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1045. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « Vie de la Révérende Mère Térèse de St-Augustin, Madame Louise de France »

La Vie de Madame Térèse de Saint-Augustin les attendait… et cette petite lumière, allumée pieusement sur le tombeau de la Carmélite par une sœur inconnue de sa Communauté, se projettera, grande et forte de sa pureté seule, sur le passé de la princesse, et nous l’éclairera mieux que les récits du temps orageux et souillé où elle a vécu… Aucune des sœurs de cette fille de roi ne partagera cet avantage avec elle d’avoir un livre pur, sincère et désintéressé, inspiré par l’enthousiasme de la justice et tracé par une main à qui on puisse se fier, puisqu’elle est chrétienne, pour défendre sa mémoire outragée en racontant simplement sa vie.

1046. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Charles Monselet »

L’écrivain qui a enlevé d’une main si sûre et si habile ce petit chef-d’œuvre de récit et de drame : Un beau brin de fille, n’a pas besoin de collationner de vieilles histoires pour nous intéresser et nous émouvoir.

1047. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Léon Gozlan » pp. 213-230

Ni l’histoire de ces Cent trente femmes, inouïe, magnifique d’expression et de terreur ici et là, mais coupée à chaque instant par les platitudes d’un récit officiel de journal anglais, qui devrait être écarté s’il est vrai et qui n’aurait pas dû être inventé s’il est faux.

1048. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre VII. »

Chez une race mobile, enthousiaste, charmée des fêtes et des plaisirs comme de la gloire, ce génie prend part à tout : il commence où cesse le récit épique ; il donne à l’hexamètre majestueux l’accompagnement d’un second vers plus court, et, gravant ainsi la pensée, soutient le son poétique par l’accent musical.

1049. (1782) Essai sur les règnes de Claude et de Néron et sur la vie et les écrits de Sénèque pour servir d’introduction à la lecture de ce philosophe (1778-1782) « Essai, sur les règnes, de Claude et de Néron. Livre second » pp. 200-409

C’est l’envie, l’envie que vous affligez par le récit d’une belle action. […] Et réussirait-on à lui persuader le contraire, surtout si l’on faisait passer successivement sous ses yeux les autres ouvrages de Sénèque, et qu’on terminât cet Essai par l’histoire de sa vie et le récit de sa mort ? […] Non, il ne l’avait pas avoué ; j’en appelle au récit même de Tacite. […] Il y a de la vérité dans le plaisant récit de notre première entrevue ; je m’y suis reconnu, et j’ai ri du vernis léger d’ironie poétique qu’il y a répandu, et qui l’a rendu piquant. […] La première convient aux récits tranquilles ; la seconde est propre à toutes les circonstances qui portent le trouble dans les idées, dans les sentiments et le discours.

1050. (1888) Impressions de théâtre. Première série

Le grand récit de la bataille contre les Maures a été un enchantement. […] Et ce dénouement serait en récit. […] Après l’exposition du premier acte, la pièce est toute en interrogatoires et en récits. […] Dumas, s’étant arrêté à l’idée de faire Francillon innocente, toute l’action ne pouvait plus être qu’une enquête, c’est-à-dire une série d’interrogatoires et de récits. […] Busnach et Vanloo ont eu une idée : c’est de mettre en action le récit de Francillon et de nous montrer Eugène.

1051. (1923) Nouvelles études et autres figures

Mais il a gardé la figure de Booz « bon maître et fidèle parent », sa piété, sa générosité envers les pauvres, la poésie pastorale du récit biblique, et même, quoi qu’en pense M.  […] Le récit est alerte et fait circuler un peu d’air dans ce pays stérile et enflammé. […] Le Sahara n’était, à vrai dire, que le récit d’un voyage à El Aghouat ; le Sahel est le recueil des impressions que lui a laissées son séjour sur la terre algérienne. […] Ce qu’il n’avait pas fait dans un simple récit de route (où d’ailleurs je conviens qu’il aurait pu le faire), la forme de son nouveau livre l’exigeait presque d’un artiste désireux de se perfectionner. […] Il avait dans ses papiers la matière d’un nouveau récit de voyage.

1052. (1889) Impressions de théâtre. Troisième série

Car aussi bien nous pourrions dire, nous, qu’Eraste lui-même nous ennuie avec son récit interminable et médiocrement plaisant du premier acte. […] Ce récit de si belle allure, c’est un tableau de Van der Meulen. […] Mais le récit de chasse de M.  […] Il en restera, dans mon récit, ce qu’il pourra. […] Hector Crémieux et Pierre Decourcelles ont eu l’habileté (et ce n’était pas facile, croyez-le bien) de ne laisser perdre aucun des détails attendrissants ou gracieux du récit de M. 

1053. (1888) La vie littéraire. Première série pp. 1-363

Ayant lu des récits enchanteurs, il crut aux enchantements. […] C’est à compter du quinzième siècle que nous rencontrons, non plus des chanteurs ambulants, mais de vrais écrivains, capables de faire un bon récit. […] Je ne veux m’attarder ni aux Caquets de l’accouchée, ni aux histoires de laquais de Charles Sorel, ni aux récits bourgeois de Furetière, ni aux contes de fées. […] Cela suffit à la vraisemblance et partant à l’intérêt du récit de M.  […] Les récits de l’histoire romaine d’Amédée Thierry la captivent.

