(2) En premier lieu, il suffit, ce me semble, d’énoncer une telle loi, pour que la justesse en soit immédiatement vérifiée par tous ceux qui ont quelque connaissance approfondie de l’histoire générale des sciences. […] Notre activité intellectuelle est suffisamment excitée par le pur espoir de découvrir les lois des phénomènes, par le simple désir de confirmer ou d’infirmer une théorie. […] Cette dernière considération est indispensable pour compléter l’aperçu général de la grande loi que j’ai indiquée. […] En un mot, regardant toutes les théories scientifiques comme autant de grands faits logiques, c’est uniquement par l’observation approfondie de ces faits qu’on peut s’élever à la connaissance des lois logiques. […] Car, si on pouvait espérer d’y parvenir, ce ne pourrait être, suivant moi, qu’en rattachant tous les phénomènes naturels à la loi positive la plus générale que nous connaissions, la loi de la gravitation, qui lie déjà tous les phénomènes astronomiques à une partie de ceux de la physique terrestre.
Cette souveraineté de Dieu ou de la nature a promulgué ses lois sociales par les instincts de tout homme venant à la vie. […] Elle est née toute faite, et chacun de nos instincts contenait en germe une loi ; une loi, non pas seulement physique, donnant pour but à la société politique la satisfaction brutale des besoins du corps, mais une loi morale et religieuse, donnant à la société civile un but intellectuel, moral et divin de civilisation des âmes, c’est-à-dire de vertu et de divinisation de notre être par des devoirs réciproques découverts et accomplis. […] Un devoir social, au lieu d’un droit brutal, sort de chacun des instincts primitifs de l’homme social, à mesure qu’il a besoin de lois plus nombreuses et plus morales pour ses rapports plus multipliés avec les autres hommes ; au lieu d’être un droit, chacune de ces lois s’appelle un devoir. […] Devoir d’obéir aux lois promulguées par l’autorité législative même quand ces lois nous commandent de mourir pour la société civile ou politique ! […] Voilà pourquoi toute loi qui n’est pas vertu n’est pas loi.
Il saura qu’un citoyen a violé une loi, comme il sait, à la guerre, qu’un ennemi a forcé les retranchements. « Le protecteur des lois est législateur, s’il a besoin de l’être. Il ne permettra pas plus qu’à des lois utiles et saintes, on joigne une mauvaise loi, qu’il ne permettrait qu’on mît un esclave au rang de ses enfants. […] Violer la loi serait pour lui un sacrilège, comme lorsqu’un ravisseur enlève un trésor sacré ; car la loi est un dépôt céleste ; elle est une émanation de Dieu. […] Parmi les coupables, il en est qui peuvent se réconcilier avec la vertu et les lois : le prince peut les juger.
On est en présence d’une loi analogue à celle que la biologie appelle la loi de balancement des organes. […] Au reste, la philosophie, dans ses tentatives à demi heureuses pour unifier le savoir, a constaté des lois qui dominent tous les ordres de connaissances38. […] Cette loi du moindre effort, comme on la nomme souvent, s’applique au monde moral comme au monde physique. […] Application différente de la même loi. […] Regardez maintenant la genèse des chansons de geste à la lumière de cette loi.
Voici donc notre loi, notre loi éternelle, qui a été notre loi dans le passé, qui l’est dans le présent, qui le sera dans l’avenir : Chacun a droit, tous ont droit ; unité et différenciation ; même nature chez tous et personnalité de chacun ; similitude et non-identité ; liberté pour tous et égalité de tous : voilà, je le répète, notre loi, la loi que Dieu nous a faite. […] C’est saint Pierre qui le remarque, et saint Paul a souscrit à cette loi. […] Mais voyez l’admirable loi de compensation ! […] Tu n’as ni Dieu, ni droit, ni loi. […] Or Moïse nous a ordonné, dans la loi, de lapider les adultères.
Mais pourquoi cette loi de nature existerait-elle, si chaque espèce avait été indépendamment créée ? […] Les lois complexes et peu connues qui gouvernent les variétés sont les mêmes, autant que nous pouvons en juger, que les lois qui ont gouverné la production des formes dites spécifiques. […] Ces lois, prises dans leur sens le plus large, nous les énumérerons ici : c’est la loi de croissance et de reproduction ; c’est la loi d’hérédité, presque impliquée dans la précédente ; c’est la loi de variabilité sous l’action directe ou indirecte des conditions extérieures de la vie et de l’usage ou du défaut d’exercice des organes ; c’est la loi de multiplication des espèces en raison géométrique, qui a pour conséquence la concurrence vitale et la sélection naturelle, d’où suivent la divergence des caractères et l’extinction des formes inférieures. […] Chez les cryptogames eux-mêmes, les différentes classes se sont probablement formées suivant la loi de divergence de quelque type plus ancien et inférieur. […] Il y eut donc dès lors unité absolue de loi et seulement diversité d’application.
Personne n’ignore qu’on entend en poësie par scelerat un homme qui viole volontairement les préceptes de la loi naturelle, à moins qu’il ne soit excusé par une loi particuliere à son païs. Le respect pour les loix de la societé dont on est membre est une si grande vertu, qu’elle excuse sur la scene l’erreur qui nous fait violer la loi naturelle. […] C’est la loi de son païs qui se trouve chargée de l’horreur du crime. On plaint la misere des hommes de ce tems-là qui ne pouvoient plus discerner la loi naturelle à travers les nuages dont les fausses religions l’enveloppoient. […] Une erreur excusable peut donc réhabiliter, pour ainsi dire, le personnage qui commet un grand crime contre la loi naturelle, mais je me donnerai bien de garde de donner aux emportemens et aux premiers mouvemens le droit d’excuser les grands crimes, même sur le théatre.
Nous connaîtrons la nature quand nous aurons déduit ses millions de faits de deux ou trois lois. […] Les lois en dériveraient, et n’en dériveraient que çà et là. […] Ce sont eux que l’on désigne sous les noms de forces, causes, lois, essences, propriétés primitives. […] Les applications contiennent la loi et la preuve, mais elles ne sont ni la loi ni la preuve. […] Ce n’est pas assez d’additionner les cas, il faut en retirer la loi.
Ils invoquent donc la loi de Newton. […] Seulement, l’énoncé de la loi serait différent, parce qu’il serait traduit dans un autre langage ; il ferait évidemment beaucoup moins simple. […] C’est à l’aide des lois astronomiques, par exemple de la loi de Newton. […] Seulement on serait conduit à remplacer la loi de Newton par une autre plus compliquée. Ainsi on adopte pour la vitesse de la lumière une valeur telle que les lois astronomiques compatibles avec cette valeur soient aussi simples que possible.
Les lois, les institutions sociales fondées par la liberté populaire n’ont point suffi à la régler ; le monarque devient maître par la force des armes de ces lois, de ces institutions. […] Dion Cassius assimile la loi à un tyran, la coutume à un roi. […] Les corps souverains des nobles veulent appesantir leur souveraineté sur les plébéiens, et ils subissent la servitude des lois, qui établissent la liberté populaire. Les peuples libres veulent secouer le frein des lois, et ils tombent sous la sujétion des monarques. […] Lorsque le peuple tout entier constitue la cité, il fait des lois justes, c’est-à-dire généralement bonnes.
Je lui préfère de beaucoup le système actuel complété par les mœurs publiques, et appuyé sur de bonnes lois. […] Mais la loi n’est point faite pour ces êtres supérieurs ; ils sont eux-mêmes la loi. […] Mais il faut remarquer que de bonnes lois ne constituent pas à elles seules un bon gouvernement, et qu’il importe surtout que ces bonnes lois soient observées. Il n’y a donc de bon gouvernement d’abord que celui où l’on obéit à la loi, ensuite que celui où la loi à laquelle on obéit est fondée sur la raison ; car on pourrait aussi obéir à des lois déraisonnables. L’excellence de la loi peut du reste s’entendre de deux façons : la loi est, ou la meilleure possible relativement aux circonstances, ou la meilleure possible d’une manière générale et absolue.
« Art. 2. — L’emplacement de cet édifice sera déterminé par l’archevêque de Paris, de concert avec le préfet de la Seine, avant l’enquête prescrite par le titre ii de la loi du 3 mai 1841. […] « Art. 4. — Il sera procédé aux mesures prescrites par les titres ii et suivants de la loi du 3 mai 1841 aussitôt après la promulgation de la présente loi. » Après cette consécration définitive de « l’exvoto de la France », le terrain fut acheté, le plan choisi au concours, et les travaux commencèrent. […] En poursuivant notre analyse, nous trouvons le texte de la loi que cette Chambre, auquel on ne demandait que de déclarer « d’utilité publique » l’érection d’une église à Paris, eut la faiblesse coupable de voter. […] Un projet de loi fut même rédigé en ce sens par M. […] » Une assemblée française qui, presque à l’unanimité, déclare dans une loi qu’il est d’utilité publique que la France élève au Sacré-Cœur un temple, monument de son repentir et garant de ses promesses !
Jusqu’où descend dans l’échelle de la nature cette loi de guerre ? […] Nous voyons donc se manifester dans les productions de l’homme la loi de divergence des caractères. […] Mais on peut demander comment une loi analogue peut agir à l’état de nature. […] Cette loi de conservation, je l’ai nommée, pour être bref, Sélection naturelle. […] Nous avons voulu suivre la loi de la majorité ; c’est un exemple de plus qui prouvera combien cette loi est souvent susceptible d’erreur en fait de langue comme en autre chose.
Cette loi engendre une addition éternelle. […] Ici encore l’abstraction forme une idée générale, en tire une loi générale, et par cette loi produit en nous l’idée d’un infini. […] Vous analysez cette loi, et vous trouvez que la seconde étendue a la même définition que la première, qu’ainsi elle est soumise à la même loi, que, par conséquent, elle engendre elle-même une nouvelle étendue, et ainsi de suite. […] Analysant cette idée, vous en avez tiré la loi en question. […] L’expérience nous donnera tous les faits, l’analyse nous donnera toutes les lois.
Alors seulement elle a pu découvrir les lois de son développement. […] Ce qu’elle n’est jamais, c’est une science qui ramène les faits à leurs lois, une philosophie qui remonte aux véritables causes. […] Toute la méthode de cette science est dans une définition de l’Esprit des lois ; « les lois sont les rapports nécessaires qui dérivent de la nature des choses ». […] Les deux puissances de l’histoire, la fatalité et la liberté, font chacune leur œuvre suivant leurs lois propres. La première obéit aux lois de la force, la seconde à celles de la conscience et de la raison.
Certains poèmes de Léon Dierx se ressentent de l’application des lois célestes. […] L’esprit, pas plus que la matière, ne peut résister aux lois. […] Toutes les belles lois de la nature y inscrivent leurs traits implacables, riches et variés. […] L’éthique a ses lois absolues comme la physique. […] Personne ne peut faire défaut à une loi sans être frappé un jour ou l’autre par cette même loi.
Mais ce n’est pas tout ; la loi sort de l’expérience, mais elle n’en sort pas immédiatement. L’expérience est individuelle, la loi qu’on en tire est générale, l’expérience n’est qu’approchée, la loi est précise ou du moins prétend l’être. L’expérience se fait dans des conditions toujours complexes, l’énoncé de la loi élimine ces complications. […] Quand la loi de Newton s’est substituée à celle de Kepler, on ne connaissait encore que le mouvement elliptique. Or, en ce qui concerne ce mouvement, les deux lois ne diffèrent que par la forme ; on passe de l’une à l’autre par une simple différenciation.
Il n’y a point de loi ; on déterre une vieille loi dans le code romain, rendue par des ministres despotes, sous deux princes imbéciles, employée une seule fois en France, sons un tyran. L’abbé de Thou sollicite pour son frère et réclame les lois ; le cardinal l’exile et lui défend d’approcher du roi, sous peine de la vie. […] C’est ainsi qu’un cardinal, qu’un ministre et qu’un prêtre faisait observer les lois dans les jugements. […] Celui qui se jouait ainsi des lois ne devait point avoir plus de respect pour leurs ministres. […] L’homme, esclave pour le présent, est du moins libre pour le passé ; il peut aimer ou haïr, approuver ou flétrir d’après les lois et son cœur.
Mais, dira-t-on, il y a des exceptions à cette loi. […] Les physiologistes eux-mêmes se seraient épargné bien des discussions s’ils avaient ramené systématiquement les lois secondaires à une loi essentielle. […] Cette apparente exception à la loi de l’intensité d’action ne fait donc que la confirmer. […] C’est là encore une loi dérivée que les psychologues contemporains, par exemple Bain et James Sully, ont nommée loi de contraste, pour l’opposer aux lois de stimulation et de modération. […] Toute la « force » et l’efficace n’est donc pas dans les lois mécaniques.
Lorsque de toutes parts il n’était question en France, en Angleterre, en Italie, que de plaisir, d’intérêt et de bonheur, une voix s’éleva de Kœnigsberg pour rappeler l’âme humaine au sentiment de sa dignité, et enseigner aux individus et aux nations qu’au-dessus des attraits du plaisir et des calculs de l’intérêt, il y a quelque chose encore, une règle, une loi, une loi immuable, obligatoire en tout temps et en tout lieu et dans toutes les conditions sociales ou privées : la loi du devoir. […] S’il y a dans l’homme l’idée d’une loi supérieure à la passion et à l’intérêt, ou l’existence de l’homme est une contradiction et un problème insoluble, ou bien il faut que l’homme puisse accomplir la loi qui lui est imposée ; si l’homme doit, il faut qu’il puisse, et le devoir implique la liberté. […] Ces propositions, ramenées à leurs principes, sont des lois de l’esprit humain, lois auxquelles il est soumis toutes les fois qu’il raisonne. La nature de l’esprit humain ne variant pas, ses lois ne sauraient varier. […] Ni les jugemens synthétiques à priori, ni les jugemens synthétiques à posteriori n’expriment un rapport d’identité. — Loin donc que tous nos jugemens soient soumis à la loi d’identité, on ne peut ramener à cette loi qu’un seul des trois ordres de nos jugemens, les jugemens analytiques.
(6) Il faut distinguer, par rapport à tous les ordres de phénomènes, deux genres de sciences naturelles : les unes abstraites, générales, ont pour objet la découverte des lois qui régissent les diverses classes de phénomènes, en considérant tous les cas qu’on peut concevoir ; les autres concrètes, particulières, descriptives, et qu’on désigne quelquefois sous le nom de sciences naturelles proprement dites, consistent dans l’application de ces lois à l’histoire effective des différents êtres existants. […] Ce sont évidemment, en effet, deux travaux d’un caractère fort distinct, que d’étudier, en général, les lois de la vie, ou de déterminer le mode d’existence de chaque corps vivant, en particulier. […] Il est donc évident que, pour étudier convenablement les phénomènes sociaux, il faut d’abord partir d’une connaissance approfondie des lois relatives à la vie individuelle. […] La loi générale qui domine toute cette histoire, et que j’ai exposée dans la leçon précédente, ne peut être convenablement entendue, si on ne la combine point dans l’application avec la formule encyclopédique que nous venons d’établir. […] Si l’on ne tient pas compte dans l’usage de la loi de cette progression nécessaire, on rencontrera souvent des difficultés qui paraîtront insurmontables, car il est clair que l’état théologique ou métaphysique de certaines théories fondamentales a dû temporairement coïncider et a quelquefois coïncidé en effet avec l’état positif de celles qui leur sont antérieures dans notre système encyclopédique, ce qui tend à jeter sur la vérification de la loi générale une obscurité qu’on ne peut dissiper que par la classification précédente.
Quant aux larmes, elles semblent rentrer dans la loi générale. […] Cette loi joue dans l’expression un rôle capital. […] En tous cas, la nature l’ignore : la sincérité est la première loi de la nature comme elle est la première loi de la morale. […] Cette loi, on s’en souvient, est celle de l’antithèse. […] Ainsi, la loi d’antithèse n’est qu’un cas particulier de la loi d’association, qui elle-même résulte du naturel concert de tous les organes.
Tout se produit, se développe, s’explique par des lois inflexibles dans les systèmes de Spinosa, de Malebranche, de Leibniz, de Schelling, de Hegel. […] Parce que la méthode statistique établit que la moralité et l’immoralité suivent une loi fixe dans leur développement. […] Qu’importe que le résultat total soit ramené à une loi, et puisse être l’objet d’une prévision ? […] N’y a-t-il pas entre les lois de l’ordre physique et celles de l’ordre moral une assez grande distance pour que la liberté y trouve sa place ? […] Tout cela se fait en vertu de lois physiques et chimiques que la science moderne est en train de réduire à des lois purement mécaniques.
Cette loi, qu’on peut appeler loi d’alternance, est, comme l’a remarqué Herbert Spencer, universelle. […] Avant de les présenter, ajoutons deux remarques qui complètent l’énoncé de la loi d’alternance. […] Cela dit, vérifions si l’histoire confirme la loi que nous avons posée. […] Or, les tendances les plus longues se succèdent selon la même loi que les tendances les plus courtes. […] Les lois de l’imitation et La logique sociale.
Je veux savoir comment nous devons nous gouverner aujourd’hui ; ou bien encore : Que m’importent les lois des Romains ou celles du moyen âge ? Ce que je veux connaître, ce sont les lois qui nous régissent aujourd’hui. […] Connaître les lois du système du monde est par soi-même, une chose noble, excellente, et c’est là le véritable but de la curiosité scientifique. […] Sans doute les changements sont beaucoup plus rapides, plus éclatants, plus nombreux, et il est bien plus difficile de les ramener à des lois. […] Il y a des lois d’action et de réaction, des lois d’oscillation et de progrès, qui sont dignes du plus haut intérêt, et ainsi l’histoire de la philosophie jette une grande lumière sur les lois mêmes de l’esprit humain.
L’homme n’ayant qu’un but, le bonheur ou le plaisir ; qu’une loi, la satisfaction de ses instincts et de ses appétits, il ne peut jamais avoir à choisir entre des motifs contraires, à sacrifier son plaisir à la loi ou la loi à son plaisir, puisqu’il y a identité entre son plaisir et la loi. […] Mais toute loi veut une sanction. […] La loi n’a jamais fait un grand homme. […] Il a secoué la loi sociale ; il s’incline et force les autres à s’incliner devant la loi morale. […] Elle ne subsiste qu’en vertu de lois arbitraires.
Selon le point de vue où l’on se plaçait, la généralité des lois était expliquée par celle des genres, ou celle des genres par celles des lois. […] Notre théorie de la connaissance roule à peu près exclusivement sur la question des lois : les genres devront trouver moyen de s’arranger avec les lois, peu importe comment. […] Or, une loi est une relation entre des choses ou entre des faits. […] Mais tout se passe comme si elle faisait son possible pour s’affranchir de ces lois. […] Mais, de bas en haut de la série des vivants, la même loi se manifeste.
Mais lorsque les plébéiens des cités héroïques devinrent assez nombreux, assez aguerris pour effrayer les pères (qui dans une oligarchie devaient être peu nombreux, comme le mot l’indique), et que, forts de leur nombre, ils commencèrent à faire des lois sans l’autorisation du sénat, les républiques devinrent démocratiques. […] D’une loi royale, éternelle et fondée en nature, en vertu de laquelle les nations vont se reposer dans la monarchie Cette loi a échappé aux interprètes modernes du droit romain. Ils étaient préoccupés par cette fable de la loi royale de Tribonien, qu’il attribue à Ulpien dans les Pandectes, et dont il s’avoue l’auteur dans les Institutes. Mais les jurisconsultes romains avaient bien compris la loi royale dont nous parlons. […] Ces privilèges sont des lois d’intérêt privé, dictées par l’équité naturelle.
Deux lois changent à cette époque la constitution de Rome. […] La loi Publilia est le passage visible de l’aristocratie à la démocratie. On n’a point assez remarqué cette loi, faute d’en savoir comprendre le langage. […] La loi Petilia, de nexu, n’est pas moins digne d’attention. […] dira-t-on qu’il n’y eut pas de lois à Sparte où Lycurgue avait défendu aux citoyens l’étude des lettres ?
