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2540. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « Crétineau-Joly »

Il n’y a plus qu’à regarder pour que l’évidence succède au soupçon dans nos âmes.

2541. (1902) Les œuvres et les hommes. Le roman contemporain. XVIII « Gustave Flaubert »

Pourquoi pas la vie entière de saint Antoine, qui ne fut pas qu’un homme tenté, mais un des plus grands hommes du christianisme naissant, un de ces puissants contemplateurs qui, du désert ou du ciel qu’ils portaient dans leur cœur, regardaient le monde et l’ont quelquefois gouverné ?

2542. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Balzac » pp. 17-61

L’homme qui (dans Le Péché véniel) a trouvé la scène du tête-à-tête conjugal au sommet de la tour formant balcon, et a peint la pauvre Blanche, la main dans la main de son mari, se détournant du superbe Minotaure héraldique, dont le casque fermé a comme un rictus d’ironie, pour regarder ailleurs « en resvant à son ami absent », a certainement, dans la gerbe de ses facultés, les deux charmantes fleurs de la grâce attristée et de la rêverie chaste ; mais il les meurtrit dans ses mains, qui, comme celles de ses héros, finissent par être trop gantelées… La préoccupation artistique de Doré est si matérielle que c’est moins l’homme que l’armure, la femme que la robe armoriée, qui projettent chez lui l’orgueil ou la terreur.

2543. (1939) Réflexions sur la critique (2e éd.) pp. 7-263

Regardez comme la même ligne relie, équilibre la Lettre à Fontanes sur la Campagne Romaine, l’article de Sainte-Beuve : Qu’est-ce qu’un classique ? […] Que Flaubert ait pitié d’elle, qu’il l’aime peut-être seule, c’est possible, c’est même vrai, mais il ne le dit pas, et cela ne nous regarde pas. […] Ce n’est pas à travers ces légendes qu’il nous faut regarder ce que nous avons appelé la critique méridionale. […] En général d’ailleurs on n’y regarde pas de si près. […] Il faut regarder selon l’ordre naturel et nécessaire de la vie un conflit qui peut bousculer et injustement froisser M. 

2544. (1908) Après le naturalisme

Nous n’avons plus qu’à regarder et accepter. […] Le reste ne le regarde pas, n’est pas littérature.

2545. (1883) La Réforme intellectuelle et morale de la France

Nous avons, il y a deux ans 1, exposé ce que nous regardons comme la marche régulière des États sortis de la féodalité du moyen âge, marche dont l’Angleterre est le type le plus parfait, puisque l’Angleterre, sans rompre avec sa royauté, avec sa noblesse, avec ses comtes, avec ses communes, avec son Église, avec ses universités, a trouvé moyen d’être l’État le plus libre, le plus prospère et le plus patriote qu’il y ait. […] On comprend maintenant comment la sélection du commandement, qui, jusqu’à la fin du xviie  siècle, s’est faite si remarquablement en France, est maintenant si abaissée, et a pu produire ce corps de gouvernants, de ministres, de députés, de sénateurs, de maréchaux, de généraux, d’administrateurs que nous avions au mois de juillet de l’année dernière, et qu’on peut regarder comme un des plus pauvres personnels d’hommes d’État que jamais pays ait vus en fonction.

2546. (1881) La parole intérieure. Essai de psychologie descriptive « Chapitre VI. La parole intérieure et la pensée. — Second problème leurs différences aux points de vue de l’essence et de l’intensité »

A portée de mon oreille, A et B se livrent à une conversation qui m’intéresse ; mais, pendant ce temps, un fâcheux m’entretient, et, par politesse, je suis forcé de l’écouter ; une phrase prononcée ou par A ou par B arrive à mes oreilles ; je l’entends sans la comprendre ; mon esprit étant occupé ailleurs, il n’y a là pour moi que des mots vides de sens ; mais je leur présume un sens que je désire m’approprier ; aussi, détournant mon attention de l’entretien que je subis, je me répète intérieurement ces mots dont le souvenir est encore intact en moi, et, comme cette fois je leur donne toute mon attention, la phrase prend un sens, je la comprends sans effort ; il m’a suffi, pour ainsi dire, de la regarder. — Il peut arriver, en pareil cas, que, pour donner à l’attention le temps de changer d’objet, je sois obligé de me répéter intérieurement la même phrase deux ou trois fois de suite ; d’abord, je suis encore distrait, d’autres idées retiennent mon attention, la phrase est toujours dénuée de sens ; enfin, je la comprends : j’ai, pour ainsi dire, jeté sur elle mon attention et, avec mon attention, sa signification ; la soudaineté du phénomène ne saurait mieux se comparer qu’à l’aimantation brusque, au moyen d’un courant, d’un morceau de fer suspendu au-dessus d’un petit tas de limaille : la pensée proprement dite, poussière amorphe de sensations effacées, se précipite sur chaque mot et s’y attache instantanément. […] L’analyse logique, la version, et, en général, tous les exercices qui obligent à réfléchir, prennent les mots comme moyen, les idées comme but ; ils forment l’esprit à aimer ses idées, à les surveiller, à les regarder en toute occasion, soit pour les ranger dans un nouvel ordre et corriger leurs défauts, soit et plus souvent pour leur restituer ce que l’habitude à chaque instant tend à leur enlever d’existence et d’existence distincte.

