/ 1654
1620. (1898) Politiques et moralistes du dix-neuvième siècle. Troisième série

Tel est le préjugé anticommuniste, préjugé qu’aucune éducation n’ébranle, qui se fortifie-même par l’éducation sans qu’on puisse découvrir comment cette éducation pourrait changer de principe, préjugé enfin dont les communistes paraissent tout aussi imbus que les propriétaires. » — C’est que l’homme sent s’évanouir sa dignité et sa personne même dans l’organisation communautaire à quelque degré qu’elle soit poussée et pour ainsi dire dès qu’elle commence : « La communauté des choses rend ma personne commune, dit-il, trouvant là une admirable formule ; je suis d’autant plus pur, plus libre, plus inviolé que je suis avec mes semblables en communauté plus éloignée, comme, par exemple, en communauté de soleil, en communauté de pays ou de langue.

1621. (1910) Propos de théâtre. Cinquième série

mais sans déclarer le soleil un astre faux, ni même un astre surfait, il ne faut pas se croire obligé de jurer qu’il n’a pas de taches. […] Les uns nous donnent, au grand soleil, le pain du corps ; les autres, à la lueur du gaz, nous donnent le pain quotidien de la fiction, si nécessaire à l’esprit inquiet et troublé par la réalité… » Le volume que j’ai sous les yeux contient un article très intéressant sur l’Aventurière d’Augier.

1622. (1904) Propos littéraires. Deuxième série

La Rochefoucauld est bien là, avec ses fougues et ses étrangetés de jeunesse, ses chevauchées, ses équipées, ses colères, ses amours ultra-romanesques, ses mousquetaireries et ses mousquetades ; et puis son apaisement, ses amusettes d’homme d’esprit, d’où sort tranquillement un livre immortel ; et puis sa sérénité du déclin, même parmi les souffrances physiques et morales, sa liaison dernière, charmante, paisible comme une causerie au soleil d’automne, ayant, aussi, cette suprême douceur qu’il partit le premier et put… manum moriens detinuisse manu . […] La nuit, j’adorerais les rayons de la lune, Au malin, le soleil, la lumière commune, L’œil du monde ; et si Dieu au chef porte des yeux, Les rayons du soleil sont ses yeux radieux Qui donnent vie à tous, nous conservent et gardent, Et les faits des humains en ce monde regardent.

1623. (1905) Propos littéraires. Troisième série

Quel étonnant miracle de ton toujours juste dans la peinture de l’objet le plus indécis, le plus fuyant et toujours se dérobant sous les yeux : Le soleil sous la mer, mystérieuse aurore, Éclaire la forêt des coraux abyssins Qui mêle aux profondeurs de ses tièdes bassins La bête épanouie et la vivante flore. […] Enfin le soleil vil, à travers ces nuées, Où son arc avait fait d’éclatantes trouées, Hercule tout sanglant sourire au grand ciel bleu. […] Ils sont comme apaisés, légèrement voilés d’un fin brouillard des pays du soleil, et quelquefois comme silencieux.

1624. (1890) Nouvelles questions de critique

« Il raconte que la terre est descendue du soleil, dit encore M.  […] Jamais peintre naturaliste, impressionniste, ou « tachiste » n’a fixé sur sa toile un coucher de soleil ou un effet de neige tel et si surprenant, que nous n’en puissions contempler dans la réalité un plus bizarre ou un plus invraisemblable à l’œil.

1625. (1903) La pensée et le mouvant

. — Soit, dira-t-on ; il y a peut-être quelque chose d’original et d’unique dans un état d’âme ; mais la matière est répétition ; le monde extérieur obéit à des lois mathématiques une intelligence surhumaine, qui connaîtrait la position, la direction et la vitesse de tous les atomes et électrons de l’univers matériel à un moment donné, calculerait n’importe quel état futur de cet univers, comme nous le faisons pour une éclipse de soleil ou de lune. — Je l’accorde, à la rigueur, s’il ne s’agit que du monde inerte, et bien que la question commence à être controversée, au moins pour les phénomènes élémentaires. […] Mais la sonde jetée au fond de la mer ramène une masse fluide que le soleil dessèche bien vite en grains de sable solides et discontinus.

