Balzac, George Sand, Stendhal ont aussi raconté les misères humaines ; est-il possible d’écrire sans les raconter ? […] Alors, en paroles brisées, il lui raconte sa longue agonie. […] Si vous hasardez une séduction, comme dans Copperfield, vous ne raconterez pas le progrès, l’ardeur, les enivrements de l’amour ; vous n’en peindrez que les misères, le désespoir et les remords. […] Si enfin dans Copperfield vous racontez les troubles et les folies de l’amour, vous raillerez ce pauvre amour, vous peindrez ses petitesses, vous semblerez demander excuse au lecteur. […] Dickens l’a raconté en dix volumes, et il a fini par écrire l’histoire de David Copperfield.
Sans prévention, sans préjugé, il n’exagere ni les vices, ni les vertus des personnages dont il raconte les actions.
Les principes y sont exposés avec netteté, & les faits racontés avec intérêt.
Muret fut heureux d’entendre le Latin, si ce qu’on raconte de lui est vrai.
Déjà, — même dès le lycée, racontent ses intimes, — il était pénétré de Spinoza, et assis dans son déterminisme. […] Il avait, racontent ses amis, des naïvetés exquises. […] Loti, lui, raconte tel orage, telle bourrasque, tel grain. […] C’est la « vie telle qu’elle est » que raconte Lesage. […] J’ai pris les Mémoires de Tolstoï, et j’ai comparé les pages où il raconte, lui aussi, la mort de sa mère.
Vous ne concevrez pas que l’histoire pût être racontée autrement. […] S’il les raconte avec cet accent de conviction émue, c’est qu’il s’émerveille lui-même. […] Je l’ai racontée déjà cette visite, dans une page écrite sur notre si regretté Lovenjoul. […] Il raconte ce qu’il en connaît. […] Pascal ne s’est pas proposé, comme Rousseau, de se raconter ; comme Amiel, de s’anatomiser.
Il a eu cette malchance que son histoire nous a été racontée seulement par ses ennemis et ses vainqueurs. […] Cet épisode est raconté dans le VIIIe livre de Quinte-Curce. […] Celle qu’il raconte est vague et sommaire. […] Je ne vous raconterai pas Timocrate. […] Cézy, nous dit Racine, avait raconté la chose « à quantité de personnes ».
Mais voulez-vous que je vous raconte une chose qui m’a ému et m’a fait réfléchir longtemps ? […] On a raconté bien des choses sur l’esprit des troupes d’alors et sur les sentiments des gens de la Commune. […] » dit Renard. « Comme l’auteur s’est donné de la peine pour nous intéresser à ce qu’il avait à nous raconter ! […] Renard a raconté l’histoire d’un petit garçon aux cheveux roux. […] Il lui manque le don de faire marcher ses personnages et de raconter simplement leurs faits et gestes.
Il est spirituel, un peu trop à la manière du xviiie siècle ; il fait de petits vers, il est vif, il est jugeur, il a enfin une personnalité qui nuance les anecdotes qu’il raconte.
L’historien, lorsqu’il a pour guide dans la suite du récit un homme d’État qui est très intéressé dans les principales actions et qui les raconte, doit donc, à chaque pas, s’éclairer, s’il se peut, de témoignages différents et contradictoires. […] Ce n’est pas à dire qu’au siège de Paris (1590) Henri IV, prenant pitié de ceux mêmes qu’il pressait et qu’il affamait, ait favorisé, comme on l’a raconté, l’entrée des vivres dans cette capitale, qui était déjà la sienne. […] » À l’affaire d’Aumale (1592) où Henri s’expose si imprudemment, Rosny est dépêché par les plus fidèles serviteurs du roi pour lui faire remontrance sur le terrain même et le prier de ne point se hasarder ainsi sans besoin : « Sire, ces messieurs qui vous aiment plus que leurs vies, m’ont prié de vous dire qu’ils ont appris des meilleurs capitaines, et de vous plus souvent que de nul autre, qu’il n’y a point d’entreprise plus imprudente et moins utile à un homme de guerre que d’attaquer, étant faible, à la tête d’une armée. » À quoi il vous répondit : « Voilà un discours de gens qui ont peur ; je ne l’eusse pas attendu de vous autres. » — « Il est vrai, Sire, lui repartîtes-vous, mais seulement pour votre personne qui nous est si chère ; que s’il vous plaît vous retirer avec le gros qui a passé le vallon, et nous commander d’aller, pour votre service ou votre contentement, mourir dans cette forêt de piques, vous reconnaîtrez que nous n’avons point de peur pour nos vies, mais seulement pour la vôtre. » Ce propos, comme il vous l’a confessé depuis, lui attendrit le cœur… Il y a dans ces Mémoires de Sully, et si l’on en écarte les cérémonies et les lenteurs, des scènes racontées d’une manière charmante et même naïve.
