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408. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 25, des personnages et des actions allegoriques, par rapport à la poësie » pp. 213-220

On peut s’en servir avec succès dans les fables et dans plusieurs autres ouvrages qui sont destinez pour instruire l’esprit en le divertissant, et dans lesquels le poëte parle en son nom et peut faire lui même l’application des leçons qu’il prétend nous donner. […] Les actions allegoriques ne conviennent qu’aux prologues des opera destinez pour servir d’une espece de préface à la tragedie, et pour enseigner l’application de sa morale.

409. (1905) Les ennemis de l’art d’écrire. Réponse aux objections de MM. F. Brunetière, Emile Faguet, Adolphe Brisson, Rémy de Gourmont, Ernest Charles, G. Lanson, G. Pélissier, Octave Uzanne, Léon Blum, A. Mazel, C. Vergniol, etc… « X »

Les grands écrivains se passent de guides, et leurs corrections doivent nous servir de modèle. […] Blum ne voit pas le profit que peuvent offrir ces corrections, et il ne croit pas quelles « puissent nous servir à faire les nôtres », parce que, dit-il, « notre pensée n’est pas la leur ».

410. (1900) Taine et Renan. Pages perdues recueillies et commentées par Victor Giraud « Taine — III »

Mais que sert de s’expliquer ! […] Ce problème de l’individualisme radical, qui est une des plus fécondes questions de ce temps, et qui ne va rien moins qu’à poser qu’il n’existe pas d’autres droits que ceux de l’individu, et à nier qu’il faille sacrifier l’individu à la collectivité, n’apparaît à ce haut fonctionnaire qu’un trait de prétention littéraire très propre à servir de thème à sa verve facétieuse !

411. (1881) La parole intérieure. Essai de psychologie descriptive « Chapitre II. La parole intérieure comparée à la parole interieure »

Ce sont là des éléments communs à toutes les langues ; elles s’en servent de mille façons différentes ; chacune a ses lois et ses usages particuliers, son alphabet, son vocabulaire et sa syntaxe. […] Une autre remarque peut servir de confirmation aux idées qui précèdent. […] Une fois qu’on a appris à s’en servir, qu’importent et la date et les circonstances de leur entrée dans l’esprit ? […] Le mot, une fois usuel, n’existe plus pour lui-même, mais pour les phrases dans lesquelles il entre et pour la portion d’idée qu’il sert à exprimer. […] Mais l’opposition des deux jugements ne correspond pas à la distinction des deux paroles : la reconnaissance ne sert pas à distinguer les paroles intérieures et les paroles extérieures ; elle sert seulement à distinguer, parmi les paroles, intérieures ou extérieures, celles qui ont une valeur verbale ou historique et celles qui n’ont qu’une valeur significative [§ 9].

412. (1863) Cours familier de littérature. XVI « XCIIe entretien. Vie du Tasse (2e partie) » pp. 65-128

parce qu’ils furent plus complets, parce que cette même supériorité pondérée d’intelligence, qui leur servit à créer leurs œuvres, leur servit aussi à affronter, à supporter ou à vaincre les difficultés de la vie. […] Quant à ce qui regarde ses soupçons et les expressions dont il s’est servi par le passé, je ne l’en accuse pas ; seulement, une fois qu’il sera ici, s’il ne consent pas à se laisser traiter et soigner, nous donnerons des ordres pour qu’il soit expulsé définitivement de nos États, avec défense d’y jamais rentrer. […] Cet argent lui servit à se rendre à Venise. […] La nécessité, dis-je alors en me tournant du côté du jeune homme qui m’avait servi de guide, me contraint de ne pas refuser votre invitation ; je dois dire que je l’aurais également acceptée si j’avais eu à choisir. […] À la fin du souper on servit des melons et d’autres fruits en abondance. » Lamartine.

413. (1889) Histoire de la littérature française. Tome II (16e éd.) « Chapitre deuxième »

Prodigieux génie de Descartes, et de quels moyens il se sert pour assurer la liberté de son esprit. — § III. […] Prodigieux génie de Descartes, et de quels moyens il se sert pour assurer la liberté de son esprit. […] Ajoutez-y tant de vues profondes sur la vie, tant d’idées tirées du monde extérieur, des usages, des mœurs, pour appeler notre mémoire et notre imagination à l’aide de notre esprit, et qui sont comme le connu dont se sert Descartes pour rechercher l’inconnu. […] Descartes fit servir ainsi le doute à l’établissement de la vérité ; il la nia pour la faire rentrer victorieuse dans son esprit par la voie légitime, c’est-à-dire par l’évidence. […] Tout ce qui est sorti de la plume de Descartes est marqué de cette exactitude qui, selon son jugement, a manqué à Sénèque, et qui consiste dans le rapport parfait des paroles aux pensées et dans le choix, parmi les pensées, de celles qui peuvent servir de preuves à un raisonnement.

