Dites qu’il se rend à la vérité ; ce n’est pas pour moi que je vous sollicite, je vous ai déclaré que je prends le mépris pour mon partage. Il ne sera pas dit que vous vous serez rendu aux instances d’une femme.
Noirot, nous a-t-on dit, conteste à Tissandier l’exactitude complète du compte rendu de son enseignement ; mais, tel qu’il est pourtant, et pour qui sait voir les tenants et aboutissants des idées sur lesquelles on n’insiste pas, ce compte rendu inspire une grande confiance dans les aptitudes philosophiques du professeur.
Conformément à l’axiome 106, elle part du point même où commence le sujet qu’elle traite : elle part de χρόνος, le temps, ou Saturne, ainsi appelé a satis, parce que l’on comptait les années par les récoltes ; d’Uranie, la muse qui contemple le ciel pour prendre les augures ; de Zoroastre, contemplateur des astres, qui rend des oracles d’après la direction des étoiles tombantes. […] Voilà ce qui a rendu impuissants les nobles efforts du cardinal Pierre d’Alliac.
Il me dit qu’il a l’habitude de sortir à quatre heures, et me donne rendez-vous pour une de ces promenades péripatéticiennes à la Poussin, à travers la vieille Rome. Aujourd’hui, je me rends chez lui. […] Il faut faire très attention à ce qu’on prend et à ce qu’on rend ! […] Et nous nous moquons encore des peuples qui rendent un culte aux fientes du Grand Lama. […] Cela arrive, quand le travail ne va pas, quand il y a de l’impuissance à rendre ce que l’on sent, et d’atteindre à cet idéal qui va toujours dans les lettres, en s’élevant et en se reculant de votre plume.
Un peu de réflexion le rendit à lui-même et le ramena à la juste mesure des choses. […] Nombre de lettres à sa mère, à ses amis de France, sont datées de là et nous rendent fidèlement ses impressions. […] Je ne pouvais me détacher de ce spectacle ; j’aurais voulu graver cette impression dans ma mémoire et la rendre éternelle. […] Et je me demandais avec moins de surprise que d’ivresse pourquoi il est ainsi des lieux qui nous rendent plus simples que les enfants. […] Il s’y mit de tout cœur ; le zèle qu’il déploya, les services qu’il rendit ou qu’il essaya de rendre en qualité de secrétaire et d’organe à l’association dont il était l’âme, et qui n’eut que deux années d’existence, ont été exposés et appréciés dans une excellente notice de M.
Les écrits ne rendent pas tout, et, des qu’on a affaire à des pensées délicates, le meilleur est encore ce qui s’envole et qui a oublié de se fixer. […] La Restauration le rendit subitement libéral ; il lui sembla qu’un voile tombait de devant ses yeux et que la Révolution s’expliquait pour lui. […] A aucune époque (c’est une justice qu’il peut se rendre), il n’a regardé le renversement comme un but ; mais il l’a toujours accepté comme une chance. […] L’ordonnance du 5 septembre, en brisant la Chambre de 1815, avait rendu au gouvernement de Louis XVIII la liberté de son action. […] N’est-ce pas là un unique hommage rendu à la mémoire du mort et aussi au talent approprié du vivant ?
Mais cette culture bornée, en le laissant moins fort, l’a rendu plus délicat. […] La conversation et les manières des Français travaillent à rendre le sexe plus frivole ou (comme il leur plaît de l’appeler) plus éveillé que ne le permettent la vertu et la discrétion. […] Il n’y a pas jusqu’à des prescriptions de catéchisme que la sincérité de ses émotions ne rende respectables. […] Chaque idée a son accent, et tout notre travail doit être de le rendre franc et simple sur notre papier comme il l’est dans notre esprit. […] Il y a en lui un fond d’imagination grandiose qui le rend insensible aux petites délicatesses de la civilisation mondaine.