1054. (1920) Essais de psychologie contemporaine. Tome I

Les procédés modernes d’art que nous aimons le plus manquent à ce court récit. […] On comprend qu’un écrivain se hausse jusqu’à une impartialité relative en traçant le récit des campagnes d’Annibal. […] Il l’a conçue et traitée, cette histoire, comme le récit du développement d’une idée. […] Balzac nous a laissé, dans un morceau d’autobiographie trop peu cité, le récit des visions où il se complaisait à cette époque de son existence. […] Taine et employés, les uns au tissu même du récit, les autres à la confection des petites notes probantes mises au bas des pages ?

1055. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Mademoiselle Aïssé »

Cette éducation dangereuse ne la séduisit cependant pas au point de la faire céder aux vues de M. de Ferriol, qui, peu généreux, exigeait d’elle trop de reconnaissance, et d’un grand prince qui voulait en faire sa maîtresse ; mais elle la disposa à la tendresse, et le chevalier d’Aydie en profita71. » Le récit de M.  […] Toute cette avant-scène de la vie de Mme du Deffand serait restée inconnue sans le récit d’Aïssé. […] « Monsieur, « J’avois résolu de me raporter au récit qui vous seroit fait par M. le comte de Rassa que j’envoye en France, de la manière indigne dont j’ay été traité pendant ma maladie et ma prison, mais comme il s’agit de la suspression des actes injurieux à ma personne et au caractère dont j’ay l’honneur d’estre revêtu, vous me permettrés, monsieur, de vous informer le plus succinctement qu’il me sera possible de tout ce qui s’est passé dans cette malheureuse occasion.

1056. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — Chapitre IV. Addison. »

Ses chers poëtes latins le suivaient partout ; il les avait relus avant de partir ; il récitait leurs vers dans les lieux dont ils font mention. « Je dois avouer, dit-il, qu’un des principaux agréments que j’ai rencontrés dans mon voyage a été d’examiner les diverses descriptions en quelque sorte sur les lieux, de comparer la figure naturelle de la contrée avec les paysages que les poëtes nous en ont tracés896. » Ce sont les plaisirs d’un gourmet en littérature ; rien de plus littéraire et de moins pédant que le récit qu’il en écrivit au retour897. […] C’est le cœur qui voit le ciel ; si vous voulez m’y faire croire, comme vous me faites croire aux antipodes par des récits et des vraisemblances géographiques, j’y croirai mal ou je n’y croirai point. […] La plus sèche morale se transforme sous sa main en peintures et en récits.

1057. (1861) Cours familier de littérature. XII « LXXe entretien. Critique de l’Histoire des Girondins » pp. 185-304

Est-ce que quelques pages de récit pourraient jamais contenir assez de feu pour répandre l’incendie dans l’Europe ? […] Quant à moi, depuis que j’ai vu l’histoire vraie derrière les rideaux, et que je lis l’histoire travestie dans les récits contemporains, je n’en crois plus un seul mot ; c’est plutôt le réceptacle de toutes les contre-vérités. […] XXXVI Je ne reviendrai pas sur ce récit de ma première conférence avec le roi.

1058. (1879) À propos de « l’Assommoir »

En voici un échantillon : « Le roman sur l’art, dont Claude Lantier sera le héros — Si nous sommes bien renseignés, ce sera le récit de la jeunesse de M.  […] Tel est le récit des débuts de M.  […] Pour inspirer une immense pitié du misérable qui tombe et de la femme qu’il entraîne   Le dégoût même du livre que témoignent des esprits très délicats, habitués à des peintures à l’eau de rose de péchés mignons, à des récits d’infamies comme il faut, prouve que l’auteur a atteint son but.

1059. (1887) Journal des Goncourt. Tome II (1862-1865) « Année 1862 » pp. 3-73

* * * — Je ne me rappelle plus ce que me racontait aujourd’hui ma maîtresse, mais j’ai attrapé au milieu de son récit, se passant je ne sais où, cette réjouissante phrase : « Je me serais trouvée mal, si j’avais osé !  […] Voici un de ces types que j’attrape au passage, parmi les récits d’après dîner. […] Ils ne fabriqueront jamais que les monstres du récit de Théramène, le vrai monstre au goût de la France classique et tragédique.

1060. (1814) Cours de littérature dramatique. Tome III

Voltaire, qui n’était pas Chinois, avait l’air de le croire aussi ; il aimait mieux ajouter foi aux fables des mandarins qu’au récit de Moïse. […] Après la scène du quatrième acte, à mon avis la plus théâtrale de toutes, la scène languit, et le spectateur s’endort jusqu’au récit d’Isménie, à la sixième scène du cinquième acte. Ce récit jouit d’une grande réputation, et la mérite à plusieurs égards ; il expose bien le fait : le fait est étonnant, miraculeux, satisfaisant pour l’assemblée. […] Les beaux récits de Racine sont plus beaux à la lecture qu’au théâtre ; ceux de Voltaire perdent beaucoup à être lus : ils ont besoin du prestige de la scène. […] Enfin, un ami commun, recueillant les récits de l’un et de l’autre, vient à bout de débrouiller le roman : par son secours les vieux amants se rapprochent ; mais leur situation n’est plus la même.

