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1074. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « Vie de la Révérende Mère Térèse de St-Augustin, Madame Louise de France »

C’est une nature ingrate, mal venue, inquiète, qui, humiliée et froissée dans le milieu où se sont développées ses sœurs, se replie solitaire sur elle-même, jette à la dérobée des regards d’envie sur le cloître, médite des projets d’évasion.

1075. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Charles Monselet »

Mais le mal est moins la calomnie que l’idée qu’il a eue qu’en se comparant à Louvet il ne se calomniait pas… A force de regarder le xviiie  siècle, son regard moral s’est troublé.

1076. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre VII. »

Le regard de Jupiter n’est pas encore détourné de vous.

1077. (1894) La vie et les livres. Première série pp. -348

« Quelle émotion immense, inoubliable, unique dans la vie d’un homme, il a ressentie, lorsqu’il est enfin entré dans le souterrain sacré, lorsqu’il a sondé le mystérieux silence, lorsque la double rangée des sarcophages des Apis, s’est offerte à ses regards, et qu’il a reconnu sur le sable les traces des derniers pas qui s’étaient éloignés, depuis des siècles, de la divine nécropole !  […] « Que de fois, dit Gabriel Charmes, je l’ai vu, au retour de nos longues courses, dont je revenais, pour mon compte, brisé, incapable de me mouvoir, incapable même de lire, se pencher immédiatement sur la table, et, la vue encore obscurcie par l’éclat de la lumière d’Égypte, plonger des regards avides sur des photographies de papyrus tellement indécises qu’à peine les profanes y distinguaient-ils quelques signes imperceptibles. […] Il avait fait une scène à Pauline, avait pris le train, et c’est pour cela qu’il était maintenant le fiancé respectueux et roucoulant de Mlle Henriette Scilly, oublieux des caresses de l’autre, du « geste qu’elle avait entre ses bras, des cheveux épars sur son front, de la mélancolie tendre de son regard dans les divins moments ». […] Malgré les rhumatismes dont il était perclus et les blessures dont saignait sa vanité, il avait trop d’esprit pour ne pas aimer la vie, et trop peu d’imagination pour déguiser et rendre supportable à son regard l’horreur de la mort. […] Je souhaite que, dans la hâte du boute-selle, il n’oublie pas les carnets sur lesquels il écrit ses impressions : lorsqu’on sait voir, d’un regard si lucide et si franc, ce que la monotonie apparente des choses recèle de beauté grave ou d’amusante fantaisie, et combien, dans la vie de chaque jour, la poésie est proche de la vérité, on peut se promettre de vives satisfactions littéraires.

1078. (1924) Souvenirs de la vie littéraire. Nouvelle édition augmentée d’une préface-réponse

Je lui ai montré que je suivais ses regards, ses mains, ses manches, ses poches. […] Il avait l’air d’un vieux bohème, barbe inculte, col sale, l’aspect râpé, mais l’œil vif et bon et le regard en attenté, un regard de rat de bibliothèque, toujours prêt à fureter et à grignoter. […] Je fus très impressionné par l’expression fuyante de ses yeux bleus, qui semblaient regarder plus loin que leur regard naturel. La maladie de Maupassant n’a pas surpris ceux qui ont vu de près ce regard. […] Son attitude, son regard tombant de haut complétaient l’air d’autorité abbatiale que lui donnait sa robe de bure, toujours si impressionnante dans un salon.

