C’est aussi de la sorte qu’en jugea Malebranche lorsqu’à la lecture du livre De l’homme, il se sentit tout à coup pénétré de dédain pour l’étude des historiens ecclésiastiques, et que dès ce jour il estima l’histoire indigne de son génie. […] Il a donc rempli, jusqu’ici du moins, en toute rigueur, sa sorte de mission historique.
Reynaud l’entend de la sorte, son vœu ne diffère pas notablement du nôtre ni de celui de nos confrères qui réclament, comme nous, les institutions dites républicaines. […] La Revue encyclopédique n’a pas simplement pour objet d’être un magazine bien fait, bien meublé de morceaux divers et suffisamment assortis, comme l’est, par exemple, la Revue des Deux Mondes, la meilleure publication de ce genre ; mais c’est un recueil systématique, fidèle à son titre, ayant une sorte d’unité et une direction de doctrine dans tous les sens.
La condition de la critique, en ce qu’elle a de journalier, de toujours mobile et nouveau, la fait ressembler un peu, je réprouve parfois, à un homme qui voyagerait sans cesse à travers des pays, villes et bourgades, où il ne ferait que passer à la hâte, sans jamais se poser ; à une sorte de Bohémien vagabond et presque de Juif errant, en proie à des diversités de spectacles et à des contrastes continuels. […] Mickiewicz nous a semblé, le dirons-nous, un peu injuste, un peu abusé par l’analogie poétique qui lui a fait considérer jusqu’au bout sa nation comme une sorte de peuple juif, unique, privilégié, doué entre tous de l’esprit de sacrifice, et du sein duquel la liberté, comme un autre messie, doit sortir.
En lisant les livres composés depuis la renaissance des lettres, l’on pourrait marquer à chaque page quelles sont les idées qu’on n’avait pas, avant qu’on eût accordé aux femmes une sorte d’égalité civile. […] On a appris à respecter profondément le don de la vie ; l’existence de l’homme, sacrée pour l’homme, n’inspire plus cette sorte d’indifférence politique, que quelques anciens croyaient pouvoir réunir à de véritables vertus.
Autrefois, une sorte de génie spontané, aidé par la rudesse des mœurs et l’inconscience des masses, créait ces grands développements politiques et religieux dont les conséquences nous régissent encore à beaucoup d’égards. […] Une sorte d’aveuglement, habilement ménagé par la nature, vous présente l’existence comme une proie désirable, que vous aspirez à saisir.
Les physiologistes positifs ont l’habitude de reprocher aux philosophes de ne pas aborder ces questions avec assez d’impartialité : ils leur reprochent de partir de certaines idées préconçues, de certaines hypothèses métaphysiques, et au nom de ces hypothèses, d’opposer une sorte de fin de non-recevoir à toutes les recherches expérimentales sur les conditions physiologiques de la pensée. On leur reproche d’être toujours disposés à altérer les faits, à les plier à leurs désirs ou à leurs craintes, de taire ceux-ci, d’exagérer ceux-là, afin que leur dogme favori, à savoir l’existence de l’âme, sorte triomphant de l’épreuve que lui font subir l’anatomie et la physiologie.
La politique devait modifier peu à peu cette passivité et la faire tourner en une sorte d’attitude agressive et souvent injuste. […] Isolé jadis dans un milieu réfractaire aux idéologies comme aux lettres, le provincial qui pense et qui s’hypnotisait dans l’adoration de Paris et le désir de quitter au plus vite le sol natal a dès à présent la facilité de s’affilier à un des groupements que nous venons de nommer et où il trouvera toutes sortes d’avantages moraux et des raisons plus grandes d’aimer les arts et d’aimer aussi sa région.
Laissez, au contraire, le Pape, qui est le souverain pontife de la parole, saisir dans toute son étendue le gouvernement spirituel de la chrétienté ; que le prêtre soit en même temps citoyen de l’état et sujet du chef de l’Église ; et que le chrétien exerce ses droits politiques ou remplisse ses devoirs religieux, sans que ces deux sortes d’actes aient aucune liaison entre eux. […] Bonaparte eut pour la religion une sorte de condescendance impie ; par un calcul plus impie encore, il ne voulait en faire qu’un moyen de police ou d’asservissement.
