Te rappelles-tu tout le temps que nous avons passé à songer à la figure de Cléopâtre et au bruit antique d’un char roulant, le soir, sur une voie romaine ? […] Et tous les soirs il rejoignait clandestinement Élodie, à qui il faisait horreur et qui ne l’en aimait que davantage. […] Dans quel soir empourpré avons-nous fermé les yeux ? […] Francis Jammes avait toujours eu une sensibilité religieuse, comme suffirait à le prouver le titre de son premier recueil, De l’Angélus de l’aube à l’Angélus du soir. […] Il montre le repas du soir, le maître entouré de ses fils, de ses brus et de ses serviteurs.
Cependant « un soir du mois d’août, il entendit le jappement d’un renard, puis des pas légers sous sa fenêtre, et il entrevit dans l’ombre des apparences d’animaux ». […] Or, ce même soir, tandis qu’il est en chasse, un vieil homme et une vieille femme frappent à la porte du château. […] Mieux encore que cela, c’est le meilleur de son originalité, — si ce n’est pas sans doute un mince avantage, que de s’endormir chaque soir et de se réveiller chaque matin profondément convaincu que l’Amérique, ou voire la Méditerranée, restent toujours à découvrir. […] Lisez encore : « Elle fut prise d’un caprice, elle exigea qu’il vînt un soir vêtu de son grand costume de chambellan… Puis le chambellan déshabillé, l’habit étalé par terre, elle lui cria de sauter et il sauta. » Maintenant il me paraît probable que M. […] Vous rappelez-vous qu’un soir ?
L’homme marche comme un voyageur du soir qui va vers l’Orient ; la nuit se fait toujours plus obscure devant ses yeux, il n’a un peu de clarté que derrière lui, sur la route connue où le jour meurt. […] Éraste a oublié les préjugés de sa caste » et promet à Lise d’être son époux ; mais il devance le moment dans l’une de ces minutes « où l’ombre du soir nourrit les désirs et où aucun rayon n’éclaire les erreurs ». […] Mais le soir même, des malfaiteurs le dépouillent du bienheureux manteau ; les fonctionnaires de la police qu’il va supplier se gaussent de lui ; le chétif animal tombe dans un noir chagrin, s’alite, et meurt timidement, sans bruit, comme il convient à ces rebuts du corps social. […] Un soir d’été, dans un relais de Petite-Russie, on changeait mes chevaux. […] La fille, enchantée, se prit à rire, et essaya de répéter le bruit pour son plaisir ; en m’éloignant, j’entendais encore cette gamme perlée qui mourait longuement, comme un trille de rossignol, seule dans le sommeil du soir russe, sur le pays muet.
Ce fut un soir, en sortant de table, qu’il annonça à M. de Saint-Pierre le bonheur dont il devait jouir le lendemain. […] Pressé d’embrasser sa sœur, M. de Saint-Pierre s’embarqua pour Honfleur le même soir. […] Une conversation du soir, au coin du feu en automne ; le ton est un peu triste et semble participer seulement de la mélancolie d’un souvenir. […] Cependant elle dit à Paul: « Prions Dieu, mon frère, et il aura pitié de nous. » À peine avaient-ils achevé leur prière, qu’ils entendirent un chien aboyer. « C’est, dit Paul, le chien de quelque chasseur, qui vient le soir tuer des cerfs à l’affût. » Peu après, les aboiements du chien redoublèrent. « Il me semble, dit Virginie, que c’est Fidèle, le chien de notre case.
À San-Francisco, le soir au café, quand on joue aux dominos, si l’on est contredit par son adversaire, on lui lâche un coup de revolver dans la tête, et tout est dit. […] Les lettres de Thurloe donnent le soir les impressions du matin. […] Mais, lorsque le soir vint, on vit apparaître une grande poussière comme une nuée blanche, et peu de temps après quelque chose de noir qui s’étendait au loin dans la plaine. […] Le soir, ils campèrent dans un village d’où l’armée du roi avait enlevé jusqu’au bois des maisons. […] Le soir, on choisit deux cents Rhodiens qui lançaient des balles de plomb avec leurs frondes, et deux fois plus loin que les Perses, et on leur donna de l’argent pour ce service.