Son instrument rend des sons vibrants, il n’a point de sons harmonieux. […] Un homme vient qui, tout d’un coup, les rend intéressantes ; bien plus, il en fait des drames ; il les change en objets d’admiration, de tendresse et d’épouvante. […] Il a, outre sa grimace, un caractère et un tempérament ; il est gros, fort, rouge, brutal, sensuel ; la vigueur de son sang le rend audacieux ; son audace le rend calme ; son audace, son calme, sa promptitude de décision, son mépris des hommes font de lui un grand politique. […] Ce beefsteak a passé, le monde passera aussi ; souvenons-nous de notre fragilité et du compte qu’un jour nous aurons à rendre. […] Celui-là seul a vécu et est un homme, qui a pleuré au souvenir d’un bienfait qu’il a rendu ou qu’il a reçu.
Sa tabatière, également en or, contenait un médaillon plein de cheveux qui le rendaient en apparence coupable de quelques bonnes fortunes. […] Est-ce contre les lois que j’aille voir mes filles, le soir, au moment où elles sortent de leurs maisons pour se rendre au bal ? […] un homme qui rendrait ma petite Delphine aussi heureuse qu’une femme l’est quand elle est bien aimée, mais je lui cirerais ses bottes, je lui ferais ses commissions. […] Le courage du désespoir me rendit redoutable, mais je fus un objet de haine, et restai sans ressources contre les traîtrises. […] Cette révélation involontaire rendait pensifs ceux qui ne sentaient pas une larme intérieure séchée par le feu des désirs.
Des conseils, des recommandations, des services plutôt que des aumônes ; l’aide spirituelle, qui rend efficace le secours matériel et l’empêche d’être humiliant, voilà la vérité. […] Lavedan, c’est d’avoir rendu leur néant prodigieusement amusant et gai, et d’avoir, dans leur vide profond, fait craquer et pétiller de fugitifs et fantasques feux d’artifice. […] Cette Suzanne est une brave créature ; n’étant plus aimée du père de son enfant, elle lui a rendu sa liberté ; et, quand M. […] Sois heureuse, et surtout ne le rends pas malheureux. […] Le syndic Müller, quinquagénaire encore assez frais, et brave homme, et qui a rendu des services aux Pétermann, a, tout à l’heure, demandé sa main et doit venir chercher la réponse.
C’est ce texte que la publication dont j’ai parlé nous a rendu. […] Nous nous y rendîmes bientôt. […] Elle ne me rendra jamais service : elle sait que je la connais trop bien. […] Nous nous y rendons. […] — Rendez-nous la Thessalie !
L’homme n’avait d’ailleurs aucun compte à rendre de sa vie antérieure. […] Ce feu était quelque chose de divin ; on l’adorait, on lui rendait un véritable culte. […] « Rends-nous riches et florissants, dit un hymne orphique ; rends-nous aussi sages et chastes. » Le feu du foyer est donc une sorte d’être moral. […] Pour rendre cette vérité plus claire, traçons le tableau d’une famille romaine. […] Un exemple rendra cette vérité plus claire.
Ce cousin, fort singulier original, rebuté et comprimé lui-même dès l’enfance, sacrifié par ses parents à un frère aîné qu’on lui préfère, s’attache à la petite Indiana comme au seul être qui lui sourie au monde et qui lui rende amitié pour amitié. […] Indiana ignore que l’homme qu’elle distingue, et qui semble lui devoir rendre l’espérance, le goût de la vie, s’est adressé à une autre qu’elle, et si près : le jour où Noun sait tout, ou plutôt la nuit orageuse et sinistre de cette découverte, la pauvre fille se noie. […] Ses premiers mécomptes, la manière naturelle et facile dont Raymon les répare, dont il la fascine et l’enchante ; l’éclair sinistre qu’un mot de sir Ralph sur l’aventure de Noun jette dans l’esprit d’Indiana, le coup qu’elle en reçoit et qu’elle rend à Raymon ; sa croyance en lui, malgré la découverte, sa résolution de fuir avec lui, de se réfugier chez lui, plutôt que de suivre son mari au départ ; cet abandon immense, généreux, inébranlable, sans souci de l’opinion, sans remords, et mêlé pourtant d’un superstitieux refus ; toute cette analyse vivante est d’une vérité, d’une observation profonde et irrécusable, qu’on ne saurait assez louer.
