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1038. (1889) Impressions de théâtre. Troisième série

et que Dieu sauve ceux qui restent ! […] ) Favart, resté seul, n’est plus qu’un corps sans âme. […] Il en restera, dans mon récit, ce qu’il pourra. […] Puis, un moment après : « Restez !  […] Mais là, devant cette image d’un monde élégant et riche, il restait béat.

1039. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — V — Valette, Charles (1813-1888) »

Ruben Dans un temps où la mode d’aujourd’hui fait si bien justice de la mode d’hier, on a pu parfaitement se hasarder à publier les poésies de Charles Valette, non seulement celles qui ont paru à une époque déjà reculée, mais encore celles qui étaient restées manuscrites.

1040. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — T. — article » p. 386

Cette Piece est restée au Théatre, quoiqu’on s’empresse aussi peu de la représenter, que la Mariamne de M. de Voltaire, appelée par l’Abbé de Pons, un cadavre couvert de perles.

1041. (1868) Cours familier de littérature. XXVI « CLIVe entretien. Madame de Staël. Suite »

Il m’est si doux de rester quand tu demeures ! […] Je resterai près de toi. […] « Madame de Staël fit encore quelques adieux plus marqués ou plus intimes que les autres à madame de Rumfort, qui, malgré son calme ordinaire et sa philosophie de personne riche et invulnérable, commençait à s’agiter un peu de l’inquiétude universelle ; elle dit : « Restez tranquille ici, vous, chère madame, vos noms vous protégent, votre maison sera parfois comme a été la mienne, l’hospice des blessés politiques de tous les partis. […] Je serais resté confondu et muet, car, pétrifié doublement par la beauté de l’une et par la gloire de l’autre, je ressemblais à un dieu terme qui voit passer sans parole le bruit et l’éclat du temps. […] Un de ses fils avait été tué en duel en Suède, mais il lui restait l’aîné, parfaite image de M. 

1042. (1911) La morale de l’ironie « Chapitre III. Les immoralités de la morale » pp. 81-134

Ils s’accordent parfois, ils se combattent souvent, car la société n’existe pas réellement encore et ses éléments de divers ordres restent assez indépendants. […] Tous ces types restent schématiques. […] Il y a là, semble-t-il, un vice essentiel à l’homme, qui provient de ses contradictions intimes et jamais résolues, et dont il ne se défera jamais tant qu’il restera homme. […] Elle s’est acharnée à rendre rigides des conceptions qui devaient rester vivantes et souples. […] Isolés dans notre petit moi, dans noire petit monde, dans un moment infime de la durée, nous restons ignorants et impuissants.

1043. (1891) Journal des Goncourt. Tome V (1872-1877) « Année 1876 » pp. 252-303

Nous restons seuls, toute la soirée, sans un coup de sonnette d’homme politique dans ce parlage d’art et de littérature. […] Je restai frappé de cette vision, qui fut comme un éclair. […] Vendredi 1er septembre Flaubert racontait que pendant ces deux mois, où il est resté chambré, la chaleur lui avait donné comme une ivresse de travail, et qu’il avait travaillé quinze heures tous les jours. […] Toute la journée je suis resté avec une espèce de faiblesse dans la perpendicularité. […] Alors il lancerait le trapèze par la fenêtre, se jetterait dans les bras de son frère, et tous deux resteraient à pleurer, embrassés en une tendre étreinte.

1044. (1856) La critique et les critiques en France au XIXe siècle pp. 1-54

La France, qui, avec la Restauration, s’ouvrit aux idées comme aux armées étrangères, ne pouvait rester immobile sous cette double impulsion. […] Ici encore l’esthétique ne restait pas renfermée dans son sanctuaire, comme une idole impuissante. […] La réforme littéraire était faite : il restait à la proclamer ; l’école romantique fut la fanfare. […] Chose étrange et pourtant vraie, le vice originel de l’école romantique ce fut de rester attachée au principe de la poétique d’Aristote ; de croire que l’imitation de la nature est l’essence de l’art. […] Puis-je donc vous nommer ceux qui sont restés inconnus ?

1045. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « H. Forneron » pp. 149-199