Je voulais échauffer l’imagination de mes parents et de mes maîtres ; je voulais qu’ils me lâchassent au service : je m’y regardais déjà un peu, puisque de vieux dragons du brave régiment de mon oncle me portaient sur leurs bras et qu’ils me racontaient Clausen, Dettingen et Bonef. […] À propos de je ne sais quelle position avantageuse aux Prussiens : « Le roi l’occupa parfaitement bien, dit le prince de Ligne ; il jouit de son plaisir ordinaire, qui était de nous tenir en suspens. » À la fin de la campagne de 1759, le prince de Ligne est choisi pour aller porter au roi de France à Versailles la nouvelle de l’affaire de Maxen ; il a raconté sa première apparition dans cette Athènes dont il était déjà, et il l’a fait avec piquant et un peu de cliquetis. […] Au reste, le prince de Ligne, qui s’y connaît mieux que personne, va nous développer tout ce qui convient à son idée, et nous raconter ces divers degrés et, pour ainsi dire, ces saisons successives de l’homme aimable : Je connais des gens, dit-il, qui n’ont d’esprit que ce qu’il leur faut pour être des sots.
La première raconte les propos familiers et retrace les habitudes domestiques du bon roi, « comment il se gouverna tout son temps (toute sa vie) selon Dieu et selon l’Église, et au profit de son royaume ». […] Joinville nous raconte ses impressions successives et ses émerveillements qui commencent dès le port, et qui nous instruisent d’ailleurs des détails de la navigation à ces époques : Au mois d’août, dit-il, nous entrâmes en nos nefs à la Roche de Marseille, et le jour que nous y entrâmes, on fit ouvrir la porte de la nef et l’on mit dedans tous nos chevaux que nous devions mener outre-mer : et puis referma-t-on la porte, et on la boucha bien ainsi qu’on fait d’un tonneau, parce que quand la nef est en mer, toute la porte est sous l’eau. […] [NdA] Pourtant il fallut aider au zèle par plus d’un moyen ; il y eut la ruse de saint Louis, racontée par le père Daniel, t.
Les souvenirs de 1815 et du retour de l’île d’Elbe y sont racontés avec détail et avec le feu d’un contemporain et presque d’un témoin : le passé chevaleresque y est senti avec noblesse. […] Beyle, après Latouche, eut le tort de s’exercer sur ce thème impossible à raconter et peu agréable à comprendre. […] La prompte introduction de ce jeune homme timide et honteux dans ce monde pour lequel il n’avait pas été élevé, mais qu’il convoitait de loin ; ce tour de vanité qui fausse en lui tous les sentiments, et qui lui fait voir, jusque dans la tendresse touchante d’une faible femme, bien moins cette tendresse même qu’une occasion offerte pour la prise de possession des élégances et des jouissances d’une caste supérieure ; cette tyrannie méprisante à laquelle il arrive si vite envers celle qu’il devrait servir et honorer ; l’illusion prolongée de cette fragile et intéressante victime, Mme de Rênal : tout cela est bien rendu ou du moins le serait, si l’auteur avait un peu moins d’inquiétude et d’épigramme dans la manière de raconter.
La vie n’est qu’une ombre qui marche ; un pauvre comédien qui piaffe et trépigne, son heure durant, sur ses tréteaux, et puis on n’en entend plus parler ; c’est un conte raconté par un idiot, plein de bruit et de fracas, qui ne signifie rien ! […] Rousseau, le reconduisant et prenant congé de lui sur le palier, lui dit : « Nous venons de passer ensemble des moments bien agréables ; il serait tout naturel que je vous retinsse à dîner ; mais, si vous étiez malade ce soir, on dirait que je vous ai empoisonné. » — Ducis avait raconté l’anecdote à M. Droz qui se plaisait à la raconter à son tour.
