On vit au jour le jour ; l’or coule par flots, puis il tarit ; mais aussi, comme l’ouvrier parisien, on a l’heureuse faculté de l’imprévoyance : on a sa guinguette, on a ses soirées ; on a le théâtre ; on rencontre, on échange de prompts et faciles sourires ; on nargue la famille ; on est en dehors des gouvernements ; même si on les sert, on sent qu’on n’en est pas. De tout temps, on l’a observé, les gens de lettres n’ont pas été des mieux et n’ont pas fait très-bon ménage avec les hommes politiques, même avec ceux qu’ils ont servis ; on l’a remarqué des plus grands écrivains, gens de fantaisie ou d’humeur, de Chateaubriand, de Swift ; écrivains et gouvernants, ils peuvent s’aimer comme hommes, ils sont antipathiques comme race.
Tout a servi à Musset pour que la rencontre nécessaire de l’art et de la matière se produisit ; sa précocité, sa candeur, son aptitude, malheureuse d’ailleurs, précieuse ici, à rester enfant. […] C’est, du reste, Musset qui, dans Une soirée perdue, à propos du Misanthrope, a le mieux marqué la différence essentielle des deux théâtres, le théâtre d’intrigue et le théâtre de pensée, le théâtre qui amuse et celui qui émeut, en montrant le prix d’une pièce comme le Misanthrope au regard de celles qui visent avant tout à « servir à point un dénouement bien écrit », du théâtre qui se tient au niveau de la vie ou s’élève au-dessus d’elle, en comparaison de celui qui atteint son but : Si l’intrigue, enlacée et roulée en feston, Tourne comme un rébus autour d’un mirliton.
Tous ces personnages ramassés sur la place publique, la commedia dell’arte les mit en scène et les fit servir au divertissement, non seulement du peuple, mais des cours les plus brillantes et des plus doctes académies. […] Voulant donner la définition de ce qu’on entendait par ce mot, qui, étymologiquement, veut dire liens (lazzi, parole lombarde, au lieu de lacci, parole toscane), Riccoboni se sert de l’exemple suivant : « Dans la pièce d’Arlequin dévaliseur de maisons, Arlequin et Scapin sont valets de Flaminia, qui est une pauvre fille éloignée de ses parents et qui est réduite à la dernière misère.
Riccoboni nous apprend, par exemple, que la Emilia, de Luigi Groto, surnommé l’aveugle d’Adria, cette pièce qui a fourni à Molière plusieurs des caractères et des situations de L’Étourdi, servait fréquemment de canevas aux acteurs de la comédie improvisée19. […] Je me sers de cette expression par respect pour votre âge.
Il faut distinguer dans chaque science la partie technique et spéciale, qui n’a de valeur qu’en tant qu’elle sert à la découverte et à l’exposition, et les résultats généraux que la science en question fournit pour son compte à la solution du problème des choses. […] Je vais éclairer par un exemple la manière dont on pourrait faire servir les sciences particulières à la solution d’une question philosophique.
Elle doit porter sur les idées, les sentiments, les tendances des personnages mis en scène ; elle est en ce sens interne ; mais, comme ces personnages sont ou bien créés de toutes pièces par l’auteur ou en tout cas interprétés et en une certaine mesure formés ou déformés par lui, comme ils servent de la sorte à exprimer la nature même et les conceptions particulières de l’auteur, l’analyse est en ce sens-là externe. […] On dresse le vocabulaire dont l’écrivain se sert.
La pièce des Femmes savantes, jouée pour la première fois, en 1672, est une dernière malice de Molière, à double fin : d’abord pour se défendre de la réprobation de quelques mots de son langage et de quelques erreurs de sa morale ; ensuite pour servir les amours du roi et de madame de Montespan, qui blessaient tous les gens de bien et dont la mort récente de madame de Montausier était une éclatante condamnation. […] quel moyen de les faire servir à une même entrée ?
Le professeur de grammaire hébraïque pourra se servir de celle que l’abbé Ladvocat105, bibliothécaire et professeur de Sorbonne, a composée à l’usage de nos écoles. […] Le traité latin du professeur Hoocke106 pourrait servir de base et de modèle.
Les diplomates servent aux hommes d’État, mais ils n’ont aucune initiative ; ils dépendent du ministre qui les emploie ; ils ne sont que les commissionnaires qui font les commissions d’un gouvernement à un autre, des commissionnaires avec plaque, — une plaque parfois d’émail ou de diamants ! Cela leur constitue une dignité, sans doute, parce que l’État relève et doit parer toutes les fonctions qui le servent, mais cela ne suppose pas, dans les hommes de ces fonctions, la nécessité d’une supériorité quelconque.