Ses études littéraires, d’ailleurs documentées, précises et savantes, me font l’effet d’une sorte de manuel héroïque. […] Je ne conteste pas non plus qu’il y ait une sorte d’origine physiologique ou organique à quelques-unes de ces habitudes. […] Ce n’est qu’à la suite d’une évolution déjà longue, et toujours progressive, que le vers alexandrin s’est assoupli de la sorte. […] Elle a besoin de s’élever, elle a des élans irrésistibles, et il ne faut pas qu’en s’élançant, elle s’égare aux superstitions de toutes sortes. […] Elle ne résiste pas et n’a pas résisté aux objections de toutes sortes qui lui ont été présentées, et aux faits qu’on lui a opposés.
Aux époques primitives, il n’y a qu’une sorte de navigation, le cabotage, et aucune mer n’est mieux faite pour y inviter ses riverains. […] La mer elle-même, si terrible et si menaçante au nord, est ici une sorte de lac. […] Un système est une sorte d’opéra sublime, l’opéra des esprits compréhensifs et curieux. […] La civilisation, en se déplaçant vers le nord, a dû pourvoir à toutes sortes de besoins qu’elle n’était pas obligée de satisfaire dans ses premières stations du sud. […] Quand un citoyen s’était fait tyran et voulait jouir de la vie, il agrandissait et établissait à demeure autour de lui ces sortes de fêtes.
Elle est une sorte de langage non articulé, inexprimable, qui nous conduit aux limites de l’infini et nous donne le pouvoir d’y plonger pendant quelques instants. […] C’est ce qui amena, d’autre part, les poètes à échafauder leur livret de telle sorte qu’un certain nombre de situations y fussent réunies pour permettre au musicien de distribuer dans la pièce un certain nombre de morceaux. […] Le Tondrama diffère de l’opéra en ce que la musique, dans celui-ci, est non un moyen d’expression du drame, mais une sorte de hors-d’œuvre qui se superpose à celui-ci. […] Nietzsche suppose une sorte d’harmonie préétablie entre le drame et la musique, aussi bien dans la tragédie antique que dans le Tondrama de Wagner. […] Haydn et Mozart furent encore traités de la sorte.
Il ne s’agit pas ici d’une sorte d’accident fâcheux qui serait arrivé par hasard à quelques poètes. […] Peu s’en faut que cela ne tourne à du lyrisme d’un genre spécial et qu’on n’y croie sentir une sorte de romantisme immodéré, du procédé, de la « littérature ». […] De manières, il semblait plutôt anglais, par une sorte de correction voulue et d’humour flegmatique. […] Or il est triste et même une sorte d’âpre désespoir traverse ces strophes égales. […] Il goûte, à ce lent meurtre de lui-même, une sorte d’âpre volupté.
De telle sorte, la renaissance à Lyon s’était faite insensiblement par voie d’infusion successive, et il y eut bien moins lieu que partout ailleurs au coup de tocsin de 1550, qui ressemblait à une révolution. […] Louise était savante, elle lisait les maîtres, elle avait contracté dans le commerce des Anciens cette sorte d’audace et de virilité d’esprit qui peut bien n’être pas toujours un charme chez une femme, mais qui n’est pas un vice non plus. […] Les diverses sortes d’amour et d’amitié, l’amour conjugal, fraternel, y sont célébrés ; Apollon cite Oreste et Pylade, et n’oublie pas David et Jonathas ; Mercure à son tour citera Salomon. […] Je suis obligé, bien qu’à regret, d’y renvoyer le lecteur curieux, pour ne pas trop abonder ici en ces sortes d’images12 ; mais j’oserai citer au long le sonnet xiv, admirable de sensibilité, et qui fléchirait les plus sévères ; à lui seul il resterait la couronne immortelle de Louise : Tant que mes yeux pourront larmes espandre, A l’heur passé avec toi regretter ; Et qu’aux sanglots et soupirs résister Pourra ma voix, et un peu faire entendre ; Tant que ma main pourra les cordes tendre Du mignard luth, pour tes grâces chanter ; Tant que l’esprit se voudra contenter De ne vouloir rien fors que toi comprendre ; Je ne souhaite encore point mourir. […] Il eut beau faire, lui et ceux qui le copièrent : malgré l’injure des doctes qui voulurent transformer sa vie en une sorte de fabliau grivois, la belle Cordière resta populaire dans le public lyonnais ; la bonne tradition triompha, et quelque chose d’un intérêt vague et touchant continua de s’attacher à son souvenir, à sa rue, à sa maison, comme à Paris on l’a vu pour Héloïse.