Il y a dans les lois un Dieu puissant qui triomphe de notre injustice, et qui ne vieillit jamais. » À la seconde classe appartiennent ceux qui puisent la raison de ces lois dans un état abstrait de la nature de l’homme ; ceux qui croient à l’homme la puissance de faire des lois ; ceux qui, par conséquent, sont obligés d’admettre un contrat primitif. […] Enfin, pour tout réduire à la plus simple expression, les uns placent la raison des lois de la société dans la société même, et les autres dans l’homme. […] Pour eux, la parole sera toujours une chose immuable et sacrée qui contient les lois immortelles de la société en même temps que les manifestations de l’âme humaine. […] Chez ces mêmes Grecs, le respect pour les lois prit ensuite le caractère du respect pour la royauté qui n’était plus. Socrate, injustement condamné à mort, n’allégua, pour ne point se soustraire à l’iniquité de son jugement, d’autre raison que son respect pour la loi.
. — De cette faculté originaire de l’esprit humain, il est resté une loi éternelle : les esprits une fois frappés de terreur, fingunt simul credunt que , comme le dit si bien Tacite. […] Il oublie que Dieu, dans sa loi, défend jusqu’aux pensées injustes, chose dont ne s’embarrassèrent jamais les législateurs mortels. […] Ainsi toutes les nations païennes ont contemplé le ciel, qu’elles considéraient comme Jupiter, pour en recevoir par les auspices des lois, des avis divins ; ce qui prouve que le principe commun des sociétés a été la croyance à une Providence divine. […] Il compose le genre humain à sa naissance d’hommes simples et débonnaires, qui auraient été poussés par l’intérêt à la vie sociale ; c’est dans le fait l’hypothèse d’Épicure.Puis vient Selden, qui appuie son système sur le petit nombre de lois que Dieu dicta aux enfants de Noé. […] Cependant c’est le droit naturel établi séparément dans chaque cité qui a préparé les peuples à reconnaître, dès leurs premières communications, le sens commun qui les unit, de sorte qu’ils donnassent et redussent des lois conformes à toute la nature humaine, et les respectassent comme dictées par la Providence. » (Vico.
Les groupes d’espèces suivent dans leur apparition et leur disparition les mêmes lois que les espèces isolées. — V. […] Aucune loi fixe ne semble donc gouverner la durée de l’existence des espèces et des genres. […] Barrande, chercher quelque loi spéciale. […] Une pareille loi peut être vraie, et cependant n’être jamais susceptible d’une preuve complète. […] Que signifie cette remarquable loi de la succession des mêmes types dans les mêmes régions ?
La loi dissociation est pour lui la plus générale qui régisse les phénomènes psychologiques. […] La première des lois d’association, c’est que les idées semblables tendent à s’éveiller les unes les autres. […] En effet, lorsqu’un phénomène complexe est le résultat de plusieurs causes, il peut se présenter deux cas principaux : celui des lois mécaniques, celui des lois chimiques. […] Les lois des phénomènes de l’esprit sont analogues tantôt aux lois mécaniques, tantôt aux lois chimiques. […] « Cette loi, dit M.
Une loi n’est qu’une relation de phénomènes. […] Voilà un exemple frappant de la différence de ces deux lois. […] A la vérité, ce qui pourrait favoriser la confusion que je combats, c’est la loi de développement et de progrès que Hegel suppose être la loi éternelle des choses ; mais cette loi ne change pas la nature de l’objet. […] Taine appelle « la loi », et M. […] Vacherot, le rôle de loi suprême et de modèle absolu ?
Selon eux, comme selon Érasme Darwin, la mémoire « dépend essentiellement des lois vitales, et non pas seulement des lois mécaniques ». […] La loi mentale est la vraie explication de la loi physique elle-même. […] De même que les lois biologiques ou vitales, qu’on reconnaît nécessaires pour l’explication du souvenir, sont simplement, à nos yeux, le premier degré des lois psychiques, de même les lois sociologiques en sont le plus haut développement, et la considération de ces dernières lois nous semble également nécessaire pour expliquer le souvenir. […] Ribot nomme « la loi de régression ». […] Elles sont soumises à la même loi de régression que les autres.
Car il n’y a pas une des lois du philosophe qui ne soit la négation des lois de la nature promulguées par la divinité de nos instincts sociaux. […] Ces instincts nous disent précisément le contraire de ce que le philosophe institue dans ses prétendues lois ; suivons ces lois une à une. […] Il dit que la propriété est la première loi de la nature. […] Cette loi d’appropriation universelle a été la loi primitive de toute propriété. […] La question pour le vrai Socrate, c’étaient les dieux, ce n’étaient pas les lois.
Telle est, évidemment, en effet sous ce nouvel aspect, la destination directe des lois qu’elle découvre sur les divers phénomènes, et de la prévision rationnelle qui en est inséparable. Envers chaque ordre d’événements, ces lois doivent, à cet égard, être distinguées en deux sortes, selon qu’elles lient par similitude ceux qui coexistent, ou par filiation ceux qui se succèdent. […] Les deux genres de relations contribuent également à expliquer les phénomènes, et conduisent pareillement à les prévoir, quoique les lois d’harmonie semblent d’abord destinées surtout à l’explication et les lois de succession à la prévision. […] Ainsi à mesure que les lois physiques ont été connues, l’empire des volontés surnaturelles s’est trouvé de plus en plus restreint, étant toujours consacré surtout aux phénomènes dont les lois restaient ignorées. […] Il existe d’ailleurs une intime solidarité entre la conception encyclopédique d’où il résulte et la loi fondamentale d’évolution qui sert de base à la nouvelle philosophie générale.
On considère le fait accompli comme faisant loi, comme créant une légitimité. […] Il y aura au théâtre toute une esthétique nouvelle, et ce ne sera pas un des moins heureux effets de la modification de la loi. […] Ainsi les mœurs adoucissaient la rigueur des lois. […] Quant à la morale, rien de plus vague, rien de plus élastique que la loi ayant la prétention de la faire respecter. […] Mais outre ces lois de police, il est nécessaire de considérer également celles qui régissent la propriété littéraire.
M. de Tocqueville s’est-il épris d’enthousiasme pour cette loi des sociétés modernes, lorsqu’elle lui est apparue ? […] » Il se rassure toutefois par l’idée qu’une loi aussi doit régir ces destinées sociales en apparence égarées, et qu’un avenir plus fixe et plus calme ne manquera pas à la civilisation européenne si lente en son enfantement. […] Le premier volume de M. de Tocqueville est consacré à étudier la démocratie américaine dans les institutions et dans les lois écrites ; dans la Commune, le Comté, l’État ; dans la constitution particulière des différents États, et dans la constitution fédérale qui les unit ; dans les trois branches de pouvoirs, législatif, exécutif et judiciaire. […] Il a voulu montrer, par l’exemple de l’Amérique, que les lois et surtout les mœurs peuvent permettre à un peuple démocratique de rester libre, mais il est très loin de croire que nous devions suivre de près ces exemples et nous asservir à ces moyens. […] Beaucoup de faits et de détails historiques rejetés dans les notes auraient pu, en se mêlant dans le texte, le rompre, le diversifier heureusement, comme il arrive dans cette grande manière de l’Esprit des lois.
J’ai donc ramené à deux lois ou plutôt à une loi à double action, les phénomènes de tous ordres : loi de condensation et d’expansion. […] C’est, d’autre part, par cette double loi, que sont régies la croissance et la décroissance de l’homme. […] La théorie « évolutionniste » a émis en loi la « lutte pour la vie ». […] Ce temps, il est vrai, temps qui a assez toutes les impudeurs, ose souvent couvrir son impuissance ou ses lâchetés, et son arrivisme, d’une soi-disant loi scientifique : la loi du moindre-effort. […] La loi du monde, la loi de la pensée, est la loi évolutive du Plus-d’effort… Et en morale, et en sociologie, comme en art, il sied de le répéter de toute notre intelligence et de toute notre âme : car cette théorie amorale du moindre effort, si elle venait vénéneusement à vivre, ce serait la perte ricanante de l’individu, et la ruine putride des sociétés !
Νόμος, νομός, signifient loi et pâturage. […] Ces plébéiens qui furent ainsi liés, nexi, jusqu’à la loi Petilia, répondent précisément aux vassaux que l’on nommait hommes liges, ligati. […] Cicéron remarque que de son temps il restait à Rome bien peu de choses qui fussent ex jure optimo ; et dans les lois romaines du dernier âge, il ne reste plus de connaissance des biens de ce genre. […] Depuis que Tibérius Coruncanius eut commencé à Rome d’enseigner publiquement la science des lois, la jurisprudence jusqu’alors secrète échappa aux nobles, et leur puissance s’en trouva peu à peu affaiblie. […] Sera-ce en vertu d’une loi royale par laquelle les paladins français se sont dépouillés de leur puissance en faveur des Capétiens, de même que le peuple romain abdiqua la sienne en faveur d’Auguste, si nous en croyons la fable de la loi royale débitée par Tribonien ?
Lois de la stérilité des hybrides. — IV. […] Gærtner admet aussi l’universalité de la même loi ; de plus, il conteste les résultats des dix expériences de Kœlreuter et nie que ce dernier ait obtenu une fécondité parfaite. […] Des lois qui gouvernent la stérilité des premiers croisements et des hybrides. — Nous entrerons maintenant dans quelques détails sur les circonstances et les lois qui gouvernent la stérilité des premiers croisements et des hybrides. […] Quelques autres lois ont encore été établies par Gærtner.
Il domine selon les dieux ; il domine selon la loi religieuse, il domine selon la loi sociale ; il n’a pas l’air de dominer selon lui-même. […] C’est notre loi et notre instinct. […] Or la tendance à la perfection c’est le grand secret ; c’est toute la morale ; c’est toute la loi humaine ; pour mieux parler, c’est toute la loi du monde, c’est toute la loi. […] En conséquence de cette déclaration, ils ont fait la loi et ont proclamé que ce qui était juste c’était ce qui est ordonné par la loi. […] Il y a un ordre de la nature et un ordre de la loi.
Étudiez les lois admirables de notre grande patrie. […] Que signifie une pareille loi ? […] Montesquieu l’a dit, ce sont leurs lois : Les lois sont les rapports nécessaires qui dérivent de la nature des choses. […] Or je ne sache rien au monde qui n’ait sa raison d’être, sa loi ; et toute loi est exprimable par une formule philosophique. […] Herder admet un progrès continu dans l’humanité, mais il en détermine mal les lois générales, et nullement les lois particulières.
A mesure qu’il élève plus haut ses regards, le dynamiste croit apercevoir des faits qui se dérobent davantage à l’étreinte des lois : il érige donc le fait en réalité absolue, et la loi en expression plus ou moins symbolique de cette réalité. Au contraire, le mécanisme démêle au sein du fait particulier un certain nombre de lois dont celui-ci constituerait, en quelque sorte, le point d’intersection ; c’est la loi qui deviendrait, dans cette hypothèse, la réalité fondamentale. — Que si, maintenant, on cherchait pourquoi les uns attribuent au fait et les autres à la loi une réalité supérieure, on trouverait, croyons-nous, que le mécanisme et le dynamisme prennent le mot simplicité dans deux sens très différents. […] Car si cette loi n’influe pas nécessairement sur le cours de nos idées, elle déterminera du moins nos mouvements. […] La science demeurera éternellement soumise à cette loi, qui n’est que la loi de non-contradiction ; mais cette loi n’implique aucune hypothèse spéciale sur la nature de ce qu’on devra se donner, ni de ce qui restera constant. […] Nous percevons des phénomènes physiques, et ces phénomènes obéissent à des lois.
À mesure que les démocraties et les monarchies remplacent les aristocraties héroïques, l’importance de la loi civile domine de plus en plus celle de la loi politique. […] Revêtu d’un pouvoir sans bornes, il consulte non la loi, mais l’équité naturelle. […] La bienveillance de la loi descend jusqu’aux esclaves ; les ennemis même sont mieux traités, les vaincus conservent des droits. […] Il aimait aussi à observer le soin avec lequel les jurisconsultes pèsent les termes des lois qu’ils expliquent. […] Défense historique des lois grecques venues à Rome contre l’opinion moderne de M.
Je me garde bien de comparer la Démocratie en Amérique à l’Esprit des Lois. […] « J’apprends chaque matin en me réveillant, dit-il, qu’on vient de découvrir une certaine loi générale et éternelle dont je n’avais jamais ouï parler jusque-là. […] Il reconnaissait que, dans les sociétés démocratiques, les lois ne sont pas toujours les meilleures possible. L’art de faire les lois est un art difficile que les sociétés démocratiques ne possèdent que rarement. […] Enfin, dans la démocratie, c’est la majorité qui fait la loi et qui fait l’opinion.
Lois de la renaissance et de l’effacement des images Sommaire. […] Celles-ci tendent également à renaître, et la loi qui s’applique aux éléments s’applique également aux composés. […] C’est que l’idée qui semble la précédente ne l’est pas véritablement ; entre les deux étaient des intermédiaires que l’habitude, l’inattention ou la promptitude de l’opération nous ont empêchés de remarquer ; ces intermédiaires ont servi de transition invisible, et par eux la loi de contiguïté ou la loi de similitude s’est appliquée. […] Mais comme les sensations sont nombreuses, et à chaque instant remplacées par d’autres, sans trêve ni fin, jusqu’au terme de la vie, il y a conflit de prépondérance entre ces images, et, quoique toutes tendent à renaître, celles-là seules renaissent qui possèdent les prérogatives exigées ; par les lois de la renaissance ; toutes les autres demeurent inachevées ou nulles, selon les lois de l’effacement. — Incessamment, en vertu de cette double loi, des groupes d’aptitudes efficaces deviennent inefficaces, et les images retombent de l’existence réelle dans l’existence possible. […] Il dérive toutes les opérations de l’intelligence de ces deux lois. — Voyez aussi Mervoyer, Étude sur l’association des idées (1864).
Ainsi deux facteurs : la sensation et les lois de la conscience ; la matière et la forme, dirait Kant. Mais que sont ces lois de la conscience ? […] Prétendre que l’expérience, qui est le produit de sa sensation et des lois de la conscience, produit elle-même ces lois, cela semble d’abord une absurdité ; mais la contradiction n’est que verbale. […] Les lois de la conscience sortent par développement de ces modifications successives, et l’expérience est le terme général qui exprime la somme de ces modifications. […] Mais elle est l’action d’un organe spécial ; elle est sujette à des lois spéciales ; et cela suffit pour la distinguer de l’activité des sens.
Il fut contre la loi dite d’amnistie (janvier 1816), qui était plutôt une loi de proscription et de bannissement. […] Le second discours, dont il est impossible de ne pas faire mention, est celui qu’il prononça le 4 avril 1826 sur le projet de loi relatif au droit d’aînesse. […] Le rapporteur de la loi (le marquis de Maleville) s’était avisé de dire, pour l’appuyer, qu’en empêchant le partage égal entre les enfants, cette loi allait forcer les déshérités à s’évertuer, à devenir actifs, intelligents, industrieux ; il avait cité l’exemple de l’Angleterre. […] Le célèbre Johnson l’employait d’ordinaire dans le siècle dernier, et il le rédigeait comme il suit : La loi de primogéniture, disait-il, a cela de bon, que du moins elle ne fait qu’un sot par famille. […] C’étaient des lois de conservation rigoureuse et de défense.
Pourquoi tant de corruption, tant d’amour de l’argent, tant de mépris des lois, tant de luttes intestines et de déchirements impies ? […] Tacite affirme, en effet, que la perfection de la législation romaine s’est arrêtée à la loi des XII tables (duodecim tabules finis œqui juris). Depuis, la décadence a tout envahi : beaucoup de lois et beaucoup de corruption ; des mesures engendrées par les dissensions, arrachées par la violence et dictées par l’ambition, la haine et la jalousie contre les hommes éminents ; les Gracques, les Saturninus et les Drusus, ces agitateurs du peuple ; la corruption et les prétentions insolentes des alliés ; la guerre Italique, puis les guerres civiles ; le bien public oublié et les lois faites à cause des hommes et non pour la République ; enfin, le mépris des coutumes et du droit, jusqu’à ce qu’Auguste donne un corps de lois, qui aboutit à la délation, à la confiscation et à la terreur (terror omnibus intentabatur). […] La loi des XII Tables, loin d’être le chef-d’œuvre de l’équité, en est tout au plus une grossière ébauche. […] Je sais que la loi des XII Tables avait laissé de grands souvenirs dans l’esprit des Romains ; ils y voyaient la source de leur droit, avec une rédaction simple et précise, qui contrastait avec le désordre des lois grecques.
Israël n’aura plus désormais d’autre direction que celle de ses enthousiastes religieux, d’autres ennemis que ceux de l’unité divine, d’autre patrie que sa Loi. Et cette Loi, il faut bien le remarquer, était toute sociale et morale. […] Une série d’hommes pieux, Esdras, Néhémie, Onias, les Macchabées, dévorés du zèle de la Loi, se succèdent pour la défense des antiques institutions. […] Mais l’idée d’une religion exclusive, l’idée qu’il y a quelque chose au monde de supérieur à la patrie, au sang, aux lois, l’idée qui fera les apôtres et les martyrs, était fondée. […] Observer et maintenir la loi, parce que la loi est juste, et que, bien observée, elle donne le bonheur, voilà tout le judaïsme.
. — Deux caractères généraux accouplés font une loi. — Penser une loi, c’est énoncer mentalement une proposition générale. […] Lois qui concernent les choses réelles. […] Lois qui concernent les choses possibles. […] Dans tous ces cas, les deux caractères forment un couple, et ce couple s’appelle une loi. […] Les lois en dériveraient et n’en dériveraient que çà et là.
— Dans la loi ? […] Mais l’injustice est la loi des sociétés, parce qu’elle est la loi du monde. […] Échapperait-il à la loi du monde ? […] L’injustice c’est la loi sociale, c’est la loi internationale, c’est la loi terrestre : voilà ce que les hommes voient. […] Il y a des lois oppressives, des lois tyranniques, des lois auxquelles on ne doit pas obéir.
Cette esthétique est la science des lois du Beau. […] On peut l’appeler encore la loi du Nombre. […] Est-il complètement lié aux lois traditionnelles ? […] Comprenons ses lois profondes et agissons d’après ces lois. […] Ces vers obéissent à leur loi propre.
Wundt lui-même nous paraît opposer à l’excès l’aperception libre et les lois mécaniques qui associent nécessairement les sensations entre elles. En effet, il attribue à « l’acte d’aperception » le pouvoir mystérieux de produire spontanément des liaisons d’idées irréductibles aux lois de l’association par ressemblance et contiguïté. […] Est-il besoin d’imaginer ici un mode de liaison spécifiquement distinct des lois nécessaires de similarité ou de contiguïté ? […] Il n’y a pas là de lien particulier provenant d’un « acte d’aperception » libre et dégagée des lois de l’association ordinaire. […] Richet compare ingénieusement l’animal « à un mécanisme explosif, mécanisme d’autant plus parfait que l’intervention d’une force de plus en plus faible pourra déterminer une explosion de plus en plus forte » ; cette explosion n’en est pas moins toujours déterminée par des lois inflexibles.
. — Remarquons seulement ici que les hommes, sortis de leur liberté native, et domptés par la sévérité du gouvernement de la famille, se trouvèrent préparés à obéir aux lois du gouvernement civil qui devait lui succéder. Il en est resté cette loi éternelle, que les républiques seront plus heureuses que celle qu’imagina Platon, toutes les fois que les pères de famille n’enseigneront à leurs enfants que la religion, et qu’ils seront admirés des fils comme leurs sages, révérés comme leurs prêtres, et redoutés comme leurs rois. […] Ainsi la Providence ordonna l’état de famille, employant non la tyrannie des lois, mais la douce autorité des coutumes (Voy. […] De là encore la loi que propose Cicéron, sacra familiaria perpetua manento ; et les expressions si fréquentes dans les lois romaines, filius familias in sacris paternis, sacra patria pour la puissance paternelle. […] Ainsi commença la croyance universelle de l’immortalité des âmes humaines, appelées dii manes, et dans la loi des douze tables, deivei parentum...
