Il rêve beau. […] Sa coquetterie était devenue un mystère, elle faisait rêver au lieu d’inspirer l’attention galante que sollicitent les femmes, et laissait apercevoir sa première nature de flamme vive, ses premiers rêves bleus, comme on voit le ciel par des éclaircies de nuages. […] Quand cessa le rêve où m’avait plongé la longue contemplation de mon idole, et pendant lequel un domestique vint et lui parla, je l’entendis causant du comte. […] Il mourut, comme lui, entre cinquante et soixante ans, heureux à la fin de sa carrière, retiré du monde dans son repos, soigné par une femme aimée, et ne regrettant rien que ses rêves. […] Admirables prosateurs, détestables philosophes, préparant, pour désaltérer le peuple, non de l’eau salubre, mais de l’opium ivre de rêves et de convulsions !
Tantôt c’est l’atelier avec ses rangs pressés d’ouvrières actives à chiffonner les soies : Ô leur rêve de luxe et de femmes parées Musant parmi la fièvre amante des éloges !
La Métamorphose de la Vie en Rêve, de la Matière en Esprit, la lente métempsycose des Images en Idées et des Hommes en Anges ! […] Nous en retrouvons la tradition dans les plus puérils récits et ses fictions jolies ont, dès l’enfance, enguirlandé nos premiers rêves Cette religion nous paraît désormais toute naturelle. […] Et tandis que les créatures vivantes prenaient les apparences monstrueuses de plantes animalisées et sensibles de faune tourmentée et plus malsaine que les rêves de M. […] Il ne pourra donc pas ordonner son âme troublée, dans l’eurythmie de l’univers ; cette paix qu’il n’a jamais pu trouver dans le Rêve, la Réalité la lui refuse à son tour. […] Saint-Georges de Bouhélier est un artiste comme je les rêve.
Enfant, elle ne distinguait pas toujours la rêverie du rêve ; elle voyait double, comme elle l’a dit avec une énergique concision. […] L’homme a été créé pour l’action, et non pour le rêve. […] Cuvillier-Fleury veut dire qu’il est difficile, impossible même d’indiquer le jour où une idée commence et celui où elle finit dans cette tête pleine de rêves, il a raison. […] Madame Bovary, vous la connaissez, c’est une femme d’une imagination troublée, déréglée et corrompue par ses rêves avant de l’être par ses passions. […] Prétendre abolir la misère, c’est un rêve, un rêve dangereux, parce qu’en faisant luire aux yeux du misérable cette impossible utopie, on lui rend ses souffrances plus intolérables sans pouvoir l’en délivrer.
Jeune homme, qui vous destinez aux lettres et qui en attendez douceur et honneur, écoutez de la bouche de quelqu’un qui les connaît bien et qui les a pratiquées et aimées depuis près de cinquante ans, — écoutez et retenez en votre cœur ces conseils et cette moralité : Soyez appliqué dès votre tendre enfance aux livres et aux études ; passez votre tendre jeunesse dans l’etude encore et dans la mélancolie de rêves à demi-étouffés ; adonnez-vous dans la solitude à exprimer naïvement et hardiment ce que vous ressentez, et ambitionnez, au prix de votre douleur, de doter, s’il se peut, la poésie de votre pays de quelque veine intime, encore inexplorée ; — recherchez les plus nobles amitiés, et portez-y la bienveillance et la sincérité d’une âme ouverte et désireuse avant tout d’admirer ; versez dans la critique, émule et sœur de votre poésie, vos effusions, votre sympathie et le plus pur de votre substance ; louez, servez de votre parole, déjà écoutée, les talents nouveaux, d’abord si combattus, et ne commencez à vous retirer d’eux que du jour où eux-mêmes se retirent de la droite voie et manquent à leurs promesses ; restez alors modéré et réservé envers eux ; mettez une distance convenable, respectueuse, des années entières de réflexion et d’intervalle entre vos jeunes espérances et vos derniers regrets ; — variez sans cesse vos études, cultivez en tous sens votre intelligence, ne la cantonnez ni dans un parti, ni dans une école, ni dans une seule idée ; ouvrez-lui des jours sur tous les horizons ; portez-vous avec une sorte d’inquiétude amicale et généreuse vers tout ce qui est moins connu, vers tout ce qui mérite de l’être, et consacrez-y une curiosité exacte et en même temps émue ; — ayez de la conscience et du sérieux en tout ; évitez la vanterie et jusqu’à l’ombre du charlatanisme ; — devant les grands amours-propres tyranniques et dévorants qui croient que tout leur est dû, gardez constamment la seconde ligne : maintenez votre indépendance et votre humble dignité ; prêtez-vous pour un temps, s’il le faut, mais ne vous aliénez pas ; — n’approchez des personnages le plus en renom et le plus en crédit de votre temps, de ceux qui ont en main le