. — Dans l’Histoire de la vie et des travaux politiques du comte d’Hauterive, par M. le chevalier Artaud, au chapitre III, on peut lire une agréable anecdote ; L’abbé Delille et le Janissaire.
Le dictateur Manin y vécut dans une pauvreté fière et volontaire, il y vécut de son travail quotidien de professeur de langue italienne.
Là étaient la chambre et le cabinet de travail du poète ; les fenêtres prennent jour sur un petit jardin carré entouré d’un mur de briques et entrecoupé de plates-bandes d’œillets.
Parvenu à l’âge de quarante et un ans, possesseur par ses héritages personnels et par la dot de Térentia, sa femme, d’une fortune qui ne fut jamais splendide (car il ne plaida jamais que gratuitement, pour la justice ou pour la gloire, jugeant que la parole était de trop haut prix pour être vendue) ; lié d’amitié avec les plus grands, les plus lettrés et les plus vertueux citoyens de la république, Hortensius, Caton, Brutus, Atticus, Pompée ; père d’un fils dans lequel il espérait revivre, d’une fille qu’il adorait comme la divinité de son amour ; n’employant son superflu qu’à l’acquisition de livres rares, que son ami, le riche et savant Atticus, lui envoyait d’Athènes ; distribuant son temps, entre les affaires publiques de Rome et ses loisirs d’été dans ses maisons de campagne à Arpinum, dans les montagnes de ses pères ; à Cumes, sur le bord de la mer de Naples ; à Tusculum, au pied des collines d’Albe, séjour caché et délicieux ; mesurant ses heures dans ces retraites comme un avare mesure son or ; donnant les unes à l’éloquence, les autres à la poésie, celles-ci à la philosophie, celles-là à l’entretien avec ses amis ou à ses correspondances, quelques-unes à la promenade sous les arbres qu’il avait plantés et parmi les statues qu’il avait recueillies, d’autres au repas, peu au sommeil ; n’en perdant aucune pour le travail, le plaisir d’esprit, la santé ; se couchant avec le soleil, se levant avant l’aurore pour recueillir sa pensée avant le bruit du jour dans toute sa force, sa santé se rétablissait, son corps reprenait l’apparence de la vigueur, sa voix ces accents mâles et cette vibration nerveuse que Démosthène faisait lutter avec le bruit des vagues de la mer, et plus nécessaires aux hommes qui doivent lutter avec les tumultes des multitudes.
« Dans ce dessein, tous ensemble nous libellâmes un écrit dont chaque mot fut pesé un à un, et cinq heures s’écoulèrent dans ce travail.
Que cet homme était à la fois assez grand poëte pour imaginer toute une poésie originale, et assez maniaque pour s’obstiner, pendant quarante ans, au plus stérile et au plus ingrat des travaux d’esprit ?
Il perdait son rythme pour se mouler sur celui de la phrase musicale, et, comme la rime le gênait encore dans ce travail d’assimilation, il finissait par s’anéantir dans une prose chantante qui n’était plus qu’une mélodie continue.
Il condense les eaux dans les nuées, et les nuées soutiennent leur propre poids, etc. » Puis, comme se repentant aussi d’avoir trop dégradé l’homme, il entonne l’hymne de ses grandeurs, il les énumère dans ses innombrables industries, dont l’énumération à cette époque atteste que le travail humain avait déjà transformé le globe.
« Aussitôt que les arbres ont développé leurs fleurs, mille ouvriers commencent leurs travaux : ceux-ci portent de longues pailles dans le trou d’un vieux mur, ceux-là maçonnent des bâtiments aux fenêtres d’une église, d’autres dérobent un crin à une cavale ou le brin de laine que la brebis a laissé suspendu à la ronce.
Il est évident que nous ne mentionnons point ceux dont la réputation est antérieure aux limites de notre travail.
André Breton ne nous rapporte-t-il point, et non sans raison, dans le Manifeste du surréalisme, que Saint-Pol Roux avait écrit sur la porte de sa chambre à dormir, de sa chambre à rêver : « Le poète travaille. »cg Et ce travail n’a rien à voir avec les festons, astragales et petits mensonges multicolores qui décidaient Pascal à comparer les soi-disant poètes de son siècle à des brodeursch.
Mais à peine mon travail avait-il été publié, qu’un habile paléontologiste, M.
De nos jours encore, si déchus qu’ils soient12, « ils ont de l’esprit autant que peuple au monde, et il n’est pour ainsi dire aucun travail intellectuel dont ils ne soient capables. […] Il y en avait, et c’étaient justement les plus populaires, que le travail plus énergique de la légende avait détachés et érigés en personnages distincts.
A ces sens tout-puissants, vous reconnaissez immédiatement Hercule et vous songez à celui de ses travaux qui le ferait soigner aujourd’hui comme satyriaque. […] Et ses mains de femme, propres aux petits travaux délicats, se sont souvent efforcées à nouer ces grosses gerbes difficiles, faites de fleurs et d’épines, qu’on appelle des romans historiques. […] Arvède Barine a donné sur quelques Névrosés des études ni plus ni moins intéressantes que ses travaux antérieurs.
Ils vivent d’un travail accompli, automatiquement, dans les entrailles de la terre, par les ouvriers. […] André Malraux, auteur d’un roman, Les Conquérants, d’ailleurs remarquable et puissant, quoique un peu bavard et diffus, caractérisant, exaltant même le « travail » des communistes en Chine — voici que M. […] Et, comme cette littérature, en grande partie d’introspection, fouillait un terrain nouveau, il lui a fallu un instrument, c’est-à-dire un style, adapté à ce travail.
Dorénavant pour les premiers personnages du royaume, hommes et femmes, ecclésiastiques et laïques, la grande affaire, le principal emploi de la vie, le vrai travail, sera d’être à toute heure, en tout lieu, sous les yeux du roi, à portée de sa parole ou de son regard. « Qui considérera, dit La Bruyère, que le visage du prince fait toute la félicité du courtisan, qu’il s’occupe et se remplit toute sa vie de le voir et d’en être vu, comprendra un peu comment voir Dieu fait toute la gloire et toute la félicité des saints. » Il y eut alors des prodiges d’assiduité et d’assujettissement volontaire.
Si quelquefois, comme dans l’Alchimiste, il a réussi par la perfection de l’intrigue et la vigueur de la satire, il a échoué le plus souvent par la pesanteur de son travail et le manque d’agrément comique.
Je n’invitai personne à venir me voir chez moi pour conserver ma liberté, et je tins toujours comme plus raisonnable d’aller visiter les autres quand cela me convenait ; car, s’ils me déplaisent et si j’ai à travailler, je puis ne pas les aller voir, tandis que, si les gens viennent chez moi et s’ils m’ennuient, je ne sais comment m’en débarrasser ; s’ils me conviennent d’ailleurs, ils peuvent précisément me gêner dans mon travail.
M. de Talleyrand, interrompu dans son travail de reconstitution de l’ordre européen, n’eut qu’à pallier, à gémir ou à se taire.
Ce travail aurait sa grande utilité ; mais, tel n’est point le but que M.