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427. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 8 février 1885. »

Lamoureux reprend les grandes exécutions de Tristan et Isolde. […] Il veut que la musique, la poésie, la mimique et les costumes de l’acteur, les décors, tout, jusqu’aux moindres détails, s’harmonise avec un accord parfait, s’unisse fraternellement et ne forme qu’un. » Rien n’est à reprendre dans ces lignes. […] Le numéro de janvier 1885 contient les articles suivants : 1° Richard Wagner : motifs extraits de ses écrits. — Cet article composé de passages pris aux livres de Wagner, expose comme quoi il faut juger toute œuvre en tenant compte du milieu où elle a été produite ; 2°  Sur Jacob Grimm, en mémoire du 4 janvier 1785 — Jacob Grimm est le philosophe allemand qui s’est le premier attaché à l’étude de l’esprit germanique ; 3° Etudes sur l’éternité, par Philipp van Hertefeld ; 4° Sur l’architecture théâtrale, par Friedrich Hofmann. — Cette étude montre que Wagner a repris l’idée du théâtre grec ; elle compare le théâtre de Bayreuth aux théâtres anciens et modernes ; 5° Observations sur Parsifal : explication de passages douteux ; 6° Un dialogue de fin d’année, au sujet du nouveau calendrier wagnérien ; enfin les communications nouvelles, etc.

428. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Émile Augier — CHAPITRE VI »

Il sait que son fils aime madame Lecoutellier, née de Valtaneuse ; il sait aussi que la veuve convoite ardemment le château qui lui permettrait de reprendre ce nom patricien. […] D’Estrigaud l’espère et reprend courage. — « Quel bonheur que tu puisses te tirer d’affaire sans m’épouser !  […] Lucien reprend son récit du duel ; le médecin pour rire secoue la tête d’un air consterné ; Navarette fait son entrée et se jette sur son amant, avec un désespoir mélodramatique.

429. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Alexandre Dumas fils — Chapitre X »

Je vous assure que c’est une terrible sortie que celle de cette femme à jamais perdue qui reprend, d’un pas si leste et si fier, le sentier qui mène aux abîmes. […] Le Demi-Monde 2 On ne peut qu’approuver le Théâtre-Français d’avoir repris le Demi-Monde. […] La comtesse Savelli lui reprend son argent et ne veut pas de ses bénéfices ; M. 

430. (1892) Journal des Goncourt. Tome VI (1878-1884) « Année 1883 » pp. 236-282

Lundi 15 janvier ……………………………………………………………………………………………… « Oui, reprend Dumas avec une conviction désespérée, tous les hommes, la première fois que je les vois, ma première impression est de les regarder comme des coquins… et aussi toutes les femmes comme des coquines. […] Il dit à peu près cela : « Il était trop bon et il n’avait pas le sens critique de l’humanité, ce qui le rendait parfois un mauvais juge des hommes, avec lesquels il était en rapport, mais quelquefois aussi, il voyait parfaitement juste… » Spuller s’arrête quelque temps et reprend : « Voyez-vous, il avait des conceptions, des conceptions comme celle-ci : un jour, parlant du couronnement de l’Empereur de Russie, il m’a dit, qu’en cette occasion, il fallait que la France affirmât à la face de l’Europe, fièrement, la République, et qu’il voulait envoyer à ce couronnement, comme représentant du pays, devinez qui ? […] Ces jours-ci, à propos de l’article menaçant du journal allemand, j’étais repris par cette rêvasserie homicide.

431. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « Victor Hugo »

Quand il en a une (comme dans La Colère du bronze), il revient sur elle ; il la reprend ; il la piétine ; il reste, sans bouger d’un seul pas, sur cette pensée, parce qu’il ne peut pas aller à une autre. […] Repris, remmené et surmené par l’amour de ce qu’il n’a pas, par l’admiration de ce qui lui est impossible, Victor Hugo, ce gigantesque Trompette-major fait pour sonner toutes les espèces de charges, a voulu être un Tircis littéraire et souffloter, et trembloter, et chevroter dans la flûte en sureau de l’Idylle, avec ces lèvres et cette poitrine qui sont de force, vous le savez ! […] Quand il a repris, dans son poème, la vieille idée de tous les ennemis de l’Église, il l’a faite sentimentale pour la faire plus meurtrière, pour la faire d’un plus large et d’un plus sûr coup de poignard.

