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1978. (1856) Cours familier de littérature. II « Xe entretien » pp. 217-327

Madame de Montcalm était la sœur du duc de Richelieu, qui avait gouverné si sagement les années les plus ingrates de la Restauration ; grand seigneur chargé de réconcilier une dynastie et une nation qui étaient nécessaires l’une à l’autre, mais qui se regardaient avec ombrage, l’une craignant des vengeances contre la Révolution, l’autre des récidives contre les rois. […] Je l’aperçus pour la première fois chez madame Émile de Girardin, à un de ces petits couverts de rois sans sujets qu’elle rassemblait à sa table.

1979. (1895) La science et la religion. Réponse à quelques objections

Les rois de Rome ont-ils existé, par exemple, ou ne sont-ils, peut-être, eux aussi, que des « mythes solaires » ? […] Mais nous dirons, nous, que, même quand on écrit sur « les Pharaons d’Égypte » ou sur « les maîtres de Ninive » on est tenu d’une autre obligation, plus haute, mais non moins rigoureuse, que de rétablir la succession des rois pasteurs ou de décrire avec exactitude le palais de Khorsabad.

1980. (1929) Critique et conférences (Œuvres posthumes III)

Ce dernier membre de phrase ne concernant d’ailleurs que vous, mon prince, car pour moi qu’on croit le roi, c’est bien différent. […] Et le roi et le prince, pas pris, de se mêler aux groupes de rhumatisants, d’ataxiques, de bacillaires, de grands et petits hystériques, de cardiaques, d’épileptiques, sans oublier les vénériens : blennorhagiques et autres blessés de l’amour (la cour est pleine !) […] Et roi, page et prince, nous regagnons la « cour ». […] A, noir corset velu des mouches éclatantes Qui bombillent autour des puanteurs cruelles, Golfes d’ombre ; E, candeurs des vapeurs et des tentes, Lances des glaciers fiers, rois blancs, frissons d’ombelles, I, pourpres, sang craché, rire des lèvres belles Dans la colère on les ivresses pénitentes.

1981. (1858) Du roman et du théâtre contemporains et de leur influence sur les mœurs (2e éd.)

Vautrin, le roi du bagne, est grand par l’intelligence, par la volonté, par l’audace, par l’énergie indomptable avec laquelle il lutte contre la société : Vautrin est un héros 154. […] Nous avons eu déjà occasion de parler des œuvres dramatiques qui ont inauguré dans l’art moderne cette ère de véritable décadence : Lucrèce Borgia, Le Roi s’amuse, Marie Tudor, Angelo, Antony. […] Victor Hugo, Marie Tudor, Le Roi s’amuse, Ruy-Blas, Angelo. […] Mettre une âme d’élite sous l’habit d’un valet, d’un bouffon, d’un homme de rien ; mettre une âme de boue sous le pourpoint doré d’un grand seigneur, d’un courtisan, d’un roi ; voilà le comble de l’art et le triomphe de la morale. […] Qu’on se figure une longue suite de récits étranges, où l’art n’est pas moins sacrifié que la vérité, et le sens commun que la morale ; et où se trouvent rassemblés, entassés tout ce que l’histoire et la fable, la tradition et la crédulité peuvent fournir de scènes atroces, de tableaux révoltants, d’iniquités odieuses, de monstruosités ; et de cet effroyable amas de crimes et d’horreurs accumulés à plaisir, de ce martyrologe fantastique où le peuple est l’éternelle victime, et les grands, les riches, les éternels bourreaux, une seule et même conclusion sortant à chaque page, c’est-à-dire la haine de tout ce qui est gouvernement, pouvoir, religion ; la malédiction contre tout ce qui s’appelle rois ou prêtres, contre tout ce qui possède l’autorité ou la richesse.

1982. (1898) Essai sur Goethe

Heure mélancolique, qui sonne toujours, à un moment de la vie, pour les rois de la Pensée : car, quelque vaste et mobile que soit le génie d’un homme, il ne suffit point à suivre les rapides mouvements de l’âme collective, et s’il parvient à les diriger un temps, ce temps passe. […] S’il rencontre de jeunes lavandières, il songe aussitôt aux filles des rois qui remplissaient jadis elles-mêmes cette « fonction innocente et nécessaire ». […] Fais-en l’épreuve. — Les rois veulent le bien, les démagogues aussi, dit-on ; mais ils se trompent. […] Baumgartner, entre autres, après avoir cité les lignes qu’on vient de lire, s’indigne avec véhémence : une comédie, s’écrie-t-il à peu près, des événements qui brisent le trône des rois de France, renversent les armées allemandes devant les Jacobins, traînent dans la boue le nom de l’Allemagne, — une comédie ! […] Goethe lui répondit — ce sont les dernières lettres que les deux amis échangèrent — par un éloge, étonnant sous sa plume, de Louis XIV et de Voltaire : Louis XIV est un « roi français dans le sens-le plus élevé » ; Voltaire est « l’écrivain le mieux adapté à la nation française », et possède une longue série de qualités dont il serait fastidieux de reproduire l’énumération.

1983. (1898) La poésie lyrique en France au XIXe siècle

Dans cette lutte des rois et des peuples, Victor Hugo prendra parti pour les peuples. […] C’est le bouffon du roi qui est mort. […] Voici la première partie de cette pièce de Midi, et vous allez voir que c’est seulement une admirable description : Midi, roi des étés, épandu sur la plaine, Tombe en nappes d’argent des hauteurs du ciel bleu.

