Je ne cite d’ailleurs que les traités de méthodologie composés par les savants, car, si je voulais parler des philosophes, cette énumération serait interminable. […] Par une étude approfondie de ces divers travaux, le philosophe réussirait à se former ce que j’appellerai volontiers la psychologie de l’esprit scientifique. […] L’auteur, sans contredit, parle très-noblement de la philosophie, et il ajoute qu’il aime beaucoup les philosophes. Je lui répondrai que, pour ma part, j’aime infiniment les savants ; mais enfin il faut reconnaître que, tout en s’aimant beaucoup, philosophes et savants sont assez disposés à prendre leurs avantages un peu aux dépens les uns des autres. Les philosophes ont longtemps essayé, selon l’expression de M.
Entre philosophes, la dédicace d’un livre, n’est-ce pas comme un mariage d’idées ? […] Du reste, philosophe ou antiquaire, M. […] Caro, — et nous prenons acte de ceci, venant d’un philosophe, — nous les donne pour les précurseurs de Hegel. […] À notre sens, le philosophe inconnu n’existe réellement que dans sa pensée religieuse, et c’est exclusivement là qu’il faut le surprendre et le chercher. […] — Essai sur la vie et les doctrines de Saint-Martin, le philosophe inconnu, par M.
Pour les philosophes dont je parle, le problème se pose ainsi : Le fond périra-t-il avec la forme ? […] Les philosophes auront beau mettre tous les ménagements possibles dans leurs rapports avec la religion, ils n’empêcheront pas leurs semblables de se détacher comme ils se sont détachés eux-mêmes : si vous n’avez pas la foi, pourquoi voulez-vous que je l’aie ? […] Un philosophe n’est pas dispensé d’être patriote, citoyen, père ou fils, pourquoi se dispenserait-il d’être religieux ? […] Le déiste ne ressemble pas mal à un philosophe qui se contenterait de démontrer l’existence du beau, mais qui ne serait jamais sorti de son cabinet pour contempler les beautés de la nature et de l’art. […] Sur ce terrain élargi, les chrétiens pouvaient donner la main aux philosophes, et ceux-ci de leur côté n’ont pas de raison pour s’y refuser.
Après lui avoir accordé — trop accordé — les dons étincelants de la verve, de l’expression, de l’improvisation inouïe et de la patience qui cherche l’idéal, plus étonnante encore, Wallon, ce malin terrible, refuse à Cousin la seule chose à laquelle Cousin ait prétendu toute sa vie, — il lui refuse d’être philosophe. […] Tout enseignement a sa tyrannie. « Le professeur de philosophie — dit Wallon à la page 8 de son livre — est l’opposé d’un philosophe. Il ne doute pas ; il enseigne et disserte quand il faudrait méditer… Tandis que pour n’être jamais pris au dépourvu il affirme souvent ce qu’il ignore, le véritable philosophe nie même ce qu’il sait. […] Il s’est donné pour but de déshonorer le fondateur de l’éclectisme comme philosophe en l’honorant comme écrivain, comme orateur, comme… — il faut bien dire la chose puisqu’elle est, — comme le plus prestigieux comédien intellectuel qui se soit joué des comédies à soi-même, et, pour le déshonorer mieux, il l’honore trop. […] et ne pas ajouter : sublime, car le mot d’enfant sublime, c’est le mot d’un poète sur un poète, et non pas d’un philosophe sur un philosophe.
Un éminent philosophe danois en a signalé quatre. […] Le philosophe n’a pas toujours cette patience. […] Voilà le langage que nous tenons au philosophe. […] Là s’en tient le philosophe qui reste dans l’abstrait. […] Ravaisson, qui était un philosophe hors cadre.
On peut dire que, chez Frédéric, si le grand roi était comme doublé d’un philosophe, il était compliqué aussi d’un homme de lettres. […] Frédéric jugeait bien encore des moralistes et philosophes anciens, ou même des poètes philosophes en qui la pensée domine, tels que Lucrèce : « Lorsque je suis affligé, disait-il, je lis le troisième livre de Lucrèce, et cela me soulage. » Pourtant, même dans ce qui faisait l’objet de ses lectures familières, il y regardait si peu de près quant à l’érudition, qu’il lui est arrivé de ranger par mégarde Épictète et Marc Aurèle au nombre des auteurs latins. […] D’ailleurs, le Frédéric primitif et juvénilement enthousiaste a disparu ; il a fait place au philosophe, à l’homme supérieur expérimenté qui ne tâtonne plus en rien. […] D’Alembert reste sage, il reste philosophe et ami jusqu’au bout, et fidèle à Mlle de Lespinasse. […] Les plaies du cœur sont les plus sensibles de toutes, et, malgré les belles maximes des philosophes, il n’y a que le temps qui les guérisse.
Il n’est pas philosophe, et il est poète : de là son histoire de la philosophie et son éclectisme. […] Un philosophe cherche à trouver et à prouver des vérités générales, rien de plus. […] Il le corrigera pour plus de sûreté, et y joindra, pour l’édification du lecteur, la plus étonnante préface qu’un philosophe ait jamais écrite. En voici le sens : Je ne suis pas philosophe, je suis prédicateur. […] Nous prendrons pour arguments ceux des philosophes qui nous ont précédés.
De même que Manéthon, le grand prêtre d’Égypte, interpréta l’histoire fabuleuse des Égyptiens par une haute théologie naturelle, les philosophes grecs donnèrent à la leur une interprétation philosophique. […] En troisième lieu, ces fables tant célébrées pour leur sagesse et entourées d’un respect religieux ouvraient mille routes aux recherches des philosophes, et appelaient leurs méditations sur les plus hautes questions de la philosophie. […] Un dernier motif, assez puissant à lui seul, c’est la facilité que trouvaient les philosophes à consacrer leurs opinions par l’autorité de la sagesse poétique et par la sanction de la religion. De ces cinq motifs les deux premiers et le dernier impliquaient une louange de la sagesse divine, qui a ordonné le monde civil, et un témoignage que lui rendaient les philosophes, même au milieu de leurs erreurs. Le troisième et le quatrième étaient autant d’artifices salutaires que permettait la Providence, afin qu’il se formât des philosophes capables de la comprendre et de la reconnaître pour ce qu’elle est, un attribut du vrai Dieu.
Jean Reynaud a un mérite que les philosophes doivent singulièrement apprécier, et qui ne tient ni à ses idées ni à la force de son génie. […] Jean Reynaud est d’être, — au dix-neuvième siècle, — bien plus un hérétique qu’un philosophe. […] Les philosophes ont le verbe âpre et haut. […] Et voilà justement ce qui a produit sous la plume de ce philosophe singulier, qui a le coup de marteau de la théologie, un chaos également monstrueux pour les théologiens et pour les philosophes ! […] Telle est la conclusion que les hommes pratiques tireront de la doctrine du philosophe.
Nous n’avons point à faire un travail d’Hercule en sondant les reins ou le cœur des philosophes, ces étables d’Augias humaines. […] Ainsi, le Saint, l’homme de la foi et de l’obéissance, voilà le grand côté de saint Anselme, qu’un historien, qui n’eût pas été philosophe, aurait fortement éclairé. […] Mais M. de Rémusat n’a pas seulement été philosophe dans son livre, il a essayé d’être historien. […] Grâce à cette théocratie, que M. de Rémusat condamne dans son livre par la raison très philosophique que l’opinion de l’Europe moderne, qui a la tête déformée par les philosophes, lui est, en ce moment, hostile, l’influence du monde chrétien avait pris le monde musulman et pénétré l’Asie et l’Afrique. […] Systèmes qui mourront et ressusciteront plus d’une fois encore, si les hommes doivent s’occuper longtemps de ce que les philosophes appellent des vérités éternelles, lesquelles n’ont d’éternel peut-être que leur inutilité !
Ballanche, qu’on peut citer sans trop descendre quand on parle de Lamennais, Ballanche, qui a de si grandes parties d’artiste, n’est pas plus, au fond, un philosophe, qu’un somnambule, fût-il très lucide, n’est un observateur. […] Ainsi, dans ce livre éminent, la métaphysique, à propos de la question de Dieu qui domine toutes les philosophies, fait la contre-épreuve de l’histoire, et le philosophe arrive par son chemin couvert, par la route interne de la réflexion, à la conclusion extérieure des faits mystérieux qui gouvernent le monde. […] Le philosophe n’a pas rongé le prêtre. C’est au contraire le prêtre que vous sentez dans le philosophe, lorsque vous lisez le traité de l’abbé Gratry. […] Pour nous, qui ne sommes pas philosophe et qui ne nous vantons que d’être chrétien, le mérite du Traité de la Connaissance de Dieu est bien au-dessus d’un mérite purement scientifique, et nous l’admirons principalement parce qu’il arrive de toutes parts aux conclusions du bon sens, de la tradition, de l’histoire.
Ces principes établis, le Philosophe ne marcha plus au hasard & selon le gré d’une imagination vagabonde : il suivit des guides sûrs & infaillibles, qui, lui découvrant la vérité, lui apprirent, par une chaîne non interrompue de conséquences, à agrandir le cercle de nos idées. […] Descartes, malgré ses illusions, fut grand par lui-même ; le Philosophe Anglois ne le fut qu’avec le secours des lumieres de son prédécesseur. […] Mais un genre de triomphe que le Philosophe Anglois ne partage point avec le nôtre, c’est la Métaphysique. […] En étendant les connoissances humaines, aucun Philosophe ne prouva mieux les vérités divines. […] Est-ce l’élévation de l’ame qui rend nos Philosophes si sensibles aux plus petites offenses, & si actifs pour les venger ?
Taine, qui l’avait signée, est l’auteur de ce livre, Les Philosophes français, dans lequel il n’est pas dit un mot de ce grand philosophe français, M. […] Il n’est pas philosophe à la manière de M. […] … Les philosophes auraient-ils leurs expiations ou leurs pardons d’injures, comme ces misérables chrétiens qu’ils méprisent ? […] Ce n’est pas lui qui aurait dit cette netteté, par exemple : « Les philosophes, voilà les seuls prêtres de l’avenir ! […] Jules Simon, nous le trouvons bien brave et bien franc, et presque bien grand philosophe, ce pauvre M.
Dans l’antiquité, M. de Beauverger nous cite Platon, Xénophon, Polybe, Cicéron, saint Augustin ; — mais Platon n’est qu’un poëte, et saint Augustin est un prêtre chrétien, ce qui est tout le contraire d’un philosophe. […] Ils comptent comme prêtres et non comme philosophes, mais qu’est-ce que Languet et Hotman ? […] Voici Bacon et Descartes, il est vrai, voici Spinosa, mais le néant revient : qu’est-ce que Thomas Smith et Thomas Morus, et Sidney, et Nedham, et Milton, Milton, comme philosophe ? […] En effet, avec ce point de vue des deux économiques d’ici-bas, qui simplifie tout en embrassant, par leur côté le plus général, tous les philosophes et toutes les philosophies, la preuve eût été suffisamment faite du peu de progrès que la Philosophie est réellement en droit de compter. […] Il n’est qu’un philosophe de demi-teinte, de deuxième ou troisième degré, — nous le voulons bien, — mais il faut être quelque chose de plus qu’un philosophe, même en taille-douce, pour juger la philosophie, et par la raison qu’il faut être toujours supérieur à ce que l’on juge pour le bien juger !
Lélut, surtout les mémoires qui y sont joints, comme une des sources les plus précieuses à consulter pour les philosophes physiologistes et les physiologues philosophes. […] Le second volume surtout intéressera les philosophes par des analyses psychologiques fines et neuves sur les sens, l’imagination, les rêves, les hallucinations. […] Tandis que certains physiologistes portaient leurs études jusque sur les confins de la philosophie, il est juste de dire que les philosophes de leur côté essayaient une marche en sens inverse. […] De jeunes philosophes se sont mis sur ses traces : un surtout s’est signalé dans cette direction, M. […] Néanmoins les philosophes ont précisément la faiblesse d’aimer les questions qui sont encore à l’état de nébuleuses ; ils aiment ces problèmes où il y a du pour et du contre, comme donnant plus à faire à l’activité propre de l’esprit ; je soupçonne même qu’on les contrarierait, si des démonstrations irrésistibles les privaient du plaisir de la controverse et de la dispute.
Ces deux philosophes remplirent la Grèce du bruit de leurs divisions. […] Aristote, au contraire, n’avoit rien de l’austérité d’un philosophe. […] Quant à la différence des talens de ces deux philosophes, il faut lire dans le père Rapin leur ingénieux parallèle : « L’esprit de Platon est plus poli, & celui d’Aristote est plus vaste & plus profond. […] On a surnommé Platon l’Homère des philosophes. […] On reproche à ce philosophe de s’être mêlé de quelques intrigues à la cour de Philippe & d’Alexandre.
Nous rebuterions nos lecteurs en repassant avec eux pas à pas sur les traces du philosophe de Stagire. […] Telle est l’opinion de Barthélemy Saint-Hilaire, le philosophe traducteur du père des philosophes. […] Mais je dis que les germes de tout ce qui a suivi sont déjà dans l’œuvre du philosophe grec. […] Il réfute les philosophes qui ont attribué au seul élément du feu ce grand acte de la nutrition. […] Quel est le devoir du philosophe ?
Comme philosophe, il n’ajoutera point à sa renommée d’historien, à cette honte éclatante qui a fait plus de bruit que la gloire. […] Il fut officiellement classé, coté et paraphé comme philosophe et comme savant. […] Tel le philosophe et tel l’écrivain dans M. […] Si, au lieu d’être un philosophe comme M. […] Renan le philosophe et de ses pareils qui, dans l’avenir, pourra davantage !
Pendant deux générations remarquables d’ailleurs par leur activité intellectuelle, l’Angleterre avait abandonné l’étude scientifique de l’esprit humain que cultivaient avec éclat les philosophes du continent. […] Tous les philosophes, depuis Aristote jusqu’à Hegel, ont remarqué la supériorité de la vue et de l’ouïe sur les autres sens, en observant que la vue et l’ouïe sont proprement les sens du beau. […] C’est ce que veulent dire les philosophes anglais quand ils définissent la psychologie tantôt la physique, tantôt l’histoire naturelle de l’esprit. […] Cette interprétation de la méthode des philosophes anglais ne laisse aucun doute après leurs déclarations formelles à cet égard. […] Un jeune philosophe de l’école expérimentale, qui porte dans les recherches de ce genre la netteté d’intuition, la vigueur d’analyse, la précision de langage propres à l’esprit français, M.
Mais en reconnoissant les défauts du Bel-Esprit, on ne peut s’empêcher de rendre justice au Philosophe. […] L’Astronome comme le Moraliste, le Médecin comme le Géometre, le Chimiste comme le Mécanicien, le Philosophe comme l’Homme d’Etat, y reconnoissent l’Homme supérieur dans chacune de leurs parties, comme s’il ne se fût attaché toute sa vie qu’à elle seule. […] Il étoit Philosophe dans toute l’étendue du terme, & cependant il fut toujours éloigné de ce ton dogmatique, de ce style avantageux, de cet orgueil apprêté, de cette aigreur de ressentiment, de cette intolérance presque fanatique, qui fait le caractere dominant de ceux qui ne sont Philosophes que dans le sens actuel. […] La finesse, les graces, l’abus de l’imagination, la subtilité de l’esprit dans le style : le même esprit doué de la plus grande pénétration, étincelant des plus vives lumieres, enrichi des plus vastes connoissances ; tels sont les défauts & les qualités qui fixeront le jugement qu’on doit porter de M. de Fontenelle, comme Littérateur & comme Philosophe.
Lorsqu’il donna, en 1760, sa Comédie des Philosophes, il se vit accablé de tout ce que les persécutions littéraires peuvent avoir de plus amer & de plus odieux. […] Si le plan des Philosophes ressemble un peu trop à celui des Femmes Savantes, pour laisser à l’Auteur la gloire de l’invention, il a du moins su se procurer celle qui doit être le prix du ton de la bonne Comédie, d’une versification heureuse, énergique, & facile. […] Palissot a essayé de donner une suite à sa Comédie des Philosophes, en composant l’Homme dangereux. […] L’impression a dédommagé de la représentation, & c’est toujours beaucoup d’être à portée de juger, à la lecture, que cette nouvelle Comédie a des traits encore supérieurs à celle des Philosophes. […] Ses petites Lettres sur de grands Philosophes, ses Lettres à M. de Voltaire, ses Mémoires Littéraires surtout, sont d’une tournure, d’une vivacité, d’une raison qui le placent, avec distinction, parmi ceux qui ont le vrai talent d’écrire.
les premiers philosophes ont été poètes ; Horace est le bréviaire des philosophes ; Molière, par sa connaissance des hommes et du cœur humain, Corneille, par la force du raisonnement, étaient ou grands philosophes, ou faits pour l’être. Celui qui nous a donné la meilleure poétique est un des plus grands philosophes de l’antiquité ; les vers du Virgile de nos jours sont remplis d’une philosophie aussi solide qu’agréable ; enfin j’ai vu un roi, qui pour avoir gagné douze batailles n’en était pas moins philosophe et homme de lettres, avoir auprès de lui, sur la même table, Athalie et les Commentaires de César, et douter lequel des deux ouvrages il aimerait mieux avoir fait. Je sais que Platon a banni les poètes de sa république ; mais entre nous, et je ne vous dis cela qu’à l’oreille, Platon était un ingrat, bien plus digne encore d’être compté parmi les poètes que parmi les philosophes. […] Vous voyez que je vous abandonne de bonne grâce les philosophes qui ont eu des torts réels avec vous ; abandonnez-moi de même les mauvais poètes. […] Alexandre, César, ce roi philosophe dont je viens de vous parler, tous d’aussi bonne maison que ces messieurs, et à ce que je crois, un peu plus grands hommes, seraient d’un autre avis, plus juste et plus flatteur pour celui dont je parle ; et le public, plus fort que tous les gens à la mode, le dédommagera, par son suffrage, de ceux qu’il n’aurait pas le bonheur d’obtenir : ce public, un peu dur quelquefois, mais toujours respectable, prendrait la liberté de dire à ses frivoles censeurs : Rien n’est si ridicule que de vouloir attacher du ridicule aux talents, et de paraître dédaigner ce qu’on n’est pas en état de faire.
Malheureusement, Weill, qui a parfois de l’aperçu, veut être philosophe, et il abandonne trop la délicieuse rêverie du sentiment, qui est une plénitude, pour cette rêverie de la pensée, qui est un vide ! Il y a bien encore çà et là dans ce livre, qu’il a écrit pour la tête blonde de sa fillette, de ces touches honnêtes, tendres et rosées du Greuze qu’il fut dans ses meilleurs jours ; mais ce qui domine le livre, ce qui lui donne sa physionomie, c’est le philosophe, et le philosophe qui ne doute pas une minute de son fait et qui morgue le lecteur de son aplomb suprême ! […] Matérialiste autant qu’il puisse l’être de doctrine et d’inspiration première, Weill, qui n’est pas un philosophe à une philosophie, mais un philosophe à plusieurs, n’est pas seulement matérialiste par le fond réel de son livre ; il prétend être encore spiritualiste par l’intention et par le détail. […] philosophe, mais n’ayant pas une philosophie ordonnée et conséquente qui lui soit propre, pas plus qu’écrivain il n’a un talent littéraire tranché et pur, quoiqu’il en ait un, — mais non assez essuyé de ces fumées philosophiques qui en ternissent la couleur quelquefois charmante. Moitié artiste et moitié philosophe, moitié Français et moitié Allemand, Weill est confusément une foule de choses ; il n’est rien avec précision, avec la précision qui fait la nette, l’indéniable supériorité !
Ainsi, impuissance, infécondité, voilà, pour une critique qui dédaigne les apparences et les mots d’ordre, ce qui frappe d’abord dans Cousin, le chef d’école et le philosophe, et ce qui sape, du premier coup, la prétention la plus étalée et la plus fastueuse de sa vie ! […] Le talent de Cousin est suprêmement et exclusivement un talent d’orateur, de phraseur, de flûteur, de musicien, de pousseur de son sur des sujets philosophiques, et, toute sa vie, c’est avec cela qu’il a fait illusion sur le talent de philosophe qui lui manquait, et dont l’absence a dû parfois humilier cruellement son amour-propre et sa pensée… Allez ! […] l’incroyable aveu de son ancien maître, à la page 75 de ses amusants et terribles Philosophes salariés, comme s’il avait voulu nous donner, à nous autres critiques, une juste idée de l’homme qui, à quatorze ans de distance, caractérise de cette gaillarde manière le livre qu’il réimprime avec un si grand sérieux aujourd’hui. […] Encore une fois, ce fut là un succès très grand, et qui a donné de l’importance à la vie de Cousin, mais ce fut un succès d’époque, de parti, de parole, presque incompréhensible à présent quand on lit ces discours dédoublés de l’homme qui les prononça, ces discours devenus un livre, sans conviction et sans vérité, déshonorés, d’ailleurs, par l’aveu cynique et brutal du philosophe qui, à quatorze ans de là, se félicite d’avoir rencontré un complice de mensonge dans un autre philosophe comme lui. […] C’est un lettré philosophique ; ce n’est pas un philosophe !
L’objection la plus répandue contre l’histoire de la philosophie est celle-ci : les philosophes, dit-on, feraient beaucoup mieux de nous apprendre ce qu’il faut penser que de nous apprendre ce que les autres ont pensé. […] On ne peut lui interdire de juger ; mais si d’un jugement rapide et concis il passe à la discussion, et si de la discussion elle-même il tire une conclusion sur le fond des choses, il cesse d’être historien et devient philosophe. […] En un mot, un ou deux philosophes me suffiront pour épuiser toute la philosophie, car tout est dans tout. […] Que me font, dites-vous, les opinions des philosophes ? […] Les conceptions des philosophes peuvent être plus ou moins arbitraires quant à leur objet : elles ne le sont pas quant à leur origine et à leurs causes, lesquelles sont dans les lois de l’esprit.