pouvoir, qu’avec une modestie décente et digne ; acceptez peu, ne demandez rien ; tenez-vous à votre place, content d’observer ; mais payez quelquefois par les bonnes grâces de l’esprit ce que la fortune injuste vous a refusé de rendre sous une autre forme plus commode et moins délicate ; — voyez la société et ce qu’on appelle le monde pour en faire profiter les lettres ; cultivez les lettres en vue du monde, et en tâchant de leur donner le tour et l’agrément sans lequel elles ne vivent pas ; cédez parfois, si le cœur vous en dit, si une douce violence vous y oblige, à une complaisance aimable et de bon goût, jamais à l’intérêt ni au grossier trafic des amours-propres ; restez judicieux et clairvoyant jusque dans vos faiblesses, et si vous ne dites pas tout le vrai, n’écrivez jamais le faux ; — que la fatigue n’aille à aucun moment vous saisir ; ne vous croyez jamais arrivé ; à l’âge où d’autres se reposent, redoublez de courage et d’ardeur ; recommencez comme un débutant, courez une seconde et une troisième carrière, renouvelez-vous ; donnez au public, jour par jour, le résultat clair et manifeste de vos lectures, de vos comparaisons amassées, de vos jugements plus mûris et plus vrais ; faites que la vérité elle-même profite de la perte de vos illusions ; ne craignez pas de vous prodiguer ainsi et de livrer la mesure de votre force aux confrères du même métier qui savent le poids continu d’une œuvre fréquente, en apparence si légère… Et tout cela pour qu’approchant du terme, du but final où l’estime publique est la seule couronne, les jours où l’on parlera de vous avec le moins de passion et de haine, et où l’on se croira très clément et indulgent, dans une feuille tirée à des milliers d’exemplaires et qui s’adresse à tout un peuple de lecteurs qui ne vous ont pas lu, qui ne vous liront jamais, qui ne vous connaissent que de nom, vous serviez à défrayer les gaietés et, pour dire le mot, les gamineries d’un loustic libéral appelé Taxile Delord.
Ils étaient pris du même désir d’introduire dans leurs vers plus de mystère, plus de rêve, plus de musique, et de substituer au mode narratif et didactique une méthode synthétique aux raccourcis violents.
. — L’homme a éprouvé de tout temps le besoin d’idéaliser ou de parodier sa propre existence, de la répéter par le rêve du spectacle et de la fiction.
Dans cette posture ; il faisait mille rêves ; une extase bizarre s’emparait de lui. […] La situation apparut dans toute son extravagance, et les trois amis furent brutalement tirés de leur rêve par les rires des badauds. […] La première partie de la pièce est un tissu mystérieux de rêves. […] » En écoutant ces récits amers, Camille a vu l’humanité à travers un mauvais rêve, et elle a prié Dieu de n’avoir plus rien de la femme. […] Le poète emplumé croit posséder l’oiseau de ses rêves, assorti à sa couleur comme à son génie.
Jaloux de la beauté de son rêve, il répugne à la flétrir en le réalisant. […] Les uns courent à l’action, les autres se retirent dans le rêve. […] Mais on était las des imaginations excessives et des rêves grandioses ; on voulait vivre tranquille. […] Le Rêve et le Mystère hantent nos imaginations éprises de nuances vagues et de contours indécis. […] Elle ne respecte ni les rêves, ni les illusions ; elle prétend connaître.
L’état subconscient, quoique le rêve puisse être une de ses manifestations, diffère encore de l’état de rêve. […] Burdach, professeur à Koenigsberg, fit en rêve plusieurs découvertes physiologiques qu’il put ensuite vérifier. Un rêve fut parfois le point de départ d’une œuvre ; parfois une œuvre fut entièrement conçue et exécutée pendant le sommeil. […] À propos du rêve, M. Chabaneix dit (p. 17) que ceux qui pensent souvent par images visuelles sont sujets à des rêves ou les images s’objectivent amplifiées.
Les plaisirs de l’intelligence seuls ne lui suffisent pas ; il lui faut ceux de l’imagination, le rêve après la réalité. […] Rêve irréalisable, hélas ! […] C’est la troisième phase, la phase du rêve. […] C’est un instant d’oubli, c’est le rêve. Et quel rêve ?
Est-ce l’état de rêve et de demi-sommeil où ils vivent les yeux à moitié fermés, et voyant toujours et quand même des palais et des paradis ? […] Rêves et combats. — 1891. […] Avec des rêves doux sous vos paupières closes Effacez de vos yeux la trace de vos pleurs ! […] Cette fois il nous a menés à deux pôles imprévus, du rêve de nouvelles conventions sociales à l’amélioration des amphithéâtres où l’on égorge les chiens. […] Son amour était chez elle à l’état d’un rêve plein de douceur indéfiniment continué, d’une musique suave qui n’aurait eu qu’une note.