En général, nous ne formulons les lois de la nature que pour l’état actuel, et l’état actuel n’est qu’un cas particulier. […] Il en est ainsi de toutes les lois de la nature. […] Autonomie parfaite, création intime, vie en un mot : telle est la loi de l’humanité. […] L’apparence irrégulière et fortuite de sa marche ne doit pas nous cacher les lois qui la régissent. […] Ainsi l’humanité, en apparence livrée au hasard, obéit à des lois que d’autres lois peuvent faire dévier, mais qui n’en sont pas moins la raison de son mouvement.
mon ironie et dès l’entrée en l’art ma méditation scientifiquement s’avère ont levé une rationnelle révolte, J’ai dit : Le devoir du Poète ; maintenant, est : « de penser et de savoir, selon en premier lieu la pensée et le savoir du savant qui expérimenta, et ensuite, lorsque, lui, le savant, est pour longtemps épars, de, induisant et déduisant plus vite et plus loin, d’un nœud génial, lois et loi et lois aidantes, synthétiser en une parole multiple et logique et musique ! […] Le Transformisme a posé en loi la lutte pour la vie : ce qui implique, plus essentiellement, la loi de l’Amour procréateur, procréateur du Mieux. […] Développement poétique déduisant au cours les nécessités directrices selon l’universelle harmonie, quant à l’Individu, et quant à l’Association des Individus, et au livre dernier promulguant les lois rationnelles et nécessaires. […] III DIRE DE LA LOI I. La Loi.
La mentalité des groupes n’est pas celle des particuliers ; elle a ses lois propres. […] Et quant aux lois de l’idéation collective, elles sont encore plus complètement ignorées. […] Il est vrai que les psychologues parlent parfois des lois de l’association des idées, comme si elles étaient les mêmes pour toutes les espèces de représentations individuelles. […] Si la psychologie était plus avancée, elle constaterait, sans doute, que chaque catégorie d’états mentaux a ses lois formelles qui lui sont propres. S’il en est ainsi, on doit a fortiori s’attendre à ce que les lois correspondantes de la pensée sociale soient spécifiques comme cette pensée elle-même.
il faut l’éclairer et non pas le fléchir ; le juge n’est point assis pour faire grâce, il est assis pour prononcer selon la loi. […] Voyons, et si nous n’en trouvons pas de meilleurs, vous savez bien que je ne m’écarterai pas de ceux que j’ai toujours suivis ; non, quand tout un peuple me présenterait comme des spectres menaçants la pauvreté, les chaînes et la mort. » Alors il discute la question, et il examine s’il est permis de désobéir aux lois pour éviter la mort. Tout à coup il personnifie les lois, et suppose qu’au moment même où il va mettre les pieds hors de la prison pour s’enfuir, les lois lui apparaissent et lui crient : « Socrate, que fais-tu ? ne sens-tu pas que dans ce moment tu anéantis, autant qu’il est en toi, et les lois et la patrie ? […] et si on lui demande comment, déjà vieux, et n’ayant plus que peu de temps à passer sur la terre, cependant, par un lâche amour pour la vie, il a pu se résoudre à traîner les restes d’une vieillesse si honteuse, après avoir enfreint les lois de son pays, que répondra-t-il ?
Oui, voilà ce que je découvris dans cet objet à peine aussi gros qu’un gros fruit, et que le bourreau peut faire tomber d’un seul coup, de manière à plonger du même coup dans la nuit le monde qui y est renfermé. » La genèse des idées dans ce monde intérieur ne donne pas lieu, de nos jours, à moins de discussions que la genèse des espèces dans le monde extérieur ; la loi qui régit l’une semble aussi régir l’autre. […] La première est naturaliste ; elle consiste à représenter la pensée comme le reflet ou l’enregistrement passif des objets extérieurs et des lois de la nature, auxquelles elle n’aurait aucune part : c’est la forme de l’objet qui explique seule celle de l’image dans le miroir. […] En face de cette doctrine, l’idéalisme représente le sujet pensant comme le principe même des lois universelles et des relations nécessaires que l’on croit découvrir dans les objets extérieurs : c’est la forme du miroir qui explique celle de l’image, et par cela même de l’objet représenté. […] Le monde, conclut Schopenhauer, l’objet de la connaissance, c’est « ma représentation » ; l’étendue, le temps, la causalité, ma pensée les met dans le monde, organise le chaos des phénomènes selon sa propre loi et prononce le fiat lux. […] Ce sera, selon nous, rattacher la genèse des idées aux lois les plus fondamentales de la réalité que de l’expliquer par les lois mêmes du désir.
Cette loi dépend elle-même d’une loi supérieure et plus générale qu’elle, de cette loi de la nature en vertu de laquelle l’esprit humain fait de continuels progrès, loi dans laquelle toutes les sociétés puisent le droit de modifier et de perfectionner leurs institutions. […] Encore une loi Écrasez l’Infâme ! […] La loi de l’homme est progrès. […] La loi suprême de l’humanité, la loi des lois, la loi qui explique toutes les sociétés et leurs causes et leurs progrès et leurs ruines, c’est toujours ce que Quinet avait cherché. […] Par exemple, il s’agit d’expliquer par les lois de la nature animale les lois de la nature humaine.
Conclusion La cause et la loi que nous venons d’assigner aux variations du goût ont ce mérite et ce défaut d’être très générales ; l’une fait comprendre pourquoi l’évolution littéraire est incessante ; l’autre permet de tracer la trajectoire sinueuse et pourtant régulière que parcourt une littérature. Mais il va de soi qu’elles ne peuvent, à elles seules, tout expliquer ; qu’elles ont besoin d’être complétées par des causes et lois secondaires qui s’appliquent au détail du mouvement. […] Et ses avertissements, quand il parlera ainsi, ne seront plus de vagues et hasardeuses intuitions ; ils seront fondés sur les faits positifs et sur les lois de l’esprit humain. Le sociologue, lui, dans l’histoire bien faite d’une littérature trouvera des lois démontrées, qui, lorsqu’un travail analogue aura été opéré sur d’autres littératures nationales, lui seront des éléments précieux pour une philosophie de l’évolution littéraire et même, comme les diverses parties d’une civilisation sont solidaires, de toute l’évolution sociale. […] Elle apprendra ainsi à gouverner, dans la mesure du possible, les forces obscures auxquelles jusqu’à présent elle a obéi sans le savoir et elle fera un pas vers cette liberté qui est seule à sa portée et qui consiste à connaître le jeu des lois naturelles pour commander aux puissances de la vie et pour les employer à la satisfaction de ses besoins matériels comme de ses plaisirs esthétiques.
Dans le seul duché du Bourbonnais, on comptait 240 seigneuries, et chacune avait sa loi propre. […] Et ainsi la dérogation à la loi que nous tentions d’établir ne serait peut-être qu’apparente. […] Il est d’ailleurs de l’essence d’un pouvoir central de penser, en légiférant, par genres plutôt que par espèces, et d’universaliser les lois. […] L’unification des sociétés hâte le moment ou les individus sont tenus pour les vrais titulaires du droit et où l’opinion publique déclare qu’il faut les juger, non en vertu de lois spéciales, d’après leur rang, mais en vertu de lois uniformes, d’après leur mérite personnel. […] Tantôt on nomme libertés les droits garantis ; on considère alors la vraie liberté comme postérieure à l’État, fille des lois qu’il promulgue et sanctionne.
Le Livre n’érige pas la loi constitutionnelle. Le Livre ne veut pas être une Table de Loi. […] Ce principe est sans exception : la loi extérieure, pour valoir, ne doit que sanctionner la loi intérieure. […] La même loi continuera de plier les écrivains à sa discipline. […] Il y a là une loi infaillible qui s’exerce d’elle-même.
Cette loi d’évolution va nous apparaître maintenant sous un nouvel aspect140. […] « Une série continue de changements étant ainsi le sujet de la psychologie, son œuvre c’est de terminer la loi de leur succession. […] Le problème consiste donc à déterminer leur ordre », c’est-à-dire à déterminer a loi même de l’intelligence. […] Herbert Spencer assigne à la loi d’association une base physiologique. […] Bref, il n’y a qu’une seule loi d’association : c’est que chaque phénomène s’agrège avec son semblable dans le temps.
La douleur nous excite à la fuir, voilà un fait ou une loi ; nous nous représentons le temps avec une seule dimension, l’espace avec trois, la couleur, les sons, les odeurs avec une intensité quelconque, etc. ; voilà d’autres faits ou lois d’expérience, qui se trouvent être les lois de l’expérience elle-même telle qu’elle est toujours, conséquemment les plus générales des lois. […] Et en quoi l’existence d’une loi expérimentale prouve-t-elle l’existence d’une forme a priori. […] Dans ses essais pour expliquer la genèse de l’idée du temps, Guyau suppose l’expérience avec les lois physiologiques et psychologiques qui la rendent possible, et qui elles-mêmes rentrent dans les lois générales de l’univers. La question est de savoir s’il faut, au lieu du jeu des lois de la sensation, de l’émotion et de l’appétit, invoquer une loi transcendantale ou, pour mieux dire, une faculté transcendantale. Hypothèse paresseuse, ignava ratio, qui, loin d’expliquer l’expérience par des lois, érige en loi l’absence même de loi naturelle sous le nom d’intuition pure ou de forme a priori.
Non que cette loi s’accomplisse toujours jusqu’au bout ; parfois des perturbations se rencontrent ; mais, quand il en est ainsi, ce n’est pas que la loi soit fausse, c’est qu’elle n’a pas seule agi. […] Loi des dépendances mutuelles. Loi des influences proportionnelles. […] Loi de formation d’un groupe. […] Montesquieu, Esprit des lois, Principes des trois gouvernements.
Aristote ayant distingué les genres lyrique, épique et dramatique, en faisant à leur sujet certaines observations pratiques qui se ramenaient à des lois, on s’ingénia à perfectionner son système. […] Or, les règles et les formes ont bel et bien fini par remplacer les lois et les genres, l’esprit paresseux de l’homme préférant toujours le facile au difficile, la ressemblance extérieure à la parenté profonde. […] Croce me semble faire à plus d’une reprise ; il étend aux genres littéraires et à leurs conditions psychologiques (lois) la critique méritée par les formes et par les règles. […] C’est là, chez les très grands, qu’il faut chercher un enseignement, au lieu de nier les lois en citant l’exemple des médiocres. […] La littérature française sera la base de ma démonstration ; de toutes les littératures à moi connues, c’est elle qui réalise le plus clairement la loi, et j’en dirai le pourquoi.
La concomitance constante est donc, par elle-même, une loi, quel que soit l’état des phénomènes restés en dehors de la comparaison. […] Il est vrai que les lois établies par ce procédé ne se présentent pas toujours d’emblée sous la forme de rapports de causalité. […] Mais il est impossible de comprendre comment l’instruction peut conduire au suicide ; une telle explication est en contradiction avec les lois de la psychologie. […] Dès qu’on a prouvé que, dans un certain nombre de cas, deux phénomènes varient l’un comme l’autre, on peut être certain qu’on se trouve en présence d’une loi. […] Car les variations d’un phénomène ne permettent d’en induire la loi que si elles expriment clairement la manière dont il se développe dans des circonstances données.
— Lois qui en résultent. — Impuissance du pur formalisme dans l’art. — Flaubert. — Le fond vivant doit toujours transparaître sous la forme. […] Si l’art était ramené à ce seul but, produire des sensations agréables, son domaine serait relativement limité et ses lois beaucoup plus fixes. […] L’art, pour représenter la vie, doit observer deux ordres de lois : les lois qui règlent en nous les rapports de nos représentations subjectives et les lois qui règlent les conditions objectives dans lesquelles la vie est possible. Les lois qui dominent les rapports des représentations forment une sorte de science de la perspective intérieure. […] Ces faits, dans la science, expriment des lois purement objectives ; dans l’histoire, des lois psychologiques et humaines.
Que telles soient nos lois, c’est un fait qui ne se peut contester. Que ces lois soient justes, le seul bon sens, la seule droite raison l’inculquent. Au dehors, le bon ordre, la conservation des familles, la paix et l’honneur des mariages, la source des alliances, la solidité des établissements, tout crie en faveur de ces lois ; au dedans de nous-même, une voix puissante se fait entendre qui les canonise et nous les fait respecter comme l’explication des lois de Dieu même. » Quelle accablante autorité dans la pensée et dans le style ! « De tout temps (continue-t-il encore), de tout temps il y a eu des bâtards, et de tout temps aussi des lois qui les anéantissent. […] Transgression de la loi des races royales qui menaient le monde et de l’hérédité qui les rendait inamovibles et éternelles, encore une fois, c’était la fin !
Il accepte la foi du sens commun au monde matériel et aux sens, qui nous le révèlent ; il s’inquiète des faits et de leurs lois, non de l’essence ; il contrôle le témoignage des sens sans le discuter. […] Mais un amas de faits bien constatés n’est pas une science : il reste à saisir les rapports, à grouper les ressemblances, à induire les lois, à rechercher le général. […] Ce qui est démontré, constaté, formulé en lois, est invariablement acquis, indépendant des lieux et des époques. […] Elle recherche comment les lois générales des faits psychologiques, par leurs combinaisons, leurs croisements, produisent telle variété de caractère individuel ou national. […] Si nous allons maintenant de la psychologie abstraite à la psychologie concrète ; si, laissant l’analyse pour la synthèse, nous recherchons non plus les lois générales, mais les lois dérivées ; si nous essayons de déterminer comment ces lois, par leurs croisements, déterminent les variétés psychologiques, nous rencontrons une science nouvelle, celle du caractère, ou, comme l’appelle M.
L’étude seule de la Loi passait pour libérale et digne d’un homme sérieux 132. […] Le Canon des livres saints se composait de deux parties principales, la Loi, c’est-à-dire le Pentateuque, et les Prophètes, tels que nous les possédons aujourd’hui. […] La Loi, qui représentait, non les anciennes lois du pays, mais bien les utopies, les lois factices et les fraudes pieuses du temps des rois piétistes, était devenue, depuis que la nation ne se gouvernait plus elle-même, un thème inépuisable de subtiles interprétations. […] La Loi ne paraît pas avoir eu pour lui beaucoup de charme ; il crut pouvoir mieux faire. […] La négation du miracle, cette idée que tout se produit dans le monde par des lois où l’intervention personnelle d’êtres supérieurs n’a aucune part, était de droit commun dans les grandes écoles de tous les pays qui avaient reçu la science grecque.
— Gardiennes des lois naturelles. — Vengeresses du meurtre. […] Les Érynnies y personnifièrent, dès qu’elles apparurent, le remords et le châtiment : — plus encore, les lois primordiales de la nature et du monde dont le dépôt était sous leur garde. […] Surveillantes de la nature, elles la maintenaient dans ses lois prescrites ; leur contrôle embrassait l’ordre universel, l’axe du monde tournait sous leurs mains. […] En revanche, leurs privilèges sinistres étaient inviolables, et le cercle sanglant où s’exerçaient leurs vindictes ne pouvait être franchi par l’intrusion d’aucun dieu. — « Quand nous sommes nées », — dit l’un de leurs chœurs, — « le Sort nous imposa cette loi, que nous ne toucherions point aux Immortels, que nulle de nous ne pourrait s’asseoir à leurs festins, et que nous ne porterions jamais les vêtements blancs de la joie. […] Elles restaient dans la religion nouvelle par droit d’archaïsme, comme survivent, dans quelques Codes, des pénalités atrocement arriérées, non abolies, jamais appliquées ; fantômes odieux qui font tache sur la lumière des lois adoucies.
Mais nous pouvons apprendre qu’elles sont les lois de la vie et les lois de la pensée. […] Cette activité donne naissance à une suite d’idées, en vertu de la loi d’association. Car c’est une loi de la sensibilité que toute sensation doit se décharger, soit en une action réflexe, soit en un sentiment réflexe, soit dans les deux. […] On n’aurait pas exagéré la portée des objections, si l’on avait remarqué que l’influence de l’un des deux parents peut détruire celle de l’autre, et que, par suite, les exceptions apparentes à la loi d’hérédité viennent au contraire confirmer cette loi. […] Si cela était, la loi de conservation de l’énergie serait en défaut, puisqu’un mouvement aboutirait à quelque chose qui n’est ni un mouvement ni un mode de mouvement.
Et seules se peuvent assurer, et la loi géométrique d’univers en mouvement selon laquelle, d’éternité et pour éternité et dans l’illimité ils ont été, sont et seront, et les aidantes lois à, en l’unique savoir en Synthèse — détruire, d’éternité et pour éternité et dans l’illimité, hasards et hostilités. […] La théorie de « Sélection naturelle », émet en loi une constatation de « lutte pour la vie ». […] — Loi immanente à la Vie, qui la presse de connaître davantage et son milieu et elle-même (évolution), pour se perpétuer au mieux. […] (En quoi une loi d’ordre naturel nous couvre : lorsque l’organisme a amassé un surcroît de vitalités, alors seulement il est apte et appelé à procréer, à multiplier sa valeur). […] En trois parties ainsi dénommées : Dire du Mieux — Dire des Sangs — Dire de la Loi.
C’est une loi de 1791 qui régit encore la matière. […] Dans aucun cas, d’ailleurs, le Gouvernement n’eût pu intervenir comme le désiraient les directeurs, lesquels demandaient une enquête ayant pour but : 1º La révision de la loi du 13 janvier 1791, qui permet aux sociétés d’auteurs de traduire en police correctionnelle tout directeur qui peut se trouver en désaccord avec elles ; 2º La création d’un tarif pour les œuvres des auteurs, quelque minimes que soient ces œuvres, tarif qui, une fois établi et fixé, couperait court à bien des prétentions ; 3º Enfin que les contestations entre auteurs et directeurs, contestations qui sont essentiellement commerciales et rentrant dans le droit commun, soient jugées par les tribunaux civils ou de commerce et non par les tribunaux correctionnels. […] La loi du 13 janvier 1791 défend de jouer sur un théâtre public une pièce dramatique ou lyrique sans le consentement de l’auteur (ou des auteurs). […] Le second a été présenté l’année suivante, à, l’occasion de la loi sur la Propriété littéraire, et a été recueilli par l’auteur dans les Nouveaux Lundis, t. […] Puis, sont venus, en 1867 et 1868, les trois Discours, réimprimés dans ce volume, À propos des Bibliothèques populaires, — De la loi sur la presse, — De la liberté de l’enseignement. — Telles sont, du 28 avril 1865 au 13 octobre 1869, les marques du passage de M.
L’institution des synagogues avait donné à l’interprète de la Loi, au docteur, une grande supériorité sur le prêtre. […] Quand on le poussait à bout, il levait tous les voiles, et déclarait que la Loi n’avait plus aucune force. […] Cette Loi étroite, dure, sans charité, n’est faite que pour les enfants d’Abraham. […] que nous sommes loin d’un Judas Gaulonite, d’un Mathias Margaloth, prêchant la révolution au nom de la Loi ! […] Ce passage n’est pas en contradiction avec ceux où l’abolition de la Loi est impliquée.
L’utilité humaine, parce qu’elle représente en cet ordre la seule réalité qui nous soit connue, l’utilité humaine apparaît donc la loi qui préside à l’invention de toute réalité. […] Mais la loi de Bovarysme, qui gouverne l’existence du réel, intervient ici, ainsi qu’on l’a montré, pour imposer à la tendance que traduit cette formule, comme condition de sa persistance, le frein d’une tendance contraire. […] Si nous ne les voyons pas changer, si, en raison de leur durée, elles assument à nos yeux un caractère d’éternité, et nous masquent, sous l’apparence de la loi, l’acte arbitraire qui leur donna naissance, c’est parce qu’en raison de leur utilité fondamentale, au point de vue de la connaissance, l’esprit exerce à leur profit, avec une ténacité extraordinaire, le pouvoir d’arrêt dont il dispose. […] Aussi quelques philosophes ont-ils contesté déjà le caractère de nécessité métaphysique de ces notions et de ces lois. […] Cette loi de contrariété bovaryque s’exerce donc encore ici, qui oppose à la volonté consciente des hommes et à leurs desseins prémédités une volonté secrète et plus forte, au profit de laquelle est exploitée une énergie suscitée en vue d’une autre fin.
