Hoffmann, le caricaturiste en littérature, espèce de Hogarth incertain dont la main tremblait tout en appuyant sur le trait, a surchargé ses personnages de détails mesquins, inutiles ou vulgaires, et cette manie de sa pensée ne nous a jamais plus frappé que dans quelques-uns des Contes posthumes. […] Outre les sept Contes posthumes dont nous avons parlé, il contient la notice biographique par le conseiller Frédéric Rochlitz, qui fut publiée en 1822 par la Gazette de Leipzig, quelques traits sur la caractéristique d’Hoffmann, une correspondance de sa jeunesse, des extraits de son livre de notes, sa correspondance musicale, enfin des portraits et des dessins de ce singulier tohu-bohu vivant d’artiste, qui avait en lui trois aptitudes auxquelles il se suspendait tour à tour, ne sachant s’il devait être poète, musicien ou peintre, — embarras que, par parenthèse, n’éprouve point un homme de génie, dont la vocation est l’immaîtrisable élan de ses facultés !
S’il y a un de ces traits de peintre qui restent, vivants et tenaces, sur la toile de nos esprits, comme, par exemple, celui de ces « loups affamés qui, de leurs flancs amaigris, faisaient ceinture aux monastères, et, de leurs hurlements, répons aux psaumes chantés par les moines, aux offices de nuit », allez ! il n’est pas de M. de Montalembert, ce trait pittoresque !
Il est évident qu’il n’est ni un bronze, ni un or, ni un argent sonore ; mais un cœur, — un cœur humain, semblable à nos cœurs, ensanglanté des mêmes traits qui nous les ont percés, et qui pourraient entrer dans les mêmes blessures et s’y adapter ! tant ce sont les mêmes traits.
Le violent, l’absolu Richepin, s’est laissé tranquillement châtrer ; mais c’est ici un trait caractéristique de l’espèce d’homme qu’il est que je ne veux pas oublier. […] Quoique le romancier voie les réalités, et, quand il s’agit de les nommer, ne barguigne pas, le cynisme de ce terrible Richepin, qui ne craignait pas autrefois d’être cynique, qui n’hésitait jamais devant l’expression et se jetait à corps perdu sur elle, n’a plus guères, dans tout ce livre, que quelques traits fort rares, et encore le romancier ne s’y arrête pas, ou, s’il les ose, le croiriez-vous jamais ?
Il y a des mots qui disent plus que vingt pages, et des faits qui sont au-dessus de l’art de tous les orateurs ; par exemple, le mot de Saint-Hilaire à son fils : Ce n’est pas moi qu’il faut pleurer, c’est ce grand homme ; et ce trait du fermier de Champagne qui vint demander la résiliation de son bail, parce que, Turenne mort, il croyait qu’on ne pouvait plus ni semer, ni moissonner en sûreté ; et cette réponse, si grande et si simple, à un homme qui lui demandait comment il avait perdu la bataille de Rhétel, par ma faute ; et cette lettre qu’il écrivit au sortir d’une victoire : « Les ennemis sont venus nous attaquer, nous les avons battus ; Dieu en soit loué. […] Il faut en convenir, on a regret que la dignité de l’oraison funèbre et sa marche soutenue, ou du moins le ton sur lequel le préjugé et l’habitude l’ont montée, ne permettent point d’employer ces traits d’une simplicité touchante, et qui mettraient souvent le héros à la place de l’orateur.
Louis portait quelque chose de la mélancolie du Lépreux sur ses traits de dix-sept ans. […] Son nez était aquilin, la finesse naturelle du demi-Italien s’y révélait sur la bonhomie indécise du montagnard de Savoie ; ses lèvres étaient un peu pincées, mais un pli d’amertume triste en caractérisait fortement les coins ; son menton, trait principal de l’intelligence, était ferme, long, carré, et dessinait avec ses joues maigres et creuses un angle fermement accentué comme chez un vieillard. […] Jamais la mélancolie maladive n’incarna son image plus complète sur des traits humains que dans cette figure. […] Un seul trait pourra vous donner une idée de sa tendresse pour moi. […] Malgré la maladie qui l’a enlevée, et qui avait altéré ses traits, elle eût été belle encore sans une pâleur effrayante qui la déparait : c’était l’image de la mort vivante, et je ne pouvais la voir sans gémir.
On cite de lui un trait qui fait le plus grand honneur à ses sentiments d’humanité non moins qu’à sa modestie. […] Non, Montesquieu n’a pas été un profond législateur ; il a été ou il a voulu être un simple érudit en législation, et il s’est trompé neuf fois sur dix dans ses prémisses et dans ses conclusions. — Et n’étant échauffé, comme un érudit, par aucune flamme idéale, illusionné par aucun rêve, il a écrit froidement ; il a remplacé par quelques traits d’esprit les généreuses erreurs que le rêve ajoute en ce genre à la vérité ; il a laissé à Platon son idéal, quelquefois brillant, souvent absurde, de sa République ; à J. […] « On ne trouvera point ici ces traits saillants qui semblent caractériser les ouvrages d’aujourd’hui. […] C’est un trait de cette vie dont les historiens ne nous disent pas que quelque autre conquérant se puisse vanter. […] « Que la noblesse moscovite ait été réduite en servitude par un de ses princes, on y verra toujours des traits d’impatience que les climats du Midi ne donnent point.