1079. (1881) Études sur la littérature française moderne et contemporaine

Ma patrie est partout où rayonne la France, Où son génie éclate aux regards éblouis ; Chacun est du climat de son intelligence ; Je suis concitoyen de toute âme qui pense : La vérité, c’est mon pays ! […] Quand les roses d’avril ont germé sous ses pas, Lorsque, tournant vers lui ses regards en amande, La fortune toujours prit soin de ses repas. […] Un de leurs poètes reléguait l’Allemagne dans l’empire de l’air ; nous l’avons cru sur parole, et, les yeux levés vers le ciel, nous cherchions cette muse angélique parmi les étoiles… Voilà que de cet azur où nous plongions nos regards, descend, griffes ouvertes, avec des cris voraces, une bande de vautours. […] La tête ferme, le regard lucide, il est resté maître de lui-même. […] Ce n’est pas Michelet, à coup sûr ; il a la divination du génie, le regard sublime et perçant de l’aigle ; d’instant en instant, il lance de ces mots qui sont comme des éclairs illuminant toute une époque d’une clarté plus vive, plus intense, que des pages entières ou même des volumes d’un écrivain plus sage et plus froid : mais combien d’extravagances, combien de pauvretés sont la rançon de cette faculté merveilleuse !

1080. (1782) Essai sur les règnes de Claude et de Néron et sur la vie et les écrits de Sénèque pour servir d’introduction à la lecture de ce philosophe (1778-1782) « Essai, sur les règnes, de Claude et de Néron. Livre premier. » pp. 15-203

Cestius, après avoir jeté sur lui-même un regard de complaisance, selon son usage, dit : « Si j’étais gladiateur, je serais Fuscius ; pantomime, Batyle ; cheval, Mélission… — Et comme tu es un fat, ajouta Sénèque, tu es un grand fat. » On éclate de rire. […] Je vois l’homme honnête et sensible se désoler, s’éloigner, tourner ses regards en arrière, s’arrêter, revenir sur ses pas, et craindre de se retirer trop tôt. […] A table, Néron se place au-dessous d’elle, l’entretient tantôt avec familiarité, tantôt avec dignité, joint aux. caresses des confidences importantes, prolonge le repas, l’accompagne jusqu’au fatal bâtiment qui doit la recevoir, lui baise les yeux, et semble ne s’en séparer qu’à regret136 ; soit, dit Tacite, pour que rien ne manquât à sa dissimulation  ; soit que les derniers regards de sa mère sur lui, ses derniers regards sur sa mère suspendissent sa férocité. […] Les regards du peuple et les récits de l’histoire ne s’arrêtent que sur les fonctions principales ; c’est le général que l’on considère dans César, le républicain dans Caton d’Utique, l’austérité des mœurs dans Caton le Censeur. […] Princes de la terre, attachez-y vos regards, et entendez d’avance la voix libre des peuples à votre mort, si vous avez renfermé le gémissement dans leur cœur tandis que vous viviez.

1081. (1904) En lisant Nietzsche pp. 1-362

Mais elle aimait aussi la beauté, la pureté de la ligne, la noblesse des attitudes, la majesté du front et la sérénité du regard. […] Il ne faut pas croire qu’il le fut sans regret et sans regard jeté en arrière et que son état, en cette crise, fut tout de suite l’état dionysiaque. […] Nietzsche en est persuadé au moins, et, de son regard jeté sur la société, il conclut pour le moment : Ceci encore est un obstacle à ma foi. […] Vous appelez bonnes et belles et admirables « les vertus d’un homme, non en raison des effets qu’elles ont pour lui-même, mais en regard des effets que vous leur supposez pour vous et pour la société ». […] Et, soit dit en passant, une chose demeure-t-elle vraiment incompréhensible et inconnue par le fait qu’elle n’est touchée qu’au vol, saisie d’un regard, en un éclair ?

1082. (1904) Propos littéraires. Deuxième série

Les littératures commençantes, ou qui recommencent, admirent, imitent, rivalisent, le regard fixé sur une littérature ancienne ; les littératures sur leur déclin admirent, imitent, rivalisent, le regard attaché sur elles-mêmes, sur le moment brillant de leur histoire, et cela fait deux genres différents d’humanisme, un humanisme international et un humanisme patriotique. […] Un grand destin commence ; c’est où elle tient son regard attaché ; un triste destin s’achève ; c’est d’où elle détourne volontiers les yeux. […] Il la tient tout, entière sous sein regard, et la voit distinctement en toutes ses parties. […] Elle flotte et ondoie devant le regard ; elle ne se retient pas, elle fuit de l’esprit à mesure qu’elle y entre, ou plutôt qu’elle y semble entrer : car elle n’y entre pas. […] En attendant il ne dédaignait pas la politique proprement dite, et en 1859 il se révéla homme politique à vue perçante et dont le regard va très loin.