La meilleure expression de cette harmonie, c’est la Loi ; la Loi est une des conquêtes les plus récentes de l’esprit humain ; il y a encore des peuples qui vivent dans un miracle perpétuel et qui ne s’en étonnent pas. […] Cette conquête de la Loi, c’est à l’Astronomie que nous la devons, et c’est ce qui fait la grandeur de cette Science, plus encore que la grandeur matérielle des objets qu’elle considère. […] Quelques personnes ont exagéré le rôle de la convention dans la Science ; elles sont allées jusqu’à dire que la Loi, que le fait scientifique lui-même étaient créés par le savant. […] Non, les lois scientifiques ne sont pas des créations artificielles ; nous n’avons aucune raison de les regarder comme contingentes, bien qu’il nous soit impossible de démontrer qu’elles ne le sont pas. […] Mais ce que nous appelons la réalité objective, c’est, en dernière analyse, ce qui est commun à plusieurs êtres pensants, et pourrait être commun à tous ; cette partie commune, nous le verrons, ce ne peut être que l’harmonie exprimée par des lois mathématiques.
Pour faire passer son Esprit des lois, Montesquieu faisait de l’esprit sur les lois. […] Otez les surcharges ultérieures et divergentes ; il reste l’original, et cet extrait commun, par lequel toutes les copies concordent, est le déisme Même opération sur les lois civiles et politiques. […] lois insensées ! […] D’après ce principe, aux îles Hawaï, les habitants ont porté une loi qui défend de vendre des spiritueux aux indigènes et qui permet d’en vendre aux Européens. […] Il faut des arts, des lois, des gouvernements aux peuples, comme il faut des béquilles aux vieillards. » (Lettre à M.
(1884), Les Lois de l’imitation, op. cit. […] (1884), Les Lois de l’imitation, op. cit. […] (1884), Les Lois de l’imitation, op. cit. […] , 1884, Les Lois de l’imitation, op. cit. […] , 1884, Les Lois de l’imitation, op. cit.
En d’autres termes, je crois à la loi naturelle. […] La loi primitive, en d’autres termes la loi de la conscience, était insuffisante. […] Cette loi même n’a point les caractères d’une religion. […] La loi de Moïse n’est donc pas une religion. […] Est-ce là une loi de liberté ?
Cette loi, nous l’avons suivie avec religion. […] Qu’on explique alors comment le mensonge est la loi de l’art. […] Les lois sont légitimes par leur rapport à ces lois éternelles. […] Cette loi n’admet ni délai, ni accommodement, ni excuse. […] Si la volonté reconnaît des lois, ces lois ne sont pas des mobiles, des ressorts qui la meuvent : ce sont des lois idéales, celle de la justice par exemple ; la volonté reconnaît cette loi, et en même temps elle a la conscience de pouvoir s’y conformer ou l’enfreindre, ne faisant l’un qu’avec la conscience de pouvoir faire l’autre, et réciproquement.
Le physicien comprend la nature, non pas sans doute dans tous ses phénomènes, mais enfin dans ses lois générales, dans sa physionomie vraie. […] Là où le vulgaire voit fantaisie et miracle, le physicien et le philosophe voient des lois et de la raison. […] On se figure d’ordinaire les lois de l’évolution de l’esprit humain comme beaucoup trop simples. […] Il y a des lois, mais des lois très profondes ; on n’en voit jamais l’action simple, le résultat est toujours compliqué de circonstances accidentelles. […] Nul n’a mieux exposé ces lois que M.
L’analyse, c’est la révolution, la négation de la loi unique et absolue. […] Au fond, cette grande loi n’est pas seulement la loi de l’intelligence humaine 153. Évolution d’un germe primitif et syncrétique par l’analyse de ses membres, et nouvelle unité résultant de cette analyse, telle est la loi de tout ce qui vit. […] L’homme ne saura réellement que quand, en affirmant la loi générale, il aura la vue claire de tous les faits particuliers qu’elle suppose. […] À chacun son œuvre, telle est la loi de l’histoire.
L’homme de génie dut être considéré connue une créature à part, à laquelle les lois communes n’étaient pas applicables ; il était en dehors et au-dessus des lois morales et des lois sociales : le désordre eu était la condition indispensable. […] Confondre tant de faits différents, les expliquer tous de la même manière et pour des analogies superficielles qui peuvent se trouver incidemment entre l’un de ces états et la folie, conclure que le génie pris en soi est essentiellement de même nature que la folie, c’est méconnaître toutes les lois de l’observation scientifique. […] La parenté du génie et de l’idiotisme se prouve par la loi de l’hérédité qui les enchaîne presque toujours l’un à l’autre dans une même famille. […] On peut, sans doute, confirmer par des fails historiques bien attestés certaines lois démontrées déjà par l’observation et par l’expérience, mais établir des lois médicales sur de simples anecdotes historiques me paraît un procédé des moins rigoureux. […] Je suis bien loin de vouloir contester la loi mystérieuse, mais irrécusable de l’hérédité organique.
quelles sont les lois, les conditions de son travail ? […] Au troisième degré sont les lois particulières des genres. […] La loi du genre est de faire rire, comme celle de la tragédie est de faire pleurer. […] On ne parle pas naturellement comme il parle, mais il est naturel qu’il parle ainsi, selon les lois de la poésie lyrique : Boileau n’avait qu’un pas à faire, pour apercevoir que ces lois correspondaient à un état d’âme très particulier, mais très réel. […] Indépendamment des lois générales de la langue et du vers et des lois particulières des genres, la création poétique, de quelque nature qu’elle soit, doit observer certaines règles très fines, qui aident à dégager la nature et assurent le plaisir du lecteur.
L’histoire des lois somptuaires est celle de la lutte de ces deux efforts parallèles et de sens contraire. […] C’est une loi de la formation des idées qu’elles deviennent plus générales à mesure que les objets qu’elles embrassent deviennent plus variés. […] De même, on a affirmé qu’avec la civilisation la différenciation des crânes augmente ; mais les observations ne sont pas assez étendues pour que la loi soit incontestée. […] Entre ces deux « lois d’évolution » nous n’avons pas besoin de choisir ici. […] Tarde, Lois de l’Imitation, p. 219-239.
Esprit des lois, XXIV, ch. 19.] […] C’est que quelques-unes de ses lois peuvent nuire au bien de la société. […] Esprit des lois, XXIV, ch. 14.] […] Douterons-nous que Montesquieu ne sût ce qu’il disait quand il écrivait que « les lois humaines, — par rapport aux lois de la religion, — tirent leur avantage de leur nouveauté » [Cf. […] Bertolini, Analyse raisonnée de l’Esprit des lois, 1754, et au tome III de l’édition Laboulaye ; — d’Alembert, Analyse de l’Esprit des Lois, 1755, et en tête de l’édition Parrelle ; — Crévier, Observations sur te livre de l’Esprit des lois, 1764 ; — Destutt de Tracy, Commentaire sur l’Esprit des lois, Philadelphie, 1811 ; et 1819, Paris ; — Sclopis, Recherches historiques et critiques sur l’Esprit des lois, Turin, 1857 ; — Laboulaye, Introduction à l’Esprit des lois, Paris, 1876.
Dans ce fier héros, la loi sévère du devoir, du sang à verser pour laver un affront, parle plus haut que l’amour. […] C’est à Rome, la ville sans sérénité, la ville de la loi roide et des codes de morale stoïque. […] « Chacun doit soumettre sa volonté à l’étreinte de la loi, et la loi n’a jamais fait un grand homme ; la loi réduit à la lenteur de la limace ce qui aurait eu le vol de l’aigle229. » Le juge, enchaîné à un texte, ne peut juger selon sa propre inspiration. […] La contradiction est la loi du monde physique et du monde moral241. […] Mais ici je m’arrête plein de trouble, parce que je ne sais pas jusqu’à quel point la contradiction, qui est la loi du monde, doit être aussi la loi des écrits du philosophe qui la constate.
Il est apparu comme la loi même et comme la condition de la vie phénoménale. […] Mais le fait que la vie phénoménale persiste, l’ardeur dont témoigne l’humanité à la conserver et à la perfectionner interdisent de reconnaître la valeur d’une loi générale au vœu de cette sensibilité épuisée qui, pensant abolir la vie, n’abolit avec elle-même, dans l’effort de renoncement où elle se rétracte, qu’une maladie de la vie ! […] Il emporte avec lui son excellence et la confère aux lois dont nous le voyons dépendre. […] Cette fausse conception, que toutes les choses vivant d’une vie consciente prennent d’elles-mêmes, doit être tenue pour la loi même de toute vie phénoménale.
« Ce sera un des plus douloureux étonnements de l’avenir que, dans de nobles pays qui, au milieu de la prostration de l’Europe, avaient maintenu leur Constitution et semblaient être les derniers et sacrés asiles de la probité et de la liberté, ce sera, disons-nous, l’étonnement de l’avenir que, dans ces pays-là, il ait été fait des lois pour protéger ce que toutes les lois humaines, d’accord avec toutes les lois et divines, ont dans tous les temps appelé crime. « L’honnêteté universelle proteste contre ces lois protectrices du mal.
Sous cette république, si peu romaine, dont nous avons le bonheur de jouir, — car sous la république romaine on ne se battait pas, — sous cette république inconséquente, où l’on continue de se battre comme sous la détestable monarchie, et où l’austère républicain Dufaure rumine sur le duel une loi lente à venir, voici un homme, d’une exécution plus rapide, qui publie, lui, non pas une loi, mais tout un Code nouveau du Duel 30. […] Il faut lire dans le livre de Saint-Thomas tout cet édit de 1679, qui donne plus que n’importe quel acte de sa vie la mesure de la grandeur de Louis XIV… Jamais loi ne fut plus complète, plus largement assise, plus bâtie à chaux et à sable, à ce qu’il semblait, puisque c’était Louis XIV qui tenait la truelle ! et cependant, malgré sa puissance et la splendeur de sa loi, malgré cette superbe invention d’un héroïque tribunal d’honneur qui, la France constituée comme elle l’était alors, était une idée de génie, ce tribunal d’honneur n’empêcha pas ce qu’il devait empêcher, et les épées incoercibles passèrent à travers cet édit, qui est un chef-d’œuvre, et qu’elles déchirèrent. […] Serait-il même possible de prévoir l’espèce de loi qu’ils décréteraient contre le duel, pour rester modernes et républicains, dans ce temps si béatement humanitaire et si pourri d’indulgence, qui a aboli la confiscation comme trop dure, et qui va peut-être demain abolir la peine de mort contre les assassins ? […] « Ce ne sont pas les épées et les balles qui tuent, ce sont les témoins. » Cette phrase à la Montesquieu résume, en effet, tout le livre du comte de Saint-Thomas, et donne l’esprit des lois qu’il a écrites dans son Code du Duel.
N’a-t-il pas fallu que les lois divines et les lois humaines refrénassent la nature ? […] C’est qu’ils ont connu la nature, et c’est qu’ils ont conformé leurs lois à la connaissance qu’ils en avaient. […] Cent ans avant que d’être inscrite dans les lois, la cause de la tolérance était gagnée dans l’opinion. […] Telle est, par exemple, l’idée de l’immutabilité des lois de la Nature. […] S’il n’y a de lois que du général, à plus forte raison, pourrait-on presque dire, il n’y en a que du permanent, de ce qui demeure, de ce qui subsiste identique à soi-même sous l’écoulement des phénomènes ; et la notion de nécessité est inséparable de l’idée même de loi.
La loi est égale pour tous. […] Incorrigibles inégalités de la nature et de la loi ! La sagesse du législateur paraît être de les pallier une à une, siècle par siècle, loi par loi. […] Quel parti pouvait légitimement alors invoquer la loi ? […] La loi n’était plus, ou plutôt la loi, c’était la Révolution elle-même !
À notre vue l’univers se meut : ou le mouvement est, de toute éternité, la loi et le propre de la vie — ou le geste métaphysique qui brise le sceau de l’unité et pose l’objet devant le sujet, déclenche aussi le ressort qui engendre dans le temps et dans l’espace le mouvement du multiple sons l’influence de la cause. […] Ainsi la loi d’une chose en mouvement et qui n’existe qu’à la condition d’être toujours divisée avec elle-même, de n’atteindre jamais à un état de repos, c’est de devenir à tout moment autre qu’elle n’est. Devenir autre est la loi de la vie. Or dans l’être qui prend conscience de la vie qui l’anime et en forme une représentation, cette loi se transforme et devient la nécessité de se concevoir autre.
. — Les lois des idées se ramènent aux lois des images. […] Cette qualité abstraite est la cause de toute la série ; elle la force à être infinie ; c’est elle seule que nous apercevons ; quand nous disons que nous concevons la série comme infinie, cela signifie seulement que nous démêlons cette propriété de régénération inépuisable : nous ne saisissons que la loi génératrice ; nous n’embrassons pas tous les termes engendrés. — Mais pour nous l’effet est le même ; car, appliquant la loi, nous pouvons définir n’importe quel terme de la série, mesurer exactement le surcroît d’approximation qu’il apporte au quotient, chiffrer rigoureusement le degré d’inexactitude que la division renferme encore, si ou l’arrête là. […] Nous posons, comme tout à l’heure, cette loi générale que la grandeur en question se continue hors d’elle-même par une autre grandeur toute pareille, celle-ci de même, et ainsi de suite, sans qu’une limite puisse intervenir. […] Nous avons oublié le mot qui est toute la substance de notre opération ; nous l’avons traité en accessoire, et nous avons considéré l’opération, moins ce qu’elle contient ; reste le vide. — Cette erreur de conscience est très fréquente et dérive d’une loi générale. […] Puisque nos idées se ramènent à des images, leurs lois se ramènent aux lois des images ; ce sont donc les images que nous allons étudier.
Nous ne pouvons étudier ici que quelques exemples de cette loi. […] Alph. de Candolle a démontré que les arbres ont, en général, une extension limitée, quelle que puisse être d’ailleurs la cause de cette loi. […] On pourrait donner d’innombrables exemples de cette loi ; je n’en citerai qu’un, celui de l’Archipel Galapagos, situé sous l’équateur, entre 500 et 600 milles des rivages de l’Amérique du Sud. […] Il est un point sur lequel Édouard Forbes a souvent insisté : c’est qu’il existe un parallélisme frappant entre les lois de la vie dans le temps et dans l’espace ; les lois qui gouvernent la succession des formes organiques à travers la série des temps géologiques écoulés, étant presque les mêmes que celles qui gouvernent aujourd’hui leur distribution dans les diverses régions du globe. […] Cette loi de la moindre variabilité des organismes inférieurs n’est probablement que d’une vérité relative, c’est-à-dire une résultante moyenne de causes contingentes.
La loi régulière du progrès, prenant son point de départ dans le syncrétisme pour arriver, à travers l’analyse, qui seule est la méthode légitime, à la synthèse, qui seule a une valeur philosophique, pourrait le faire espérer. […] Celui qui n’a point appris de la géologie l’histoire de notre globe et des êtres qui l’ont successivement peuplé ; de la physiologie, les lois de la vie ; de la zoologie et de la botanique, les lois des formes de l’être et le plan général de la nature animée 88 ; de l’astronomie, la structure de l’univers ; de l’ethnographie et de l’histoire, la science de l’humanité dans son devenir ; celui-là peut-il se vanter de connaître la loi des choses, que dis-je ? […] Il est indubitable aussi que l’apparition de l’humanité sur la terre s’est faite en vertu des lois permanentes de la nature 89 et que les premiers faits de sa vie psychologique et physiologique, bien que si étrangement différents de ceux qui caractérisent l’état actuel, étaient le développement pur et simple des lois qui règnent encore aujourd’hui, s’exerçant dans un milieu profondément différent. […] Lois qui ont produit cette apparition, laquelle se continue encore dans les recoins de la nature Il faudrait, pour aborder ce côté de la question, posséder à fond la physiologie comparée, et être capable d’avoir un avis sur la question la plus délicate de cette science.
« Nos idées naissent ou existent dans l’ordre où ont existé les sensations dont elles sont les copies. » Telle est la loi générale de l’association des idées. […] « L’anticipation du futur par le moyen du passé, bien loin d’être un phénomène sui generis, est renfermée dans une des lois les plus générales de l’esprit humain. » Quand donc Dugald Stewart et d’autres l’érigent en objet d’admiration, en prodige, en chose qui ne rentre sous aucune loi générale et qu’ils nous disent qu’ils ne peuvent la rapporter qu’à un instinct ; ce qui équivaut à dire, à rien du tout — le terme instinct dans tous les cas ne signifiant que notre ignorance — ils ne montrent que leur impuissance à ramener les phénomènes de l’esprit à la grande loi compréhensive de l’association. Ils semblent avoir eu une très inexplicable et très antiphilosophique aversion pour admettre cette loi, dans son sens large ; comme si cette simplicité en vertu de laquelle on trouve qu’une loi est renfermée dans une plus haute, et celle-ci dans une plus haute, et ainsi de suite, jusqu’à un petit nombre qui paraissent tout renfermer, ne devait pas se retrouver dans le monde de l’esprit, comme dans celui de la matière39. […] La loi fondamentale de l’association consiste en ce que quand deux choses ont été fréquemment trouvées ensemble, l’une rappelle l’autre. […] Cette grande loi de notre nature nous montre immédiatement de quelle manière notre idée du futur est produite.
Moyennant quoi l’on voit se dégager à demi des ténèbres qui les rendent redoutables quelques-unes des lois qui semblent présider au développement moral du monde : lois de solidarité, de réversibilité, de responsabilité collective, d’expiation familiale ; et par suite on entrevoit d’étranges communications, non encore définies, des âmes entre elles et de celles des vivants avec celles des morts, de subites et effrayantes lacunes de la personnalité et de l’identité du moi, et des sortes de substitutions de consciences […] L’accomplissement d’une parole divine (Je châtierai l’iniquité du père sur les enfants) par la loi darwinienne de l’atavisme, voilà la Tresse blonde. […] Et sent-on assez là-dedans l’application d’une loi Mais nous ne sommes frappés que des cas où cette loi semble appliquée : or il y en a des millions où rien de semblable n’apparaît Qu’en savez-vous ?
C’est cette loi de variations simultanées que j’entends exprimer par le terme de corrélation de croissance. […] Waterhouse ayant trait à la loi que j’énonce ici. […] Lubbock a remarqué récemment que plusieurs petits crustacés offrent d’évidentes applications de cette loi. […] Or, ces diverses lois sont en étroite connexion les unes avec les autres. […] — Convenons d’abord que notre ignorance concernant les lois de la nature est encore profonde.
Le pouvoir absolu du peuple sur les langues s’étend sous un rapport à la législation : le peuple donne aux lois le sens qui lui plaît, et il faut, bon gré malgré, que les puissants en viennent à observer les lois dans le sens qu’y attache le peuple. […] Les grands sont obligés d’observer les lois par lesquelles les rois fondent la monarchie, dans le sens ordinairement favorable à l’autorité royale que le peuple donne à ces lois.
C’est là un premier point très important, mais on n’est pas entré plus avant ; pourquoi les raies du spectre sont-elles distribuées d’après une loi régulière ? Ces lois ont été étudiées par les expérimentateurs dans leurs moindres détails ; elles sont très précises et relativement simples. […] Les lois sont plus simples, mais elles sont de toute autre nature et pour ne citer qu’une de ces différences, pour les harmoniques d’ordre élevé le nombre des vibrations tend vers une limite finie ; au lieu de croître indéfiniment. […] Alors les faits qui d’abord nous apparaissaient comme simples ne seraient plus que les résultantes d’un très grand nombre de faits élémentaires que les lois seules du hasard feraient concourir à un même but. La loi physique alors prendrait un aspect entièrement nouveau ; ce ne serait plus seulement une équation différentielle, elle prendrait le caractère d’une loi statistique.
La loi en est pourtant bien simple, et le premier teinturier à qui vous portez un échantillon d’étoffe nuancée, jette la pièce d’étoffe blanche dans sa chaudière, et sait l’en tirer teinte comme vous l’avez désirée. Mais le peintre observe lui-même cette loi sur sa palette quand il mêle ses teintes. Il n’y a pas une loi pour les couleurs, une loi pour la lumière, une loi pour les ombres ; c’est partout la même. […] Une loi assez générale, c’est qu’il n’y ait au fond aucune teinte qui comparée à une autre teinte du sujet, soit assez forte pour l’étouffer ou arrêter l’œil.
