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688. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « FLÉCHIER (Mémoires sur les Grands-Jours tenus à Clermont en 1665-1666, publiés par M. Gonod, bibliothécaire de la ville de Clermont.) » pp. 104-118

Veut-on savoir comment s’exprime sur sa propre personne l’agréable prélat, celui que madame Des Houlières appelait Damon, que Senecé appelait Acaste ? […] Sa physionomie n’impose pas et ne promet pas au premier coup d’œil tout ce qu’il vaut ; mais on peut remarquer dans ses yeux et sur son visage je ne sais quoi qui répond de son esprit et de sa probité. […] Ces Mémoires de Fléchier, au pis, peuvent s’appeler une Gazette des Tribunaux de ce temps-là, avec l’avantage du style en sus, et même avec celui de la singularité des causes. […] Fléchier s’y prend lentement et jour par jour pour les dessiner, mais on n’y perd rien, et l’on arrive à savoir par le menu tout ce monde. […] Il dressa tous les grands arrêts, il réforma les poids et les mesures sous l’autorité de Mme Talon, et fit tout ce que le plus fier lieutenant-criminel eût su faire.

689. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Préface de la seconde édition » pp. 3-24

Lorsque Pascal a écrit : L’homme est un roseau, le plus faible de la nature, mais c’est un roseau pensant , un critique séparant la première phrase de la seconde, aurait pu dire : Savez-vous que Pascal appelle l’homme un roseau pensant ? […] Mais le talent consiste à savoir respecter les vrais préceptes du goût, en introduisant dans notre littérature tout ce qu’il y a de beau, de sublime, de touchant, dans la nature sombre, que les écrivains du Nord ont su peindre ; et si c’est ignorer l’art que de vouloir faire adopter en France toutes les incohérences des tragiques anglais et allemands, il faut être insensible au génie de l’éloquence, il faut être à jamais privé du talent d’émouvoir fortement les âmes, pour ne pas admirer ce qu’il y a de passionné dans les affections, ce qu’il y a de profond dans les pensées que ces habitants du Nord savent éprouver et transmettre. […] que les Romains ont étudié la philosophie, ont possédé des historiens connus, des orateurs célèbres et de grands jurisconsultes, avant d’avoir eu des poètes ; 2º. que leurs auteurs tragiques n’ont fait qu’imiter les Grecs et les sujets grecs ; 3º. je développe un fait que je croyais trop authentique pour avoir besoin d’être expliqué ; c’est que les chants de l’Ossian étaient connus en Écosse et en Angleterre par ceux des hommes de lettres qui savaient la langue gallique, longtemps avant que Macpherson eût fait de ces chants un poëme, et que les fables islandaises et les poésies scandinaves, qui ont été le type de la littérature du Nord en général, ont le plus grand rapport avec le caractère de la poésie d’Ossian. […] Après avoir réfuté les diverses objections qui ont été faites contre mon ouvrage, je sais fort bien qu’il est un genre d’attaque qui peut éternellement se répéter ; ce sont toutes les insinuations qui ont pour objet de me blâmer, comme femme, d’écrire et de penser. J’offre d’avance la traduction de toutes ces sortes de critiques dans les vers de Molière, que je rappelle ici : Non, non, je ne veux point d’un esprit qui soit haut, Et femme qui compose en sait plus qu’il ne faut ; Je prétends que la mienne, en clartés peu sublime, Même ne sache pas ce que c’est qu’une rime ; Et c’est assez pour elle, à vous en bien parler, Que savoir prier Dieu, m’aimer, coudre et filer.

690. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXXI » pp. 338-354

Elle s’en exprime ainsi dans une lettre du 15 juin, à son frère : « La vie que l’on mène ici est fort dissipée, comme vous savez, et les jours y passent fort vite. […] « Vous voulez savoir, madame, ce qui m’a attiré un si beau présent. […] Mes amis, vous savez quels amis, s’en sont déjà aperçus et m’ont fait des compliments sur ma disgrâce. » Cette apparence de disgrâce s’explique aisément. […] « Il me parut qu’il entendait les miennes. » Comment un ministre courtisan n’aurait-il pas entendu les raisons d’une femme qu’il savait ne pas déplaire au roi ? « Je le les lui expliquai peut-être avec un peu trop de sincérité, vous savez qu’il ne m’est pas possible de parler autrement.

691. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Œuvres littéraires de M. Villemain (« Collection Didier », 10 vol.), Œuvres littéraires de M. Cousin (3 vol.) » pp. 108-120

À la première expression, toujours si prompte chez lui et si vive, il sait joindre l’expression méditée, et aux brillantes rapidités de la parole il substitue insensiblement la perpétuité du style. […] On croit sentir dans ces pages toutes sérieuses, tout étendues, et où nulle trace d’inquiétude littéraire ne se fait jour, ce je ne sais quoi d’achevé que donne au talent la connaissance du mal caché et l’épreuve même de la douleur. […] Villemain admire beaucoup, et nul ne sait mieux que lui varier les formes et les aspects de l’admiration, de manière à ne la rendre jamais fastidieuse ni monotone. […] Dans ses excellents rapports annuels à l’Académie, les bons juges qui savent tout saisir ne trouvent rien à désirer ; eu égard à ceux qui ne sont pas juges et au public, on voudrait plus de relief dans les jugements. […] Charles Nodier avait su y introduire, en son temps, de la fantaisie et des manies charmantes ; mais, ici, on a l’utilité du but sous l’idéal de la passion.

692. (1824) Notes sur les fables de La Fontaine « Livre septième. »

Ce grand maître était, comme on le sait, Louis XIV. […] Je ne sais pourquoi La Fontaine parle ainsi. On sait qu’il fut marié. […] Il ne sait que par oui-dire. […] C’est l’art des grands maîtres de savoir se jouer à propos de leur sujet.

693. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre XXV. Mme Clarisse Bader »

Elle a eu l’ambition du lion qui disait : « Si les lions savaient peindre !  […] La première condition de l’Histoire, l’exigible avant toutes les autres, c’est la nouveauté, — c’est d’apprendre aux hommes quelque chose qu’ils ne savaient pas, — ou du moins de leur montrer, dans ce qu’ils savent, ce qu’ils n’avaient pas vu. […] Tel est l’essentiel reproche qu’on peut faire à cette érudite, qui entasse texte sur texte et noms propres sur noms propres pour ne nous apprendre, en définitive, que ce que nous savions, avant qu’elle prit la peine d’écrire. […] Qui sait ? […] Je ne sais pas si elle l’est en fait, mais elle l’est en puissance.

694. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « La Chine »

De tous, c’est celui qui tient le plus à son incognito et qui sait le mieux le défendre. […] … Le livre de Pauthier et les travaux complémentaires et caudalifs que Bazin a soudés à ce livre, sous le titre de la Chine moderne 4, ne contiennent rien de plus que ce qu’on savait avant eux. […] Les abbés Trublet sont des capacités honnêtes, quoique Voltaire, qui ne l’était pas, s’en soit moqué dans des vers charmants comme ce serpent d’homme savait en siffler ; mais, pour que la compilation mérite le petit salut de la critique en passant, il ne faut pas qu’elle ressemble au pêle-mêle des numéros d’un sac de loto qu’un enfant viderait sur une table. […] On dira d’elle ce qu’on en a dit toujours : les choses les plus exclusives et les plus contraires, et ce sera peut-être aussi faux ou peut-être aussi vrai que par le passé, car, qui sait ? […] Qui ne sait qu’au xviiie siècle la Chine eut un succès fou auprès des philosophes, parce qu’on pouvait souffleter, avec sa chronologie, le récit moïsiaque, si embarrassant jusque-là pour la philosophie, qui avait toujours cogné son front vide contre les faits ?

695. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « Les civilisations »

Chaque siècle a ses mots, qui sont des rengaines… Le xviiie  siècle avait celui de « sensibilité », et vous savez comme il fut sensible, ce siècle qui inventa la guillotine, par sensibilité ! […] Après quelques affirmations empruntées à des sciences d’hier, pédantesques dans leur langage comme tout ce qui ne sait pas encore grand’chose, l’auteur des Études retombe à des récits qu’il nous sert en tranches et qu’il nous coupe dans des historiens peu connus, ou d’autorité contestable, qu’il ne critique pas, dont il ne discute pas la valeur, et qu’il suit, comme le chien suit son maître. […] Et si l’on ne sait pourquoi — car on ne sait pourquoi — l’auteur y a mis Rome et la Grèce, il faut dire, à sa décharge, qu’il n’a pas écrit un mot sur ces civilisations qui n’ait déjà été écrit et qu’on ne sache. […] Pour qui sait les annales du genre humain et qui a la tête assez forte pour y lire sans être aveuglé, il n’y a qu’une civilisation qui mérite ce nom de civilisation, si c’est un si grand honneur que de le porter, et c’est celle-là qui est sortie de l’Évangile et du Christianisme pratiqué. […] Qu’importe à nous autres, et même à la science historique, de savoir, par exemple, si l’origine des Othomis est inconnue ?

696. (1895) Les œuvres et les hommes. Journalistes et polémistes, chroniqueurs et pamphlétaires. XV « Émile de Girardin » pp. 45-61

Il a des qualités cependant, des qualités à lui, et dont nous savons tenir compte. […] Mais, qui sait ? […] Voilà comme on cause au faubourg Saint-Germain, dit Μ. de Girardin, qui en fait, comme on sait, les délices ! […] et si vous saviez quelle simplicité ! […] On verra mieux à la scène qu’à la lecture l’inanité de cette comédie, que le talent des meilleurs acteurs du monde ne saurait vivifier.

697. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Alexandre de Humboldt »

Il n’y a guère plus haut, en effet, dans l’opinion actuelle du monde, et quand j’écris « actuelle », je sais ce que j’écris : je ne veux pas engager l’avenir. […] À cela près de quelques inductions heureuses et de quelques rapprochements féconds, Alexandre de Humboldt n’est rien donc de plus, pour qui sait étreindre son esprit et ses œuvres, qu’un grand Rapporteur scientifique, en fonction permanente et vastement renseigné, lequel soigne extrêmement ses rapports. […] Mais je crois — ajoute-t-il, page 126 de la Correspondance, — que je m’exprime toujours de telle sorte que ce ne puisse embarrasser ceux qui en savent moins. » Ainsi, utilité dans tous les genres, et quoiqu’on ne puisse, dit-on, servir deux maîtres, ce livre est écrit pour ceux qui savent et pour ceux qui ne savent pas ou qui savent peu. […] Cet amour des faits, dans une nation qui n’a jamais beaucoup rêvé, mais dont le beau front pensif savait méditer, même sous la tente, cet amour des faits a fait accepter à la France, comme un des siens, cet Allemand, — mais Allemand de Berlin, — qui ne rêvait pas et qui s’occupait d’empiler les faits comme un statisticien français du xixe  siècle. […] Mais, heureusement pour lui et heureusement pour nous, il y est allégé, soulagé et abrégé de cette phrase qu’il avait si longue, soit dans ses écrits scientifiques, soit dans sa conversation, parce que, rapporteur toujours animé d’une rage synthétique, il aurait voulu faire tenir dans une seule phrase tout ce qu’il savait ; et comme ce n’était pas facile, il n’en finissait point.

698. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XXIV. Alexandre de Humboldt »