De là tant de déclamations contre l’homme social, & tant de transports pour l’humanité ; ces sorties violentes contre les Philosophes, & cette manie à favoriser leurs sentimens. […] Le comble de l’illusion dans les Philosophes, est de se croire réservés à des découvertes pour le bonheur des hommes ; & le comble du crime est de nous ravir le bonheur présent, sous l’espoir de cette chimere. […] Vraiment Philosophe à cet égard, il a constamment dédaigné d’employer des armes indignes de ses sentimens, de son mérite, & du Public. […] Mais que penser de ces Philosophes qui, aussi peu convaincus que zélés pour convaincre les autres, ne sacrifient qu’à l’orgueil de leurs prétentions & aux intérêts de leur existence, la simplicité de ceux qui les écoutent, la crédulité de ceux qui adoptent leurs principes, & la stupidité de ceux qui les réverent & les protégent ? […] Ils ne lui ont jamais pardonné & ne lui pardonneront jamais d'avoir dit, dans un de ses Ouvrages : « Que font les Philosophes, si ce n’est de se donner à eux-mêmes beaucoup de louanges, qui, n’étant répétées par personne autre, ne prouvent pas grand’chose, à mon avis ?
L’artifice de nos Philosophes s’est efforcé de suppléer au courage qui leur manque. […] Quel doit donc être un cœur philosophe, à en juger par l’odieuse morale qui en découle ? […] Ces Philosophes, eux-mêmes, ne se verroient-ils pas les premieres victimes de leur Doctrine anthropophage, pour peu qu’on s’avisât de s’y conformer ? […] Voilà les guides effrayans que les Philosophes osent substituer au flambeau de la Religion qu’ils outragent, & dont toutes leurs folles déclamations ne détruiront jamais l’autorité. […] Que le Philosophe incrédule murmure contre l’autorité de ses dogmes ; ce joug ne paroîtra pénible qu’à l’indocilité qui ne réfléchit point.
On ne peut donc que le plaindre d’avoir eu le courage de paroître Philosophe, avec tant de risques ; & la foiblesse de n’oser cesser de l’être, avec tant de moyens d’assurer sa gloire par d’autres bons Ouvrages qu’il étoit capable de donner. […] Je pourrois, à mon tour, lui rappeler les anecdotes qu’il m’apprenoit chaque jour sur le compte des Philosophes, les plaisanteries que nous en faisions ensemble, les éloges qu’il a donnés à des Productions où ils étoient attaqués. […] La crainte d’une inimitié redoutable put bien imposer silence à son indignation, pendant que le Philosophe Géometre m’accabloit d’injures en style de Crocheteur : elle ne put ni étouffer le mépris que méritoit un tel procédé, ni l’empêcher de me dire le lendemain en propres termes : Ces vilains Philosophes dégradent perpétuellement les Lettres. […] Lisez, M., lisez les Questions sur l’Encyclopédie * ; & si vous vous rappelez la maniere dont certains Sauvages traitent leurs ennemis, qu’ils mettent en pieces après leur mort, vous aurez une idée de celle dont l’honnête Philosophe des Alpes a traité cet Ecrivain, jusqu’alors l’objet de ses adulations. » *.
Qui peut soutenir encore qu’au temps où les Égyptiens enrichissaient le monde de leurs découvertes, ils étaient déjà philosophes, déjà capables de généraliser ? […] Le vain souhait de Platon était en même temps un regret de ces premiers âges pendant lesquels les philosophes régnaient, ou les rois étaient philosophes. […] Mais cette sagesse n’était point la sagesse réfléchie (riposta) celle des philosophes, mais la sagesse vulgaire des législateurs. […] Cette jurisprudence, ainsi que nous le démontrerons, est l’école publique d’où sont sortis les philosophes. […] La seule doctrine de Platon nous présente le juste dans son unité ; ce philosophe pense qu’on doit suivre comme la règle du vrai ce qui semble un, ou le même à tous les hommes.
N’excepterez-vous pas au moins de cette proscription générale, cinq ou six philosophes modernes, et par conséquent privilégiés ? […] Pénétrons dans un de ces asiles, consacrés par le philosophe à la solitude et aux réflexions. […] C’est elle qui nourrit et fait vivre toutes les autres parties de la littérature, depuis le bel esprit jusqu’au philosophe ; il faut l’encourager par les mêmes principes qui dans un État bien policé font encourager les cultivateurs. Peut-être auriez-vous raison de vous plaindre de l’incertitude de l’histoire, si elle ne devait pas être autre chose pour un philosophe que la connaissance aride des faits. […] Il se peut faire, me répondit le philosophe, que j’aie en effet à m’accuser moi-même ; mais n’ai-je pas encore plus à me plaindre des autres ?
Ce n’est pas jouer sur les mots que de dire qu’au milieu de son siècle et entre les philosophes ses contemporains, Rousseau a été relativement chrétien. […] Jouffroy, dans un récit moral célèbre, a fait parler le philosophe durant cette veille pleine d’angoisses, dans cette première nuit de doute et de trouble, où le voile du sanctuaire se déchire tout d’un coup devant ses yeux et où il cesse d’être un croyant. […] Telle est la série de questions que s’adresse le premier philosophe. […] Dans son ravissement, dans l’admiration qui le pénètre jusqu’au fond de l’âme et qui déborde, le philosophe, à ce moment, se prosterne la face contre terre et adresse à l’Être divin un hommage, un hymne ardent et pur, qui ne diffère en rien d’une prière. […] Qu’a prétendu signifier Rousseau par cette distinction de ce que son philosophe voit en songe et de ce qu’il avait conçu durant sa veille ?
D’Argenson, on le voit de reste, est un philosophe, mais il l’est à sa manière, comme il convient quand on l’est, et sans se laisser influencer par aucune école ni cabale. […] s’écrie-t-il ; avec cela il est philosophe et aime l’humanité. » Il prend sans objection Le Philosophe de Sans-Souci pour ce qu’il se donne. […] Plus profond que sublime ; c’est le meilleur philosophe moral que nous ayons en français. […] C’est un philosophe de la bonne compagnie. […] Il est vrai que c’est une folie, de là vient que les philosophes ne sont pas propres à la guerre, au lieu que les gens à passions y sont propres ; les jeunes gens, les sanguins, s’y dévouent légèrement et franchement, mais tout philosophe qui réfléchit mûrement trouve que le plus grand bien est de vivre, et le plus grand mal du monde est l’anéantissement ; car les gens à passions trouvent, disent-ils, la vie plus mêlée, de maux que de biens, au lieu que les philosophes trouvent le contraire et ont raison, la vie leur est délicieuse.
L’expérience leur a fait connoître qu’on est trompé rarement par le rapport distinct de ses sens, et que l’habitude de raisonner et de juger sur ce rapport conduit à une pratique simple et sûre, au lieu qu’on se méprend tous les jours en operant en philosophe, c’est-à-dire, en posant des principes generaux et en tirant de ces principes une chaîne de conclusions. […] Enfin soit que les philosophes physiciens ou critiques posent mal leurs principes, soit qu’ils en tirent mal leurs conclusions, il leur arrive tous les jours de se tromper quoiqu’ils assurent que leur methode conduit infailliblement à la verité. […] Les deux plus illustres compagnies de philosophes qui soient en Europe, l’académie des sciences de Paris et la société roïale de Londres, n’ont pas voulu ni adopter ni bâtir aucun systême general de physique. […] On en croit l’homme préferablement au philosophe, parce que le philosophe se trompe encore plus facilement que l’homme. S’il est un art qui dépende des spéculations des philosophes, c’est la navigation en pleine mer.
Dans la Prose : Historien, Philosophe, Dissertateur, Politique, Moraliste, Commentateur, Critique, Romancier, sa plume s'est exercée sur tout. […] Quel Philosophe, qu’un Auteur qu’on ne peut ni définir ni suivre, qui laisse ses Lecteurs dans un doute perpétuel sur ses vrais sentimens ! […] Le caractere du Philosophe est supérieur à toutes les foiblesses. […] Le but du Philosophe est de découvrir & de faire connoître la vérité. […] Le fruit des travaux du Philosophe est l'instruction & le bonheur des Hommes.
Après Platon, un très grand nombre de philosophes ou d’orateurs, tels que Xénophon, Aristoxène, Démétrius de Phalère, Callistène, Dion, Libanius, et beaucoup d’autres que je pourrais citer, firent tous des apologies ou des éloges de Socrate. […] Ce philosophe avait été, comme Platon, le disciple et l’ami de Socrate ; mais l’un se contenta d’éclairer les hommes, et l’autre voulut encore les servir. […] Tour à tour guerrier et philosophe, il écrivit dans son exil plusieurs ouvrages de politique, de morale et d’histoire. […] Il vainquit avec lui, et l’amitié la plus étroite unit ensemble le philosophe et le roi. […] Il composa son esprit de celui de Socrate et d’Aristophane ; et, dans des ouvrages courts et dialogués, mit tour à tour en scène les dieux, les hommes, les rhéteurs, les courtisanes et les philosophes.
C’est dans l’état de stupidité farouche où se trouvèrent les premiers hommes, que tous les philosophes et les philologues devaient prendre leur point de départ pour raisonner sur la sagesse des Gentils. […] Cette découverte de l’origine de la poésie détruit le préjugé commun sur la profondeur de la sagesse antique, à laquelle les modernes devraient désespérer d’atteindre, et dont tous les philosophes depuis Platon jusqu’à Bacon ont tant souhaité de pénétrer le secret. Elle n’a été autre chose qu’une sagesse vulgaire de législateurs qui fondaient l’ordre social, et non point une sagesse mystérieuse sortie du génie de philosophes profonds. […] Je veux dire qu’ils supposent d’abord un état de civilisation où les hommes seraient déjà éclairés par une raison développée, état dans lequel les nations ont produit les philosophes qui se sont élevés jusqu’à l’idéal de la justice. […] D’abord ils croient que leur droit naturel, fondé sur les théories des philosophes, des théologiens, et sur quelques-unes de celles des jurisconsultes, et qui est éternel dans son idée abstraite, a dû être aussi éternel dans l’usage et dans la pratique des nations.
Dutems se propose d’y démontrer que les plus célebres Philosophes du dernier temps, & les Philosophes actuels, doivent aux Anciens la plus grande partie de leurs opinions, de leurs systêmes, & de leurs prétendues inventions. […] Quelle démonstration humiliante pour ce Siecle philosophe ! […] Toutes les classes d’esprits y apprendront à régler, les uns leurs prétentions, les autres leur enthousiasme ; ceux qui s’érigent en maîtres, à ne pas sacrifier la reconnoissance à la vanité, à savoir rendre hommage à leurs prédécesseurs, à ne pas regarder comme un bien propre & personnel ce qu’ils ont recueilli sur des fonds étrangers ; ceux qui les admirent trop facilement, comprendront qu’il est essentiel de ne pas croire sur parole, de se tenir en garde contre les manéges de la présomption, & de s’instruire avant de vouloir assigner les rangs & fixer les réputations ; le vrai Philosophe enfin en tirera de nouveaux motifs de s’éclairer & d’être modeste, en apprenant que le cercle des idées humaines est étroit, & que l’agiter sans cesse, n’est ni l’étendre, ni le renouveler.
Il les avait adressées, les neuf premières, à un philosophe aux trois quarts convaincu, mais dont la raison, habituée au positif, reculait devant la transformation de l’école en temple, de la science en dogme, de l’industrie en culte, des beaux-arts et de la philanthropie en religion ; les cinq dernières, à un millénaire écossais, protestant qui aspirait à l’unité, mais qui méconnaissait dans le catholicisme la constitution sociale du christianisme, n’y voyait qu’une corruption de l’Église primitive, et croyait au rétablissement prochain, et au règne indéfini de l’antique société évangélique. […] Voilà ce qu’il avait à dire au philosophe. […] Auprès du philosophe il était besoin d’insister particulièrement sur l’esprit chrétien et sur l’influence de la pensée théologique ; auprès du millénaire, il fallait insister davantage sur la forme catholique et l’action sociale de la hiérarchie. […] L’Éducation du genre humain par Lessing, qui termine ce volume, montrera que des philosophes avaient pu pressentir et rêver déjà ce que le révélateur a prédit et prêché, sur un nouvel évangile éternel, et ce que ces disciples travaillent à réaliser aujourd’hui. […] Sainte-Beuve a aimé parfois à en imaginer, — cet autre portrait d’un savant, d’un philosophe « austère et solitaire », qu’il a peint lui-même, trente-deux ans plus tard (en 1864), dans un article à propos des Méditations sur l’essence de la religion chrétienne, par M.
Versificateur, homme de lettres, philosophe même, on se fait tout à peu de frais ; et on se plaint ensuite que ce qui a coûté si peu soit estimé ce qu’il vaut. […] Si elle se trouve emprisonnée et mal à son aise dans des vers durs, faibles, ou prosaïques, ses ennemis, toujours empressés à la trouver en faute, s’écrieront avec satisfaction : Voilà à quoi s’expose le poète qui se fait philosophe. Ils devraient dire tout au plus : Voilà à quoi s’expose le philosophe qui n’a pas ce qu’il faut pour être poète ; ils devraient sentir et reconnaître, pour ne pas citer d’autres exemples, quel prix la philosophie ajoute à la versification brillante du plus célèbre de nos écrivains. […] Le philosophe de son côté, tout philosophe qu’on l’accuse d’être, reconnaîtra sans peine, que ce n’est pas assez, surtout en vers, de penser et de sentir ; l’expression en est l’âme indispensable, On la veut choisie, et pourtant naturelle ; harmonieuse, et pourtant facile. […] La seconde chose que les littérateurs philosophes oublient quelquefois, c’est que la vérité, quand elle contredit l’opinion commune, ne saurait s’annoncer avec trop de réserve pour éviter d’être éconduite ; c’est déjà bien assez pour risquer d’être mal reçue, que d’être une vérité nouvelle.
On en a de lui une intitulée, Esprit des Philosophes & Ecrivains célebres de ce siecle, à la tête desquels il a mis M. d’Alembert. Nous avons d’abord cru que cette primauté étoit pour suivre l’ordre alphabétique ; mais le Compilateur assure très-positivement que c’est par ordre de mérite & de distinction : c’est parce que je crois , dit-il très-sérieusement, pouvoir assigner à cet Auteur estimable la premiere place parmi les Philosophes de nos jours, non seulement de ma Nation, mais de toutes celles de l’Europe . […] Le premier Philosophe de l’Europe y paroît dans un raccourci qui étonne, & d’une sécheresse plus que géométrique, ce qui n’est pas propre à faire honneur à la Philosophie. […] Cet homme substantiel eût bientôt réduit tous nos Philosophes à rien.
Sur ce sujet comme sur tant d’autres, les Philosophes, ces Quinze-Vingts superbes, n’ont vu goutte, et les Rhétoriciens, moins heureux que les huîtres, qui ont parfois le hasard d’enfermer une perle dans leurs écailles, n’ont jamais, parmi les mots qu’ils enfilent ou brassent, rencontré celui-là qui eût dit heureusement l’idée qu’il s’agit pourtant d’exprimer. […] Elle n’avait pas lu la préface générale, placée à la tête du premier volume des Œuvres et des Hommes (le volume des Philosophes et des Écrivains religieux), ou si elle l’avait lue, elle ne s’en souvenait plus, car il est dit positivement dans cette préface, que pour être plus dans le mouvement de son temps, l’auteur laisserait là toute exposition artificielle ou chronologique, et ne partirait jamais, tout en embrassant le siècle tout entier, dans un nombre indéterminé de volumes, que des publications contemporaines ou des réimpressions par lesquelles on atteint à tous les moments du passé et à tous les hommes qui y ont laissé une place durable ou éphémère… Avec ce système, il y a des attentes, il n’y a pas d’oublis ! Tel philosophe, tel historien, tel poète, etc., ne sont pas dans le premier volume des Philosophes, des Historiens, des Poètes.
Alexandre avait emmené avec lui dans ses campagnes le philosophe Callisthène, neveu d’Aristote. […] Le neveu d’Aristote, le philosophe Callisthène, avait suivi le héros en Perse comme conseil, comme historien de l’expédition. […] Peut-être s’en repentait-il, et croyait-il qu’en changeant de langage et de conduite le philosophe ferait oublier le courtisan. […] Il assure même que ce philosophe était innocent de l’attentat contre la personne du roi. […] Ce philosophe fut-il condamné sans avoir été entendu, comme il résulte du récit de Quinte-Curce ?
La sagacité, l’expérience et le génie de ces philosophes politiques dépassent les Machiavel, les Montesquieu, les J. […] Il en sort un monstre de bonne intention ; on estime le philosophe, on a pitié du législateur politique. […] Ce lettré, ce philosophe, ce politique, c’est Confucius (Konfutzée en chinois). […] Connaissons donc le philosophe, nous connaîtrons mieux la philosophie. […] « Le vrai philosophe cherche à se rendre utile à l’État n’importe de quelle manière.
Cousin, ce qui signifie tout simplement que ces jeunes philosophes n’étaient pas bonapartistes, et qu’ils acceptaient la Restauration comme plus favorable à la pensée que l’Empire. […] » Ce capitaine voltairien, près du pâtre, dut paraître au philosophe le bon sens goguenard et prosaïque, à côté du bon sens naïf et profond. […] Dubois entrecoupait par ses élans politiques ce qu’aurait eu de trop métaphysique et spéculatif le cours d’idées du philosophe. […] Jouffroy tint une grande place ; il était le philosophe généralisateur, le dogmatique par excellence, de même que M. […] Philosophe et démonstrateur éloquent encore plus qu’écrivain, la forme, qui a tant d’attrait pour l’artiste, convie peu M.
Cousin a été froid… comme l’âme d’un philosophe. […] Nous l’espérions pour l’honneur de la morale et du philosophe. […] Ce que c’est que les philosophes ! […] En voilà un qui efface le grand philosophe, quand il s’agit de chanter Mme de Hautefort ! […] Laissons pour un moment le philosophe : les philosophes sont sujets à caution… de sagesse.
II Car Daniel Stern est un philosophe, non pas un philosophe français, ce qui serait déjà, un bon masque, mais un philosophe allemand, ce qui en fait deux ! […] Comme les autres philosophes de son sexe qui renoncent à leur sexe, elle jabote contre le catholicisme, parce qu’elle est sortie de la catholicité, qui traduit ces relations dans la vie réelle et pratique. […] … Et comme à, ses yeux parmi les hommes, les plus mâles dans l’ordre intellectuel et moral sont les plus savants, les plus philosophes, les plus puritains, elle se fait, à bras raccourci, savante, philosophe, puritaine. […] Philosophe, elle se beurre d’allemand jusqu’au nœud de la gorge — et je dis bien, car elle doit avoir la pomme d’Adam, cette mâle femme-là ! […] Mme Daniel Stern, malgré ses prétentions à être un philosophe, est surtout une rhétoricienne, mais sa rhétorique n’a point de fleurs.
Le dernier des philosophes français, il écrivit simplement, sans mots abstraits ni phrases allemandes, à la manière du dix-huitième siècle. […] D’ordinaire, quand un philosophe prête des sottises à ses rivaux, il est généreux, et les méchants expliquent la chose en disant qu’il est en fonds. Mais les plus libéraux des philosophes, comparés à M. […] Un philosophe atteint toujours son but. […] Philosophe immoral !
Je voudrais l’étudier tout entier, distinguer et relier en lui le philosophe, l’écrivain, l’orateur et le philologue. […] C’étaient de grandes revues passées à tire-d’aile ; le philosophe, appuyé sur le fini, l’infini et leur rapport, se tenait partout en équilibre. […] Quelques philosophes ont douté que cette connaissance fût vraie. […] Un Français peut conclure qu’un philosophe commence à se tromper, lorsqu’il introduit en français des mots allemands. […] C’est que, pour être orateur, on n’est pas philosophe.
Quatre périodes historiques y sont plus particulièrement traitées : 1° La période de la philosophie orientale, dans laquelle les spéculations de la philosophie brahminique et chinoise sont exposées par une plume très au courant des plus récentes connaissances ; 2° la période de philosophie grecque, fort complète aussi, et embrassée avec une sérieuse intelligence des grands systèmes ; 3° la période chrétienne qui comprend les Pères des cinq premiers siècles ; 4° le moyen âge dans ses philosophes contemplatifs ou scolastiques. […] Mais ici, le philosophe, par une psychologie moins abstraite et moins exclusivement rationnelle, aborde l’homme du côté des penchants actifs, des passions et instincts qui sont les mobiles réels des facultés de l’intelligence ; il marche davantage sur les traces d’Adam Smith, et nous donne sa théorie des sentiments moraux. […] Quelque opinion qu’on garde après la lecture du livre sur la réalité de ces divisions qu’une philosophie plus forte trouverait sans doute moyen de simplifier et de réduire, ce qu’il faut reconnaître, c’est l’agréable et instructif chemin par lequel le philosophe nous a menés ; c’est cette multitude de remarques fines, judicieuses et ingénieuses, tempérées, qu’il a semées sous nos pas ; c’est ce jour si indulgent et si doux qu’il sait jeter sur la nature humaine en y pénétrant ; c’est l’émotion honnête qu’il excite en nous, tout en nous apprenant à décomposer et à observer ; ce sont les heureuses applications morales et pratiques, le choix et l’atticisme des exemples, et les fleurs d’une littérature si délicatement cultivée à travers les recherches de la philosophie. Après l’examen et la discussion des mobiles, l’auteur aborde les devoirs et leurs diverses branches, devoirs envers Dieu, envers nos semblables et envers nous-mêmes ; dans ce traité sur la vertu, qui comprend tout le second volume, on rencontre les plus hautes questions de la nature humaine, aplanies avec cette aisance particulière à l’aimable philosophe, et accompagnées de digressions bien assorties. […] Les personnes, auxquelles s’adressent les écrits du philosophe écossais, devront désirer connaître l’ouvrage d’un des hommes qui cultivent en France avec le plus de distinction et de sagesse cette même philosophie transplantée par M.
