’esprit du lecteur de l’importance de son sujet, et de plus il se prépare un contraste avec le ton qu’il va prendre dix vers plus bas. […] L’auteur de Tartuffe dut être bien content de cette petite fable. […] et c’est le même auteur qui vous a dit si crûment : votre ennemi, c’est votre maître.

1749. (1760) Réflexions sur la poésie

En poésie même, les auteurs de génie n’en font plus aucun usage ; ils n’osent toutefois le condamner ouvertement dans les vers, à cause de la possession immémoriale où il est d’y régner ; mais en prose le même droit de prescription ne les arrête pas, et ils en font justice sous un autre nom. […] Cependant, pour acquérir le droit d’être plus sévère à l’avenir, elle a pris le parti, depuis quelques années, de laisser aux poètes le choix des sujets, mais elle voit avec peine que les auteurs semblent se négliger à proportion de la liberté qu’elle leur laisse, et de la rigueur qu’elle a résolu de mettre dans ses jugements. […] Peut-être y a-t-il un autre poème épique qui peut jouir du rare avantage d’être lu de suite, sans ennui et sans fatigue ; mais l’auteur a encore un plus grand défaut que le Tasse ; il est français et vivant.

1750. (1824) Notice sur la vie et les écrits de Chamfort pp. -

Letourneur, qui depuis s’est fait connaître par ses traductions d’auteurs anglais, partagea sa disgrâce ; ils parcoururent de compagnie quelques parties de la Normandie, et revinrent demander un asile au collège qui les avait renvoyés, et qui les reprit. […] Représentée en 1776, à Fontainebleau, la tragédie de Moustapha obtint un succès que le public confirma, et qui valut à l’auteur une pension sur les menus et la place de secrétaire des commandements du prince de Condé. […] Il s’était retiré en auteur dégoûté des grands, du monde, et des succès littéraires.

1751. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre premier. Mme de Staël »

Malheureusement beaucoup de ces lettres sont adressées à la duchesse de Saxe-Weymar, et comme toutes les lettres qu’on écrit à des princesses ou à des princes et qu’il faut colleter d’étiquettes ou embarrasser de révérences, elles ont perdu du naturel et de la profondeur que leur auteur pouvait y mettre. […] Delphine et Corinne sont des femmes, de faibles femmes, divines de faiblesse, comme leur auteur. […] Weymar et Coppet. — Par l’auteur des Souvenirs de Madame Récamier. — Chez Lévy.

1752. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre XXI. Mme André Léo »

Elle n’écrit point de traités d’éducation individuelle, comme l’auteur d’Adèle et Théodore. […] Je trouve, en effet, dans son roman intitulé : le Divorce, ces paroles qu’elle met dans la bouche du personnage qui représente l’opinion philosophique de l’auteur. […] Que sont miss Edgeworth, miss Inchbald Simpson, miss Martineau et toutes les misses du diable de l’Angleterre, qui ont écrit des livres moraux sur l’éducation et sur le mariage, en comparaison de Mme André Léo, l’auteur du Mariage scandaleux et des Filles de M. 

1753. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Odysse Barot »

L’auteur a écrit dans son titre : contemporaine, quoique ce fût l’histoire de toute la littérature anglaise à toutes les époques qu’il écrivait, parce que, pour lui, le démocrate et le socialiste moderne, l’important, c’est la littérature contemporaine, qui roule le socialisme, le matérialisme, le positivisme, et toutes les menaçantes horreurs de ce temps dans ses flots ! […] Il a pour eux ce que j’appellerai des faiblesses… Savage Landor, ce républicain insensé (et c’est son excuse), qui légua sa fortune à celui qui assassinerait Napoléon III (un utilitaire de la démocratie), l’insulteur de Pitt et de Fox à la fois ; Thomas Hood, l’auteur du chant socialiste de la Chemise, que Barot nous traduit comme une merveille ; madame Browning, l’auteur du Cri des enfants, qui, par parenthèse, n’est pas naïf comme l’enfance ; Swinburne, le transfuge de l’aristocratie dans le camp populaire ; Alfred Austin, le satirique contre les rois et les prêtres ; madame George Eliot, madame Beecher-Stowe, tout ce menu fretin littéraire s’ils ne lui paraissent pas des colosses, lui paraissent cependant plus grands qu’ils ne sont en réalité.