2547. (1875) Premiers lundis. Tome III « De la liberté de l’enseignement »

Il y a trois siècles environ (c’est un fait), l’esprit humain, dans notre Occident, la pensée humaine, en se dégageant des débris et de la décadence du moyen âge finissant, en brisant les liens de la scolastique et d’une autorité pédantesque à bout de voie, s’est enhardie, et en même temps que d’un côté on affirmait la figure véritable de la terre et qu’on découvrait un nouveau monde, en même temps que de l’autre on perçait les sphères étoilées et qu’on affirmait le véritable système planétaire, en même temps on regardait, on lisait d’un bout à l’autre les livres dits sacrés, on traduisait les textes, on les discutait, on les jugeait, on commençait à les critiquer ; on choisissait ce qui semblait le plus conforme à la religion qu’on n’avait point perdue, et à la raison qui s’émancipait déjà.

2548. (1834) Des destinées de la poésie pp. 4-75

Quelquefois un long cortège de Turcs, d’Arabes, d’Arméniens, de Juifs accompagnaient le mort et défilaient en chantant entre les troncs d’oliviers, puis rentraient à pas lents et silencieusement dans la ville ; plus souvent les morts étaient seuls, et quand les deux esclaves avaient creusé de quelques palmes le sable ou la terre de la colline et couché le pestiféré dans son dernier lit, ils s’asseyaient sur le tertre même qu’ils venaient d’élever, se partageaient les vêtements du mort, et allumant leurs longues pipes, ils fumaient en silence et regardaient la fumée de leurs chibouks monter en légère colonne bleue et se perdre gracieusement dans l’air limpide, vif et transparent de ces journées d’automne.

2549. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — H — Hugo, Victor (1802-1885) »

… ôtez à Hugo trente gros adjectifs, et toute sa poésie s’effondre comme un plafond auquel on enlève ses étais… Les femmes, il ne les aime pas ; les enfants, il ne les comprend pas ; la nature il ne la sent pas… Il dit d’une femme : « Elle me regarda de ce regard suprême qui reste à la beauté quand nous en triomphons ».

2550. (1889) Histoire de la littérature française. Tome II (16e éd.) « Chapitre troisième »

Qu’y a-t-il que nous préférions à l’honneur, à ce que nous regardons comme notre devoir envers les peuples opprimés et la justice violée ?

2551. (1911) La morale de l’ironie « Chapitre III. Les immoralités de la morale » pp. 81-134

Sans doute le sens commun a depuis longtemps cru distinguer le courage de la témérité, la bonté de la faiblesse, ou la poltronnerie de la prudence, mais, si l’on y regarde de près, deux remarques s’imposent.

2552. (1883) Souvenirs d’enfance et de jeunesse « Chapitre IV. Le Séminaire d’Issy (1881) »

— C’est peu que cela, qui ne regarde que l’honnêteté civile ; mais il faut que vous sachiez que, sans la grâce de Dieu, sans la vertu de son esprit, il n’y a aucune espèce d’impureté, de vilenie, d’infamie, d’ivrognerie, de blasphème, en un mot, il n’y a sorte de péché auquel l’homme ne s’abandonnât.

2553. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Émile Augier — Chapitre III »

Jusqu’ici, il avait à peine regardé sa femme ; il la considérait comme un accessoire de la fortune de son père, la poire du poirier.

2554. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Querelles générales, ou querelles sur de grands sujets. — Troisième Partie. De la Poësie. — IV. La Poësie dramatique. » pp. 354-420

Ils tâchent, presque tous, de la faire regarder comme un monstre sur lequel il est affreux de jetter les regards, comme une action atroce dont on partage la honte en n’osant pas la condamner.

2555. (1878) La poésie scientifique au XIXe siècle. Revue des deux mondes pp. 511-537

Quelque obscure que soit cette œuvre, essayons d’en comprendre au moins et d’y lire ce qui nous regarde.

2556. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre VIII : Hybridité »

La Poire peut être beaucoup plus aisément greffée sur le Coing, généralement considéré comme un genre distinct, que sur la Pomme, qu’on regarde comme une espèce du même genre.

2557. (1868) Curiosités esthétiques « V. Salon de 1859 » pp. 245-358

Mais à bien regarder la chose, pour les gens qui, comme moi, veulent que les affaires d’art ne se traitent qu’entre aristocrates et qui croient que c’est la rareté des élus qui fait le paradis, tout est ainsi pour le mieux. […] Regardez ces deux petits mondes dramatiques inventés par M. 

2558. (1921) Esquisses critiques. Première série

L’écoulement du temps et des choses, (craignez qu’on vous appelle avant la fin du livre, hâtez-vous d’écouter, de regarder, de vivre) l’inanité de la vie, (je n’ai que peu d’amour pour les choses qui durent ……………………………………………………… ce que j’aime surtout, c’est les choses qui meurent) la cruauté de la mort, (que c’est triste mourir, oh, que mourir est triste) l’insensibilité de la nature, (Ô nature, on a bien raison de te haïr) ces thèmes — l’essence de toute poésie élevée — circulant dans les profondeurs de l’ouvrage comme dans l’âme du poète, lui confèrent l’élévation et la solidité. […] sur les roseaux — qui sont ses cils — le lac regarde de son œil vert — l’azur léger — du firmament. […] « … Que quand on vous regarde on ne sait où donner des yeux, que votre bouche a l’air cueillie (sic) du matin sur un rosier du jardin, etc. » (Papa).

2559. (1860) Cours familier de littérature. IX « LIIe entretien. Littérature politique. Machiavel » pp. 241-320

Ses anciens amis sont éloignés, les cours qu’il a fréquentées l’ont oublié ; les Médicis, quoique pleins d’estime pour lui, le regardent avec une certaine déplaisance ; ils craignent même les services d’un citoyen dont le mérite domine de trop haut les autres citoyens.

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