1083. (1895) La vie et les livres. Deuxième série pp. -364

Jamais l’âme éblouie et mécontente d’une société en travail de religion n’a été devinée d’un si perçant regard ni décrite avec une telle richesse de détails. […] Le regard y plonge sans rien saisir. […] L’Île Bourbon où il entendit pour la première fois les conseils de la Muse ne ressemblait pas à la terre héroïque où a fleuri le regard clair de Pallas Athéna. […] Il a, pour Gounod, des paroles amères et pour Benjamin Godard des regards mauvais. […] Vous n’aimerez pas ses gestes mous, son regard qui flotte, ses sensations indécises, ses pâles couleurs, le son mat de ses alexandrins ouatés.

1084. (1890) Dramaturges et romanciers

Le premier regard jeté sur la société est toujours vif et profond, et nous gardons toute la vie le souvenir de l’impression charmante ou douloureuse que nous avons ressentie alors. […] Qu’il élargisse son horizon ; que, sans quitter sa calme retraite et sa campagne aimée, il jette plus souvent un regard sur le vaste monde. […] Phidias n’a pas trouvé dans la nature cette physionomie presque humaine et ce regard qui est presque un langage. […] Je veux pouvoir le mesurer de mon regard, le toucher de ma main, le nommer par son nom. […] Un regard sommaire jeté sur notre état social nous dit assez combien nous sommes loin de cette situation heureuse, capable de faire plus et mieux encore que de grands romanciers.

1085. (1828) Introduction à l’histoire de la philosophie

Le dogme de la Trinité est la révélation de l’essence divine, éclairée dans toute sa profondeur, et amenée tout entière sous le regard de la pensée. […] Considérée sous ce point de vue, elle se présente au regard du philosophe comme un digne objet d’étude et de méditation. […] Il est donc impossible que l’historien, au premier regard qu’il jette sur l’humanité, n’y aperçoive que la philosophie. […] Les actes les plus vulgaires comme les plus élevés s’accomplissent sous le regard et sous l’empire de la loi. […] Troisièmement, Tiedemann suit l’ordre chronologique comme Brucker ; et de plus il y joint un regard plus ou moins profond à l’histoire générale.

1086. (1861) Cours familier de littérature. XI « LXIIIe entretien. Cicéron (2e partie) » pp. 161-256

dans ce grand nombre de sénateurs, parmi lesquels tu as des parents, des amis, des proches, quel est celui de qui tu aies obtenu un salut, un regard ? […] « Les Cimmériens (peuples voisins du pôle) à qui la vue du soleil est dérobée ou par un dieu, ou par quelque phénomène de la nature, ou plutôt par la position de la terre qu’ils habitent, ont cependant des feux à la lueur desquels ils peuvent se conduire ; mais ces philosophes du doute, dont vous vous déclarez les sectateurs, après nous avoir enveloppés de si épaisses ténèbres, ne nous laissent pas même une dernière étincelle pour éclairer nos regards et nos pas ! […] Elles sont en grande partie écrites sous la forme du dialogue, qui présente les deux faces ou les mille faces du sujet au même instant et au même regard.

1087. (1879) À propos de « l’Assommoir »

Nous allons mettre en regard quelques passages du roman, avec les passages correspondants du volume consulté. […] L’auteur des Rougon-Macquart a bien changé depuis ce temps-là : il a grossi, ses cheveux sont un peu tombés, mais il a conservé son bon regard, son sourire bienveillant, cet air tranquille et serein qui lui gagnent de suite la sympathie. […] Zola avait dépassé la moyenne ; qu’il était déjà trop en évidence ; qu’il fallait bien se garder d’accorder une distinction à un homme qui fixait déjà tous les regards, faisait le sujet de toutes les discussions.