Sa Majesté Impériale n’est pas de l’avis de Bayle, qui prétend qu’une société d’athées peut être aussi ordonnée qu’une société de déistes, mieux qu’une société de superstitieux79 ; elle ne pense pas, comme Plutarque, que la superstition est plus dangereuse dans ses effets et plus injurieuse à Dieu que l’incrédulité80 ; elle ne définit pas avec Hobbes la religion une superstition autorisée par la loi, et la superstition une religion que la loi proscrit. […] Malgré les maux infinis que les opinions religieuses ont faits à l’humanité, malgré les inconvénients d’un système qui met la confiance des peuples entre les mains du prêtre, toujours rival dangereux du souverain, qui donne un supérieur au chef de la société et qui institue des lois plus respectables et plus saintes que les siennes ; elle est persuadée que la somme des petits biens journaliers que la croyance produit dans tous les États compense la somme des maux occasionnés entre les citoyens par les sectes et entre les nations par l’intolérance, espèce de fureur maniaque à laquelle il n’y a point de remède81. Il est donc à propos que l’enseignement de ses sujets se conforme à sa façon de penser et qu’on leur démontre la distinction des deux substances, l’existence de Dieu, l’immortalité de l’âme et la certitude d’une vie à venir, comme les préliminaires de la morale ou de la science qui fait découler de l’idée du vrai bonheur, et des rapports actuels de l’homme avec ses semblables, ses devoirs et toutes les lois justes ; car on ne peut, sans atrocité, m’ordonner ce qui est contraire à mon vrai bonheur, et on me l’ordonnerait inutilement. […] Je désirerais qu’on diminuât la sécheresse de l’étude du globe par quelques détails sur les religions, les lois, les mœurs, les usages bizarres, les productions naturelles et les ouvrages des arts. […] Les Devoirs de l’Homme et du Citoyen, tels qu’ils lui sont prescrits par la loi naturelle, traduits par Barbeyrac.
Méthode mathématique Définition de l’homme abstrait Contrat social Indépendance et égalité des contractants Tous seront égaux devant la loi, et chacun aura une part dans la souveraineté. […] Ainsi tous seront égaux devant la loi ; nulle personne, famille ou classe, n’aura de privilège ; nul ne pourra réclamer un droit dont un autre serait privé ; nul ne devra porter une charge dont un autre serait exempt D’autre part, tous étant libres, chacun entre avec sa volonté propre dans le faisceau de volontés qui constitue la société nouvelle ; il faut que, dans les résolutions communes, il intervienne pour sa part. Il ne s’est engagé qu’à cette condition ; il n’est tenu de respecter les lois que parce qu’il a contribué à les faire, et d’obéir aux magistrats que parce qu’il a contribué à les élire. […] On les a déduits rigoureusement d’une définition primordiale ; on déduira d’eux non moins rigoureusement les autres droits du citoyen, les grands traits de la constitution, les, principales lois politiques ou civiles, bref l’ordre, la forme et l’esprit de l’État nouveau. […] Sans pouvoir obliger personne à les croire, il faut bannir de l’État quiconque ne les croit pas ; il faut le bannir non comme impie, mais comme insociable, comme incapable d’aimer sincèrement les lois, la justice, et d’immoler au besoin sa vie à son devoir » Prenez garde que cette profession de foi n’est point une cérémonie vaine : une inquisition nouvelle en va surveiller la sincérité. « Si quelqu’un, après avoir reconnu publiquement ces mêmes dogmes, se conduit comme ne les croyant pas, qu’il soit puni de mort ; il a commis le plus grand des crimes : il a menti devant les lois. » — Je le disais bien, nous sommes au couvent.
Or, crime ou entreprise, la loi, brutale pour tous, punit cela de mort. […] la loi aux expédients ! […] Le voyez-vous scier avec une loi mal faite le cou d’un misérable ? […] Nous avons déjà convaincu votre loi d’assassinat. […] La douce loi du Christ pénétrera enfin le code et rayonnera à travers.
Dans toute religion la loi du fidèle, son idéal, c’est l’imitation du dieu. […] Ces règles dérivent elles-mêmes des lois générales de toute manifestation de l’esprit par la forme sensible, c’est-à-dire des lois du beau et de la science qui les détermine. […] Maintenant que le christianisme a fait que la loi de solidarité est devenue une loi de charité, il est impie de frapper le coupable dans un but de vengeance pour la société ; c’est l’utilité même du prévaricateur qui doit être prise pour base des lois répressives. […] Le langage primitif fut donc une poésie soumise aux lois du rythme ; ces lois ne sont point arbitraires, elles ne sont pas le résultat d’une convention. […] Toute espèce de rythme est fondé sur une des lois de l’harmonie éternelle, et tout ce qui est une loi est par excellence une vérité.
Le prince est, pour ainsi dire, forcé par son siècle ; la voix publique lui sert de loi ; d’ailleurs il s’honore lui-même, et alors il n’y a presque que de l’orgueil à être juste. […] Jamais vous n’avez été plus grand, ni plus utile à la terre. » De ce sentiment d’humanité naît, dans le prince, le devoir d’adoucir la sévérité de la loi. « Car le juge rigide condamne souvent celui que la loi absoudrait, si elle pouvait prononcer : le juge alors est esclave. […] Il n’en est pas de même du prince : il est la loi qui parle et qui respire, et non pas cette loi muette et sourde représentée par des caractères immobiles. Aussi, dit-il à Théodose, nous étions accoutumés à voir l’or retourner du trésor public à ceux à qui on l’avait injustement enlevé, mais nous venons de voir plus ; nous avons vu des hommes menés par la loi aux portes de la mort, ramenés à la vie par le prince ; car de tous nos empereurs, tu es celui qui respecte le plus la loi ; mais tu sais que par respect pour la loi même, il faut quelquefois s’en écarter. » Et dans le même discours, faisant allusion à la fable célèbre des deux tonneaux d’Homère : « Sous ton empire, nous connaissons le tonneau du bien, d’où s’épanchent la félicité, la richesse et la vie.
Énonçons tout de suite la loi qui nous paraît gouverner les faits de ce genre. […] Nous ne suivrons pas cette loi dans le détail de ses applications immédiates. […] Qu’il accepte la loi fondamentale de la vie, qui est de ne se répéter jamais ! […] Elle obéit à des lois, ou plutôt à des habitudes, qui sont à l’imagination ce que la logique est à la pensée. […] Mais peut-être certains exercices des clowns de cirque fourniraient-ils une vérification plus précise de la même loi.
Seulement nous connaîtrons la loi des phénomènes de la substance vivante et organisée, et en nous soumettant à ces lois nous pourrons faire varier les actions qui en dépendent. […] L’expérimentateur ne peut changer les lois de la nature. […] Quand un chimiste fait apparaître un corps nouveau dans la nature, il ne saurait se flatter d’avoir créé les lois qui l’ont fait naître ; il n’a fait que réaliser les conditions qu’exigeait la loi créatrice pour se manifester. […] Cuvier lui-même développe la même pensée, que la vie est une force qui résiste aux lois qui régissent la matière brute ; la mort ne serait que le retour de la matière vivante sous l’empire de ces lois. […] Bichat, nous le savons déjà, pose en principe que les lois des sciences physiques sont absolument opposées aux lois des sciences vitales.
Il n’y avait plus, en un mot, ni persécution, ni faveur, ni religion d’État : véritable condition de la liberté des âmes dans l’impartial et inviolable exercice de leur loi religieuse, indépendante de la loi politique ; situation sous laquelle nous voyons fleurir dans le vaste continent américain, comme en Irlande, en Orient, en Hollande, en Helvétie, la religion d’autant plus sainte qu’elle est moins humaine. […] Il substitue la nation à Dieu et la loi de police des cultes à la conscience, siège unique de la foi. […] Ces vrais besoins des peuples étaient-ils de remettre Dieu dans la loi, le prêtre, magistrat de la foi, dans la dépendance du magistrat civil, le magistrat civil dans la dépendance du prêtre, le fidèle dans le citoyen, le citoyen dans le fidèle, une partie de la religion dans la loi, une autre partie hors la loi, et de rebâtir ainsi, au profit, non de la religion des peuples, mais à l’usage et au profit de la souveraineté civile, cette Babel de foi et de loi, de Dieu et de l’homme, de servitude et de révolte, de tolérance de l’erreur et d’intolérance de la vérité, qu’on appelle un concordat ? […] Conserver la fidélité des caractères, laisser à chacun son vice et sa vertu propre, c’est la loi de l’histoire comme c’est la loi du drame. […] Si la première loi de l’histoire est d’être véridique, la première loi de la critique est d’être arbitre entre les événements et l’historien.
Mais du moment que l’homme naît dans la société, comme il naît dans la raison, il n’est pas plus libre de récuser les lois de la société que de récuser les lois de la raison. […] Il naît partie de la société, il naît sous la loi. […] La morale a été conçue jusqu’ici d’une manière fort étroite, comme une obéissance à une loi, comme une lutte intérieure entre des lois opposées 166. […] Or, une liberté réglée constitue en effet une chaîne plus étroite que l’absence de la loi. […] Il importe donc assez peu que la loi laisse ou refuse la liberté aux idées nouvelles ; car elles vont leur chemin sans cela, elles se font sans la loi et malgré la loi, et elles gagnent infiniment plus à se faire ainsi que si elles avaient grandi en toute légalité.
Que Bossuet, par son beau chapitre sur les Romains, puisse être comparé avec Montesquieu sur le même sujet, je le veux bien ; mais l’Esprit des Lois, à quoi le comparez-vous ? […] A l’époque de l’Esprit des Lois, l’esprit de censure ne s’était pas encore déchaîné, comme il l’a fait à la fin du siècle. […] L’Esprit des Lois est lui-même, après les Lettres persanes, le commencement et un des premiers grands exemples de l’esprit de censure. […] Montesquieu lui-même paraît avoir plutôt un sentiment juste des convenances qu’un respect réfléchi de la loi. […] Comment faire de cela une loi ?
Vous détachez cette faculté égoïste et politique, et vous en déduisez aussitôt tous les caractères de la société et du gouvernement romain, l’art de combattre, de négocier et d’administrer, l’invincible amour de la patrie, le courage orgueilleux et froid, l’esprit de discipline, le projet soutenu et accompli de conquérir, garder et exploiter le monde, le respect de la loi, le talent de la résistance et de l’attaque légale, la mesure et l’obstination dans les luttes civiles ; partout la réflexion qui calcule et la volonté qui se maîtrise. […] Il reste des définitions de l’homme, de l’animal, de la plante, du corps chimique, des lois physiques, du corps astronomique, et il ne reste rien d’autre. […] Elle vient d’un fait général semblable aux autres, loi génératrice d’où les autres se déduisent, de même que de la loi de l’attraction dérivent tous les phénomènes de la pesanteur, de même que de la loi des ondulations dérivent tous les phénomènes de la lumière, de même que de l’existence du type dérivent toutes les fonctions de l’animal, de même que de la faculté maîtresse d’un peuple dérivent toutes les parties de ses institutions et tous les événements de son histoire. L’objet final de la science est cette loi suprême ; et celui qui, d’un élan, pourrait se transporter dans son sein, y verrait, comme d’une source, se dérouler, par des canaux distincts et ramifiés, le torrent éternel des événements et la mer infinie des choses. […] Ils se sont envolés d’un bond dans la loi première, et, fermant les yeux sur la nature, ils ont tenté de retrouver, par une déduction géométrique, le monde qu’ils n’avaient pas regardé.
Résumé : La loi d’unité de type et celle des conditions d’existence sont comprises dans la théorie de sélection naturelle. […] De même, des caractères autrefois utiles, ou qui peuvent être apparus primitivement en vertu des lois de la corrélation de naissance, ou de toute autre cause inconnue, peuvent réapparaître par un effet de la loi de réversion, bien que n’étant actuellement d’aucune utilité. […] Résumé : La loi d’unité de type et celle des conditions d’existence sont contenues dans la théorie de sélection naturelle. […] La queue des animaux aquatiques conservée chez leurs descendants terrestres est un exemple frappant de cette loi. […] Il suit de là qu’en fait la loi des conditions d’existence est la loi suprême, et qu’elle comprend, au moyen de l’hérédité des adaptations antérieures, celle d’unité de type.
On ne peut donc en douter : à cette race sans nom, et ce peuple multiple et mêlé qui s’étend si loin du nord au sud de l’Amérique, appartient déjà le meilleur des enthousiasmes patriotiques, celui qui tient à la liberté comme au sol, et qui a respiré l’amour des lois avec l’air natal. […] Sans doute, par l’imperfection humaine et l’imperfection démocratique, il a été, en Amérique, bien dérogé à cette loi divine, au milieu de l’empire qu’on affectait de lui reconnaître. […] Mais la liberté, qui permet bien des erreurs et bien des abus, a du moins ce salutaire effet de ne point les laisser en repos, de les inquiéter sans cesse par la contradiction et le blâme, de soulever au besoin contre eux la conscience humaine, et, tôt ou tard, de corriger la loi par l’instinct moral. […] Cette puissance de création littéraire enfin, qui manque encore à l’Amérique, sera-t-elle longtemps attardée et comme étouffée sous le poids du progrès actif de tous et du mouvement de chaque jour, par un effet presque analogue à cette loi de la discipline et du grand nombre, qui, dans la masse des immenses armées modernes et leurs efforts savamment simultanés sous les feux qu’elles bravent, laisse moins entrevoir la part de l’héroïsme et de l’inspiration individuelle ? […] Religion, liberté, patriotisme, culte des lois, amour des arts, où que vous soyez, il peut toujours, quand vous êtes, s’élever un poëte lyrique !
L’univers ne montre pas d’exception à cette loi. […] C’est là une loi qu’il importe de faire ressortir. […] Il n’y a rien dans la loi de l’évolution de l’herbe qui implique qu’elle doit être broutée par l’herbivore ; rien dans la loi d’évolution de l’herbivore qui indique qu’il doit être dévoré par un carnassier ; rien dans la loi de végétation de la canne qui annonce que son sucre devra sucrer le café de l’homme. […] Telle est la loi. […] C’est, en un mot, le règne de la loi du plus fort, loi qui n’a rien de nécessaire, puisque les hasards du combat vital peuvent faire que tel être échappe à la mort, tandis que tel autre succombe.
Mal et bien, est-ce là toute la loi ! — La loi ! […] Vous demandez d’un fait : Est-ce toute la loi ? […] Ce tabernacle du firmament, c’est le suaire sous lequel l’âme cherche en vain à découvrir non plus les lois physiques et mathématiques, mais les vraies lois du monde moral, qui semblent ensevelies dans la mort. […] Océan où tombe tout ce laisse tomber que la loi !
L’éternité du sage est dans les lois qu’il trouve. […] Que m’importent ton ordre apparent et tes lois. Ces lois lois que l’on croyait divines autrefois, Et qui sont simplement une habitude prise ? […] Les lois en dériveraient, et n’en dériveraient que çà et là. […] Où donc est la loi vraie ?
Il y a des flots qui s’appellent eux-mêmes, se maintiennent, se suspendent, sans qu’on puisse ramener leur mouvement à une loi. […] — Nous répondrons d’abord que l’intervention d’un nombre immense de lois pourrait elle-même produire un phénomène original, qui ne s’exprimerait plus par une loi, mais par des milliers de lois ; au lieu d’être attaché à une chaîne, il serait attaché à mille ; en serait-il plus libre ? […] Renouvier, échappe aux lois. » S’il en est ainsi, il ne dépend pas de nous de réaliser des phénomènes qui seraient vraiment sans raison et sans loi. […] Par cela même, la liberté n’est pas « sans lois », mais elle a des lois propres, très différentes par leur nature des lois physiques. […] On n’est pas libre par l’affranchissement des lois de l’intelligence, mais, tout au contraire, par leur entier accomplissement.
A cette loi que M. […] Nous ne savons pas comment ces grands hommesdz se produisent ; la loi qui règle la naissance et la nature des génies et des talents nous est inconnue ; nous savons seulement qu’aucune des hypothèses que l’on a émises sur ces lois ne rend compte de tous les faits. […] Ribot, Hérédité, éd. 1882 : les lois : « Les caractères individuels sont-ils héréditaires ? […] L’idée de « loi des dépendances mutuelles » est un emprunt à la méthode analytique de Taine, elle-même héritière sur ce plan des sciences de la nature. […] C’est toujours la « loi d’évolution » de Spencer qu’Émile Hennequin brandit contre le déterminisme de Taine.
Elle préside aux conseils de la politique, elle dicte aux cités leurs institutions et leurs lois. […] Les vieilles lois immuables enracinées dans la vétusté vont être ébranlées par des lois nouvelles, instables et changeantes comme l’esprit des hommes. […] vous avez foulé aux pieds les lois antiques, en arrachant cet homme de mes mains ! […] De cette alliance entre la vengeance et la loi, naîtra la Justice. […] L’homme ne corrige ses lois qu’après avoir corrigé ses dieux.
La volition comme synthèse déterminée par des lois. […] D’autre part, les réactions extérieures de ces cellules tombent, comme il est inévitable, sous les lois du mécanisme. […] Il ne peut même se développer que selon les lois du mécanisme, dont il enveloppe la conception idéale, sous la forme du souvenir et de la prévision. […] — Si vous désignez, répondrons-nous, par volonté la réaction de notre moi, lequel est conscient du pouvoir même qu’il a de réagir par ses idées sur ses passions, il est vrai alors de dire que la volonté intervient dans la formation des motifs, mais elle intervient selon des lois, qui sont les lois mêmes de la pensée et du désir. […] Boutroux, De la contingence des lois de la nature, p. 140.
Mais le génie est caractérisé par la dérogation apparente à ces lois, c’est-à-dire par des conséquences de ces lois assez complexes et par des influences assez croisées pour amener des semblants d’exceptions, des semblants de contradictions. […] Taine de sa théorie sociologique et les lois générales qu’il pose sont insuffisantes : elles ne constituent qu’une partie de la vérité. […] Pour éprouver un sentiment à propos d’une lecture, il faut déjà le posséder ; or, la possession de ce sentiment n’est point une chose isolée et fortuite : il existe une loi de dépendance des facultés morales, aussi précise que la loi de dépendance des parties anatomiques ; la constatation d’un sentiment chez une personne, un groupe de personnes, une nation, à un certain moment, est donc une donnée importante pour établir la psychologie de ces hommes ou de cette nation à ce moment. […] Cette loi est formulée comme il suit par M. […] L’individuation est un problème qui rentre dans les lois générales de l’innovation, et tout ce qui est individuel, personnel, original, génial, tombe sous les mêmes lois.
On a fort remarqué les discours qu’il prononça dans la discussion sur la loi d’élection, pour combattre la majorité qui s’obstinait à repousser la loi même proposée par le Gouvernement, et à en substituer une autre, toute dans son intérêt et à sa guise. […] Un jour, non pas en 1815, mais depuis, sur une question assez peu importante, il monta à la tribune, et débuta ainsi tout à coup : « Que ne suis-je né dans un pays où il suffit de dire : La loi le défend ! […] Royer-Collard, plus expert que lui en telle matière, lut dans la discussion finale qui précéda de quelques jours à peine le terme de la session, et à l’occasion de la loi sur la dotation du Clergé. […] Prenant la Chambre à partie pour chaque projet de loi qu’elle avait ainsi transformé et dénaturé, il aboutit a résumer ses griefs et son acte d’accusation sous cette forme saisissante : « Proposer la loi, c’est régner. » Il alla même d’audace en audace, à mesure que croissait l’irritation autour de lui, et puisqu’il était en veine de la braver, jusqu’à ne pas craindre de réveiller le plus terrible souvenir et à montrer au bout de cette voie fatale, et comme conséquence extrême de ces empiétements illégitimes, la liberté d’action du souverain et la sanction royale enchaînée au point de n’être plus que le Veto de l’infortuné Louis XVI ! […] M. de Serre, ce jour-là, semblait se jouer dans les tempêtes ; son argumentation n’en était pas un seul instant ébranlée et déconcertée ; et quand il arriva au fond même, au corps de la loi qu’il attaquait, il redoubla de vigueur et de puissance.