Chanson galante, chanson satirique, chanson de table, ils en ont eu de toutes les sortes et dans tous les âges. […] On a vu quelquefois, au plus fort des calamités et des fléaux, le cœur humain réagir bizarrement et prendre sa revanche par une sorte d’étourdissement et d’ivresse. […] Dans un dîner du 2 fructidor an iv (1796), dix-sept gens d’esprit dont on a les noms, et parmi lesquels on distingue les deux Ségur, Deschamps, père des poëtes Deschamps d’aujourd’hui, Piis, Radet, Barré, Després, etc., posèrent entre eux les bases d’un projet de réunion mensuelle qu’ils rédigèrent le mois suivant en couplets ; c’était l’ère des constitutions nouvelles et des décrets de toutes sortes ; on ne manqua pas ici d’en parodier la formule : En joyeuse société, Quelques amis du Vaudeville, Considérant que la gaieté Sommeille un peu dans cette ville, Sous les auspices de Panard, Vadé, Piron, Collé, Favart, Ont regretté du bon vieux âge Le badinage Qui s’enfuit ; Et, pour en rétablir l’usage, Sont convenus de ce qui suit : et, après la rédaction rimée-de divers articles du règlement, la commission signait en bonne forme : Au nom de l’Assemblée entière, Paraphé, ne varietur. […] On s’était refait une sorte de sécurité par insouciance, et, puisqu’on ne pouvait rien au gouvernail, on ne songeait qu’à remplir gaiement la traversée. […] Ces sortes de chansons, qui prêtent aux pointes et aux calembours, sont trop nombreuses dans le premier recueil de Désaugiers ; mais bien vite et du second coup il perça juste et ouvrit largement sa veine.
Mais ces sortes de frais sont d’habitude, et ils y comptent, au lieu qu’ils craignent, s’ils devenaient plus exacts, d’être plus chargés l’année d’ensuite. » En effet, le receveur, qui paye ses garnisaires un franc par jour, les fait payer deux francs et gagne la différence. C’est pourquoi, « si certaines paroisses s’avisent d’être exactes et de payer sans attendre la contrainte, le receveur, qui se voit ôter le plus clair de son bien, se met de mauvaise humeur, et, au département prochain, entre lui, MM. les élus, le subdélégué et autres barbiers de la sorte, on s’arrange de façon que cette exacte paroisse porte double faix, pour lui apprendre à vivre » Un peuple de sangsues administratives vit ainsi sur le paysan. « Dernièrement, dit un intendant678, dans l’élection de Romorantin, il n’y eut rien à recevoir par les collecteurs dans une vente de meubles qui se montait à six cents livres, parce qu’elle fut absorbée en frais. […] Celui-ci, pour envoyer les quatre pièces au consommateur, verse encore à la ferme 75 francs. — Le vin part, et la ferme lui prescrit certaines routes ; s’il s’en écarte, il est confisqué, et, à chaque pas du chemin, il faut qu’il paye. « Un bateau de vin du Languedoc692, Dauphiné ou Roussillon, qui remonte le Rhône et descend la Loire pour aller à Paris par le canal de Briare, paye en route, sans compter les droits du Rhône, de trente-cinq à quarante sortes de droits, non compris les entrées de Paris. » Il les paye « en quinze ou seize endroits, et ces payements multipliés obligent les voituriers à employer douze ou quinze jours de plus par voyage qu’ils n’en mettraient si tous ces droits étaient réunis en un seul bureau ». — Les chemins par eau sont particulièrement chargés. « De Pontarlier à Lyon, il y a vingt-cinq ou trente péages ; de Lyon à Aigues-Mortes, il y en a davantage, de sorte que ce qui coûte 10 sous en Bourgogne, revient à Lyon à 15 et 18 sous, et à Aigues-Mortes à plus de 25 sous. » — Enfin, le vin arrive aux barrières de la ville où il sera bu. […] … Nous sommes accablés d’impôts de toute sorte ; nous vous avons donné jusqu’à présent une partie de notre pain, et il va bientôt nous manquer si cela continue… Si vous voyiez les pauvres chaumières que nous habitons, la pauvre nourriture que nous prenons, vous en seriez touché ; cela vous dirait mieux que nos paroles que nous n’en pouvons plus et qu’il faut nous diminuer… Ce qui nous fait bien de la peine, c’est que ceux qui ont le plus de bien payent le moins. […] Boivin-Champeaux, Doléances de la paroisse de Tilleul-Lambert (Eure). « Une quantité de sortes de privilégiés, MM. des élections, MM. les maîtres de poste, MM. les présidents et autres attachés au grenier au sel, tous particuliers qui possèdent de grands biens, ne payent que le tiers ou la moitié des impôts qu’ils devraient payer. » 715.