1626. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Notes et pensées » pp. 441-535

CXC Le bonheur moral et la vérité sous trois formes : Platon au Sunium (l’humanité un jour de jeunesse et de soleil), — Lucrèce ou Épicure sur le promontoire de la sagesse (un grand naufrage dont, tôt ou tard, on fera soi-même partie) : « Edita doctrina, etc. » — Saint Paul ou Jésus, le sermon sur la montagne (circoncision des cœurs, — médiocrité de la forme, beauté rentrée et du fond). — Une quatrième forme, le scepticisme qui comprend tout, qui se métamorphose tour à tour en chacun, et qui conçoit la pensée humaine comme le rêve de tout et comme créant l’objet de son rêve (Montaigne, Hume)… CXCI (Du temps que j’étais bibliothécaire). — À la Mazarine, j’ai sous les yeux deux sortes d’objets qui me font continuellement l’effet d’un memento mori : cette multitude de livres morts et qu’on ne lit plus, vrai cimetière qui nous attend ; et cet énorme globe terrestre où l’Europe et la France font une mine si chétive en regard de ces immenses espaces de l’Afrique et de l’Asie, et de cette bien plus immense étendue d’eau qui couvre presque tout un hémisphère.

1627. (1824) Ébauches d’une poétique dramatique « Conduite de l’action dramatique. » pp. 110-232

Atys est vraiment opéra, parce que tous les incidents naissent de l’amour ; Armide de même ; Phaéton un peu moins, car l’ambition du soleil est peu agréable.

1628. (1922) Nouvelles pages de critique et de doctrine. Tome II

Il doit se rendre chez son patron du soleil levant au soleil couchant.

1629. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — Chapitre III. La Révolution. »

Il reste à demi barbare, empâté dans l’exagération et la violence ; mais sa fougue est si soutenue, sa conviction si forte, son émotion si chaleureuse et si surabondante, qu’on se laisse aller, qu’on oublie toute répugnance, qu’on ne voit plus dans ses irrégularités et ses débordements que les effusions d’un grand cœur et d’un profond esprit trop ouverts et trop pleins, et qu’on admire avec une sorte de vénération inconnue cet épanchement extraordinaire, impétueux comme un torrent, large comme une mer, où ondoie l’inépuisable variété des couleurs et des formes sous le soleil d’une imagination magnifique qui communique à cette houle limoneuse toute la splendeur de ses rayons.

1630. (1889) Histoire de la littérature française. Tome III (16e éd.) «  Chapitre treizième.  »

Je n’aime pas non plus ce passage : « Les rois, non plus que le soleil, n’ont reçu en vain l’éclat qui les environne » ; ni cet autre, qui m’étonnerait même dans Fléchier : « Vous croyez donc qu’un royaume est un remède universel à tous les maux, un baume qui les adoucit, un charme qui les enchante ? 

1631. (1896) Psychologie de l’attention (3e éd.)

La portière prête spontanément toute son attention aux commérages ; le peintre, à un beau coucher de soleil où le paysan ne voit que l’approche de la nuit ; le géologue, aux pierres qu’il rencontre où le profane ne voit que des cailloux.

1632. (1907) L’évolution créatrice « Chapitre I. De l’évolution de la vie. Mécanisme et finalité »

Notre soleil rayonne de la chaleur et de la lumière au-delà de la planète la plus lointaine.

1633. (1884) Cours de philosophie fait au Lycée de Sens en 1883-1884

La chaleur qu’on ressent au soleil, la douceur du miel, le parfum des fleurs, la beauté d’un paysage, voilà des sentiments.. — Les caractères de la pensée et de la volonté sont assez clairs : ils nous fournissent donc d’excellents moyens de circonscrire le domaine du sentiment. — A. […] Bain confond ici bien des choses : la chaleur du soleil est une perception, chose intellectuelle ce qui par conséquent retire de ce qu’il nomme d’un terme trop étroit d’ailleurs, la pensée. […] Ce qui donne leur caractère d’universalité aux propositions nécessaires, c’est que toutes les intelligences humaines ne sont qu’un reflet de ce monde idéal qu’il nomme soleil intelligible et avec qui, s’il venait à disparaître, s’évanouirait la raison humaine.