Le sauvage perd cette férocité des forêts qui ne reconnaît point de maître, et prend à sa place une docilité réfléchie qui le soumet et l’attache à des lois faites pour son bonheur. […] Mais des lois propres à la généralité des esprits ne peuvent être des lois particulières ; utiles au grand nombre, il faut nécessairement que quelques individus en soient lésés. […] L’ignorance des lois serait pernicieuse dans un magistrat. […] Les lois du mouvement et de la chut des corps. […] Les lois du mouvement et de la chut des corps.
Telles sont les raisons générales des lois qui régissent toute littérature tant ancienne que moderne. […] Les royaumes de Chypre et de Jérusalem ont eu des lois écrites en français. […] Les lois de l’épopée ne lui furent pas toutes révélées. […] Voltaire, ainsi que Lucain, ont entièrement méconnu les lois de l’épopée. […] Les lois somptuaires, relatives à l’éducation et au costume, témoignent la sagesse de ces temps reculés.
Enchérissant d’ordinaire sur les devoirs tracés par la Loi et les anciens, il voulait la perfection. […] Ce n’est pas l’ancienne Loi, ce n’est pas le Talmud qui ont conquis et changé le monde. […] Il ne parlait pas contre la loi mosaïque, mais il est clair qu’il en voyait l’insuffisance, et il le laissait entendre. […] Hillel s’en servait habituellement (Talm. de Bab., Schabbath, 31 a), et déclarait comme Jésus que c’était là l’abrégé de la Loi. […] La Loi l’interdisait aussi (Deutér., XV, 7-8), mais moins formellement, et l’usage l’autorisait (Luc, VII, 41 et suiv.).
Dieu a voulu que dans l’homme l’amour fût le principe de la reproduction : c’est une grande et belle loi morale. […] Montesquieu était parti de l’existence de la société pour en étudier les lois : Rousseau était parti, au contraire, de l’hypothèse d’un état de nature pour arriver à la fiction d’un contrat primitif ; mais il sapait les bases de son édifice, en proclamant cet axiome antisocial : « L’homme est bon, et les hommes sont mauvais. » Fénelon a fait contre la doctrine d’un contrat primitif des arguments qui sont restés sans réponse, parce qu’ils sont l’expression même de la vérité. […] IX Dans l’état de société, ainsi que nous l’avons remarqué, les générations se succédant sans interruption, et se croisant les unes les autres, la raison de se soumettre à une loi n’est jamais suspendue, ne cesse jamais de subsister. […] Les lois physiques ont été établies par Dieu au commencement ; et l’univers continue d’exister, soit par la persistance de ces lois premières, soit par un soin providentiel de tous les instants pour la durée et la continuelle existence de ces lois. […] L’ère nouvelle n’est donc point, comme on l’a cru, celle de la liberté civile, ni même celle de l’égalité devant la loi, et de l’admissibilité de tous à tous les emplois : c’est l’ère de l’indépendance et de l’énergie de la pensée ; celle des lois écrites substituées aux lois traditionnelles ; celle des institutions sociales et des institutions religieuses marchant sur deux lignes séparées ; celle du bien-être social appliqué à toutes les classes ; celle de la raison humaine devenue adulte, et s’ingérant de décider par sa propre autorité ; celle de la démonstration rigoureuse, qui repousse les axiomes en géométrie et les préjugés en politique ; celle du discrédit des faits antérieurs pris comme base convenue et incontestable ; celle de l’opinion consultée à chaque instant, et à part même de toute conjoncture nouvelle.
II L’humanité est arrivée, a dit l’éloquent professeur, à une de ces époques où l’inquiétude la saisit, où elle s’agite confusément en proie à un malaise profond ; où, après avoir renversé par une révolte glorieuse les obstacles qui la retenaient dans sa marche, et avoir brisé son antique lien, devenu trop étroit pour elle et trop douloureux, elle s’arrête, tourne un instant sur elle-même, interrogeant chaque point de l’horizon, se demandant et demandant à son histoire passée et à tout ce qui l’entoure où elle va, d’où elle vient, et la raison de de qu’elle a fait, et la règle de ce qui lui reste à faire ; la loi, en un mot, de son progrès et de sa vie. […] Un individu humain quelconque, bien organisé toutefois, pris au hasard dam l’époque présente ou dans toute autre époque, et se traitant lui-même par la méthode expérimentale intérieure, découvrira, autant qu’il est donné à l’homme de le faire, sa destinée propre, et la destinée des autres hommes ses semblables, et la destinée de l’espèce tout entière ; il saura déterminer, autant que cela nous est possible, la loi du passé et de l’avenir de l’humanité. […] Elle constate quelques lois de notre esprit et de nos facultés ; mais on obéissait à ces lois sans elle. […] Lorsque l’humanité est arrivée à la conscience distincte d’elle-même et à la connaissance de sa propre loi, l’institution se prévoit dès l’origine et se réalise avec bien plus de préméditation qu’aux époques où les choses se développent instinctivement et obéissent à une force d’évolution plus obscure. […] vous cherchez les traces que l’humanité a laissées dans sa marche ; vous voulez saisir la direction et le but du mystérieux voyage ; vous aspirez à en assigner la raison et la loi ; et dès le premier pas que vous faites dans cette recherche, voilà que vous ne tenez aucun compte des points radieux et des sommets où elle s’est posée avec complaisance ; vous ne daignez voir ni l’Himalaya, ni l’Ithome et le Lycée, ni le Sina, ni le Calvaire, ni le Capitole ; mais vous vous inquiétez beaucoup de quelque vallée obscure, de quelques jardins philosophiques, où elle ne s’est pas même arrêtée !
Le physicien, qui veut expliquer la nature et qui opère sur les données de l’expérience, cherche les lois des phénomènes qu’il voit, et procède par induction. […] Père, mère, petits et grands, Pâris et Hélène, les dames et les seigneurs du temps jadis, papes, empereurs et dauphins, sont morts : donc tous les hommes meurent Voilà l’induction, qui tire la loi d’une collection de faits particuliers. […] Dans les premiers, de l’examen d’un cas particulier, bien choisi, de l’exposition de la vie d’un prince ou d’un saint, il tire une leçon générale, une loi pour le règlement de la vie chrétienne et le salut des auditeurs. […] Dans l’induction, on observe mal les faits dont on tire la loi. […] Enfin on réunira le plus qu’on pourra de faits analogues ; plus on aura ramassé d’exemples, plus on aura chance de dégager la véritable loi ; plus il sera aisé de distinguer les caractères vraiment essentiels et communs des circonstances étrangères et des particularités locales.
leur fut-il répondu ; toute cette foule, qui ne connaît pas la Loi, est une canaille maudite 967. » Jésus restait ainsi à Jérusalem un provincial admiré des provinciaux comme lui, mais repoussé par toute l’aristocratie de la nation. […] Par une singularité fort étrange, c’étaient ces incrédules, niant la résurrection, la loi orale, l’existence des anges, qui étaient les vrais Juifs, ou pour mieux dire, la vieille loi dans sa simplicité ne satisfaisant plus aux besoins religieux du temps, ceux qui s’y tenaient strictement et repoussaient les inventions modernes faisaient aux dévots l’effet d’impies, à peu près comme un protestant évangélique paraît aujourd’hui un mécréant dans les pays orthodoxes. […] On prenait note de ses paroles pour invoquer contre lui les lois d’une théocratie intolérante, que la domination romaine n’avait pas encore abrogées 998. […] Totafôth ou tefillîn, lames de métal ou bandes de parchemin, contenant des passages de la Loi, que les Juifs dévots portaient attachées au front et au bras gauche, en exécution littérale des passages Ex. […] Le reproche que Jésus adresse ici aux pharisiens est d’avoir inventé une foule de petits préceptes qu’on viole sans y penser et qui ne servent qu’à multiplier les contraventions à la Loi.
C’est dans ce monde seulement que l’esprit humain se saisit pleinement des faits, les observe dans toute leur étendue et sous toutes leurs faces, en reconnaît les rapports et les lois, qui sont aussi des faits, et en démontre ainsi le système. […] La prière est un fait humain, nécessaire, universel ; mais ce fait est inexplicable dans l’hypothèse d’une Providence générale ou abstraite qui se serait contentée de donner des lois générales à l’univers. […] Sans doute il y a des lois générales, mais ces lois mêmes ne sont elles-mêmes que la volonté toujours agissante du Créateur. Les lois de la nature ne s’imposent pas à la volonté humaine : il y a un domaine où l’homme est maître de ses actes. […] On objecte les lois de la nature, qui seraient immuables ; mais c’est ce qui est en question : elles sont permanentes, non nécessaires.
Une doctrine, n’est-ce pas une règle qui s’impose, et par conséquent une convention, une loi arbitraire et variable, œuvre d’école et de cabinet que le génie renverse et déplace continuellement ? Point de loi, point de doctrine, l’instinct est le seul juge ; le sentiment et le goût individuel, les seules autorités ; mon plaisir est la loi suprême. […] Plus on connaît de grandes œuvres dans des temps et dans des pays différents, plus il devient difficile de ramener à des principes généraux et à des lois communes tant d’écrits nés dans des conditions très-diverses et sous des inspirations opposées. […] Nous voulons donc aujourd’hui que la critique trouve moyen de concilier les lois éternelles du goût, sans lesquelles il n’y a plus de différence entre les bons et les mauvais ouvrages, et cette liberté des formes sans laquelle il n’y a ni création ni spontanéité dans les œuvres d’art. […] Par une substitution insensible de termes, la raison, loi suprême du vrai et du beau, devient peu à peu, pour M.
Les choses invisibles elles-mêmes participent à cette loi : ainsi Dieu, l’infini, le temps. […] 1° Il faudrait admettre que les images nouvelles et les groupes d’images se forment dans l’esprit sous l’action combinée de deux lois a priori, la loi de l’analogie et la loi de perfection. […] Puisque la loi confirme, en tout cas, la nature, ne peut-elle pas, au besoin, la suppléer ? […] Dans le […], 1, Aristote, renvoyant au […], dit : […], ce qui énonce une loi nécessaire ; nous préférons la formule plus empirique du […]. […] Nous pourrions appuyer cette loi sur de nombreux exemples.
Nous serons scientifiques encore en inscrivant dans nos constitutions ces lois de santé, en proscrivant ces lois de destruction. […] Les lois religieuses sont pour lui les conséquences nécessaires des lois fondamentales de la société, elles-mêmes conséquences nécessaires des lois fondamentales de la famille. […] C’est la loi commune de toute âme qui grandit. […] Les œuvres de la troisième République française, depuis sa loi électorale jusqu’à sa loi militaire en passant par la loi scolaire, sont toutes des additions qui ont commencé par deux et deux font cinq. […] Balzac a nettement discerné cette loi.
Introduction Nous avons au livre premier établi les principes de la Science nouvelle ; au livre second, nous avons recherché et découvert dans la sagesse poétique l’origine de toutes les choses divines et humaines que nous présente l’histoire du paganisme ; au troisième, nous avons trouvé que les poèmes d’Homère étaient pour l’histoire de la Grèce, comme les lois des douze tables pour celle du Latium, un trésor de faits relatifs au droit naturel des gens. […] Le troisième âge fut celui de la nature humaine intelligente, et par cela même modérée, bienveillante et raisonnable ; elle reconnaît pour lois la conscience, la raison, le devoir. […] Droit héroïque, ou droit de la force, mais de la force maîtrisée d’avance par la religion qui seule peut la contenir dans le devoir, lorsque les lois humaines n’existent pas encore, ou sont impuissantes pour la réprimer. […] Alors tous les citoyens naissent libres, soit qu’ils jouissent d’un gouvernement populaire dans lequel la totalité ou la majorité des citoyens constitue la force légitime de la cité, soit qu’un monarque place tous ses sujets sous le niveau des mêmes lois, et qu’ayant seul en main la force militaire, il s’élève au-dessus des citoyens par une distinction purement civile.
C’est que la loi civile et la loi religieuse sont en contradiction avec la loi de nature. […] D’ailleurs si chacun s’institue juge compétent de la conformité de la loi avec l’utilité publique, l’effrénée liberté d’examiner, d’observer ou de fouler aux pieds les mauvaises lois, conduira bientôt à l’examen, au mépris et à l’infraction des bonnes. […] Je me soumettrai à la loi, et je réclamerai contre elle. — Mais si cette réclamation prohibée par la loi même est un crime capital ? […] Pourquoi ne dirais-je pas : la loi l’ordonne, mais la loi est mauvaise. […] Cependant je me soumettrai à la loi, de peur qu’en discutant de mon autorité privée les mauvaises lois, je n’encourage par mon exemple la multitude insensée à discuter les bonnes.
Partant de cette conception mathématique et mécanique, Spencer appelle le langage une machinery pour la communication mutuelle, et il ne voit plus dans les lois du style que les applications de la loi qui veut qu’on produise le maximum d’effet avec la moindre dépense de force. […] L’interprétation et l’application de ces lois générales du style varient d’ailleurs suivant les artistes et les œuvres. […] En d’autres termes, les lois de l’association des idées jouent le rôle principal dans la production de l’effet poétique, tandis que les lois de la sensation et de la représentation directe prédominent dans la production du beau proprement dit. […] On voit que, dans le style, les lois logiques énoncées par Boileau et Buffon, et les lois dynamiques énoncées par Spencer ne sont pas tout, ne sont même pas les principales : les lois biologiques, psychologiques et sociologiques, — presque entièrement négligées par les critiques littéraires, — ont autrement d’importance. […] Car c’est une loi de la nature que rien ne se perde et ne disparaisse, mais c’est une autre loi aussi que tout ne soit jamais absolument le même et que tout se transforme, réunissant ainsi l’attrait du nouveau à l’attachement au passé.
Les Lettres persanes sont un livre capital dans la vie de Montesquieu : il n’a fait véritablement que trois ouvrages, — ces Lettres (1721), l’admirable livre sur La Grandeur et la Décadence des Romains (1734), qui n’est que comme un épisode détaché à l’avance de son Esprit des lois, et cet Esprit même (1748). […] Dans L’Esprit des lois, il a souvent mêlé, on ne sait comment, l’épigramme à la grandeur. […] Quand on veut apprécier la nature et la forme d’esprit de Montesquieu, il faut se souvenir de ce qu’il écrivait lui-même, vers la fin de sa vie, à d’Alembert qui lui demandait pour l’Encyclopédie certains articles qu’il avait déjà traités dans L’Esprit des lois : « J’ai, disait-il, tiré, sur ces articles, de mon cerveau tout ce qui y était. […] » C’est exactement de la même manière que, dans L’Esprit des lois, montrant un utopiste anglais qui a sous les yeux l’image de la vraie liberté, et qui va en imaginer une autre dans son livre, il dira « qu’il a bâti Chalcédoine, ayant le rivage de Byzance devant les yeux ». […] Cet auteur artiste est là en présence de son sujet, de sa vaste lecture ; il veut une loi et il la cherche, il la crée quelquefois.
La science repose tout entière sur l’opposition entre les apparences et les réalités objectives, dont elle s’efforce de déterminer les lois. […] Il y a donc de l’inconnu connaissable ; c’est tout ce qui est phénomène ou loi de phénomènes. Mais l’intelligence en vient à se demander s’il n’y a pas de l’inconnu qui ne serait ni phénomène ni loi de phénomènes, et qui, à ce titre, serait inconnaissable en vertu de sa nature et de la nôtre. […] Pour avoir conscience des lois de la pensée, il n’est pas nécessaire d’avoir a priori une idée de l’absolue vérité, encore moins d’être cette idée même prenant conscience de soi. […] L’expression logique de la première loi est le principe d’identité, qui préside à tout raisonnement ; l’expression logique de la seconde loi est le principe de raison suffisante.
P. de Candolle et Lyell ont philosophiquement et complétement démontré que tous les êtres organisés sont soumis aux lois d’une sérieuse concurrence. […] Rien n’est plus aisé que d’admettre en théorie la vérité de la concurrence vitale universelle ; mais rien n’est plus difficile, du moins l’ai-je ainsi trouvé à l’expérience, que de garder constamment cette loi présente à l’esprit. […] C’est une généralisation de la loi de Malthus, appliquée au règne organique tout entier, mais avec une force décuple, car en ce cas il ne peut exister aucun moyen artificiel d’accroître les subsistances, ni aucune abstention prudente dans les mariages. […] Nous voyons un exemple de cette loi dans l’extension récente en certaines provinces des États-Unis d’une espèce d’Hirondelle qui a causé la décadence d’une autre espèce. […] Cette loi est évidente dans la structure des dents et des griffes du Tigre et dans celle des pieds et des crochets de l’insecte parasite qui grimpe aux poils de son corps.
J’entends par là qu’ils manifestent sûrement des lois, et qu’ils sont susceptibles, eux aussi, de se répéter indéfiniment dans le temps et dans l’espace. […] Les mêmes conditions historiques ne pouvant se reproduire, le même fait historique ne saurait reparaître ; et comme une loi exprime nécessairement qu’à certaines causes, toujours les mêmes, correspondra un effet toujours le même aussi, l’histoire proprement dite ne porte pas sur des lois, mais sur des faits particuliers et sur les circonstances, non moins particulières, où ils se sont accomplis. […] Au contraire, une hallucination véridique par exemple — l’apparition d’un malade ou d’un mourant à un parent ou à un ami qui demeure très loin, peut-être aux antipodes — est un fait qui, s’il est réel, manifeste sans doute une loi analogue aux lois physiques, chimiques, biologiques. […] Ce n’est pas la certitude mathématique que me donne la démonstration du théorème de Pythagore ; ce n’est pas la certitude physique que m’apporte la vérification de la loi de Galilée. […] La « loi », au sens moderne du mot, est justement l’expression d’une relation constante entre des grandeurs qui varient.
et qui tire cette loi ? […] Réaliser la justice, c’est donc le but naturel de l’homme, sa loi morale, comme sa loi physique est de se bien porter. […] Ne voyez-vous pas l’égalité qui règne dans les lois naturelles ? […] Cela est certain ; mais une de ces uniformités est précisément l’inégalité entre les êtres vivants : elle a des lois, cela est incontestable ; mais une de ces lois est précisément la loi du plus fort. […] Elle n’est fondée que sur la loi, sur une loi actuelle, qu’on peut remplacer par une autre.
« Je tourne la loi, donc je la respecte », dit un personnage de comédie. C’est ainsi que l’instinct égoïste respecte, quand il le peut, les lois morales qui le gênent. […] Et la morale reste si bien en dehors de la vie que jamais peut-être un seul acte n’a été accompli conformément à la loi même du devoir. […] Nous ne songerions pas plus à la loi morale que la pierre ne songe à la pesanteur. La loi morale est une loi naturelle en voie de formation, voilà bien longtemps que je l’ai dit, c’est une loi qui tend à être.
