Saliat, enterré, était vivant, bien vivant, très vivant , comme dit si gaiement Béranger ; et c’était Larcher qui était le cadavre, un cadavre comme il y en a beaucoup, qui marchent la terre du Seigneur et qui s’y prélassent, au lieu d’être tranquillement et tout de leur long, à tout jamais, couchés sous elle ! […] Seulement, il savait bien cette magnifique langue du seizième siècle, qui semble avoir été creusée et arrondie comme une coupe pour y recevoir le génie grec, épanché de l’amphore maternelle, et il y reçut celui d’Hérodote, qui, lui aussi, était le génie grec avec une date, — une date après laquelle il n’y a rien de cette force de chêne en pleine terre, de cette grâce fruste et de cette naïveté !
Silvio Pellico, si chiche qu’il soit par tant de côtés, a une grandeur à sa manière, et cette grandeur-là est plus pour nous que le génie lui-même : l’enthousiasme de la terre natale et le charme de la pitié. […] Quoique nous reconnussions que l’accent du livre des Prisons ne fût pas un accent de la terre, cependant cet accent qui nous troublait s’arrêtait à une certaine place de notre âme.
Martin, qui depuis quinze ans poursuit la morale chez tous les peuples de la terre, comme M. […] Martin demandé pour l’homme une plus grande liberté, moins de pénalité, et, comme tous ces messieurs les philanthropes humanitaires, un petit paradis sur la terre.
Silvio Pellico, si chiche qu’il soit par tant de côtés, a une grandeur à sa manière, et cette grandeur-là est plus pour, nous que le génie lui-même, l’enthousiasme de la terre natale et le charme de la pitié. […] Il avait enfin appartenu à la jeune Italie, à ce parti de terrassés, qui ne se croient jamais vaincus, et ce n’était pas là pour nous des recommandations bien puissantes, Quoique nous reconnussions que l’accent du livre des Prisons ne fût pas un accent de la terre, cependant cet accent qui nous troublait, s’arrêtait à une certaine place de notre âme.
Jamais au clair soleil je ne tendrai les bras, Car il ne connaît point les rayons qu’il nous jette ; Rien ne peut animer notre sol qui végète… Sans savoir que tu meurs, ô terre, tu mourras ! […] Vous rappelez-vous cette page inouïe de Jean-Paul, dont le sublime transportait madame de Staël, quand, au Jugement dernier, il peint le désespoir des âmes qui auront vécu en Jésus-Christ sur la terre et compté sur le ciel pour prix des plus cruelles vertus, lorsqu’elles entendront une voix sortant des profondeurs de l’Infini, qui criera par tout Josaphat : Vous vous êtes trompés !
Les six pieds de terre qui suffisent à la mort suffirent à sa vie, et il fut aussi grand dans ces six pieds de terre que s’il avait traîné son génie, pour le développer, partout l’univers !
Je le renverse en luttant, disait un de ses rivaux ; mais lors même qu’il est à terre, il prouve aux Athéniens qu’il n’est pas tombé, et les Athéniens le croient. […] En donnant leur vie pour l’État, ils ont mérité la plus honorable des sépultures : je ne parle pas de celle où reposent leurs ossements, la gloire des grands hommes n’est pas renfermée sous le marbre qui les couvre : la terre entière est leur mausolée ; leur nom vit dans toutes les âmes : c’est là que leur mémoire habite éternellement, au lieu que les tombeaux élevés de la main des hommes sont détruits par le temps.
Ils réalisèrent dans leur imagination l’hérédité, hereditas, comme souveraine des héritages, et ils la placèrent tout entière dans chacun des effets dont ils se composaient ; ainsi quand ils présentaient aux juges une motte de terre dans l’acte de la revendication, ils disaient hunc fundum, etc. […] En second lieu, tous les droits qui ont été, qui sont ou seront, dans leur nombre, dans leur variété infinis, sont les modifications diverses de la puissance du premier homme, et du domaine, du droit de propriété, qu’il eut sur toute la terre.
[La Terre nouvelle (mars 1900).]
Les vers de Joseph Blanc s’inspirent d’une terre fortement aimée et, en retour, elle leur communique sa sève et son parfum.
Il est incontestable que l’astronomie, en révélant à l’homme la structure de l’univers, le rang et la position de la terre, l’ordre qu’elle occupe dans le système du monde, a plus fait pour la vraie science de l’homme que toutes les spéculations imaginables fondées sur la considération exclusive de la nature humaine 124. […] Mais quelles inappréciables lumières ne fournira pas, pour découvrir les lois d’une formation religieuse, ce vaste développement, si analogue au christianisme, qui de l’Inde a envahi une moitié de l’Asie et envoyé des missionnaires depuis les terres séleucides jusqu’au fond de la Chine ! […] La terre où le christianisme puisa son suc et étendit ses racines, c’est l’humanité, et surtout le monde gréco-latin ; mais le noyau d’où l’arbre est sorti est tout juif. C’est l’histoire de cette curieuse embryogénie, l’histoire des racines du christianisme, jusqu’au moment où l’arbre sort de terre, tandis qu’il n’est encore que secte juive, jusqu’au moment où il est adopté ou absorbé, si l’on veut, par les nations, que j’ai voulu indiquer ici. […] Ces prodiges ont été opérés à la vue de toute la terre.