Vous vous estimerez heureux de commencer par imiter les naïfs imagiers qui, désespérant de rendre par l’attitude des corps les mouvements des âmes, faisaient sortir de la bouche de leurs personnages une bandelette où ils inscrivaient ce qu’ils se sentaient impuissants à exprimer. […] Vous apprendrez insensiblement à nuancer les teintes, à assouplir les attitudes, à démêler et à rendre la complexité de la vie. […] S’il vous est arrivé jamais de concevoir l’idée d’un enfantillage, d’une équipée, d’une folie, pure fantaisie de l’esprit inquiet et désœuvré, et de passer à l’exécution sans autre raison que l’idée conçue, sans entraînement, sans plaisir, mais fatalement, sans pouvoir résister ; — si vous avez repoussé parfois de toutes les forces de votre volonté une tentation vive, si vous en avez triomphé, et si vous avez succombé à l’instant précis où la tentation semblait s’évanouir de l’âme, où l’apaisement des désirs tumultueux se faisait, où la volonté, sans ennemi, désarmait ; — si vous avez cru, après une émotion vive, ou un acte important, être transformé, régénéré, naître à une vie nouvelle, et si vous vous êtes attristé bientôt de vous sentir le même et de continuer l’ancienne vie ; — si par un mouvement de générosité spontanée ou d’affection vous avez pardonné une offense, et si vous avez par orgueil persisté dans le pardon en vous efforçant de l’exercer comme une vengeance ; — si vous avez pu remarquer que les bonnes actions dont on vous louait n’avaient pas toujours de très louables motifs, que la médiocrité continue dans le bien est moins aisée que la perfection d’un moment, et qu’un grand sacrifice s’accomplit mieux par orgueil qu’un petit devoir par conscience, qu’il coûte moins de donner que de rendre, qu’on aime mieux ses obligés que ses bienfaiteurs, et ses protégés que ses protecteurs ; — si vous avez trouvé que dans toute amitié il y a celle qui aime et celle qui est aimée, et que la réciprocité parfaite est rare, que beaucoup d’amitiés ont de tout autres causes que l’amitié, et sont des ligues d’intérêts, de vanité, d’antipathie, de coquetterie ; que les ressemblances d’humeur facilitent la camaraderie, et les différences l’intimité ; — si vous avez senti qu’un grand désir n’est guère satisfait sans désenchantement, et que le plaisir possédé n’atteint jamais le plaisir rêvé ; — si vous avez parfois, dans les plus vives émotions, au milieu des plus sincères douleurs, senti le plaisir d’être un personnage et de soutenir tous les regards du public ; — si vous avez parfois brouillé votre existence pour la conformer à un rêve, si vous avez souffert d’avoir voulu jouer dans la réalité le personnage que vous désiriez être, si vous avez voulu dramatiser vos affections, et mettre dans la paisible égalité de votre cœur les agitations des livres, si vous avez agrandi votre geste, mouillé votre voix, concerté vos attitudes, débité des phrases livresques, faussé votre sentiment, votre volonté, vos actes par l’imitation d’un idéal étranger et déraisonnable ; — si enfin vous avez pu noter que vous étiez parfois content de vous, indulgent aux autres, affectueux, gai, ou rude, sévère, jaloux, colère, mélancolique, sans savoir pourquoi, sans autre cause que l’état du temps et la hauteur du baromètre ; — si tout cela, et que d’autres choses encore !
Une imagination vive, un langage souple et harmonieux leur rendaient facile l’improvisation qui était, du reste dans les habitudes de la nation. […] Cette persistance de chaque acteur dans son personnage rendait plus facile l’obligation d’improviser le dialogue, ce qui était, comme nous l’avons dit, une condition essentielle de la Comédie de l’art. […] Il nous paraît bien représenter le type dans son caractère général : il a dans son vêtement l’ampleur que Pierrot a conservée jusqu’à nos jours ; il porte le sabre de bois qui resta propre à Arlequin ; il est coiffé du chapeau souple, susceptible de revêtir les formes les plus étranges, rendu célèbre notamment par le fameux pitre Tabarin.