432. (1896) Écrivains étrangers. Première série

Il affirme que Néron était un pur artiste, et il poursuit cette thèse, que devait reprendre M.  […] Mais la vie à l’air libre était décidément trop dure : il se résigna à reprendre le chemin des villes. […] Mais la nature l’a repris avec tant de force qu’il lui a été impossible de rien retenir des conquêtes de la civilisation. […] Ce rhéteur parle si longtemps, et avec tant d’élégance, que l’empereur en l’écoutant, se sent repris de son doute. […] Un sourd travail s’accomplit en nous sans interruption : c’est le génie de notre race qui reprend conscience de lui-même ».

433. (1892) Impressions de théâtre. Sixième série

Ou bien, ne pouvant le reprendre, elle le poussera, par dépit, à sa perte. […] Mais, auparavant, elle veut s’assurer qu’Eilert est digne, en effet, d’être repris. […] … » dit naïvement le duc. « Ce n’est pas sûr, reprend Viola. […] La chanson des rameurs reprend. […] Malgré tout ce qu’on peut y reprendre, les Petits Oiseaux plaisent, comme j’ai dit, par un air de douceur et de cordialité.

434. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Delille »

Nous doutons surtout extrêmement que le pronostic du bienveillant critique s’accomplisse, et que Delille soit précisément à la veille de reprendre faveur  ; nous doutons encore plus que M.  […] Delille arrivant, comme un autre Gresset, sur les derniers temps de Voltaire, reprit, à quelques égards, le rôle manqué par le premier, et avec du brillant, du mondain à force, rien du collège, mais peu de philosophie et de pensée, il réussit à succéder en poésie au trône, encore imposant, qui devint aussitôt pour lui un tabouret chez la reine. […] A son retour en France, il reprit sa vie mi-partie studieuse et distraite, et la Révolution seule la vint troubler. […] Nous doutons surtout extrêmement que le pronostic du bienveillant critique s’accomplisse, et que Delille soit précisément à la veille de reprendre faveur  ; nous doutons encore plus que M. 

435. (1859) Cours familier de littérature. VII « XLIIe entretien. Vie et œuvres du comte de Maistre » pp. 393-472

Parmi les filles, un très petit nombre se marient, parce que la loi ne leur accorde qu’une parcelle du patrimoine de la famille ; les unes entrent dans des couvents, ces sépulcres de la jeunesse et de la beauté qui étouffent souvent les gémissements secrets de la nature ; les autres restent dans la maison, y vieillissent avec une inclination cachée dans leur cœur, contractent une physionomie de résignation et de mélancolie douce qui fait monter les larmes aux yeux quand on les regarde, puis s’accoutument à leur sort, se font les providences de la maison, reprennent leur gaieté et deviennent tantes, cette seconde maternité de la famille, plus touchante encore que l’autre, parce qu’elle est plus désintéressée et plus adoptive. […] Après ces longues promenades, où l’esprit et les pas s’égaraient délicieusement à sa suite, il rentrait à la maison ; quelquefois il s’arrêtait encore un moment à l’église du faubourg ou du village ; puis la conversation reprenait jusqu’au souper, aussi diverse, aussi enjouée et quelquefois aussi étincelante qu’en plein soleil. […] La fureur et le crime ne sèment pas, ils ravagent ; mais, une fois le sang-froid revenu à l’esprit révolutionnaire, il reprenait un grand sens humain que le philosophe du passé ne pouvait ni ne voulait comprendre. […] Les traités de 1815 nous reprirent la Savoie tout entière et agrandirent sans prévoyance et sans justice la maison de Savoie, en lui octroyant, du droit de sa convoitise, la république de Gênes.