1061. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre IV. L’âge moderne. — Chapitre II. Lord Byron. » pp. 334-423

Quelle enfance Byron mena dans l’antre de « cette lionne », dans quelles tempêtes d’insultes entrecoupées d’attendrissements il vécut lui-même, aussi passionné et plus amer, c’est ce qu’un long récit pourrait seul dire. […] La prise d’Ismaïl, le naufrage de don Juan, suivent pas à pas deux récits en prose. […] Lui-même, un peu plus tard, laissant le masque d’Harold, reprenait son récit en son propre nom, et qui n’eût été touché d’aveux si passionnés et si entiers ? […] Il y est toujours violent, et maintes fois il est féroce ; la noire imagination amène entre ses récits d’amour les horreurs lentement savourées, le désespoir et la famine des naufragés, et le desséchement de ces squelettes enragés qui se mangent les uns les autres.

1062. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « M. FAURIEL. —  première partie  » pp. 126-268

il offrit à Beyle de la lui racheter et de la remplacer par deux autres dont, tout bas, il se souciait beaucoup moins ; en un mot, il offrit toute une menue monnaie pour rançon du premier récit : le marché fut conclu, et Beyle, enchanté du troc, lui écrivait : « Monsieur, si je n’étais pas si âgé, j’apprendrais l’arabe, tant je suis charmé de trouver enfin quelque chose qui ne soit pas copie académique de l’ancien. […] Je me rappelle encore, après treize ans, nos promenades du soir, qui se prolongeaient en été sur une grande partie des boulevards extérieurs, et durant lesquelles je racontais, avec une abondance intarissable, les détails les plus minutieux des chroniques et des légendes, tout ce qui rendait vivants pour moi mes vainqueurs et mes vaincus du xie siècle, toutes les misères nationales, toutes les souffrances individuelles de la population anglo-saxonne, et jusqu’aux simples avanies éprouvées par ces hommes morts depuis sept cents ans et que j’aimais comme si j’eusse été l’un d’entre eux. » A ces récits de l’éloquent et sympathique historien pour les Anglo-Saxons vaincus, Fauriel pouvait répondre par d’autres récits non moins attachants sur ses pauvres vaincus du Midi, sur ces Aquitains toujours écrasés et toujours résistants, toujours empressés de renaître à la civilisation au moindre rayon propice de soleil. […] Le second ouvrage, le seul qu’on possède sous sa forme historique définitive, était destiné à établir le lien entre les deux autres : il comprend le récit des événements de la Gaule depuis la grande invasion des barbares au ve  siècle jusqu’au démembrement de l’empire frank sous les derniers Carlovingiens. […] Il n’y établit pas de courant factice et n’y jette pas de ces ponts commodes, mais artificiels, comme font d’autres historiens ; son récit est adéquat aux choses, comme dirait un philosophe. […] On a lieu toutefois de remarquer que Charlemagne ne grandit point dans ses récits ; il n’y apparaît qu’un peu effacé et dans un lointain qui n’ajoute pas précisément à l’admiration.

1063. (1925) Portraits et souvenirs

En effet, si elle a distingué les Liaisons dangereuses du fatras des récits libertins de l’époque, elle s’est souvenue trop longtemps que ce livre admirable avait pu être, à son heure, un mauvais livre, car, tant que les mœurs qu’il décrivait existaient encore, il pouvait contribuer à en répandre l’imitation. […] Et de quels beaux contes il entremêle ses récits, qu’il nous dise l’histoire merveilleuse de la Reine Balkis ou celle du Calife Hakem ! […] Henry Mürgerj, son voisin me chuchote à l’oreille ses récits attendris et gouailleurs. […] Ces personnages, Laurent Evrard dissimule assez ordinairement l’intérêt passionné qu’ils lui inspirent, en les traitant avec quelque ironie, mais cette ironie n’empêche nullement de ressentir le malaise très particulier qui se dégage des récits où ils sont engagés, généralement en des circonstances plus sourdement angoissantes que visiblement dramatiques. […] Ce n’était, on en conviendra facilement avec moi, ni un mécanicien, ni un sorcier, que Leconte de Lisle, et c’est cependant de ce grand poète qu’il s’agit, car c’est de lui que je tiens le récit que je vais rapporter.

1064. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Bernardin de Saint-Pierre »

Cette idée, qu’enfant il avait conçue en lisant Robinson, Télémaque et les récits des voyageurs, c’était d’avoir quelque part, dans un coin du monde, son île, son Ithaque, sa Salente, où il assoirait par de sages lois le bonheur des hommes. […] Cette passion, dont on peut lire le récit complaisamment tracé par le biographe de Bernardin de Saint-Pierre, m’offre bien l’idéal des amours romanesques, comme je me les figure : être un grand poète, et être aimé avant la gloire !

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