La maniere dont il a composé les Eloges de quelques Membres de l'Académie qui l'avoit choisi pour son Secrétaire, & à l'établissement de laquelle il avoit eu beaucoup de part, obtiendra ceux de quiconque les lira comme Philosophe & comme Littérateur. […] Il fait aimer le premier, par l'adresse avec laquelle il présente, d'un côté, la douceur & la politesse ingénieuse de ses mœurs, & de l'autre, les divers agrémens de son style ; il fait admirer Montesquieu, en le représentant sous les traits précieux qui caractérisent l'Homme bienfaisant, le Moraliste profond, le Philosophe conséquent, & le Législateur des Nations. […] « J'ai vu, dit-il dans l'Exorde, que les Philosophes s'enorgueillissoient sur-tout de la prétendue supériorité de leurs talens ; qu'en accréditant cette opinion, ils se servoient du moyen le plus sûr pour grossir leur Secte, & tendoient le piége le plus dangereux à la crédule ignorance. […] La passion ne guidera point ma plume ; & en dirigeant mes coups contre une cabale audacieuse, je respecterai toujours ces vrais Philosophes, ces sages Immortels qui honorent l'humanité en l'instruisant, & pour qui le nom odieux de Secte seroit une injure ».
L’absolu est ailleurs pour moi qu’où les philosophes l’ont placé. […] Il y a des philosophes qui sont de grands et formidables esprits. […] Il mettait sa puissance artistique à cette belle œuvre d’être philosophe. […] Ces messieurs sont des philosophes ; mais, de ces deux philosophes, il y en a un qui pèse plus que l’autre, et celui qui pèse le plus pense comme moi sur Diderot. […] — « philosophe », et il n’était qu’un enfant, un enfant robuste comme l’homme de Hobbes.
L’intelligence, à moins d’être celle d’un subtil philosophe utilitaire, conseillerait plutôt l’égoïsme. […] Telle sera bien la conclusion du philosophe qui s’attache à l’expérience mystique. […] Ils ont, par là même, indiqué au philosophe d’où venait et où allait la vie. […] Dans ce double sens, et de ce double point de vue, l’optimisme s’impose, sans que le philosophe ait à plaider la cause de Dieu. […] Telle est l’idée que le philosophe a trop souvent reçue toute faite de la société par l’intermédiaire du langage.
Le philosophe était pour elle le sage, le chercheur, Jupiter sur le mont Ida, le spectateur dans le monde. « Parmi ceux qui accourent aux panégyres de la Grèce, les uns y sont attirés par le désir de combattre et de disputer la palme ; les autres y viennent pour leurs affaires commerciales ; quelques-uns enfin ne s’y rendent ni pour la gloire, ni pour le profit, mais POUR VOIR ; et ceux-là sont les plus nobles, car le spectacle est pour eux, et eux n’y sont pour personne. […] Ce sont les philosophes 87. » — Jamais la philosophie n’a été plus parfaitement définie. […] Qui osera prétendre que Geoffroy Saint-Hilaire, Cuvier, les Humboldt, Gœthe, Herder n’avaient pas droit au titre de philosophes au moins autant que Dugald-Stewart ou Condillac ? Le philosophe, c’est l’esprit saintement curieux de toute chose ; c’est le gnostique dans le sens primitif et élevé de ce mot ; le philosophe, c’est le penseur, quel que soit l’objet sur lequel s’exerce sa pensée. […] Celui qu’on regarde ordinairement comme le fondateur de la philosophie rationnelle, Thalès, ne serait plus aujourd’hui appelé philosophe.
Les autres écrits de Nicole ne valent pas celui-ci ; il offre beaucoup de vérités communes exprimées longuement ; quoiqu’on y sente un philosophe qui connoît le cœur humain ; un philosophe qui est toujours chrétien. […] Quelques philosophes du nôtre ont trouvé que le piétisme l’avoit empêché d’élever son génie aux sublimes vérités de la morale. […] Denesse & les autres écrits du même auteur, sont les productions d’un philosophe & d’un homme de bien, dont l’esprit étoit solide & orné ; mais qui a peu de style, & qui manque de nerf dans l’esprit. […] M. le Chevalier d’Arcq a publié ensuite Mes loisirs, qu’on a lus avec plaisir ; ce sont les loisirs d’un homme d’esprit & d’un philosophe aimable. […] Les Lettres Peruviennes sont pleines d’esprit, de feu & d’intérêt ; mais Madame Grafigni, à qui nous les devons, ayant vêcu avec des Philosophes qui aimoient la métaphysique & la déclamation ; il regne dans certains endroits de son livre un entortillage, une obscurité & de fausses subtilités qui déplaisent ; & la chaleur qu’elle montre est trop souvent factice.
À Genève l’olive mûre du philosophe, celle de Marc-Aurèle ! […] Ces bulles de savon partent de la chambre d’un philosophe. […] Car il faut des philosophes. […] Le curé et le philosophe échangeaient leurs vers. […] Et Amiel est un philosophe.
Les hiéroglyphes furent l’écriture propre à cette langue imparfaite, loin qu’ils aient été inventés par les philosophes pour y cacher les mystères d’une sagesse profonde. […] Ce n’est point ici un de ces romans où les philosophes exposent leurs idées dans une forme historique ; la route de Vico est trop sinueuse pour qu’on puisse la supposer tracée d’avance. […] Un philosophe de nos jours me semble mieux mériter le titre de disciple légitime de Vico. […] Cette idée, que tant d’autres philosophes devaient reproduire, ne reparaît plus dans les éditions suivantes. […] Dans le désir d’ajouter Vico à la liste des philosophes du 18e siècle, ils ont prétendu qu’il avait obscurci son livre à dessein, pour le faire passer à la censure.
Lysidas a, comme moi, le plus profond respect pour l’antiquité, surtout pour son plus grand philosophe, l’auteur de cette vénérable Poétique. […] Qui me garantit que j’ai raison de croire avec le sens commun que ce philosophe n’est qu’un fat ? […] Par la culture et l’exercice, elle s’est fait une esthétique plus fine que celle des philosophes. […] Ces raffinés ne sont pas seulement nos philosophes allemands. […] Notre philosophe est ici le précurseur de l’école historique.
Partout les héros précèdent les philosophes, et les artistes les critiques. […] En un sujet si complexe, le plus complexe de tous ceux qui sollicitent l’attention du philosophe, pareil résultat n’a rien de surprenant. […] Comme, en l’abordant, ils le trouvèrent qui se chauffait au feu de la cuisine : “Entrez sans crainte, entrez toujours, leur dit le philosophe ; les dieux sont ici comme partout.” […] Pierre Siciliani signale avec toute raison ce nouveau titre, un peu méconnu jusqu’ici, du philosophe grec. […] Elles se tirent tantôt de la manière de vivre des animaux, tantôt de leurs actions, ou encore de leurs caractères, de leurs parties, et le philosophe leur attribue la même valeur.
Cousin en vient à des analyses particulières de certains philosophes ou moralistes. […] Il en est résulté que sa grande et ambitieuse tentative, qui mécontentait et inquiétait les hommes religieux et le clergé, ne satisfaisait point d’ailleurs les savants et le petit nombre des libres philosophes ; elle avait contre elle les croyants, et n’avait pas pour elle les physiologistes. […] Guizot pour revenir aux lettres pures, qui sont sa grande, son incontestable et charmante supériorité, n’en déplaise au philosophe. […] Cousin ce qui arrive quelquefois aux philosophes eux-mêmes : il est devenu amoureux. […] Ainsi il ne paraît pas soupçonner ce qu’il y avait de charlatan dans le philosophe Campanella, et il louera Turgot à l’excès, sans faire la part de ce qu’il y avait de gauche et de peu applicable en lui.
Ils ne ressemblent en rien aux philosophes matérialistes du douzième siècle, ni aux philosophes terrestres de la perfectibilité indéfinie de l’homme sur ce globe. […] Avant de nous engager dans la contemplation de la théologie primitive de l’Inde, qu’on nous permette de confesser nous-même et du même droit que ces philosophes, du droit de nos conjectures et du droit de l’histoire, une philosophie tout opposée. […] L’humanité monte et descend sans cesse sur sa route, mais elle ne descend ni ne monte indéfiniment ; voilà l’erreur des philosophes de la perfectibilité indéfinie. […] Il se nomme le baron d’Eckstein, philosophe, poète, publiciste, orientaliste ; c’est un brahme d’Occident, méconnu des siens, vivant dans un siècle, pensant dans un autre. […] « Mais ce dépouillement de la forme infirme et mortelle », poursuit le philosophe divin, « ne peut s’accomplir dans l’inaction.
Et vous pouvez encore vous tromper ; mais vous ne mécontenteriez pas Platon qui, comme tous les philosophes, écrit moins pour être admiré que pour être compris et même moins pour être compris que pour faire penser. […] Lire un philosophe, c’est le relire si attentivement qu’on l’analyse. […] Encore, en lisant un philosophe, il faut faire attention à ses contradictions. […] Pour résumer, la lecture d’un auteur qui est philosophe est une discussion continuelle avec lui, une discussion où se retrouvent tous les charmes et tous les dangers aussi d’une discussion dans la vie privée. […] Avec les philosophes, la lecture est une escrime où, quelques précautions prises, que nous avons indiquées, l’esprit prend incessamment des forces nouvelles qui peuvent être utiles de toutes sortes de façons et qui, par elles-mêmes et pour le seul plaisir de les posséder, valent qu’on les possède.
Guizot et les philosophes il n’y a qu’une question d’opinion. Il a ses opinions comme les philosophes ont les leurs. […] Il n’y a pas lieu à établir entre le philosophe et le croyant une inégalité qui ne se fonde sur aucun titre. […] Il dit aux philosophes : Vous êtes les ténèbres, et voici la lumière. […] Il déclare qu’aucun philosophe ne l’a jamais satisfait sur le problème du mal.
Ami des philosophes pythagoriciens et des arts de la Sicile, attiré par un despote corrompu à cette cour de Syracuse où, un siècle auparavant, Pindare avait été l’hôte favori d’un roi généreux, Platon aimait les hautes pensées et la majesté religieuse du grand lyrique thébain. Le goût du philosophe pour les institutions lacédémoniennes, son penchant à les imiter dans sa République idéale, la place qu’il y donne aux jeux guerriers et à une sorte d’éducation héroïque de l’âme et du corps, devaient lui rendre précieuse cette magnifique parole du poëte, qu’il cite parfois à l’égal des traditions antiques dont il aime il s’autoriser. Dans le philosophe et dans le poëte, en effet, ce n’est pas seulement la même élévation morale, le même mélange de raison et d’enthousiasme ; c’est, sur un grand point, le gouvernement des sociétés, le même amour de la justice, le même dégoût de la tyrannie sans pudeur et de l’anarchie sans frein. Ce vœu de Platon, que les philosophes deviennent rois, ou que les rois deviennent philosophes, résume ce que le poëte thébain avait conseillé aux rois grecs de Syracuse, d’Agrigente, d’Etna, de Cyrène, et ce que Xénophon décrivit dans sa Cyropédie. […] C’est un demi-siècle après Alexandre, à travers les dominations tyranniques issues de sa grandeur, qu’un des fondateurs de cette école stoïque, sanctuaire de l’indépendance humaine survivant à la liberté, le philosophe Cléanthe, résumait son culte et sa foi dans un hymne au Dieu suprême.
Le littérateur, le poète, s’effacent devant le philosophe, s’y subordonnent : il mène l’assaut général de l’Église et de l’ancien régime. […] « Cent cinquante mille soldats victorieux, point de procureurs, opéra, comédie, philosophie, poésie, un héros philosophe et poète, grandeur et grâce, grenadiers et muses, trompettes et violons, repas de Platon, société et liberté ! […] Ici commence le règne du philosophe et l’apothéose du « patriarche ». […] Voltaire historien philosophe L’Histoire de Charles XII, que Voltaire publie en 1731, ne procède d’aucune pensé philosophique. […] De ce point de vue, le Siècle de Louis XIV apparaissait comme un grand siècle incomplet : Louis XIV avait un confesseur, il ne pouvait être « philosophe ».
Leurs écrits en latin et en grec ont un caractère tout à fait distinct de celui des littérateurs du temps d’Auguste ; ils ont plus de force et plus de concision que les philosophes républicains eux-mêmes. […] Quand ce sont les tyrans qui menacent de la mort, les philosophes, contraints à supporter ce que la nature a de plus terrible et ce que le crime a de plus atroce, ne pouvant agir au dehors d’eux-mêmes, étudient plus intimement les mouvements de l’âme. […] Les écrivains du temps des empereurs, malgré les affreuses circonstances contre lesquelles ils avaient à lutter, sont supérieurs, comme philosophes, aux écrivains du siècle d’Auguste. […] Les flatteries ont souillé les écrits de quelques philosophes de ce temps ; et leurs réticences même étaient honteuses. […] Les tyrans étaient donc beaucoup plus indifférents que de nos jours à la liberté d’écrire ; la postérité n’étant pas de leur domaine, ils laissaient assez volontiers les philosophes s’y réfugier.
Il fut soldat, peintre, sculpteur, philosophe, orateur, poëte, grammairien, sçavant, homme sur tout à bons mots, à grandes maximes. […] Ils ajoutoient qu’il ne falloit pas s’en rapporter aux déclamations de ce philosophe bel-esprit, qui faisoit des monstres des moindres défauts de l’ensemble & des détails. […] La manière dont Socrate se comporta dans le temps qu’on annonça les Nuées, caractérise bien ce philosophe. […] On a prétendu que la comédie des Nuées avoit eu des suites cruelles, & qu’elle avoit influé sur la mort du philosophe. […] Sans parler des exemples tous récens, & principalement de la comédie des Philosophes & de celle de l’Ecossoise, Moliere a joué l’hôtel de Rambouillet, Ménage & l’abbé Cotin, l’un sous le nom de Vadius, l’autre sous celui de Tricotin, changé depuis en Trissotin.
Plus le prince a de réputation, plus cet intérêt augmente ; on aime à voir un homme admiré dans sa cour et sur les champs de bataille, écrire et penser dans son cabinet, et parler en philosophe aux peuples qu’il sait gouverner en roi. […] Marc-Aurèle, philosophe comme Épictète, fut écrivain comme lui. […] Julien, dont nous n’examinons ici que les talents littéraires, fut en même temps philosophe, orateur, écrivain satirique et plaisant ; et il paraît tour à tour, dans ses ouvrages, l’élève de Platon, de Démosthène et de Lucien. […] On voit qu’avant de monter sur le trône, il avait médité en philosophe les devoirs d’un homme d’état, et ce magnifique portrait des devoirs d’un souverain était en même temps une leçon pour le tyran qui l’écoutait, et un engagement que le nouveau César prenait avec l’empire. […] Philosophe, orateur, qui que tu sois, veux-tu vivre ; traite des sujets, qui, à deux mille lieues de toi, et dans deux mille ans, intéressent encore !
La vanité des nations, dont chacune veut être la plus ancienne de toutes, nous ôte l’espoir de trouver les principes de la Science nouvelle dans les écrits des philologues ; la vanité des savants, qui veulent que leurs sciences favorites aient été portées à leur perfection dès le commencement du monde, nous empêche de les chercher dans les ouvrages des philosophes ; nous suivrons donc ces recherches, comme s’il n’existait point de livres. […] Cela admis, tout homme qui réfléchit, ne s’étonnera-t-il pas que les philosophes aient entrepris sérieusement de connaître le monde de la nature que Dieu a fait et dont il s’est réservé la science, et qu’ils aient négligé de méditer sur ce monde social, que les hommes peuvent connaître, puisqu’il est leur ouvrage ? […] Avant lui, Polybe avait dit : si les hommes étaient philosophes, il n’y aurait plus besoin de religion . Mais s’il n’existait point de société, y aurait-il des philosophes ?
Que ces Auteurs, dont j’estime les talens, aient attaqué les Philosophes, ils ont fait connoître qu’ils étoient capables de les combattre avec succès. […] Vous vengerez par-là les Philosophes qu'il a maltraités ; vous décrierez sans retour la cause qu'il défend. […] Vous n'aurez jamais de plus grand Philosophe, de plus fin Critique, de Raisonneur plus agréable. […] Un mérite qui distingue ce Grand Homme de tous les Philosophes ses prédécesseurs, c'est d'avoir eu le courage & l'adresse de déchirer le voile des préjugés religieux. […] C’est un véritable Athée, qui ne déclame contre les Philosophes que parce qu’il est payé par le Clergé.
Les philosophes de la sensation ne pouvaient rejeter une doctrine empirique. […] Le philosophe refuse de mettre « l’art au service de la religion et de la morale. […] Les vues du philosophe faisaient naître autour d’elles mille applications littéraires. […] Les philosophes allemands savent penser ; les Français, en général, savent écrire. […] Ici Hegel avait été plus large et plus vrai que le philosophe français.
C’est l’âge des philosophes qu’Aristote83 a nommés, les uns physiciens, les autres théologiens, pour marquer les deux objets de contemplation qu’ils se partageaient, et qu’ils essayaient parfois de réunir. […] Xénophane les dénombre tous, et déclare que le plus heureux vainqueur de Pise ne vaut pas un philosophe, « car, dit-il85, notre sagesse est plus précieuse que la vigueur des hommes ou que celle des chevaux. […] Nommons d’abord, à ce titre, un philosophe né dans les lieux qu’habita souvent Pindare, et mêlé dans sa jeunesse aux fêtes que le poëte avait illustrées. […] Le pieux orgueil d’un tel espoir s’entretenait, chez le philosophe, par l’idée d’une vie conforme à l’origine de Famé et qui la conservât pure au milieu des contagions de la terre. […] Le commentaire d’Hiéroclès, à la fin du quatrième siècle, cet effort pour opposer les maximes d’un ancien philosophe à celles du Christ, suppose sans doute un monument païen de quelque autorité, mais n’en témoigne pas l’authenticité absolue.
On y observera l’ordre hiérarchique des connaissances et des génies, et c’est pour cela qu’on commence aujourd’hui par ce qu’il y a de plus général dans la pensée : les Philosophes et les Écrivains religieux. Après les Philosophes, viendront les Historiens ; après les Historiens, les Poètes ; après les Poètes, les Romanciers ; après les Romanciers, les Femmes (les Bas-Bleus du xixe siècle) ; après les Femmes, les Voyageurs ; après les Voyageurs, les Critiques, et ainsi de suite, de série en série, jusqu’à ce que le zodiaque de l’esprit humain ait été entièrement parcouru ! […] On se croit bien obligé de dire cela à ceux qui s’étonneraient de voir aujourd’hui, dans ce premier volume consacré aux Philosophes du xixe siècle, M. […] Cousin, le philosophe, n’existe plus maintenant ; son talent est tombé en quenouille.
I La règle de vie d’un philosophe Dans l’étroit appartement où il passait ses soirées auprès de sa sœur Henriette, vers 1846, M. […] Renan, quelle est la règle de vie la plus convenable au philosophe qui fait le métier dangereux de toucher aux préjugés de son siècle ? […] Renan pense même que le philosophe, quand sa dignité n’y est pas trop compromise, doit user d’une extrême complaisance à l’égard de toute personne considérée. […] Vingt fois il touche à ces brûlantes questions ; vingt fois il est sur le point de réformer nos idées sur le juste et l’injuste, sur le tien et le mien, mais il s’arrête, ce vrai philosophe !
Un philosophe contemporain a affirmé que la plus haute tâche de l’historien, en philosophie, était de concilier et non de réfuter ; que la critique des erreurs était la besogne la plus ingrate, la moins utile et devait être réduite au nécessaire ; que pour tout penseur sincère et conséquent le philosophe doit éprouver une universelle sympathie, bien opposée d’ailleurs à l’indifférence sceptique ; que dans l’appréciation des systèmes le philosophe doit apporter « ces deux grandes vertus morales : justice et fraternité40 ». Ces vertus, nécessaires au philosophe, le sont bien plus encore au critique littéraire, car le sentiment a en littérature le rôle prédominant. S’il ne suffit pas toujours, en critiquant un philosophe, de vouloir avoir raison contre lui pour se paraître à soi-même raisonnable, il suffit trop souvent, dans l’art, de vouloir ne pas être touché ne pour pas l’être ; on est toujours plus ou moins libre de se refuser, de se renfermer dans son moi hostile, et même de s’y perdre. C’est donc aux littérateurs, non moins qu’aux philosophes, qu’il convient d’appliquer le précepte par excellence de la morale : aimez-vous les uns les autres41.
On a beaucoup disserté sur le but de la comédie ; des philosophes du siècle dernier l’ont regardée comme la seule école de la sagesse ; des critiques de nos jours, au contraire, la représentent comme fatale aux mœurs et à la religion. Mais les philosophes n’étaient pas tout à fait sages, les critiques ne sont pas tout à fait religieux. […] Denys, tyran de Syracuse, s’étant adressé à Platon, afin d’avoir une idée positive du gouvernement et du peuple d’Athènes, le philosophe, pour toute réponse, lui envoya le théâtre d’Aristophane. […] On rougit des affections les plus douces, on est honteux des liens les plus sacrés, et le Philosophe marié met à cacher son bonheur le soin que Tartuffe prenait pour dissimuler ses vices. […] mais tu démasquerais ces prétendus misanthropes qui refusent les emplois qu’on ne leur accorde pas, ces indépendants qui sollicitent sans cesse, et ces philosophes disgraciés, qui se retirent à deux lieues de Paris, pour éviter la ville, le monde et la cour.
