II Le moyen le plus apparent suivant lequel un groupe social est contraint de renoncer à ses propres manières d’être pour se soumettre à celles d’un groupe étranger, c’est la force armée. […] Le puissant intérêt qui était ici en jeu engendra le moyen d’intimidation coutumier, une religion fut inventée, les morts furent divinisés ; les tombeaux furent leurs temples et leur culte fut réglé suivant des rites.
Encore une fois, qu’est-ce que le christianisme, si la doctrine de la grâce, la doctrine de la justification, sont des doctrines lâches et arbitraires dont on prend ce qu’on veut, et que l’on accommode suivant les temps aux exigences profanes du sens commun, abandonnant le dogme lui-même dans sa précision et dans sa rigueur au pédantisme théologique ? […] On voit un père aliéné ou phthisique transmettre à ses enfants la phthisie ou l’aliénation, sans qu’on puisse le considérer lui-même comme coupable du mal dont il est la source autrement : il faudrait bientôt transformer toute nos maladies en crimes ; mais s’il est des cas où l’hérédité du mal a lieu sans péché, et par une simple loi de la nature, n’est-il pas évident que c’est la même loi qui s’applique dans les autres cas, et que par conséquent il y a là, non un châtiment héréditaire, mais une simple communication du mal suivant des lois données, d’où il n’y a rien à conclure en faveur du dogme en question.
L’histoire des Ecrivains ecclésiastiques de Dom Ceillier est travaillée, suivant l’Abbé Lenglet, avec plus d’étendue & de correction que la Bibliothèque de M. du Pin : “Il ne se contente pas d’écrire l’histoire de l’auteur dont il parle ; il fait voir encore le sujet qui a donné lieu aux écrits dont il fait l’analyse, avec des lumieres & des connoissances que n’avoit pu acquérir M. du Pin, lorsqu’il publia les premiers volumes de sa Bibliothèque ; ce qui lui donna lieu d’expliquer toutes les contestations qui se sont élevées dans l’Eglise.” […] “La Vie des Saints d’Adrien Baillet est ; suivant l’auteur du Dictionnaire des livres jansénistes, moins propre à édifier ou à instruire qu’à faire douter.
Le plus sûr est encore de faire de belles choses, suivant une formule médiocre ou bonne. […] Il a entrepris de refaire, suivant la formule perfectionnée et désormais définitive, La Recherche de l’absolu de Balzac, « notre maître à tous ».
Bien des chances lui étaient offertes dès lors, et dans le siècle suivant, par la dispersion de la Grèce sur tant de points du monde, par cet appel qu’une langue, une civilisation savante et victorieuse venaient faire aux intelligences diverses de tant d’indigènes d’Europe, d’Asie et d’Afrique, rapprochés par la conquête d’Alexandre. […] Suivant Strabon, « l’histoire de la création avait été transmise aux Égyptiens par un berger de Chaldée ».
La beauté d’ Athénaïs est de celles qui réussissent généralement ; mais si les hommes d’une éducation vulgaire, suivant la remarque de l’auteur, aiment les grâces qui attirent, les yeux qui préviennent, le sourire qui encourage, il n’en va pas ainsi de Bénédict : ses observations malignes ont plus d’une fois troublé jusqu’aux larmes la coquetterie naïve et réjouie de sa fiancée.
Marie, la gentille brune aux dents blanches, aux yeux bleus et clairs, l’habitante du Moustoir, qui tous les dimanches arrivait à l’église du bourg, qui passait des jours entiers au pont Kerlo, avec son amoureux de douze ans, à regarder l’eau qui coule, et les poissons variés, et dans l’air ces nombreuses phalènes dont Nodier sait les mystères ; Marie, qui sauvait la vie à l’alerte demoiselle abattue sur sa main ; qui l’hiver suivant avait les fièvres et grandissait si fort, et mûrissait si vite, qu’après ces six longs mois elle avait oublié les jeux d’enfant et les alertes demoiselles, et les poissons du pont Kerlo, et les distractions à l’office pour son amoureux de douze ans, et qu’elle se mariait avec quelque honnête métayer de l’endroit : cette Marie que le sensible poëte n’a jamais oubliée depuis ; qu’il a revue deux ou trois fois au plus peut-être ; à qui, en dernier lieu, il a acheté à la foire du bourg une bague de cuivre qu’elle porte sans mystère aux yeux de l’époux sans soupçons ; dont l’image, comme une bénédiction secrète, l’a suivi au sein de Paris et du monde ; dont le souvenir et la célébration silencieuse l’ont rafraîchi dans l’amertume ; dont il demandait naguère au conscrit Daniel, dans une élégie qui fait pleurer, une parole, un reflet, un débris, quelque chose qu’elle eût dit ou qu’elle eût touché, une feuille de sa porte, fût-elle sèche déjà : cette Marie belle encore, l’honneur modeste de la vallée inconnue qu’arrosent l’Été et le Laita, ne lira jamais ce livre qu’elle a dicté, et ne saura même jamais qu’il existe, car elle ne connaît que la langue du pays, et d’ailleurs elle ne le croirait pas.
Les pages suivantes parurent quelques jours après, dans la Revue des Deux Mondes.
Quelques retouches conviendraient au décor l’année suivante, pour donner aux mondains tout ensemble la sensation du nouveau et celle du recommencement.
Suivant les cas, un fonctionnaire peut s’appuyer sur les politiciens pour se défendre contre l’arbitraire administratif ; ou s’appuyer sur l’administration pour se défendre contre l’arbitraire des politiciens.