La verge de la loi à la main, avec une autorité incroyable, il chasse pêle-mêle devant lui et Juifs et Gentils au tombeau ; il vient enfin lui-même à la suite du convoi de tant de générations, et, marchant appuyé sur Isaïe et sur Jérémie, il élève ses lamentations prophétiques à travers la poudre et les débris du genre humain175. […] » Sous ce nom de liberté, les Romains se figuraient, avec les Grecs, un état où personne ne fût sujet que de la loi, et où la loi fût plus puissante que personne. » À nous entendre déclamer contre la religion, on croirait qu’un prêtre est nécessairement un esclave, et que nul, avant nous, n’a su raisonner dignement sur la liberté : qu’on lise donc Bossuet à l’article des Grecs et des Romains. […] L’historien romain, après avoir raconté que Thrasylle avait prédit l’empire à Tibère, ajoute : « D’après ces faits, et quelques autres, je ne sais si les choses de la vie sont… assujetties aux lois d’une immuable nécessité, ou si elles ne dépendent que du hasard180. » Suivent les opinions des philosophes que Tacite rapporte gravement, donnant assez à entendre qu’il croit aux prédictions des astrologues.
si tout meurt avec nous, les soins du nom et de la postérité sont donc frivoles ; l’honneur qu’on rend à la mémoire des hommes illustres, une erreur puérile, puisqu’il est ridicule d’honorer ce qui n’est plus ; la religion des tombeaux, une illusion vulgaire ; les cendres de nos pères et de nos amis, une vile poussière qu’il faut jeter au vent, et qui n’appartient à personne ; les dernières intentions des mourants, si sacrées parmi les peuples les plus barbares, le dernier son d’une machine qui se dissout ; et, pour tout dire en un mot, si tout meurt avec nous, les lois sont donc une servitude insensée ; les rois et les souverains, des fantômes que la faiblesse des peuples a élevés ; la justice, une usurpation sur la liberté des hommes ; la loi des mariages, un vain scrupule ; la pudeur, un préjugé ; l’honneur et la probité, des chimères ; les incestes, les parricides, les perfidies noires, des jeux de la nature, et des noms que la politique des législateurs a inventés. […] Convenez de leurs maximes, et l’univers entier retombe dans un affreux chaos ; et tout est confondu sur la terre ; et toutes les idées du vice et de la vertu sont renversées ; et les lois les plus inviolables de la société s’évanouissent ; et la discipline des mœurs périt ; et le gouvernement des États et des Empires n’a plus de règle ; et toute l’harmonie des corps politiques s’écroule ; et le genre humain n’est plus qu’un assemblage d’insensés, de barbares, de fourbes, de dénaturés, qui n’ont plus d’autres lois que la force, plus d’autre frein que leurs passions et la crainte de l’autorité, plus d’autre lien que l’irréligion et l’indépendance, plus d’autres dieux qu’eux-mêmes : voilà le monde des impies ; et si ce plan de république vous plaît, formez, si vous le pouvez, une société de ces hommes monstrueux : tout ce qui nous reste à vous dire, c’est que vous êtes dignes d’y occuper une place. » Que l’on compare Cicéron à Massillon, Bossuet à Démosthène, et l’on trouvera toujours entre leur éloquence les différences que nous avons indiquées ; dans les orateurs chrétiens, un ordre d’idées plus général, une connaissance du cœur humain plus profonde, une chaîne de raisonnements plus claire, enfin une éloquence religieuse et triste, ignorée de l’antiquité.
Le Cosmos a une âme, comme l’homme ; cette âme, c’est sa loi. Cette loi est évidente, mais ne peut être comprise que par celui dont elle émane. […] Point de lois physiques sans mystère, car qui les aurait données ? […] J’ajoute la loi des lois, la loi morale de la création intelligente et libre. […] Il ne cherche point sa loi morale alors dans la science, qui ne peut rien lui dire que de matériel.
La « Science » se distinguait de la connaissance ou du savoir par le caractère de nouveauté de ses découvertes et, en effet, on ne connaissait point avant Pascal les lois de l’équilibre des liquides, ni la théorie du pendule avant Huyghens. […] Une conception totale de la nature s’organisait, dont les traits essentiels étaient la stabilité de ses lois, la liaison de ces lois entre elles, l’espérance lointaine de les réduire à une formule unique. […] La vérité scientifique en soi n’est donc pas d’un autre ordre que les vérités qu’on l’a vue quelquefois essayer, non seulement de se subordonner, mais d’« intérioriser. » La connaissance que nous avons des lois de la nature n’a rien de plus « objectif », ou de plus « absolu », que celle que nous pouvons acquérir des lois de l’esprit ou de celles de l’histoire. […] Avant Auguste Comte et le positivisme, l’idée qu’on se formait de la science participait, pour ainsi dire, de l’immutabilité de ses lois. […] Si la vérité n’est en effet que la « totalisation de l’expérience humaine » l’expression en devient nécessairement relative, successive, progressive, et, de sa relativité bien entendue dérive, pour ainsi dire, la loi même de son progrès.
Les effets varient en raison des conditions qui les manifestent, mais les lois ne varient pas. […] Il arrive par ce moyen à la loi qui lui permet de se rendre maître du phénomène. […] Mais le médecin n’a que faire de ce qu’on appelle la loi des grands nombres, loi qui, suivant l’expression d’un grand mathématicien, est toujours vraie en général et fausse en particulier. Ce qui veut dire que la loi des grands nombres n’apprend jamais rien pour un cas particulier. […] Le déterminisme dans l’expérience donne seul la loi qui est absolue, et celui qui connaît la loi véritable n’est plus libre de prévoir le phénomène autrement.
Et cette loi mentale est, on s’en souvient, la contre-partie de la loi des réflexes dans l’organisme, qui elle-même s’explique par la conservation de l’énergie dans l’univers. […] D’autre part, l’habitude est une adaptation au milieu, selon la grande loi de sélection universelle ; c’est l’adaptation de la puissance à la résistance, de l’activité à son objet. […] Il résulte de ces lois l’établissement de séries dont un terme est associé à tous les autres et les suggère. […] La loi d’économie ou de moindre dépense n’est que la loi de moindre peine et de plus grand plaisir. […] Le résultat des lois de l’hérédité, chez les êtres vivants, n’a pas été jusqu’ici un accroissement d’inconscience, mais au contraire un accroissement de conscience.
Félicitons-nous de même que Jésus n’ait rencontré aucune loi qui punît l’outrage envers une classe de citoyens. […] Jésus s’éloignait de plus en plus de l’ancienne Loi. […] Les belles maximes de Hillel résumant toute la Loi en l’équité 926, celles de Jésus, fils de Sirach, faisant consister le culte dans la pratique du bien 927, étaient oubliées ou anathématisées 928. […] Une masse énorme de « traditions » avait étouffé la Loi 929, sous prétexte de la protéger et, de l’interpréter. Sans doute, ces mesures conservatrices avaient eu leur côté utile ; il est bon que le peuple juif ait aimé sa Loi jusqu’à la folie, puisque c’est cet amour frénétique qui, en sauvant le mosaïsme sons Antiochus Épiphane et sous Hérode, a gardé le levain d’où devait sortir le christianisme.
Par là doit s’expliquer, à côté de l’admiration pour le génie, la faveur encore attachée longtemps au nom de Pindare, dans le changement des lois et des mœurs de la Grèce, et dans l’acheminement des esprits vers la soumission à un conquérant qui rendrait le nom grec maître de l’Asie. […] Lui-même cultivait parfois, sous la forme la plus sévère, cet art poétique dont il a donné les lois. […] « Ainsi, tu as partout harmonisé le bien au mal, de sorte qu’il existe pour tous une seule loi, toujours la même, que désertent par leur fuite tous ceux des mortels qui deviennent méchants ; infortunés qui, désirant toujours la possession des biens, n’aperçoivent pas la loi générale de Dieu, n’écoutent pas cette loi, à laquelle s’ils obéissaient, ils auraient, avec l’intelligence, le bonheur et la vie ! […] et donne-leur d’atteindre à la pensée sur laquelle tu t’appuies, pour tout régir avec justice ; afin qu’ainsi nous-mêmes honorés, nous te rendions honneur en retour, célébrant tes œuvres, dans nos hymnes sans interruption, comme il convient à l’être mortel ; puisqu’il n’y a pas pour les humains, ni même pour les dieux, autre emploi plus grand que de célébrer, en esprit de justice, la loi générale du monde. » Cette élévation vous semble-t-elle abstraite et froide ?
Je suis très jeune, j’ai pu pécher contre la politique des tyrans, blâmer des lois fameuses et des coutumes reçues ; mais, parce que j’étais jeune, il m’a semblé que j’en étais plus près de la nature. […] Juger, c’est appliquer la loi. Une loi est un rapport de justice : quel rapport de justice y a-t-il donc entre l’humanité et les rois ? […] On a recueilli ses Fragments et pensées sur les institutions républicaines, trouvés dans ses papiers : en ce qui est de l’éducation, du mariage, de la pénalité, des fêtes et de toute l’organisation sociale, c’est une parodie sérieuse de la République de Platon, des lois de Lycurgue ou de celles de Minos. […] Un grand coup que vous frappez retentit sur le trône et sur le cœur de tous les rois ; les lois et les mesures de détail sont les piqûres que l’aveuglement endurci ne sent pas… On trompe les peuples de l’Europe sur ce qui se passe chez nous ; on travestit vos discussions, mais on ne travestit point les lois fortes : elles pénètrent tout à coup les pays étrangers comme l’éclair inextinguible.
Dégénérés de leur ancien génie et de leurs propres lois, ils aimèrent, en apprenant la langue et les sciences des Grecs, à y reconnaître la trace d’eux-mêmes et l’altération continue de leur ancienne histoire. […] Au chapitre III des Machabées on empruntait ces mots : « Les nations tiraient du livre de la loi l’idée de leurs idoles. » Et Plutarque ayant rappelé l’usage consacré de l’exclamation ἐλελεῦ ! […] ait passé, jusqu’à ce qu’il ait passé le peuple acquis à ta loi ! […] « Mais à l’impie Dieu a dit : Pourquoi racontes-tu mes lois, et de tes lèvres publies-tu mon traité d’alliance ? […] Sous les images de l’infinie grandeur, elle enveloppe la loi morale ; et elle n’éblouit les yeux que pour parler à la conscience.
Or, ces lois semblent en effet exister. […] Ces deux lois essentielles sont : la première, la loi de proportion, que nous étudierons dans le présent chapitre ; la seconde, la loi d’apparence, dont nous réservons l’examen au chapitre suivant. […] Il faut donc observer la loi de proportion. […] Ce point écarté, je reviens à la loi d’apparence. […] N’est-ce pas d’ailleurs la loi naturelle ?
Mais son exemple n’en demeure pas moins fécond et mémorable ; encourageant pour les esprits supérieurs qu’un instinct invincible pousse en toute espèce d’étude à la recherche des principes et des lois, puisqu’il agrandit pour eux la carrière, en leur ouvrant l’histoire ; glorieux pour celle-ci, puisqu’il l’enrichit d’un genre nouveau, l’élève en quelque sorte au rang de science, et lui assure ainsi les veilles de ceux-là même qui autrement peut-être lui eussent refusé jusqu’à leur estime. […] Encore une fois, la force des choses de l’historien philosophique, laquelle résulte principalement de la nature humaine et de ses lois, ne signifie en sens mystique, pour l’historien sacré, que l’enchaînement des moyens dont la providence dispose. […] Son seul tort est d’avoir exclusivement rattaché à cet ordre unique de causes, des résultats auxquels ont concouru, pour une part indéterminée et peut-être immense, d’autres causes obscures et inappréciables, comme s’il en avait trop coûté à son esprit rigoureux d’admettre de la réalité ailleurs que là où il découvrait de l’ordre et des lois. […] Dans l’une les faits se rangent à l’appui d’une loi énoncée par avance, dans l’autre les lois découlent du simple récit des faits ; d’un côté l’intention logique est partout empreinte et s’est tout subordonné, de l’autre on aperçoit encore le laisser-aller du narrateur qui volontiers se livre aux descriptions et impressions du moment.
Mais il est clair que, pour M. de Villiers, les lois hermétiques sont aussi réelles, nullement davantage, que les lois étiquetées de nos sciences. […] Il faut donc que les plus intelligents connaissent, avec les lois de l’Univers, les besoins des autres hommes, et utilisent ces lois à satisfaire ces besoins. […] J’appris encore que les hommes avaient longtemps tâtonné dans la découverte de ces lois, et qu’il y avait eu jadis de fausses lois ; mais que les lois actuellement enseignées étaient les vraies lois, celles qui reflétaient l’essence éternelle des réalités. […] Les lois tout à l’heure apprises, ces respectables lois de la nature, éternelles et immuables, est-ce qu’elles allaient se décrépir ? Avait-on encore perpétré un quiproquo, admis de fausses lois ?
C’est là, peut-être, une simple application de cette loi générale que les mouvements réflexes sont plus forts quand l’action des centres nerveux est moindre. […] Tous ont le droit et le devoir de constater l’accroissement ou la diminution de la vitalité dans l’organisme dont ils étudient les lois. […] Le principe de l’imitation, une des lois fondamentales de la société et aussi de l’art, fait la puissance de l’art pour le mal comme pour le bien. […] C’est ainsi qu’on a tiré des amnésies partielles de la mémoire, et de la personnalité des lois importantes sur la formation de la mémoire et de la personnalité. […] Je ne sais pas de travail plus noble ni d’une application plus large. » Nous voilà revenus aux espérances de l’époque romantique : réformer les mœurs et inspirer les lois.
« Observez de plus que cette loi, déjà si terrible, de la guerre, n’est cependant qu’un chapitre de la loi générale qui pèse sur l’univers. […] Mais, dès que vous entrez dans le règne animal, la loi prend tout à coup une épouvantable évidence. […] Mais cette loi s’arrêtera-t-elle à l’homme ? […] Le sang des animaux ne lui suffit pas, ni même celui des coupables versé par le glaive des lois. […] M. de Maistre semble n’avoir lu que la Bible : c’était un prophète de la loi de sang.
Les lois de l’hérédité sont complétement inconnues. […] Je considère cette règle comme d’une grande importance pour expliquer les lois de l’embryologie. […] La variabilité est elle-même gouvernée par des lois inconnues, et particulièrement par la loi de corrélation de croissance. […] V, Lois de la variabilité, § IX). […] Chap. v, Lois de la variabilité, § X).
Une composition parfaite, de celle des parties à celle de toute l’œuvre, permettra de penser que chez l’artiste qui la pratique, la cohésion des idées est étroite et suivie, c’est-à-dire qu’entre les phénomènes de sa vie mentale, le jeu des lois de similarité et de contiguïté est parfait. […] On dira : ces faits mentaux, déduits de faits esthétiques, émanent d’une intelligence inconnue, dont ils déterminent la nature ; il reste à préciser quelle doit être cette intelligence pour réaliser à la fois les lois de la psychologie générale et causer les manifestations particulières du cas étudié. […] Or, la critique scientifique doue la science mentale d’un nouveau procédé de vérification et d’investigation en permettant d’étudier le jeu des lois psychologiques chez toute une classe de personnes extrêmement intéressantes, les géniaux. […] Elles vérifieront les lois sur leur objet même et contribueront à faire découvrir celles qui appartiennent au développement propre de l’homme. […] Son nom restera attaché à la « loi de régression » (« loi de Ribot ») qu’il a cherché à établir.
Si l’instinct & la loi, par des effets contraires, Ont également attaché L’un tant de douceur au péché, L’autre des peines si sévères ; Sans doute, ou la nature est imparfaite en soi, Qui nous donne un penchant que condamne la loi ; Ou la loi doit passer pour une loi trop dure, Qui condamne un penchant que donne la nature.
La loi fondamentale ajoute : « La censure ne pourra jamais être rétablie. […] Enfin, pour que tout soit net et clair, pour que les quatre ou cinq grands principes sociaux que la révolution française a coulés en bronze restent intacts sur leurs piédestaux de granit, pour qu’on ne puisse attaquer sournoisement le droit commun des Français avec ces quarante mille vieilles armes ébréchées que la rouille et la désuétude dévorent dans l’arsenal de nos lois, la charte, dans un dernier article, abolit expressément tout ce qui, dans les lois antérieures, serait contraire à son texte et à son esprit. […] Mille questions se pressent dans votre esprit. ─ Ou est la loi ? […] Certes, si nous daignions descendre encore un instant à accepter pour une minute cette fiction ridicule, que dans cette occasion c’est le soin de la morale publique qui émeut nos maîtres, et que, scandalisés de l’état de licence où certains théâtres sont tombés depuis deux ans, ils ont voulu a la fin, poussés à bout, faire, à travers toutes les lois et tous les droits, un exemple sur un ouvrage et sur un écrivain, certes, le choix de l’ouvrage serait singulier, il faut en convenir, mais le choix de l’écrivain ne le serait pas moins. […] C’est un poëte que cette même licence des théâtres révolterait et indignerait tout le premier, qui, il y a dix-huit mois, sur le bruit que l’inquisition des théâtres allait être illégalement rétablie, est allé de sa personne, en compagnie de plusieurs autres auteurs dramatiques, avertir le ministre qu’il eût à se garder d’une pareille mesure, et qui, là, a réclamé hautement une loi répressive des excès du théâtre, tout en protestant contre la censure avec des paroles sévères que le ministre, à coup sûr, n’a pas oubliées.
Or, cette comparaison ne donne pas des résultats très satisfaisants, car s’il est un grand nombre d’animaux où la loi paraît se vérifier, il est des exceptions capitales et inexplicables. […] Un naturaliste distingué, Desmoulins, a essayé d’établir cette loi : que l’étendue et la force de l’intelligence sont en raison du nombre des circonvolutions ; quelques uns ajoutent : et de la profondeur des anfractuosités. […] Baillarger, la loi de Desmoulins doit être soumise à un nouvel examen. […] Dareste, dans un mémoire signalé plus haut, démontre la loi suivante : c’est que dans un groupe naturel le nombre des circonvolutions est en raison de la taille des diverses espèces ; les plus grandes en ont plus, les plus petites en ont moins, et même pas du tout. […] Baillarger, à tenir compte de cette loi, « que les volumes des corps semblables sont entre eux comme les cubes de leurs diamètres, tandis que leurs surfaces sont entre elles comme les carrés de ces diamètres » .
— Il y a un nouvel écrit, une brochure du cardinal de Bonald, à propos de la loi sur l’enseignement secondaire ; il paraît que c’est violent. […] La loi est à l’étude d’ailleurs : elle est en commission à la Chambre des pairs, sous la présidence de M. le comte Molé. […] La loi sera probablement modifiée ; dans tous les cas, elle ne saurait être votée par les deux Chambres cette année.
Le pays où Homère chanta, où Orphée institua des mystères, où l’architecture éleva des temples dont nous allons encore admirer les ruines, où le ciseau de Phidias semblait faire descendre la divinité sur le marbre ; ce pays où l’air, la terre et les eaux avaient, aux yeux des habitants, quelque chose de divin, et où chaque loi de la nature était représentée par une divinité, dut produire un grand nombre d’hymnes en l’honneur des dieux qu’on adorait ; mais la plupart de ces hymnes furent défigurées par des fables et des contes de fées, faites pour les poètes et les peintres : elles amusaient le peuple et révoltaient les sages. […] ô Jupiter, premier des immortels, souverain de la nature, qui gouvernes tout, qui soumets tout à une loi, je te salue ; car il est permis à l’homme de t’invoquer. […] Le tonnerre, ministre de tes lois, repose sous tes mains invincibles ; ardent, doué d’une vie immortelle, il frappe, et la nature s’épouvante. […] ils cherchent le bonheur, et ils n’aperçoivent point la loi universelle qui, en les éclairant, les rendrait tout à la fois bons et heureux : mais tous s’écartant du beau et du juste, se précipitent chacun vers l’objet qui l’attire ; ils courent à la renommée, à de vils trésors, à des plaisirs qui, en les séduisant, les trompent. […] Les objets qui l’environnent et qui le frappent, c’est l’architecture qu’il a créée, les métaux qu’il a tirés du sein de la terre, les richesses qu’il a cherchées au-delà de l’océan, les différentes parties du monde unies par la navigation, enfin tout ce qu’a de brillant le tableau de la société, des lois et des arts ; mais dans les campagnes, l’homme disparaît, et la divinité seule se montre.
2º La loi, que M. […] Il est donc bien difficile de formuler une loi, comme celle de M. […] Et voilà que la loi de M. […] Lamartine et Victor Hugo ne confirmeraient donc ni n’infirmeraient la loi de M. […] Mais on ne voit pas qu’elle soit fixée par la prétendue loi de M.
L’école romantique, ou, pour mieux dire, une des subdivisions de l’école romantique, l’école satanique, a bien compris cette loi primordiale du rire ; ou du moins, si tous ne l’ont pas comprise, tous, même dans leurs plus grossières extravagances et exagérations, l’ont sentie et appliquée juste. […] Aussi comme il rit, comme il rit, se comparant sans cesse aux chenilles humaines, lui si fort, si intelligent, lui pour qui une partie des lois conditionnelles de l’humanité, physiques et intellectuelles, n’existent plus ! […] C’est pourquoi je ne trouve pas étonnant que nous, enfants d’une loi meilleure que les lois religieuses antiques, nous, disciples favorisés de Jésus, nous possédions plus d’éléments comiques que la païenne antiquité. […] On peut la construire d’abord d’après une loi philosophique pure, ainsi que j’ai commencé à le faire, puis d’après la loi artistique de création. […] Il faut remarquer que chaque terme de chaque classification peut se compléter et se nuancer par l’adjonction d’un terme d’une autre, comme la loi grammaticale nous enseigne à modifier le substantif par l’adjectif.