Il n’y a guère plus haut, en effet, dans l’opinion actuelle du monde, et quand j’écris « actuelle » je sais ce que j’écris, je ne veux pas engager l’avenir. […] à son ami de Bonpland), Alexandre de Humboldt, fils de chambellan, et grand seigneur dans un de ces pays qui ont une noblesse politique encore, ayant enfin toutes les fortunes en attendant celle de la gloire, qui lui fut facile, abondante, prodiguée comme éternellement lui furent toutes choses depuis la faveur, très lucide, comme on sait, des princes, jusqu’à l’admiration aveugle des femmes, Humboldt, qui n’avait pas le goût du cabinet de Buffon, — le grand Sédentaire, — se dit de bonne heure que son cabinet à lui serait l’univers, et il se fit voyageur, et il se lança dans l’espace ! […] À cela près de quelques inductions heureuses et de quelques rapprochements féconds, Alexandre de Humboldt n’est rien donc de plus, pour qui sait étreindre son esprit et ses œuvres, qu’un grand Rapporteur scientifique, en fonction permanente et vastement renseigné, lequel soigne extrêmement ses rapports. […] Mais je crois, — ajoute-t-il page 126 de la Correspondance, — que je m’exprime toujours de telle sorte que ce ne puisse embarrasser ceux qui en savent moins. » Ainsi utilité dans tous les genres, et quoiqu’on ne puisse, dit-on, servir deux maîtres, ce livre est écrit pour ceux qui savent et pour ceux qui ne savent pas ou qui savent peu. […] Mais, heureusement pour lui et heureusement pour nous, il y est allégé, soulagé et abrégé de cette phrase qu’il avait si longue, soit dans ses écrits scientifiques, soit dans sa conversation, parce que, rapporteur toujours, animé d’une rage synthétique, il aurait voulu faire tenir dans une seule phrase tout ce qu’il savait ; et comme ce n’était pas facile, il n’en finissait point.

699. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « Agrippa d’Aubigné »

Il ne s’agit plus que de savoir si le souffle de la Critique fera ce que fit le souffle du Prophète, et communiquera à ces ossements assez de vie dans la Gloire pour devenir une Immortalité, Toute la question est là maintenant. […] Mais on sait moins qu’à huit ans, prisonnier avec les compagnons de son père, il ne pleura pas pour sa prison mais pour la petite épée qu’on lui ôta, et que, menacé du bûcher, le stoïque bambin répondit que « l’horreur de la messe lui ôtait l’horreur du feu ». […] Qui sait, d’ailleurs ? […] Le protestant ne saurait avoir la grâce que donne Jésus-Christ. […] En s’éloignant et en se variant de nuances nouvelles, la filiation s’atteste et est visible encore à l’œil qui sait voir.

700. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXXI. De Mascaron et de Bossuet. »

Bossuet a encore quelques-uns de ces défauts ; mais qui ne sait par combien de beautés il les rachète ? […] On sait que les malheurs imprévus nous frappent plus que les malheurs qui se développent par degrés. […] L’homme, dans cet état, devient un je ne sais quoi qui n’a plus de nom dans aucune langue. […] En général il a bien plus de mouvements que d’idées ; et l’on dirait presque de lui, comme un reproche, qu’il ne sait être qu’éloquent et sublime. […] Lui seul a le secret de sa langue ; elle a je ne sais quoi d’antique et de fier, et d’une nature inculte, mais hardie.

701. (1865) Cours familier de littérature. XX « CXVIIe entretien. Littérature américaine. Une page unique d’histoire naturelle, par Audubon (1re partie) » pp. 81-159

Qui ne sait que le maître du capital est le maître de l’intérêt, et que l’Europe, livrée bientôt à ce pays de tous les monopoles, en subirait à jamais la loi ? […] Qui ne sait enfin que nos commerces et nos navigations subiraient les mêmes anéantissements que nos produits ? […] Je ne sais quel bon sens sauvage et naïf animait ses discours rares et pleins de justesse, de modération et de feu. […] Je lui adressai la parole en français, idiome dont la plupart des Indiens de ces contrées savent au moins quelques mots. […] Elle me la rendit ; je sortis de la cabane sous je ne sais quel prétexte, emportant mon fusil à deux coups.

702. (1895) La comédie littéraire. Notes et impressions de littérature pp. 3-379

si je le sais ? […] Et ce dont je sais un gré infini à M.  […] Je ne sais ! […] Il sait peindre, il est artiste. […] Nous n’en savons rien.

703. (1895) Nos maîtres : études et portraits littéraires pp. -360

Et puis je ne sais pas choisir : et pourquoi ? […] Je sais peu de poètes qui, autant que M.  […] Je sais que M.  […] Son Napoléon savait toutes choses, mais par-dessus toutes choses, il savait aimer. […] On sait comment, sous prétexte de critique, M. 

704. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Pensées »

Il y a des écrivains qui ressemblent au maréchal de Soubise dans la guerre de Sept Ans : quand il avait toutes ses troupes rassemblées sous sa main, il ne savait qu’en faire, et il les dispersait de nouveau pour mieux se faire battre. Je connais ainsi des écrivains qui, avant d’écrire, congédient la moitié de leurs idées, et qui ne savent les exprimer qu’une à une : c’est pauvre. […] XXVI On peut avoir un idéal plus grand que soi, mais chacun fait commencer le joli au point où il sait atteindre lui-même. […] Le goût s’applique volontiers aux deux ordres ; l’abbé Gédoyn l’a très-bien remarqué : « Le goût, à proprement parler, emporte l’idée de je ne sais quelle matérialité. » Il y entre une part de sens. […] XXXIV Il faut du loisir pour l’agrément de la vie ; les esprits qui ont toute leur charge ne sauraient avoir de douceur.

705. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « IV. Saisset »

Saisset a baissé infiniment de note depuis le temps où il se croyait un prêtre, et, qui sait ? […] Que l’Europe le sache ou l’ignore, qu’elle en soit consciente ou inconsciente, elle est en lui, il est elle, il est partout ; il est dans les penseurs, il est dans les artistes, il est même dans les femmes, qui croient à la substance et plaisantent… panthéistiquement ! […] L’accroissement de la personnalité qui s’en va monstrueux, la rage universelle de jouir, et tout de suite, encore, enfin l’activité de l’esprit aiguillonnée, exaspérée par cette rage de jouir, voilà ce que ne saurait diminuer, apaiser ou contenir la philosophie un peu vieillotte, maintenant pour ce faire, qu’on appelle proprement la philosophie française, celle-là qui sortit de Descartes, — lequel, lui, ne sut jamais sortir de lui-même, — qui fit un jour sa grande fredaine de Locke, mais qui s’en est repentie quand elle fut sur l’Âge, plus morale en cela qu’une de ses amies, la grand-mère de Béranger. […] Ce sont des affirmations peu carrées et peu appuyées, mais rondes plutôt et glissantes, de ces inductions données cent fois par l’école cartésienne tout entière, cette école du moi qui n’a jamais su jeter de pont d’elle à Dieu, et dont l’auteur de l’Essai d’une philosophie religieuse a répété, sans les varier, les termes connus. […] Il est inférieur aussi, après avoir conclu au particulier dans chacune de ces biographies intellectuelles, de n’avoir pas su conclure au général, et après avoir fait passer philosophes et systèmes par le creuset de l’analyse, de n’avoir pas jaugé d’un dernier regard la puissance en soi de la philosophie !

706. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Étienne de La Boétie. L’ami de Montaigne. » pp. 140-161

Comme amateur des vieux livres, on peut souffrir de cette divulgation des choses rares ; comme partie du public et comme lecteur du commun, on ne saurait s’en plaindre. […] Sachons garder cette religion en nous, bien que désormais les profanes y soient de plus en plus admis pêle-mêle. […] Ainsi, par des voies différentes, nous arrivons à connaître plus entièrement et plus commodément La Boétie, et nous apprenons sur son compte tout ce qu’on en peut savoir. […] On sait la longue liaison devenue presque classique de M. de La Rochefoucauld et de Mme de La Fayette. […] Je laisse ce point à discuter à M. le docteur Payen, dans un travail supplémentaire que je sais qu’il prépare.

707. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Souvenirs militaires et intimes du général vicomte de Pelleport, publiés par son fils. » pp. 324-345

Qu’il dise ce qu’il sait, rien que ce qu’il sait, et ne fasse pas l’Histoire de mon temps. […] Je connais vos souffrances ; je sais que souvent, pour vous procurer du pain, vous avez vendu les objets précieux que vous possédiez, ceux même que vous teniez des mains les plus chères. […] Je ne sais que croire. […] Qui sait ? […] En résumé, si nous étions honnêtes individuellement, il ne faut pas nous en savoir gré : c’était à l’ordre du jour !

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