Dépouillant chaque soir, comme un habit de chasse, sa forme terrestre, Diane, la nuit, remontait au ciel pour y diriger l’armée des étoiles, comme le jour elle dirigeait la troupe de ses Nymphes. […] Déjà résonnaient les flûtes du soir auprès des doubles battants de la chambre de l’épousée ; déjà retentissaient sous des mains bruyantes les portes nuptiales. […] Ce fut au soir, et comme à la lueur du crépuscule de sa vie, qu’il les écrivit, sur des tablettes rassemblées sans ordre, et recueillies après sa mort. […] On l’aperçoit sur mon ombre, le matin, pendant deux heures, à compter du lever du soleil, surtout quand le gazon est couvert de rosée, et le soir, au crépuscule. […] Les jeunes flagellants couraient les rues, le soir des grands jours de la Semaine sainte.
Ainsi depuis dix ans… Et l’on vous montrera, dans l’auberge de Mlle Gaud, la table boiteuse, où, quand il habitait Paimpol, venait s’accouder, les soirs, Loti. […] » — « La chevelure de la jeune femme, soulevée par la brise, vint baiser la bouche du jeune homme, et cette odeur continuait si harmonieusement sa pensée qu’il se lût, impuissant à saisir ses subtilités ; et seule la fraîcheur où soupiraient les fleurs du soir n’eût pas froissé la délicatesse de son âme ». […] Ils dînèrent chez Lavenue ; ils firent leur promenade de noces sous les étoiles, serrés l’un contre l’autre ; puis il la reconduisit chez elle, et, « ce soir-là, Armand ne rentra chez sa mère que bien après minuit ». […] Tu croyais n’aimer pas ta fille, “ce paquet de chair rouge qui se violace et qui glousse”, dont ta femme a tant souffert pendant cette nuit mortelle où tu te convulsais de rage, de honte et de peur, aux cris de l’accouchée, — cette petite envahissante qui t’a volé jusqu’aux soins de ta vieille bonne, a troublé le travail de tes soirs, le repos de tes nuits, — qu’as-tu donc, si tu ne l’aimes pas, à trembler comme un peuplier à la pensée de te voir enlever ta petite Marie ? […] « Nous quittâmes la Gaule sur un vaisseau qui partait de Massilia, un soir d’automne, à la tombée de la nuit.
Alors, de cette voix chantonnante de séminariste goguenard, si connue dans les bureaux de rédaction, il proféra ces simples mots : « Irez-vous chez Dentu ce soir ? […] Nicolardot, observateur très suspect et qui n’était pas sans doute l’acolyte perpétuel de Sainte-Beuve dans ses promenades du soir ? […] Un soir de la semaine passée, je fus entraîné à l’Athénée par quelques amis. […] Le soir, il a de la puissance. […] Les larmes de la pluie, l’étang morne, le roc ennuyé, la stupeur du soir, le soleil mourant, le sanglot de la lumière, toutes ces expressions disent assez l’angoisse de ce contemplateur de la création.
» À la leçon du soir, l’explosion se produisit. […] Comme on sortait de dîner entre vieux amis et que la soirée s’était passée charmante et gaie : — Pourquoi avons-nous tant ri que cela ce soir ? […] » Le soir du 10, nous passâmes la nuit au bivouac, sur le bord du Dnieprg, à côté du pont où le général Gudin avait été tué. […] À neuf heures du soir, il en est le maître et le feu cesse. […] Le soir même, le colonel Charrière fut nommé général.