1754. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « Louis Vian » pp. 373-387

La biographie de Nelson, si fort admirée en Angleterre, est moins épique que son héros et même que le visage de son auteur, la seule chose épique qu’il y eut en Southey, disait lord Byron. […] L’auteur y parle des jésuites et — comme c’est peu avocat !  […] Pourquoi, pendant qu’il y était, l’auteur ne s’est-il pas débarbouillé aussi de sa préface ?

1755. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « Les Césars »

L’auteur était un homme froid d’esprit, chaud de cœur. […] Pour n’avoir pas compris la nécessité de l’Empire, l’auteur des Césars n’en a pas compris la faiblesse. […] Si l’auteur des Césars avait creusé, comme il le pouvait mieux que personne, les idées sur l’Empire que nous touchons à peine ici, il eût fait mieux encore (quoiqu’on ne puisse plus s’y méprendre) saillir les différences ou les analogies qu’il y a entre nous, modernes et chrétiens, et la vieille société romaine.

1756. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « Le roi René »

C’est Lecoy de la Marche, l’auteur de cette nouvelle Histoire du Roi René 26, — car elles ont plu, depuis quelque temps, les histoires sur le roi René ! […] Je ne connais que son livre, qui m’a attiré par l’obscurité de son auteur. […] Le hasard seul d’une trouvaille de bibliothèque, le bonheur de quelque carton à renseignements découvert, a pu lui faire mettre la main précisément sur ce sujet d’étude, si éloigné des préoccupations de ce temps, et travaillé, du reste, je le reconnais, avec une conscience qui devrait être du talent, pour sa peine, mais qui malheureusement ne l’est pas toujours… L’auteur de cette récente histoire du roi René l’a proprement nettoyée de tous les récits légendaires qui l’obstruaient, car la Légende s’était enroulée comme une liane autour de ce vieux chêne qu’elle avait fini par cacher.

1757. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « La Femme et l’Enfant » pp. 11-26

Nous le tirons des paroles même de l’auteur. […] Voilà pourtant ce que l’auteur du livre de La Femme et l’Enfant n’a pas compris, ou ne s’est pas rappelé, quand il a pensé à alléger la masse de douleurs et de misères pour lesquelles l’Église catholique a plus fait que toutes les civilisations réunies. […] En présence des misères qu’il avait à invoquer et à décrire, un homme, un chrétien, se serait passionné ; mais, avec sa panacée universelle de l’accroissement de la richesse, l’auteur de La Femme et l’Enfant n’est plus qu’un honnête économiste animé de philanthropie, et nous connaissons depuis longtemps l’accent très peu émouvant de cette philanthropie, qui est la caricature glaciale de la charité.

1758. (1895) Les œuvres et les hommes. Journalistes et polémistes, chroniqueurs et pamphlétaires. XV « Émile de Girardin » pp. 45-61

I Lorsque le flageolet de la réclame annonça que Μ. de Girardin, le trop célèbre rédacteur de La Presse et l’auteur de La Politique universelle, venait de terminer une comédie, on put se demander si le journalisme, exercé pendant longtemps, avait l’heureuse propriété de donner à un homme, sur le tard de sa vie, des facultés que personne ni lui-même n’avaient jusque-là soupçonnées. […] Si une notoriété exagérée et presque coupable ne s’attachait au nom de l’auteur, nous laisserions cette chose médiocre périr dans l’oubli sous le poids de sa médiocrité. […] Rodrigues, qui ne paraît pas et qui n’a pas besoin de paraître dans les combinaisons de l’auteur.

1759. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XVIII. Lacordaire »

Pendant que son auteur va à l’Académie, le livre du P.  […] Or, c’est bien d’amitié qu’il s’agit et d’amitié humaine, car le livre s’ouvre justement par la plus singulière théorie sur l’amitié, l’amitié que l’auteur met, de son autorité privée de moraliste, au-dessus de tous les sentiments de l’homme. […] Elle vient de la déclamation foncière de l’auteur dans ce livre faux de Sainte Marie-Madeleine.