Ainsi s’accomplit une sorte de cercle, tant au point de vue de la causalité qu’au point de vue de la finalité. […] C’est qu’alors nous subissons une sorte de poussée venant de notre organisme, du cours spontané de nos idées, de nos émotions, de nos appétitions. […] Lorsque nous ne concevons pas même l’acte contraire comme possible en soi et pour un autre que nous, sinon pour nous, lorsqu’il n’y a pas même de comparaison intuitive ou implicite, c’est alors une sorte de détermination réflexe, plutôt qu’une détermination réfléchie et volontaire, en « connaissance de cause. » La délibération peut être réduite au minimum pour deux raisons opposées : l’une, parce que tel mobile est trop tort pour laisser à la volonté la possession de soi ; l’autre, parce que la volonté se possédant elle-même est trop énergique et trop portée dans une direction pour accorder une attention quelconque au parti contraire. […] Si, au lieu de convenir que deux et deux font quatre, vous prétendez qu’ils font cinq, j’éprouve une sorte de choc et de contrariété intellectuelle, comme si, au moment où mes jambes avancent dans une direction, vous me tiriez brusquement en arrière. […] Ce qui ressemble de loin aux poids, ce sont les influences extérieures et adventives, sensations, paroles, conseils, ordres, suggestions de toutes sortes, qui encore n’agissent qu’en se combinant avec nos dispositions propres ; mais il y a des motifs internes, les plus décisifs en définitive, les seuls vrais motifs d’une détermination volontaire en tant que telle.
Et alors, en construit-elle, par une sorte d’atavisme superstitieux, un idéal de Foi matérialiste à violences d’appétits et sanctions de Besoins : et en même temps se dénature ou se détruit, d’être passé par elle qui lui demande ainsi que des prolongements décuplés de ses seuls sens, le sens universel et sacré, — Et parce que la hâtive Science moderne multipliant ses vulgarisations à la mesure des inaptes cerveaux, ne voit pas qu’ainsi elle s’amoindrit et se disperse, et ne grandit autour d’elle qu’une audace ou un scepticisme hostilement présomptueux : il se peut que se désagrège avant de se résumer une conscience, l’Occident… — Nous arrivons donc à une proposition « d’Altruisme » vrai, qui ne soit plus de sentiment, ni n’implique de renoncement personnel. […] Que l’on admette selon les grammaires usuelles, que les lettres-consonnes n’aient point de son par elles-mêmes, ou que l’on veuille entendre selon moi qu’elles représentent une sorte de préparation à valeur primitive, des organes de la voix saisis par l’instinct et la sensation pour parvenir à l’articulation pure des voyelles, — et qu’elles soient donc inséparables d’elles pour ce que, elles aussi, à degrés moindres, sonnent ou consonnent en devenir de timbres-vocaux : il sied de leur reconnaître, stridantes, explosives, martelantes, percutantes, pénétrantes et stridentes, des qualités spéciales de « Bruits ». […] S’il est commode, pour la matérielle activité des humanités surmenées ne demandant au langage quotidien que transmettre vite des idées à moitié devinées par le regard, que les mots soient surtout une sorte de gesticulation, une suite de graphiques parlés : ce ne peut être une sanction à l’inattention apportée au premier et générateur élément des langues, sinon à sa presque suppression. […] Assertion à interpréter en disant que le son pris en lui-même serait ainsi qu’une immatérielle transition entre la matière dépourvue du pouvoir de sentir, et l’organisme-vivant arrivé à l’expression émue de son instinct, en une sorte d’amorphe désir et de pré-volonté : par quoi nous passons au Son-articulé. […] De même qu’entre le geste muet et l’émotion l’analogie se dénonce, de même les sensations de douleur, de plaisir, de stupeur, de quiétude, se traduiront en la sorte de geste sonore qu’est, en première parole, le son guttural.
