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40. (1895) Journal des Goncourt. Tome VIII (1889-1891) « Année 1891 » pp. 197-291

le théâtre, c’est vraiment trop une boite à émotions, et une succession de courants d’espérance et de désespérance par trop homicide. […] J’avoue que j’aurais aimé assister à la vacation, mais c’est vraiment gênant de se voir vendre. […] Ce soir, au Théâtre-Libre, le Canard sauvage d’Ibsen… Vraiment, les étrangers, la distance les sert trop… Ah ! […] Là, il est question du Rêve, ce qui amène Coppée à demander à Zola, s’il a vraiment joué de la clarinette. […] Et vraiment on serait tenté de lui dire : « Est-ce que vous fabriquez de la fausse monnaie ? 

41. (1927) André Gide pp. 8-126

C’est un petit livre très distingué vraiment, et qui garde une valeur historique. […] Un mot permet d’en douter : « Il l’estime un peu moins depuis qu’elle l’aime un peu plus. » Mot atroce et vraiment impie ! […] Avec un art plus poussé, et vraiment supérieur, ce sont bien encore au fond des essais idéologiques. […] Vraiment, cela devient insupportable, surtout avec ce sérieux et cette fade sentimentalité. […] Je ne sais si vraiment M. 

42. (1904) Zangwill pp. 7-90

Quand l’homme se trouvait en présence de dieux avoués, qualifiés, reconnus, et pour ainsi dire notifiés, il pouvait nettement demeurer un homme ; justement parce que Dieu se nommait Dieu, l’homme pouvait se nommer homme ; que ce fussent des dieux humains ou surhumains, un Dieu Tout ou un Dieu personnel, Dieu étant mis à sa place de Dieu, notre homme pouvait demeurer à sa place d’homme ; par une ironie vraiment nouvelle, c’est justement à l’âge où l’homme croit s’être émancipé, à l’âge où l’homme croit s’être débarrassé de tous les dieux que lui-même il ne se tient plus à sa place d’homme et qu’au contraire il s’embarrasse de tous les anciens Dieux ; mangeurs de bon Dieu, c’est la formule populaire de nos démagogues anticatholiques ; ils ont eux-mêmes absorbé beaucoup plus de bons Dieux, et de mauvais Dieux, qu’ils ne le croient. […] Henry Honorat, des expressions qui me paraissent empreintes d’un respect vraiment religieux : « à Paris, devant sa table de travail », nous dit le journaliste, « au milieu de ses livres et de ses carnets, M.  […] Une humanité devenue Dieu par la totale infinité de sa connaissance, par l’amplitude infinie de sa mémoire totale, cette idée est partout dans Renan ; elle fut vraiment le viatique, la consolation, l’espérance, la secrète ardeur, le feu intérieur, l’eucharistie laïque de toute une génération, de toute une levée d’historiens, de la génération qui dans le domaine de l’histoire inaugurait justement le monde moderne ; hoc nunc os ex ossibus meis et caro de carne mea  ; elle est partout dans l’Avenir de la science, — pensées de 1848 ; — et quel arrêt imaginé pour l’humanité enfin renseignée, savante, saturée de sa mémoire totale ; quel arrêt de béatitude ; quel arrêt de béatitude et vraiment de divinité ; quel paragraphe singulier d’assurance et de limitation je trouve dans la préface même, écrite au dernier moment pour présenter au public, dans l’âge de la vieillesse, une œuvre de jeunesse : « Les sciences historiques et leurs auxiliaires, les sciences philologiques, ont fait d’immenses conquêtes depuis que je les embrassai avec tant d’amour, il y a quarante ans. […] Si je voulais chercher dans l’Avenir de la science tout cet orgueil, toute cette assurance et cette naïve certitude, il me faudrait citer tout l’Avenir de la science, et une aussi énorme citation m’attirerait encore des désagréments avec la maison Calmann Lévy ; ce livre n’est rien s’il n’est pas tout le lourd et le plein évangile de cette foi nouvelle, de cette foi la dernière en date, et provisoirement la définitive ; tout ce livre admirable et véritablement prodigieux, tout ce livre de jeunesse et de force est dans sa luxuriante plénitude comme gonflé de cette foi religieuse ; on me permettra de n’en point citer un mot, pour ne pas citer tout ; nous retrouverons ce livre d’ailleurs, ce livre bouddhique, ce livre immense, presque informe ; car j’ai toujours dit, et j’ai peut-être écrit que le jour où l’on voudra sérieusement étudier le monde moderne c’est à l’Avenir de la science qu’il faudra d’abord et surtout s’attaquer ; le vieux pourana de l’auteur, écrit au lendemain de l’agrégation de philosophie, comme elle était alors, passée en septembre, écrit dans les deux derniers mois de 1848 et dans les quatre ou cinq premiers mois de 1849, le gros volume, âpre, dogmatique, sectaire et dur, l’énorme paquet littéraire, le gros livre, avec sa pesanteur et ses allures médiocrement littéraires, le bagage, le gros volume, le vieux manuscrit, la première construction, les vieilles pages, l’essai de jeunesse, de forme naïve, touffue souvent abrupte, pleine d’innombrables incorrections, le vieil ouvrage, avec ses notes en tas, le mur aux pierres essentielles, demeure pour moi l’œuvre capitale de Renan, et celle qui nous donne vraiment le fond et l’origine de sa pensée tout entière, s’il est vrai qu’une grande vie ne soit malheureusement presque toujours qu’une maturité persévérante réalisée, brusquement révélée dans un éclair de jeunesse ; Renan lui-même en a beaucoup plus vécu, encore beaucoup plus qu’il ne l’a dit dans sa préface ; et le vieux Pourana de l’auteur est vraiment aussi le vieux Pourana du monde moderne ; combien de modernes, le disant, ne le disant pas, en ont vécu ; aujourd’hui encore, inconsciemment ou non, tous nous en vivons, sectaires et libertaires, et, comme le dit Hugo, mystiques et charnels. […] Car vraiment si l’historien est si parfaitement, si complètement, si totalement renseigné sur les conditions mêmes qui forment et qui fabriquent le génie, et premièrement si nous accordons que ce soient des conditions extérieures saisissables, connaissables, connues, qui forment tout le génie, et non seulement le génie, mais à plus forte raison le talent, et les peuples, et les cultures, et les humanités, si vraiment on ne peut rien leur cacher, à ces historiens, qui ne voit qu’ils ont découvert, obtenu, qu’ils tiennent le secret du génie même, et de tout le reste, que dès lors ils peuvent en régler la production, la fabrication, qu’en définitive donc ils peuvent produire, fabriquer, ou tout au moins que sous leur gouvernement on peut produire, fabriquer le génie même, et tout le reste ; car dans l’ordre des sciences concrètes qui ne sont pas les sciences de l’histoire, dans les sciences physiques, chimiques, naturelles, connaître exactement, entièrement les conditions antérieures et extérieures, ambiantes, qui déterminent les phénomènes, c’est littéralement avoir en mains la production même des phénomènes ; pareillement en histoire, si nous connaissons exactement, entièrement les conditions physiques, chimiques, naturelles, sociales qui déterminent les peuples, les cultures, les talents, les génies, toutes les créations humaines, et les humanités mêmes, et si vraiment d’abord ces conditions extérieures, antérieures et ambiantes, déterminent rigoureusement les conditions humaines, et les créations humaines, si de telles causes déterminent rigoureusement de tels effets par une liaison causale rigoureusement déterminante, nous tenons vraiment le secret du génie même, du talent, des peuples et des cultures, le secret de toute humanité ; on me pardonnera de parler enfin un langage théologique ; la fréquentation de Renan, sinon de Taine, m’y conduit ; Renan, plus averti, plus philosophe, plus artiste, plus homme du monde, — et par conséquent plus respectueux de la divinité, — plus hellénique et ainsi plus averti que les dieux sont jaloux de leurs attributions, Renan plus renseigné n’avait guère usurpé que sur les attributions du Dieu tout connaissant ; Taine, plus rentré, plus têtu, plus docte, plus enfoncé, plus enfant aussi, étant plus professeur, surtout plus entier, usurpe aujourd’hui sur la création même ; il entreprend sur Dieu créateur.

43. (1923) Critique et conférences (Œuvres posthumes II)

Et puis, je dus compter avec des sollicitations si bienveillantes, si flatteuses vraiment ! […] Tout, vraiment, est, doit être nuance. […] Les vers étaient d’une beauté effrayante, vraiment. […] Vraiment. […] Jugez-en. « Nous aimons mieux vraiment, quel qu’il ait été, conclut M. 

44. (1880) Études critiques sur l’histoire de la littérature française. Première série pp. 1-336

Si, par exemple, les Chansons de geste nous enlevaient au présent pour nous reporter vers un âge vraiment héroïque, vraiment poétique surtout, de l’histoire nationale ; si les Fabliaux étaient vraiment les chefs-d’œuvre de celle urbanité dans la plaisanterie ou de cette fraîcheur dans le sentiment, que l’on vante comme les qualités primesautières de l’esprit gaulois ; si les Mystères enfin contenaient vraiment, ou tout au moins en germe, ce drame chrétien dont on a si beau jeu pour vanter les splendeurs, — attendu qu’il n’existe nulle part, non pas même en Espagne, quoi que l’on en ait dit, — il faudrait pardonner quelque chose à l’enfance de la langue. […] Il faut vraiment n’avoir rien à faire pour s’inquiéter de ce qu’un Président de la République mange à son déjeuner, ou de ce que coûte la garde-robe d’un sénateur. […] vraiment, l’auteur de Gargantua n’a-t-il pas été l’un et l’autre ? […] La critique a vraiment parfois d’étranges injustices et des mesures singulièrement inégales. […] Vraiment la littérature est déjà leur moindre souci.

45. (1888) Préfaces et manifestes littéraires « Romans et nouvelles » pp. 3-80

Non vraiment, on ne peut nier aux auteurs un certain flair des goûts futurs de la pensée et de l’esprit français, en incubation dans l’air. […] Mais à l’heure qu’il est, il est vraiment bien tard pour débaptiser le volume. […] Je ne sais vraiment où elle a ramassé les dernières forces avec lesquelles elle va devant elle. […] On ne peut, à l’heure qu’il est, vraiment plus condamner le genre à être l’amusement des jeunes demoiselles en chemin de fer. […] quand on a fait cela… c’est vraiment difficile de n’être pas quelqu’un dans l’avenir. » Et, ma foi, le promeneur mourant de l’allée du bois de Boulogne pourrait peut-être avoir raison.

46. (1904) Prostitués. Études critiques sur les gens de lettres d’aujourd’hui « Chapitre IV. Précieuses et pédantes »

J’accorde qu’ils sont rares — comme tout ce qui est vraiment beau. […] Seulement, par instants, la petite fille tremble un peu : si les poupées étaient vraiment vivantes ; si elles allaient se révolter… Et elle leur recommande, d’une voix mal assurée, de rester bien sages. […] Mais ne suis-je pas vraiment trop naïf de remarquer qu’un marchand de bibelots, même lorsqu’il donne à son étalage un ordre heureux, n’est pas un artiste ? […] Sa manière rageuse m’amuse, car il se fâche contre ses fantoches comme si vraiment ils étaient vivants, comme si c’étaient des êtres de chair, sortis du cerveau Balzac, au lieu de pauvres marionnettes faisant trois tours sur la gélatine Montégut. […] Vraiment oui, dès qu’il condescend à quelque simplicité, sa sottise est amusante de naturel.

47. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Introduction » pp. 3-17

Sainte-Beuve ; j’ai répondu que je n’en savais vraiment rien, et qu’il me suffisait de savoir que par son indépendance vis-à-vis de tout système, par la finesse de son goût et de sa psychologie, M.  […] C’est une construction a priori de sa raison intrépide, méprisant les faits, sacrifiant, à la façon allemande, aux superbes nécessités d’un système, de misérables accidents sans logique et sans signification, et quelques petits poètes, tels que Sophocle, Virgile, Racine, Goethe, vraiment trop superflus dans l’histoire littéraire. […] Ce sont moins des écoles que trois différents esprits de la critique, et, pour ainsi dire, trois moments par lesquels doit passer successivement la pensée de tout homme qui, dans ce siècle où chaque chose est mise en question, examine la question de la critique littéraire : 1º le moment dogmatique (l’esprit humain affirme d’abord) ; 2º le moment critique (c’est vraiment la crise de l’intelligence ; nous ne croyons plus : resterons-nous sceptiques ?) 

48. (1912) L’art de lire « Chapitre VI. Les écrivains obscurs »

Il y a ceux qui vraiment comprennent quelque chose, assez peu, mais vraiment quelque chose. […] Vous vous habituerez — transportons-nous à une autre époque pour ne blesser personne — vous vous habituerez à lire Delille qui assurément n’offre aucune difficulté ; vous en viendrez peu à peu, fuyant l’effort et le redoutant, à ne lire que les romans de Mme Cottin, et vous ne pourrez jamais aborder le Second Faust, ce qui vraiment sera dommage.

49. (1901) Des réputations littéraires. Essais de morale et d’histoire. Deuxième série

En faisant de lui un monstre, Shakespeare a vraiment servi sa gloire. […] Il n’existe vraiment pas comme force initiale ; il résiste, et il suit. […] Qu’il s’agisse des contemporains ou de la postérité, vraiment, dès qu’on le cherche, on ne le trouve plus. […] La minorité protestante et la minorité juive sont vraiment le sel de la France. […] Mais vraiment on me donnerait envie de rabaisser ce grand homme, quand on écrit, comme M. 

50. (1930) Physiologie de la critique pp. 7-243

Il n’y a eu qu’un critique dramatique qui ait vraiment agi sur le public, c’était Sarcey. […] Brunetière en était arrivé ici à un point de confiance incroyable et qui fait de lui vraiment un type. […] C’est avec ses écrits en prose et la querelle des Anciens et des Modernes que Boileau débute vraiment dans la critique. […] La critique s’est mise à construire vraiment quand elle s’est appliquée à coïncider avec la durée d’un mouvement créateur. […] Celui qui a produit une bonne parodie a vraiment fait œuvre de critique créatrice.

51. (1854) Nouveaux portraits littéraires. Tome I pp. 1-402

Les deux premières appartiennent vraiment à la comédie. […] Les natures vraiment riches, vraiment fécondes, ne peuvent se dérober à l’amour. […] Nous devons d’ailleurs à l’athéisme de Julie une scène vraiment sublime. […] Le beau mérite vraiment de parler quand on a quelque chose à dire ! […] N’est-ce pas là une révélation vraiment intéressante ?

52. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Louis XIV et le duc de Bourgogne, par M. Michelet. (suite et fin.) »

Mais a-t-on bien le droit vraiment de tirer de pareilles conséquences de l’inspection des lignes d’un visage, fût-on le physiognomoniste par excellence, fût-on Lavater en personne ? […] On ne sait vraiment comment concilier ces folâtreries d’imagination avec tant de généreux accents, avec des cris de cœur si profonds et si sérieusement sympathiques.

53. (1902) Les poètes et leur poète. L’Ermitage pp. 81-146

De telles synthèses sont vraiment trop hardies. […] Hugo est, parmi ces « imaigiers » opulents et magnifiques, celui dont la richesse est vraiment magistrale, car elle déborde du siècle dernier. […] — Le poète, le plus vraiment poète du xixe  siècle, c’est Lamartine ! […] J’ai vainement cherché — c’est dire que je ne n’avais pas d’avance trouvé — parmi les défunts poètes du siècle écoulé, celui qui put vraiment réunir les qualités qui je prédilecte : sentiment de la nature, émotion humaine, clarté, simplicité et harmonie verbales. […] Les petites jeunes filles quotidiennes qui nous la posent ne se doutent point qu’on ne peut être vraiment poète si l’on est en état d’y répondre.

54. (1925) Les écrivains. Première série (1884-1894)

Ô Victor Koning, tu es vraiment le Dieu d’aujourd’hui. […] Il y a là, vraiment, parmi beaucoup de choses, peut-être inutiles et trop touffues, des sensations encore inédites dans la littérature ; il y a là, vraiment, de l’inexprimé. […] C’est exaspérant, vraiment. […] Il n’y a vraiment pas de quoi. […] Car il souffle, vraiment, sur la presse, « un esprit nouveau ».

55. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Réponse à M. Dubout. » pp. 305-316

Dans le préambule vraiment évangélique où je cherchais à consoler d’avance M.  […] Mais que Prétextat se range sans hésiter à cette casuistique de sauvage, nous ne le pourrions admettre que si ce saint évêque nous avait été présenté comme un homme d’une intelligence affaiblie par les années et touché, comme dit l’autre, du vent de l’imbécillité. » Et je crois vraiment l’avoir démontré ; du moins y ai-je apporté tout le soin et tout le sérieux dont je suis capable. […] Vraiment, cela n’est pas de jeu, quoi qu’il en ait semblé à nos doux juges.

56. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome second — Livre cinquième. Principales idées-forces, leur genèse et leur influence — Chapitre sixième. Genèse et action des idées de réalité en soi, d’absolu, d’infini et de perfection »

Par ce mot d’intelligible, il ne faut pas entendre le compréhensible, ni même une chose vraiment saisissable à l’intelligence par quelque moyen que ce soit : c’est, au contraire, ce qui dépasse l’intelligence proprement dite, ce qui est en dehors d’elle et de ses formes. […] Mais la ligne réellement décrite par une fusée est-elle plus imparfaite parce qu’elle n’est pas vraiment droite et qu’elle enveloppe une complexité merveilleuse d’actions et de réactions ? […] Une fois admis que la conscience ne s’explique pas par le dehors, il en résulte que ce qui est vraiment constitutif du fait même de conscience ne s’explique pas davantage par le dehors ; c’est là ce qu’on peut retenir du kantisme. […] Quelles sont donc les fonctions vraiment constitutives de la conscience, les conditions du fait même de penser et, par conséquent, de toute idée, — voilà ce que Spencer aurait dû déterminer, en réunissant et en complétant les éléments fournis soit par le kantisme, soit par la psychologie de l’association, soit par la doctrine de révolution. […] Une seule condition, nous l’avons montré plus haut, est vraiment constitutive de la conscience : c’est la position de la volonté ou de la pensée en face de son objet ; 1° comme identique à elle-même et différente de son objet ; 2° comme agissant identiquement sous des raisons identiques, différemment sous des raisons différentes.

57. (1888) Journal des Goncourt. Tome III (1866-1870) « Année 1868 » pp. 185-249

Et Rops est vraiment éloquent, en peignant la cruauté d’aspect de la femme contemporaine, son regard d’acier, et son mauvais vouloir contre l’homme, non caché, non dissimulé, mais montré ostensiblement sur toute sa personne. […] Car s’il existe vraiment, l’Infini ! […] Depuis quelque temps, depuis longtemps, il nous semble que nous sommes vraiment maudits, voués à un supplice ridicule comme les locataires-martyrs, dans un logis des Pilules du diable. […] Cette maison vraiment nous tenait au cœur, nous en étions devenus amoureux, pris par le grand je ne sais quoi, qui attache à une femme plus qu’à toutes les autres, et vous la fait paraître unique. […] * * * — L’homme ne possède vraiment que dans l’état sauvage.

58. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome premier — Introduction. Le problème des idées-forces comme fondamental en psychologie. »

Des états de conscience vraiment simples seraient indiscernables comme les atomes fictifs de la physique, qu’on discerné uniquement par leur position dans l’espace et dans le temps. […] Nous aborderons ainsi la transformation dernière du problème psychologique : dans l’être tendant à une fin et doué de volonté existe-t-il vraiment une activité d’ordre mental, qui justifie l’expression d’idées-forces ? […] Ce quelque chose, est-ce vraiment une chose, un objet venant apparaître après les autres pour former un nouveau dessin interne ? […] Une conscience vraiment objective ne peut pas exister, et on a raison d’en nier l’existence. […] S’il est vrai que l’acte réflexe, défini comme un phénomène de pure mécanique, soit vraiment l’origine de toutes les fonctions nerveuses et mentales, montrez-nous donc ce type manifesté de plus en plus clairement à mesure qu’on descend dans l’échelle animale.

59. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Appendice. »

C’est une période vraiment marquante dans son existence que celle de ces trois années. […] Tout homme vraiment instruit, s’il est sincère, signerait cela.

60. (1883) Le roman naturaliste

Ce n’en était vraiment pas le moment ! […] Et vraiment, si M.  […] Ce n’est pas assez, vraiment : M.  […] Voilà vraiment expérimenter ! […] Ottley, vraiment !

61. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — M — Mendès, Catulle (1841-1909) »

Ses lieders sont d’un charme félin et d’une perverse innocence vraiment irrésistibles. — Que dire encore ? […] Jules Tellier Il y a des pièces, dans son œuvre, où il est lui, vraiment ; et elles sont délicieuses ; Je ne crois pas qu’il ait d’égaux dans le rondel, dans le sonnet, dans le madrigal, dans les chansons d’amour, dans ce qu’on nommait autrefois « les petits genres ». […] Vraiment nous nous ébouriffons ! […] Plusieurs scènes en sont vraiment belles : la scène, entre autres, où, à contempler le sabre qu’il a dérobé, par jeu, au Marchand d’habits, Pierrot conçoit l’idée du meurtre, et celle où, tandis qu’il tient enlacée Musidora, lui apparaît le spectre de l’homme assassiné. […] Il y en a de vraiment tragiques, de ces vers condensés et forts qui frappent le public en plein contact et le font tressaillir.

62. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « Les Kœnigsmark »

Malgré ce titre qui nous prévient et auquel l’auteur a ajouté ces mots : Épisode de l’Histoire du Hanovre, pour qu’on ne pût pas s’y tromper, est-ce vraiment de l’histoire dans sa notion pure et respectée que ce livre sans gravité, sans profondeur, sans vue morale ? […] Et, vraiment, c’est dommage ! Otez la fausse manière qui gâte son esprit, Blaze de Bury aurait du talent, et dans ce cas il nous eût donné un petit chef-d’œuvre, car c’est vraiment de la matière à chef-d’œuvre que le sujet qu’il a choisi.

63. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « La révocation de l’Édit de Nantes »

Jusqu’à Louis XIV, en effet, tous les hommes vraiment forts qui avaient paru au pouvoir avaient agité le terrible problème de l’unité dans l’État, qui est l’idéal de la Politique. […] Obligé, par le sujet même de son livre, de parler d’hommes qui n’eurent jamais nulle part, à l’exception de quatre ou cinq d’entre eux peut-être, ce haut pavé historique qui agit tant et tout d’abord sur l’imagination du lecteur, il n’a pas, selon nous, assez contenu son récit entre ces quelques hommes vraiment dignes du regard de l’histoire, et il est tombé dans les infiniment petits d’une longue suite de biographies. […] Aussi, nous le disons en finissant, et c’est par là que nous voulons terminer, quoique nous appréciions très bien ce qu’il y eut de cruel et de vraiment digne de regret dans nos pertes, à cette époque de notre histoire, une si fastidieuse exactitude finit par manquer entièrement l’effet qu’un récit moins traîné dans le terre-à-terre des détails devait produire, même sur les esprits les moins enclins à s’attrister.

64. (1892) Un Hollandais à Paris en 1891 pp. -305

Vraiment. […] « Or, Bruant est vraiment original. […] Pour lui, vraiment, Bruant y mit des façons. […] Les gens vraiment sont portés pour la tradition. […] Vraiment, je ne sais pas encore quelle forme donnera mes idées.

65. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [1] Rapport pp. -218

Vraiment, on eût dit qu’en effet la France mendiât à l’Italie, en menue monnaie, la Renaissance. […] Quel fut, vraiment, le premier guide, l’initiateur ? […] Celle-ci est le fait des esprits vraiment hauts. […] Il eut vraiment cette flamme divine que nous nommons génie. […] Maintenant qu’il n’est plus, il est vraiment trop simple de dire qu’il leur aurait bientôt ressemblé.

66. (1899) La parade littéraire (articles de La Plume, 1898-1899) pp. 300-117

Nous connaissons, vraiment, trop de critiques d’occasion. […] Existe-t-il un poète, vraiment digne de ce nom, qui ne soit ému devant la majesté du soleil couchant sur la mer ? […] Mais il y a loin vraiment entre les intentions des auteurs et les œuvres qu’ils réalisent. […] Henri Van de Putte, je me trouve vraiment mal à l’aise pour parler de ses poèmes. […] Vraiment M. de Bouhélier et ses amis ont su donner à la littérature une impulsion nouvelle.

67. (1895) Histoire de la littérature française « Première partie. Le Moyen âge — Livre II. Littérature bourgeoise — Chapitre I. Roman de Renart et Fabliaux »

On le sent vraiment : le premier n’est qu’une littérature d’exception, tandis que le second (faut-il s’en féliciter ?) […] D’un seul côté, ils sont moins vivants : car ils ne meurent pas, et rien n’est vraiment vivant que ce qui meurt. […] Rien surtout ne saurait donner du poème une idée plus favorable que le morceau qui se trouve, du reste très illogiquement, l’ouvrir : le Jugement de Renart est vraiment un chef-d’œuvre, à quelques grossièretés près, et telle de ses parties, comme l’arrivée de dame Pinte demandant justice de Renart pour la mort de Copée, donne la sensation de quelque chose d’achevé, d’absolu, d’une œuvre où la puissance, l’idée de l’écrivain se sont réalisées en perfection. […] Évidemment la satire est l’âme du roman de Renart : très anciennement, puisque la plus ancienne branche, le Pèlerinage de Renart, est sans valeur et sans signification même à tout autre égard, très anciennement l’histoire des animaux n’a apparu aux narrateurs et aux auditeurs que comme un moyen de dauber le prochain, le baron, le curé, le vilain, la femme : mais c’est un caractère vraiment remarquable que la bonne humeur de cette inextinguible malice. […] Vraiment, toutes ces histoires ne sont que fantaisie, et ne représentent exactement qu’une chose : la jovialité française, le tour d’imagination frivole et grossier qui était apte à produire et goûter ces histoires.

68. (1892) Journal des Goncourt. Tome VI (1878-1884) « Année 1881 » pp. 132-169

* * * — Là, devant la feuille blanche, quand on arrive avec son idée, indécise, vague, flottante, et qu’il faut couvrir cette feuille de papier, de pattes de mouches noires, donnant une solidification exacte, logique, rigoureuse, au brouillard de votre cervelle, les premières heures sont vraiment dures, sont vraiment douloureuses. […] Il faut avouer que ses compliments sont à peu près dans ce goût : « Autrefois, je ne vous connaissais pas, je ne vous lisais pas, je ne rencontrais que des gens qui me disaient du mal de vos romans… Maintenant tout est changé… alors je vous lis, je vous lis avec un grand plaisir… et vous trouve vraiment beaucoup de talent… Mais au fait, on dit que vous avez aussi publié des livres d’histoire très curieux… moi je n’y croyais pas, quand j’ai commencé à lire vos romans… je les ai trouvés si bien, que ça me mettait en défiance contre vos autres livres… Je me disais : ils sont trop romanciers pour être des historiens… » * * * — Voltaire n’a que l’esprit, tout l’esprit d’une vieille femme du xviiie  siècle ; mais jamais de son esprit ne jaillit une pensée, ayant la moindre parenté avec une pensée de Pascal, avec une pensée de Bacon, avec n’importe quelle pensée d’une grande cervelle philosophique. […] * * * — Je trouve que les honnêtes femmes de la société, qui sont vraiment vos amies, au lieu de s’acharner à vous chercher une épouse, feraient bien mieux de vous découvrir une aimable maîtresse. […] Samedi 11 juin Ces dîners du samedi, chez de Nittis, sont vraiment charmants.

69. (1896) Le IIe livre des masques. Portraits symbolistes, gloses et documents sur les écrivains d’hier et d’aujourd’hui, les masques…

C’est un livre vraiment tout gonflé d’idées où la nature, ivre de sève, se fleurit des rouges et des verts les plus puissants. […] Barrès ne s’est jamais abstenu, est-elle vraiment méthodique, ou faut-il l’attribuer à une très vive mobilité d’esprit ? […] Taine a cru la Révolution beaucoup plus destructive et beaucoup plus transformatrice qu’elle ne le fut vraiment. […] Schwob avec une sagacité vraiment aiguë. […] Hello, type du croyant, n’est pas médiocre, puisqu’il est excessif ; il est vraiment le contraire du médiocre.

70. (1866) Cours familier de littérature. XXI « CXXIIe entretien. L’Imitation de Jésus-Christ » pp. 97-176

L’homme bon et vraiment pieux dispose d’abord au-dedans de lui tout ce qu’il doit faire au dehors ; il ne se laisse point entraîner, dans ses actions, aux désirs d’une inclination vicieuse ; mais il les soumet à la règle d’une droite raison. […] Celui-là est vraiment grand, qui a une grande charité. Celui-là est vraiment grand, qui est petit à ses propres yeux, et pour qui les hommes du monde ne sont qu’un pur néant. Celui-là est vraiment sage, qui, pour gagner Jésus-Christ, regarde comme de la boue toutes les choses de la terre. […] Si la vérité vous délivre, vous serez vraiment libre, et peu vous importeront les vains discours des hommes.

71. (1891) Enquête sur l’évolution littéraire

Pour se donner la peine d’inventer, on pourrait vraiment inventer mieux. […] Rod m’avaient répondu… — Vraiment ? […] Moréas se trompe de date, vraiment. […] Mais leur art fut-il vraiment l’art divin, la Toute-Poésie ? […] C’est vraiment extraordinaire et c’est triste aussi, cela !

72. (1895) Les œuvres et les hommes. Journalistes et polémistes, chroniqueurs et pamphlétaires. XV « Armand Carrel » pp. 15-29

Qui se donne exclusivement au journalisme y perd son talent, s’il en a, et mange en herbe le blé de sa gloire, s’il était vraiment fait pour recueillir cette noble moisson. […] Était-il vraiment républicain ? Était-il vraiment le « grand citoyen » que dit Littré dans sa notice ?

73. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Byron »

III La violence donc, — car il est violent, et c’est cette violence de sentiment, ne troublant jamais la pureté de sa forme, qui fait de Byron ce mélange d’intensité et de pureté vraiment incomparables, — la violence donc, naturelle à Byron, a empêché de voir ce qui distinguait le plus son génie, comme d’autres choses, qui étaient plus ou moins en lui, ont fait illusion sur sa vie… J’ai dit plus haut que l’esprit de contradiction était naturellement développé en lui à un degré extraordinaire. […] et nous, qui n’étions pas Anglais pourtant, nous avons répété ces odieux cris scandalisés, les uns parce qu’ils avaient vraiment leur moralité offensée, les autres parce qu’ils aimaient Byron et que toujours Français, ils aimaient à le voir un peu mauvais sujet… Mais, malgré sa fatuité, à lui, qui a voulu nous y faire croire, et malgré notre fatuité pour lui, qui nous l’a fait croire, la terrible immoralité de Byron m’a toujours paru problématique. […] avait vraiment trois ou quatre âmes (pour l’aimer, disait-il, le farceur !)

74. (1853) Portraits littéraires. Tome II (3e éd.) pp. 59-300

Le tribunal et le barreau sont tout prêts à recommencer les débats et les plaidoiries ; un nouvel Homère, un nouveau Moïse pourraient seuls traiter dignement la question ; mais, pour être par eux-mêmes des hommes vraiment nouveaux et vraiment grands, il leur faudrait s’abstenir sévèrement d’imiter Moïse ou Homère. […] Vraiment, ce n’est pas la peine de parcourir la Grèce et la Judée pour éplucher les rayons de nos bibliothèques. […] Il a confondu dans une commune haine les parties fausses et les parties vraiment belles de la tragédie française. […] Si l’histoire et la poésie n’étaient vraiment qu’une seule et même chose, nous serions forcé d’accepter une conclusion plus que singulière : M.  […] En me louant avec cette mesure, il se donne un air de supériorité vraiment insultant ; il me fait la leçon comme à un véritable écolier.

75. (1892) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Cinquième série « Le théâtre annamite »

Musique de tortionnaires, faite pour accompagner l’agonie des prisonniers à qui l’on a enfoncé des roseaux pointus sous les ongles, ou dont on a introduit la tête dans une cage hermétiquement close, laquelle contient un rat, — un joli rat aux dents pointues pour vous grignoter les lèvres, le nez, les yeux, lentement, avec des pauses… Ce qui fait de ces misérables un objet d’horreur vraiment douloureuse, c’est qu’ils ne sont pas seulement affreux, ils sont grotesques. […] Mais un peuple dont c’est là le théâtre et qui se délecte à ces représentations … non, là, vraiment, je n’ai aucun désir de le connaître, aucun.

76. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Lettres de m. l’Abbé Sabatier de Castres ; relatives aux trois siecles de la littérature françoise.ABCD » pp. -641

Si j’étois assez heureux que d’être choisi, parmi nos Gens de Lettres, pour peindre à la Postérité tant de qualités précieuses, j’aurois alors un nouveau sujet de m’applaudir de n’avoir consacré ma plume qu’à louer des Princes vraiment estimables, après l’avoir exercée jusqu’à présent à la seule défense de la Religion & de la saine Littérature. […] A cela près, cet Auteur est vraiment prodigieux. […] Mais dans les autres parties, il est vraiment supérieur, divin. […] Moi décrier des hommes de génie ou des Ecrivains vraiment supérieurs ! […] Croiriez-vous que dans un de ces Libelles, vraiment philosophiques, on m’ait sérieusement reproché mon peu de fortune & attaqué du côté de la naissance ?

77. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Discours prononcé à la société des visiteurs des pauvres. » pp. 230-304

Si l’auteur s’en était tenu là, l’effet de cette apparition muette du petit martyr parmi ce carnaval de « merveilleuses » fût demeuré vraiment tragique. […] Ainsi, — et là est, à mon sens, l’idée vraiment originale de M.  […] Je n’ai rien à répondre, sinon que je n’y ai pas songé et que, ayant voulu très expressément montrer une fille chaste et croyante, il m’était vraiment bien difficile d’accueillir l’idée soit de cette chute, soit de ce suicide. […] Je veux simplement dire qu’il y a des peintures qui ne me touchent plus à l’âge que j’ai, qui me paraissent inutiles ou qui même me dégoûtent… On emporte de ces cinq actes une impression de basse humanité vraiment accablante. […] Huguenet, entre autres, est vraiment bien bon à entendre et à voir.

78. (1927) Quelques progrès dans l’étude du cœur humain (Freud et Proust)

Tel est vraiment le premier temps de son esprit, quand il s’exerce. […] Ici, je crois que nous tenons une ressemblance vraiment profonde entre nos deux auteurs, une ressemblance que nous n’avons vraiment rien fait pour produire, une ressemblance qui est du dedans et que nous pouvons explorer sans crainte d’en être les artisans. […] Et comme Jaloux l’a remarqué, ils répondent par un scepticisme radical à l’idée qu’il peut y avoir des « coups de foudre » vraiment sincères. […] Dire que Don Juan n’a pas connu l’amour serait vraiment un peu paradoxal. […] Il disparaît vraiment, comme auteur, sous le flot de leurs paroles ; il ne lui impose aucune limite, ni aucune direction.

79. (1874) Premiers lundis. Tome I « M. Tissot. Poésies érotiques avec une traduction des Baisers de Jean Second. »

Tissot les avait plus récemment composées, il les eût relevées, n’en doutons pas, par quelques-unes de ces idées qui sont vraiment de notre temps, et qu’il ressent lui-même avec une si honorable chaleur. […] Mais alors les voies littéraires n’étaient pas préparées au génie ; les langues, celles du nord en particulier, n’étaient pas faites, ou n’étaient pas polies : il n’y avait qu’une seule langue commune à tout le monde savant, et vraiment digne de lui ; l’enfant qu’on destinait aux lettres l’apprenait en naissant, et le latin pour lui était presque la langue de sa nourrice.

80. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Introduction » pp. 2-6

L’histoire, pourrait-on dire si l’on ne craint pas une formule paradoxale, ne peut être : vraiment utile que traitée comme si elle devait, être vraiment utile que traitée comme si elle devait être inutile.

81. (1891) Journal des Goncourt. Tome V (1872-1877) « Préface » pp. -

Le monsieur Renan de l’année dernière, est vraiment bien changé. […] Certes c’est beaucoup ; je vous l’accorde, mais point assez vraiment, pour bondieuser, comme vous bondieusez, en ce moment, sur notre planète, — et je crois que l’avenir le signifiera durement à votre mémoire.

82. (1899) Esthétique de la langue française « Esthétique de la langue française — La déformation  »

Sa délicatesse de vieux lettré plein de belles-lettres classiques est un peu craintive et vraiment pessimiste. […] Deschanel insiste trop peu, sans doute pour n’être pas forcé de blâmer le rôle, alors vraiment odieux, de l’école primaire, du maître hâtivement fabriqué par les méthodes artificielles de l’Université. […] Il ne lui a vraiment manqué qu’un principe pour faire une œuvre solide et qui fût autre chose qu’un « Dites et Ne Dites pas ». […] Vaugelas dit innocemment : « Dans les doutes de la langue, il vaut mieux pour l’ordinaire consulter les femmes et ceux qui n’ont point étudié que ceux qui sont bien sçavans en la langue Grecque et en la Latine.  » Et Vaugelas, vraiment, ne trompe jamais. […] On ne peut vraiment lui concéder que exaucer vienne de exaudire ; bal, pompe et marmot du grec [mots en caractères grecs].

83. (1870) La science et la conscience « Chapitre II : La psychologie expérimentale »

Et d’abord, si l’on se met à recueillir tous les caractères vraiment distinctifs de la nature humaine, tels que l’histoire nous les donne, pourquoi s’attacher exclusivement à la moralité et à la religiosité pour en faire le type propre de l’humanité ? Si l’homme est le seul animal connu qui soit moral et religieux, n’est-il pas également le seul qui soit vraiment politique, selon la définition d’Aristote ? […] Ensuite, alors même que la méthode psychologique des naturalistes réussit à découvrir un caractère vraiment essentiel, comme le sentiment moral, elle a toujours le grave inconvénient de s’arrêter à des phénomènes qui ne sont que la manifestation d’un principe constitutif de la nature humaine, et qui peuvent se ramener eux-mêmes à des facultés premières. […] Et si elle essaye de le faire, en comparant toutes les races entre elles et en dégageant les caractères communs, elle ne réussit qu’à donner une formule abstraite et vague qui ne fait réellement connaître aucune des facultés primordiales et vraiment constitutives de la nature humaine. […] A part un très-petit nombre de facultés élémentaires et de faits vraiment primitifs qui sont le point de départ de la vie morale, tout s’explique par l’habitude, et l’école psychologique dont on vient de parler pourrait prendre pour devise ce vers si connu : La nature, crois-moi, n’est rien que l’habitude.

84. (1874) Premiers lundis. Tome II « Jouffroy. Cours de philosophie moderne — III »

Jouffroy, la partie qui est vraiment nous a tout droit de commander, d’exploiter, de confisquer l’autre à son profit. […] Ce moi supérieur et complet, cette vie réelle et vraiment vivante, ce sentiment au sein duquel la conscience réfléchie, c’est-à-dire la connaissance, n’est qu’un redoublement plus marqué, échappe aux psychologistes qui se laissent prendre sans cesse à leurs propres abstractions. […] L’homme continua quelque temps d’étaler dans des jeux sacrés cette force vraiment divine et sainte qu’il avait d’abord gagnée et appliquée à des luttes plus réelles.

85. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Deuxième partie. Invention — Chapitre II. Définition. — Énumération. — Description »

Peu de jeunes gens en France savent vraiment ce que c’est que le désert : il n’en est guère qui ne puissent, s’ils savent bien conduire leur esprit, le décrire convenablement, et même avec un sentiment personnel. […] « Supposez-vous, leur disait-on, dans une pareille situation, et vous n’aurez pas de peine à exprimer ce que le malheureux éprouve. » Le malheur, c’est que ni vous ni moi, nous ne pouvons-nous supposer vraiment, et du fond du cœur, sérieusement, dans une pareille situation : nous ne nous y voyons pas, et, dans la froide et tout intellectuelle hypothèse que nous faisons, nous n’apercevons qu’une chose : nous aurions peur, grand’peur. […] Une fois qu’on a dit : je suis joyeux, ou triste, ou irrité, j’aime ou je hais, il semble que vraiment on n’ait plus rien à dire, et de fait on voit souvent des écrivains, de fort grands, se tirer de là par la simple rhétorique, par les périphrases et les comparaisons, par le développement à la Sénèque, qui consiste à inventer cent formes de la même pensée.

86. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série « José-Maria de Heredia.. »

Cette poésie est, en effet, la seule où la forme soit vraiment tout, où l’on soit sûr, si on est séduit, de ne pas céder à un autre attrait que celui des belles images évoquées par des mots harmonieux. […] Il en est résulté des sonnets si pleins qu’ils « valent vraiment de longs poèmes » et si sonores que la voix humaine ne suffit plus pour les clamer et qu’il y faudrait une bouche d’airain. […] Poésie tout proche des sonnets mythologiques, car elle célèbre l’œuvre la plus extraordinaire qu’aient accomplie les hommes à travers les âges, une aventure où ils se sont vraiment montrés « pareils à des dieux », puisqu’ils ont agrandi une planète et créé en quelque sorte un autre monde.

87. (1913) Les antinomies entre l’individu et la société « Chapitre III. L’antinomie dans la vie affective » pp. 71-87

. — C’est aussi bien l’individualisme de l’impulsif, du maniaque, de l’excentrique, du névrosé en quête de sensations bizarres et compliquées (tel un Des Esseintes), que l’individualisme du grand poète, du grand artiste qui exprime des manières de sentir délicates, puissantes on profondes, vraiment neuves et intéressantes, vraiment capables d’éveiller un écho dans l’âme des autres hommes. […] Il conviendrait encore, du moment où on se pose en champion de la différence humaine et de l’originalité, d’avoir des désirs vraiment neufs et intéressants, des sentiments qui vaillent la peine d’être exprimée.

88. (1904) Prostitués. Études critiques sur les gens de lettres d’aujourd’hui « Chapitre V. Chanteuses de salons et de cafés-concerts »

J’ai été choqué par un manque d’harmonie vraiment désagréable. […] Ailleurs, il a surtout manifesté son impuissance lyrique ou le manque de courage de son esprit, amoureux vraiment trop platonique de la justice et du sacrifice. […] Tous, c’est vraiment beaucoup à ce point de vue naïf et utilitaire.

89. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre troisième. De la sympathie et de la sociabilité dans la critique. »

Dans la connaissance qu’on prend d’un beau livre, d’un beau morceau de musique, il y a trois périodes ; la première, quand le livre est encore inconnu, qu’on le lit ou qu’on le déchiffre, qu’on le découvre en un mot : c’est la période d’enthousiasme ; la seconde, lorsqu’on l’a relu, redit à satiété : c’est la fatigue ; la troisième, quand on le connaît vraiment à fond et qu’il a résonné et vécu quelque temps en notre cœur : c’est l’amitié ; alors seulement on peut le juger bien. […] Celui qui traite un livre comme un passant, avec l’indifférence distraite et malveillante du premier coup d’œil, ne le comprendra vraiment point ; car la pensée humaine, comme l’individualité même d’un être, a besoin d’être aimée pour être comprise. […] Mais l’étude des monstruosités, si elle est une partie importante de la biologie, ne saurait la constituer ; si les divagations du génie nous font parfois voir ses traits essentiels dans une sorte de grossissement, à la manière des miroirs convexes, on les découvrira mieux encore dans ses sublimités, dans les moments où il est grand sans être difforme, c’est-à-dire où il est vraiment grand.

90. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Les Femmes d’Amérique » pp. 95-110

Mais le livre en question a bien d’autres prétentions, vraiment ! […] Il est douteux aussi — du moins, nous le croyons, — qu’ils admettent sans un modeste embarras la conclusion, logiquement très bonne, mais historiquement suspecte, que Bellegarrigue sait tirer de cette absence de la famille aux États-Unis : « L’autorité paternelle — dit-il — ayant abdiqué en Amérique, sinon en totalité, du moins en grande partie, il est arrivé que la famille n’y existe pas… et que l’extrême civilisation autorise les mœurs à ressaisir la simplicité de l’état sauvage. » Mais cet éloge, une fois jeté en passant, des Américains, qui ne sont pas l’objet spécial du livre, l’auteur revient aux femmes d’Amérique ; car sans la femme, nous dit-il avec une galanterie vraiment philosophique, la masculinité ne serait pas ! […] vraiment des peuples jeunes, chez lesquels ce qui sauve les peuples en les régénérant, la Spiritualité, débordait !

91. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Édouard Gourdon et Antoine Gandon » pp. 79-94

Après avoir savouré les détails de son livre, qui sont jolis souvent et parfois touchants, après avoir admiré l’adresse et la délicatesse de touche avec laquelle l’auteur, qui est l’amant de son histoire, sauve sa maîtresse de la vileté ordinaire aux femmes comme elle, — car, il faut bien le dire, Louise est de la race aux camélias, dont on abuse vraiment trop dans les romans et au théâtre, et qui fera, si on continue, appeler la littérature française du xixe  siècle la littérature des filles entretenues, — on est tout étonné de cette rupture peu intelligible qui vient brusquement clore le livre, et on voudrait se l’expliquer. […] un Shakespeare fait bien partout, et il y eut vraiment quelque chose de digne de son génie dans cette foule de soldats de toute arme venus, par une pluie battante, enterrer leur compagnon au bord de la mer qui le séparait de son pays, et qui, après lui avoir tourné le visage du côté de la France, lui versèrent, chacun avec sa main nue (détail vraiment antique !)

92. (1891) Lettres de Marie Bashkirtseff

Sous ce charme féminin, on sentait une puissance de fer, vraiment virile ; — et l’on songeait au présent fait par Ulysse à l’adolescent Achille : une épée cachée parmi des parures de femme. […] vraiment, je ne vaux pas cette peine, Je rentre chez moi et je me mets à écrire. […] Je crois vraiment que l’on comprendrait et la signification de la pièce et dans quel pays cela se passe, et tout enfin, sans voir la scène et sans entendre les paroles. […] Sans bagages, comme des Anglais ; c’est le voyage le plus intéressant d’Europe et qu’il faut avoir fait, vraiment. […] Ça ne ressemble à rien de ce que je connais… C’est vraiment neuf et plein et sonore et harmonieux.

93. (1887) Études critiques sur l’histoire de la littérature française. Troisième série pp. 1-326

Mme de La Fayette fut une aimable femme, elle n’est pas un de nos classiques, ni ne mérite vraiment d’en être. […] Voulez-vous un poète, et un vrai poète vraiment « galant », et vraiment « tendre », qui plus naturellement et plus aveuglément qu’aucun autre, à en juger par les œuvres, ait cru que la beauté consistait dans le vague et dans l’indétermination ? […] et se peut-il vraiment que de nos jours un « philosophe » se paye ainsi de son spiritualisme ! […]vraiment, et nulle part ailleurs, est le défaut de Gil Blas : l’œuvre n’est pas composée. […] Que voit-on vraiment là qui ressemble à une protestation de Marivaux contre l’invasion de la licence dans le roman de son temps ?

94. (1890) Dramaturges et romanciers

« Mais vraiment ! […] Rivière une moralité philosophique vraiment élevée. […] Sa vertu est-elle vraiment d’aussi bon aloi que nous l’affirme M.  […] elle n’en fait vraiment que plus d’honneur à M.  […] Cherbuliez dans quelques pages ingénieuses et vraiment profondes.

95. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Madame de Staël. Coppet et Weimar, par l’auteur des Souvenirs de Mme Récamier (suite et fin.) »

Une première victoire elle-même, s’il la remportait, ne le sauverait pas. » Mais vraiment, vous ne pouvez entrer un seul instant dans une pareille supposition, vous ne pouvez retourner ni presque modifier aucun des sentiments exprimés dans cette lettre sans imaginer un rôle odieux, et devant lequel vous reculez tout le premier. […] Mme Lenormant, si ce chapitre est d’elle (et elle a bien assez d’esprit, — assez de finesse et de précision dans l’esprit, — pour avoir mené cette discussion comme on l’a fait), l’a pris vraiment sur un ton un peu trop haut. […] On est vraiment curieux aussi sur cette question des Cent-Jours, et on voudrait faire de M.  […] Laissons ces mots mystiques de conversion et de croyant qui ne sont pas à l’usage des esprits vraiment politiques, ni même tout uniment des esprits sensés.

96. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Entretiens de Gœthe et d’Eckermann (suite) »

Mais il ne faisait vraiment cas, en fait de génies, que de ceux de la grande race, de ceux qui durent ; dont l’influence vraiment féconde se prolonge, se perpétue au-delà, de génération en génération, et continue de créer après eux. […] Ce qui s’appelle vraiment le peuple ne sert que fort peu à notre développement, et tous les hommes de talent, toutes les bonnes têtes sont parsemées à travers toute l’Allemagne. […] Il s’agit de faire des œuvres qui soient vraiment bonnes et solides, et ce seront aussi des œuvres classiques ! 

97. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Alfred de Vigny »

Éloa, cette sublimité dans le délicat et le pur, avait eu le succès qui convenait, — un succès chaste, comme elle, plus profond que sonore ; mais trois ans après, jour pour jour, Vigny, qui voulait mettre une fleur de prose à côté de cette fleur de poésie qui était sortie de sa pensée, calice de parfum et de blancheur, comme le nénuphar sort d’une eau limpide, Vigny publia Cinq-Mars, un roman historique bien plus inspiré, selon moi, par Walter Scott, alors régnant, qu’il n’est produit par une fantaisie vraiment libre ou une combinaison irréfléchie. […] Aussi Stello, qui vint après Cinq-Mars, Stello, qui est l’effort puissant et couronné du poète devenu enfin un grand artiste en prose, n’eut pas le succès colossal de Cinq-Mars, et vraiment ne pouvait pas l’avoir ! […] C’est qu’il est vraiment un grand poète, un poète comme eux, palpitant, souffrant et chantant dans les trois poètes dont il nous dit la mort, et presque comme s’il l’eût chantée ! […] Et cela vaut-il vraiment la peine de se vanter d’en être, même toute vanité de religion mise à part ?

98. (1908) Après le naturalisme

Il n’y en a vraiment pas d’autres. […] La prétention vraiment absurde doit être combattue. […] Pour n’avoir point sombré, il fallait qu’il fût vraiment enraciné. […] Vraiment, depuis que l’homme existe, a-t-il jamais aspiré à autre chose. […] Et vraiment le fond en est-il à lui sacrifier, même d’une idée ?

99. (1896) Journal des Goncourt. Tome IX (1892-1895 et index général) « Année 1894 » pp. 185-293

J’ai vraiment peur, quand arrivera la correction des épreuves de mon Journal, de n’être plus en état de faire cette correction. […] Ce très aimable docteur Martin, est vraiment un délicat. […] » Vraiment cet Henri de Régnier a la conversation, toute pleine de jolies images, de fines remarques, de délicates ironies. […] Non vraiment, tout le grand art a l’air de déménager dans l’art industriel, et l’art industriel est tout l’intérêt de cette exposition. […] Pas de chance, pas de chance vraiment, dans la publication de mes livres.

100. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome second — Livre cinquième. Principales idées-forces, leur genèse et leur influence — Chapitre septième. Les sentiments attachés aux idées. Leurs rapports avec l’appétition et la motion »

Pas d’intelligence sans la conscience, qui est le sujet ; point d’intelligence, d’autre part, sans un objet auquel elle s’applique et qui n’est vraiment objet adéquat que quand il est conçu comme le tout. […] Les émotions vraiment désintéressées offrent ainsi un caractère intellectuel et non pas seulement sensitif.

101. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série « Francisque Sarcey »

Il faudrait être vraiment trop imbécile pour ne pas saisir ! […] J’ai dit un mot du journaliste : je ne dirai rien du romancier, encore qu’il y ait bien de l’émotion et de la vérité dans Étienne Moret et bien de l’esprit, vraiment, dans les Tribulations d’un fonctionnaire en Chine. […] Sarcey est un des très rares écrivains vraiment gais que nous ayons aujourd’hui ? […] Non, vraiment, il montre trop de considération, quand il s’y met, pour des habiletés qu’il ne faut point mépriser (car elles sont nécessaires, et, en outre, ne les a pas qui veut), mais dont on peut trouver que, toutes seules, elles sont un pauvre régal. […] Je ne puis me retenir de citer un passage de ce feuilleton, vraiment enlevé : Comparez, pour voir, toute cette partition de Boïeldieu à ce fameux quadrille d’Orphée aux enfers qui a emporté dans son tourbillon frénétique toute notre génération.

102. (1854) Nouveaux portraits littéraires. Tome II pp. 1-419

N’est-ce pas vraiment peine perdue ? […] Bulwer composât une pièce vraiment poétique. […] C’est une générosité vraiment royale. […] Pour savoir vraiment la place que M.  […] Donnent-elles vraiment à la pensée plus de relief et d’évidence ?

103. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome second — Livre sixième. La volonté — Chapitre troisième. La volonté libre »

En troisième lieu, pour posséder le maximum d’indépendance, il faut que notre puissance se confonde le plus possible avec notre moi lui-même et nous soit ainsi vraiment inférieure, vraiment propre et personnelle ; c’est ce qui constitue la spontanéité. […] L’idée d’indépendance a toujours besoin d’être spécifiée et n’offre vraiment de sens que sous tel ou tel rapport, par conséquent d’une façon relative. […] Renouvier, échappe aux lois. » S’il en est ainsi, il ne dépend pas de nous de réaliser des phénomènes qui seraient vraiment sans raison et sans loi. […] En ce qui concerne l’agent lui-même, est-ce à condition de ne point prévoir ce qu’il fera qu’il est vraiment libre ? […] J’embrasse dans mon unité de conscience tous les termes avec le lien de l’un à l’autre, et c’est vraiment ici que le déterminant et le déterminé tendent à se confondre.

104. (1902) L’observation médicale chez les écrivains naturalistes « Chapitre I »

Mais cette école présente ceci de particulier que, si elle existe, je n’ai jamais rencontré de maîtres ou d’élèves qui aient vraiment mérité de lui appartenir ! […] Et c’est vraiment pitié de voir que, sous prétexte de le maintenir pur de tout alliage, on ait voulu lui retirer ce qui fait sa véritable grandeur. » 12 ⁂ Jusqu’à présent nous avons constaté dans la marche vers le vrai des professionnels d’une part, des artistes de l’autre, un grand parallélisme.

105. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — D — Desbordes-Valmore, Marceline (1786-1859) »

Et plus tard, dans le célèbre médaillon de David, vue de profil, — avec les mêmes traits, mais devenus si sérieux et si calmes, avec la grande paupière baissée, avec cette chevelure toujours courte qui s’arrange en masses, dignes de la statuaire, — comme à ce moment-là elle est épique et vraiment imposante ! […] À ceux qui insistent, aujourd’hui, sur l’infériorité des femmes, sur leur incapacité foncière et pour ainsi dire organique, il suffit de répondre par ce nom-là, une femme tout uniquement de génie, mieux que George Sand, trop consacrée, et qui, vraiment, ne fut, elle, qu’un homme de lettres.

106. (1923) Les dates et les œuvres. Symbolisme et poésie scientifique

Vous me verrez pénétré de certaines beautés vraiment extraordinaires que contient ce premier recueil de vos poèmes. […] Paul Verlaine, il m’a vraiment été impossible de m’en faire la moindre idée. […] Mais là, vraiment, perdre mon encre à des polémiques avec d’illustres inconnus, pas si sot. […] Et vraiment, l’irritation de Sarcey, loin de m’irriter moi-même, me peinait. […] Et Mallarmé, président du Banquet d’hier, ne pouvait vraiment s’en plaindre.

107. (1923) L’art du théâtre pp. 5-212

S’ils sont vraiment unis, sans doute. […] La pièce n’est et n’est vraiment, ne vit et ne vit vraiment, toutes nuances mises à part, que lorsqu’elle vit dans l’être du public comme elle vit sur le théâtre et dans l’être du dramaturge, et dans l’instant, au moment même du contact. […] Elles posent un jalon sur la piste nouvelle que suivra peut-être demain un art dramatique vraiment français. […] Alors et alors seulement il sera le bon serviteur de l’ouvrage, le collaborateur fidèle du poète et l’ouvrage vivra vraiment. […] Voici vraiment un art tragique, fait pour la scène et de grand ton, objectif, vivant, gonflé de lyrisme ; j’y ai fait allusion plus haut.

108. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « Saint-Bonnet » pp. 1-28

Eh bien, malgré tous ces travaux, malgré tous les titres à l’éclat et à la célébrité, Blanc Saint-Bonnet a si peu la place à laquelle il a vraiment droit dans la préoccupation de son temps, qu’un critique catholique très renseigné, très consciencieux, et animé toujours des sentiments les plus nobles, appela un jour l’Affaiblissement de la Raison, cette brochure sur l’enseignement de la plus magnifique portée, et que Saint-Bonnet écrivit en se jouant dans l’entre-deux de ses autres ouvrages : « un livre tulipe », pour en exprimer la rareté, sans doute, — le croyant rare, ce livre, parce qu’il ne le connaissait pas ! […] Joseph de Maistre, qui était avant tout historien, malgré les plus hautes aptitudes à la métaphysique, est entré nettement dans cette question de l’Infaillibilité par la porte des faits et de l’histoire, conduit par un sens pratique de premier ordre, et écartant volontiers tous les arguments qui n’étaient pas historiques avec ce grand geste d’homme d’État qu’il avait, tandis que Saint-Bonnet, au contraire, bien plus métaphysicien que politique, a pénétré dans la même question par l’étude de l’essence même et des principes, allant dans l’essence jusqu’au point où elle est vraiment impénétrable. […] Cet homme, plus vraiment doux que Fénelon, plus cygne que ce cygne, car Fénelon n’avait que la coquetterie de la douceur, n’était point organisé pour la guerre des idées telle que les besoins de notre temps nous l’imposent, à nous autres ferrailleurs ! […] Ce livre immense d’analyse ontologique et psychologique, et de portée, conclut à quelque chose de bien plus grand vraiment qu’à l’acceptation pure et simple de la douleur !

109. (1917) Les diverses familles spirituelles de la France « Chapitre iii »

Il me disait le mot de l’un d’eux après l’opération : « Gardez mon bout de bras en souvenir de moi, monsieur le major, quoique ce soit vraiment à la France et non à vous que je l’ai donné !  […] Pâques fut vraiment pour lui la résurrection glorieuse. […] Et à l’endroit même, je suis encore, car, par une ressemblance vraiment très indigne avec mon doux Sauveur Jésus sur la Croix, je suis vraiment cloué à ma croix, n’ayant pu bouger ma jambe d’un seul millimètre.

110. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « De la poésie en 1865. »

Armand Renaud en est venu, de recherche en caprice, et après avoir épuisé la coupe, à des accents vraiment passionnés et profonds. […] Le poëte, en effet, a vraiment à cœur de rapprocher les divers cultes qui lui sont chers, celui de son vieux maître Béranger, de son ancien catéchiste de première communiante, M.  […] Elle représentait vraiment la nuit superbe, Avec ses millions d’étoiles, sa douceur, Son blanc rayonnement posé sur l’onde ou l’herbe, Et son azur sans fond, abîme du penseur ; La nuit où, s’échappant furtives de chez elles, Les amoureuses vont, dans les bois, s’égarer, Où l’âme du poëte, ouvrant toutes ses ailes, Plane dans le pays lointain qui fait pleurer.

111. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Les snobs » pp. 95-102

Je crois vraiment que quelques-uns des événements les plus heureux de notre littérature, et par exemple l’épuration et l’affinement de la langue dans la première moitié du dix-septième siècle, l’entrée des sciences politiques et naturelles dans le domaine littéraire au dix-huitième, le mouvement sentimental et naturiste provoqué par Jean-Jacques, et l’évolution romantique suivie de l’évolution réaliste qu’a suivie la réaction idéaliste, un peu trouble, à laquelle nous assistons, ne se seraient point accomplis aussi vite sans les snobs. […] On s’en aperçoit quand on essaie d’être sincère avec soi-même et de juger vraiment par soi.

112. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — R — Retté, Adolphe (1863-1930) »

Adolphe Retté présente cette anomalie, d’être à la fois un poète qui a vraiment le don et un critique qui a vraiment le sens critique ; il a de plus la qualité rare de dire beaucoup, sinon tout, en très peu de place, et cependant sans sécheresse.

113. (1895) Nouveaux essais sur la littérature contemporaine

Vraiment, je crois que cela serait assez commode. […] Non pas, comme je l’ai déjà noté plus haut, que, s’il a remporté de grands succès au théâtre, je les croie vraiment durables. […] C’était vraiment une profession de foi. […] C’est à cet égard qu’il est vraiment instructif, et, comme on dit, suggestif. […] Là, furent vraiment et seront son honneur et sa gloire.