Le même trait caractérise, en Vaugelas, l’homme et le critique ; la personne ne se montre pas plus dans l’un que dans l’autre. […] Patru courait pourtant moins de risques que Chapelain ; mais c’est un trait propre à cette école d’écrivains théoriciens : le goût les rendait timides. […] La force de la discipline et de la foi réglait de telle sorte ces diversités, qu’au lieu de dégénérer en traits d’humeur particulière, elles restaient comme les qualités distinctes d’un être collectif. […] Son ardeur pour la persécution et la disgrâce, cette vie de cachettes et de fuites, l’exil où il emportait la liberté d’écrire, préféré au silence dans la patrie ; ce mépris du repos, cette vieillesse toujours prête à combattre, cette soif de tout ce qui pouvait, dans ce temps-là, lui tenir lieu du martyre de la primitive Église, voilà des traits qui auraient dû laisser quelques marques dans ses ouvrages. […] Il est probable que certains traits sur l’opiniâtreté, « laquelle, dit-il, est d’autant plus grande qu’elle est de bonne foi et accompagnée de plus de lumière d’esprit71 », sont des allusions à Arnauld.
Avec les traits épars dans les documents nous formons des images. […] Comment se représenter ces traits différents pour lesquels le modèle nous manque ? […] Le travail de l’histoire consiste à rectifier graduellement nos images en remplaçant un à un les traits faux par des traits exacts. […] L’image historique finit ainsi par être une combinaison de traits empruntés à des expériences différentes. […] La critique nous l’a montrée en détail pour chaque cas, il faut la résumer en quelques traits pour un ensemble de faits.
La Poésie ne vit que de fictions, d’images, d’ornemens ; & la peinture, qui est une espece de Poésie en son genre, n’offre-t-elle pas à l’imagination mille traits capables d’embellir un Poëme ?
Le défaut principal de ses Comédies est d’être en général peu régulieres & trop licencieuses ; mais elles offrent de la gaieté, des saillies, du naturel, un dialogue vif, & des traits d’un très-bon comique.
La fameuse Satire Ménippée lui doit une grande partie des traits qui lui ont donné de la célébrité.
Quelques situations, quelques traits de sentiment, une pantomime aussi adroitement ménagée qu'il est possible de le faire, peuvent amuser quelques instans le Spectateur, mais sont entiérement perdus pour le Lecteur, à qui rien ne fait plus illusion.
Il n’a pas dans sa tête le premier trait de la figure de l’archange, ni son mouvement, ni le caractère angélique, ni l’indignation fondue avec la noblesse, ni la grâce, ni l’élégance et la force.
Ici apparaît un trait nouveau de l’esprit français, le plus précieux de tous. […] Sachez bien qu’on a pu choisir chez eux, embellir parfois, épurer peut-être, mais que leurs premiers traits sont incomparables. […] Le besoin de rire est le trait national, si particulier que les étrangers n’y entendent mot et s’en scandalisent. […] Elle en témoigne aussi par d’autres traits plus agréables. […] Poiz trait l’espée, altre féri.
On lui doit une édition des Essais, avec une Préface à sa maniere, où l’on trouve des traits de sens, d’esprit & d’érudition, qui ont fourni, par parenthèse, à Pasial, trois ou quatre de ses plus brillantes pensées.
Si l'expression de la sensibilité inépuisable de son cœur paroît quelquefois emprunter le langage de l'esprit, ce n'est que pour produire de ces traits fins & délicats, fruit d'une imagination tendre & vive, & rendus dans un style qui peint & anime tout.
La mort pourrait y paraître, mais sous les traits d’un ange à la fois doux et sévère ; car le tombeau du juste doit toujours faire s’écrier avec saint Paul : Ô mort !
Plusieurs mauvais dessins dont je ne parlerais pas, sans un de ces traits d’absurdité sur lesquels il faut arrêter les yeux des enfans.
Cela est pitoyable et sa légende, faite par ses admirateurs et ses amis, abonde en traits de mauvais goût. […] C’est là un des traits caractéristiques de sa philosophie. […] Ce dernier trait, ce trait de nature est frappant. […] L’andréide ressemble trait pour trait à cette vivante ; mais, les pensées qu’elle exprime, au moyen d’un phonographe interne, sont d’une idéale beauté, ayant été composées par les écrivains les plus habiles des deux mondes. […] Barthélémy se plaisait à la retrouver dans les traits de la Françoise de Rimini d’Ary Scheffer.