Goethe a été plus fort que les circonstances hostiles : paisiblement, à travers le désastre de sa patrie, il a suivi la loi normale de son développement ; il a su rester serein au milieu des orages qui bouleversaient le monde ; il a poursuivi son rêve de beauté pendant que d’autres rêves, moins nobles sans doute, violents, meurtriers, agitaient la foule. […] Bernays, qui jettent sur l’ensemble des faits un manteau bleu, couleur de leur rêve innocent. […] qu’un monde nouveau opposait, aux libres rêves des penseurs comme aux fantaisies toujours dangereuses des poètes, des barrières très rapprochées. […] Un instant même, il crut marcher dans la réalisation de ses rêves. […] Entre lui et son rêve de poète, il avait mis trop de minéraux, de végétaux, de paperasses administratives.
Au contraire, l’Espagnol s’enfonce dans son rêve, jusqu’à le changer en sensation ou en vision. […] Nulle part une représentation si matérielle et si intense n’a donné aux figures du rêve un être si solide et si borné. […] » Un certain style lui a paru unique ; lecture, musique, acquisition de tableaux, de camées, de dessins, de moulages, travail, rêves, il a tout tourné de ce côté. […] Vie muette, animale, pleine d’étranges rêves, féconde en légendes. […] Il les peignit ; c’est le seul être et la seule substance qu’elles puissent avoir, puisqu’elles ne sont que des rêves.
Et Bûchette et Jeanie, qui regarde en dedans, et Ilsée, Ilsée qui est l’apparition la plus essentielle que je sache ; et Marjolaine qui, la nuit, jette des grains de sable contre les sept cruches multicolores et pleines de rêves, et Cice, la petite sœur de Cendrillon, Cice et son chat qui attendent le prince ; et Lily, puis Monelle qui revient… Je ne puis tout citer de ces pages, les plus parfaites qui soient dans nos littératures, les plus simples et les plus religieusement profondes qu’il m’ait été donné de lire, et qui, par je ne sais quel sortilège admirable, semblent flotter sans cesse entre, deux éternités indécises… Je ne puis tout citer ; mais, cependant, la Fuite de Monelle, cette Fuite de Monelle qui est un chef-d’œuvre d’une incomparable douceur, et sa patience et son royaume et sa résurrection, lorsque ce livre se renferme sur d’autres paroles de l’enfant, qui entourent d’âme toute l’œuvre, comme les vieilles villes étaient entourées d’eau… [Mercure de France (août 1894).]
On dirait que le poète habite un château de fées, depuis des siècles, abandonné et que le seul silence des salles désertes l’a convié aux rêves très doux d’autrefois.
Elle sera « l’Empire à la fin de la décadence », comme Verlaine, et les poètes nouveaux la suivront des yeux comme une éblouissante vision de rêve.
Vieux et chers maîtres, maintenant presque tous morts, dont l’image m’apparaît souvent dans mes rêves, non comme un reproche, mais comme un doux souvenir, je ne vous ai pas été aussi infidèle que vous croyez. […] Ils devinrent le type de ma vie, et je n’eus d’autre rêve que d’être, comme eux, professeur au collège de Tréguier, pauvre, exempt de souci matériel, estimé, respecté comme eux. […] Durant les offices, je tombais dans de véritables rêves ; mon œil errait aux voûtes de la chapelle ; j’y lisais je ne sais quoi ; je pensais à la célébrité des grands hommes dont parlent les livres. […] Dans une des utopies de société aristocratique que je rêve, il n’y aurait qu’une seule peine, la peine de mort, ou plutôt l’unique sanction serait un léger blâme des autorités reconnues, auquel aucun homme d’honneur ne survivrait.
Quelque étrange que la chose paraisse, nous irons jusqu’à dire, contrairement à certaines spéculations abstraites des platoniciens sur la « vérité » : — C’est la portée pratique qui fait la valeur théorique, qui distingue la réalité du rêve, même du rêve « bien lié ». […] Les conséquences pratiques manquent au rêve, qui ne modifie pas les rapports des choses conformément aux rapports de ses fantaisies. Seule, la force de l’idée, son lien avec l’action et le mouvement permet de lui attribuer une valeur objective, de la considérer non comme un rêve, mais comme une véritable connaissance en acte.
La comédie fut son premier rêve. […] Un peu d’eau pure au pauvre voyageur, il ne fait que rendre témoignage sincère d’une impression éprouvée par lui à cet âge de rêves épiques, lorsque, attendant l’heure d’aborder son Clovis, l’auteur futur des Clefs du Paradis et du Concordat de 1817 traitait en dithyrambe le Déluge, le Jugement dernier, le Rétablissement du Culte. […] C’était l’accomplissement de son rêve : le monde, la vie alentour et sous sa main dans leur infinie diversité ; pas d’étiquette apprise, pas de poétique, et tout le dictionnaire.