Aussi, leur historien — qui n’a pas été séduit par ces séducteurs de la France catholique au xvie  siècle et qui le sont restés dans l’Histoire — a-t-il implacablement compté leurs fautes, et, dans sa préoccupation politique, lui qui ne se soucie que des intérêts matériels de la France, de dignité royale, d’accroissement de territoires, lui qui ne comprend ni la tyrannie de l’idée religieuse, ni les intérêts spirituels, il leur en a souvent imputé. […] Et, malheureusement, il y est trop resté, — chez soi. […] C’est tout ce qui restait de l’antique foi chrétienne, de l’enthousiaste amour de Dieu épousé par le cœur ardent du Moyen Âge, demeuré fidèle jusqu’au grand Adultère de la Renaissance, dont le xvie  siècle fut un des bâtards. […] Très au-dessous de Charles-Quint, son père, dont il n’avait, si on en croit ses portraits, que la mâchoire lourde et les poils roux dans une face inanimée et pâle, ce Scribe qui écrivait ses ordres, défiant qu’il était jusque de l’écho de sa voix, ce Solitaire, noir de costume, de solitude et de silence, et qui cachait le roi net, le rey netto, au fond de l’Escurial, comme s’il eût voulu y cacher la netteté de sa médiocrité royale, Philippe II, ingrat pour ses meilleurs serviteurs, jaloux de son frère don Juan, le vainqueur de Lépante, jaloux d’Alexandre Farnèse, jaloux de tout homme supérieur comme d’un despote qui menaçait son despotisme, Forneron l’a très bien jugé, réduit à sa personne humaine, dans le dernier chapitre de son ouvrage, — résumé dont la forte empreinte restera marquée sur sa mémoire, — comme il a bien jugé aussi Élisabeth, plus difficile à juger encore parce qu’elle eut le succès pour elle et qu’on ne la voit qu’à travers le préjugé de sa gloire. […] L’horizon rouge du passé, on le faisait bleu, et s’il y restait des taches de sang plus tenaces que les autres et qu’il était impossible d’effacer, on les appelait poétiquement les roses de l’aurore du monde moderne qui se levait… Chateaubriand est le premier qui ne fut pas dupe de ces boucheries ornées de fleurs de la rhétorique des partis.

1046. (1870) La science et la conscience « Chapitre IV : La métaphysique »

Chapitre IV : La métaphysique S’il est une science qui soit de nature à contredire les enseignements de la conscience, c’est cette spéculation supérieure qu’Aristote appelait philosophie première, qui a reçu depuis le nom de métaphysique, et qui, sous un titre quelconque, restera dans le domaine de la pensée humaine, tant que celle-ci aura le souci des vues générales et des conceptions synthétiques. […] Le physiologiste comprend enfin la raison des faits qui lui avaient été déjà révélés par sa propre science, mais qui étaient restés pour lui à l’état de mystère ; l’organisation des êtres vivants devient non une simple composition, mais une véritable création, la création d’une cause finale, qui est l’être vivant lui-même. […] Elles oublient que la conscience n’est pas seulement la lumière, qu’elle est le principe, la substance même dont elles vivent, et que, si elles négligent ses révélations, elles restent aveugles en dépit de toutes les méthodes qu’elles peuvent emprunter aux sciences physiques. Elles n’auraient plus qu’à se traîner misérablement à la suite de ces dernières, qui leur resteront toujours fort supérieures en rigueur et en précision. […] Nous trouvons que la psychologie, par exemple, exactement traitée par la méthode des sciences naturelles, court risque d’en rester à la surface des choses, et de ne point pénétrer dans l’intimité de la nature humaine, ouverte seulement à l’œil de la conscience.

1047. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — A — article » p. 185

On ne trouve également qu’une image imparfaite de l’éloquence d’Eschine, dans la traduction qu’il a donnée des trois Harangues qui nous restent de cet Auteur.

1048. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre V. Les contemporains. — Chapitre V. La philosophie. Stuart Mill. »

Comme d’ailleurs la vôtre est utile, voulue et morale, elle ne vous révolte pas ; vous lui restez soumis sans difficulté, vous lui êtes attachés de cœur ; vous craindriez, en la touchant, d’ébranler la constitution et la morale. […] Toutes ces choses sont des phénomènes ou états d’esprit suivis ou accompagnés de faits sensibles. » Ainsi nous avons beau nous tourner de tous côtés, nous restons dans le même cercle. […] Vous pourriez en amasser un million de semblables, mon esprit resterait aussi vide ; j’aurais lu un dictionnaire, je n’aurais pas acquis une connaissance. […] On sait par l’expérience directe que la quantité d’eau qui peut rester suspendue dans l’air à l’état de vapeur est limitée pour chaque degré de température, et que ce maximum devient moindre à mesure que la température diminue. […] Si les sciences physiques sont restées immobiles jusqu’à Bacon, c’est qu’on déduisait lorsqu’il fallait induire.

1049. (1864) Le positivisme anglais. Étude sur Stuart Mill

Comme d’ailleurs la vôtre est utile, voulue et morale, elle ne vous révolte pas ; vous lui restez soumis sans difficulté, vous lui êtes attachés de cœur ; vous craindriez, en la touchant, d’ébranler la constitution et la morale. […] Toutes ces choses sont des phénomènes ou états d’esprit suivis ou accompagnés de faits sensibles. » Ainsi nous avons beau nous tourner de tous côtés, nous restons dans le même cercle. […] Vous pourriez en amasser un million de semblables, mon esprit resterait aussi vide ; j’aurais lu un dictionnaire, je n’aurais pas acquis une connaissance. […] On sait par l’expérience directe que la quantité d’eau qui peut rester suspendue dans l’air à l’état de vapeur est limitée pour chaque degré de température, et que ce maximum devient moindre à mesure que la température diminue. […] Si les sciences physiques sont restées immobiles jusqu’à Bacon, c’est qu’on déduisait lorsqu’il fallait induire.