II Et d’abord est-ce un livre que le sien, un livre loyalement et sincèrement fait, ayant sa destination propre, et qui n’ait pas, sous une forme quelconque, été déjà servi à un public ? […] la bourgeoisie s’en servit, ce n’est pas douteux, de cette arme à toute main, de cette force humaine ; mais ne la voir que là, ne pas aller la chercher plus avant que là, dans cette société qu’on ne connaît… que comme le thème des systèmes les plus opposés, c’est être un par trop bon élève des Guizot et des Thierry, c’est par trop mériter le prix (y en a-t-il un ?)
Déchiffrer la vérité d’une époque sans se servir des noms écrits dans le dictionnaire de la gloire, c’est lire aussi bien dans l’obscurité que dans la lumière, c’est avoir la vue complète, et, endroit et envers de l’histoire, c’est tenir les deux côtés à la fois. […] Tous, tant qu’ils furent, parlementaires, niveleurs, cavaliers, appartenant à des partis contraires, ils firent leur œuvre, et, soldats tués par leur cause, servirent, comme bien d’autres, à amonceler les circonstances qui ont fini par les écraser.
Elle est générale, en effet, le but de l’auteur étant plutôt d’indiquer des principes et une tendance que d’édifier une systématisation complète : « Que tous les chefs d’industrie ou d’ateliers, que tous les ouvriers de chaque profession — dit-il — se réunissent et rédigent ce qu’on appelait autrefois des cahiers, où ils inscriront librement, également et fraternellement, en réunions particulières, les besoins généraux de leur industrie… Ces cahiers des ouvriers, ainsi que ceux des fabricants, devront servir de base à l’organisation du travail que l’Assemblée nationale va être appelée à édifier sur les ruines du monopole et de l’individualisme. […] Quelle raison empêcherait ici de se servir de l’expérience des siècles, puisqu’un seul entre tous, le xixe cherche sans la trouver une organisation du travail ?
Quand elle s’est servie de ce vague mot de société, c’est évidemment de nous qu’elle voulait parler, et Armand Hayem l’a bien compris ainsi, malgré les bouffées de métaphysique qui offusquent parfois son esprit, et qui embrouillent un livre qui pouvait être fort et rester sobrement et simplement un livre d’observation historique, sans mélange affaiblissant ou énervant d’aucune sorte. […] C’est le xixe siècle qui lui a imposé ses métaphysiques, — dont pas une seule systématiquement n’est sortie de lui, mais qui son toutes entrées en lui et ont dissous sa force native, en l’empêchant de s’en servir… Je ne connais rien de plus triste que cet amollissant travail des métaphysiques sur des esprits qui, sans elles, auraient été vigoureux.
Mais son talent, que nous détaillerons tout à l’heure, et pour nous servir d’un mot dans le genre de son titre, n’est pas un talent d’Italie. […] Dans ce loisir d’une halte forcée au couvent qui leur a servi de refuge, la comtesse, qui est la seule femme de la troupe et qui s’en croit la reine, d’après l’antique loi de la galanterie française imposée à l’Europe, et dont M.
Tacite nous apprend que les lettres latines furent d’abord semblables aux plus anciennes des Grecs, ce qui est une forte preuve que les Latins ont reçu l’alphabet grec de ces Grecs du Latium, et non de la Grande-Grèce, encore moins de la Grèce proprement dite ; car s’il en eût été ainsi, ils n’eussent connu ces lettres qu’au temps de la guerre de Tarente et de Pyrrhus, et alors ils se seraient servis des plus modernes, et non pas des anciennes. […] Joignez-y le passage curieux où Salluste parle de la fameuse Ara des frères Philènes, qui servait de limites à l’empire carthaginois et à la Cyrénaïque.
Un accident naturel servait de preuve à ces fables. Le fleuve Hélicon, après un cours de quelques lieues, s’abîme et semble se perdre sous terre pendant vingt-deux stades, pour renaître sous un autre nom qu’il porte jusqu’à la mer : les habitants racontaient que cette disparition datait du jour où, devant les meurtrières du poëte, qui voulaient laver le sang dont elles étaient souillées, le fleuve s’était enfui d’horreur pour ne pas servir à purifier le crime.
Son Discours sur cette question, lequel de ces quatre sujets, le Commerçant, le Cultivateur, le Militaire & le Savant, sert le plus essentiellement l’Etat, est plus d’un homme de Lettre, que d’un Régent de Collége.
Buffier avoit rappelé les Vers (il ne dit pas la Poésie) à leur premiere destination, en les faisant servir à imprimer, dans la mémoire des hommes, les événemens principaux de l’Histoire.
Il a cru donner un grand exemple de modestie, en se bornant à un titre si court, du moins a-t-il cru s’en faire un mérite, comme il le paroît par cette Epigraphe propre à servir de leçon pour les Auteurs entichés de la manie des longs titres & des frontispices fastueux.
Cheminais, ni une éloquence aussi persuasive ; ses Sermons approchent cependant de cette touche vive & douce, qui a servi peut-être de modèle à ce dernier.