114. (1892) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Cinquième série « Quelques « billets du matin. » »

C’est vraiment aujourd’hui que Paris a l’air d’une ville qui se damne. […] Car, dans ces conditions-là, la campagne c’est vraiment le refuge et l’asile. […] Son art est vraiment toute son âme. […] Pour peu qu’on ait une vingtaine de millions, on ne sait vraiment plus qu’en faire dans nos démocraties. […] Les Romains vraiment riches en avaient deux ou trois mille.

115. (1896) Journal des Goncourt. Tome IX (1892-1895 et index général) « Année 1893 » pp. 97-181

., sont des monographies d’êtres exceptionnels, qui imaginées par des auteurs de génie, trouvent au bout de cinquante ans, des scoliastes pour faire de ces êtres exceptionnels, des êtres généraux, et j’aurais voulu l’interroger sur sa conviction, que les femmes d’Ibsen, sont vraiment considérées, à l’heure présente, en Norvège, comme des types généraux de Norvégiennes. […] Et la réponse de Whistler est vraiment belle, quand on lui demande, combien il a mis de temps à peindre sa toile, et qu’il jette dédaigneusement : « Une ou deux séances », et que sur les oh ! […] Vraiment, cette salle n’est pas favorable à l’exhibition de la beauté de la femme. […] « Mais très bien, répond le fils de Sarah Bernhardt, mais vraiment, est-ce que vous pensez que ma mère puisse la jouer ?  […] Et vraiment, les détails donnés par ces notules sont curieux.

116. (1894) Journal des Goncourt. Tome VII (1885-1888) « Année 1886 » pp. 101-162

c’est vraiment de la bien grosse psychologie, que la psychologie de romans, comme celui de La Morte. […] Le grand artiste, avec les otages de Calais, il n’a vraiment pas de chance. […] Lui, vraiment, le seul grand acteur depuis Frédérick-Lemaître, et qui y songe ? […] C’est vraiment beau, le manque de jugement personnel du Parisien éclairé, asservi absolument au jugement du journal qu’il lit. […] C’est vraiment un nom, que j’ai quelque droit de porter en littérature.

117. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre neuvième. Les idées philosophiques et sociales dans la poésie (suite). Les successeurs d’Hugo »

Le propre de la pensée vraiment poétique, c’est, en quelque sorte, de déborder le vers, dont la mesure ne semble lui avoir été imposée que pour limiter en elle ce qui seul peut l’être, la forme, non le fond. […] D’autres pièces, empruntées à la légende ou à l’histoire, sont vraiment et franchement impassibles, mais nous pensons que ce genre de poésie savante, qui peut intéresser les amateurs et les érudits (ceux qui connaissent l’orthographe de Qaïn), n’exercera jamais sur une société l’influence que doit exercer la grande poésie. […] Caïn est vraiment l’enfant de la douleur, celui qui salue la vie d’un long gémissement. […] Est-ce vraiment pénétrer dans la réalité que de s’arracher à soi-même, comme si la réalité n’était pas en nous, et nous en elle, comme si elle ne prenait pas en nous conscience de soi, jouissant et souffrant, désirant et aimant ? […] Un peu trop de rayons d’or, de bluets et de pervenches, peut-être ; mais vraiment n’est-ce pas se plaindre qu’il y ait trop de fleurs en un parterre ?

118. (1911) La morale de l’ironie « Chapitre IV. L’ironie comme attitude morale » pp. 135-174

Elle lui ressemble vraiment trop. […] Croirait-on vraiment qu’il suffit de ne plus penser à notre cruauté pour la supprimer ? […] Elle peut devenir vraiment morale quand la conscience de la discordance fondamentale et le petit plaisir qui provient de la réaction du moi se joignent au plaisir de la sympathie et au maximum de bienveillance compatible avec la circonstance et l’état social donné. […] Pour peu que celui qui l’exerce la comprenne ou agisse comme s’il la comprenait, elle redevient une attitude vraiment philosophique et aussi vraiment morale.

119. (1888) Revue wagnérienne. Tome III « I »

1 I Wagner est vraiment trop poète pour songer à faire de ses drames des démonstrations philosophiques. […] C’est que si Tristan et Isolde avaient vraiment la prétention de nous enseigner la philosophie de Schopenhauer, il n’y aurait qu’à les renvoyer à l’école pour mieux apprendre leur leçon, car toute leur vie, tous leurs actes, toutes leurs paroles sont en contradiction flagrante avec la doctrine du philosophe. […] Mais ici il y a vraiment des coïncidences frappantes. […] Schopenhauer fait de la compassion la première des vertus : « La compassion est l’unique motif d’action qui soit vraiment moral, le seul qui ne soit pas égoïste » (Éthique, 231). […] Si donc ce digne et excellent homme était vraiment Belge, il faut au moins convenir qu’il ne le fut que tout juste assez pour donner à votre correspondant la satisfaction de le réclamer comme compatriote.

120. (1881) Le naturalisme au théatre

Vraiment c’est là une façon de s’en tirer à bon compte. […] Cela est vraiment très typique. […] Vraiment ? […] Il n’y a vraiment pas de quoi. […] Vraiment, la méthode est trop commode !

121. (1867) Cours familier de littérature. XXIV « CXXXIXe entretien. Littérature germanique. Les Nibelungen »

L’autre parla encore au guerrier impatient: « Attends un moment, sire Hagene, tu es vraiment trop pressé. […] Je crois vraiment que la mort était liguée contre eux. […] La force de Gunther était vraiment digne de louange. […] Vraiment le roi Gunther avait un noble courage. […] La vengeance que Kriemhilt exerça sur ces deux guerriers fut vraiment complète !

122. (1899) Les industriels du roman populaire, suivi de : L’état actuel du roman populaire (enquête) [articles de la Revue des Revues] pp. 1-403

Il en pullule là-bas de ces libretti du crime, dont les échantillons les plus poussés ont réalisé des chiffres de tirage vraiment fantastiques et propres à rendre rêveurs nos spécialistes de cours d’assises. […] — Vraiment ! […] Rien de si aisé vraiment que cette espèce de cuisine littéraire. […] Enfin, et en tout cas, quelle meilleure application de la morale que d’exiger de l’ouvrier de lettres qu’il fasse de son mieux et que l’œuvre qu’il nous livre soit vraiment de sa façon, et non le témoin d’une escroquerie ? […] Le problème n’est ni plus ni moins que ce problème redoutable : la démocratie deviendra-t-elle une réalité par l’existence d’un peuple vraiment libre qui élève ses propres besoins en élevant son intelligence et sa volonté ?

123. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Madame Swetchine. Sa vie et ses œuvres, publiées par M. de Falloux. »

Il n’en affecte pas non plus les prétentions ; jamais on ne fut moins auteur en se faisant éditeur ; il semble vraiment n’avoir pensé, en publiant un choix des papiers de Mme Swetchine, qu’au succès de celle à laquelle il s’est consacré ; il y pousse de ses plus aimables obsessions et de toutes ses grâces : le moyen de résister à celui qui est si galant homme, qui fait si bon marché de lui-même et de ses pages, qui est prêt à vous dire à chaque instant : « Frappe sur moi, mais écoute et respecte ma sainte !  […] La céleste Roxandre, en ce temps-là, était l’objet de son admiration vraiment romanesque ; elle la voyait comme assise sur un trône idéal, et, dans la suite de lettres qu’elle lui adresse, on croirait par moments qu’elle parle à quelque impératrice de Constantinople ou de Trébizonde. […] En fait de sentiments, dépensées portant sur les affections et les passions humaines, j’ai parcouru un cercle immense et creusé jusqu’aux antipodes ; je suis vraiment docteur en cette loi-là… C’est dans l’enceinte de mon propre cœur que j’ai appris à connaître celui des autres, et la seule connaissance de moi-même m’a donné la clef de ces énigmes innombrables qu’on appelle les hommes. » Elle se flatte et s’exagère sans doute un peu cette connaissance universelle, cette clef, ce passe-partout qu’elle croit tenir et qui l’a conduite, en définitive, à la possession d’un monde très-distingué, mais restreint. […] Être du salon de Mme Swetchine, cela menait plus loin et tirait vraiment à conséquence : on entrait sous une sorte de direction spirituelle, plus ou moins sensible.

124. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Collé. »

» On est très embarrassé vraiment de dire de M.  […] Si le ridicule existait encore et si l’on avait le temps de rire de ces misères, il serait bouffon vraiment de voir que M.  […] C’est trop le livrer en déshabillé vraiment ; c’est donner trop beau jeu à cette disposition habituelle où sont les critiques de tous les temps, et surtout ceux du nôtre, de se mettre au-dessus des auteurs et de le prendre de haut avec ceux qu’on juge. […] Il est vrai qu’il s’abandonne à la sienne sans retenue ni contrainte, et vraiment à cœur joie 75.

125. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Réminiscences, par M. Coulmann. Ancien Maître des requêtes, ancien Député. »

Les lettres qu’il nous produit sont vraiment touchantes et belles de simplicité, de vérité. […] Elle lui répondit comme une personne qui n’entend rien à tous ces mystères et qui, dans tout son procédé, y va bon jeu bon argent (octobre 1821) : « Savez-vous bien que cette dernière lettre, à laquelle vous ne pensez peut-être déjà plus, m’a fourni bien des réflexions, et que je ne sais vraiment comment y répondre ? […] Lord Byron, dans cette lettre, rectifie les idées fausses que les biographes français donnaient de ses parents, et il se montre, en homme vraiment délicat, plus attentif à ce qui intéresse la mémoire de son père qu’à sa réputation propre. […] Necker qu’il me reproche d’avoir déprécié en disant qu’avec tout son esprit et sa fine intelligence il était, par son indécision et son peu de volonté, « le contraire d’un pilote dans une tempête. » J’aurais trop beau jeu vraiment à me justifier et à répliquer.

126. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) «  Mémoires et correspondance de Mme d’Épinay .  » pp. 187-207

Mais n’y travaillez, ajoutait l’excellent critique, que lorsque vous en aurez vraiment le désir, et, sur toutes choses, oubliez toujours que vous faites un livre ; il sera aisé d’y mettre les liaisons ; c’est l’air de vérité qui ne se donne pas quand il n’y est pas du premier jet, et l’imagination la plus heureuse ne le remplace point. […] Voltaire disait d’elle encore au docteur Tronchin : Votre malade est vraiment philosophe ; elle a trouvé le grand secret de tirer de sa manière d’être le meilleur parti possible ; je voudrais être son disciple ; mais le pli est pris… Qu’y faire ? […] Vraiment oui, vous avez des vapeurs, et ce n’est pas d’aujourd’hui ; mais je n’ai eu garde de vous en rien dire, car j’aurais redoublé votre mal. […] Aujourd’hui je n’ai voulu qu’insister sur des mémoires curieux et presque naïfs d’une époque raffinée, sur un monument singulier des mœurs d’un siècle, et aussi rappeler l’attention sur une femme dont on peut dire, à sa louange, que, dans tous ses défauts comme dans ses qualités, elle fut et resta toujours vraiment femme, ce qui devient rare.

127. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre quatrième. L’expression de la vie individuelle et sociale dans l’art. »

Tout type de grâce vraiment attirante doit mériter qu’on lui applique les vers du poète : Ton accent est plus doux que ta voix : ton sourire Plus joli que ta bouche, et ton regard plus beau Que tes yeux : la lumière efface le flambeau. […] Tel sentiment est plus vraiment nous que ce qu’on est habitué à appeler notre personne ; il est le cœur qui anime nos membres, et ce qu’il faut avant tout sauver dans la vie, c’est son propre cœur. […] Mais, lorsqu’il s’agit d’un être vraiment intelligent et supérieur, ayant une individualité véritable, il ne saurait être question de lui prêter l’expression d’autrui, celle du vulgaire, celle de tous ; car il a son expression à lui, toute personnelle, qu’il conservera partout et toujours, de quelque nature que soient les circonstances et les émotions. […] Ce n’est pas assez de nous peindre un individu, il faut nous peindre une individualité vraiment marquante, c’est-àdire la concentration en un être des traits dominants d’une époque, d’un pays, enfin de tout un groupe d’autres êtres.

128. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre II : La littérature — Chapitre II : La littérature du xviie  siècle »

Cette philosophie, nous l’avons vu, serait la nôtre, s’il ne s’y mêlait pas deux points de vue de nature opposée et presque contradictoire : l’un, vraiment philosophique, qui ramène le beau à la part de généralité et de raison que contiennent les ouvrages d’esprit : l’autre, que je me permets d’appeler peu philosophique, et qui mesure la beauté et la vérité des écrits au degré de leur conformité avec les opinions moyennes, qui composent ce qu’on appelle à tort ou à raison le sens commun. […] Donnons quelques exemples de cette double critique, d’un côté large, éclairée, vraiment philosophique, de l’autre trop restreinte et trop circonspecte, trop jalouse de maintenir au détriment du libre génie, la règle et l’autorité. […] Pour moi, je l’en loue de tout mon cœur, car vraiment n’était-ce pas une chose triste de voir, comme on l’a vu il y a trente ans, un grand pays se dépouiller de gaieté de cœur de toutes ses admirations et de toutes ses gloires, et les sacrifier à des dieux étrangers ? […] Si le trait distinctif de Bossuet est le bon sens, je ne vois vraiment pas ce qui le distingue de Bergier, le solide apologiste du xviiie  siècle.

129. (1917) Les diverses familles spirituelles de la France « Chapitre v »

Je suis reconnaissant aux chefs qui m’acceptent pour leur subordonné, aux hommes que je suis fier de commander, eux, les enfants d’un peuple vraiment élu. […] Vraiment, dans un tel drame, cette volupté de collectionneur… Eh ! […] Ne suppose pas que je fais des efforts d’intelligence pour voir les choses et les hommes à leur place dans le tout ; aucun vraiment. […] J’étais mal à l’aise dans son déterminisme, et puis elle me paraissait vraiment trop sèche et manquer de cœur.

130. (1887) Journal des Goncourt. Tome II (1862-1865) « Année 1865 » pp. 239-332

N’est-ce pas là vraiment, un charmant trait d’esprit pour un surintendant des beaux-arts de l’Empire. […] * * * — Pour haïr vraiment la nature, il faut naturellement préférer les tableaux aux paysages et les confitures aux fruits. […] Nous sommes vraiment fort touchés, et véritablement reconnaissants à la princesse de cette pensée de cœur, que nous n’aurions pas connue sans l’indiscrétion de ses amis. […] Il est mort en disant que « c’était vraiment dommage !  […] Le théâtre est vraiment une terrible machine à surprises.

131. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Appendice. — [Rapport sur les primes à donner aux ouvrages dramatiques.] » pp. 518-522

L’effet moral vraiment digne de ce nom, sur une scène élevée, doit sortir du spectacle même de la nature humaine observée et saisie dans le jeu varié de ses passions, dans ses misères et dans ses grandeurs, et jusque dans l’énergique naïveté de ses ridicules. […] Dans ces termes, en effet, s’il lui était arrivé de vouloir s’arrêter sur des pièces vraiment amusantes comme elle en a rencontré, elle eût paru y attacher un sens et une portée morale qui, en vérité, eût étonné les spirituels auteurs eux-mêmes.

132. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Bossuet. Œuvres complètes publiées d’après les imprimés et les manuscrits originaux, par M. Lachat. (suite et fin) »

C’est trop de soin vraiment : je crois qu’aucun de ces deux génies, pour trouver sa pensée, ou son expression, n’avait besoin de l’autre, et j’aime mieux m’en remettre à l’adage vulgaire : les beaux génies se rencontrent. […] Venir s’y attaquer comme à l’un de ceux qui offrent le plus d’exemples de mauvais goût, c’est mal tomber vraiment et c’est avoir la main malheureuse.

133. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre XIV. De la plaisanterie anglaise » pp. 296-306

Dans les comédies anglaises, on trouve rarement des caractères vraiment anglais : la dignité d’un peuple libre s’oppose peut-être chez les Anglais, comme chez les Romains, à ce qu’ils laissent représenter leurs propres mœurs sur le théâtre. […] Ce qui est vraiment utile est très facile à comprendre, et l’on n’a pas besoin d’un regard perçant pour l’apercevoir.

134. (1761) Salon de 1761 « Récapitulation » pp. 165-170

Elle est jolie vraiment, et très jolie. […] Elle est vraiment fâchée de se séparer de sa sœur ; elle en pleure ; mais cet incident n’attriste pas la composition ; au contraire il ajoute à ce qu’elle a de touchant.

135. (1896) Écrivains étrangers. Première série

Il était d’ailleurs devenu indifférent à une foule de choses : la musique seule l’intéressait vraiment. […] C’est Vraiment la résurrection d’une époque, et M.  […] Il s’est vraiment trop livré, et à trop de gens. […] Et vraiment je suis étonné de ce qu’il y a de vie, de santé, et de force dans cette littérature ignorée. […] Il paraît d’ailleurs tout connaître, et la variété des sujets qu’il traite est vraiment extraordinaire.

136. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « LA REVUE EN 1845. » pp. 257-274

Quand je dis que c’est un plaisir, je vais bien pourtant un peu loin : c’en serait un certainement dans toute autre circonstance, mais dans celle-ci, nous pouvons en faire l’aveu, la satisfaction de démontrer clairement son bon droit se trouve très-mélangée par l’affliction que tout esprit vraiment littéraire éprouve à voir de telles scènes dégradantes et les noms connus du public qui y figurent. […] Ce fut donc (nous revenons à notre petit récit) une époque vraiment critique pour la Revue des Deux Mondes que celle où l’élément judiciaire ou judicieux comme nça en effet à se dégager, à se poser avec indépendance à côté des essais d’art et de poésie qu’on insérait parallèlement. […] Tous les critiques distingués en leur temps, je parle des critiques praticiens qui, comme des médecins vraiment hippocratiques, ont combattu les maladies du jour et les contagions régnantes, La Harpe, le docteur Johnson, ont été doués de ce sens juste et vif que la nature sans doute accorde, mais qu’on développe aussi, et que plus d’un esprit bien fait peut, jusqu’à un certain point, perfectionner en soi.

137. (1874) Premiers lundis. Tome II « Jouffroy. Cours de philosophie moderne — II »

Alors l’homme élu. dans les entrailles duquel toutes les souffrances de l’humanité doivent retentir ; qui doit sentir en son sein s’amasser douloureusement un amour immense ; qui doit concevoir en sa tête féconde la forme nouvelle, plus large et plus heureuse, de l’association humaine ; cet homme vraiment divin, ce poëte, cet artiste, ce révélateur fils de Dieu, est déjà né ; que ce soit Moïse, Orphée, Jésus, Confucius ou Mahomet, il grandit, se développe miraculeusement, se perfectionne avant tous ses contemporains ; véritable fruit providentiel, il mûrit et se dore sous un soleil encore voilé pour d’autres, mais dont la chaleur lui arrive déjà, à lui, parce qu’il est au foyer de l’univers, et qu’il ne perd pas un seul des rayons de Dieu. […] Voilà le sage des psychologistes, aussi incomplet vraiment, aussi mutilé que celui des stoïciens ; et c’est par rapport à ce sage idéal pourtant que la société de l’avenir devrait achever de s’organiser ; car si l’humanité, c’est-à-dire tout ce qui a valeur en elle, est éternellement tourmenté du problème de la destinée, si la révélation n’y peut rien, et s’il n’y a que la raison individuelle de qui chacun puisse attendre un oui ou un non qui l’apaise ; il convient évidemment que la société de l’avenir soit constituée de manière que le plus grand nombre d’hommes puisse vaquer à la solution de ce problème et de toutes les questions qu’il comprend. […] Jouffroy a tout fait, dans cette leçon vraiment mémorable, pour y pousser les jeunes esprits qui l’écoutaient avec une sorte d’anxiété.

138. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Troisième partie. Disposition — Chapitre V. Subordination et proportion des parties. — Choix et succession des idées »

Mais elles sont si jolies, elles feront tant d’honneur à l’écrivain, elles se présentent dans une forme déjà achevée et qui les fait si bien valoir, qu’on n’a vraiment pas la force de les exclure. […] Tout ce qu’on n’assoit point sur cette base, de quelque forme qu’on le revête, est une beauté en l’air, sans solidité, fragile et prompte à flétrir : ce n’est vraiment que du clinquant. […] Et vraiment, quelque sujet que l’on traite, il est essentiel de garder ainsi par devers soi une certaine quantité de matière, et de ne point tout dépenser à fabriquer son ouvrage.

139. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « (Chroniqueurs parisiens II) Henry Fouquier »

Et il a d’ailleurs, dans les moindres mouvements de sa sensibilité et de sa pensée, une grâce d’un charme si pénétrant que, si je ne puis l’appeler féminine, je ne saurai vraiment de quel autre nom la nommer. […] Et vraiment les dieux lointains de son antique patrie lui ont donné la finesse, la grâce, le bien dire, la joie de vivre, l’équilibre des facultés intellectuelles. […] Il est vraiment chez nous le dernier prêtre de l’amour.

140. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — L — Lamartine, Alphonse de (1790-1869) »

Et aussitôt les hommes reconnaissent que cette merveille leur est née : un poète vraiment inspiré, un poète comme ceux des âges antiques, ce « quelque chose de léger, d’ailé et de divin » dont parle […] Il semble vraiment que son âme ne lui ait pas appartenu : elle flottait au souffle des sensations, des sentiments, des idées, aérienne, inconsistante, légère et musicale. […] Georges Rodenbach Chaque fois qu’il a pris parole : soit sur la page blanche où tombaient ses poèmes spontanés ; soit à la tribune ; dans les rues, les jours de révolution ; à l’Académie, où son discours de réception souleva d’un élan toutes les questions du temps et de l’éternité, chaque fois, ce fut vraiment « un concert », une voix pins qu’humaine, une vaste musique rebelle aux subtilités, mais qui enveloppait toutes les âmes dans ses grands plis.

141. (1936) Réflexions sur la littérature « 1. Une thèse sur le symbolisme » pp. 7-17

Vraiment le symbolisme a mis moins de temps que le romantisme ou le Parnasse à devenir historique, à laisser tomber autour de lui la poussière dorée du combat. […] Je sais bien que toute classification comporte de l’arbitraire, mais celle-là vraiment l’exagère. […] Mais y eut-il vraiment un théâtre symboliste ?

142. (1896) Journal des Goncourt. Tome IX (1892-1895 et index général) « Année 1892 » pp. 3-94

Vraiment, il y a dans le moment, en ce monde, trop de méchanceté, trop de méchanceté chez l’artiste, chez le jeune, chez l’homme politique, pour que ce ne soit pas la fin d’une société ! […] Vraiment ils sont curieux chez ces ignorants de la maladie, les regards profonds avec lesquels ils semblent vous demander de leur ôter leur mal. […] Et dans la rue : « — Monsieur Français, est-ce que vraiment mon fils aurait du talent ? […] Ma foi, vraiment on ne peut rien trouver de plus férocement antithétique. […] À cet acte qui est vraiment le premier acte de la pièce, la salle prise, et le commencement des applaudissements.

143. (1922) Enquête : Le XIXe siècle est-il un grand siècle ? (Les Marges)

De là peut-être moins d’œuvres purement parfaites qu’en un siècle vraiment classique, mais par contre que d’œuvres étrangement prenantes dans leur inquiétude, leurs dissonances, et leur effort vers le nouveau ! […] Florian-Parmentier Vraiment ! […] Louis Mandin Accueillons tout ce qu’il y a de bon et de vraiment vivant dans notre littérature, pour former la complexité de notre âme moderne ! […] Georges Renard, professeur au Collège de France Ce serait vraiment faire beaucoup trop d’honneur à cette boutade outrancière que de la prendre au sérieux et de la discuter. […] Le xixe  siècle est vraiment trop voisin du nôtre, et nous sommes encore sous son influence trop exclusive pour essayer de le juger dans son ensemble.

144. (1884) Articles. Revue des deux mondes

En fait, aucun peuple ne s’est vraiment éteint de vieillesse ; beaucoup ont péri sous les coups de plus forts ; les autres sont morts parce qu’ils ont rejeté la vie. […] Les victoires de Napoléon Ier ont-elles vraiment répandu d’autre principe que celui du droit du plus fort, et n’ont-elles pas en définitive été funestes pour l’Europe et surtout pour la France ? […] Si la notion de Dieu, la religiosité, est vraiment, comme l’a montré M. de Quatrefages, le caractère distinctif de l’espèce humaine, on s’explique aisément pourquoi, de tous les animaux, l’homme seul est progressif. […] Mais il soumit ces diverses sources d’informations à une critique dont la pénétration est vraiment merveilleuse pour l’époque. […] Tout ce qu’il y a de vraiment scientifique dans l’Histoire naturelle de Pline vient de l’Histoire des animaux.

145. (1903) La renaissance classique pp. -

Ainsi nous développerons notre goût, nous enrichirons nos idées ; et si nous avons vraiment l’amour de la vie, si nous savons la contempler avec un étonnement toujours nouveau, nous serons excellemment préparés pour la mise en œuvre des lieux communs éternels de l’art. […] Mais le point le plus important peut-être est de voir si le sujet qu’on a choisi est vraiment littéraire. […] Et justement voilà le type du sujet littéraire et vraiment classique, — parce que cela ne prouve rien ! […] Au contraire, la santé de la race est la condition première et nécessaire de tout art classique, c’est-à-dire vraiment social et vraiment humain. […] S’il est vraiment l’homme de sa race, — de la race qui, dans une nation, s’est rendue conquérante et triomphante grâce aux vertus égoïstes qui ont préservé la force et l’intégrité de son type, — il trouvera sans y penser la matière de son art dans ces vertus mêmes, et il reconnaîtra, dans la vigueur des muscles que lui ont façonnés ses pères, le plus ferme soutien de son génie.

146. (1896) Les époques du théâtre français (1636-1850) (2e éd.)

Qu’est-ce, en effet, Mesdames et Messieurs, qui est tragique, vraiment tragique dans la vie ? […] Molière, dans son Tartufe, n’en a-t-il eu vraiment qu’à la fausse dévotion ? […] Là, si vous exceptez deux ou trois confidents, comme Arcas ou Céphise, tout le monde était vraiment quelqu’un, et personne n’était quelconque. […] Tout le monde convient qu’il est, comme la « bataille du Cid », excessif en longueur ; qu’il est hors de situation ; que la rhétorique y tient vraiment trop de place. […] et il n’a été vraiment dépossédé de sa popularité que par le romantisme.

147. (1892) Impressions de théâtre. Sixième série

Il n’était vraiment pas libre de raffiner beaucoup. […] Non, vraiment, il n’est plus un homme. […] Ô incertitude d’un cœur vraiment dévoué à ses propres intérêts ! […] Vraiment, elle s’est bien pressée ! […] Mais, vraiment, cela ne saurait compter en droit.

148. (1892) Essais sur la littérature contemporaine

« Entre mandarins vraiment lettrés, — c’est une phrase de M.  […] Est-ce donc vraiment agir que de satisfaire ses instincts ? […] Voilà sans doute aussi des vertus vraiment actives, et c’est ce que l’optimisme n’aperçoit pas non plus. […] C’est vraiment nous qui donnerions plutôt à rire. […] L’imitation de la vie n’est donc vraiment complète qu’autant que, comme la vie même, elle enveloppe un jugement sur la vie.

149. (1868) Curiosités esthétiques « V. Salon de 1859 » pp. 245-358

Je ne puis vraiment pas supposer que l’imagination du peintre soit allée jusqu’à adapter un carquois, des ailes et un bandeau sur le cadavre d’un animal domestique ; l’allégorie serait vraiment trop obscure. […] L’effet en est vraiment grand. […] Il est vraiment bien désagréable de dire de pareilles choses à propos d’un homme d’une aussi notoire valeur que M.  […] Mais le style en est vraiment beau et grandiose. […] Il a vraiment une intelligence toujours apte à peindre l’âme qui pose devant lui.

150. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. CHARLES MAGNIN (Causeries et Méditations historiques et littéraires.) » pp. 387-414

Tantôt même ce sont des ouvrages à part, et vraiment considérables, dans lesquels le critique essaye de reprendre et de résumer avec étendue, de fixer et d’approfondir sur un point les études jusque-là plus vagues, qui l’ont pourtant occupé de préférence ; tantôt, ce sont tout simplement d’anciens morceaux, déjà publiés en divers lieux, qu’on rassemble avec ordre, avec suite, en les revoyant pour la correction, mais en leur conservant leur premier caractère. […] Magnin dégage chez Courier, au travers de l’homme de parti et du champion libéral, l’homme véritable, naturel, l’indépendant épicurien et moqueur, l’artiste amoureux du beau, l’humoriste vraiment attique, au rictus de satyre : « On n’a point la bouche fendue comme il l’avait, d’une oreille à l’autre, sans être prédestiné à être rieur, et rieur du rire inextinguible d’Homère ou de Rabelais. » Ces pages si légères et si bien touchées, à propos du plus docte et du plus lettré de nos pamphlétaires politiques, nous ont rappelé involontairement la différence des temps et le contraste de deux périodes pourtant si rapprochées. […] En parcourant les articles qui composent son premier volume, on pourra être un peu étonné d’en trouver un tout politique vraiment, de quelques pages à peine : Comment une dynastie se fonde, et daté du 16 mars 1831. […] Ce n’est pas au nom de la gloire et de la renommée qu’il convient de s’adresser aux critiques, à ceux qui, vraiment dignes de ce nom, voient les choses littéraires avec sang-froid, étendue, et par tous les sens.

151. (1900) Poètes d’aujourd’hui et poésie de demain (Mercure de France) pp. 321-350

Tout le Parnasse fut bien vraiment dans le Romantisme. […] Oui, vraiment, l’École des Romanciers naturalistes de 1875 manqua de réserve. […] Ce qui persévéra d’eux-mêmes, à travers une première poussée, fut la sève vivace qui les animait, le désir de créer du neuf, de trouver des moyens nouveaux d’expression et des nuances nouvelles de sentiment, non pas de créer une mode en poésie, mode curieuse et subtile, mais de la ramener à son devoir éternel ; c’est pourquoi l’École Décadente prit peu à peu une importance qu’on peut vraiment qualifier de considérable. […] J’emprunte à l’écrivain déjà cité la définition du sens et de la portée de cet Idéalisme « Une vérité nouvelle est entrée récemment, dans la littérature, nous dit-il, et dans l’art, et c’est une vérité toute métaphysique et vraiment neuve puisqu’elle n’avait pas encore servi dans l’ordre esthétique.

152. (1890) L’avenir de la science « XIX » p. 421

L’homme vraiment élevé a toute sa fierté au-dedans. […] La vie antique arrivait au même résultat par l’esclavage : l’homme libre était vraiment dans une belle et noble position, dispensé des soins terrestres et libre pour l’esprit. […] L’accidentel devient ainsi la vie même, et la partie vraiment humaine et religieuse disparaît presque. […] Les habitudes de la société française, si sévères pour toute originalité, sont à ce point de vue tout à fait regrettables. « Ce qui fait l’existence individuelle, dit Mme de Staël, étant toujours une singularité quelconque, cette singularité prête à la plaisanterie : aussi l’homme qui la craint avant tout cherche-t-il, autant que possible, à faire disparaître en lui ce qui pourrait le signaler de quelque manière, soit en bien, soit en mal. » Les natures vraiment belles et riches ne sont pas celles où des éléments opposés se neutralisent et s’anéantissent ; ce sont celles où les extrêmes se réunissent, non pas simultanément, mais successivement, et selon la face des choses qu’il s’agit d’esquisser.

153. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Lettres de Goethe et de Bettina, traduites de l’allemand par Sébastien Albin. (2 vol. in-8º — 1843.) » pp. 330-352

Je voudrais vraiment que tu fusses là, près de moi. […] Ne croirait-on pas vraiment entendre, non la femme d’un bourgeois de Francfort, mais l’épouse d’un sénateur romain, une impératrice romaine ou Cornélie ? […] lui répondis-je, je ne lis pas le journal. — Vraiment ! […] Cette aimable et joueuse enfant lui remet en pensée le temps où il était meilleur, plus vraiment heureux, où il n’avait pas encore détourné et en partie sacrifié à la contemplation et à la réflexion du dehors son âme primitive, intérieure et plus délicate.

154. (1889) L’art au point de vue sociologique « Introduction »

« Vraiment, dit Guyau, il n’a pas eu de bonheur dans ses rencontres. » La seule excuse des réalistes, de M.  […] Avec Hugo, la poésie devient vraiment sociale en ce qu’elle résume et reflète les pensées et sentiments d’une société tout entière, et sur toutes choses. « On pourrait extraire de V.  […] Le sentiment, avec son caractère communicatif et vraiment social, deviendra l’homme même, sa plus haute et dernière expression ; quant à son individualité propre, elle comptera pour peu de chose. […] Tel sentiment est plus vraiment nous que ce qu’on est habitué à appeler notre personne ; il est le cœur qui anime nos membres, et ce qu’il faut avant tout sauver dans la vie, c’est son propre cœur12. » Voilà pourquoi le savant, par exemple, fait tout naturellement « la science humaine avec sa vie ».

155. (1895) Les œuvres et les hommes. Journalistes et polémistes, chroniqueurs et pamphlétaires. XV « Philarète Chasles » pp. 147-177

Il était même, avec Jules Janin, le seul vivant, vraiment vivant, d’un journal qui ne représente plus que la littérature bien conservée, — une momie à peu près, mais qui fait illusion en l’enveloppant bien. […] Nous aurions maintenant une œuvre d’art profond, — vraiment machiavélique, — dont Chasles est décidément incapable. […] VI Et, en effet, mourir n’est rien, quand on meurt dans la logique de son esprit et l’honneur intellectuel de sa vie ; mais être traîné aux gémonies des idées communes qui ont fait, toute une vie, hausser les épaules de mépris, et s’y traîner soi-même, vivant encore, voilà vraiment ce qui nous autorise à dire que Philarète Chasles a vécu un livre trop tard ! […] Pour Chasles, Balzac — vraiment on croit rêver ! 

156. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Réception du père Lacordaire » pp. 122-129

Ç’a été le sujet d’un long parallèle, dans lequel tous les avantages, toutes les vertus, toutes les piétés ont été libéralement reconnus ou octroyés au démocrate américain ; quant à l’européen, il a été si maltraité que j’aurais vraiment envie de dire quelque chose en sa faveur et à sa décharge, si c’était le moment et le lieu. […] Je saurais bien que dire là-dessus tout comme un autre, mais il me semble que ce n’est vraiment pas le lieu, et que, même à l’Académie, c’était beaucoup trop comme cela. — J’aime mieux suivre M. 

157. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des romans — Préfaces de « Han d’Islande » (1823-1833) — Préface d’avril 1823 »

L’auteur n’eût pas mieux demandé ; mais depuis qu’on a plaisanté contre les susdits et susdites marquises, prêtres, nonnes et capucins avec des guillotines, des fusillades, des mitraillades, des bateaux à soupapes et autres railleries tout à fait délicates, il est devenu vraiment difficile de trouver contre ces monstres rien qui soit plus sanglant, plus piquant, plus mordant ou plus tranchant que les diverses drôleries dont on vient de lire une énumération abrégée. […] Il lui reste à remercier les huit où dix personnes qui ont eu la bonté de lire son ouvrage en entier, comme le constate le succès vraiment prodigieux qu’il a obtenu ; il témoigne également toute sa gratitude à celles de ses jolies lectrices qui, lui assure-t-on, ont bien voulu se faire d’après son livre un certain idéal de l’auteur de Han d’Islande ; il est infiniment flatté qu’elles veuillent bien lui accorder des cheveux rouges, une barbe crépue et des yeux hagards ; il est confus qu’elles daignent lui faire l’honneur de croire qu’il ne coupe jamais ses ongles ; mais il les supplie à genoux d’être bien convaincues qu’il ne pousse pas encore la férocité jusqu’à dévorer les petits enfants vivants ; du reste, tous ces faits seront fixés lorsque sa renommée sera montée jusqu’au niveau de celles des auteurs de Lolotte et Fanfan ou de Monsieur Botte, hommes transcendants, jumeaux de génie et de goût, Arcades ambo ; et qu’on placera en tête de ses œuvres son portrait, terribiles visu formæ , et sa biographie, domestica facta .

158. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « Gabrille d’Estrées et Henri IV »

Il ne fait pas Henri IV, ce séducteur de l’histoire, — on ne sait vraiment ni comment ni pourquoi, — un homme plus séduisant que Gabrielle ne fut elle-même une femme séduite. […] Il l’eût été facilement en sensibilité morale, car on croit fort bien du sentiment la sensualité qui a la séduction des larmes, et il l’aurait été tout aussi aisément en politique, car entre Tartuffe et celui qui a dit : Paris vaut bien une messe, ou : C’est mardi que je fais le saut périlleux, y a-t-il vraiment autre chose que l’épaisseur de quelques mots ?

159. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Leopardi »

Vernier, qui m’étonne, je l’avoue : Pour un homme d’esprit, vraiment, vous m’étonnez ! […] Quand chez ces derniers un homme a vraiment du génie il pousse, à sa façon, le cri du génie, et c’est le Dante quand le génie est mâle, et c’est Lamartine quand le génie est femelle.

160. (1898) Émile Zola devant les jeunes (articles de La Plume) pp. 106-203

On ne se rend pas compte de la place vraiment extraordinaire qu’il occupe dans les annales non seulement de notre littérature, mais de la littérature universelle. […] Paul Alexis écrivit un jour que le naturalisme n’était pas mort… vraiment ce n’était pas sa faute. […] Et si je fais mention de ce projet, c’est qu’il était vraiment significatif. […] Mais il a créé des monstres, et ses personnages nous apparaissent trop, vraiment, comme des fruits fantastiques de son imagination. […] La vie sexuelle était bannie des aventures idylliques, Émile Zola a su l’anoblir, en nous montrant qu’elle était vraiment la cause finale de l’amour.

161. (1914) Enquête : Les prix littéraires (Les Marges)

Au cours de cette bousculade, on entendit vraiment un peu trop parler d’argent : « Il vit avec 137 francs par mois — Oui, mais il a une tante millionnaire. — Regardez un peu ses bottines ! […] Difficile réponse, vraiment ! […] Si votre enquête donnait là-dessus quelques indications, elle serait vraiment utile. […] La littérature, pour ceux qui l’aiment vraiment, est une chose sacrée. […] Vraiment le plus pressant de nos devoirs est encore de dire aux jeunes : « Vous avez choisi cette carrière, vous la croyez séduisante.

162. (1902) Le culte des idoles pp. 9-94

C’est à ce titre qu’ils exercent vraiment une fonction sainte dans l’humanité. […] Ce qu’il y a de vraiment caractéristique, c’est que l’université socialiste, révolutionnaire ou anarchiste réclame M.  […] Ce bourru prétentieux n’avait rien d’élégant ni de vraiment fin, je ne sais guère que l’Angola du chevalier de la Morlière qui ait pu l’inspirer, et encore La Morlière écrivait-il d’une façon claire et a-t-il l’air simple auprès de ce maniéré. […] Mais il faut faire avec Nietzsche comme le seigneur Pococurante faisait avec les anciens, n’admirer que ce qui est vraiment admirable, ne prendre que ce qui est à votre usage. […] C’est sans doute pour ces mauvais lecteurs que Nietzsche avait écrit cette page : « Une culture supérieure ne peut vraiment naître que là où la société forme deux classes distinctes : celle des travailleurs et celle des oisifs, capables d’un véritable loisir ; ou, pour mieux dire, la classe du travail forcé et la classe du travail libre.

163. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 8 septembre 1886. »

Mais c’est surtout dans son Faust que Franz Liszt s’est servi d’une façon vraiment géniale du retour de thèmes antérieurs, et de leurs transformations multiples. […] Dans la pensée de l’auteur ils sont ainsi parodiés, mutilés même par « l’Esprit de Négation » : il faut lire de quelle façon intelligente et vraiment supérieure le docteur Pohl a interprété la conception et la mise en œuvre générales de toutes ces transformations, dans sa magnifique étude de l’œuvre qui nous occupe63. […] A une foule peuvent être offerts seulement les grosses émotions d’une foule : l’orchestre, jusque le jour où il deviendra vraiment invisible (où il sera lu en un livre) est à dire, uniquement, les grandes passions collectives, les blocs d’émotions généraux. […] Mais un seul homme a été qui vraiment fut un artiste ; Beethoven, seul de tous, a constamment et dans une entière conscience, institué au-dessus de la réalité habituelle ce monde artistique d’une réalité meilleure : il a balayé de son art les immondices et les ornements inutiles, il a connu et recréé tout le domaine, à jamais possible peut-être, de son art : il a soumis ses œuvres, sans arrêt, à une théorie, mais à une théorie lente et sérieuse, et qui nous apparaît seulement sous les œuvres qui en naquirent. […] Les jeunes wagnéristes seuls lui reprochent un usage immodéré de la grosse basse ; avouant d’ailleurs qu’il était, pour son temps, un maître vraiment fort, et, même pour le nôtre, un précurseur.