1050. (1888) Poètes et romanciers

La grâce des larmes vraies a passé par là, l’œuvre est consacrée et restera. […] On ne lui pardonne pas cette obstination à rester dans la vie privée. […] Près de Dieu l’âme est restée. […] Pourquoi donc, malgré tant d’efforts et de mérites, le succès est-il resté douteux ? […] L’idée et le mot resteront à lui, comme la cristallisation à Stendhal.

1051. (1898) Politiques et moralistes du dix-neuvième siècle. Deuxième série

Donnez à tout cela des noms plus beaux, si vous voulez ; il restera toujours que c’est un appel à des sentiments. […] Il ne faut donc pas retomber dans la même faute ; il ne faut pas rester lié au gouvernement. […] Lamennais était le seul qui pût s’étonner de ne point rester catholique quand il pensait comme il pensait depuis 1830. […] Il resta abstrait, renfermé et doux, ne laissant pas d’être aimable quelquefois, sans y songer, par une distraction de plus. […] C’est qu’il reste et resta toujours un esprit profondément théologique.

1052. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — B — article » p. 207

Baron n’avoit ni la force comique de l’un, ni l’élégance de l’autre ; malgré cela, la Coquette, l’Homme à bonne fortune, & l’Andrienne, sont restés au Théatre, où le Public n’est pas fâché de les voir reparoître de temps en temps ; avantage que n’ont pas eu bien des Poëtes comiques qui l’ont précédé, & que n’auront certainement pas la plupart de ses successeurs.

1053. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Guerin » p. 221

L’effet de l’ensemble, l’intérêt de l’action, la position, le caractère, l’expression des figures, la distribution, les groupes, l’entente des lumières, quelque chose même du dessin et de la couleur sont restés ; mais arrêtez, entrez dans les détails, il n’y a plus ni finesse, ni pureté, ni correction ; vous prenez Guerin par l’oreille, vous le mettez à genoux, et vous lui faites faire amende honorable à de grands maîtres si maltraités.

1054. (1912) Chateaubriand pp. 1-344

On peut croire qu’il est resté, comme son maître, vaguement chrétien. […] Et sa sensibilité était restée chrétienne. […] Les descriptions de Chateaubriand, malgré leur éclat, restent un peu compassées. […] Il y resta un an à peu près. […] Resté si loin derrière lui, le pouvais-je jamais rejoindre ?

1055. (1900) La vie et les livres. Cinquième série pp. 1-352

Théophile Gautier est toujours resté fidèle à cette maxime. […] Il est resté peintre la plume à la main. […] Bergeret (ce nom et ce type resteront) est tien un universitaire de province. […] Les âmes restent pareilles. […] On ne peut pas rester toujours à regarder de belles églises, à muser dans des jardins, ou à rire devant des gâteaux.

1056. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Ducis épistolaire (suite et fin). »

Assez éloigné encore du terme de soixante ans, il aspirait de toutes ses forces à la vie de campagne, à la retraite, à une fin de carrière qui, après tant d’ennuis et de tribulations, fût « du moins tranquille et innocente. » Il avait amassé beaucoup de fatigue et se sentait à bout de la vie active : « Resté veuf de bonne heure, chargé de regrets, de douleurs, de dettes, d’embarras, de devoirs, sans bonheur et sans fortune, j’ai usé une partie de ma force à résister. […] Puissiez-vous, mon cher ami, être plus heureux que moi et ne pas voir encore s’éteindre et mourir sous vos yeux paternels les deux enfants qui vous restent ! […] On l’a vu tout à l’heure motiver son refus en disant : Je suis républicain : il restera tel encore par ses mœurs, ses habitudes, sa simplicité, tel aussi par un certain accent d’indépendance et de civisme quand il écrira à Andrieux, à Lemercier ; mais avec d’autres, et peu à peu, il tournera ou retournera insensiblement au royaliste ; cela est surtout sensible dans ses lettres à MM. de Rochefort, Odogharty de La Tour, etc. ; il blanchira peu à peu, il se bourbonisera, jusqu’à ce qu’en 1814 et en 1816 il ait pris la teinte marquée que lui voulaient ses amis d’alors, et qui est surtout sensible dans les portraits posthumes qu’ils ont faits de lui. […] cela occuperait bien agréablement les moments que je suis forcé de rester au coin de mon feu.

1057. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Madame Desbordes-Valmore. »

Mme Valmore, née dans la classe du peuple, était restée une âme plébéienne ; mais elle l’était sans prévention, sans parti pris, sans mettre sans cesse en avant ce qui divise et ce qui sépare. […] Ils y restent inédits, à l’état de ces graines cachées dans les armoires, qui sèchent sans avoir été semées. — Par exemple, vos craintes de vivre entre des habitudes perdues et d’autres à refaire, par ce mouvement incessant vers des demeures nouvelles, c’est ma vie. […] … » Ce souhait agréable et sensé, qui est celui de bien des familles, resta toujours pour elle à l’état de rêve. […] Il lui restait encore à publier (et il n’en avait pas le premier mot écrit à l’avance) cette grande et dernière série d’articles qui suivit, et qui commencera le tome XIII, sur le général Jomini.

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