Car, eux non plus, ils ne refusaient pas « d’obéir aux lois et coutumes de leur pays ». […] Il n’en est pas de même de l’Esprit des lois. […] Quelle est la loi pénale qui ne suppose la liberté de celui qu’elle frappe ? la loi civile qui ne dérive du consentement ou du vœu des parties ? […] « Il est quelquefois nécessaire, a-t-il dit, de changer certaines lois.
Sa loi est de naître, de s’épanouir et de mourir solitaire dans la conscience où elle est née. […] C’est là une loi profonde de notre nature, indépendante de toute forme et de toute combinaison sociale. […] La loi de la fusion croissante des sensibilités de Guyau et celle du passage de l’égoïsme à l’altruisme, de Spencer, expriment plutôt des desiderata de moralistes que des constatations de sociologues. La loi de l’intégration sociale progressive, à la supposer exacte, ne supprimera pas l’égoïsme, l’envie, la malveillance et la haine. […] Le degré d’efficacité des morales et des disciplines sociales peut être surtout démontré par des faits exceptionnels qui se produisant lorsque, pendant des catastrophes, la loi positive ne peut plus être appliquée.
Le second postulat, c’est que nos idées s’associent suivant des lois. Parmi les lois de l’association des idées, celles qui concernent le cas présent sont les suivantes : Il y a une tendance à penser ensemble des phénomènes semblables. […] Or, d’après la théorie psychologique, tout cela n’est que la forme, que les lois connues de l’association imposent à nos notions de sensations contingentes, obtenues par l’expérience. […] Descartes supposait un medium matériel entre le soleil et la terre pour expliquer leur action réciproque ; mais la loi d’attraction universelle l’explique beaucoup mieux que les tourbillons124. […] « Qu’il y ait quelque chose de réel dans ce lien, dit-il en concluant, réel comme les sensations elles-mêmes, et que ce ne soit pas un simple produit des lois de la pensée, sans rien qui y corresponde, c’est ce que je tiens pour indubitable.
Quelle loi ? […] Il est dans sa loi. […] Il existe une nature sociale, comme il existe une nature physique, c’est-à-dire des lois de l’ordre humain, comme des lois de l’ordre mécanique, chimique, biologique. Contre ces lois, notre effort se brise, quand il les méconnaît. Les Jacobins avaient méconnu ces lois.
Enfin l’art et en même temps les lettres, car les deux sont régis par la même loi, allaient sortir de l’ornière classique. […] Aussi hésite-t-il prudemment à conclure à la hâte et surtout à tirer des lois générales inconsidérément. […] Oui, l’hérédité a ses lois ; mais elles ne sont guère saisissables qu’en élevage. […] Soit, mais pas au même degré, parce qu’il est infiniment plus facile d’enfreindre la loi du devoir que de s’y conformer. […] On dirait même qu’il ignore les lois de la composition les plus élémentaires.
L’Art poétique nous fournit d’abord une réponse à ces questions : dès qu’on le lit, on sent que Boileau ne croit pas édicter paisiblement des lois incontestées : c’est plutôt une nouvelle bataille qu’il livre sur un nouveau terrain. […] L’étranger n’a donc adopté Boileau que comme expression du goût français, qui faisait prime et loi, et dans la mesure même où il a été l’expression de ce goût. […] Et la forme de sa pensée est dépouillée aussi de tout élément sensitif ou imaginatif : jamais forme ne fut plus abstraite, plus immatérielle, plus affranchie du nombre et de la mesure, qui sont les lois de la substance étendue : pure notation algébrique où l’intelligence seule trouve son compte. […] Le monde fait ce qui se fait : voilà la loi du monde, et voilà pourquoi il faut faire une tragédie comme il est établi qu’on fait les tragédies. […] Car je ne sais pas si les principes de Boileau — tels qu’on peut les définir — sont des lois générales et souveraines de la création littéraire : mais il se pourrait faire et l’expérience semble indiquer que, dans leur signification essentielle et profonde, ils représentent les exigences fondamentales et permanentes du goût français.
Il ne croit pas que cette promptitude soit de nécessité et de convenance dans une monarchie tempérée, où les impôts doivent toujours être, sous une forme ou sous une autre, consentis par les sujets, et où le zèle du citoyen contribuable est comme la récompense du prince qui sait respecter les lois. Portalis aime à voir dans les grands tribunaux placés entre le souverain et les peuples, et chargés par le vœu et le concert tacite de tous deux du soin de vérifier les lois, des établissements politiques réguliers, qui ont toujours été regardés non seulement comme l’ornement et la décoration, mais aussi comme le retenail de la monarchie. […] Cela était vrai surtout de la Provence, de la Nation provençale comme on disait, chez laquelle le roi n’était admis à faire les lois qu’à titre d’héritier des comtes souverains du pays. […] « Toute révolution est une conquête, pensait Portalis ; la Constitution, dans laquelle on se repose, devient un véritable traité de paix. » C’est cette paix qu’il avait hâte de pratiquer et de féconder, en substituant graduellement aux mesures hostiles, partiales, éversives, l’action bienfaisante et concertée des lois. […] [NdA] Il y a ici un souvenir de Montesquieu, Esprit des lois, livre II, chap.
Les lois physiologiques, Tylor dit les lois psychologiques, n’ont pas plus varié depuis l’origine que les lois chimiques6. […] La constance est au fond de tout, dans les lois physiques comme dans les lois intellectuelles. […] Elle une loi en lutte avec une loi. […] Nous avons un exemple connu de cette loi dans la loi générale de gravitation posée par Newton. […] La loi cessera de donner le mauvais exemple aux assassins.
Le chapitre suivant traitera de la concurrence vitale entre tous les êtres organisés répandus à la surface du globe, concurrence qui provient fatalement de leur multiplication en raison géométrique : c’est la loi de Malthus appliquée à tout le règne animal et végétal. […] De plus, il résulte des puissantes lois de l’hérédité que toute variété élue aura une tendance à propager sa forme nouvellement modifiée. […] Dans le chapitre suivant, je discuterai les lois complexes et peu connues de variation et de corrélation de croissance. […] Enfin, je suis convaincu que le mode principal, mais non pas exclusif de leurs modifications successives, c’est ce que j’ai nommé la Loi de sélection naturelle.
rapport du duc de broglie sur la loi de l’enseignement secondaire. — lettre de m. dupanloup a m. de broglie. — m. de montalembert compromet sa cause par sa violence. L'intérêt est en ce moment à la loi sur l’instruction secondaire. […] Mais il est à croire que la loi ne sera pas votée cette année à la Chambre des députés : ainsi la lice est ouverte pour longtemps encore.
En effet, la preuve serait un cercle vicieux ; car, si la mémoire est véridique, c’est en vertu de certaines lois qui accommodent le souvenir à son objet ; or ces lois ne peuvent être extraites par nous que des faits que nous observons et dont nous nous souvenons pour les comparer ; en sorte que, pour prouver l’exactitude du souvenir, il faudrait d’abord admettre l’exactitude du souvenir. […] Il suffit que les trois images viennent chevaucher l’une sur l’autre, pour que les deux refoulements s’opèrent dans le sens indiqué ; le mécanisme qui les situe joue pour les aligner aussitôt que la loi d’évocation mutuelle les éveille ensemble. […] Par conséquent, la loi mentale qui lie nos deux pensées est générale comme la loi physique ou morale qui lie les deux faits. […] Non seulement la loi mentale est en lui, mais il remarque qu’elle est en lui. […] Soumis à cette opération, les couples qui composent notre pensée animale prennent un nouvel aspect, et, sous le flot des événements passagers et compliqués, nous apercevons le monde des lois simples et fixes.
On se l’explique à merveille : l’auteur portait, pour la première fois, l’ordre et la loi dans des récits qui jusque-là, sous d’autres plumes, n’avaient offert qu’anarchie et confusion comme leurs objets mêmes. […] Montesquieu, sans aller jusqu’au sens mystique, croyait également à des lois dans l’histoire ; tous les esprits supérieurs les aiment au point de les créer plutôt que de s’en passer. […] Ce qu’il y avait d’extrêmement neuf et de singulièrement hardi dans l’œuvre de M ignet, c’était l’application qu’il faisait de ces lois, telles qu’elles lui apparaissaient, à un sujet si récent et à la représentation d’une époque dont tant d’acteurs, de témoins ou de victimes, existaient encore. […] S’attachant à un ordre unique de causes, il négligea toutes celles qui n’avaient agi que pour une part indéterminée et confusément appréciable, comme s’il en avait trop coûté à son esprit rigoureux d’admettre de la réalité autre part que là où il découvrait de l’ordre et des lois. […] La hardiesse ici et l’extrême nouveauté étaient, encore une fois, dans l’application qu’il faisait à une catastrophe d’hier : c’était d’oser introduire un système de lois fixes au sein de souvenirs épars et tout palpitants.
Revenons à la loi sur l’instruction primaire, — l’ordre du jour. […] Je demande formellement que l’orateur revienne à la question, c’est-à-dire à la discussion de la loi ; il est plus que temps que l’incident soit clos. […] — À la loi. — Parlez, monsieur de Ségur, continuez. […] J’ai beaucoup lu et médité les écrits du prisonnier de Ham, et il m’a été impossible de ne pas reconnaître en loi un socialiste éminent. […] Sainte-Beuve de loi faire savoir quels étaient les amis qu’il désignait de son côté à cette même fin.
. — De quelques traités sur la réforme des lois pénales. — § VII. […] Dans son poème sur la Loi naturelle, Voltaire avait pris la défense du remords comme preuve de la liberté de l’homme. […] C’est une société libre, non par les vertus de la nation, mais par la facilité de son gouvernement ; non par l’obéissance à des lois sévères, mais par des lois qui exigent peu des hommes. […] De quelques traités de Voltaire sur la réforme des lois pénales. […] En demandant une loi pénale plus douce, on songeait moins à relever la nature humaine qu’à mettre l’individu plus à l’aise.
. — Mobile d’intérêt immédiat : par la connaissance des lois de la nature, l’homme prétend accroître son bien-être. […] L’impossibilité de pénétrer les lois du déterminisme qui les mène fait imaginer un mode contraire à la nécessité, que l’on nomme liberté, et qui n’est définissable que par les conséquences qu’on lui attribue. […] Leur conduite est constamment conforme aux lois de la probité, à la conception que l’idéal de l’époque a formée de l’honnête homme, et à vivre de la sorte, ils rencontrent à la fois la fortune et l’estime publique. […] C’est le cas, dans une société organisée, pour tous ceux dont l’union n’a pas reçu la sanction instituée par les lois. […] Cette faculté de mécontentement est donc la cause et le pivot de tout progrès, et on voit dès lors la loi ironique, le Bovarysme essentiel, qui gouverne encore ici l’humanité.
Thiers sur cette journée célèbre : « on a dit que le coup d’État du 18 fructidor était devenu inutile a l’instant où il lut exécuté, que le Directoire, en effrayant la faction royaliste, avait déjà réussi à lui imposer, qu’en s’obstinant à faire le coup d’État, il avait préparé l’usurpation militaire, par l’exemple de la violation des lois. […] Thiers a su en faire jaillir des leçons bien lumineuses, qui nous révèlent de plus en plus la marche de l’humanité et la loi des révolutions : « Les années seules, dit-il, épuisent les partis. […] Le gouvernement qui veut leur parler le langage de la justice et des lois leur devient bientôt insupportable, et plus il a été modéré, plus ils le méprisent, comme faible et impuissant. […] Le Directoire était ce gouvernement légal et modéré qui voulut faire subir le joug des lois aux partis que la Révolution avait produits et que vingt-cinq ans n’avaient pas encore épuisés. […] Ici l’historien retrouve la même loi fatale que pour les querelles des partis à l’intérieur, des constituants et des girondins, des girondins et des montagnards.
Dans les mers règne toujours la même loi. […] C’est une loi de la plus grande généralité et dont chaque continent peut offrir d’innombrables exemples. […] Il faudrait qu’un naturaliste fût bien peu susceptible de curiosité pour ne pas chercher quelle peut être cette loi si constante. […] Ainsi que je l’ai dit et répété, je ne crois à aucune loi nécessaire de développement. […] Or, pour qu’une théorie soit bonne et inébranlable, il faut, non seulement qu’elle soit conforme aux lois générales, mais encore qu’elle explique les exceptions particulières que ces lois présentent.
On retrouve encore la même loi dans la structure de la bouche des insectes. […] Des lois analogues gouvernent la structure de la bouche et des membres des crustacés. […] Nous constatons la même loi en comparant les mâchoires et les pattes des crustacés d’une complication si merveilleuse. […] Le plus souvent, néanmoins, les larves, quoique actives, subissent encore plus ou moins la loi des ressemblances embryonnaires. […] Nous avons vu que telle est la loi de développement chez des groupes entiers d’animaux, tels que les Céphalopodes et les Araignées.
Le jour levant dorait cette chose heureuse, la grande loi Multipliez était là souriante et auguste, et ce doux mystère s’épanouissait dans la gloire du matin. […] N’est-ce pas misère que de naître forcément dans telle patrie ou dans telle autre, soumis à des lois qu’on n’a pas faites et contre lesquelles on ne peut que protester ? […] et qu’avant d’énoncer sa théorie du progrès sans limites, il étudie profondément la force des choses, la loi de la nature, incommutable comme la nature elle-même. […] Que la société l’introduise en plus forte dose dans ses lois, à chaque misère sociale qui se révèle. […] — Cela finira, répondis-je à mes interlocuteurs alarmés, par quatre lois que le temps comporte et que la raison publique avoue : Une loi qui donne son droit politique à chacune des classes sociales par une part proportionnelle au suffrage ; Une loi qui assure, non le droit au travail, mais le droit de vivre à tout homme que le ciel envoie sur la terre pour y vivre.
Cette unité indissoluble du penser et de l’agir est la loi psychologique d’importance capitale que nous résumons par le terme : idée-force. […] La loi mécanique de la moindre résistance n’est-elle qu’un autre côté de la loi de la moindre peine ? […] Si le psychologue recherche les lois des phénomènes, ce sont surtout leurs lois de génération ou de genèse interne, qui font sortir un état de conscience d’un autre état de conscience par un processus dont les divers termes s’impliquent et s’expliquent mutuellement. […] On peut donc dire que les rapports psychologiques sont, comme tels, des rapports de finalité immanente, très différents des lois de causalité purement physique. […] Quand il s’agit de trouver les lois des choses extérieures, indépendantes de nous, l’imagination joue encore un rôle, mais beaucoup moindre, et elle a infiniment moins de valeur.
Elle ne peut faire autrement ; toute science est assujettie à cette loi. […] Nous l’avons indiquée, quand nous avons dit que les anciens ramenaient l’ordre physique à l’ordre vital, c’est-à-dire les lois aux genres, tandis que les modernes veulent résoudre les genres en lois. […] Mais une loi, en général, n’exprime qu’un rapport, et les lois physiques en particulier ne traduisent que des relations quantitatives entre les choses concrètes. […] Une loi relie entre eux des termes qui changent ; elle est immanente à ce qu’elle régit. […] Mais la science moderne roule sur des lois, c’est-à-dire sur des relations.
Il ne faudra pas donner des lois aux peuples ; il faudra observer les lois selon lesquelles les peuples se développent. […] Pour Montesquieu, Dieu, c’est l’Esprit des Lois. […] Une loi serait la préparation d’un caprice. […] Vous y voyez des lois. Mais une loi est une idée, et une idée suppose un esprit.
C’était elle qui portait, qui abolissait les lois, qui ordonnait la guerre, qui faisait marcher les armées, qui menait les citoyens sur les champs de batailles, qui consacrait leurs cendres lorsqu’ils étaient morts en combattant ; c’était elle qui, de dessus la tribune, veillait contre les tyrans, et faisait retentir de loin, à l’oreille des citoyens, le bruit des chaînes qui les menaçaient. […] Dans les monarchies heureuses et tempérées par les lois, quoique la nation jouisse de la liberté que les lois donnent, on sent bien cependant que cette liberté n’est pas aussi favorable à l’orateur que celle des républiques. […] Parmi les causes ordinaires, plusieurs par l’embarras de nos procédures, ne dépendent que des formes ; plusieurs par le vice de nos lois qui se combattent, se réduisent souvent à une discussion sèche de lois qu’il faut éclaircir : l’étude même de tant de législations opposées, consume parmi nous la vie d’un orateur. […] Le goût punit par le ridicule ceux qui s’écartent de ses lois ; la société perfectionnée achève de l’étendre. […] Enfin, un roi et des hommes illustres à célébrer, une cour sensible à tous les charmes de l’esprit, un clergé plus éclairé, un barreau plus instruit, un gouvernement occupé de la réforme des lois, et les premières dignités de l’église accordées quelquefois aux premiers talents de la chaire, tout cela ensemble contribua à faire naître et à perfectionner parmi nous les orateurs.
Une loi juive 1193 défendait de laisser un cadavre suspendu au gibet au-delà de la soirée du jour de l’exécution. […] Selon la loi juive, enlevé le soir, il eût été déposé dans le lieu infâme destiné à la sépulture des suppliciés 1203. […] La loi romaine, à cette époque, ordonnait d’ailleurs de délivrer le cadavre du supplicié à qui le réclamait 1206. […] Ce transport d’ailleurs eût pu se prolonger jusqu’à une heure avancée et entraîner une violation du sabbat ; or les disciples observaient encore avec conscience les prescriptions de la loi juive.
Il la recommande aux Romains ; la politesse exquise de son esprit en avait conçu les lois : mais la chose était hors des mœurs générales ; le mot décence n’existait même pas ; pour l’en tenir lieu, Cicéron emploie cette locution : quod decet . […] La bienséance du langage est une loi de la morale dans toute société où les femmes sont en parité avec les hommes, parce que c’est un devoir envers elles. […] Les sympathies et les antipathies naturelles sont des lois de la morale, intimées à tous les cœurs bien nés. La bienséance du langage serait une loi du goût, quand elle ne serait pas une règle de morale, et c’est par cette raison que la bienséance peut être respectée au plus haut point chez une nation où la corruption des mœurs est portée au dernier excès.
Il me semble plus modeste et plus sage de nous en tenir à la méthode inductive, de partir pour le moment de faits bien et dûment constatés, en nous élevant petit à petit à ces faits généralisés que l’on appelle des lois. Les lois sont beaucoup plus faciles à constater que les causes. Qu’est-ce, en effet, qu’une loi ?
II Il ne saurait y avoir deux lois ; l’unité de loi résulte de l’unité d’essence ; nature et art sont les deux versants d’un même fait. Et, en principe, sauf la restriction que nous indiquerons tout à l’heure, la loi de l’un et la loi de l’autre. […] La variété des chefs-d’œuvre résultant de l’unité de loi, quoi de plus beau ? […] Dans le rythme, loi de l’ordre, on sent Dieu. […] Telle est la loi, peu connue, de l’art.
C’est une loi. […] Tous ceux-là qui s’imaginaient être le plus en dehors du débat et qui se moquaient de nous et de nos querelles, tous les philosophes de ce temps qui croient encore aux lois morales (et tous veulent avoir l’air d’y croire, ces ennemis de Tartuffe !) […] « Toute la création — dit Saint-Bonnet — est dans l’homme, l’homme dans la liberté, la liberté dans la loi, la loi dans l’infaillibilité. […] Au fond, il n’y en a qu’une : celle qui rattache l’homme aux lois ineffables de l’Être qui l’a constitué. » Et c’est de cette hauteur métaphysique qu’il s’élance, ce magnifique métaphysicien ! […] Il conclut à la faire entrer dans le désir et la volonté de l’homme, qui doit vouloir l’achèvement de son être et sa rentrée, par la souffrance, dans l’Infini qui sera sa béatitude… Effort, travail, souffrance, voilà la loi.