164. (1904) Prostitués. Études critiques sur les gens de lettres d’aujourd’hui « Chapitre IX. Le trottoir du Boul’ Mich’ »

Mais ceux qui attendent des prostitués leurs moyens d’existence, j’ai trop de répugnance vraiment à les rencontrer. […] Voltaire marche vraiment un peu vite, s’il veut être suivi par les Faguet, et demande aux intelligences poussives de trop rapides, répétés et haletants efforts. […] Puis des combats sont chantés d’un souffle qui ne se soutient pas mais qui par instants est singulièrement vaillant : même, une fois, en décrivant l’assaut de Delhi, Mauclair ajoute la couleur à ses dons ordinaires et la page est d’une poésie rouge et noire vraiment émouvante. […] Ses essais critiques comprennent, outre un éloge déjà ancien et vraiment bien jeune de Laforgue, un volume très intéressant, l’Art en silence. […] Oui, vraiment, le prétendu critique ose dire que les bavardages élégants de M. 

165. (1904) En méthode à l’œuvre

Jusqu’aux cultes de désistement quand dévie et meurt l’inspiration, qui ne divinisent pas seulement à la seule taille humaine mais avouent et adorent pour éternellement Inconnus, au lieu d’en tenter la possession, les Principes et les Modes… Durant quels temps poétiques, vraiment, allèrent leur devoir qui nous a engendrés, les esprits pourtant providentiels des Poètes. […] (Nous ne noterons que pour mémoire des assertions vraiment trop puériles que : la mesure du vers est le résultat d’une entente entre la raison, qui organise le mouvement de la parole, et notre pouvoir de sensation qui limite la dite organisation, pour la mieux sentir !) […] D’où, il apparaît vraiment une série mouvementée d’ondes de durées régies par l’Idée, déterminées par la valeur phonétique de toutes lettres, mais essentiellement par la valeur des Voyelles… Ainsi pouvons-nous voir que le Rythme, — désormais devient le mouvement même de la Pensée consciente et représentative des naturelles Forces. […] Incohérence étrange, vraiment : la pensée déroule ses phases et le mode en lequel elle agit demeurerait constant ! […] Et, que s’en souvienne la voix savante, savante instrumentalement du Lecteur, — qui, lui qui sait vraiment lire, tout haut et en toutes les valeurs sonores et idéales que nous aurons voulues, interprétera l’Œuvre.

166. (1892) Journal des Goncourt. Tome VI (1878-1884) « Année 1883 » pp. 236-282

Samedi 3 mars Il a vraiment un comique charmant qui vous extirpe le rire, mais ce comique, quand on veut le retrouver, le fixer sur le papier, en donner un mot, une saillie, une plaisanterie, ce n’est plus rien. […] » * * * — Un auteur dramatique disait de son collaborateur : « Mon collaborateur passe dans le public, pour connaître les femmes… voici qui est vraiment amusant… j’aurais dépensé mon argent et ma santé avec elles, et ce serait lui qui les connaîtrait, merci… c’est moi, c’est moi qui les connais, bougres d’imbéciles !  […] Des recherches étaient faites, et le marteau existait vraiment, mais à sept ou huit maisons de là, et à une distance, où il paraissait impossible qu’on pût l’entendre. […] Cette musique est vraiment d’une compréhension tout à fait supérieure. […] Je dis au ménage, ce que je crois, c’est qu’il n’y a pas au fond vraiment de question politique, mais que ça va être seulement une question de chic pour les clubs, de venir chuter la pièce, et qu’on doit s’attendre à cinq ou six représentations cahotées, après quoi, la pièce marchera.

167. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « PARNY. » pp. 423-470

Ce serait vraiment une trop sotte pruderie que celle qui m’empêcherait d’oser parler à ma guise d’un charmant poëte qui a eu, en son temps, de très-vives légèretés et de graves torts, mais qui a occupé une grande place dans la littérature de son siècle et du commencement du nôtre, dont les élégies ont été réputées classiques en naissant, que les plumes les plus sérieuses ont longtemps salué le premier des modernes en ce genre, et dont la mort a été pleurée par nos plus chers lyriques comme celle d’un Anacréon. […] Il serait vraiment fâcheux pour nous que ce qui a paru une nuance si délicate et en même temps si vive aux contemporains de Parny nous échappât presque tout entier, et qu’en le refeuilletant après tant d’années, nous eussions perdu le don de discerner en quoi il a pu obtenir auprès des gens de goût ce succès d’abord universel, en quoi aussi sans doute il a cessé, à certains égards, de le mériter. […] Selon nous, et d’après des renseignements puisés aux sources, Éléonore était MlleTr…….le174, un nom assez peu poétique vraiment. […] Cette dame vint s’établir à Saint-Denis ; elle eut pour sa fille adoptive des soins vraiment maternels, et se conduisit toujours de manière à passer aux yeux de tous pour la véritable mère. « J’ai particulièrement connu, nous écrivait un de nos amis créoles, la personne qu’on dit être la fille de Parny : déjà d’un certain âge quand je la vis, elle a dû être fort jolie, sinon belle ; de taille moyenne, blonde avec des yeux bleus, elle passe pour avoir eu quelque ressemblance avec Éléonore, dans la mémoire, peut-être complaisante, de quelques anciens du pays. […] Nous touchons ici à son grand crime, à son tort vraiment déplorable, irréparable, et qui souille une renommée jusque-là charmante.

168. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Les Chants modernes, par M. Maxime du Camp. Paris, Michel Lévy, in-8°, avec cette épigraphe. « Ni regret du passé, ni peur de l’avenir. » » pp. 3-19

Il semblerait vraiment, d’après ce qui précède, que MM. de Lamartine, Hugo, de Vigny et Balzac, à leurs débuts, aient été des libéraux en toute chose et qui souffraient (comme pouvait le faire Casimir Delavigne) des événements de 1815, tandis que tous ceux qui les ont vus et suivis pendant des années savent qu’ils étaient surtout, par leurs origines et leurs premières inclinations, dans le parti contraire, dans le parti dit royaliste, ce dont, au reste, on ne saurait les blâmer ; ils étaient les hommes de leur éducation et du milieu social où un premier hasard les avait placés. […] Je dis que M. du Camp, en parlant de l’Académie, qu’il connaît bien peu, établit des catégories vraiment étranges ; À part les trois hommes sérieusement littéraires qui font partie de cette compagnie, à part MM.  […] et c’est ce que plus d’un académicien a déjà provoqué), afin de chercher le beau, le vrai et le bien par tous les moyens possibles. » On le voit, de tout ce que demande là M. du Camp dans son projet de réorganisation académique, une moitié est vraiment bien difficile à fixer et à saisir, l’autre moitié est tout admise et en voie de se réaliser.

169. (1895) Histoire de la littérature française « Première partie. Le Moyen âge — Livre I. Littérature héroïque et chevaleresque — Chapitre IV. Poésie lyrique »

Trois ou quatre fois dans les dix siècles que compte son histoire littéraire, il a fait effort pour se créer une poésie lyrique : ce n’est que de nos jours qu’il a vraiment réussi. […] A la femme en effet se rapportent les origines de notre littérature lyrique : pour elle, et peut-être par elle, aux temps de la création vraiment spontanée et populaire, furent composées les chansons à danser et les chansons de toile 66. […] Ils ont beaucoup d’art, et n’ont même que de l’art : on n’oserait dire que ce sont vraiment, des artistes.

170. (1867) Le cerveau et la pensée « Chapitre III. Le cerveau chez l’homme »

Au bout de quelques mois au contraire, les parties antérieures et supérieures se développent avec plus d’énergie que les autres parties, et alors commencent pour l’enfant l’attention, la réflexion, le langage, en un mot les facultés vraiment rationnelles. […] Suivant Sœmmering, ce serait à l’âge de trois ans, ce qui est vraiment inadmissible. […] Gauss, géomètre vraiment hors ligne ; mais le cerveau de Gauss était encore de 12 pour 100 supérieur à la moyenne, et d’ailleurs il est mort à soixante-dix-huit ans, c’est-à-dire à l’âge où le cerveau décroît.

171. (1888) Poètes et romanciers

Aime-t-elle vraiment Chatterton ? […] Il porte vraiment en lui comme une profonde fraternité avec les arbres. […] La critique personnelle a vraiment trop d’attraits pour nous. […] Accident rare vraiment dans la vie humaine ! […] Le sujet est vraiment neuf et puisé aux sources les plus secrètes de la vie et du cœur.

172. (1778) De la littérature et des littérateurs suivi d’un Nouvel examen sur la tragédie françoise pp. -158

On rencontre quelquefois de ces hommes inattendus qui étonnent d’autant plus, qu’ils ont l’esprit naturel & vraiment original. […] On admire presque involontairement, & l’on se sent pénétré comme d’une chose vraiment nouvelle. […] Aimes-tu vraiment les hommes ? […] Cela est vraiment respectable. […] Anathême à la bouche qui a dit qu’il y avoit vraiment peu de caractères réellement distincts.

173. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Première partie. — L’école dogmatique — Chapitre premier. — Une leçon sur la comédie. Essai d’un élève de William Schlegel » pp. 25-96

Vraiment il faudrait être né ennemi de la clarté et du bel ordre pour ne pas suivre en esthétique la ligne droite des conséquences logiques, quand on voit à quel point cette science en est simplifiée. […] Ce qui caractérise vraiment la première comédie des Grecs, ce n’est pas l’introduction de personnages réels sur la scène. […] , mais plus réelle dans cette farce vraiment assez gaie que dans aucun des grands drames sérieux du même auteur. […] Celui qui a attaché son nom le premier à cette tentative vraiment digne de l’intrépidité de sa logique, est mon maître dans l’art de critiquer. […] Ce n’était vraiment pas la peine de porter si haut, à propos d’Aristophane, l’absence de plan dans la comédie (t. 

174. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « M. Denne-Baron. » pp. 380-388

C’est ici le côté original et vraiment remarquable qui est à signaler chez M.  […] Ingres marquait quelques-unes de ses toiles du style antique, il avait publié de Properce une traduction en vers vraiment complète, et menée à fin avec une étude passionnée, il aurait mérité de voir attacher son nom à un des noms qui ne peuvent périr, et d’être appelé invariablement le traducteur de Properce, tandis qu’il ne peut être appelé qu’un amateur de Properce.

175. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — V — Vigny, Alfred de (1797-1863) »

Aussi un poète comme Vigny n’est-il pas vraiment un prêtre de la nouvelle loi, un initiateur ? […] Il est vraiment peu honorable pour ce siècle que les désespoirs hautains de cette grande âme y aient trouvé si peu d’échos, tandis que les douleurs égoïstes de Musset l’ont empli de leur harmonieuse monotonie.

176. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome premier — Livre troisième. Le souvenir. Son rapport à l’appétit et au mouvement. — Chapitre quatrième. L’aperception et son influence sur la liaison des idées »

Les mêmes remarques s’appliquent à un autre exemple de Wundt : « En chemin de fer, dit-il, nous pouvons transformer en un air quelconque le bruit régulier des roues ; nous modifions donc les sensations par l’aperception. » Non, mais nous enchevêtrons un souvenir d’air, une association de notes par contiguïté avec le dessin rythmique des bruits de roue : un enchevêtrement de plusieurs images ou de plusieurs associations n’exige pas un mode de liaison supérieur à l’association ordinaire, ni un acte vraiment libre. […] — Ici encore, nous demanderons à Wundt ce qu’il y a de mystérieux et de vraiment libre dans l’attention prêtée par les peuples primitifs aux caractères des choses qui les intéressaient le plus.

177. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre XVII. »

De là, quelques paroles d’une tristesse vraiment poétique, dans la tragédie de Thyeste : « Est roi celui qui ne craint pas, est roi celui qui ne forme pas de désir. […] Mais alors même Stace, reprenant avec une verve plus simple, trouve de belles et dernières paroles vraiment dignes de la lyre.

178. (1893) Des réputations littéraires. Essais de morale et d’histoire. Première série

Je ne sais vraiment si l’honneur d’être infligé en pensum à des écoliers ne réalise pas, pour une œuvre littéraire, l’idée de l’immortalité dans sa plus grande force. […] Mais, d’abord, cette unanimité des suffrages, est-il un seul auteur qui puisse se flatter de l’avoir vraiment réunie ? […] vraiment ! […] Vraiment, nous pouvons encore moins nous passer d’elle que des originaux. […] L’intarissable fécondité de Sophocle, vraiment digne d’être comparée à l’exubérance des Calderon et des Shakespeare, devient une réserve exquise analogue à l’art discret d’un Racine.

179. (1895) Nos maîtres : études et portraits littéraires pp. -360

Et, à l’écart de ces peintres-là comme des autres, le plus génial, le seul vraiment génial d’entre eux. […] Et le moyen vraiment qu’il y ait de l’art ailleurs, si l’art est ici ? […] Et telle est vraiment la première impression que donnent d’abord aux lecteurs les œuvres nouvelles de M.  […] Renan est vraiment excellente. […] Et vraiment, ces angoisses ne peuvent manquer d’être cruelles d’autant plus, que se mêlent davantage à l’amour le désir et le plaisir de la possession.

180. (1882) Types littéraires et fantaisies esthétiques pp. 3-340

Voilà l’illusion vraiment infernale que produit la musique. […] C’est là un fait vraiment considérable. […] Ils ne semblent pas désirer que je les aborde, et je n’ose vraiment les aborder. […] Don Quichotte, c’est vraiment l’Espagnol sans reproche comme sans peur. […] Il tombe mortellement blessé et trouve vraiment cette fois le breuvage de l’immortalité.

181. (1893) Études critiques sur l’histoire de la littérature française. Cinquième série

et c’est en cela qu’il est vraiment poète et vraiment lyrique. […] L’heure étant venue pour nous de nous reprendre, on ne peut vraiment, ni sérieusement, en vouloir à Malherbe de l’avoir sonnée. […] Les libertins occupent vraiment ici tout le discours, comme ils occupaient, en le composant, toute la pensée du prédicateur. […] C’est vraiment dans ses écrits que Montesquieu, que Voltaire, que Diderot, que Bossuet, qu’Helvétius — pour ne rien dire des moindres, — ont comme appris à lire, à raisonner, à penser. […] Étaient-ils vraiment tant à craindre ?

182. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome premier — Livre quatrième. Éléments sensitifs et appétitifs des opérations intellectuelles — Chapitre deuxième. Les opérations intellectuelles. — Leur rapport à l’appétition et à la motion. »

Dans la pensée comme dans la nature, il n’y a rien de vraiment indéterminé et tout est particulier. De là la conclusion du système nominaliste, qui réduit les idées générales, en ce qu’elles ont de distinct des images, d’abstrait et de vraiment générique, à de simples signes. […] Aucun objet de la pensée ne peut être vraiment général ; mais ce qui est général, c’est le pouvoir d’action et de mouvement dont j’ai conscience comme dépassant l’objet particulier sur lequel j’agis. […] C’est pour dégager les causes véritables et vraiment déterminantes d’un phénomène qu’on répète et qu’on varie les expériences. […] De plus, les lignes de l’image ne sont pas vraiment droites, elles ne sont pas des longueurs sans largeur et sans profondeur, etc.

183. (1887) Journal des Goncourt. Tome I (1851-1861) « Année 1860 » pp. 303-358

Et l’on ne sait vraiment si c’est une femme qui a plus envie d’être à vous que de se moquer de vous. […] L’éducation détruit la race des laboureurs et par conséquent l’agriculture… Et tout en se lamentant, notre fermier Flammarion nous fait remarquer que nous marchons sur des champs à nous : impossible vraiment de plus ressembler aux champs des autres. […] » Nous lui demandons encore s’il a été jamais vraiment amoureux ? […] Vraiment, à voir la misérable petite, pelotonnée sur le banc, et le mouchoir aux yeux, et qui a commencé par la mendicité, et qui n’a eu nul appui, nul enseignement pour résister aux pauvres petits vices de son âge, il vous prend une mélancolie profonde. […] C’est vraiment un triomphe pour une religion d’avoir amené une femme, cette faiblesse, ce délicat appareil nerveux, à la victoire de dégoûts de cette nature, d’avoir amené l’affectuosité d’une créature distinguée à appartenir tout entière à d’abjects et sordides misérables qui souffrent.

184. (1868) Curiosités esthétiques « I. Salon de 1845 » pp. 1-76

Horace Vernet a suivi la même méthode ; grâce à cette méthode de feuilletoniste, la mémoire du spectateur retrouve ses jalons, à savoir : un grand chameau, des biches, une tente, etc… — vraiment c’est une douleur que de voir un homme d’esprit patauger dans l’horrible. — M.  […] Glaize a un talent — c’est celui de bien peindre les femmes. — C’est la Madeleine et les femmes qui l’entourent qui sauvent son tableau de la Conversion de Madeleine — et c’est la molle et vraiment féminine tournure de Galathée qui donne à son tableau de Galathée et Acis un charme un peu original […] Rien n’est doux, dans la vilaine besogne d’un compte-rendu, comme de rencontrer un vraiment bon tableau, un tableau original, illustré déjà par quelques huées et quelques moqueries. […] Il est difficile à trouver, et vraiment c’est dommage. […] Ingres, le seul homme en France qui fasse vraiment des portraits

185. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Figurines (Deuxième Série) » pp. 103-153

ce n’est que de la littérature), le comte de Vigny fut vraiment des leurs. […] Ce fut vraiment une belle joute. […] Paul Deschanel d’avoir su exprimer avec éclat des idées vraiment populaires et nationales et, par-delà, vraiment humaines. […] Chez nous, à l’heure présente, avec les impôts monstrueux que nous avons et le service obligatoire, il n’est vraiment pas assez sûr que l’État rende aux particuliers l’équivalent de ce qu’il leur prend.

186. (1830) Cours de philosophie positive : première et deuxième leçons « Première leçon »

Il est bien remarquable, en effet, que les questions les plus radicalement inaccessibles à nos moyens, la nature intime des êtres, l’origine et la fin de tous les phénomènes, soient précisément celles que notre intelligence se propose par-dessus tout dans cet état primitif, tous les problèmes vraiment solubles étant presque envisagés comme indignes de méditations sérieuses. […] La preuve manifeste de l’impossibilité d’obtenir de telles solutions, c’est que, toutes les fois qu’on a cherché à dire à ce sujet quelque chose de vraiment rationnel, les plus grands esprits n’ont pu que définir ces deux principes l’un par l’autre, en disant, pour l’attraction, qu’elle n’est autre chose qu’une pesanteur, universelle, et ensuite, pour la pesanteur qu’elle consiste simplement dans l’attraction terrestre. […] Ce n’est qu’ainsi que l’enseignement des sciences peut devenir, parmi nous, la base d’une nouvelle éducation générale vraiment rationnelle. […] Je crois pouvoir avancer que, pour obtenir à cet égard une décision vraiment définitive, c’est-à-dire pour déterminer si nous devons regarder comme une loi de la nature que les molécules se combinent nécessairement en nombres fixes, il serait indispensable de réunir le point de vue chimique avec le point de vue physiologique. […] C’est donc là que doit se porter principalement l’attention de tous ceux qui sentent l’importance d’un état de choses vraiment normal.