1984. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Ducis épistolaire (suite et fin). »

Si j’étais le maître de choisir, en me supposant ambitieux, je ne voudrais ni du sceptre des rois ni des faisceaux consulaires.

1985. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Sismondi. Fragments de son journal et correspondance. »

« Le roi, écrivait-il, pose pour ses portraits ; il en est au onzième ; et le peuple ne peut s’accoutumer à contempler l’abus de la faiblesse en ces mêmes lieux où, si peu de mois auparavant, il a vu régner l’abus de la force. » Le miracle du débarquement et du retour de l’île d’Elbe, survenant sur ces entrefaites, le transporta.

1986. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « L’Académie française »

Elle eut, à cette époque, une journée mémorable lorsque, s’associant au vœu de la France libérale, elle protesta, dans sa séance du jeudi 11 janvier 1827, contre le projet de loi sur la presse dû à M. de Peyronnet, et proposa une Adresse directe au roi.

1987. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « DES MÉMOIRES DE MIRABEAU ET DE L’ÉTUDE DE M. VICTOR HUGO a ce sujet. » pp. 273-306

Ils furent rois sans doute : Voltaire en fut un, plein de licence et de caprices ; Montesquieu en fut un qui se souvenait trop de sa robe et d’être président à mortier, et Buffon avait sa morgue et sa plénitude qui l’isolaient à Montbard.

1988. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Diderot »

Les révolutions passent sur les peuples, et font tomber les rois comme des têtes de pavots ; les sciences s’agrandissent et accumulent ; les philosophies s’épuisent ; et cependant la moindre perle, autrefois éclose du cerveau de l’homme, si le temps et les barbares ne l’ont pas perdue en chemin, brille encore aussi pure aujourd’hui qu’à l’heure de sa naissance.

1989. (1875) Premiers lundis. Tome III « De la loi sur la presse »

Sous la Restauration, le 7 août 1827, sous une juridiction pareille à celle qu’on maintient aujourd’hui, on a vu comparaître devant le tribunal de police correctionnelle un homme vénérable, un homme de bien, un philosophe éminent, M. de Sénancour, auteur d’un Résumé de l’histoire des traditions morales et religieuses ; on l’a vu, pour quelques phrases qui ne semblaient pas assez respectueuses envers les religions positives, accusé avec véhémence par un avocat du roi qui ne croyait que remplir son devoir ; on l’a vu, comme de juste, condamné par le tribunal : car, d’ordinaire et provisoirement, en pareil cas, la police correctionnelle commence par condamner.

1990. (1892) Boileau « Chapitre V. La critique de Boileau (Suite). Les théories de l’« Art poétique » (Fin) » pp. 121-155

Eumée n’est pas à Ulysse ce qu’un porcher peut être à l’égard de Louis XIV : si bien que la traduction par le mot propre est plus fausse que si on prend la périphrase : « gardien des troupeaux du roi », qui du moins est incolore et ne présente à un Français aucun objet fâcheux de la réalité contemporaine.

1991. (1889) Les premières armes du symbolisme pp. 5-50

Stéphane Mallarmé est roi.

1992. (1911) La morale de l’ironie « Chapitre IV. L’ironie comme attitude morale » pp. 135-174

Si elle ne va pas jusqu’à nous suggérer qu’un âne Pour Dieu qui nous voit tous est autant qu’un ânier, cependant elle nous laissera entendre que l’âne, l’ânier, et même les princes et les rois, et les savants, et les artistes, et les philosophes, quelles que soient les différences qui les séparent les uns des autres, sont peu de chose dans le monde et qu’il conviendrait mieux à leur nature de ne pas s’accabler entre eux de leur haine et de leurs dédains.

1993. (1890) L’avenir de la science « VIII » p. 200

Ces fictions de rois, de patrices, d’empereurs, de Césars, d’Augustes, transportées en pleine barbarie, ces légendes de Brut, de Francus, cette opinion que toute autorité doit remonter à l’Empire romain comme toute haute noblesse à Troie, cette manière d’envisager le droit romain comme le droit absolu, le savoir grec comme le savoir absolu, d’où venaient-elles, si ce n’est du grossier à-peu-près auquel on était réduit sur l’antiquité, du jour demi-fantastique sous lequel on voyait ce vieux monde, auquel on aspirait à se rattacher ?

1994. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Août 1886. »

Le Ring n’était pas terminé, les préparatifs pour les solennelles représentations de Tristan devaient commencer, le roi avait ordonné d’élaborer, immédiatement, les projets pour l’école d’art dramatique et pour le Théâtre de Fête qu’il voulait ériger à Munich … : avant tout il s’agissait, pour le maître, de fixer les lignes et de tracer l’esquisse de ce que lui-même appela toujours « sa dernière œuvre ».

1995. (1888) Revue wagnérienne. Tome III « II »

Lohengrin révèle son nom, devant le roi et le peuple assemblé.

1996. (1863) Le réalisme épique dans le roman pp. 840-860

Montesquieu avait dit : « Les anciennes mœurs, un certain usage de la pauvreté rendaient à Rome les fortunes à peu près égales ; mais à Carthage des particuliers avaient les richesses des rois. » Que ces traits simples et forts parlent bien autrement à l’imagination !

1997. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Monsieur de Latouche. » pp. 474-502

Dans une pièce de vers Au roitelet, qui est en grande partie une satire dirigée contre les rois (la satire, avec M. de Latouche, s’infiltre aisément partout, même dans le nid du roitelet), il nous montre les petits du gentil oiseau : ……………………… à peine éclos au jour, D’invisibles infants, qui sont ta dynastie, Aux premiers feux de mai opèrent leur sortie.

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