— Tu veux, mon cher, qu’on mette en terre de Lourmel, à la façon d’un pauvre diable.” » « Je l’ai rencontré, ce cher ami, quand on l’a rapporté blessé mortellement. […] Vous savez qu’elle se retourne dans la terre. […] Il y a, dans le petit salon où je suis introduit, deux commodes étagées l’une sur l’autre et un grand cadre sculpté, posé à terre, couvre tout un panneau de la pièce. […] Quelques-uns, arrachés de terre, montraient, retournées en l’air, leurs racines et leur chevelu emmêlé de glaise sèche. […] J’y ai vécu une heure, enlevé aux choses et aux idées de la terre, dans une griserie de grandiose, d’altitude, de sublime, d’oxygène.
Vous êtes morte, ensevelie sous terre, Et vous m’avez laissé au milieu des tourments. […] Je serai ce soir ivre mort ; Alors, sans peur et sans remord, Je me coucherai sur la terre, Et je dormirai comme un chien ! […] Seulement, pour qui veut explorer la nuit, autre chose est de poser à terre sa lanterne, tout près de ses pieds, où elle ne fera sortir de l’ombre qu’un certain nombre de grains de sable ; autre chose de la diriger à droite et à gauche, de projeter sa clarté au loin et en avant, à chaque pas. […] — « C’est cet admirable, cet immortel instinct du beau, continue Baudelaire, qui nous fait considérer la terre et ses spectacles comme un aperçu, comme une correspondance du ciel. […] Et Shelley, décrivant les fleurs d’un jardin, dira : Le perce-neige et puis la violette s’élevèrent du Mouillé d’une sol chaude pluie, et leur souffle était mêlé A la fraîche odeur de la terre, comme la voix à l’instrument.
Selon lui, l’action du soleil sur la terre, alors couverte par les eaux, fit saillir des pellicules, matrices d’organismes imparfaits, qui plus tard, se développant par degrés, donnèrent naissance à toutes les espèces actuellement vivantes. Les ancêtres de l’homme furent des animaux aquatiques analogues aux poissons : ils habitaient les eaux bourbeuses et s’habituèrent lentement à vivre sur la terre ferme à mesure que le soleil la desséchait. […] Cicéron après Aristote déclare nettement que la philosophie est progressive et que « les choses les plus récentes sont d’ordinaire les plus précises et les plus certaines. » Sénèque trace un éloquent tableau des progrès de l’astronomie, et croit pour l’avenir à des conquêtes plus merveilleuses encore ; il proclame que la nature aura toujours de nouveaux secrets à nous livrer, qu’elle ne révèle ses mystères que graduellement et dans une longue suite de générations humaines, que nous nous figurons être initiés à la vérité, et ne sommes encore qu’au seuil du temple, qu’un jour enfin reculeront les bornes de la terre et se déploieront, par-delà l’extrême Thulé, les vastes étendues d’un nouveau monde. […] Que dire par exemple de cette influence attribuée au mouvement de la terre autour du soleil et aux courans magnétiques, et qui, selon une loi formulée par Hegel, reprise par Michelet et de Lasaulx, ferait voyager la liberté, et avec elle la civilisation, d’Orient en Occident ? […] Telle est la dignité suprême de l’être libre, individuel ou collectif, qu’il petit indéfiniment retarder l’avènement du règne de Dieu sur terre, et tandis qu’une invincible nécessité maintient l’ordre au sein du monde matériel, il peut, lui, faire l’ordre ou le de faire au sein du monde moral.
Il vit habituellement à la campagne, en Provence, au milieu de ses livres, parmi les hommes de sa terre et de son sang. […] Jadis nos voyageurs français, gens de bonne souche gauloise, à l’esprit curieux et avisé, en vrais compatriotes de Montaigne ou du Président de Brosses, se préoccupaient surtout des mœurs et des coutumes des « pays estranges », et s’ils se passionnaient pour un tableau du Guide ou une statue de Bernin, ils ne dédaignaient pas de s’intéresser au commerce, ni au rendement des terres, voire aux recettes des cuisines exotiques. […] Chaque partie est tellement complète en soi et la somme des parties conspire en un organisme tellement parfait que l’œuvre entière semble isolée et suspendue dans le vide comme la terre dans l’espace. […] aux marches de Catalogne, comme aux marches de Bretagne, en terre lorraine comme en terre provençale, — je le sais ! […] Ils savent aussi que l’individu séparé de la race n’est rien, que l’aristocratie privée du sol qui la nourrit, de la richesse et de la puissance matérielle qui la soutiennent, n’est qu’un vain mot, et ils se riront des Jean sans Terre de nos prétendues « aristocraties intellectuelles ».
lorsque jaillit de son cerveau le plan d’une histoire générale de la terre et de la vie sur la terre ! […] Avoir transformé une herbe stérile en blé est une espèce de création dont cependant il ne doit pas s’enorgueillir, puisque ce n’est qu’à la sueur de son front et par des cultures réitérées qu’il peut tirer du sein de la terre ce pain, souvent amer, qui fait sa subsistance.