1088. (1896) Matière et mémoire. Essai sur la relation du corps à l’esprit « Chapitre II. De la reconnaissance des images. La mémoire et le cerveau »

Mais il y a un certain effort sui generis qui nous permet de retenir l’image elle-même, pour un temps limité, sous le regard de notre conscience ; et grâce à cette faculté, nous n’avons pas besoin d’attendre du hasard la répétition accidentelle des mêmes situations pour organiser en habitude les mouvements concomitants ; nous nous servons de l’image fugitive pour construire un mécanisme stable qui la remplace. — Ou bien donc enfin notre distinction de deux mémoires indépendantes n’est pas fondée, ou, si elle répond aux faits, nous devrons constater une exaltation de la mémoire spontanée dans la plupart des cas où l’équilibre sensori-moteur du système nerveux sera troublé, une inhibition au contraire, dans l’état normal, de tous les souvenirs spontanés qui ne peuvent consolider utilement l’équilibre présent, enfin, dans l’opération par laquelle on contracte le souvenir-habitude, l’intervention latente du souvenir-image. […] On parlera d’une « concentration de l’esprit 33 », ou bien encore d’un effort « aperceptif 34 » pour amener la perception sous le regard de l’intelligence distincte. […] Si, après avoir fixé un objet, nous détournons brusquement notre regard, nous en obtenons une image consécutive : ne devons-nous pas supposer que cette image se produisait déjà quand nous le regardions ?

1089. (1890) Le réalisme et le naturalisme dans la littérature et dans l’art pp. -399

Son regard rayonne en tous sens et ne laisse rien échapper ni de l’ensemble ni des détails du monde. […] Il y aurait un choix à faire même parmi les mystères : car en dégénérant ils offrent, les miracles de Notre-Dame surtout maint sujet de scandale, sans parler des horreurs que l’auteur lui-même semble parfois vouloir oublier en jetant par la porte entrebâillée de Magdeleine un regard curieux sur la vie domestique du temps. […] Il n’a pas le coup d’œil impertinent et rapidement investigateur du boulevardier ; mais le regard patiemment scrutateur du savant. […] S’il daigne la considérer, c’est avec le dédain supérieur d’un monarque honorant d’un regard une fête populaire. […] Ils ne peuvent agir sur ce qui les entoure, parce que la complexité infinie des causes échappe à leur regard.

1090. (1891) Politiques et moralistes du dix-neuvième siècle. Première série

Au regard du curieux et du dilettante, comme on dit à présent, ils y perdent, et sont, à ce point de vue, moins intéressants et que les fondateurs et même que les démolisseurs. […] Ce qui paraît, même au premier regard, manquer à cet ouvrage, c’est une étude sur les causes de la révolution. […] Au premier regard, c’est tout simplement un agité. […] Il baisse les stores de sa voiture pour n’être pas vu, ne pas essuyer le reproche des regards des passants. […] Ce Constant, avec le regard droit qu’il assénait sur chaque contraction de l’être fougueux et désordonné qu’il portait en lui, était presque le seul qui pût l’écrire.

1091. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre IV. L’âge moderne. — Chapitre II. Lord Byron. » pp. 334-423