Pelletan justifiait l’ambition naïvement montrée de son titre (et il n’y a rien dans cette naïveté fière qui nous déplaise, qu’on le croie bien), nous aurions le symbole du dix-neuvième siècle, et nous saurions à présent quoi mettre à la place de ce vieux symbole de Nicée, tué par l’Analyse et par la Science, et qui ne peut plus satisfaire, — disent les philosophes, — les besoins de foi des peuples actuels. […] Il n’a été ni assez historien, ni assez philosophe, et il a voulu être l’un et l’autre ; il n’a pas vu que ce double rôle était incompatible ; que sur cette question mystérieuse, mais non impénétrable, de la destinée de l’humanité, l’histoire tuait la philosophie ou que la philosophie tuait l’histoire ! […] mais il n’a pas été non plus assez philosophe, et ceci étonne davantage ! […] Pelletan n’est pas philosophe, qu’est-il donc ? […] Certes, c’est ici le cas ou jamais de citer le beau mot du philosophe Jacobi, qui savait, comme Pascal, ce que vaut, sur les questions premières, la philosophie réduite à elle seule : « La philosophie, comme telle seulement, disait-il, est un jeu que l’esprit humain a imaginé pour se désennuyer, mais en l’imaginant, l’esprit n’a pas fait autre chose que d’organiser son ignorance. » Et encore y a-t-il moyen de l’organiser plus ou moins solidement, cette ignorance !
La plus grande, je l’ai dit, c’est d’y être resté exclusivement philosophe, et par là d’avoir évité le mot bête et belge de la Haine : « C’est un clérical ! […] Il est pour nous, en ce moment, ce qu’avant lui, au xviiie siècle, fut Spinoza pour l’Allemagne tout entière, laquelle s’empoisonna (puisque nous parlons de poison) avec le verre pilé des lunettes de ce philosophe opticien. […] Il est bien évident que le spirituel critique des trois philosophes ses confrères, y voit très clair, malgré les yeux qu’il baisse devant leurs splendeurs ! Et la preuve, c’est que de ces philosophes à la mode du moment, le plus à la mode est le mieux jugé, et c’est Renan : le plus populaire parce qu’il est le plus vague, dit Caro, avec la cruauté d’un homme qui sait parfaitement ce qu’il écrit… Caro a trouvé joli — et je déclare que cela l’est — de traiter Ernest Renan avec une finesse égale à la sienne. […] J’aime la charité du prêtre dans l’abbé Gratry, comme j’aime la politesse du philosophe dans Caro.
Selon lui, le Ministre Protestant se joua de l'Evêque de Meaux, qui crut, dit-il, avoir converti un Ministre, & qui ne fit que servir à la fortune d'un Philosophe. Que pensera-t-on de la Philosophe, si elle inspire de semblables détours ? Un Philosophe est donc, de l'aveu de M. de Voltaire, un être versatil, souple, artificieux, toujours prêt à profiter des circonstances, à quitter le masque, à le reprendre, dès que les métamorphoses peuvent servir à sa fortune ?
Suite des Philosophes chrétiens. — Publicistes. […] Cependant, Machiavel, Thomas Morus, Mariana, Bodin, Grotius, Puffendorf et Locke, philosophes chrétiens, s’étaient occupés de la nature des gouvernements bien avant Mably et Rousseau. […] Au reste, les sages de la Grèce envisageaient la société sous les rapports moraux ; nos derniers philosophes l’ont considérée sous les rapports politiques.
Philosophe à la mode et personnage célèbre, il eut toujours son bon père le forgeron, comme il disait, son frère l’abbé, sa sœur la ménagère, sa chère petite fille Angélique ; il parlait d’eux tous délicieusement ; il ne fut satisfait que lorsqu’il eut envoyé à Langres son ami Grimm embrasser son vieux père. […] Enfin la plus violente admiration qu’il fit naître lui vint de Naigeon, Naigeon adorateur fétichiste de son philosophe, comme Brossette l’était de son poëte, espèce de disciple badaud, de bedeau fanatique de l’athéisme. […] C’était là l’infâme qui, tous les jours, calomniait auprès des philosophes le christianisme dont elle usurpait le nom ; l’infâme en vérité, que la philosophie est parvenue à écraser dans la lutte, en s’abîmant sous une ruine commune. […] Diderot n’était pas censé auteur de la lettre ; et nous devons dire, en biographe scrupuleux, que l’anecdote des joyeux dîners à six sous par tête entre le philosophe adolescent et le futur cardinal ne nous semble pas pour cela moins authentique. […] Trois ou quatre ans avant la mort de Diderot, Garat, alors à ses débuts, publia dans quelque almanach littéraire le récit d’une visite qu’il avait faite au philosophe, récit piquant, un peu burlesque, où les qualités naïves de l’original sont prises en caricature.
Les Romains avaient commencé par mépriser les beaux-arts, et en particulier la littérature, jusqu’au moment où les philosophes, les orateurs, les historiens rendirent le talent d’écrire utile aux affaires et à la morale publique. […] Il en était de même, parmi les philosophes romains, des sentiments tumultueux de peine ou de colère, d’envie ou de regret : ils trouvaient efféminés tous les mouvements involontaires ; et rougissant de les éprouver, ils ne s’attachaient point à les connaître dans eux-mêmes, ni dans les autres. […] Pour rédiger la loi des douze tables, on envoya des Romains consulter les hommes les plus éclairés de la Grèce ; et cette loi des douze tables, qui traite de la religion, du droit public et particulier, est citée par Cicéron, comme supérieure à tout ce que les philosophes ont jamais écrit sur ce sujet. Paul-Émile confia au philosophe Métrodore, qu’il avait ramené d’Athènes, l’éducation de son fils. […] On dit que la littérature italienne a commencé par la poésie, quoique du temps de Pétrarque il y eût de mauvais prosateurs dont on pourrait objecter les noms, comme on prétend opposer Ennius, Accius et Pacuvius aux grands orateurs, aux philosophes politiques qui consacrent la gloire des premiers siècles de la république romaine.
Il a raconté lui-même sa conversion, et comment de chrétien il devint philosophe. […] Si j’ouvrais les philosophes, si je continuais d’assister le plus souvent que je pouvais aux leçons de M. […] Les conversions complètes, quand elles se font tard, laissent l’âme à jamais malade ; à vingt ans on est déjà trop vieux pour devenir philosophe ; celui qui quitte sa religion doit la quitter de bonne heure ; après ce moment, on ne peut plus la déraciner sans ébranler tout le sol. […] Jouffroy, quoique philosophe officiel, osait dire que sa tête est invulnérable, et bien au-dessus de nos coups58. […] Cousin, comme tous les philosophes du siècle, il se tenait continuellement guindé dans le style abstrait et vague.
Si l’on fait cette question à des philosophes officiels, ils répondront qu’il a réussi parce qu’il est vrai. […] On n’est point impunément fils de son père ; en le contredisant, on le continue ; les gens de 1820 maudissaient les philosophes de 1760, et les imitaient. […] On l’employa, parce qu’on était rêveur, sublime et philosophe. […] Toujours quelque grand philosophe surgissait à point pour réveiller la curiosité lassée, ou pour appuyer le système chancelant. […] On avait renversé nos derniers philosophes français, et l’on avait besoin d’une gloire nationale.
GASSENDI, [Pierre] Chanoine de Digne en Provence, Professeur de Mathématiques au Collége Royal, né à Chantiersier, Bourg du Diocese de Digne, en 1592, mort à Paris en 1656 ; un des hommes les plus éclairés de son temps, & celui qui, après Descartes, occupe le premier rang parmi les Philosophes François. […] Son penchant pour les rêveries de ce Philosophe, donna lieu à ses ennemis de faire naître des doutes sur sa foi. […] Son exposition de la Philosophie d’Epicure, sa Philosophie particuliere, & tous ses Traités, n’offrent rien qui fasse soupçonner un Philosophe entêté de ses idées au préjudice de ce qu’il doit croire & respecter.
Il manque aux uns la dialectique, aux autres le style du philosophe de Tusculum. […] On sent que Rousseau déclame en rhéteur et que le Romain écrit en législateur philosophe. […] À l’égard de la tristesse, qui est la chose du monde la plus détestable, comment les philosophes en font-ils l’éloge ! […] L’orateur philosophe sentait grandir sa pensée, son talent et son courage, en abordant le plus grand objet de la pensée, la Divinité. […] Rien de nouveau, même dans les disputes des philosophes.
Sa vie avait été celle d’un philosophe, sa mort fut celle d’un sage. […] Julien et son frère se rencontrèrent peu de temps après dans les bois et dans le monastère de Camaldoli, solitude à la fois solennelle et gracieuse, voisine de Valombreuse, avec d’autres poëtes et philosophes toscans. […] Il la signala à cette époque par un poëme sur le vrai bonheur, sous la forme d’un entretien champêtre entre un pasteur de Toscane et un philosophe. Le philosophe était lui. […] Au milieu de cette contestation, on voit approcher le philosophe Marsile, et les deux antagonistes consentent à lui soumettre la décision de leur différend.
n’y a-t-il pas pour le philosophe quelque chose de plus ? […] Taine, avec tout le chœur des philosophes empiriques et sceptiques, ne veut admettre ni cause ni substance. […] Comme l’a dit ingénieusement le docteur Reid (qui n’est pas un philosophe aussi naïf que le prétend M. […] C’est donc dans l’idée des grands hommes et surtout des grands philosophes qu’il faut étudier l’histoire. […] La nature a toujours été l’un des livres que le philosophe a consultés.
Je veux bien que la différence soit radicale aux yeux du philosophe. […] N’est-ce pas ce qui est arrivé à la plupart des philosophes ? […] Nous parlons, en un mot, de ce qui caractérise principalement la morale des philosophes grecs. […] Rien n’est plus instructif que de voir comment les philosophes l’ont frôlé, touché, et pourtant manque. […] Chacun de ces systèmes préexiste donc dans l’atmosphère sociale à la venue du philosophe ; il comprend des maximes qui se rapprochent suffisamment par leur contenu de celles que le philosophe formulera, et qui sont, elles, obligatoires.
Pour les philosophes, nous partirons des grenouilles d’Épicure, des cigales de Hobbes, des hommes simples et stupides de Grotius, des hommes jetés dans le monde sans soin ni aide de Dieu , dont parle Pufendorf, des géants grossiers et farouches, tels que les Patagons du détroit de Magellan ; enfin des Polyphèmes d’Homère, dans lesquels Platon reconnaît les premiers pères de famille. […] Les philosophes ont ou entièrement méconnu la Providence, comme les Stoïciens et les Épicuriens, ou l’ont considérée seulement dans l’ordre des choses physiques. […] S’il est vrai que les sciences doivent commencer au point même où leur sujet a commencé (axiome 104), la métaphysique, cette reine des sciences, commença à l’époque où les hommes se mirent à penser humainement, et non point à celle où les philosophes se mirent à réfléchir sur les idées humaines. […] La sagesse vulgaire de tous les législateurs, la sagesse profonde des plus célèbres philosophes s’étant accordées pour admettre ces principes et ce critérium, on doit y trouver les bornes de la raison humaine ; et quiconque veut s’en écarter doit prendre garde de s’écarter de l’humanité tout entière. […] La justice intérieure ne fut connue chez eux que par les raisonnements des philosophes, lesquels ne parurent que deux mille ans après la formation des nations qui les produisirent.
Platon n’admettait pas qu’on fût philosophe sans avoir été géomètre, mais la géométrie se passait dès lors de la philosophie. […] Bain, est appelé philosophe. […] Dans la science du langage, la question chère aux philosophes est celle d’origine. […] L’un des philosophes, dont nous comptons parler ici, M. […] Suivant le philosophe allemand, la majeure d’un syllogisme se rapporte à l’entendement, la mineure au jugement, la conclusion à la raison.
Nos poètes leur rappellent Stace et Silius Italicus ; nos philosophes, Porphyre et Proclus ; l’éclectisme, des deux côtés, clôt la série. […] Un État où tous n’auraient d’autre profession que celle de poète, de littérateur, de philosophe serait la plus étrange des caricatures. […] Ammonius n’était pas un portefaix qui était philosophe, c’était un philosophe qui par hasard était portefaix. […] Le philosophe est possible dans un état qui ne réclame que la coopération de la main, comme le travail des champs. […] L’homme parfait serait celui qui serait tour à tour inflexible comme le philosophe, faible comme une femme, rude comme un paysan breton, naïf et doux comme un enfant.
M. l’Abbé Millot auroit-il voulu, par-là, faire sa cour à nos Philosophes ? […] La philosophie elle-même est d’autant plus intéressée à l’observation de cette loi, que les délires de nos Philosophes actuels sont plus propres à tourner à la honte de l’ancienne Philosophie, comme les égaremens des Philosophes anciens peuvent contribuer à faire sentir les abus de la Philosophie dans tous les temps.
Cette différence se remarque surtout, je n’observe pas l’ordre des volumes, mais n’importe, dans les deux parties de la profession de foi du vicaire savoyard, il n’est guère que rhéteur quand il parle de l’existence de Dieu, de la vie à venir et de l’immortalité de l’âme ; quand il attaque ce qu’il appelle les mensonges que les hommes ont nommés religion, il est orateur et presque philosophe : ce morceau est peut-être celui de son livre qui a réuni le plus de suffrages. […] C’est pour s’être mis à son aise comme lui, que Diogène a dit beaucoup plus de choses dignes d’être retenues qu’aucun philosophe de l’antiquité, quoiqu’il ne fût peut-être pas le plus grand des philosophes. […] C’est de tous les philosophes, passez-moi cette expression, le plus concupiscent. […] Voilà le véritable ouvrage du philosophe, quand il a réellement pour but d’être utile ; ce n’est pas de se déchaîner contre les maux, c’est d’y chercher des remèdes, et, s’il ne peut faire autrement, des palliatifs ; il ne s’agit pas de battre l’ennemi, il est trop avant dans le pays pour entreprendre de l’en chasser ; il s’agit de faire avec lui la guerre de chicane.
Martin est le philosophe de la sécurité. […] Elle avait bien ses philosophes. […] Jules Simon avec son Devoir, sa Liberté et sa Conscience, était un des philosophes actuels et présentement les plus comptés de cette morale par elle-même, de cet indépendant quelque chose qui s’appelle la morale, sans Dieu et sans sanction ! […] Les bonzes à la Chine, les bonzes, qui sont les calotins de l’endroit, ont été effacés par messieurs les mandarins, qui en sont les littérateurs et les philosophes. […] On les retrouve à chaque page de son histoire, invoquées par ses empereurs, ses ministres, ses philosophes et ses lettrés !
Les Philosophes eux-mêmes ont si bien reconnu sa puissance à cet égard, qu’ils n’ont pas dédaigné d’en emprunter la parure, toutes les fois que leurs talens naturels leur ont permis d’en faire usage. […] Cet Ouvrage, composé dans le dessein de justifier les Philosophes du reproche d’incrédulité, n’offre ni plan, ni suite, ni liaison ; mais en revanche on doit rendre justice à la dextérité avec laquelle l’Auteur traite ce sujet épineux. […] On ne doit cependant pas condamner cette réserve : il auroit pu faire comme beaucoup d’autres Philosophes, ses subalternes, ne garder aucune mesure, déclamer à outrance, insulter sans égard, prodiguer des épithetes dures, traiter de style de laquais les Ecrits anti-philosophiques, qualifier de libelles les Ouvrages où l’on venge l’honneur outragé de quelques Gens de Lettres, &c. […] la destinée de ce Littérateur philosophe est de proposer des félicités qui ne se réalisent pas.
MONTAGNE, [Michel de] né dans le Château de Montagne, près de Bordeaux, en 1533, mort en 1592 ; Auteur original, en vogue dès les premiers temps de notre Littérature, plus encore de nos jours, depuis que ses Essais sont devenus une Mine féconde, où nos Philosophes ne cessent de puiser. […] Un peu de réflexion leur suffit, pour s’appercevoir que la justesse est rarement le partage du Philosophe discoureur ; qu’il ne suit jamais le plan qu’il s’est d’abord proposé ; qu’errant sans cesse entre le pour & le contre, tout se réduit, chez lui, à un scepticisme qui indigne le Lecteur jaloux d’apprendre quelque chose & de se fixer à un objet. […] Il n’y a guere aujourd’hui que nos Philosophes qui affectent, dans leurs Ecrits, d’employer le moi & le je, & de parler souvent d’eux mêmes.
Les Zoroastre en Orient, les Trismégiste en Égypte, les Orphée en Grèce, en Italie les Pythagore, devinrent, dans l’opinion, des philosophes, de législateurs qu’ils avaient été. […] Ils ont placé dans leurs rangs Aristote, Galien et d’autres philosophes, et les ont armés contre Platon et Jamblique. […] Mais les verbes signifient des mouvements accompagnés des idées d’antériorité et de postériorité, et ces idées ne s’apprécient que par le point indivisible du présent, si difficile à comprendre, même pour les philosophes. […] En effet, quiconque y réfléchira, trouvera que les choses utiles ou nécessaires à la vie, et même celles qui ne sont que de commodité, d’agrément ou de luxe, avaient déjà été trouvées par les Grecs, avant qu’il y eût parmi eux des philosophes. […] C’est donc avec raison que Bacon, aussi grand philosophe que profond politique, recommande l’induction dans son Organum.
Mais Libri n’est pas éclectique ; c’est un philosophe du xviiie siècle qui pousse sa pointe à travers ce débat et ne songe qu’à frapper son vieil ennemi. […] Saisset a beau dire des injures (car il en a dit) aux sceptiques, aux matérialistes ; il a beau dire que ces systèmes n’ont de prise aujourd’hui que sur les âmes basses et les esprits obtus (page 472), il échappe très-difficilement lui-même et les siens à ce scepticisme qui ne diffère pas notablement du matérialisme quant au résultat moral ; de plus il viole les droits de la philosophie qu’il prétend défendre en s’exprimant de la sorte sur des doctrines peu hautes et peu consolantes à coup sûr, mais envers qui les philosophes proprement dits n’ont pas à se montrer si injurieux. […] Saisset : Vous n’êtes pas philosophe et votre philosophie n’en est pas une véritablement, car elle vous est commandée, car elle part d’un point d’avance déterminé (le doute méthodique), et elle arrive à des résultats d’avance assignés ; car si l’un de vous, jeunes professeurs, s’avisait d’aboutir à un résultat un peu différent, il serait à l’instant révoqué et réduit au silence (M.
Ce digne Ouvrage mourut à sa troisieme apparition, malgré les efforts de plusieurs Philosophes subalternes, & même, dit-on, de quelques Philosophes du premier ordre. […] Laus de Boissy, dit Alethophile *, pourra devenir, sinon un grand défenseur des Auteurs philosophes, du moins un défenseur qui ne les rendra pas si ridicules.
Mais l’histoire proteste ici contre le philosophe ; elle n’est pleine que des malheurs des bons et des triomphes des méchants. […] Un philosophe sérieux devait-il, en sujet si grave, permettre à sa plume de telles facéties ? […] Le philosophe peut même découvrir comment le carnage permanent est prévu et ordonné dans le grand tout. […] Il n’y a pas un mot dans ce dialogue qui révèle un philosophe évangélique. […] Le philosophe avait toujours touché dans M. de Maistre au théologien.
Il n’y avait donc rien en apparence que de très simple : une des sections les plus graves de l’Institut allait rendre un hommage un peu tardif, mais bien mérité, à l’un de ses membres, à un philosophe mort en 1842. […] Voltaire, en son temps, s’est moqué de ces philosophes optimistes Qui criaient : Tout est bien ! […] On est induit à penser que ce sont des citoyens de satisfaction facile et des philosophes qu’excite encore mieux le succès d’un moment que la recherche et le tourment de la vérité. […] Mignet, qui a décrit en termes heureux le talent de l’homme, avait voulu traiter du philosophe un peu à fond et sans précautions fausses, il aurait insisté sur ces pages dont l’accent pénètre et doit trouver grâce auprès de tous. […] Mignet sont en partie redevenus libéraux et amateurs déclarés de la pensée, ils n’en sont pas encore venus à être philosophes au point de repousser le christianisme et de le combattre.
Un érudit est un maçon, un philosophe est un architecte ; et quand l’architecte, sans nécessité absolue, au lieu d’inventer des méthodes de construction, s’amuse à tailler, non pas une pierre, mais cinquante, c’est que, sous l’habit d’un architecte, il a les goûts d’un maçon. […] Il a tenté, un instant, de l’écrire en philosophe ; il a voulu trouver les lois des faits, et l’ordre de leur succession ; il a improvisé la fameuse théorie des quatre systèmes, les seuls, disait-il, qui puissent exister, et qu’on retrouve à toutes les époques de la philosophie. […] On l’a imité : depuis Thales jusqu’à Kant, on a exploré toutes les philosophies ; moyen âge, Pères de l’Église, philosophes de la Renaissance, les thèses et les monographies ont tout remis au jour. […] » Lorsqu’il s’agit d’un philosophe du dix-septième siècle, il se croit dans son domaine : il revendique l’homme ; grand ou petit, exhumé par lui ou exhumé par d’autres, il veut à toute force le présenter au public. […] J’ai entendu des habitants de ces caves traiter de chimère l’histoire que font les philosophes et les artistes, et rejeter comme choses malsaines l’imagination passionnée de M.
Glasenapp dit : « Dans la scène d’amour du second acte, les idées du philosophe ont été exprimées à la perfection dans le langage de la poésie et de la musique. » (I, 385) ; M. […] Mais ne devraient-elles pas être une leçon salutaire pour ces critiques qui semblent, avouons-le, connaître très imparfaitement et l’artiste et le philosophe. […] Deux philosophes ont seuls exercé de l’influence sur lui, Feuerbach et Schopenhauer, et tous deux en tant seulement qu’ils abandonnaient le domaine de la philosophie pure, c’est-à-dire d’une théorie logique et mathématique du monde. […] Arthur Schopenhauer (1788-1860) est un philosophe allemand. […] En décembre 1854, Wagner lui envoya son texte de la Tétralogie mais le philosophe sembla plus sensible au poème de Wagner qu’à sa musique.