Grote au suprême degré, dans les premiers volumes où je viens de l’étudier, c’est une rectitude de bon sens et de bon esprit, qui, purgée de toute idée préconçue et de toute superstition traditionnelle, examine, pèse, discute et n’avance rien qui ne lui paraisse probable ou possible ; là où il doute, il le dit, et comme l’incertitude est partout à cette origine de l’histoire grecque qui débute par la mythologie, il ne nous donne d’abord aucune histoire, il ne nous propose aucune explication ni interprétation ; il se borne à exposer chaque récit mythique dans toute son étendue et avec ses variantes, tel que les Grecs se le racontaient entre eux. […] Il n’y a de certainement vrai, selon lui, dans une légende poétique que la couleur, et encore cette couleur locale, cette vérité sociale et morale n’est point du tout celle des héros et des temps représentés ; elle n’appartient qu’à l’âge du poëte qui raconte et qui chante. […] Un de nos généraux, disciple à la fois de Xénophon et de Virgile, M. de Fezensac, a une mémoire telle qu’il récitait au bivouac en Russie, aux officiers de son régiment, un sermon de Massillon qu’il avait retenu dès l’enfance ; et comme il racontait un jour l’anecdote dans un salon, on lui demanda s’il pourrait le réciter encore ; il assura qu’il le savait toujours par cœur : on alla immédiatement chercher le volume de Massillon dans la bibliothèque, et le guerrier lettré se mit à réciter cette prose harmonieuse, mais un peu flottante, sans faire une faute.
La même scène, vue et racontée par un homme vif, bouillant, excessif, impétueux, tel que Saint-Simon, peut ne pas ressembler à celle qu’on lit racontée par Matthieu Marais ou par Buvat. […] Saint-Hilaire a raconté fort en détail la cérémonie de la dédicace, qui se fit le 28 mars 1686 : « Je ne crois pas, dit-il, qu’il se soit jamais rien fait de pareil chez les anciens Romains, même dans le temps de la plus grande adulation.
Elle racontait qu’on disait souvent d’elle toute jeune : « Claire est très-bien, c’est dommage qu’elle « ait si peu d’esprit ! […] En 1820 seulement, ayant un soir raconté avec détail l’anecdote réelle d’une jeune négresse élevée chez la maréchale de Beauvau, ses amis, charmés de ce récit (car elle excellait à raconter), lui dirent : « Mais pourquoi n’écririez-vous pas cette histoire ?
Ensuite, parce que les événements que l’histoire raconte ont par eux-mêmes un attrait de curiosité, un intérêt, pour nous exprimer autrement, qui empêche le lecteur de faire attention à l’insuffisance ou à la médiocrité du style. La curiosité est très indulgente, pourvu que l’histoire soit racontée. […] Tacite raconte la sédition des prétoriens à la vue d’Othon, en homme qui a vu les émotions populaires et les défections soldatesques.
L’historien est chargé de raconter et de décrite la maladie quand le malade est mort. […] Même lorsqu’il raconte, comme dans sa Vie de Washington, c’est d’une certaine beauté abstraite qu’il donne l’idée, non d’une beauté extérieure et faite pour le plaisir des yeux. […] Il n’aimait, nous dit-il, que les historiens tout simples et naïfs, qui racontent les faits sans choix et sans triage, à la bonne foi ; ou, parmi les autres plus savants et plus relevés, il n’aimait que les excellents, ceux qui savent choisir et dire ce qui est digne d’être su.
Il a raconté lui-même comment, dans les premiers temps de cette entreprise, occupé de rechercher les traditions déjà en partie recueillies, il se tourmentait d’une tristesse jalouse, craignant que sa vie ne fût trop courte pour une telle œuvre et que son trésor ne lui échappât. […] tu as le don de la parole, tu as de la jeunesse, tu sais conter un récit héroïque : raconte de nouveau ce livre royal, et cherche par là la gloire auprès des grands. » Cet ami lui abrégea les recherches, lui procura un certain recueil déjà fait, et le poète, voyant la matière en sa puissance, sentit sa tristesse se convertir en joie. […] Le poète raconte toute l’histoire des premiers rois de Perse, des fondateurs de dynasties, telle qu’elle s’est transmise et transfigurée dans la mémoire, pleine d’imagination et de féerie, de ces peuples orientaux.