XXIII « Sortis de Rome, la grande Aricia nous offre une halte mesquine » (aujourd’hui c’est encore l’Aricia, fameuse par ses chênes gigantesques, au pied desquels on trouve toujours assis un peintre, un amant ou un poète) ; « de là nous arrivons au marché d’Appius » (sorte de marché de Poissy de Rome).
Ses considérations sur les novateurs ou réformateurs politiques ou religieux, dans le même chapitre, sont de la même infaillibilité de vues. « Il y en a de deux sortes, dit-il : ceux qui ne peuvent que persuader et ceux qui peuvent contraindre.
Le Lépreux recula de quelques pas avec une sorte d’effroi, et levant les yeux et les mains au ciel : Dieu de bonté, s’écria-t-il, comble de tes bénédictions cet homme compatissant !
Contre ces deux sortes d’adversaires, Bossuet essaie toutes les armes de la théologie traditionnelle.
Dans cette espèce de phraséologie, l’esprit apparaît souvent comme une sorte de champ dans lequel la perception, la mémoire, l’imagination, la raison, la volonté, la conscience, les passions produisent leurs opérations, comme autant de puissances alliées entre elles ou en hostilité.
Sur la fréquentation de l’humanité, qu’on lui conseille avec toutes sortes de formes révérencieuses, il se met en colère : « Le monde… je vous demande un peu, ce qu’un salon révèle de la vie… ça ne fait rien voir du tout… j’ai 25 ouvriers à Médan, qui m’en apprennent cent fois plus ».
— On pourrait de la sorte mettre à presque toutes les phrases de René et d’Atala un commentaire historique, qui prouverait combien intime était la communion de sensations et d’idées entre Chateaubriand et son public.
Semblable à une vieille femme qui teint ses cheveux, frotte de rouge ses joues ridées, se couvre de bijoux et s’enguirlande de fleurs, pour se rajeunir, et qui ne réussit qu’à se rendre hideuse, l’art cherche lâchement à pallier ses décrépitudes par toutes sortes de procédés factices, au lieu de tenter dignement sa régénération dans une voie nouvelle.
Mais on dit quelque chose d’approchant ; on parle d’un passé que nul intervalle ne séparerait du présent : « J’ai senti se produire en moi une sorte de déclenchement qui a supprimé tout le passé entre cette minute d’autrefois et la minute où j’étais 60. » Là est bien, en effet, la caractéristique du phénomène.
Voyez maintenant si certaines comédies de Molière ne donneraient pas la même sensation : par exemple Monsieur de Pourceaugnac, qui commence presque raisonnablement et se continue par des excentricités de toute sorte, par exemple encore le Bourgeois gentilhomme, où les personnages, à mesure qu’on avance, ont l’air de se laisser entraîner dans un tourbillon de folie. « Si l’on en peut voir un plus fou, je l’irai dire à Rome » : ce mot, qui nous avertit que la pièce est terminée, nous fait sortir du rêve de plus en plus extravagant où nous nous enfoncions avec M.
Oui et non ; car il y a différentes sortes de dessins. […] Dans l’un, turbulence, tohu-bohu de styles et de couleurs, cacophonie de tons, trivialités énormes, prosaïsme de gestes et d’attitudes, noblesse de convention, poncifs de toutes sortes, et tout cela visible et clair, non seulement dans les tableaux juxtaposés, mais encore dans le même tableau : bref, — absence complète d’unité, dont le résultat est une fatigue effroyable pour l’esprit et pour les yeux.