436. (1860) Cours familier de littérature. IX « LIe entretien. Les salons littéraires. Souvenirs de madame Récamier. — Correspondance de Chateaubriand (3e partie) » pp. 161-240

Pendant trois ou quatre mois je me suis déplu à Rome ; maintenant j’ai repris à ces nobles ruines, à cette solitude si profonde, si paisible et pourtant si pleine d’intérêt et de souvenir. […] Je vois avec plaisir que je suis malade, que je me suis trouvé mal encore hier, que je ne reprends pas de force. […] — « Je pense, répondit-elle, qu’à l’exception de quelques couleurs trop chaudes dans certaines parties descriptives de ce vaste tableau d’histoire, c’est le livre le plus utile qui ait encore paru pour préparer le jugement dernier des choses et des hommes de la Révolution ; car c’est le livre où il y a le plus de justice pour les oppresseurs et le plus de pitié pour les victimes. » Et comme le groupe des hommes d’État debout auprès de la cheminée s’étonnait en affectant de s’indigner contre ce jugement de faveur sur ce livre, madame Récamier reprit la parole, seule contre ses amis, et me défendit avec une chaleur de discussion et une intrépidité d’amitié qui attestaient en elle autant d’impartialité que d’énergie dans le jugement. […] XXIX Madame Récamier et M. de Chateaubriand, après le retour de Londres et de Venise, reprirent à Paris les douces et monotones habitudes de leur salon à deux.

437. (1862) Cours familier de littérature. XIV « LXXXe entretien. Œuvres diverses de M. de Marcellus (3e partie) et Adolphe Dumas » pp. 65-144

— Que le caminari me permette de l’interrompre, reprit M.  […] — Oui, souffrons avec patience et avec résignation l’un et l’autre, reprit-il, comme un Job quand il se repent d’avoir mal parlé ; puis, ouvrant le papier que je lui avais tendu sur son lit, il se prit à me lire la dernière ode que je lui avais inspirée ! […] Nous fîmes silence un moment : il reprit, en s’adressant à ma femme : « — Et moi aussi, Madame, et moi aussi ; après ma mère, mes frères, ma sœur, mes amis, ce que j’ai le plus aimé, le plus regretté, le plus pleuré sur la terre, c’est un pauvre oiseau, c’est ma tourterelle ; c’est l’amie, c’est la compagne du solitaire. […] — Je le veux bien, reprit-il, mais pardonnez-moi si ma voix s’altère et tremble un peu à chaque strophe, Madame.

438. (1865) Cours familier de littérature. XX « CXVIIIe entretien. Littérature américaine. Une page unique d’histoire naturelle, par Audubon (2e partie) » pp. 161-239

De tout le reste de la soirée je n’aperçus plus mon petit architecte ; mais, dès le lendemain, son ramage m’attira de bonne heure à la fenêtre, et je le vis, quittant sa perche accoutumée, reprendre avec une nouvelle ardeur son travail de la veille. […] Mais reprenons l’histoire de nos pewees. […] Je courus reprendre ma place et j’écoutai, réellement stupéfait de ce bruit du dedans, que je ne puis mieux comparer qu’au sourd roulement d’une large roue sous l’action d’un puissant cours d’eau. […] L’entrée exactement refermée, nous reprîmes, fiers et joyeux, le chemin de Louisville.

439. (1888) Revue wagnérienne. Tome III « VII »

Tristan et Isolde ne pourra être repris, la mise en scène des Maîtres Chanteurs exigeant tous les soins. […] Wagner choisit les mots les plus simples, les racines de la langue, et il ne craint pas à cet effet de reprendre dans leur forme primitive les mots tombés en désuétude ou bien décolorés par une littérature molle. […] Alors intervient un motif qui sous cette forme semble tout à fait étranger au premier ; c’est un appel puissant et large des cuivres doucement répété en hauteur par les flûtes ; puis un troisième motif qui semble également particulier, que nous analyserons à son tour, et à la fin duquel (p. 5, lignes 2, 5, 6), réapparaît la terminaison E du motif fondamental. — Celui-ci revient alors et forme toute la fin de l’ouverture, et successivement toutes ses fractions se mettent en évidence : d’abord A, B et C ensemble, puis B, qui s’altère de différentes façons ; et le motif A, B, C, revient encore trois fois, toujours arrêté par B qui se représente obstinément de plus en plus altéré, jusqu’à ce que D arrive à son tour ; E apparaît ensuite et semble une réponse à D et prend même à un moment un développement considérable ; et, à plein orchestre, une complication expressive met en valeur les notes finales qui se trouvent ici n’être plus autre chose que la répétition de B, au point d’être suivies enfin de D. qui s’affaisse bientôt, tandis que les bois reprennent, faiblement et de plus en plus en hauteur, le motif ascensionnel qui semble ici fuir, en se dissipant dans les hauteurs de l’orchestre, le milieu sonore encore troublé par les successifs déchirements et les vertigineuses éducations du motif fondamental. […] Mais ils reprennent leur programmation en 1886 et 1887.