414. (1892) Essais sur la littérature contemporaine

terminer en disant que, si jamais la tâche n’a été plus urgente à remplir, ce mot de la fin n’en est pas un ; et que, comme nos pères auraient pu s’en servir, ceux qui nous succéderont s’en serviront à leur tour ; — et il sera toujours vrai. […] Louis Molines sur Alexandre Vinet, critique littéraire, m’y servira de guide. […] et quelle scène de la vie privée a jamais servi de « modèle » à une symphonie ? […] Quand, en effet, ce ne serait pas mal servir sa mémoire, ce serait encore fourvoyer la légion de ses imitateurs. […] C’est peu de posséder la plus belle voix du monde, et il faut encore savoir s’en servir, la diriger, la ménager.

415. (1896) Matière et mémoire. Essai sur la relation du corps à l’esprit « Chapitre II. De la reconnaissance des images. La mémoire et le cerveau »

À quoi serviront ces images-souvenirs ? […] Il faudra donc supposer que le mécanisme cérébral, médullaire ou bulbaire, qui sert de base à l’habitude motrice, est en même temps le substrat de l’image consciente. […] Reconnaître un objet usuel consiste surtout à savoir s’en servir. […] L’abolition apparente des souvenirs visuels dans la cécité psychique est un fait si commun qu’il a pu servir, pendant un temps, à définir cette affection. […] On a raison de dire que l’habitude s’acquiert par la répétition de l’effort ; mais à quoi servirait l’effort répété, s’il reproduisait toujours la même chose ?

416. (1922) Nouvelles pages de critique et de doctrine. Tome I

Nous n’estimions pas davantage ceux qui avaient jadis servi la Restauration. […] Elle devint pour lui une Foi à servir, sans une concession, sans un compromis. […] Je n’ai connu personne possédé davantage du besoin de servir, — servir la science, servir l’humanité, servir la société, servir le pays. […] Tant qu’il sert, il ne peut pratiquer aucun commerce, aucune industrie. […] Toute cette réalité ne lui sert que d’oripeau, de défroque et d’accessoire.

417. (1894) La bataille littéraire. Septième série (1893) pp. -307

L’étude du moi est ici poussée à l’extrême, et parfois on se demande pourquoi tant d’intelligence ne sert pas à diriger plutôt qu’à égarer cet homme à qui la Nature l’a donnée. […] Il faut, pour servir les hommes, rejeter toute raison, comme un bagage embarrassant, et s’élever sur les ailes de l’enthousiasme. […] Giraud, jaloux de Paris, écrivait : « Je citerai toujours Paris, car Paris peut servir de modèle à tout. […] Larroumet y attachait un triple intérêt et par les hautes fonctions qu’il a occupées, et par son titre d’académicien, et par l’ouvrage qui lui a servi de textes. […] Une grâce aisée, une modestie naturelle cachait le sérieux de son esprit ; une tendresse presque féminine servait de voile à la fermeté de son caractère.

418. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Quatrième partie. Élocution — Chapitre X. De la simplicité du style »

De la pensée, il n’en est pas question, et autant le peintre, le sculpteur, le musicien se piquent d’être des penseurs, autant l’artiste en fait de mots, le styliste s’offenserait qu’on lui prêtât le vulgaire dessein de faire servir les mots à traduire des pensées. […] Cependant ces mêmes expressions, qui servent aux besoins les plus familiers de l’existence, que les plus grossières intelligences ravalent au niveau de leurs mesquines pensées, ont en elles-mêmes assez de sens et de vertu pour devenir égales sans effort aux plus hautes idées, aux plus nobles sentiments des grands esprits et des cœurs généreux.

419. (1887) Discours et conférences « Discours prononcé à Tréguier »

Cela sert médiocrement à réussir ; cela sert à quelque chose de mieux ; cela rend heureux.

420. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Introduction » pp. 2-6

Il les utilise dans tous les cas comme des instruments qui lui servent à défendre ses convictions ou ses prédilections personnelles. […] Cela serait triste ; heureusement, il est certain que la connaissance du passé peut servir au présent et à l’avenir, et même qu’il doit s’en dégager des leçons de haute valeur.

421. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 44, que les poëmes dramatiques purgent les passions » pp. 435-443

Si ce crime peut être exposé sur le théatre, s’il peut y donner lieu à une morale utile, c’est en cas qu’il y paroisse dépeint avec les couleurs les plus noires, et qu’il y soit enfin puni des châtimens les plus séveres que Melpomene emploïe, mais dont Thalie ne peut pas se servir. Il est contre les bonnes moeurs de donner l’idée que cette action n’est qu’une faute ordinaire, en la faisant servir de sujet à une piece comique.

422. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 6, des artisans sans génie » pp. 58-66

Il n’y a que certains réduits qui soient propres à leur servir de berceaux. […] Plus méprisé à mesure qu’il est plus connu, son nom dévient enfin l’appellation dont le public se sert pour désigner un méchant poëte.