» mais chaque soir Mme de Caumartin et d’autres personnes de ce cercle intime le lui rappelaient ; en écrivant il n’était que leur secrétaire. […] [NdA] Cela est si vrai que M. de Novion se hâtait là-dessus d’écrire à Colbert (20 octobre 1665) : « J’ai fait arrêter hier au soir le comte de Canillac Pont-du-Château, beau-frère de mon gendre.
Ce fut une scène déchirante, lorsqu’il fallut l’emporter seule, sans sa mère, l’embarquer de force, le soir, dans une pirogue qui allait rejoindre le vaisseau. […] Elle m’écrivait à ce sujet : « En rentrant le soir, j’ai trouvé votre lettre et Pascal que je n’ai point quitté depuis.
En résumé, tous les procès-verbaux du monde publiés ou inédits ne prouveront jamais : 1° que les États de 1593 n’aient pas été la Cour du roi Petaud ; 2° que la Satyre Ménippée n’ait pas été bien et dûment comparée (toute proportion gardée) à la bataille d’Ivry, non pas si vous voulez à la troupe d’avant-garde, mais à cette cavalerie qui, survenant toute fraîche le soir d’une victoire, achève l’ennemi qui fuyait. […] Si Lucrèce nous rend avec une saveur amère les angoisses des mortels, nul aussi n’a peint plus fermement et plus fièrement que lui la majesté sacrée de la nature, le calme et la sérénité du sage ; à ce titre auguste, le pieux Virgile lui-même, en un passage célèbre, le proclame heureux : Félix qui potuit rerum , etc… Quoi qu’il en soit cependant de l’énigme que le poëte nous propose, et si tant est qu’il y ait vraiment énigme dans son œuvre, c’était aux expressions de trouble et de douleur que s’attachait surtout notre ami ; le livre III, où il est traité à fond de l’âme humaine et de la mort, avait attiré particulièrement son attention ; dans son exemplaire, chaque trait saillant des admirables peintures de la fin est surchargé de coups de crayon et de notes marginales, et il s’arrêtait avec réflexion sur cette dernière et fatale pensée, comme devant l’inévitable perspective : « Que nous ayons vécu peu de jours, ou que nous ayons poussé au-delà d’un siècle, une fois morts, nous n’en sommes pas moins morts pour une éternité ; et celui-là ne sera pas couché moins longtemps désormais, qui a terminé sa vie aujourd’hui même, et celui qui est tombé depuis bien des mois et bien des ans : Mors aeterna tamen nihilominus illa manebit ; Nec minus ille diu jam non erit, ex hodierno Lumine qui finem vitaï fecit, et ille Mensibus atque annis qui multis occidit ante. » Notre ami était donc en train d’attacher ses travaux à des sujets et à des noms déjà éprouvés, et les moins périssables de tous sur cette terre fragile ; il voguait à plein courant dans la vie de l’intelligence ; des pensées plus douces de cœur et d’avenir s’y ajoutaient tout bas, lorsque tout d’un coup il fut saisi d’une indisposition violente, sans siège local bien déterminé, et c’est alors, durant une fièvre orageuse, qu’en deux jours, sans que la science et l’amitié consternées pussent se rendre compte ni avoir prévu, sans aucune cause appréciable suffisante, la vie subitement lui fit faute ; et le vendredi 19 septembre 1845, vers six heures du soir, il était mort quand il ne semblait qu’endormi.
Tous les soirs, elle voulait la voir ; quand elle l’apercevait à travers les vitres, c’étaient des cris de plaisir ; quand elle marchait, il lui semblait que la lune marchait aussi, et, pour elle, cette découverte était charmante ; Comme la lune apparaissait selon les heures à divers endroits, tantôt devant la maison, tantôt par derrière, elle criait : « Encore une lune, une autre lune ! » — Un soir (trois ans), comme elle s’enquérait de la lune, on lui dit qu’elle est allée se coucher, et là-dessus elle reprend : « Où donc est la bonne de la lune ?
Je l’ai quitté hier soir à onze heures, et j’y recours en hâte. […] Vers sept heures du soir, il rentrait au logis où, jusqu’à neuf heures, il passait son temps à lire ou à écrire.