440. (1909) De la poésie scientifique

C’est donc en évolution logique qu’il rencontre le « Vers-libre » de Gustave Kahn, qu’il le reprend, en élucide davantage la théorie qu’il assouplit comme musculairement. […] Le langage devenait phonétique et idéographique, l’idéogramme étant concurremment une simplification de la complexité phonétique  qui cependant demeure en puissance émotive en lui… Donc, en retour, toute pensée émue, toute idée suscitée à retentir suggestivement dans l’être (et il n’en doit être d’autres en poésie), nécessairement dégagera autour d’elle toute l’atmosphère complexement vibrante dont elle demeure en puissance, éveillera en mouvements toute la succession émotive d’où elle est issue… Participant du geste d’émoi traditionnellement et par répétition devenu rythmique, et du cri primordial de même essence que le geste  le Verbe-idéogramme qui exprimera totalement cette pensée et son émotion doit aussi, nécessairement, reprendre sa valeur phonétique, c’est-à-dire ses diverses et émotives durées de vibration. […] Depuis les origines, c’est donc l’émotion de la Vie évoluée, en ses intuitions au passé, en ses caractérisations présentes, en les déductions et les presciences pour l’avenir  La poésie ainsi a repris bases, telle que l’avaient sentie et exprimée les antiques siècles intuitifs : elle est, avec l’aide maintenant de la science, la Synthèse et l’Hypothèse. […] Leconte de Lisle avait souhaité en la Préface de ses premiers Poèmes antiques que le Poète reprît son rôle ancien d’éducateur de l’humanité  « La Poésie aura un jour à compter avec la Science », écrivait Zola  Spencer, donnant Gœthe en exemple, avait songé cette ; alliance  Taine a prévu la possibilité d’une métaphysique moderne… « On reconnaîtra-que le vaste système-évolutionniste devait être à son tour interprété esthétiquement et que vient à son heure, en tant que conception actuelle du monde, le poème de M. 

441. (1887) Journal des Goncourt. Tome I (1851-1861) « Année 1857 » pp. 163-222

— Le Misanthrope, reprend sans s’émouvoir Gautier, une véritable ordure… Je dois vous dire que je suis très mal organisé d’une certaine façon. […] Puis elle dit en éclatant de rire : — Tiens, c’est comme à Milan, au théâtre de la Scala, un particulier qui me faisait des saluts, des saluts… Je disais : « Je connais cette bouche-là », mais je ne reconnaissais que la bouche, absolument que la bouche… — Te rappelles-tu, reprend tout à coup la Deslions, quand par ce sale temps nous avons été voir où s’était pendu Gérard de Nerval… Oui, je crois même que c’est toi qui as payé la voiture… J’ai touché le barreau. […] 11 juin Je suis repris de mes douleurs de foie et je crois un moment à une seconde jaunisse8. […] Voici le dehors, quant au dedans, un grand esprit enterré vif dans un village, nourri de moelle spirituelle par la réflexion solitaire et une constante lecture, familier avec tous les hauts livres, un moment foudroyé par la mort d’un fils de onze ans, mais en train de reprendre son parti de la vie, « un cauchemar entre deux néants », un causeur à la parole espacée de mots qui font réfléchir, et jugeant à vol d’aigle, et allant au sommet des plus grandes questions, et enfermant sa pensée dans une formule nette, à arêtes coupantes, comme le métal d’une médaille ; un cœur tendre, mais un politique aux principes inflexibles, un génie dantonien auquel le théâtre et les circonstances ont manqué, le seul homme que j’aie vu préparé à tout et digne de tout9.