Peu importe au fond que l’une des deux parties ou peut-être les deux se sentent et se croient, dans l’intimité de leur conscience, lésées par le jugement rendu. […] Comme si les inégalités naturelles et les inégalités sociales ne rendaient pas évidemment utopique l’égalité devant la loi. […] Le fait de recourir à la loi du divorce est ainsi un hommage indirect rendu à l’opinion, à la loi, au mariage en tant que lien légal, à toutes les puissances sociales.
L’éclectisme ne s’est affaibli que le jour où des-nécessités extérieures, auxquelles il n’a pas pu résister, l’ont forcé à embrasser exclusivement certaines doctrines particulières, qui l’ont rendu presque aussi étroit qu’elles-mêmes, et à se couvrir de quelques noms, qu’on doit honorer autrement que par le fanatisme. […] La nouvelle génération philosophique comprendra la nécessité de se transporter dans le centre vivant des choses, de ne plus faire de la philosophie un recueil de spéculations sans unité, de lui rendre enfin son antique et large acception, son éternelle mission de donner à l’homme les vérités vitales. […] Le philosophe était pour elle le sage, le chercheur, Jupiter sur le mont Ida, le spectateur dans le monde. « Parmi ceux qui accourent aux panégyres de la Grèce, les uns y sont attirés par le désir de combattre et de disputer la palme ; les autres y viennent pour leurs affaires commerciales ; quelques-uns enfin ne s’y rendent ni pour la gloire, ni pour le profit, mais POUR VOIR ; et ceux-là sont les plus nobles, car le spectacle est pour eux, et eux n’y sont pour personne.
Mais si la multitude est une fois instruite des ressorts qu’ils ont mis en œuvre pour faire réussir leurs Ouvrages, enfler leur réputation, accréditer leurs maximes, augmenter leur crédit, multiplier le nombre de leurs partisans ; si on lui fait voir une ligue offensive & défensive, établie dans leur Secte, pour la rendre dominante ; l’encens brûlant sans cesse, pour parfumer les Membres qui la composent ; des bouches gagées pour crier à l’apothéose en faveur de ses Chefs, & leur départir les triomphes de la gloire & du génie ; des nuages malignement répandus sur le talent capable de les offusquer : alors elle cessera bientôt de nous trouver extraordinaires. […] Les Esprits simples & légers de la Capitale le communiquerent aux Provinces ; l’empire de la mode rendit la maladie épidémique. […] Leurs Subalternes seront mis en œuvre ; les Libelles fabriqués dans l’obscurité seront confiés à des mains aussi viles que zélées, pour être distribués dans le Public ; des Valets à gages s’efforceront de déclamer contre nous dans les Cafés, dans les Promenades, dans les Rendez-vous où certaines Compagnies s’assemblent pour débiter des oracles & régler les idées du Public qui ne les écoute pas.
On voit cependant, par certains morceaux, qu’il ne tenoit qu’à l’Auteur de le rendre intéressant ; il ne falloit, pour cet effet, qu’écarter des subtilités que la Poésie rejette, que mieux choisir les épisodes, que substituer le sentiment à la doctrine. […] « Ce qui rend intraitable * un Poëme sur l’Agriculture, dit M. Clément, c’est que notre Langue est absolument seche, peu nombreuse en expressions, qu’elle manque de synonymes, & qu’elle a sur-tout ces défauts pour rendre les choses rustiques** ».
Et le serment prononcé, ces hommes, pour endormir les défiances de Kotsuké qui les faisait surveiller par ses espions à Kioto, se séparèrent et se rendirent dans d’autres villes, sous des déguisements de professions mécaniques. […] Et leur offrande faite de la tête de Kotsuké, se regardant déjà comme morts, ils demandaient aux bonzes de les ensevelir, et se rendaient au tribunal. […] L’émotion subite rend souvent malade un homme robuste. ».