423. (1860) Cours familier de littérature. X « LIXe entretien. La littérature diplomatique. Le prince de Talleyrand. — État actuel de l’Europe » pp. 289-399

Il servait les forts, il méprisait les maladroits, il abandonnait les malheureux. […] Servir toutes les idées, c’est attester qu’on ne croit à aucune. Que sert-on alors sous le nom d’idées ? […] Il ne se précipitait point dans le parti passionné et anarchique ; il voulait bien servir les idées dominantes, mais il ne voulait périr avec personne. […] M. de Talleyrand ne lui sert qu’à donner de la grandeur, de la grâce, de la décoration à la conférence.

424. (1864) Cours familier de littérature. XVII « Ce entretien. Benvenuto Cellini (2e partie) » pp. 233-311

On la mêla avec tous les mets que l’on me servait. […] Je suis venu d’Italie en France, lui répondis-je, pour servir votre grand prince, et je n’ai pas peur de mourir, parce que tôt ou tard il faut le faire. […] Je voulais leur donner du zèle, pour être bien servi de toutes les manières. […] Les deux hommes que je soupçonnais de m’avoir mal servi lui dirent que j’étais plus qu’un diable ; car un simple diable n’aurait pu venir à bout de ce que j’avais fait. […] Il entendait par là se servir de Bandinello.

425. (1893) Du sens religieux de la poésie pp. -104

On se sert de Victor Hugo pour tuer Lamartine., de Musset pour assommer Baudelaire, oubliant ce conseil de Musset lui-même qui répondait à cette question : Qu’est-ce que la poésie ? […] Quant à cette idée en elle-même, c’est le but qui ne sera jamais atteint : pure notion métaphysique, abstraite, qui sert de direction suprême à l’œuvre artistique comme à l’œuvre philosophique, mais qui en soi et par soi n’engendre ni l’image, ni l’harmonie. […] Le pouvoir, auquel cette certitude sert de fondement, s’exagère, dégénère en tyrannie, dépasse les limites du spirituel, se détourne de ses vraies voies, accapare les biens temporels. […] La Beauté, par son caractère de constance, peut seule servir d’assise solide au progrès humain. […] Proposer aux vivants un idéal de la vie c’est produire, si c’est le génie qui parle, dans toute la psychologie générale une grande commotion qui sert d’impulsion à l’évolution du monde.

426. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « LOUISE LABÉ. » pp. 1-38

Et pour ce que les femmes ne se montrent volontiers en public seules, je vous ai choisie pour me servir de guide, vous dédiant ce petit œuvre… » Louise Labé se présente donc devant le public en tenant la main de cette demoiselle honorée dont elle se signe l’humble amie : voilà sa condition vraie et si peu semblable à celle qu’on lui a faite à distance. […] La situation de Louise, ainsi absente loin de son ami qui porte les armes en Italie, a dû servir à imaginer celle de Clotilde de Surville, qui, par ce coin, semble modelée sur elle. […] partout l’Amour se venge d’être esclave Fièvre des jeunes cœurs, orage des beaux jours, Qui consume la vie et la promet toujours ; Indompté sous les nœuds qui lui servent d’entrave, Oh ! […] reghot du Lut, à Lyon, en 1830, dans une Note pour servir de supplément à l’édition de 1824 ; ce post-scriptum dérange un peu les conclusions mêmes de l’excellente édition. […] Et quant à la preuve qu’on veut tirer, pour son mariage, de la description que fait certain poëte du beau jardin voisin du Rhône qu’on dit être celui de son mari, je ne vois pas pourquoi le père de Louise n’aurait pas eu aussi bien, de ce côté, un jardin tout proche des terrains qui servaient aux travaux de leur commune profession.

427. (1860) Cours familier de littérature. X « LVIIe entretien. Trois heureuses journées littéraires » pp. 161-221

À quoi servirait la mémoire si ce n’était qu’à pleurer ? Elle sert aussi à jouir ; par un don de la Providence, elle perpétue le plaisir comme elle éternise la douleur. […] Une galerie extérieure en pierres de taille, bordée d’une balustrade à trèfles, unit les grosses tours entre elles et sert de communication aux appartements. […] Sa seule physionomie me l’aurait nommé ; il était jeune, grand, élancé, la tête chargée de modestie, un peu inclinée en avant, le regard bleu et nuancé de blanches visions comme une eau de golfe traversée par beaucoup de voiles, le front plein, les traits mâles, quoique avec une expression générale mélancolique, le teint pâli par la lampe, la physionomie pieuse, si l’on peut se servir de cette expression, c’est-à-dire la physionomie d’un jeune solitaire qui écoute des voix célestes entendues de lui seul, et dont la pensée, consumée du feu doux de l’encensoir, monte habituellement en haut plus qu’elle ne se répand sur les choses visibles d’ici-bas. […] Ces chefs-d’œuvre sont divins, mais ils sont abstraits ; ils ne peuvent servir à peupler le temple, ils le décorent : ce sont les bas-reliefs de l’âme.

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