442. (1888) Journal des Goncourt. Tome III (1866-1870) « Année 1869 » pp. 253-317

Quand le président lui dit de raconter la scène du crime, il passe la main sur son front, une rougeur colore, un instant, son visage terne et gris, et après quelques mouvements nerveux d’épaules, il crache par terre, s’essuie les lèvres avec son mouchoir, puis commence par des mots ânonnants, se repasse encore la main sur la figure, et rouvre une bouche où, sous l’émotion, sa voix s’étrangle… Puis soudain il se met à raconter, et comme si, au récit de l’assassinat, sa fièvre homicide le reprenait, il répète dans le vide la mimique de son crime, d’un geste en avant terrible et superbe ! […] Le dimanche, assis un moment, dans la salle d’attente, au milieu des gens en joie, versés par le chemin de fer, nous l’avons vu tirer de sa poche un petit livre noir, un livre de prières à l’aspect anglican, puis reprendre sa promenade de manège, coupée par deux ou trois paroles qu’il jette à l’homme à l’X toutes les fois qu’il passe devant lui. […] Cela me soulage de mes souffrances, comme un ouvrier qui reprendrait ses outils. […] » Puis elle reprend : « C’est triste, ce château de Saint-Cloud !

443. (1894) Journal des Goncourt. Tome VII (1885-1888) « Année 1887 » pp. 165-228

Dimanche 9 janvier Il n’y a plus qu’une chose qui me sorte de mon écœurement de la vie, et qui m’y fait reprendre un peu d’intérêt : c’est la première épreuve d’un livre nouveau. […] » Mercredi 2 février Visite de Maupassant, qui me décide à reprendre ma démission de membre de la société du monument de Flaubert, par veulerie, par lâcheté de ma personne, et l’ennui d’occuper le public de cette affaire. […] Le nez reprend. […] Vendredi 9 septembre Aujourd’hui, la princesse parlait de son adoration de Versailles, disant qu’elle voudrait s’y faire construire une maison dans le style de Louis XIV, et où tout serait à l’imitation du temps, jusqu’aux crémones des fenêtres, et soudain s’interrompant, elle reprend : « Enfin là, à Versailles, je parle bas comme dans une église ! 

444. (1903) La renaissance classique pp. -

Mais en revanche, il est toujours permis de reprendre une tradition dont on a éprouvé les effets salutaires ; et lorsque cette tradition est si intimement liée non pas seulement aux habitudes intellectuelles d’une race, mais à l’existence même d’un pays, que cela devienne pour celui-ci une question de vie ou de mort, alors c’est une nécessité pressante, c’est un devoir d’y revenir. […] En d’autres termes, et pour reprendre la doctrine même d’Aristote, la forme n’est que l’achèvement du fond, c’est la matière amenée à sa perfection. […] C’est là qu’il faut conduire les plus découragés de tes enfants pour qu’ils reprennent confiance en ton génie. […] Nous ne faisons que reprendre une expression de notre Flaubert dans la Tentation de saint Antoine : « … Ils ont maintenant des âmes d’esclaves, oublient les injures, les ancêtres, le serment ; et partout triomphent la sottise des foules, la médiocrité de l’individu, la hideur des races. » Une bonne moitié de notre préface n’est guère que le commentaire de ces lignes.

445. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Froissart. — I. » pp. 80-97

Voilà bien Froissart : reprenons un à un ses goûts. […] « Vous avez raison, dit Claverhouse en souriant, parfaitement raison : nous sommes tous deux des fanatiques ; mais il y a quelque différence entre le fanatisme inspiré par l’honneur, et celui que fait naître une sombre et farouche superstition. » — « Et cependant vous versez tous deux le sang sans remords et sans pitié », reprend Morton, incapable de cacher ses sentiments.

446. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Le marquis de Lassay, ou Un figurant du Grand Siècle. — I. » pp. 162-179

Le temps opéra, la jeunesse en lui reprit son cours, et, la dévotion lui passant d’abord et s’évanouissant, il se trouva tout étonné de l’engagement solennel qu’il avait juré. […] Si cette lettre habilement flatteuse avait pu être montrée au roi, il avait de quoi espérer de reprendre pied en cour, et peut-être serait-il devenu un personnage employé et utile, au lieu qu’il tourna encore au roman.

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