CXXVII Cependant, peu de temps avant le malheur du châtaignier blessé, du troupeau tué, du plomb sur mes bras et du coup de fusil tiré innocemment par Hyeronimo pour me défendre contre les sbires, je commençais à changer sans savoir pourquoi, à n’être plus si bonne, si gaie et si prévenante qu’à l’ordinaire avec le pauvre garçon, à l’éviter sans raison, à trembler comme d’un frisson quand j’entendais son pas ou sa voix, à rentrer à la maison pour filer à côté de ma tante quand j’aurais pourtant mieux aimé à être dehors au soleil ou à l’ombre auprès de lui, à me retirer toute seule avec mes chèvres et mes moutons dans les bruyères les plus écartées, à me cacher derrière les oseraies au bord de l’eau courante et à regarder sans voir je ne sais quoi dans le ruisseau le jour, ou dans le firmament le soir. […] CXLI Alors je m’agenouillai dans la poudre du chemin, sur le premier degré du palais de sa niche, j’enflai la peau de chèvre si longtemps vide et muette qui donne le vent au chalumeau d’où le vent sort en musique, selon qu’on ouvre on qu’on ferme plus agilement avec les doigts les trous de la flûte, et je commençai à jouer un des airs les plus amoureux et les plus dévots que nous avions composés par moitié, Hyeronimo et moi, un beau soir d’été, au bord de l’eau, sous la grotte du pré.
……………………………………………………………………………………………………… XII Nous revînmes ensemble à Terni ; nous nous y séparâmes le soir, elle pour aller à Rome, moi pour retourner à Florence. […] Le soir, du pèlerin tu guides le retour…… Le crime, en ses remords, vient t’arroser de pleurs, Et la vierge au front pur te couronne de fleurs.
Ne fait-elle pas fête chaque soir à Weber, qu’on vient de lui rendre ? […] Le poète assis près de sa maîtresse, par un beau soir d’automne, sent monter à son cerveau un parfum tiède qui l’enivre ; il trouve à ce parfum quelque chose d’étrange et d’exotique, qui le fait rêver à des pays lointains ; et aussitôt dans le miroir de sa pensée se déroulent des rivages heureux, éblouis par les feux du soleil, des îlots paresseux plantés d’arbres singuliers, des Indiens au corps mince et vigoureux, des femmes au regard hardi : Un port rempli de voiles et de mâts Encor tout fatigués par la vague marine, Pendant que le parfum des verts tamariniers, Qui circule dans l’air et m’enfle la narine, Se mêle dans mon âme au chant des mariniers !
Ainsi chassé d’une académie, ayant eu une autre académie tuée sous lui, l’abbé, toujours serein et impassible, continua d’écrire tous les matins ses idées, de les lire tous les soirs à qui voulait l’entendre (ne fût-ce qu’à une jolie femme), et d’échec en échec, il ne laissa pas de dire : « Patience !
Le sujet de cette confession est celui-ci : Un jeune homme qui a dix-neuf ans au commencement du récit et vingt et un ans à la fin, Octave, né vers 1810, de cette génération venue trop tard pour l’Empire, trop tard (malgré sa précocité) pour la Restauration, et qui achève, en ce moment, son apprentissage dans le conflit de toutes les idées et sur les débris de toutes les croyances, Octave est amoureux ; il l’est avec naïveté, confiance, adoration, et, jusque-là, il ressemble aux amoureux de tous les temps ; mais au plus beau de son rêve, un soir à souper, étant en face de sa maîtresse, sa fourchette tombe par hasard, il se baisse pour la ramasser, et voit… quoi ?
Ses premiers aveux, qui ne lui coûtent pas plus que le reste, sont d’une belle naïveté ; je me figure que les filles d’Otaïti se seraient confessées de la sorte peu après l’arrivée de M. de Bougainville, ou les jeunes Zélandaises, le soir du départ de l’Astrolabe.