1760. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XXIX. M. Eugène Pelletan »

Pelletan restera la profession de foi — isolée — de son auteur aux incomparables grandeurs et à la vérité du dix-neuvième siècle, et nous ne disons pas assez, à toutes les grandeurs et à la vérité de tous les siècles qui le suivront. […] Mais qu’importera peut-être à l’auteur ? […] Mais quoi qu’il en puisse être, l’auteur de la Profession de foi du dix-neuvième siècle est un mystique ; c’est un mystique dans l’erreur comme il y a des mystiques dans la vérité.

1761. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XXX. Saint Anselme de Cantorbéry »

c’est moins l’auteur et la force de son esprit qui créent le succès que les circonstances. […] La forme scientifique des idées que l’auteur y expose pouvait bien ne pas l’attirer avec puissance, mais ces idées, elle les pressentait. […] Le Saint Anselme d’aujourd’hui est bien de la même main qui écrivit l’Abailard, et il y a quelques années, cet Essai de philosophie en plusieurs volumes qui, erreurs à part, accusait plus d’aperçus et de verve cérébrale que les livres publiés depuis par l’auteur.

1762. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « L’abbé Christophe »

Il n’y a plus là ni d’auteur, ni de personnalité littéraire : il y a l’homme de l’idée et le serviteur de l’Église et de la Vérité. […] L’auteur était un laïque, un professeur et un protestant, tandis que Rohrbacher n’était qu’un prêtre catholique, deux fois suspect pour cette raison en ce temps d’impiété. […] L’auteur, solide et mesuré, ne passionne jamais son lecteur, et même il l’impatiente, quand ce lecteur est passionné… Rien dans son livre de nouveau et de révélateur sur les hommes et les événements du temps qu’il parcourt.

1763. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Edgar Quinet. L’Enchanteur Merlin »

Dans son livre d’aujourd’hui qui, malgré la prose, est un poème dans la pensée de son auteur, et un poème où, comme dans Childe-Harold (car M. Quinet fait toujours toutes choses comme quelqu’un), la personnalité de l’auteur se mêle souvent à celle du héros, je trouve ces lignes parfaitement nettes sous leur emphase : « D’autres peut-être seront loués plus que moi dans leurs pièces détachées. […] Quinet, l’auteur de Merlin l’Enchanteur, a toujours, en sa qualité d’esprit allemand, été panthéiste ; son Dieu a toujours été « le Dieu inconnu du bon Merlin » qu’il appelle, ce bâtard d’un incube et d’une Sainte violée : « Le prophète des jours heureux dans les temps futurs », et c’est ce Dieu-là, dont le livre de M. 

1764. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « Madame Ackermann »

Lucrèce lui-même, qu’en quelques endroits l’auteur des Poésies philosophiques rappelle ; Lucrèce, ce poète des choses, mais qui n’en avait pas les larmes, n’a point non plus cet athéisme net, articulé et définitif, qui étreint le néant avec des bras pâmés d’Ixion s’efforçant de féconder sa dernière chimère. […] Et Dieu, qui se moque cruellement de nous, a voulu que ce fût une femme… Madame Ackermann, dont je ne sais guères que ceci : c’est qu’elle fut l’amie de Proudhon, est l’auteur de ces Poésies philosophiques. […] Par la nature de son inspiration bien plus que par celle de ses facultés, l’auteur des Poésies philosophiques ne devait-il pas être forcément plus ou moins stérile ?

1765. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Arsène Houssaye » pp. 271-286

Et ce n’est point là une mystification de l’auteur. […] Mais, certainement, ni pour l’auteur, ni pour nous, elle n’en est une. […] Et c’est cette ironie, toujours prête et qui passe jusqu’entre les baisers qu’on se donne dans l’œuvre de Houssaye, et on s’y en donne beaucoup, puisque c’est l’histoire des amours, faux ou vrais, du Paris du xixe  siècle ; c’est cette ironie, qui se tortille à travers toutes ces roses et ces camélias comme le serpent de la sagesse et de la science de la vie, qui fait de l’auteur des Grandes Dames, en fin de compte, un moraliste.

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