Delille, Ex-Oratorien, Auteur d’une Traduction inexacte & plate de Suétone ; d’une prétendue Philosophie de la Nature, qui n’est que l’écho infidele de ce qui a été dit mille fois d’une maniere plus simple & plus précise ; & enfin d’une Poétique sur la Tragédie, qu’on n’auroit pas été tenté d’attribuer à un Poëte, quand même l’Auteur n’auroit pas mis sur le frontispice en très-gros caractere, PAR UN PHILOSOPHE. […] Il est bon de transcrire ce sublime morceau, pour donner à nos Lecteurs une nouvelle preuve de la véracité, de la bonne foi & de l’honnêteté des Philosophes. […] Les Philosophes ont beau employer toute sorte de moyens pour se venger des courageux adversaires de leurs systêmes ; ils ont beau se montrer, dans la pratique, les plus fiers ennemis de la tolérance qu’ils prêchent, nous n’en serons pas moins disposés à les plaindre, quand ils seront malheureux ; & plus nous aurons mis de zele & de chaleur à combattre leurs erreurs, plus on nous trouvera empressés à réclamer, pour leur personne, l’indulgence de l’autorité & la protection du crédit.
Impatients de connaître les lectures de nuit de ce grand philosophe, nous allâmes aussitôt au livre : c’était le volume des Œuvres d’Ovide contenant les Élégies, et ouvert à l’une des plus galantes pages de ce maître de l’amour. Nous n’étions pas revenus de notre surprise, elle augmenta encore lorsque nous vîmes entrer le président, dont l’aspect et les manières étaient tout à fait opposés à l’idée que nous nous étions faite de lui : au lieu d’un grave et austère philosophe dont la présence aurait pu intimider des enfants comme nous étions, la personne qui s’adressait à nous était un Français gai, poli, plein de vivacité, qui, après mille agréables compliments et mille remerciements pour l’honneur que nous lui faisions, désira savoir si nous ne voudrions pas déjeuner ; et comme nous nous excusions (car nous avions déjà mangé en route) : « Venez donc, nous dit-il, promenons-nous ; il fait une belle journée, et je désire vous montrer comme j’ai tâché de pratiquer ici le goût de votre pays et d’arranger mon habitation à l’anglaise. » Nous le suivîmes, et, du côté de la ferme, nous arrivâmes bientôt à la lisière d’un beau bois coupé en allées, clos de palissades, et dont l’entrée était fermée d’une barrière mobile d’environ trois pieds de haut, attachée avec un cadenas : « Venez, dit-il après avoir cherché dans sa poche ; ce n’est pas la peine d’attendre la clef ; vous pouvez, j’en suis sûr, sauter aussi bien que moi, et ce n’est pas cette barrière qui me gêne. » Ainsi disant, il courut à la barrière et sauta par-dessus le plus lestement du monde. Nous le suivîmes avec surprise, et non sans un secret plaisir de voir le philosophe si prêt à devenir notre camarade de jeux.
Elles lui ont fait écrire le mot terrible et réprobateur qui est le « raca » de messieurs les philosophes : le mot « capucin ». « Et de quoi, diable ! […] C’est la moralité du gentilhomme, de l’homme de qualité, élevé probablement par une mère chrétienne, qui a gardé en lui la première impression des leçons de sa mère, ce qui l’a empêché, dans un siècle de philosophie et malgré les entortillantes flatteries de Voltaire, d’être nettement un philosophe. […] La gloire des lettres, presque toujours si vaine quand elle n’est pas du plus haut parage, l’attirait avec empire, et c’était peut-être par là qu’il avait pris Voltaire, Voltaire charmé de voir un gentilhomme venir aux lettres et se détourner de ce métier des armes, exécré par les philosophes, qui prétendent que la guerre est une barbarie, et qui croient dire, en disant cela, une chose profonde. […] Quand tout ce qui était littéraire se faisait philosophe, Vauvenargues était philosophe comme les autres, puisqu’il avait la rage d’être littéraire ; mais il n’était ni athée comme d’Holbach ou La Mettrie, ni ennemi de Jésus-Christ comme Voltaire, ni matérialiste comme Diderot, ni déiste raccourci et bourgeois comme Jean-Jacques, et il ne parvenait qu’à être sceptique, dans un temps qui ne connaissait que le dogme de toutes les erreurs et leur affirmation la plus véhémente.
Cousin, le chef à présent déposé de la philosophie en France, et qui s’est lui-même tondu (mais non pour se faire moine) avec les ciseaux de Madame de Longueville, se fit, à grand bruit, l’éditeur et le vulgarisateur du philosophe du xiie siècle condamné par l’Église. […] Dans ce livre sur Abailard, il est vrai, ce n’est pas sur le philosophe rigoureusement dit qu’on ramène l’intérêt et la lumière, mais qu’importe ! […] Il ne lui suffît plus de nous vanter comme l’un des plus puissants cerveaux qui aient élargi un crâne d’homme le sophiste brillanté du concile de Sens, le philosophe qui incuba son conceptualisme équivoque dans le grossier nominalisme de Roscelin, elle veut nous prouver, par-dessus le marché, que l’amant vaniteux d’Héloïse fut le plus grand cœur qui ait jamais filtré un sang de feu dans une poitrine. […] Vus à travers ces lettres, les deux amants de grande et bonne foi disparaissent, et vous ne voyez plus que deux philosophes qui font des phrases philosophiques au lieu de naïvement s’aimer. […] Héloïse, elle, qui n’a pas besoin qu’on la mutile pour cesser d’être femme, Héloïse qui ne le fut jamais, tant elle est, de tempérament et d’âme, philosophe, Héloïse brave le mépris du monde parce que l’homme qui l’a perdue est un de ces fascinateurs de passage qui traversent de temps en temps l’Histoire et qui voient pendant quelques minutes le monde idolâtre et imbécile à leurs pieds.
Elles lui ont fait écrire le mot terrible et réprobateur qui est « le raca » de messieurs les philosophes : le mot : « capucin ». […] C’est la moralité du gentilhomme, de l’homme de qualité, élevé probablement par une mère chrétienne, qui a gardé en lui la première impression des leçons de sa mère, ce qui l’a empêché, dans un siècle de philosophie et malgré les entortillantes flatteries de Voltaire, d’être nettement un philosophe. […] La gloire des lettres, presque toujours si vaine quand elle n’est pas du plus haut parage, l’attirait avec empire, et c’était peut-être par là qu’il avait pris Voltaire, Voltaire charmé de voir un gentilhomme venir aux lettres et se détourner de ce métier des armes, exécré par les philosophes qui prétendent que la guerre est une barbarie, et qui croient dire, en disant cela, une chose profonde. […] Quand tout ce qui était littéraire se faisait philosophe, Vauvenargues était philosophe comme les autres, puisqu’il avait la rage d’être littéraire ; mais il n’était ni athée comme d’Holbach ou La Mettrie, ni ennemi de Jésus-Christ comme Voltaire, ni matérialiste comme Diderot, ni déiste raccourci et bourgeois comme Jean-Jacques, et il ne parvenait qu’à être sceptique, dans un temps qui ne connaissait que le dogme de toutes les erreurs et leur affirmation la plus véhémente.
Cousin se fit, à grand bruit, l’éditeur et le vulgarisateur du philosophe du douzième siècle, condamné par l’Église. […] Dans ce nouveau livre sur Abailard, il est vrai, ce n’est pas sur le philosophe, rigoureusement dit, qu’on ramène l’intérêt et la lumière, mais qu’importe ! […] Aujourd’hui, il ne lui suffit plus de nous vanter comme l’un des plus puissants cerveaux qui aient élargi un crâne d’homme le sophiste brillanté du concile de Sens, le philosophe qui incuba son conceptualisme équivoque dans le grossier nominalisme de Roscelin, elle veut nous prouver, par-dessus le marché, que l’amant vaniteux d’Héloïse fut le plus grand cœur qui ait jamais filtré un sang de feu dans une poitrine. […] Vus à travers ces lettres, les deux amants de grande et bonne foi disparaissent, et vous ne voyez plus que deux philosophes qui font des phrases philosophiques au lieu de naïvement s’aimer. […] Héloïse, elle, qui n’a pas besoin qu’on la mutile pour cesser d’être femme, Héloïse qui ne le fut jamais, tant elle est, de tempérament et d’âme, philosophe !
De tout temps, le phénomène esthétique a attiré l’attention des philosophes. […] Qui n’a pas lu l’ouvrage du philosophe de Bâle ne peut comprendre tout à fait l’œuvre du maître de Bayreuth. […] Toutes les fois que j’ai entendu Carmen, je me suis apparu plus philosophe, meilleur philosophe qu’auparavant… Le son orchestral de Bizet est presque le seul que je supporte encore. […] C’est ce que fit le philosophe. […] Pauvre philosophe !
Le philosophe raisonne, l’enthousiaste sent ; le philosophe est sobre, l’enthousiaste est ivre. […] Et que fait le philosophe qui pèse, s’arrête, analyse, décompose ? […] C’est le rôle du philosophe et du poëte. […] Aucun philosophe que je connaisse n’a encore assigné la vraie différence de la veille et du rêve. […] Le philosophe remonte à un principe plus secret.
C’est que Buffon est avant tout un philosophe : les faits particuliers ne l’intéressent que par le sens qu’ils contiennent, par la lumière qu’ils apportent dans un essai d’explication générale de l’univers. […] Les philosophes lui en voulurent : ils ne lui pardonnèrent pas de ne vouloir être que savant dans une œuvre de science. […] Ce n’était pas là le retour à la nature que prêchaient les philosophes. […] Il rendit deux grands services à la science et à la littérature : à la science, le service de la dégager des aventures irréligieuses, immorales, où les philosophes la compromettaient ; à la littérature, le service de lui donner l’histoire naturelle comme une nouvelle province.
Les lexicographes ne sont pas en général de très grands philosophes, et pourtant le plus beau livre de généralités n’a pas eu sur la haute science une aussi grande influence que le dictionnaire très médiocrement philosophique par lequel Wilson a rendu possibles en Europe les études sanscrites. […] Le curieux et l’amateur peuvent rendre à la science d’éminents services ; mais ils ne sont ni le savant ni le philosophe. […] Bayle et Charles Nodier ne sont que des curieux, et pourtant ils sont déjà presque des philosophes. […] Mieux vaut l’humble paysan qui sert Dieu que le superbe philosophe qui considère le cours des astres et se néglige lui-même.
Si l’on n’entend que moi, on me reprochera d’être décousu, peut-être même obscur, surtout aux endroits où j’examine les ouvrages de Sénèque ; et l’on me lira, je ne dis pas avec autant de plaisir, comme on lit les Maximes de La Rochefoucauld, et un chapitre de La Bruyère : mais si l’on jette alternativement les yeux sur la page de Sénèque et sur la mienne, on remarquera dans celle-ci plus d’ordre, plus de clarté, selon qu’on se mettra plus fidèlement à ma place, qu’on aura plus ou moins d’analogie avec le philosophe et avec moi ; et l’on ne tardera pas à s’apercevoir que c’est autant mon âme que je peins, que celle des différents personnages qui s’offrent à mon récit. […] quels sujets à traiter, si j’avais su faire pour l’innocence du philosophe ce que vous avez fait pour l’intelligence de ses écrits ! […] il a dépendu de moi que le philosophe Sénèque me dît aussi : « Il y a près de dix-huit siècles que mon nom demeure opprimé sous la calomnie ; et je trouve en toi un apologiste ! […] A cet avantage tâchons, mon ami, d’en ajouter un second, plus précieux peut-être : qu’il ne vous suffise pas d’avoir éclairci les passages les plus obscurs du philosophe ; qu’il ne me suffise pas d’avoir lu ses ouvrages, reconnu la pureté de ses mœurs, et médité les principes de sa philosophie : prouvons que nous avons su, l’un et l’autre, profiter de ses conseils.
Il y avait chaque jour à Paris des soupers comme celui que décrit Voltaire495 où « deux philosophes, trois dames d’esprit, M. […] Quand on prend la vie de la sorte, un philosophe avec toutes ses idées est aussi nécessaire dans un salon qu’un lustre avec toutes ses lumières. […] À leurs yeux je suis un infidèle, parce que j’ai encore quelques croyances debout. » — « Savez-vous ce que sont les philosophes et ce que ce mot signifie ici ? […] Ils ne sont pas capables de pousser le raisonnement si loin, mais ils disent oui à beaucoup d’énormités, parce que c’est la mode et qu’ils ne savent comment contredire. » À présent que « les petits maîtres sont surannés » et que tout le monde « est philosophe », ils sont philosophes ; il faut bien être comme tout le monde. […] Progrès de l’opposition en politique. — Ses origines. — Les économistes et les parlementaires. — Ils frayent la voie aux philosophes. — Fronde des salons
Essayons de le devancer en présentant ici un portrait véridique du philosophe français. […] Les courtisans de la vérité, qu’on appelle les philosophes, ne pouvaient avoir qu’une place avilie et peu sûre à sa cour. […] Cette Scythie pastorale et libre de l’Europe souriait à l’imagination du philosophe et du poëte. […] Voilà, avec l’impartialité que l’on doit à la vérité et même à l’erreur, le vrai caractère de Voltaire philosophe. […] Les rêves de constitutions chimériques et contradictoires de ce philosophe génevois lui semblaient, avec raison, aussi creux et aussi impratiques que ceux de Platon et de Fénelon.
On peut se moquer des savants, des poètes, des philosophes, des hommes religieux, des politiques, des plébéiens, des nobles, des riches bourgeois. […] Il semble que l’homme de guerre, le politique, l’homme de finances soient plus inattaquables que le philosophe ou le poète. […] Les vrais personnages historiques du temps sont des écrivains, des philosophes, des hommes d’esprit ou de génie. […] Nullement ; ils restent écrivains, philosophes, moralistes, et c’est par là qu’ils agissent sur le monde. […] Est-ce la place d’un philosophe ?
Quelques modernes se sont fait gloire d’adopter l’opinion de ce philosophe, & ont encore chargé le portrait. […] Il brigue une place parmi les poëtes François, comme parmi les historiens & les philosophes* Auguste, Adrien, &, si nous venons à nos princes, Thibault comte de Champagne & roi de Navarre, Charles d’Orléans, François I, la reine Marguerite & quantité d’autres, ont fait des vers. […] Ces philosophes eurent des disciples qui en firent eux-mêmes. […] Au reste, ce prince n’aimoit pas plus les philosophes & les sçavans que les poëtes : témoin l’exil du célèbre Wolf & le mauvais accueil qu’il fit au jeune Baratier, fils d’un François réfugié, qui lui fut présenté comme un prodige d’érudition. […] On convient que les vers du philosophe couronné manquent quelquefois de soin & de fini ; qu’ils n’atteignent pas toujours à notre coloris François : mais, en récompense, il les a remplis d’idées, de grandes vues, de morceaux très-poëtiques.
Duclos à la Bruyere, soit par la maniere, soit par le fond, il est cependant peu d’Ecrivains parmi nos Littérateurs, & sur-tout nos Littérateurs Philosophes, qui aient su racheter leurs défauts par autant de mérite. […] Duclos eut des liaisons avec les Philosophes de nos jours, ces liaisons ne l’empêcherent point de condamner leurs travers, comme on peut en juger par le morceau suivant : « On déclame beaucoup, depuis un temps, contre les préjugés ; peut-être en a-t-on trop détruit : le préjugé est la loi du commun des hommes….. […] Duclos estimât peu les Philosophes, il faut néanmoins convenir qu’il en avoit toute la morgue.
— Des philosophes et des théologiens. — De la scolastique ; — § III. […] — Des philosophes et des théologiens. — De la scolastique. […] Les philosophes et les théologiens avaient d’ailleurs dans un certain degré la connaissance du passé. […] Ce grand mot plane en quelque manière sur toute l’époque, mais on ne pénètre pas dans la chose ; et, parmi tant de philosophes, il n’en est pas un qui soit tenté un jour de n’être qu’un moraliste. […] L’homme dans les philosophes, c’est un genre ; seulement, pour les uns, ce genre n’est qu’un vain mot ; pour les autres, c’est une abstraction réalisée.
Il avait l’esprit abstrait et raisonneur du xviiie siècle : il n’a été qu’un philosophe ennemi des philosophes, dénué, comme ils le furent en général, de sens artistique, et réduisant, comme ils faisaient, le réel aux formes de ses idées a priori. […] Je ne sais s’il étudia directement l’œuvre du philosophe allemand : du moins lui doit-il sa méthode. […] Taine, Philosophes français du xixe s. […] Taine, Philosophes français au xixe s. […] Taine, Philosophes français au xixe siècle.
Toute l’Europe fut indignée de voir le plus fougueux & le plus déraisonnable des hommes s’acharner contre un philosophe, contre un sage, un homme doux, simple, modéré, plus admirable encore par le caractère de sa belle ame que par celui de son génie & de ses écrits. […] Jurieu y enseignoit la théologie & se faisoit un honneur de recevoir le philosophe chez lui. […] Le philosophe alla joindre sa maîtresse en Hollande. […] Il croyoit avoir été suscité de dieu pour faire le tourment d’un philosophe qui n’a pas moins honoré la Hollande que Descartes, en la choisissant pour le lieu de sa retraite.
Une personne qui a fait quelque étude de la Géométrie, pourroit orner son cabinet des ouvrages des Philosophes les plus célébres de ces derniers siécles. […] Ces trois morceaux sont dignes d’un Philosophe, qui connoît toute la marche de l’esprit humain. Il y a aussi beaucoup à profiter dans la lecture des Mêlanges de M. d’Alembert : philosophe profond qui a toute la finesse de Fontenelle, toutes ses connoissances & une force de style que Fontenelle n’avoit point. […] C’est le premier des Philosophes françois, qui ait donné des graces à la raison.
Ce sont surtout les philosophes, les moralistes, les penseurs, qu’on relit dans ce dessein, et ce n’est pas mal fait ; mais il n’est auteur qu’on ne puisse relire dans cette intention, et il en est qui sont tellement dignes d’être relus qu’on doit les relire pour cet objet. […] C’est chose toujours un peu impétueuse ; de tempérament si sain que l’on soit, ou quelque bonne méthode de lecture que l’on ait, on ne peut jamais s’empêcher tout à fait d’être pressé, avec un philosophe de voir quelle est son idée générale et quelles sont ses conclusions, avec un romancier de voir comment cela finit. […] Si je désire vivre encore quelques années, c’est dans l’espérance, bien ambitieuse du reste, de comprendre quelque chose à tel philosophe contemporain qui m’est fermé, et je veux dire à qui je suis fermé moi-même. […] Mais ce n’est pas seulement chez les philosophes qu’il arrive que nous fassions des découvertes de ce genre et que nous récoltions regain de cette sorte.
Ces deux filiations firent plus tard de Rousseau un enfant impressionnable, un écrivain sublime, un rêveur chimérique et un philosophe vicieux. […] — Si la démence n’expliquait pas charitablement dans Rousseau un tel contraste entre l’homme et l’écrivain, faudrait-il donc accuser l’homme de perversité et le philosophe d’hypocrisie ? […] L’aigreur de ses ressentiments contre Diderot, Grimm, le baron d’Holbach, ses premiers amis, le brouilla alors avec la secte des philosophes dont il avait été jusque-là le protégé. […] Cette puérilité dans un philosophe européen attire sur lui une attention qui s’attache plus à l’habit qu’à la personne. […] Solon avait voyagé dans tout l’Orient, poète et philosophe, recueillant pour sa patrie les miettes de la profonde sagesse orientale.
Comment croire ces philosophes ? […] La foi du philosophe au contraire est toujours à nu, dans sa simple beauté. […] Le philosophe, au contraire, ne conçoit en aucune circonstance ni la rétractation absolue ni l’immobilité prédécidée. […] Étaient-ce de tremblants rhéteurs que ces philosophes, ces Girondins, qui portaient si fièrement leur tête à l’échafaud ? […] La plupart des philosophes arabes étaient hétérodoxes ou incroyants.
Les Philosophes ont bien pu tenter de le décrier dans le Public, parce qu’il a dédaigné leurs suffrages & s’est élevé contre leur cabale ; ils ont pu, au mépris de la tolérance & de l’honnêteté qu’ils ne cessent de recommander, l’accabler de leurs Brochures ; M. de Voltaire, entre autres, a pu venir à bout, par ses Diatribes quelquefois plaisantes & souvent abjectes, d en imposer aux Beaux-Esprits de Province & aux petits Esprits de la Capitale ; il n’en sera pas moins vrai que M. de Pompignan est un de ces hommes qui font le plus d’honneur à notre Littérature, par leurs talens & par leurs mœurs. […] L’Eloge historique du Duc de Bourgogne est un morceau d’éloquence qui nous retrace la noble simplicité des Anciens ; son Discours de réception à l’Académie, malgré tout le persifflage qu’il lui attira, peut être regardé comme la production de l’honnête homme, du sage Littérateur, du vrai Philosophe ; ses autres Discours Académiques offrent par-tout l’Ecrivain élégant, & assez formé sur les bons Modeles, pour en devenir un à son tour. […] Racine le fils, sur les Tragédies de son pere ; sa Traduction des Dialogues de Lucien, celle des Tragédies d’Eschyle sur-tout, sont autant de travaux qui déposeront en faveur de son génie, de son savoir, de ses lumieres, de son zele pour le progrès des Arts, contre les esprits jaloux qui l’ont attaqué sans le valoir ; contre les esprits superficiels qui l’ont jugé sans le connoître ; contre les Philosophes qui l’ont décrié sans pouvoir lui nuire ; ils prouveront encore, avec ses autres Ouvrages, l’énorme différence qu’il y a entre l’Honnête homme qui sait faire un noble usage de ses talens, & l’Ecrivain dangereux qui en abuse pour dépriser ceux de ses Rivaux.