1634. (1880) Études critiques sur l’histoire de la littérature française. Première série pp. 1-336

C’est à l’endroit de ce fragment célèbre : « Ce chien est à moi, disaient ces pauvres enfants, c’est là ma place au soleil. — Voilà le commencement et l’image de l’usurpation de toute la terre. » M.  […] Ou bien encore, quand Thomas Diafoirus ouvre la bouche pour débiter ses immortels compliments, je ne craindrais pas d’imprimer tout au long ce compliment d’un intendant de Languedoc à Gaston d’Orléans, nommé gouverneur de la province : « Le nom de Monseigneur le duc d’Orléans qui éclate cette première fois à la tête de cette assemblée, ce nouveau soleil qui vient dissiper les brouillards de cette province, influe de nouvelles forces dans mon esprit et l’éclaire de nouvelles lumières, de telle sorte que, quelque faiblesse que je sente en faveur de mon silence, la nouvelle chaleur de cet astre m’excite et me force à parler : quelque dure et inanimée que soit la statue de Memnon93… » Voilà les propres paroles de Thomas. […] Aussi quiconque désormais aura confiance en soi, quiconque aspire à se faire au soleil la place qu’il ne tient ni du droit de la naissance, ni du titre de la fortune, suivra-t-il ces exemples, devenus pour l’avenir illustres.

1635. (1898) Manuel de l’histoire de la littérature française « Livre II. L’Âge classique (1498-1801) — Chapitre II. La Nationalisation de la Littérature (1610-1722) » pp. 107-277

Le soleil est levé, retirez-vous, étoiles ! […] Nous étonnerons-nous qu’en de semblables conditions les « gens de lettres » l’aient admiré, comme les autres ; et, comme les autres aussi, qu’ils se soient rangés tous ensemble à l’obéissance, ou encore, si l’on préférait une expression plus noble, et plus juste peut-être, — qu’ils aient tous gravité, comme vers un centre naturel et inévitable d’attraction, vers ce soleil levant.

1636. (1774) Correspondance générale

C’est ordinairement pendant la nuit que s’élèvent les vapeurs qui obscurcissent en moi l’existence de Dieu ; le lever du soleil les dissipe toujours ; mais les ténèbres durent pour un aveugle, et le soleil ne se lève que pour ceux qui voient.

1637. (1907) L’évolution créatrice « Chapitre IV. Le mécanisme cinématographique de la pensée  et l’illusion mécanistique. »

Mais il suffit d’imaginer le Dieu d’Aristote se réfractant lui-même, ou simplement inclinant vers le monde, pour qu’aussitôt paraissent se déverser hors de lui les Idées platoniciennes, impliquées dans l’unité de son essence : tels, les rayons sortent du soleil, qui pourtant ne les renfermait point.

1638. (1765) Articles de l’Encyclopédie pp. 3665-7857

Il a recours aux images sensibles : l’herbe que ranime la rosée, la nature renaissante au lever du soleil, les fleurs écloses au premier souffle du zéphir, lui prêtent les couleurs les plus vives pour exprimer ce qu’un métaphysicien auroit bien de la peine à rendre. […] On vit un étalage De corps sanglans & de carnage ; Peu s’en fallut que le soleil Ne rebroussât d’horreur vers le manoir liquide, &c.

1639. (1863) Causeries parisiennes. Première série pp. -419

II Avez-vous vu quelquefois un jardin s’étendre et étaler au soleil ses plates-bandes, ses espaliers, dans le voisinage de quelque arbre immense ? […] Il était là tout à l’heure, il était de l’équipage, il allait et venait sur le pont avec les autres, il avait sa part de respiration et de soleil, il était un vivant.

/ 1654