Il écrivait son Beppo en improvisateur, avec un laisser-aller charmant, avec une belle humeur ondoyante, fantasque, et y opposait l’insouciance et le bonheur de l’Italie aux préoccupations et à la laideur de l’Angleterre. « J’aime à voir le soleil se coucher, sûr qu’il se lèvera demain, —  non pas débile et clignotant dans le brouillard, —  comme l’œil mort d’un ivrogne qui geint, —  mais avec tout le ciel pour lui seul, sans que le jour soit forcé d’emprunter — sa lumière à ces lampions d’un sou qui se mettent à trembloter — quand Londres l’enfumée fait bouilloter son chaudron trouble1304. » — « J’aime leur langue, ce doux latin bâtard — qui se fond comme des baisers sur une bouche de femme, —  qui glisse comme si on devait l’écrire sur du satin — avec des syllabes qui respirent la douceur du Midi, —  avec des voyelles caressantes qui coulent et se fondent si bien ensemble, —  que pas un seul accent n’y semble rude, —  comme nos âpres gutturales du Nord, aigres et grognantes, —  que nous sommes obligés de cracher avec des sifflements et des hoquets1305. » — « J’aime aussi les femmes (pardonnez ma folie), —  depuis la riche joue de la paysanne d’un rouge bronzé — et ses grands yeux noirs avec leur volée d’éclairs — qui vous disent mille choses en une fois, —  jusqu’au front de la noble dame, plus mélancolique, —  mais calme, avec un regard limpide et puissant, —  son cœur sur les lèvres, son âme dans les yeux, —  douce comme son climat, rayonnante comme son ciel1306. » Avec d’autres mœurs, il y avait là une autre morale ; il y en a une pour chaque siècle, chaque race et chaque ciel ; j’entends par là que le modèle idéal varie avec les circonstances qui le façonnent. […] Les jeunes filles reposent dans le large appartement silencieux, comme de précieuses fleurs apportées de tous les climats dans une serre. « L’une a posé sa joue empourprée sur son bras blanc, —  et ses bouclés noires font sur ses tempes une grappe sombre. —  Elle rêve ainsi dans sa langueur molle et tiède. —  L’autre, avec ses tresses cendrées qui se dénouent, laisse pencher doucement sa belle tête, —  comme un fruit qui vacille sur sa tige, —  et sommeille, avec un souffle faible, —  ses lèvres entr’ouvertes, montrant un rang de perles. —  Une autre, comme du marbre, aussi calme qu’une statue, —  muette, sans haleine, gît dans un sommeil de pierre, —  blanche, froide et pure, et semble une figure sculptée sur un monument1309. » Cependant les lampes alanguies n’ont plus qu’une clarté bleuâtre ; Dudu s’est couchée, l’innocente, et si elle a jeté un regard dans son miroir, « c’est comme la biche qui a vu dans le lac — passer fugitivement son ombre craintive. —  Elle sursaute d’abord et s’écarte, puis coule un second regard — admirant cette nouvelle fille de l’abîme1310. » Que va devenir ici la pruderie puritaine ? […] There is a monstrous deal of conceit in it too, for it is informing the inferior part of the world, that their little old-fashioned scruples of limitation are not worthy of his regard… My noble friend is something like my old peacock, who chooses to bivouac apart from his lady, and sits below my bed-room window, to keep me awake with his screeching lamentation.

1092. (1867) Cours familier de littérature. XXIII « cxxxviiie entretien. Littérature germanique. Les Nibelungen »

Ils se regardaient avec de doux regards, le chef et la jeune fille. […] « Regards d’affection, aspirations d’amour s’échangeaient souvent entre eux. […] « Le troisième de ses compagnons paraît être très-farouche, et pourtant son corps est beau, ô reine puissante : ses regards sont rapides, il les jette sans cesse autour de lui. […] « Ils les suivaient du regard ceux qui avaient ouï dire que nul ne pouvait voir rien de plus beau que ces deux femmes, et on le disait sans mentir ; car dans la beauté de leur corps, rien n’était emprunté ni trompeur.

1093. (1898) La poésie lyrique en France au XIXe siècle

Le jardin était grand, profond, mystérieux, Fermé par de hauts murs aux regards curieux, Semé de fleurs s’ouvrant ainsi que les paupières, Et d’insectes vermeils qui couraient sur les pierres, Plein de bourdonnements et de confuses voix ; Au milieu, presque un champ ; dans le fond, presque un bois. […] Et c’est pourquoi nous n’avons que des regards d’indulgence pour les jeunes gens que nous voyons partir en chantant, au-devant de tant d’épreuves qui les attendent. […] » Et voilà justement ce qui est triste : nous aurons beau faire, nous n’arriverons jamais à pénétrer entièrement l’âme d’autrui ; nous aurons beau faire, il y aura toujours en nous des replis qui resteront secrets pour le regard d’autrui. […] Dieu le Père, d’un regard, anima cette larme, et cette larme du Christ devint Eloa, la sœur des anges. […] je t’ai bien compris, sauvage voyageur, Et ton dernier regard m’est allé jusqu’au cœur !

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