Chez les anciens, un philosophe rencontrait toujours quelque divinité sur sa route ; il était, sous peine de mort ou d’exil, condamné par les prêtres d’Apollon ou de Jupiter, à être absurde toute sa vie. […] L’an de Rome 591, le sénat rendit un décret pour bannir les philosophes de la ville ; et, six ans après, Caton se hâta de faire renvoyer Carnéade, ambassadeur des Athéniens, « de peur, disait-il, que la jeunesse, en prenant du goût pour les subtilités des Grecs, ne perdit la simplicité des mœurs antiques ». […] En métaphysique pure, Malebranche et Leibnitz ont été beaucoup plus loin que le philosophe anglais. […] D’ailleurs, rien ne dérange le compas du géomètre, et tout dérange le cœur du philosophe. […] Les Grecs poussèrent cette haine des philosophes jusqu’au crime, puisqu’ils firent mourir Socrate.
Quoique philosophe, Aristote faisait des poésies ; il en a fait une — très belle ! […] Et comme avant Darwin et Proudhon, ces grands scélérats intellectuels, on n’avait pas encore vu ces abominations qui sont le fond de l’abîme dans l’ordre de la pensée et après lesquelles il n’y a plus que la mort de l’Esprit humain à plat ventre dans ses ténèbres, on n’avait pas entendu non plus — car dans les vieilles civilisations les poètes ne viennent qu’après les philosophes — de poésie vibrant à l’unisson de ces épouvantables et damnés penseurs. […] Se croyant philosophe, peut-être parce qu’elle est athée, elle doit certainement être plus-fière de l’adjectif que du substantif dans le titre qu’elle a donné à ses poésies. […] Cette nécessité philosophique du néant exaspère son âme, qui a soif d’infini puisqu’elle est poète, et si elle l’accepte, cette nécessité, comme philosophe, comme poète, elle la maudit III Elle la maudit, — et voilà justement pourquoi cette poésie, comme je l’ai dit plus haut ; n’est pas dangereuse. […] Elle aussi, la femme aveuglément athée, renverse tout dans sa douleur d’être sans Dieu, et elle périt comme raison, cette philosophe, sur son athéisme écrasé.
Isolé comme un chrétien dans ces temps d’épreuve pour les vrais serviteurs de Dieu, il n’est pas, comme Diderot, le centre d’une légion (le diable s’appelle parfois légion) de philosophes qui le regardent comme leur Ordonnateur en chef. […] A l’extrémité, à l’opposite des idées du philosophe du dix-huitième siècle, il n’a rien, hélas ! […] Les rois très-chrétiens doivent penser autrement que les souverains philosophes qui trouvent absurde le mot divin : « Bienheureux ceux qui souffrent et bienheureux ceux qui Pleurent ! […] Tous deux sont artistes et philosophes. […] Brucker, né sur le fumier de l’incrédulité, qui ne vaut pas celui de Job, a longtemps été philosophe, mais est devenu un chrétien, avant de recevoir son coup de lumière dans l’intelligence.
Pour le philosophe, Émilie est une folle, Cinna un sot ; pour le spectateur, Émilie est un caractère sublime, Cinna un jeune homme faible, esclave d’une grande passion ; pour le philosophe comme pour le spectateur, Auguste est un grand homme, et c’est lui qui est le véritable héros de la tragédie. […] Il y a longtemps que le philosophe Tacite a réfuté les invectives du déclamateur Voltaire contre Auguste. […] La morale n’est plus qu’un jeu, si on n’y aperçoit que les spéculations creuses des philosophes, ou les lois intéressées des législateurs. […] Mais un poète philosophe a cru faire un coup de génie en nous offrant le comble de la rage et du désespoir, un père ruiné, levant le poignard sur ses enfants. […] mon cher philosophe, il n’est que trop vrai que notre théâtre est à la glace ; ah !
Dumas, d’autres philosophes que MM. […] Pour le philosophe, elle est vivante. […] Taine aura été son grand philosophe. […] Taine est un philosophe, et un philosophe naturaliste. […] Mais sous l’artiste il y a un philosophe, et même le philosophe domine sans cesse.
Il ne l’a pas reconnue davantage dans les phénomènes attribués par Socrate à son démon : là pourtant, elle se présentait avec un éclat et une originalité bien propres à attirer l’attention d’un philosophe. […] Deux circonstances favorables, les usages de la religion chrétienne, et l’existence, désormais inoubliable, de la théorie nominaliste, nous paraissent expliquer cette clairvoyance plus grande des philosophes modernes. […] Et la mémoire visuelle, en général, n’est-elle pas, chez certains hommes qui se donnent la peine de la cultiver, plus distincte et plus docile que chez le philosophe ou l’orateur ? […] Locke par les mêmes principes par lesquels ce philosophe démontre l’existence et l’immatérialité de Dieu (1747) et Défense du sentiment du P. […] Pierre Prevost (1751-1839), philosophe, physicien et littérateur genevois.
Il écrit du philosophe : « La danse est son idéal, son art particulier, et finalement aussi sa seule piété, son culte »… Son Zarathoustra « ne s’avance-t-il pas comme un danseur » ? […] Déplacer quelques mystères qui semblaient extérieurs et transcendants pour les rendre immanents à l’homme ; transformer du mystère métaphysique en mystère psychologique ; ramener nos yeux du macrocosme vers le microcosme : c’est, à de certaines époques, l’œuvre nécessaire du philosophe. […] Et, remarque le cruel philosophe, l’homme « n’en est pas troublé parce qu’il est successif. […] Les plus grands et les plus originaux des philosophes allemands furent professeurs en quelque université ; en France, connaissez-vous un professeur qui ait la puissance de penser ou le courage de ne point répéter ? Chez nous, le professeur de philosophie, prêtre de traditions que souvent il ne comprend même plus, est exactement le contraire du philosophe.
J’en donnerai un extrait à l’usage des curieux en matière de biographie littéraire et qui, une fois mis en goût sur un auteur de renom, trouvent qu’on n’en sait jamais trop : …… Peut-être ne vous sera-t-il pas indifférent d’avoir quelques détails sur la jeunesse du philosophe dont vous suiviez avec tant d’amour les leçons dans sa petite chambre de la rue du Four. Jouffroy faisait sa seconde au collège de Lons-le-Saulnier, sous la discipline d’un abbé, le seul bon professeur de ce collège, lorsque j’entrais en quatrième sous l’abbé Jouffroy, le parent et l’hôte de notre philosophe. […] Un caractère généreux, poétique et chevaleresque, voilà ce qui le distinguait à nos yeux : le philosophe nous échappait d’autant plus qu’il n’existait pas même de classe de philosophie au collège de Lons-le-Saulnier.
Dans un temps où la mémoire et l’imagination étaient pleines de force, où la puissance d’invention était si grande, il ne pouvait être philosophe. […] Il fut même devancé par plusieurs poètes héroïques, au rapport de Cicéron (Brutus) ; Eusèbe les nomme dans sa Préparation évangélique ; ce sont Philamon, Thémiride, Démodocus, Épiménide, Aristée, etc. — Enfin, on ne pouvait voir en lui la source des diverses philosophies de la Grèce, puisque nous avons démontré dans le second Livre que les philosophes ne trouvèrent point leurs doctrines dans les fables homériques, mais qu’ils les y rattachèrent. La sagesse poétique avec ses fables fournit seulement aux philosophes l’occasion de méditer les plus hautes vérités de la métaphysique et de la morale, et leur donna en outre la facilité de les expliquer.
Bordes (mars 1765), vous voyez bien que Jean-Jacques ressemble à un philosophe comme un singe ressemble à l’homme… On est revenu de ses sophismes, et sa personne est en horreur à tous les honnêtes gens qui ont approfondi son caractère. Quel philosophe qu’un brouillon et qu’un délateur ! […] Les philosophes ne le comptent point parmi leurs frères. […] Bordes (novembre 1768), que votre peuple de Lyon n’est pas philosophe ; mais pourvu que les honnêtes gens le soient, je suis fort content. — La France, écrit-il à un autre de ses correspondants de Lyon, M. […] Turgot et les espérances auxquelles l’avénement de Louis XVI ouvrit carrière, que Voltaire, philosophe et berger, manufacturier et laboureur, parut reprendre une vie toute nouvelle.
Ce côté de poète qui se dissimulait dans la correspondance avec M. de Suhm, et qui disparaissait dans le philosophe amateur de la vérité, se déclare tout à fait et en toute naïveté dans les lettres à Jordan. […] Ce n’est pas la guerre pour la guerre qu’aime Frédéric, ce n’est pas même la guerre pour la conquête : « J’aime la guerre pour la gloire, dit-il ; mais si je n’étais pas prince, je ne serais que philosophe. […] Pourtant les lettres à Jordan nous montrent qu’il ne l’a voulu que par point d’honneur, par amour pour un fantôme de réputation qu’il ne sait comment définir : Tu me trouveras plus philosophe que tu ne l’as cru. […] Quant à Jordan, il demeure fidèle à son rôle de savant, d’homme paisible et de philosophe ami de l’humanité. […] Ôtez de devant mes yeux cette épée qui m’éblouit et me blesse. » Frédéric ne se choque point, et à l’étrange boutade du philosophe sauvage il n’oppose que ces mots : « Il veut que je fasse la paix ; le bonhomme ne sait pas la difficulté qu’il y a d’y parvenir, et, s’il connaissait les politiques avec lesquels j’ai affaire, il les trouverait bien autrement intraitables que les philosophes avec lesquels il s’est brouillé. » Aussitôt la paix conclue, Frédéric se fait une joie de revoir son ami le Milord Maréchal, et, quand celui-ci l’a quitté pour retourner en Écosse, il essaye de le rappeler à Postdam par ces paroles où perce cette fois un sourire et un vrai parfum de poésie : « Je finis ma lettre en vous apprenant, mon cher Milord, que mon chèvrefeuille est sorti, que mon sureau va débourgeonner, et que les oies sauvages sont déjà de retour.
Son toupet gris avec sa mignardise lui donne l’air d’une vieille coquette qui fait encore l’aimable, la position, d’un secrétaire d’état et non d’un philosophe. […] Si elle s’étoit mise à son clavecin et qu’elle eût préludé ou chanté (…), ou quelqu’autre morceau du même genre, le philosophe sensible eût pris un tout autre caractère, et le portrait s’en seroit ressenti. […] Mon joli philosophe, vous me serez à jamais un témoignage prétieux de l’amitié d’un artiste, excellent artiste, plus excellent homme. […] Au reste, le philosophe a raison de se moquer du sens moral des métaphysiciens anglais ; mais il n’explique pas pour cela la manière dont se fait sur nos organes l’impression d’une belle action.
Mais, d’autre part, il envisage corps et esprit de telle manière qu’il espère atténuer beaucoup, sinon supprimer, les difficultés théoriques que le dualisme a toujours soulevées et qui font que, suggéré par la conscience immédiate, adopté par le sens commun, il est fort peu en honneur parmi les philosophes. […] Nous nous plaçons au point de vue d’un esprit qui ignorerait les discussions entre philosophes. […] Sans doute il est devenu difficile d’éviter cette dissociation, depuis que les philosophes l’ont faite. […] À vrai dire, c’est là ce qui est le plus communément admis, par les philosophes aussi bien que par les savants.
Et voilà l’homme qu’un siècle entier a appelé philosophe ! […] Et alors nommez vous-même de son vrai nom ce philosophe de la guerre civile ! […] Quel législateur qu’un philosophe qui inscrit sur le frontispice de ses lois le cri d’insurrection contre ces lois mêmes ! […] Fermons donc ce livre, et plaignons le philosophe d’avoir rencontré un tel peuple pour l’admirer, et plaignons le peuple d’avoir eu un tel philosophe pour législateur ! […] Voilà la législation de ces philosophes de la faim : l’univers pétrifié, l’homme affamé, le principe de tout mouvement arrêté, le grand ressort de la machine humaine brisé.
Les ornemens se présentent d’eux-mêmes sous la plume de cet Orateur sagement philosophe, sans qu’il ait besoin de les chercher ; jamais la raison ne s’exprima avec plus de noblesse & de candeur. […] Dans ses Mercuriales sur-tout, il est aisé de reconnoître une suite de tableaux où l’Homme de Loix est forcé de puiser la plus haute idée de sa profession & l’amour de ses devoirs, l’Homme d’Etat, les leçons de la saine politique & les moyens de la rendre utile & respectable ; le Philosophe, le modele de l’usage qu’il doit faire de ses lumieres & de la sagesse qui sait les contenir ; le Littérateur, les finesses de son art & les solides beautés qui peuvent l’embellir ; tous les hommes, le respect des Loix, les regles de la vertu & les charmes qui la font aimer. […] Les préceptes qu’elle renferme , disoit-il, sont la route assurée pour parvenir à ce souverain bien que les anciens Philosophes ont tant cherché, & qu’elle seule peut nous faire trouver *.
De ce nombre sont l’Oracle des nouveaux Philosophes, par l’Abbé Guion, les Erreurs de V. […] Le Philosophe jugé au tribunal de la raison, par l’Abbé le Masson des Granges, est un livre plein de choses neuves & bien pensées. […] Nicole est non-seulement propre aux Philosophes ; il est encore très-utile aux Chrétiens qui veulent faire des progrès dans la vertu.
Si Homère est un sage, un philosophe, que dire de la passion de ses héros pour le vin ? […] Celui en qui les leçons des philosophes auraient développé les sentiments de l’humanité et de la pitié n’aurait pas eu non plus ce style si fier et d’un effet si terrible avec lequel il décrit dans toute la variété de leurs accidents, les plus sanglants combats, avec lequel il diversifie de cent manières bizarres les tableaux de meurtre qui font la sublimité de l’Iliade. […] Je n’ai pas besoin de dire qu’on ne peut guère comprendre comment un esprit grave, un philosophe habitué à combiner ses idées d’une manière raisonnable, se serait occupé à imaginer ces contes de vieilles, bons pour amuser les enfants, et dont Homère a rempli l’Odyssée.
Les théologiens sont les philosophes d’alors, et ils se recommandent par un caractère de naïveté et de gravité, par une profondeur de sentimens et une hauteur d’idées qui leur assigne un rang très élevé dans l’histoire de la philosophie. […] Frédéric se plaisait à cette lutte des vieux théologiens avec les nouveaux philosophes. […] Il est peu de philosophes qui aient considéré les connaissances dans leur rapport avec l’esprit humain. […] Hume est celui de tous les philosophes qui a osé aborder cette question avec le plus de fermeté, mais sous une seule de ses faces, dans le célèbre principe de causalité, et on sait comment il l’a résolue. […] Socrate aussi, deux mille ans avant Kant et Descartes, rapportait tout à sa méthode qui, au fond, était la même que celle du philosophe français et du philosophe allemand.
Le « philosophe » : le chapitre de Quelques Usages. — 3. […] Surtout quel théâtre, quel champ d’observations que cet hôtel de Condé, que ce Chantilly, où tout ce qui comptait en France défilait devant les yeux du philosophe et du peintre ! […] C’est donc un philosophe que La Bruyère : mais à voir la fière et ombrageuse sensibilité qui perce dans son livre, on se demande s’il est aussi détaché qu’il veut l’être. […] Remarquons-le bien : les points touchés par La Bruyère sont précisément ceux par où les philosophes du siècle suivant saperont l’ancien régime ; La Bruyère est déjà philosophe au sens que Voltaire et Diderot donneront à ce mot. […] Il y a en lui un philosophe, et les philosophes ne s’y sont pas trompés, en contribuant à former sa légende462 : il aime la paix, la bonne administration, les lumières.
Un philosophe éloquent du dernier siècle a voulu surprendre et décrire l’entrée du premier homme dans la vie, son action instinctive, l’éveil de ses sensations, et ce qu’il nomme les plaisirs de sa grande et noble existence. […] Fallait-il, ô philosophe ! […] L’image rencontrée par le prophète et par le philosophe ne naissait-elle pas pour l’un et pour l’autre de la vue des mêmes objets ? […] Le caractère même du chef politique retracé par le philosophe est modelé sur le législateur hébreu : c’est un naturel extraordinaire, une éducation miraculeuse, une égale aptitude à la vie contemplative et à la vie active. […] Dans le silence du philosophe sur une telle révélation, quelques rencontres de génie, quelques formes d’imagination, ne suffisent pas pour affirmer ce commerce d’intelligence.
Mirabeau, à l’origine, admire plus Vauvenargues qu’il ne le connaît, et il se le figure plus philosophe ou moins ambitieux qu’il ne l’est en réalité : il lui fait part de ses sentiments tumultueux en ces années où il hésite encore entre plusieurs carrières, et il paraît envier de loin sa tranquillité d’âme, les jours où il ne la stimule pas : L’ambition, lui dit-il, me dévore, mais d’une façon singulière : ce n’est pas les honneurs que j’ambitionne, ni l’argent, ou les bienfaits, mais un nom, et enfin d’être quelqu’un ; pour cela, il faut être dans un poste. […] Que l’on est heureux lorsqu’on est aussi philosophe que vous l’êtes ! […] Mirabeau toujours préoccupé de l’idée que Vauvenargues n’est pas ambitieux, qu’il est philosophe par tempérament et par choix (il le juge trop sur la mine, et par le dehors), qu’il est porté à l’inaction et au rêve, le presse souvent et dans les termes d’une cordiale amitié de se proposer un plan de vie, un but, de ne plus vivre au jour la journée : « Nous avons besoin de nous joindre, mon cher ami ; vous appuieriez sur la raison, et je vous fournirais des idées. » Vauvenargues décline ce titre de philosophe auquel, dit-il, il n’a pas droit : Vous me faites trop d’honneur en cherchant à me soutenir par le nom de philosophe dont vous couvrez mes singularités ; c’est un nom que je n’ai pas pris ; on me l’a jeté à la tête, je ne le mérite point ; je l’ai reçu sans en prendre les charges ; le poids en est trop fort pour moi. Ce sont mes inclinations qui m’ont rendu philosophe ou qui m’en ont acquis le titre : si ce titre les gênait, il leur deviendrait odieux ; je ne m’en suis jamais caché, toute ma philosophie a sa source dans mon cœur… Mirabeau insiste et le secoue : il prétend lui montrer qu’avec ses talents, il serait impardonnable de se laisser aller à l’accablement, à la nonchalance. […] Ce n’est pas là, dira-t-on, le discours d’un moraliste trop rigide : c’est que le véritable Vauvenargues n’est pas du tout rigide en effet ; il aspire à concilier, à humaniser, à tempérer, à se servir des passions elles-mêmes avec ensemble et à-propos ; il est le contraire du philosophe scythe qui coupe de l’arbre les branches les plus belles ; il est un ennemi presque personnel de Caton le censeur ; s’il a été stoïcien dans un temps, il en est bien revenu.
Vous ne sauriez croire combien je désire de vous avoir, Donnez-vous à moi, je vous en prie, je vous en conjure, je vous en supplie ; il est temps que les princes rampent auprès des philosophes ; les philosophes n’ont que trop rampé auprès des souverains. […] Il n’y a dans aucune lettre de Frédéric de telles phrases que celle par laquelle l’éditeur nous le représente suppliant Maupertuis, et faisant ramper les rois devant les philosophes. […] Malgré l’ignorance qui nous environne, nous étudions, nous disputons sans cesse, et cette soif de savoir n’est jamais assouvie ; il me semble, en lisant les philosophes et les théologiens, voir des aveugles qui errent dans l’obscurité, qui s’entre-heurtent, qui, en voulant s’éviter, se font choir, qui embrassent l’ombre pour le corps, et qui se servent quelquefois, pour s’assommer, du bâton qui leur a été donné pour se conduire, Un petit nombre, tel que vous, Euler et Clairaut, élevés dans une plus haute région, rient de leurs folies et de leurs méprises, Qu’est-ce qui produit tant de faux jugements ? […] Frédéric invite Maupertuis à venir à Potsdam, où il lui fait préparer un appartement : « J’espère, lui fait dire La Beaumelle (p. 289), que dans huit jours tout sera fait et distribué de façon que je pourrai recevoir convenablement mon ami dans ma gentilhommière, et mettre mon philosophe à l’abri de toute incommodité. » Il n’y a ni ma gentilhommière ni mon ami, ni mon philosophe dans la vraie lettre, amicale mais non coquette, de Frédéric : « Mais cela fera bien », se dit toujours La Beaumelle. — Maupertuis a une grande douleur, il vient de perdre son père. […] Consolons-nous ensemble, mon cher président, et souvenez-vous de ce mot de Marc Aurèle, qui devrait être gravé en lettres d’or sur la porte de tous les philosophes : « C’est contre ceux qui t’offensent et contre les méchants que tu dois exercer ta clémence, et non pas contre les honnêtes gens qui ne t’outragent pas.
Mais Boileau n’était pas assez de sang-froid ni assez philosophe pour aller chercher et goûter une pensée saine dans une expression qui ne l’était pas : et Fontenelle, à son entrée dans le monde, offrait les vérités, bonbonnière en main, absolument comme on offrirait des dragées ou des pastilles. […] Le portrait offert en passant par La Bruyère nous a mené loin, et nous avons à revenir pour dégager du milieu des fadeurs et des formes frivoles l’esprit sérieux et le philosophe. […] Boileau et La Bruyère peuvent rire désormais, tant qu’ils veulent, du précieux Fontenelle, il est plus philosophe qu’eux. […] Cherchez ailleurs vos philosophes. » Pourtant il serait bien fâché qu’on le prît au mot, car c’est précisément dans ce mélange de philosophie, de physique et de galanterie qu’il va exceller. […] Le philosophe qui cherche les causes est comme le machiniste qui serait assis au parterre de l’Opéra, et qui essaierait de se rendre compte de certains vols, de certains effets extraordinaires de gloire et de nuage ; et, à l’aide de cette simple comparaison, Fontenelle trouve moyen d’amener les principaux systèmes physiques qui ont été tour à tour proposés par les philosophes.