Au mois de mars de la même année, c’est elle-même qui écrit à sa fille, qu’elle a ménagé au cardinal de Retz, pour le samedi suivant, la lecture des Femmes savantes et Le Lutrin de Despréaux.
Être le plus brillant des suivants d’Auguste Comte, ne voilà-t-il pas, pour un esprit comme M.
Pouvait-elle être la sainte Thérèse d’une passion humaine et coupable, la femme qui, à vingt lignes de là, écrit les phrases suivantes, où s’étalent avec naïveté les pauvretés d’une âme chétive : « Quelle femme, quelle reine et quelle princesse n’ont pas envié mes joies et mon lit ?
Pouvait-elle être la sainte Térèse d’une passion humaine et coupable, la femme qui, à vingt lignes de là, écrit les phrases suivantes, où s’étalent avec naïveté les pauvretés d’une âme chétive : « Quelle femme, quelle reine et quelle princesse n’ont pas envié mes joies et mon lit ?
En fait de femmes de chambre qui pussent écrire des Mémoires, il n’y avait autrefois que des caméristes de haut parage, des femmes de chambre de maisons royales et des suivantes de princesses.
C’est alors que les jésuites, qui gouvernent l’Église, comme on sait, et font du pape leur polichinelle, lèvent sur Julio, pour ne plus le baisser jamais, le terrible glaive dont, suivant un cliché célèbre, la poignée est à Rome et la pointe partout, et, cette pointe de l’épée aux reins, ils le chassent de Toulouse et l’envoient dans la petite cure de Saint-Aventin, sise aux montagnes des Pyrénées, où ce curé amateur va faire désormais de la botanique et de la géologie, entre ses messes.
Il devint pensif, et, lorsqu’il se fut éloigné du voisin en suivant son père, après quelques minutes de silence, il demanda à celui-ci : « Mais qu’est-ce donc que la révolution ? […] À l’occasion de cette absence, Lullin lui adressa la lettre suivante : « Paris, 1er vendémiaire an IX (23 septembre 1800). […] David, devenu membre de la Convention, n’en appuya pas moins, dans la séance du 11 novembre suivant, une pétition des artistes libres demandant la suppression des académies. […] L’année suivante (1793), si fertile en grands événements, Girodet, occupé alors de son tableau d’Hippocrate refusant les dons des Perses, fut témoin du massacre de Basseville à Rome. […] Pendant ces années, il n’excita vraiment l’attention du public que par le portrait en pied d’un député nègre de Saint-Domingue, en 1798, et l’année suivante, en exposant pendant quelques jours au salon un tableau satirique que la réprobation publique le força d’enlever promptement.
Le sujet est aussi insuffisant que partout ailleurs : quelques vers de La Fontaine ont été dilués, suivant la méthode homéopathique, dans un tonneau d’encre. […] Sa sensibilité s’émeut devant le malheur des hommes ou des bêtes, suivant les mêmes lois que devant les beautés naturelles. […] Une fois connues les données banales du banal problème, tous les Sarcey du monde vous indiqueront, suivant une méthode aussi infaillible que mécanique, les scènes à faire. […] Dans les séries suivantes, Fiacres, Celles qu’on ignore, la fatigue se laisse un peu sentir et, à côté de pages charmantes, on rencontre des banalités et d’indifférentes plaisanteries. […] Le siècle suivant est une femme : capricieuse et sensible avec Rousseau, cynique et sentimentale commère avec Diderot, vieille attendrie avec Michelet, et qui retombe en enfance dans les éblouissements baveurs et vagissants de nos petits naturistes.
On estimait être en droit de distribuer le blâme ou l’éloge suivant des règles fermement établies par la tradition, l’usage et le goût. […] Elle abrita une génération de croyants qui s’y trouvaient à l’aise et se doutaient peu des difficultés qu’ils préparaient à la génération suivante. […] Il y occupa d’abord la chaire d’histoire qu’il échangeait l’année suivante contre celle d’exégèse biblique. […] Les lignes suivantes, citées par M. […] Étude biographique, pages 35 et suivantes.
Et, comme si sa pensée n’était pas assez claire, dans la scène suivante, elle dit à Cathos : Que veux-tu, ma chère ? […] La passion est un être concret, qui, suivant les individus, va tantôt jusqu’ici, tantôt jusque-là, tantôt un peu plus loin, tantôt plus loin encore ; l’homme de génie voit pourquoi telle passion ne va que jusqu’à tel point chez Paul sous l’action de telles ou telles circonstances qui la modèrent, tandis que chez Jean une autre passion aura un essor bien plus lointain. […] Mais, ces exceptions une fois établies, c’est évidemment aux hommes, à nous, qu’il appartient par nature d’être lettrés, érudits, savants, géomètres, jurisconsultes ; et aux femmes, suivant l’heureuse et juste expression de Molière, qui n’en a guère rencontré de plus heureuses, « d’avoir des clartés de tout ». […] Suivant au théâtre la trace et le contrecoup de la révolution qui se prépare dans l’État, nous verrons la bourgeoisie et le simple peuple s’y élever peu à peu à des rôles plus hauts et y faire chaque jour plus honnête figure ; et, à mesure que leur considération s’accroîtra dans ce monde fictif, nous verrons s’y introduire plus de retenue, le sentiment de la dignité morale devenir plus vif et plus net. […] Nos qualités sont des qualités laborieuses ; elles ne cachent pas assez qu’elles n’ignorent point leur prix, et on peut observer que notre littérature, suivant la pente de notre caractère, se fait solennelle jusque dans le banal.