187. (1828) Préface des Études françaises et étrangères pp. -

C’est en général dans les premiers temps littéraires d’un peuple, lorsque les croyances ne sont pas attiédies, et lorsque l’invasion du roman n’a pas encore eu lieu, que paraissent les épopées vraiment dignes de ce nom. […] Le Odi profanum vulgus et arceo d’Horace, tout impertinent qu’il paraisse, devrait être l’épigraphe de chaque œuvre vraiment poétique. […] Cependant, philosophes, poètes, historiens, vraiment dignes de ces noms, unissez-vous de cœur et d’action, au lieu de vous diviser par de vaines théories et de discuter pour de vaines préséances ; vous tenez les trois sceptres de la pensée, ne vous en faites point des armes les uns contre les autres, mais joignez-les en faisceau, et vous serez invincibles. […] Sans doute, Shakespeare est le plus grand génie tragique des temps modernes, et les maîtres de notre scène sont loin de l’égaler pour la création des caractères, l’invention des fables, le langage de la passion et la poésie de style ; mais il faut considérer qu’après Shakespeare, l’Angleterre n’a plus rien de vraiment grand, tandis que notre théâtre tragique a été constamment illustré, pendant deux siècles, par une succession non interrompue de poètes du premier ordre ; ce qui rend la Melpomène française bien plus imposante et bien plus complète. […] Certes, si un théâtre nouveau pouvait s’ouvrir, sous la direction d’un entrepreneur intelligent, sans comité de lecture ni d’administration, sans cet encombrement d’ouvrages reçus depuis trente ans et vieillis avant de naître, avec des acteurs jeunes, disposés à jouer tous les rôles, en étudiant la pantomime expressive et la déclamation naturelle des grands acteurs anglais, les seuls qui, depuis Talma, nous aient fait éprouver des émotions tragiques ; avec la ferme volonté de ne représenter en fait de pièces nouvelles que des pièces vraiment neuves, et d’un caractère homogène ; certes, un pareil théâtre n’aurait pas besoin d’autres secours que son travail et sa bonne organisation, et il y aurait dans tout cela quelque chose de fort et de vital qui ne ressemblerait guères à la végétation expirante, à la fécondité caduque qui poussent et se perpétuent encore aux quinquets de nos coulisses.

188. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Madame Desbordes-Valmore. »

Il me reste à vous supplier de prendre sur vous mes vifs remerciements et mon respectueux refus ; c’est à votre adorable bonté que j’ai dû la distinction d’un homme illustre qui m’ignorait, et c’est à vous, madame, que mon âme demeure éternellement acquise. » Dans cette même lettre toutefois, sachant les démarches de Mme Récamier pour lui faire obtenir une pension régulière par l’entremise du vicomte de La Rochefoucauld, Mme Valmore ajoutait : « Je vous la devrai, madame, et avec joie, si quelque jour on accorde à votre demande ce dont vous ne me jugez pas indigne ; je voudrais avoir bien du talent pour justifier votre protection qui m’honore, et pour mériter l’encouragement vraiment littéraire que vous entrevoyez dans l’avenir ; je serai contente alors de l’obtenir de vous, et je n’aurai ni assez d’orgueil ni assez d’humilité pour m’y soustraire… » Mais lorsque cette petite pension fut obtenue, — une pension au nom du roi, — ce fut de la part de l’humble et généreux poète un sentiment de peine et de résistance morale à l’aller toucher. […] La vérité est qu’entièrement étrangère à la politique et à tout ce qui en approchait, Mme Valmore avait le cœur libéral, populaire, voué à tous les opprimés, à tous les vaincus ; qu’elle était vraiment patriote, comme on disait en ce temps-là ; qu’elle avait été malade six semaines du désastre de Waterloo ; qu’elle devait tressaillir en 1830 et depuis, à toute grande explosion nationale ou populaire : journées de Juillet, Pologne et Varsovie, insurrection de Lyon de 1834, à laquelle elle assista, Février 1848 (je m’arrête). […] Cette vie terrestre est vraiment un exil, cher frère. […] Il a été vraiment disciple de Jésus, plus que ses intolérants collègues, les B… (un cardinal-archevêque) et les D… (un membre de l’Institut, sénateur), en louant avec tant de sympathie et de délicatesse cette femme si humble par le rang, si grande par la tendresse et par la pitié. — C’est, avec une autre application, le même esprit qui l’a inspiré lorsqu’il a flétri, dans Talleyrand, les vénalités du Temple politique… » — Un mot encore qui résume en un sentiment général l’impression laissée par la lecture de ce second article, et qui répond à un scrupule de la fin.

189. (1895) Histoire de la littérature française « Première partie. Le Moyen âge — Livre I. Littérature héroïque et chevaleresque — Chapitre II. Les romans bretons »

Il n’y en a vraiment que deux à retenir. […] Lais brefs et sans lien, romans de Tristan, romans de la Table ronde, romans du Saint Graal, tout cela fit en un peu moins d’un siècle une masse vraiment prodigieuse de littérature, à peu près achevée vers 125053. […] Ce sont vraiment des nouvelles et des romans, au sens moderne du mot. […] Il fait vraiment de l’amour la chose du cœur, et toutes les satisfactions qu’il poursuit ne sont rien auprès de la ravissante douceur qu’éprouvent les âmes à s’unir, à se pénétrer intimement.

190. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre III. Les grands artistes classiques — Chapitre I. Les mondains : La Rochefoucauld, Retz, Madame de Sévigné »

C’est vraiment encore aujourd’hui un précieux recueil, pour qui ne se contente pas de le lire une fois. […] La délicatesse de la culture mondaine affine l’esprit et le style des auteurs, et de là vient, avec la richesse du genre, l’agrément des œuvres : il en est peu que la forme au moins ne fasse lire ; et beaucoup sont vraiment et solidement exquises. […] Retz se plaît à détailler les conversations, les discussions politiques, où chaque partie fait valoir son intérêt de gloire ou de profit : et son entretien avec Condé, au début de la Fronde, fait vraiment pendant aux grandes scènes politiques de Corneille. Le goût des portraits, Retz l’a pris aussi à son monde ; il y a été vraiment supérieur.

191. (1892) Journal des Goncourt. Tome VI (1878-1884) « Année 1879 » pp. 55-96

En sortant de la représentation, Zola nous demande, le nez en point d’interrogation, d’une voix dolente, si la pièce a vraiment réussi. […] Vendredi 16 mai Enfin, un jour où je puis me donner la récréation de lire un bouquin pour mon plaisir — récréation rare pour le fabricateur de livres — et le jour est tout gris, tout pluvieux, vraiment fait pour la lecture. […] Il ajoute qu’il a vraiment souffert d’accepter cet argent, et que du reste, il a déjà pris des dispositions, pour qu’il soit un jour remboursé à l’État. […] C’est vraiment curieux la parenté du récit de Judith, allant trouver Holopherne, avec le récit de Salammbô, se rendant au camp de Mathô.

192. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des romans — Préface des « Derniers Jours d’un condamné » (1832) »

alors, votre séance eût été vraiment digne, grande, sainte, majestueuse, vénérable. […] Il a toujours appartenu à ceux qui sont vraiment forts et vraiment grands d’avoir souci du faible et du petit. […] Que si, malgré l’expérience, vous tenez à votre théorie routinière de l’exemple, alors rendez-nous le seizième siècle, soyez vraiment formidables, rendez-nous la variété des supplices, rendez-nous Farinacci, rendez-nous les tourmenteurs-jurés, rendez-nous le gibet, la roue, le bûcher, l’estrapade, l’essorillement, l’écartèlement, la fosse à enfouir vif, la cuve à bouillir vif ; rendez-nous, dans tous les carrefours de Paris, comme une boutique de plus ouverte parmi les autres, le hideux étal du bourreau, sans cesse garni de chair fraîche.

193. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Essais de politique et de littérature. Par M. Prevost-Paradol. »

Hauréau pour ses travaux d’érudit et pour autre chose encore, il ajoutait : « … Son cœur ne cessant pas de battre pour toutes les nobles causes au milieu de ses arides travaux, on pourrait craindre qu’il ne fît une aussi mauvaise fin que M. de Tocqueville, s’il ne paraissait vraiment destiné par la nature à vivre très longtemps… » J’avoue que je conçois peu l’ironie prolongée en telle matière. […] Mais vraiment, poussé à ce point pour un vœu assurément bien innocent qui m’est échappé, je serais tenté de répondre : En vérité, Tocqueville a d’étranges amis politiques ; ils ont l’air de l’aimer mieux mort que vivant, parce que c’est un beau thème pour eux et un saint de plus. […] J’essaye de trier parmi les articles si distingués que j’ai sous la main : en voici un sur Xénophon ; c’est exquis de ton et vraiment attique ; — un autre sur le poète Lucrèce, tout animé d’un beau sentiment, et qui finit par une apostrophe éloquente : « Salut, Lettres chéries, douces et puissantes consolatrices, etc.

194. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Souvenirs de soixante années, par M. Etienne-Jean Delécluze »

Vous avez eu cette idée singulière, et vous osez l’exprimer comme vous l’avez eue ; non qu’elle soit belle et gracieuse, cette image de la guillotine sur un joli cou ; elle est affreuse, elle est laide (entendez-vous bien) et horrible, cette idée-là ; mais elle est dramatique, vraiment shakespearienne, et elle jaillissait assez naturellement, hélas ! […] Il a fait un joli roman, Mademoiselle de Liron, son seul titre vraiment littéraire : son héroïne n’est pas une héroïne, c’est une fille aimable et sensée qui excelle aux soins du ménage et à la pâtisserie du pays, une campagnarde un peu philosophe qui a aimé et failli une première fois, et qui aimera et cédera encore une seconde ; intéressante et sensible, bien qu’un peu grasse23. […] L’étonnement des élèves parut grand ; mais il ne fut exprimé que sur la physionomie de chacun… Maurice était sujet à des colères très vives, mais qui duraient peu ; il avait d’ailleurs du tact, et, en cette occasion, il sentit la nécessité de justifier par quelques paroles la hardiesse de la sortie qu’il venait de faire, « Belle invention vraiment, dit-il en continuant de peindre, que de prendre Jésus-Christ pour sujet de plaisanterie !

195. (1905) Les ennemis de l’art d’écrire. Réponse aux objections de MM. F. Brunetière, Emile Faguet, Adolphe Brisson, Rémy de Gourmont, Ernest Charles, G. Lanson, G. Pélissier, Octave Uzanne, Léon Blum, A. Mazel, C. Vergniol, etc… « I »

Qu’on renonce à enseigner officiellement le style, si vraiment on ne peut l’enseigner ; mais, tant que la routine sévira, nous avons le droit de proposer quelque chose de mieux. […] Albalat, j’ai eu tout d’abord un sentiment de méfiance, en me demandant s’il était vraiment possible d’enseigner l’art d’écrire, et surtout en vingt leçons… Mais quand j’ai ouvert ce volume, j’ai été vite détrompé ; et l’œuvre m’a tellement séduit dès les premières pages que j’en ai fait mon compagnon de vacances. […] Ils croient écrire sans reproche parce qu’ils écrivent sans peine, et, prenant l’absence d’effort pour un signe d’inspiration, ils refusent d’en avoir le démenti ; il n’y a vraiment pas moyen de leur en vouloir.

196. (1887) La banqueroute du naturalisme

Épiques ou apocalyptiques, puisque c’étaient les qualités nouvelles qu’il fallait louer dans Germinal, par exemple, ou dans L’Œuvre, nous ne l’eussions pu faire d’ailleurs qu’aux dépens des anciennes, de celles que nous goûtions peu, mais que nous reconnaissions enfin dans L’Assommoir ou dans Le Ventre de Paris ; et, pour La Joie de vivre, en dépit des clameurs, nous n’y pouvions vraiment rien voir de plus obscène ou de plus incongru que dans Pot-Bouille ou dans Nana. […] C’est que ceux-ci ont vraiment aimé les humbles et les dédaignés, cette foule anonyme et obscure, que le grand art, l’art officiel et d’apparat, si l’on peut ainsi dire, avait rayée de ses papiers. […] Quant à ceux qui ne lui reprochent que ses obscénités, il faut vraiment qu’ils aient oublié dans quel temps ils vivent, et les autres romans qu’ils lisent, et à quelle sorte d’histoires, sur leurs vieux jours, ils s’acharnent encore eux-mêmes.

197. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Troisième partie. Disposition — Chapitre II. Utilité de l’ordre. — Rapport de l’ordre et de l’originalité »

Les idées sont susceptibles d’une infinité de valeurs, comme les mots d’une infinité de sens : la place qu’on leur donne exclut toutes les valeurs possibles, sauf une seule qu’elle réalise ; elles n’existent vraiment que quand elles sont ainsi localisées. […] Dans ce siècle, le plus vraiment riche et fécond de notre littérature, nul ne semble se soucier d’inventer sa matière.

198. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — V — Verhaeren, Émile (1855-1916) »

Ces accents sont vraiment universels, vraiment inentendus, et le rythme, d’une sûreté absolue, traduit magnifiquement l’allégresse d’aimer.

199. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « I. Saint Thomas d’Aquin »

Jourdain, son lauréat et l’interprète de sa pensée, nous assure solennellement que saint Thomas d’Aquin, toute réflexion faite, avait vraiment de la philosophie dans la tête, quoiqu’il fût… un théologien ! […] La gloire de celui qui fut appelé l’Ange de l’école, son influence inouïe sur un temps où la foi primait encore la raison, sa préoccupation perpétuelle et absorbante des intérêts de l’Église, et jusqu’à son genre de génie, qui ne fut vraiment original que par sa souveraine certitude et la toute-puissante clarté de son orthodoxie, furent une gloire, une influence, une préoccupation et un génie, essentiellement théologiques.

200. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « M. Deltuf » pp. 203-214

Que si, au contraire, ce titre d’Aventures parisiennes donné à un livre d’observation d’intérieur, de coin du feu, de sentiment raffiné, est une ironie détournée contre cette société devenue si uniformément plate à force de civilisation, et dans laquelle chacun de nous n’a plus d’autres aventures à courir que dans les deux pouces cachés de son propre cœur, elle est vraiment trop détournée, cette ironie ; c’est là une intention qui ne sera pas aperçue, et l’auteur aura manqué son trait, comme le joueur au billard manque la bille pour avoir voulu la prendre trop fin. […] Dans l’une et l’autre de ces nouvelles, il y a une étude de vieille fille, de ce type toujours très-fécond quand il sera bien attaqué, qui fait vraiment honneur à l’observation de M. 

201. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Première série

oui, mais que prouve cela, sinon que l’homme est une bonne bête vraiment et que la nature le dupe à peu de frais ? […] Il y a vraiment dans le monde trop de douleur stérile et inexpliquée ! […] Les poètes, petits ou grands, ne sont vraiment lus que par les autres poètes. […] Mais vraiment ils s’y appliquent trop. […] A force de nous plaindre, nous deviendrons vraiment malheureux.

202. (1900) La culture des idées

L’homme arrivé au degré vraiment humain limite à son gré sa fécondité ; c’est un de ses privilèges, mais un de ceux qu’il n’atteint que pour en mourir. […] Ici on pourrait examiner cette question : y a-t-il vraiment pour le peuple, pour l’homme moyen, des mots abstraits ? […] Et si les nefs de Bourges sont au nombre de cinq et celles d’Anvers au nombre de sept, est-ce vraiment en l’honneur des Cinq Plaies ou en l’honneur des Sept Dons du Paraclet ? […] À Marsala, l’auteur de l’Apocalypse, prédestiné à ce rôle, rend les oracles au fond de l’antre d’une ancienne sibylle, et vraiment ici la naïveté confine à l’épigramme. […] Dans le cas où vous auriez vraiment ce goût à la mode, je vous conseillerais au contraire une certaine réserve.

203. (1899) Musiciens et philosophes pp. 3-371

Il frappe vraiment au bon endroit. […] Comment savoir si les sentiments exprimés par l’artiste sont vraiment conformes à la Nature tout en paraissant nouveaux ? […] Il est vraiment fâcheux pour Tolstoï que ce soit précisément cette qualité qu’il leur dénie. […] Pareil exemple de simplicité n’est vraiment pas banal. […] Je dis : affecte, car, vraiment, je ne puis croire que l’auteur russe ignore à ce point les Eddas !

204. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — C — Corbel, Henri (1868-1942) »

Gabriel Vicaire Rimes de mai est vraiment un livre de bonne foi, sincère et sans prétention, varié, aimable et fleuri comme les vingt ans de l’auteur.

205. (1904) Propos littéraires. Deuxième série

C’est que vraiment c’est bien plus un art expérimental que toute autre chose. […] Cela était vraiment nouveau. […] Voilà qui est vraiment bien attrapé. […] S’il eût tué le fiancé, vraiment il eût été bien odieux. […] Ils n’ont pas une langue vraiment humaine, encore qu’elle soit articulée.

206. (1881) La parole intérieure. Essai de psychologie descriptive « Chapitre VI. La parole intérieure et la pensée. — Second problème leurs différences aux points de vue de l’essence et de l’intensité »

En même temps et par les mêmes causes, l’idée deviendra vraiment générale ; oua-oua désignait fort mal un roquet qui jappe et n’aboie pas ; désormais aucune variété du genre n’étant spécialement visée par le nom et n’attirant à elle l’attention, ce qu’il y a de commun entre tous les individus du genre sans exception recevra, à chaque conscience de l’idée, sa part légitime d’attention, c’est-à-dire la plus grande part, et le reste, c’est-à-dire les caractères individuels, s’affaiblira. […] Dans bien des cas le signe intérieur naturel subsiste sans affaiblissement notable, et ce n’est pas lui que reproduit le langage audible ; celui-ci n’est donc pas vraiment adéquat à la pensée ; les images visuelles restant le signe intérieur le plus fréquent, bien qu’inexprimé, de la pensée individuelle, au langage audible, si facile à inventer, il est juste d’ajouter, quand on le peut, un autre langage, plus lent, plus difficile, mais plus vrai, le langage visible, l’écriture idéographique. […] Si les autres images sont, non seulement moins vives et moins distinctes, mais toutes également pâles et confuses, alors, par contraste, le signe paraît plus vif et plus distinct encore ; il se détache sur le groupe informe et en apparence homogène de ses concomitants ; il est vraiment indépendant. […] Les langues vraiment vivantes, qui admettent le néologisme dans leur loi constitutive, font ou supposent des esprits vivants, toujours en travail, tandis que les langues fixées, comme le français, où l’on ne peut innover que dans les alliances des mots, entretiennent chez ceux qui les parlent une certaine paresse intellectuelle289. […] Il y a donc lieu de distinguer : — ce qu’on peut appeler, par une contradiction volontaire, l’inconscient psychique, c’est-à-dire ce qui n’est pas vraiment psychique, ce qui n’est pas observable pour le psychologue faute d’être compris dans l’objet qu’il a l’ambition légitime d’observer, — et l’inconscient psychologique, c’est-à-dire l’inobservable pour cause de faiblesse seulement, l’indiscernable, l’évanoui.

207. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — A — article » p. 121

Sa Piece intitulée les trois Spectacles, annonce vraiment un esprit propre à occuper la Scene & à y recueillir des applaudissemens justement mérités.

208. (1884) Les problèmes de l’esthétique contemporaine pp. -257

Mais l’esthétique ne commence-t-elle vraiment qu’avec le jeu ? […] Hugo, les gens du peuple éprouveront des émotions violentes, presque pénibles, plutôt que des émotions vraiment esthétiques. […] Si le mélomane pouvait, comme les cigales de la fable, se nourrir vraiment de musique, la musique cesserait pour lui d’être belle. […] Il ne saurait être résolu que par une analyse vraiment scientifique du vers. […] Hugo, remarquons-le, il y a peu de vers vraiment vides, mais des vers étranges, qui déconcertent.

209. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Deuxième partie. Invention — Chapitre V. Des personnages dans les récits et dans les dialogues : invention et développement des caractères »

Le tout n’est pas, surtout pour vous, de pénétrer l’homme à fond, de mesurer sa grandeur ou de démêler sa complexité : c’est d’avoir et de donner la sensation du vivant : c’est d’avoir vraiment pris son contact ; et l’eût-on vu de profil, n’en eût-on vu que l’ombre, cela vaudrait mieux encore que d’avoir calqué une photographie antérieure. […] Dans la tragédie comme dans la comédie, sous la mythologie, sous l’histoire, sous les fictions convenues, n’est-ce pas vraiment la vie ordinaire qu’ils peignent, et ne sont-ce pas au fond des incidents communs, dans le raccourci vigoureux ou l’agrandissement idéal que les règles imposent ?

210. (1895) Histoire de la littérature française « Troisième partie. Le seizième siècle — Livre II. Distinction des principaux courants (1535-1550) — Chapitre II. Jean Calvin »

L’Institution française est vraiment une forte et grande chose : il y a une gravité soutenue de ton, un enchaînement sévère de raisonnements, une véhémence de logique, une phrase déjà ample, des expressions concises, vigoureuses et, si j’ose dire, entrantes, qui en plus d’un endroit font penser à Bossuet : à Bossuet logicien, je le veux, et non pas à Bossuet poète, mais enfin à Bossuet. […] On le rappelle, et il ne quitte plus Genève, dont il fait vraiment le centre religieux de la Réforme française.

211. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « Barthélemy Saint-Hilaire »

Mais le xviiie  siècle, plus brutal, a traité Mahomet non comme un Turc, mais comme un Pape, et vraiment on a quelque droit de s’en étonner. […] Dans son admiration, que je comprends très bien, pour Mahomet et pour son œuvre, Barthélemy Saint-Hilaire finit vraiment par faire de Mahomet un trop grand homme, quand il affirme et prétend, à l’encontre de Muir, que le fondateur de l’Islam pouvait seul convertir les Arabes monstrueux du viie  siècle et les arracher à leur idolâtrie barbare, par la raison que le Christianisme, avant Mahomet, avait essayé de convertir l’Arabie, et qu’il avait tristement échoué.

212. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Mistral. Mirèio »

Frédéric Mistral, qui n’en serait pas moins ce qu’il est, quand il serait signé par le Gazonal de Balzac, n’existe, comme toutes les œuvres vraiment poétiques, que par le détail, l’observation, le rendu et l’intensité du détail. […] Poésie de terroir ou poésie d’âme individuelle, toutes les deux sont à lui au même titre et font également sa poésie, car les poètes vraiment grands sont ton-jours le résultat de deux hasards sublimes.

213. (1759) Salon de 1759 « Salon de 1759 — Bachelier »

C’est un patient dont les membres ont été mal reboutés ; de la manière dont vous avez ouvert ce tombeau, c’est vraiment un miracle qu’il en soit sorti ; et si on le faisait parler d’après son geste, il dirait au spectateur ; Adieu, Messieurs, je suis votre serviteur ; il ne fait pas bon parmi vous, et je m’en vais.

214. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — P — Pigeon, Amédée (1851-1905) »

Il est vraiment le livre de la quinzième année.

215. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — R — Remouchamps, Victor »

Mais vraiment je ne puis détacher la moindre phrase de l’ensemble de l’œuvre.

216. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — G — article » p. 471

Les premieres tendent vraiment à instruire le Lecteur ; les secondes ne l’amusent tout au plus qu’un moment, sans sauver l’Ouvrage de la proscription.

217. (1891) Journal des Goncourt. Tome V (1872-1877) « Année 1872 » pp. 3-70

« Je n’ai connu, dit-il, un moment après, que deux passionnés, mais deux vraiment passionnés de la gloire, et c’étaient les seuls dans l’armée : Espinasse et de Lourmel. […] Vraiment, quoique ça paraisse imbécile de dire, c’est fait pour moi, pour moi seul, elle est vraiment singulière la malechance que je rencontre en tout et partout. […] Vraiment, pour aller dans la société, le gouvernement devrait bien acheter une muselière à son ministre des Beaux-Arts. […] En sortant, nous tombons sur Aubryet, qui nous apprend que Saint-Victor est de l’inauguration. « Eh bien, je n’irai pas à Vendôme, me dit Flaubert, non vraiment, la sensibilité est arrivée chez moi à un état maladif tel… je suis entamé au point que l’idée d’avoir la figure d’un monsieur désagréable, en chemin de fer, devant moi… ça m’est odieux, insupportable. […] On dirait vraiment à les voir, ces allemands, que c’est nous qui les avons battus, tant les vainqueurs semblent avoir gardé, comme la rancune d’une défaite.

218. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre onzième. La littérature des décadents et des déséquilibrés ; son caractère généralement insociable. Rôle moral et social de l’art. »

les gens vraiment amoureux sont des monomanes comme moi, qui ont une seule idée, laquelle absorbe toutes leurs sensations. […] » La souffrance vraiment philosophique impliquerait en effet une volonté stoïque, maîtresse de soi, saine, prête à aller jusqu’au fond du mal subi pour en sentir la réalité triste et pour en reconnaître aussi la nécessité, c’est-à-dire les liens qui rattachent cet accident au tout, les points par lesquels cette laideur vient se suspendre à toutes les beautés de l’univers. […] En réalité, on n’a point examiné le problème d’un point de vue vraiment scientifique. […] Leur intelligence voit les choses de plus haut et de plus loin, avec plus de détachement ; pour eux, il n’y a plus à mériter le regard que ce qui est vraiment beau et bon : Orages, passions, taisez-vous dans mon âme ; Jamais si près de Dieu mon œil n’a pénétré. […] Etant devenue ou s’étant flattée de devenir, grâce à la tyrannie croissante du journalisme, la dispensatrice de la renommée, elle a fini par se croire supérieure à la littérature vraiment féconde, à celle qui produit au lieu d’analyser.

219. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Œuvres inédites de P. de Ronsard, recueillies et publiées par M. Prosper Blanchemain, 1 vol. petit in-8°, Paris, Auguste Aubry, 1856. Étude sur Ronsard, considéré comme imitateur d’Homère et de Pindare, par M. Eugène Gandar, ancien membre de l’École française d’Athènes, 1 vol. in-8°, Metz, 1854. — I » pp. 57-75

Et surtout il y avait alors dans l’air un grand souffle et un grand courant qui enlevait et qui embrasait toutes les âmes studieuses, et, parmi les ignorants mêmes, tous ceux qui étaient capables d’une ambition vraiment libérale. […] Ici j’entends des érudits de nos jours qui en parlent bien à leur aise, et qui disent (MM. de Schlegel en tête) : Cette poésie française élevée existait au moyen-âge, elle était dans les romans de chevalerie, dans ces chansons de geste qu’on exhume chaque jour, dans ces traditions vraiment modernes où il fallait l’aller chercher comme à sa source naturelle, et non chez les Grecs et les Latins. […] Il l’assouplit en effet, et dans les nouvelles Amours qu’il ajouta aux premières, dans les odes ou chansons qu’il y entremêla aux sonnets, il eut des notes où le feu, la verve et la facilité se font encore aujourd’hui sentir : « Quand j’étois libre, ains qu’une amour nouvelle, etc. » ; « Or que l’hiver roidit la glace épaisse, etc. » ; « Quand ce beau printemps je voy, etc. » Il y a plaisir ici et profit à le parcourir ; on est vraiment avec un poète.

220. (1902) L’observation médicale chez les écrivains naturalistes « Chapitre IV »

Si vous lisez ce chapitre de Madame André vous pourrez voir que j’ai d’abord relevé les symptômes du début : Les frissons, l’élévation de température, la langue tuméfiée, le gargouillement de la fosse iliaque droite se manifestant à la palpation ; puis la céphalalgie, qui vous étreint comme un étau ou vous taraude comme une vrille et qui vous met vraiment du plomb dans la tête ; je n’ai pas oublié les tranchées intestinales, ni le saignement de nez si fréquent au cours de l’affection dans la première période. […] Mais souvent la Théorie lui échappe ; soit qu’elle lui reste inassimilée, soit qu’elle demeure vraiment réfractaire à toute tentative artistique. […] Nous sommes bien heureux vraiment que, à la suite d’une observation si détaillée, l’auteur n’ait pas ajouté un chapitre d’histologie, et nous ait fait grâce de l’autopsie » 86.

221. (1892) Boileau « Chapitre VII. L’influence de Boileau » pp. 182-206

Mais, pour la même raison, il ne peut se donner à lui-même par sa seule énergie ce que l’imitation de l’antiquité avait aidé les grands classiques à créer : une poésie originale, qui fût vraiment une œuvre d’art. […] Vraiment on est tenté, quand on lit de tels poètes, de donner raison aux Lamotte, aux Montesquieu, aux Buffon, à tous les détracteurs de la poésie ; ce n’est pas la peine de faire des vers si, au bout du compte, il ne s’agit que de donner l’impression de la prose. […] Eh bien, c’est précisément au xviiie  siècle, quand Voltaire ne veut pas que personne (sauf lui médise de Nicolas Boileau, que vraiment celui-ci n’a pas d’action directe et personnelle sur la littérature.

222. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Alexandre Dumas fils — Chapitre XIII »

C’est vraiment un type grandement taillé que celui de Sylvanie de Terremonde. […] Le comparse paye pour le personnage vraiment odieux et vraiment coupable : cote mal taillée, s’il en fut jamais !

223. (1887) Journal des Goncourt. Tome I (1851-1861) « Année 1853 » pp. 31-55

Mlle *** l’a renvoyé à Mlle *** avec cette lettre : « Ma chère camarade, « Ce Diaz est vraiment trop peu gazé pour l’ornement de ma petite maison. […] Mais dans cette poursuite, il s’agissait vraiment bien de littérature. […] Beauvoir se tourna vers une jeune femme et lui dit avec le contournement le plus xviiie  siècle : « Madame, vous êtes la reine de l’omnibus, dites un mot et nous jetons nos cigares ; mais quant à ce bougre, s’il continue… je lui coupe les oreilles. » Et ce que vraiment il disait vouloir lui couper, était très loin des oreilles.

224. (1911) Lyrisme, épopée, drame. Une loi de l’histoire littéraire expliquée par l’évolution générale « Chapitre premier. Le problème des genres littéraires et la loi de leur évolution » pp. 1-33

Le choix de ces noms est vraiment malheureux. […] Croit-on vraiment que Mme de Sévigné ait jugé de même ? […] Il est grand temps vraiment de réintroduire dans la notion « littérature » l’idée essentielle de l’esthétique.

225. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — C — article »

La seule Piece où il annonce vraiment de la verve & de l’enthousiasme, est une Ode sur le vin de Champagne, où il paroît inspiré par le sujet lui-même, dont il rend très-poétiquement tout le feu & toute la vivacité.

226. (1890) Journal des Goncourt. Tome IV (1870-1871) « Année 1871 » pp. 180-366

C’est vraiment une déclaration de droits en faveur de l’inintelligence, un peu trop énorme. […] Vraiment on dirait que ma maison a été l’objectif du Mont-Valérien. […] Je n’ai vraiment pas été heureux jusqu’à ce jour. […] elle ne mérite vraiment ni clémence ni merci. […] Et c’est vraiment joli d’entendre dire à cette grosse femme, d’une voix doucement dolente : « Oh !

227. (1929) Critique et conférences (Œuvres posthumes III)

Ne regardons pas trop la blonde suppléante ; elle est vraiment par trop gentille et que bonne pour nous ! […] De l’immensité, sauvant de la laideur suprême, une laideur sans pareille ; avec un élan réel vers la hauteur et une sorte, en somme, de grandeur sévère qui fait de ce monument quelque chose vraiment. […] En même temps, sa curiosité s’étendait à tout — à tout ce qui est vraiment curieux et digne d’intérêt. […] Et je vous engage vivement à vous procurer ce livre, un des plus originaux vraiment qui soient, et on peut dire, grâce à la mort si prématurée de l’auteur, unique, aussi bien que par le génie. […] Vous avez la volonté, l’élan, l’effort et mieux encore que tout cela — l’essor vers une littérature vraiment amère.

228. (1888) Portraits de maîtres

Est-ce réduire les Méditations à trop peu de chose que de les concentrer dans six ou sept pièces vraiment neuves ? […] Cependant ces mérites ne nous dissimulent pas les imperfections qui nous ont constamment choqué dans cette œuvre plus romanesque encore que vraiment poétique. […] C’est qu’il a vraiment conçu et réalisé, selon le vœu d’André Chénier et la formule de Joubert, à la suite de Chateaubriand, un romantisme vraiment français, un romantisme classique. […] Dans les dernières années de sa vie, il a vraiment méconnu la république et le parti républicain. […] Durant ces fécondes années d’exil Quinet déployait une activité d’esprit vraiment admirable.

229. (1895) Impressions de théâtre. Huitième série

Mais j’ai vraiment peur que, au tableau suivant, le mystère de la Nativité n’ait été réduit à une historiette un peu étroite. […] C’est vraiment très bien fait. […] Ils sont là une demi-douzaine d’empereurs qui nous apparaissent comme des êtres d’une méchanceté vraiment surhumaine. […] Il était temps ; car, vraiment, nous avions notre ration d’horrible. […] La scène grouillait de Polytes et de Phémies qui avaient vraiment l’air de s’amuser et de vivre pour leur compte.

230. (1876) Romanciers contemporains

L’excentrique n’est vraiment insupportable que lorsqu’il vise à l’excentricité. […] Il y a dans certains tableaux une concentration d’effets vraiment extraordinaire et qui révèle un labeur immense. […] Il n’est d’œuvres puissantes et vraiment parfaites que celles auxquelles leur auteur s’est livré tout entier et sans partage. […] Ce sont là des tableaux qui élèvent vraiment les cœurs, et qui placent moralement le vaincu bien au-dessus de son impitoyable vainqueur. […] Quand on a terminé la lecture de cet admirable chef-d’œuvre, on est satisfait, car le sujet est vraiment épuisé.

231. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — A — article » p. 154

Quand même il existeroit quelques défauts dans ce Livre vraiment original, ils seront toujours de la nature de ceux qu’on oublie en faveur de la justesse & de la solidité des réflexions, de la noblesse & de l’énergie du style, de la vérité des maximes qui s’y présentent à chaque page : trop heureux si la Littérature n’offroit jamais que de pareils sujets d’indulgence !

232. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — D — Drouet, Ernestine = Mitchell, Ernestine (1834-....) »

Le poète, en effet, a vraiment à cœur de rapprocher les divers cultes qui lui sont chers, celui de son vieux maître Béranger, de son ancien catéchiste de première communiante, M. 

233. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — A — article » p. 178

Parole qui caractérise l’esprit d’un Gouvernement vraiment sage, & que les Princes ne sauroient trop répéter, pour l’encouragement de ceux qui ne craignent pas de s’élever contre l’erreur & l’iniquité, les plus redoutables ennemis des Rois & des Nations.

234. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — M. — article » p. 325

Tout ce qu’il a écrit, porte le caractere d’une ame sensible, d’un cœur vraiment jaloux de l’honneur & de la prospérité de sa Patrie : son Ouvrage de l’Ami des Hommes justifie son titre, & méritera ce nom à l’Auteur dans la postérité.

235. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — D — Dubus, Édouard (1864-1895) »

Je ne le lui reproche pas, car vraiment il aurait pu choisir plus mal ; cependant il aurait intérêt à se dégager des maîtres qu’il aime, et dont les œuvres — M. 

236. (1927) Approximations. Deuxième série

éloigne le tourment inutile ; rien ne t’appartient vraiment. […] Mais ce n’en est pas ici le lieu, car Remy ne saurait vraiment nous en fournir le prétexte. […] S’ils ont excellé dans la « note », c’est que la « note » souffre les approches les plus familières ; je dirai même qu’elle les appelle : elle n’est vraiment « note » qu’à ce prix. […] Est-ce vraiment par amour de cette indépendance aujourd’hui désenchantée que j’ai fait verser tant de larmes ? […] En écartant son romantisme144, il est vraiment un de ceux auxquels je tiens le plus.

237. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Madame Desbordes-Valmore. »

Vous en avez eu le courage tranquille, et je vous écoutais vraiment comme je ferais au jugement dernier… Je vous écoutais, monsieur, car on a lu devant moi votre analyse de ces livres imparfaits, inutiles même, si quelque chose l’est sur la terre, et que vous avez lus patiemment en y appuyant votre pensée et votre âme pour en extraire quelque chose à aimer, à louer et à plaindre ! […] Il n’y a de pitié vraiment courageuse et virile que celle qui a ainsi traversé l’indignation et qui est capable au besoin de pareils accents, arrachés des entrailles. […] ce fut Mme Valmore, quand M. de Latour l’en avertit avec douceur : « Je ne sais vraiment pas ce qu’il y a de mal dans cette Préface dont l’ouvrier est innocent comme moi-même. […] « Tout ce qui est alentour et devant moi est vraiment aimable. — L’air, le ciel et les arbres suffiraient bien, sans la maison très-confortable et riante96 ; mais on dirait que j’y suis en rêve ; je ne peux rien m’approprier ici, sinon le poids d’une crainte qui corrompt tout… » Et encore de Passy, 30 décembre : « Je ne peux la résoudre à vous voir ni personne.

238. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome premier — Livre troisième. Le souvenir. Son rapport à l’appétit et au mouvement. — Chapitre troisième. La reconnaissance des souvenirs. Son rapport à l’appétit et au mouvement. »

Cette conscience successive et partielle de nos souvenirs est leur reconnaissance, et c’est l’opération vraiment caractéristique de la mémoire intellectuelle. […] Il ne faut pas abuser d’une méthode positiviste qui dispense de toutes les questions profondes et vraiment difficiles, de celles qui portent sur le cœur même des choses. […] En somme, quand une image ressuscite dans l’esprit, nous avons vu qu’elle est l’objet d’une série de classifications qui lui donnent peu à peu une valeur et une place déterminées, mais par là le souvenir est-il achevé et y a-t-il vraiment reconnaissance ? […] C’est dans les sensations vraiment primitives et élémentaires, comme celles qui résultent du déploiement ou de l’arrêt des fonctions vitales, que cet élément dynamique est le plus visible ; la souffrance ou appétit contrarié est la conscience d’une opposition entre deux forces.

239. (1897) Un peintre écrivain : Fromentin pp. 1-37

Je dis seulement que l’auteur d’une œuvre d’imagination destinée à émouvoir doit posséder cette faculté mystérieuse de s’extérioriser, de vivre dans ses personnages imaginaires, d’être eux-mêmes jusqu’à souffrir de leurs maux inventés, de les faire penser, agir, parler, comme si, vraiment, plusieurs âmes de plus étaient descendues parmi nous. […] Non, vraiment, vous n’aviez pas le droit, vous autres de la génération de 1862, de parler de livres ennuyeux. […] Et il en résulte qu’une seule âme est complètement connue, celle de Dominique, et que toutes les autres, même celle de Madeleine, sont sacrifiées à celle-là, et vraiment incomplètes, et ne vivent que du reflet de l’unique flamme qui éclaire le livre. […] Il les a ployés au service d’idées et de sensations nouvelles ; il les a détournés du sens habituel, groupés en combinaisons ingénieuses ; il a pris à l’atelier, pour les faire entrer dans la littérature, les termes d’argot vraiment pittoresques et méritants : il a créé une langue pour la critique d’art, dont il est à la fois l’inventeur et le modèle.

240. (1879) L’esthétique naturaliste. Article de la Revue des deux mondes pp. 415-432

Il l’a avertie que ce n’était pas tout l’art et toute l’humanité que la Cité-Dorée, la Boule-Noire ou la rue de la Goutte-d’Or, qu’il y avait autre chose dans Paris que Belleville ou le quartier Mouffetard, et que le roman contemporain n’aurait vraiment donné sa mesure que lorsqu’il aurait su représenter une Parisienne de nos jours avec toute l’élégance de sa vie et toute la délicatesse de ses sensations. […] Quoi vraiment, messieurs, vous êtes des démocrates et des amis du peuple ! […] Il en est aujourd’hui à sa dernière incarnation ; je ne vois vraiment pas comment il s’y pourrait prendre pour se transformer encore, aller plus loin qu’il n’est allé et trouver désormais le moyen de nous étonner. […] La république n’a pas de raison d’être, si elle n’est pas le gouvernement où les âmes sont le plus vraiment fières et libres : une démocratie qui n’aurait pas la passion de la beauté et de la grandeur morale serait la plus honteuse déchéance de l’humanité.

241. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — G — Gill, André (1840-1885) »

De ce minuscule ouvrage de poésies, souvent volontairement risquées et vraiment peu recommandables dans les couvents et dans les lycées, j’extrais une pièce qui m’a paru charmante de grâce et de forme ; elle est écrite sans prétention et rappelle par certains côtés la délicate manière de Murger et de Thiboust : Le Chat botté… Pas de nom d’auteur !

242. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — Y — Yann Nibor = Nibor, Yann (1857-1947) »

Debout sur l’estrade improvisée, comme en une fête de village, le barde Léon Durocher, entre deux sonneurs de biniou, donnait le signal des chansons de Bretagne, et tandis qu’on chantait là quelque refrain d’Armorique, l’Angelus de la mer, ou le Gilet breton, de Durocher, la Ronde des Châtaigniers, de Théodore Botrel, ou la Boîte de Chine, de Yann Nibor, il me semblait, regardant les spectateurs attablés autour du cabaret en plein air, que j’assistais vraiment à quelque Pardon de Bretagne.

243. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — C — article » pp. 482-483

Tout ce qu’on peut en estimer, ce sont les notes vraiment instructives, genre de mérite toujours à la portée des Ecrivains laborieux ; mais qui facilite le travail des Traducteurs modernes, qui savent si bien s’approprier tout ce qui peut leur donner un air d’érudition, & leur épargner les recherches qu’exige la véritable.

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