Ceci est donc purement un article de philosophe et d’artiste. […] Elles ont droit sans doute à l’attention de l’historien, de l’archéologue et même du philosophe ; elles doivent prendre leur rang dans les archives nationales, dans les registres biographiques de la pensée humaine. […] En vérité, faut-il donc démontrer que rien de ce qui sort de l’homme n’est frivole aux yeux du philosophe ? […] Nous vient-elle du roi philosophe de la Judée ? […] Au point de vue de mon philosophe chrétien, le rire de ses lèvres est signe d’une aussi grande misère que les larmes de ses yeux.
La vie, le sentiment de la réalité, y respirent ; de frais paysages, l’intelligence poétique symbolique de la nature, une conversation animée et sur tous les tons, l’existence sociale du xviiie siècle dans toute sa délicatesse et sa liberté, des figures déjà connues et d’autres qui le sont du moment qu’il les peint, d’Holbach et le père Hoop, Grimm et Leroy, Galiani le cynique ; puis ces femmes qui entendent le mot pour rire et qui toutefois savent aimer plus et mieux qu’on ne prétend ; la tendre et voluptueuse madame d’Épinay, la poitrine à demi nue, des boucles éparses sur la gorge et sur ses épaules, les autres retenues avec un cordon bleu qui lui serre le front, la bouche entr’ouverte aux paroles de Grimm, et les yeux chargés de langueurs ; madame d’Houdetot, si charmante après boire, et qui s’enivrait si spirituellement à table avec le vin blanc que buvait son voisin ; madame d’Aine, gaie, grasse et rieuse, toujours aux prises avec le père Hoop, et madame d’Holbach, si fine et si belle, au teint vermeil, coiffée en cheveux, avec une espèce d’habit de marmotte, d’un taffetas rouge couvert partout d’une gaze à travers la blancheur de laquelle on voyait percer çà et là la couleur de rose ; et au milieu de tout ce monde une causerie si mélangée, parfois frivole, souvent souillée d’agréables ordures, et tout d’un coup redevenant si sublime ; des entretiens d’art, de poésie, de philosophie et d’amour ; la grandeur et la vanité de la gloire, le cœur humain et ses abîmes, les nations diverses et leurs mœurs, la nature et ce que peut être Dieu, l’espace et le temps, la mort et la vie ; puis, plus au fond encore et plus avant dans l’âme de notre philosophe, l’amitié de Grimm et l’amour de Sophie ; cet amour chez Diderot, aussi vrai, aussi pur, aussi idéal par moments que l’amour dans le sens éthéré de Dante, de Pétrarque ou de notre Lamartine ; cet amour dominant et effaçant tout le reste, se complaisant en lui-même et en ses fraîches images ; laissant là plus d’une fois la philosophie, les salons et tous ces raffinements de la pensée et du bien-être, pour des souvenirs bourgeois de la maison paternelle, de la famille, du coin du feu de province ou du toit champêtre d’un bon curé, à peu près comme fera plus tard Werther amoureux de Charlotte : voilà, et avec mille autres accidents encore, ce qu’on rencontre à chaque ligne dans ces lettres délicieuses, véritable trésor retrouvé ; voilà ce qui émeut, pénètre et attendrit ; ce qui nous initie à l’intérieur le plus secret de Diderot, et nous le fait comprendre, aimer, à la façon qu’il aurait voulu, comme s’il était vivant, comme si nous l’avions pratiqué. […] Ce serait pour nous une trop longue, quoique bien agréable tâche, de rechercher dans ces volumes et d’extraire tout ce qu’ils renferment d’idées et de sentiments par rapport à l’amour, à l’amitié, à la haute morale et à la profonde connaissance du cœur ; au spiritualisme panthéistique, véritable doctrine de notre philosophe ; à l’art, soit comme théorie, soit comme critique, soit enfin comme production et style. […] Et je fermai l’oreille aux conseils austères des philosophes ; et je fis très bien, n’est-ce pas, ma Sophie ? […] Leroy, homme d’esprit et philosophe, capitaine des chasses, amateur du sexe et ami de Diderot : « Si vous saviez combien je l’aime, écrit ce dernier, vous sauriez aussi combien il m’a été doux de le voir.
Il y avait sans doute une autre manière plus rigoureuse, plus analytique et scientifique de traiter ce sujet de l’influence de la philosophie sur la législation ; c’eût été, dans une sorte de dépouillement des écrits des philosophes, de dénombrer les propositions essentielles le plus applicables à la société selon l’ordre religieux, civil ou politique ; de suivre la fortune positive de ces propositions diverses depuis leur mise en circulation jusqu’à leur avènement régulier, depuis leur naissance à l’état d’idées jusqu’à leur terminaison en lois ; d’épier leur entrée plus ou moins incomplète dans les codes, et d’apprécier ceux-ci dans leur raison et leur mesure. […] Lerminier, après avoir médité ses sujets en philosophe et en penseur, s’en est emparé en artiste ; l’enthousiasme de Diderot a passé dans celui qui le célèbre et qui célèbre les trois autres ; ces quatre chapitres sont comme un poème, en quatre hymnes, qui s’adressent tour à tour à chacun des membres de ce quaternaire sacré de la philosophie. […] Les extravagances de d’Holbach se rapprochent beaucoup des extravagances qui fourmillent dans la tête et les écrits de ces autres philosophes si indulgemment acceptés. […] Je suis certain que, si la réputation si obscure et enveloppée du Philosophe inconnu n’avait défavorablement prévenu M.
Après l’observation si simple que nous venons de faire sur l’histoire du genre humain, quand nous n’aurions point pour l’appuyer tout ce que nous en ont appris les philosophes et les historiens, les grammairiens et les jurisconsultes, on pourrait dire avec certitude que c’est bien là la grande cité des nations fondée et gouvernée par Dieu même. […] Au contraire nous établissons avec les philosophes politiques, dont le prince est le divin Platon, que c’est la providence qui règle les choses humaines. […] et Polybe, s’il est vrai, comme il l’a dit, qu’on n’aura plus besoin de religion, quand les hommes seront philosophes. […] Les théories des philosophes relativement à la vertu fournissent seulement des motifs à l’éloquence pour enflammer le sentiment, et le porter à suivre le devoir121.
Mais laissons un moment Cicéron orateur et critique, et voyons Cicéron écrivain et philosophe. […] Quelles lignes philosophiques plus belles ont donc été écrites depuis ces deux mille ans par nos orateurs, nos hommes d’État, nos philosophes ? […] quelle grâce et en même temps quel enjouement dans ces leçons, s’écrie le philosophe du moyen âge, en étudiant le philosophe romain. […] Le philosophe se moquait de la religion officielle du citoyen. […] Et nos philosophes, dans les livres mêmes qu’ils composent sur le mépris de la gloire, n’y mettent-ils pas leur nom ?
Qu’on me pardonne de parler un moment en philosophe plutôt qu’en poète, et de démonter les rouages de l’âme au lieu de les regarder tourner. […] En sorte que pour graviter aux antipodes l’un de l’autre, le mage philosophe et le mage poète ne longent pas moins une seule et même route. […] Ce qui différencie le grand poète du philosophe est donc moins le sujet traité que la manière de le traiter. […] Voilà pourquoi les opuscules de cet excellent philosophe que fut le poète Richard Wagner nous paraissent si précieux. […] Les données de nos sens, déclare un des philosophes les plus autorisés de l’heure actuelle58, sont extraites d’un ensemble beaucoup plus vaste.
Et c’est un philosophe qui fait de tels amphigouris ! […] Le philosophe du dix-huitième siècle ne disait donc rien de neuf. […] » répondit le vieux philosophe. […] Dans quelle classe de philosophes faut-il les ranger ? […] Telle fut la conduite des plus grands philosophes de l’antiquité.
Il se montre en effet partout philosophe dans ses divers traités plus ou moins historiques, en ce sens qu’il fait constamment tourner son récit à l’enseignement moral. […] En historien philosophe, M. […] C’est dans cette logique des idées que consiste le mouvement historique vraiment libre, vraiment beau, vraiment bon, que le philosophe sait reconnaître sous les apparences auxquelles s’attachent l’historien proprement dit et le moraliste. […] Le mouvement des forces de la nature ou des idées de la logique a certes son intérêt pour la curiosité du savant et du philosophe ; il n’en a pas pour l’âme, qui cherche un drame dans l’histoire, et qui ne l’y trouve plus, si la liberté en est absente. […] Il en est un peu de l’historien et du philosophe comme du savant proprement dit.
Je n’atténue rien, et je transcris, autant que, possible, les expressions mêmes du grand historien philosophe. […] Taine peint les hommes en philosophe plus qu’en historien ou en romancier. […] Le malheur, c’est que ce philosophe a l’imagination d’un poète ; c’est qu’il a, à un degré surprenant, le don de la vie, et alors voici ce qui se passe. […] Parce que ce philosophe positiviste est un homme très moral. […] Il sait ce qu’ont pensé et découvert les philosophes anciens et modernes, d’Empédocle à Schopenhauer, et d’Euclide à Claude Bernard.
Anonyme Il faut dire que le commandant Bertout est plus philosophe que poète, au sens réel de ce dernier mot ; il faut ajouter qu’il est plus encore un homme d’action qu’un philosophe.
Des sectes entières de philosophes, des écrivains, & sur-tout les poëtes comiques, des grecs encore sans culture, mais d’un sens droit, des chrétiens eux-mêmes s’en moquoient ouvertement. […] Le philosophe étoit perdu, s’il répondoit à ses critiques : il ne se défendit point. […] Dumarsais, jeune encore, avide de se faire un nom, n’ayant à risquer ni place ni fortune, admirateur de Fontenelle & plus philosophe que lui, plus idolâtre de la liberté des sentimens, écrivit pour le justifier contre les imputations de son critique. […] Le sentiment contraire est celui de bien des payens, de plusieurs sectes de philosophes, des pères qui font le plus autorité dans l’église, de l’écriture elle-même : il est conforme aux intérêts de la religion.
Les philosophes allemands n’ont point été indociles à cette impulsion récente. […] Beaucoup de philosophes qui, dans leurs méditations, sont partis de ces termes, se sont imaginé créer ce que l’âme humaine y avait placé sans le savoir, et en cédant à une espèce d’instinct de vérité ; tandis que, dans la réalité, ils n’ont fait que découvrir ce qui reposait dans les langues, et révéler aux yeux de l’âme surprise les trésors qu’elle-même y avait cachés ! […] Ancillon professent tous les deux la même doctrine, sous le rapport qu’ils voient l’un et l’autre la métaphysique tout entière déposée dans les langues ; sous le rapport qu’ils pensent l’un et l’autre que les termes qui expriment les notions primitives, les faits et les rapports primitifs, ont proprement occasionné et amené les recherches métaphysiques ; sous le rapport enfin que les philosophes qui sont partis de ces termes, c’est-à-dire les partisans de la philosophie expérimentale, comme M. de Bonald et M. […] Ceci expliquerait assez bien, au reste, comment plusieurs philosophes ont été portés à attribuer l’invention du langage à l’homme.
Le monde du Croissant avait, tant de fois, essayé de faire tant de mal au monde de la Croix, qu’il eût été tout simple que les |philosophes du xviiie siècle eussent gardé pour cela à Mahomet un peu de reconnaissance. […] Bayle, le sceptique, avait été moins injuste, et Voltaire, plus tard, superficiel et détraqué, avait, dans son Essai sur les Mœurs, relevé son bonnet, tombé dans la titubante ivresse de la haine… Du reste, encore une chose à remarquer de la part de ces philosophes, qui ont été bien heureux que Molière eût inventé Tartufe pour avoir une injure à jeter à toute l’humanité religieuse ! […] Barthélemy Saint-Hilaire, sur cette question, s’en tient, selon moi, à d’incertains à-peu-près de philosophe et à des inductions sans portée : « Mahomet — dit-il — pouvait bien croire que le Coran était descendu du ciel, puisqu’il croyait également que le Pentateuque et l’Évangile en étaient également descendus. » Certes ! […] Mais il est un autre point qui n’est pas seulement faible, mais qui est faux et que je demanderai à Barthélemy Saint-Hilaire la permission de signaler, non au sentiment de l’historien et du philosophe, mais à la conscience du chrétien, puisque, grâce à Dieu, Barthélemy Saint-Hilaire est maintenant chrétien.
Voici le philosophe Branchut, le poète Dion, le sculpteur Labanne, et combien d’autres ! […] Il contentera les philosophes, car on y sent à chaque instant, ai-je besoin de le dire ? […] tout cela dans des impressions d’enfance C’est ainsi, et il n’y a rien là de surprenant, que le talent de l’écrivain, car il n’est pas de meilleur sujet pour un observateur qui est un poète, ni pour un poète qui est un philosophe, ni pour un philosophe qui est un père. […] Et surtout un petit enfant, c’est pour un philosophe comme Sylvestre Bonnard, le sujet d’observation le plus attachant. […] Ceux qui conservent ce don sont le très petit nombre, et ce sont eux les poètes, et ce sont eux les vrais philosophes.
Depuis cette époque son histoire peut se résumer ainsi : Deux grandes défaites ; l’une, c’est la victoire de la Renaissance et de la Réforme ; l’autre, c’est le triomphe des philosophes du dix-huitième siècle et de la Révolution. […] Cependant l’Église avait bientôt trouvé avantage à absorber, à s’approprier cette philosophie conforme aux dogmes ; si vous cherchez quels sont les philosophes du temps, vous rencontrez le Père Malebranche, Bossuet, Fénelon. […] Le nom de philosophe est alors synonyme d’esprit fort, de libre-penseur. Les théories soutenues n’ont plus l’innocence du système de Descartes ; on ne pourrait plus dire des philosophes qu’ils sont des théologiens sans le savoir ; sensualisme, matérialisme les emportent à cent lieues de la doctrine chrétienne. […] Avec lui et avec la plupart des philosophes du siècle dernier la littérature travailla (on sait avec quelle passion et quel succès) à délivrer la raison humaine du joug pesant des dogmes, et c’est pourquoi depuis lors toute réaction religieuse en France s’annonce par un nouvel écrasement posthume de Voltaire et de ses compagnons d’armes.
Needham ne leur aurait pas paru philosophe, et l’auteur du Système de la Nature n’eût été regardé que comme un discoureur par l’empereur Marc-Aurèle. » (Quest. encycl. […] « Contre les philosophes et le philosophisme. Je n’ai rien de commun avec les philosophes modernes, que cette horreur pour le fanatisme intolérant. » (Corresp. gén. […] Je doute que cet ordre de citoyens ait jamais le temps ni la capacité de s’instruire ; ils mourraient de faim avant de devenir philosophes. […] Il ira, cet ignorant dans l’art de bien dire, avec cette locution rude, avec cette phrase qui sent l’étranger, il ira en cette Grèce polie, la mère des philosophes et des orateurs ; et, malgré la résistance du monde, il y établira plus d’églises que Platon n’y a gagné de disciples par cette éloquence qu’on a crue divine.
Les hommes, dit un philosophe moderne, ont tous à peu près le même fond de pensées ; ils ne diffèrent guère que par la manière dont ils les rendent. […] un philosophe rigide ne balancerait pas ; la raison est son maître, je dirais presque son tyran. L’orateur soumis à l’oreille autant que le philosophe l’est à la raison, sacrifie suivant les cas, tantôt l’harmonie, tantôt la justesse ; l’harmonie quand il veut frapper par les choses, la justesse quand il ne veut que séduire par l’expression. […] L’estime raisonnée d’un philosophe honore plus les grands écrivains que les exclamations de collège, et la prévention des pédants. […] L’orateur, l’historien et le philosophe (car on peut réduire tous les écrivains à ces trois genres) diffèrent principalement entre eux par la nature des sujets qu’ils traitent ; et c’est la différence dans les sujets qui doit en mettre dans leur style : l’historien doit penser et peindre, le philosophe sentir et penser, l’orateur penser, peindre, et sentir.
Mais Platon prétend au contraire qu’Homère posséda la sagesse réfléchie (riposta) des âges civilisés ; et il a été suivi dans cette opinion par tous les philosophes, spécialement par Plutarque, qui a consacré à ce sujet un livre tout entier. Ce préjugé est trop profondément enraciné dans les esprits, pour qu’il ne soit pas nécessaire d’examiner particulièrement si Homère a jamais été philosophe.
Aristote trouve cette opinion fort singulière, et il signale Platon comme le seul parmi les philosophes qui l’ait adoptée. […] Par là j’indiquerai clairement le rang que je lui donne, et qu’il doit tenir désormais dans la famille des physiciens philosophes. […] Ainsi chaque philosophe qui étudie cette question devrait remonter aux principes métaphysiques qu’elle sous-entend. […] Aristote était digne de l’être, s’il eût été aussi philosophe que médecin. […] L’éducation, invoquée par quelques philosophes, n’explique pas plus la loi morale qui la domine que les lois publiques.
Un philosophe écrivant pour des philosophes, un archéologue écrivant pour des archéologues, un savant écrivant pour des savants, n’ont qu’à appliquer aux choses les termes techniques de leur science spéciale : ils ne veulent pas être compris de tout le monde, et il leur suffit d’être entendus de ceux qui connaissent ces vocabulaires particuliers, et plus ils mettront de rigueur dans cet emploi des mots techniques, plus ils préciseront leur pensée et éclairciront leur sujet. […] Fontenelle disait de ses Entretiens sur la pluralité des mondes : « Je ne demande aux dames, pour tout ce système de philosophie, que la même application qu’il faut donner à la Princesse de Clèves, si on veut en suivre bien l’intrigue, et en connaître toute la beauté. » Dans un dialogue de Diderot, le philosophe Crudeli, au moment d’entamer une discussion sur les matières les plus ardues avec la Maréchale, qui n’avait jamais lu que ses heures, répond à ses inquiétudes en disant : « Si vous ne m’entendiez pas, ce serait bien ma faute » ; et il fait toute sa démonstration en transposant dans le langage d’une femme ignorante les idées des plus obscurs métaphysiciens, sans que, dans cette conversion, la profondeur perde ce que gagne la clarté.
DIDEROT, [Denis] de l’Académie de Berlin, né à Langres en 1714, Auteur plus prôné que savant, plus savant qu’homme d’esprit, plus homme d’esprit qu’homme de génie ; Ecrivain incorrect, Traducteur infidele, Métaphysicien hardi, Moraliste dangereux, mauvais Géometre, Physicien médiocre, Philosophe enthousiaste, Littérateur enfin qui a fait beaucoup d’Ouvrages, sans qu’on puisse dire que nous ayons de lui un bon Livre. […] Se seroit-on douté que cet Auteur philosophe eût daigné s’abaisser jusqu’à des Ouvrages d’agrément ? […] Les Philosophes, dont il passe pour être un des Coryphées, ne réfléchiront-ils jamais sur la foiblesse de leurs ressources, sur l’inconséquence de leurs principes, sur l’instabilité de leurs triomphes ?
Pour le poëte comme pour l’historien, pour l’archéologue comme pour le philosophe, chaque siècle est un changement de physionomie de l’humanité. […] Pas une gloire, parmi les splendeurs du génie humain, ne dépasse celle du grand historien philosophe. […] Il n’est pas défendu au poëte et au philosophe d’essayer sur les faits sociaux ce que le naturaliste essaye sur les faits zoologiques : la reconstruction du monstre d’après l’empreinte de l’ongle ou l’alvéole de la dent.
Proudhon, malgré ses prétentions à la philosophie, n’est pas un philosophe, même politique, — la plus triste espèce de philosophes. […] — ce n’est pas tout non plus que de refaire, dans l’ordre des idées, la fantaisie du Roi de Bohême et ses sept châteaux, de cet aimable Nodier, qui avait, lui, de l’humour, et non de l’humeur ; qui était un poète, non un philosophe… politique ! […] Le pamphlétaire, voilà l’essence et le suprême, et le vrai et le plein, de ce faux philosophe, qui sonne creux et même finit par ne plus sonner du tout. […] Philosophe, il méprise Lamennais d’être devenu, de prêtre, philosophe et d’attaquer le sacerdoce… Je ne relève que quelques-unes de ses contradictions, et je pourrais les entasser. […] Il avait la chasteté cérébrale, — ce tempérament philosophique que n’avait pas Diderot, le philosophe.
Il est du petit nombre des Hommes de Lettres qui ont défendu la Religion avec succès, contre les attaques multipliées des prétendus Philosophes du Siecle. […] Dans son Philosophe Cathéchiste, il ne démontre pas moins solidement le ridicule & l’absurdité des systêmes anti-chrétiens.
Indépendamment de beaucoup d'Ouvrages utiles sur la Marine, & de plusieurs Dictionnaires, tels que ceux de Mathématique, d'Architecture, &c. on a de lui une Histoire des Philosophes modernes, qui suppose des recherches, des connoissances, un esprit méthodique, & le talent de l'analyse. […] L'Histoire des Philosophes anciens, qu'il a donnée depuis peu, est écrite dans le même goût, & participe aux mêmes défauts.
Schérer856, enfin, d’origine suisse aussi, protestant aussi, mais protestant libéré, critique subtil et hardi, théologien devenu philosophe, très au courant des choses d’Angleterre et d’Allemagne, a ainsi exercé une réelle, bien que restreinte, influence. […] Mais l’histoire n’est pas, pour Sainte-Beuve, le terme ou le but de la critique : il a la prétention d’être un philosophe, un savant ; il cherche des lois générales. […] Je n’ai pas à discuter ni même à exposer la valeur philosophique de ce système original, où Taine, utilisant et dépassant certaines théories de Condillac et des philosophes anglais contemporains, Stuart Mill, Bain, Spencer, réduisait l’esprit à être « un flux et un faisceau de sensations et d’impulsions, qui, vus par une autre face, sont aussi un flux et un faisceau de vibrations nerveuses859», faisait de la faculté d’abstraction l’unique faculté qui distingue l’intelligence humaine de l’intelligence des animaux, et engendrait toutes les idées, l’idée même du moi, par une série d’opérations d’abstraction. […] Il n’a pas de prétentions d’historien ni de penseur : mais il utilise l’histoire et il est philosophe, toutes les fois qu’il le faut pour comprendre. […] Outre les ouvrages que je nomme ci-dessous, il a écrit son Voyage aux Pyrénées (1855), ses études sur les Philosophes français du xixe siècle (1855-56), sa Vie et opinions de Thomas Graindorge (1863-65), ses Notes sur l’Angleterre (1872).Éditions : Hachette, in-18 : De l’lntelligence, 2 vol ; Littérature anglaise, 5 vol. ; Philosophie de l’art, 2 vol. ; Essais de critique et d’histoire, 1 vol. ; Nouveaux Essais, 1 vol. ; Derniers Essais, recueil posthume, 1894, 1 vol. ; Origines de la France contemporaine, 7 vol. in-8 (Ancien Régime, 1 vol ; Révolution, 3 vol. ; Empire, 2 vol.)