Ils ne comprennent pas que pour un curieux de ma sorte, un enthousiaste, un fanatique de style qui se trouve content et satisfait, si par hasard il rencontre en quelque tarte narbonnaise, un mot vrai, un mot trouvé, le commun des lecteurs, le commun des martyrs, rassasié de ces folies du style en délire, aussitôt les rejette et n’en veut plus entendre parler, une fois qu’il a porté à ses lèvres ce breuvage frelaté où se mêlent sans se confondre les plus extrêmes saveurs. […] mais les fières révoltes, les endiablés soulèvements, les forts blasphèmes à l’endroit des religions de toutes sortes, la crâne affiche d’indépendance littéraire et artistique, le hautain révolutionnarisme prêché en ces pages ! […] On ouvre et je me trouve dans un parloir, où, entre deux fenêtres, une Vierge est posée sur une sorte d’autel. […] Par une porte ouverte derrière moi, d’une petite pièce où le soleil donne en plein, il m’arrive des caquetages de sœurs et d’enfants, de jeunes joies, de bons petits éclats de rire, toutes sortes de notes et de vocalisations fraîches : un bruit de volière ensoleillée… Des sœurs en blanc, à coiffe noire, passent et repassent ; une s’arrête devant ma chaise. […] Que mon lecteur me permette aujourd’hui d’être un peu plus long que d’habitude, cette préface étant la préface de mon dernier livre, une sorte de testament littéraire.
Maintenant, pour comprendre la formation de ces trois sortes de langues et d’alphabets, nous établirons le principe suivant : les dieux, les héros et les hommes commencèrent dans le même temps. […] Or, de telles passions s’expriment par un ton de voix très élevé, qui multiplie les diphtongues, et devient une sorte de chant. […] Lorsque les bègues tombent sur une syllabe qui leur est facile à prononcer, ils s’y arrêtent avec une sorte de chant, comme pour compenser celles qu’ils prononcent difficilement. […] Enfin l’intelligence et la prononciation ayant acquis une grande rapidité, on commença de parler en prose, ce qui était une sorte de généralisation. […] Puis le nom de vers saturnien passa aux vers iambiques de six pieds, peut-être parce que ces derniers vers firent employés naturellement dans le langage, comme auparavant les vers saturniens-héroïques. — Les savants modernes sont aujourd’hui divisés sur la question de savoir si la poésie hébraïque a une mesure, ou simplement une sorte de rythme61 ; mais Josèphe, Philon, Origène et Eusèbe, tiennent pour la première opinion ; et ce qui la favorise principalement, c’est que, selon saint Jérôme, le livre de Job, plus ancien que ceux de Moïse, serait écrit en vers héroïques depuis la fin du second chapitre jusqu’au commencement du quarante-deuxième. — Si nous en croyons l’auteur anonyme de l’Incertitude des sciences, les Arabes, qui ne connaissaient point l’écriture, conservèrent leur ancienne langue, en retenant leurs poèmes nationaux jusqu’au temps où ils inondèrent les provinces orientales de l’empire grec.
Cette réflexion que nous avons faite depuis longtemps doit nous servir de point de départ dans notre manière de juger les livres sortis des journaux ou faits pour la publication périodique, et nous ne savons guère de roman aujourd’hui qui sorte de ces deux catégories. […] Vous vous détournez c’est pour aller heurter une sorte de satire à la Gilbert où les traces du malheureux poète sont un peu trop reconnaissables, mais aussi un peu trop défigurées. […] Suivant nous, il est assez indifférent qu’une œuvre d’art ait cette sorte de mérite qui ressort de l’érudition ; si elle est bonne littérairement, elle se passera de la science de l’antiquaire ; dans le cas contraire, rien ne peut la sauver. […] Cette sorte de maxime a été inventée, dans le principe, pour frapper d’excommunication tout ce qui ressemblait au style maniéré et même au pastiche. […] Si une Nuit de Cléopâtre n’a qu’une bien mince valeur littéraire, la lecture en est amusante ; ce n’est pourtant qu’une sorte d’état des lieux, fort détaillé, d’un palais antique.