Grâce à la fréquence et à la rapidité des échanges de toute sorte, grâce à la solidarité croissante qui unifie le monde, il se crée de nos jours, au-dessus des préférences de coterie et de nationalité, un esprit européen, un fonds de culture, d’idées et d’inclinations communes à toutes les sociétés intelligentes ; comme l’habit partout uniforme, on retrouve cet esprit assez semblable et docile aux mêmes influences, à Londres, à Pétersbourg, à Rome ou à Berlin. […] On appelait ainsi une sorte de cercle ou d’académie qui a été pour le romantisme russe ce que le Cénacle fut pour le nôtre un peu plus tard : le centre d’attaque et de résistance contre les classiques. […] On a écrit peu de vers plus beaux que ceux où l’ange déchu, descendu sur la terre, dit son amour à la fille de Géorgie : Mon paradis et mon enfer sont dans tes yeux. — Je t’aime d’une passion inconnue ici-bas, — et comme tu ne pourrais pas aimer ; — de toute l’ivresse, de toute la puissance — d’une pensée et d’un rêve immortels. — Dans mon âme, dès l’origine du monde, — ton image était gravée ; — elle flottait devant moi — dans les déserts de l’éther primordial… On a retrouvé et publié récemment un poème inconnu de Lermontof, Sachka, sorte d’autobiographie, où cet esprit tourmenté se montre tout entier, avec son mélange d’imaginations grandioses et d’amères railleries. […] Jamais elle ne riait ni ne plaisantait avec celui qu’elle avait choisi, elle l’écoutait en le considérant avec une sorte de stupeur ; parfois cette stupeur se changeait brusquement en terreur glacée ; son visage revêtait alors une expression morte, sauvage ; elle s’enfermait dans son appartement, et sa femme de chambre, l’oreille collée à la serrure, l’entendait sangloter sourdement. […] Un personnage de second plan, une sorte d’Olivier de Jalin, comme le Potouguine de Fumée, a mission de nous révéler la pensée de l’écrivain et de clore les débats.
Les deux odes qu’il lui a adressées, et que nous retrouverons tout à l’heure, respirent cette sorte de respect que l’innocence imprime même au vice amoureux.
Le gouvernement du Directoire, sorte de halte entre la mort et la vie d’un peuple, laissait respirer à pleine poitrine toutes les classes de la société européenne, heureuse de revivre et pressée de jouir après avoir tant tremblé.
Le premier de ces ridicules, c’est d’écrire, pour l’éducation universelle d’un peuple qui ne vit que de travail et de pauvreté, un livre qui suppose dans la famille et dans l’enfant qu’on élève une opulence de Sybarite ou des délicatesses de Lucullus, des palais, des jardins, des serviteurs de toutes sortes, des gouverneurs mercenaires attachés par des salaires sans mesure aux pas de chaque enfant, des voyages lointains à grands frais avec le luxe d’un fils de prince, voyages d’Alcibiade avec un Socrate à droite et un Platon à gauche de l’élève.
Mais il est temps que je vous rende compte, à vous qui êtes mes juges, des motifs de mon espérance. » Ici, comme toujours, il procède par interrogation à ses auditeurs, pour que la vérité sorte, pour ainsi dire, par contrainte de leur propre bouche, et qu’elle ait ainsi plus d’autorité sur eux.
XXVI « Cette extase, disais-je, est comparable à celle que nous avons éprouvée quelquefois nous-même, en tombant par hasard sur une de ces pages mutilées des livres sacrés de l’Inde, où la pensée de l’homme s’élève si haut, parle si divinement, que cette pensée semble se confondre dans une sorte d’éther intellectuel avec le rayonnement et avec la parole même de Dieu, de ce Dieu qu’elle cherche, qu’elle atteint, qu’elle entrevoit enfin au fond de la nature et du ciel, en jetant un cri de voluptueuse joie et de délicieuse possession du souverain Être.
Visionnaires, si on en croit les gens positifs, ces sortes d’esprits dont Shakespeare, qui n’a rien oublié sur sa route, nous a donné l’idéal dans Hamlet, et qui voient et regardent bien moins dans les choses que « dans l’œil de leur propre pensée ( in the eye of my mind ) », dit Hamlet, ressemblent à des peintres pour lesquels l’ordre du prisme serait renversé.
Le succès est toujours assuré, soit en tragique, soit en comique, à ces sortes de scènes qui représentent la passion la plus chère aux hommes dans la circonstance la plus vive.
Il revient à sa première passion ; cette femme et son frère l’entraînent au Ridotto, sorte de club, où la république encourageait, pendant le carnaval, toutes les vicissitudes corruptives du jeu : ils finissent par y perdre les monceaux d’or qu’ils y avaient d’abord gagnés.