Nous croyons dans nos raisonnements ne plus faire appel à l’intuition ; les philosophes nous diront que c’est là une illusion. […] Ces philosophes ont raison dans un sens ; pour faire l’Arithmétique, comme pour faire la Géométrie, ou pour faire une science quelconque, il faut autre chose que la logique pure. […] IV Les philosophes font encore une autre objection : « Ce que vous gagnez en rigueur, disent-ils, vous le perdez en objectivité. […] disent les philosophes, il reste encore à montrer que l’objet qui répond à cette définition est bien le même que l’intuition vous a fait connaître ; ou bien encore que tel objet réel et concret dont vous croyiez reconnaître immédiatement la conformité avec votre idée intuitive, répond bien à votre définition nouvelle. […] Est-ce à dire qu’il n’y a rien à retenir de cette objection des philosophes ?
L’autre gloire lui a été attribuée jusqu’à nous par une tradition vulgaire ; c’est que la sagesse antique, par une même inspiration, rendait ses sages également grands comme philosophes, comme législateurs et capitaines, comme historiens, orateurs et poètes. […] Nous pouvons conclure par le principe dont la démonstration était l’objet de ce livre : Les poètes théologiens furent le sens, les philosophes furent l’intelligence de la sagesse humaine.
Nos modernes philosophes en ont parlé avec bienveillance, parce qu’il ne savait pas le latin, parce qu’il avait été persécuté pour un persiflage irréligieux et que Boileau lui avait donné une place dans ses satires. […] Il avait alors onze ou douze ans : on s’occupa de la culture de son esprit, et on lui donna pour précepteur Sénèque, le plus grand philosophe et le plus joli écrivain du siècle. […] Ces deux philosophes n’étaient-ils pas de dignes spectateurs de Bérénice, et très capables d’entrer dans la situation de Titus ? […] Un philosophe du temps alla plus loin ; il prétendit que Racine n’avait jamais peint que des Juifs, oubliant qu’Agrippine, Néron, Burrhus, étaient des Romains, et Mithridate un roi de Pont ; ce philosophe se nommait Saint-Lambert, Quant à un autre philosophe plus connu, appelé d’Alembert, il s’est contenté de dire, sans autre forme de procès, qu’Athalie était une tragédie de collège. […] Pourquoi nos philosophes ne disent-ils rien des dieux de Sémiramis, qui, pour punir une femme d’avoir empoisonné son mari, forcent un fils à tuer sa mère ?
Ce Code de lois, tant célébré par les philosophes du XVIIIe siècle, est en grande partie resté sur le papier : elle embrassa plus de réformes en idée qu’elle n’en exécuta réellement ; et ce ne fut pas seulement son sens pratique qui l’arrêtait parfois : elle eut ses mobilités et ses illusions aussi. […] Cette femme philosophe, et mieux que philosophe, cette femme souveraine, la plus faite de son sexe pour donner un démenti en sa personne à cette parole d’un grand mathématicien : « Le cerveau des femmes est une éponge à préjugés », s’est retrouvée femme et faible, précisément en ne voulant tenir compte que de ses goûts et en se mettant au-dessus de tout préjugé. […] Le philosophe subsistait derrière l’Impératrice.
Rien de plus odieux, de plus abominable, et disons le mot, de plus assassin, que la conduite des philosophes du xviiie siècle contre Fréron. […] … Il faut être au courant de la vie que lui firent les philosophes, qui pouvaient tout dans le temps où la France était au pillage de leurs idées et de leurs ambitions, pour savoir à quel point sublime Fréron poussa l’invulnérabilité. Je l’ai déjà dit, les philosophes l’insultèrent comme jamais personne peut-être, dans l’Histoire littéraire, ne fut insulté. […] Il eut pour lui Marie Lecsinska, et il laissa aux philosophes les Pompadour et les Dubarry.
Seulement, tout métaphysicien qu’il puisse être, l’auteur des Études de médecine générale est encore plus traditionaliste que philosophe, et il laisse à sa vraie place la métaphysique dans la hiérarchie de nos facultés et de nos connaissances, en homme qui sait que, sans l’histoire, les plus grands génies philosophiques n’auraient jamais eu sur les premiers principes que quelques sublimes soupçons… M. le docteur Tessier, qui croit à la science médicale, qui la défend contre les invasions sans cesse croissantes de la physique, de la chimie et d’une physiologie usurpatrice, donne pour chevet à ses idées le récit Moïsiaque, dont tout doit partir pour tout expliquer, et l’enseignement théologique et dogmatique de l’Église. […] Il valait mieux que la prêtrise des philosophes de l’avenir inventée, depuis, par MM. […] Les philosophes du dix-neuvième siècle réagirent contre les philosophes du dix-huitième.
Le philosophe retrouvé dans l’historien, en Rémusat, comme le navet dans le pamphlétaire, le philosophe a fait chuter le biographe dans ces généralités, vagues et déclamatoires, sur lesquelles messieurs les philosophes ne manquent jamais de patiner quand, par hasard ou par choix, ils font de l’histoire. […] Rien, d’esprit, moins historique… De cela seul qu’il est un philosophe, Rémusat méconnaît le beau côté historique de l’Angleterre, pays avant tout de tradition et de coutumes, et qui a le bon sens et l’honneur de tenir même à ses préjugés, pour peu qu’ils soient séculaires.
Le Philosophe de Samos semble n’avoir voyagé que pour rapporter des erreurs, & M. de la Condamine a été nous chercher des vérités jusqu’aux extrémités de la terre, qui ont ensuite enrichi les Mémoires de l’Académie des Sciences. […] C’étoit un Philosophe dans le sens qu’on attachoit à ce mot, avant que nos prétendus Esprits forts l’eussent usurpé.
L’Histoire critique de la Philosophie annonce un mince Philosophe & un Littérateur médiocre, malgré tout le succès qu’elle a eu & tous les éloges qu’on en a faits. Son seul mérite consiste dans quelques anecdotes sur les anciens Philosophes, qui supposent de l’étude & des recherches aux yeux de ceux qui ignorent que l’Auteur les a presque toutes puisées dans Diogene Laërce & dans les notes de Ménage.
Le philosophe veut faire des vers, et il en fait de mauvais ; le poëte veut trancher du philosophe, et il fait hausser les épaules à celui-ci.
Notons que Valéry n’est pas plus un philosophe, à proprement parler, que M. […] Mais surtout il ne veut pas les organiser en philosophe. […] Il le croit sans pouvoir en faire état comme philosophe, puisqu’il n’y a pas là d’expérience proprement dite. […] Valéry reproche donc ici aux philosophes d’observer leur technique propre, pareil à un philosophe qui reprocherait aux poètes d’attacher une importance bizarre à ce que leurs pensées aient douze pieds. Mais s’il méconnaît la technique des philosophes, il se tient en plein dans les conditions de sa technique de poète.
. — Les philosophes sont gens du monde et par suite écrivains […] Parmi les maisons où l’on dîne, il n’y en a pas qui n’ait son philosophe en titre, un peu plus tard son économiste, son savant. […] À tout le moins, elle résume le procédé par lequel les philosophes du siècle ont gagné leur public, propagé leur doctrine et conquis leur succès. […] Entretien d’un philosophe avec la maréchale de… 459. […] Thérèse philosophe.
Le meilleur modèle du genre sérieux, c’est le Philosophe sans le savoir de Sedaine (1763) : ce n’est pas une œuvre supérieure486 ; c’est une comédie sans profondeur et sans déclamation, d’un optimisme aimable sans niaiserie. […] Dans ses Philosophes, comme Voltaire dans son Écossaise, il renouvela la comédie aristophanesque, âpre parodie des idées, satire virulente des personnes. […] Il fut ruiné par le système de Law, et tenta de publier des journaux d’observation morale, le Spectateur français, 1700-23 ; l’Indigent philosophe, 1728 ; le Cabinet du philosophe, 1734. […] Charles Palissot de Montenoy (1730-1814) attaqua Jean-Jacques dans sa comédie du Cercle, publia en 1757 ses Petites Lettres contre de grands philosophes, et les joua dans ses Philosophes (1769).
Il n’a pas d’idées claires : c’est un poète, non pas un philosophe. […] Mais par là même il a moins gâté les idées que s’il avait essayé de les versifier en philosophe : il a évité la sécheresse de la poésie raisonnablement didactique. […] Ainsi la pensée devient hallucination, le raisonnement description : au lieu d’un philosophe nous avons un visionnaire. […] Sully Prudhomme891 est un philosophe, et il a voulu donner à la poésie philosophique plus de rigueur, plus d’exactitude qu’elle n’en a jamais eu. […] Il intéresse plus les philosophes que Lamartine et surtout Musset.
Au xviie siècle, les moralistes, soit tout à fait chrétiens, comme Pascal, Nicole, Bourdaloue, soit philosophes, comme La Rochefoucauld, La Bruyère, Molière le plus grand de tous, avaient été fort sévères pour l’homme et ne l’avaient nullement flatté. […] Les observateurs comme La Rochefoucauld, ayant surpris l’homme dans un temps d’intrigue et dans une société corrompue, avaient insisté dans le même sens ; avec cette différence qu’ils ne lui offraient point de remède, de sorte que, sous ce regard également inexorable des moralistes tant chrétiens que philosophes, sous ce double concert déprimant, toutes les vertus naturelles périssaient. […] Il n’y a nul doute que Vauvenargues ne fût religieux ; cela ressort de ses écrits, et Marmontel a dit de lui qu’il est mort « avec la constance et les sentiments d’un chrétien philosophe ». […] « Avant d’attaquer un abus, pensait-il, il faut voir si on en peut ruiner les fondements. » C’est à quoi les philosophes du xviiie siècle songèrent trop peu, et ils ne se demandèrent jamais, comme lui, s’il n’y a pas « des abus inévitables qui sont des lois de la nature ». […] Placé entre les moralistes un peu chagrins du xvie siècle et les philosophes témérairement confiants du xviiie , il n’a pas enflé la nature de l’homme, et il ne l’a pas dénigrée.
En France, en 1759, pendant la guerre de Sept Ans, on eut l’idée d’imprimer les Œuvres du philosophe de Sans-Souci (c’était le titre qu’avait pris Frédéric dans ses poésies et ses premiers essais littéraires). […] Ces motifs, tous puisés dans l’intérêt de sa cause et de sa nation, n’ont rien qui semble en désaccord avec les maximes de Frédéric et avec ses idées favorites ; en tant que philosophe et écrivain. Connaissant, comme il faisait, les hommes et les choses de ce monde ; il sentait bien qu’il n’est permis d’être un peu philosophe sur le trône qu’après qu’on a prouvé qu’on sait être autre chose encore. […] Sa délicatesse comme philosophe n’était pas telle qu’elle ne pût s’accommoder de ces procédés du politique. […] C’est là qu’on reconnaît vraiment le philosophe et le stoïcien dans le guerrier.
Et d’autant que dans son livre il y a une théorie, la seule chose nettement formulée dans ce livre composé d’un peut-être universel, et qui m’inquiète à juste titre sur la probité de l’auteur, — j’entends sa probité d’historien et de philosophe. […] Il ne livre pas Jésus-Christ aux Juifs, mais aux philosophes, aux philosophes qui font pis que de le mettre en croix, qui le flanquent familièrement parmi eux ! […] Ce douceâtre diminutif de Rousseau (Rousseauculus) recommence, à sa manière, ces pauvres Lettres de la Montagne qu’il fallait toute l’inanité métaphysique du siècle des Philosophes pour admirer. […] Athé, sceptique, philosophe, ou savant (ce qui comprend tout cela dans sa langue féline et traîtresse), Renan, comme je l’ai dit plus haut, n’est qu’un protestant, armé de la méthode protestante, cherchant avec sa lanterne individuelle — ce falot falot, passez-moi le mot ! […] Quelquefois des philosophes, importunés de l’exceptionnalité de ce fait éclatant d’ordre divin, nous ont fait la mauvaise plaisanterie de nous parler du bouddhisme, de son organisation religieuse et de la masse de ses croyants.
Le philosophe Cornutus, précepteur du poëte, sentit le danger, & lui fit mettre quis non habet ? C’est le même à qui Perse laissa sa bibliothèque & vingt-cinq mille écus : mais le philosophe se contenta des livres, & renvoya l’argent aux sœurs du poëte. Sur quoi le père Tarteron s’écrie : « Combien, aujourd’hui de philosophes auroient tout retenu !
J’aurai occasion de revenir sur cet état d’abrutissement de l’espèce humaine, posé par le philosophe napolitain, bien avant les rêveries du philosophe de Genève. […] Le même philosophe me contestait aussi la magistrature que la France est appelée à exercer sur l’Europe dans ces temps de rénovation.
Seulement, comme il n’est point un dessinateur, ni un poète, ni un romancier, mais qu’il est un philosophe sociologue, le personnage qu’il nous présente diffère de Joseph Prudhomme, du « philistin » des romantiques, et de Homais ; il nous fait voir le fonctionnaire français, ou l’administré français, tout domestiqué par « l’esprit fonctionnaire », mais à des traits certains nous reconnaissons dans le type qu’il nous détaille un frère des grandes caricatures romantiques. […] Seulement, voici qui est particulier et par où le philosophe se distingue du pur artiste : si Taine considère que tous ces gens qu’il croise dans ses tournées sont asservis à une telle conception de la vie qu’il ne peut collaborer avec eux, il ne peut pourtant pas en prendre son parti et, comme un Gautier, un Flaubert, un Leconte de Lisle, déclarer : « Je ne connais pas ces bourgeois ; je me désintéresse de tout ce qui les préoccupe » ; en tant que sociologue, il faut bien qu’il envisage les destinées de son pays, et dans cet esprit doué si merveilleusement d’imagination philosophique et historique, cette horreur du « bourgeois », du « philistin », aboutira à cette déclaration que le type du fonctionnaire français, que l’esprit fonctionnaire (qui ne se trouve pas seulement dans les administrations, mais qui a peu à peu pénétré même les professions libres) doit déterminer la mort de l’énergie française et, par conséquent, la décadence de notre patrie. […] Cette espèce d’homme, dans l’imagination du philosophe, joue le même rôle que joue l’artiste dans l’imagination d’Emma Bovary, ou l’Oriental noble et rêveur dans l’imagination d’un Lamartine.
Il s’en faut que tous les philosophes y aient réussi. […] Mais Descartes était plus philosophe. […] Julien Benda, d’après qui les philosophes ne doivent pas se marier. […] Ce grand homme était philosophe, mais non point Scythe, ni stoïcien. […] Il est faux que les philosophes en aient été les seuls ou les principaux adversaires.
On l’a si peu compris, que les uns le traitèrent comme un philosophe aberrant, et lui firent la petite leçon philosophique ; les autres comme un chrétien trébuchant dans le jansénisme, et lui firent la petite leçon religieuse, quand il eût mieux valu montrer les causes si particulières et presque organiques de ce jansénisme de Pascal. […] » C’est un poëte qui a dévoré, dans sa flamme, le géomètre, le philosophe, et même le sceptique qui était en lui, et de cette cendre il a fait jaillir sa poésie ! […] Un Jésuite l’avait appelé athée, ce Pascal qui tue l’intelligence sous Dieu ; des philosophes l’appelèrent visionnaire. […] Voltaire, Voltaire, qui se croyait avec raison plus philosophe que poëte, eut les pitiés les plus impertinentes pour Pascal.
Avant Swedenborg, il y avait dans le monde toute une filiation de mystiques, de têtes frappées de visions, même parmi les philosophes. […] Swedenborg nous dit qu’il a connu la femme et que dans sa jeunesse il avait eu une maîtresse… Philosophe et naturaliste avant tout, n’admettant, comme les plus religieux de son temps, qu’une espèce de morale évangélique, Swedenborg (voici où commence l’extraordinaire et l’inconséquent) n’en avait pas moins l’habitude de méditer sur les choses spirituelles. […] Matter, est un philosophe, et le philosophe n’a pas su conclure dans son livre, où toutes les hypothèses possibles sont discutées mais s’opposent et se neutralisent.
Son esprit l’avait mis dans la confidence de tout, il connaissait les petits ressorts des grandes choses, et il avait le malheur de ne pouvoir être dupe de rien : un philosophe derrière les coulisses rit presque toujours des battements de mains du parterre. […] Le panégyrique de Louis XV, comme nous l’avons dit, offre donc peu de ces beautés qu’on a coutume de chercher dans les orateurs ; mais elles sont remplacées par d’autres ; on y trouve une sorte d’éloquence aussi persuasive et plus douce, l’éloquence des faits présentés avec autant de simplicité que de noblesse, et les réflexions d’un philosophe toujours jointes à la sensibilité d’un citoyen. […] Ce philosophe sensible avait à peine trente ans quand il mourut. […] Familiarisé avec le trépas, tu le sentis approcher avec cette indifférence que les philosophes s’efforçaient jadis ou d’acquérir, ou de montrer.
— Par conséquent les philosophes doivent être les chefs de l’État. […] Il est philosophe, il est professeur de philosophie et de morale ; il est une manière de prêtre laïque. […] Un philosophe qui avait transgressé, je ne sais plus où, une ordonnance très rigoureuse dut la vie à ce préjugé ; on dit : « C’est un philosophe ; cela ne compte pas. » Pour les Grecs, les philosophes étaient des gens qui discouraient de la vertu et du souverain bien, mais qui n’avaient pas une grande importance dans l’État. […] Elle est essentiellement pessimiste, quoique caressée par le plus optimiste des philosophes. […] Philosophes et artistes, nous l’aidons à se créer en l’excitant à se saisir.
Trop de philosophes, d’historiens de la philosophie paraissent encore demeurer à un stade de leur science analogue à celui où en étaient je ne dis pas les historiens, mais les auteurs de manuels d’histoire au temps de l’histoire-batailles. […] Dès qu’on nous parle d’une histoire de la psychologie française écrite par un philosophe professionnel, nous avons instinctivement l’image d’une série de chapitres non seulement sur Maine De Biran (qui a, celui-là, vraiment avancé l’étude de l’homme), mais sur Jouffroy, qui invoque souvent, et de façon touchante la révélation de la psychologie, et que la psychologie traite comme l’esprit saint fait des prélats dans la chanson de Béranger ; sur Garnier dont le Traité des facultés de l’âme réalisa assez longtemps dans les bibliothèques universitaires une summa psychologica ; ou, plus près de nous, sur Alfred Fouillée, dont la savonneuse Psychologie des idées-forces et ses complémentaires ne contiennent pas plus de sens utile. […] Il aura d’ailleurs de la peine à définir ce sujet sous forme d’une « histoire » suivie : si la psychologie est la connaissance de l’homme individuel en tant qu’il sent, pense et agit, nous voyons que cette connaissance, extériorisée en livres, résulte de quatre lignées qui, au XIXe siècle, tantôt se coupent et tantôt divergent : les philosophes, les médecins, les moralistes et les romanciers ; et il va falloir sans doute (pensons à Tarde et à un livre comme les Fonctions mentales dans les sociétés inférieures de M. […] René Berthelot sur Bergson, à l’arbitraire avec lequel toutes les idées de Bergson, sauf une, sont rattachées à tel philosophe, et à l’étrange conception qui le montre empruntant « l’idée de la vie » à la médecine vitaliste ou à Schelling). […] Dire que Stendhal n’est ni un amoureux ni un philosophe, ni un musicien, mais un peu de tout cela en ce sens qu’il est essentiellement un cristallisateur, cela revient à le définir comme un artiste.
La Scene Françoise ne lui doit encore que le Philosophe sans le savoir, qu'on peut dire être tous les jours applaudi sans savoir pourquoi. […] Il est assez difficile d'en définir les caracteres ; celui du Philosophe sur-tout est rempli de bizarreries, d'invraisemblances, & de puérilités.
Chapitre V Jean-Jacques Rousseau Rousseau philosophe et ennemi des philosophes. — 1. […] Ainsi il contredit les philosophes en les dépassant. […] Des cailloux furent lancés contre ses vitres : l’imagination du philosophe lui représenta toute une foule ardente à le lapider. […] Je cherche, parmi les philosophes du xviiie siècle, quel est celui qui a posé aussi nettement, aussi crûment la question. […] Les autres philosophes prenaient aisément leur parti de toutes les atteintes que la mode et les mœurs donnaient à l’éternelle morale : c’est l’honneur de Jean-Jacques d’avoir jeté les hauts cris.
Rousseau & nos autres Philosophes n'ont point eu jusqu'ici d'adversaire plus vigoureux & plus adroit. […] « Si le style d'un Etranger pouvoit être celui de Pascal, dit un ami de l'Auteur, ce Livre, mieux fondé en preuves que les Lettres Provinciales, n'eût pas été moins redoutable aux Philosophes du jour, que celles-ci ne le furent aux Jésuites ».
L’auteur entreprend de prouver : 1º qu’Homère n’a pas été philosophe ; 2º qu’il a vécu pendant plus de quatre siècles ; 3º que toutes les villes de la Grèce ont eu raison de le revendiquer pour citoyen ; 4º qu’il a été, par conséquent, non pas un individu, mais un être collectif, un symbole du peuple grec racontant sa propre histoire dans des chants nationaux. […] Un philosophe n’aurait pu, ni voulu peindre si naïvement de telles mœurs.