Bergeret, secrétaire du cabinet, à célébrer Louis XIV, ses guerres, ses conquêtes, le triomphe de sa diplomatie impérieuse : Heureux, disait en terminant Racine (et cette péroraison n’est pas la plus délicate partie de son discours), heureux ceux qui, comme vous, Monsieur, ont l’honneur d’approcher de près ce grand prince, et qui, après l’avoir contemplé, avec le reste du monde, dans ces importantes occasions où il fait le destin de toute la terre, peuvent encore le contempler dans son particulier, et l’étudier dans les moindres actions de sa vie, non moins grand, non moins héros, non moins admirable, que plein d’équité, plein d’humanité, toujours tranquille, toujours maître de lui, sans inégalité, sans faiblesse, et enfin le plus sage et le plus parfait de tous les hommes ! […] — C’est une émulation, une passion de convertir les gens en masse, comme s’il n’y avait qu’à y prêter la main : « Dimanche 16 septembre, à Chambord. — La Trousse fut nommé pour aller commander les troupes en Dauphiné, et tâcher de faire aussi bien en ce pays-là que Bouliers a fait en Béarn, en Guyenne et en Saintonge. » Quelquefois on se passe de dragons, et c’est mieux : « Jeudi 27 septembre, à Chambord. — On sut que les diocèses d’Embrun et de Gap, et les vallées de Pragelas, qui sont dépendantes de l’abbaye de Pignerol, s’étaient toutes converties sans que les dragons y aient été. » — « Samedi 29, à Pithiviers. — Le roi nous dit que M. de Duras, revenant de ses terres, l’avait assuré ce matin à Cléry, au sortir de la messe, que tous les huguenots de ses terres s’étaient convertis. » — « Mardi 2 octobre, à Fontainebleau. — Le roi eut nouvelle, à son lever, que toute la ville de Castres s’était convertie. » — « Vendredi 5, à Fontainebleau. — On apprit que Montpellier et tout son diocèse s’étaient convertis.
Né à Mâcon le 27 octobre 1643, fils d’un père lieutenant-général au bailliage, petit-fils et arrière-petit-fils de médecins fort considérés, Antoine Bauderon (c’était son nom de famille), connu sous le nom de Sénecé, qui est celui d’une terre, reçut une éducation très littéraire, mais qui sentait un peu la province. […] Sa mère, de fureurs par vengeance agitée, Sentit Junon jalouse et Lucine irritée ; La terre la refuse en son vaste contour, Le dieu de la lumière a peine à voir le jour… Cette fermeté de ton ne se soutiendra pas ; la pièce est trop longue. […] Dans une lettre à Mme de Bellocq, veuve de son ami, il a tracé un tableau assez riant de la vie tranquille, à la fois philosophique et chrétienne, qu’il menait durant les dernières années (1726-1737) : Ayant fait réflexion, disait-il, que j’étais dans un âge trop avancé pour me donner le soin d’économer (de régir) des biens de campagne, j’ai pris le parti de mettre ma terre en ferme et de me retirer entièrement à la ville.
Et cependant, toi, l’ami et l’élève éclairé des sciences ; toi, mon ami, tu cherches avec plus d’ardeur à te faire confondre dans la foule des grands d’un petit État, qu’à obtenir par tes travaux l’estime et l’amitié des véritables grands de la terre ! […] On vint demander à M. le bailli un passeport pour ces bonnes filles, afin qu’elles pussent en toute sûreté gagner Fribourg, une terre catholique. « Précisément dans ce moment-là, racontait Bonstetten, j’expédiais la permission d’exporter pour les besoins de l’armée française une certaine quantité de bétail. […] Au sortir de son bailliage de Nyon et revenu à Berne ou fermentaient des passions politiques très animées, Bonstetten y resta le moins qu’il put, et, après quelque temps passé à sa belle terre de Valeyres près d’Orbe, il accepta la mission de syndic dans les pays italiens sujets, dans ce qui forme aujourd’hui le canton du Tessin.
Il était noble, et il ne tenait qu’à lui en achetant une terre, un fief, d’avantager son aîné ; il y renonça quand il lui naquit un second fils. […] Au sortir de là, ayant quitté l’habit plus que l’esprit ecclésiastique, on le voit très-accueilli par le Chancelier Daguesseau, alors en disgrâce et habitant sa terre de Frênes. […] Son fils unique, qui semblait destiné, si l’on en juge par les éloges et les regrets qu’il inspira, à faire refleurir la tige poétique des Racine, périt dans un voyage, victime du tremblement de terre de Lisbonne, à l’âge de vingt et un ans (1755).