La pensée, éther subtil qu’Anaxagore définissait « la plus pure et la plus légère des substances », s’irradie des pierres, des arbres, des fleurs, des animaux, des hommes, règle le mouvement des sphères, évolue jusqu’aux dieux, involue jusqu’à l’atome, trace un cercle mystérieux, qui, n’ayant pas commencé, ne peut pas prendre fin. […] — Alors, lisez-les… Il me semble que je n’ai pas observé jusqu’au bout la règle indulgente que je m’étais imposée. […] Se soumettre, le cœur plein de rage et d’envie tant qu’on n’est pas le plus fort ; tourmenter, pressurer autrui aussitôt qu’on a conquis par ruse, lucre ou violence quelque parcelle du pouvoir, telle est la règle commune.
Elle reconnaît désormais, comme règle fondamentale, que toute proposition qui n’est pas strictement réductible à la simple énonciation d’un fait, ou particulier, ou général, ne peut offrir aucun sens réel et intelligible. […] Elle reconnaît désormais comme règle fondamentale, que toute proposition qui n’est pas strictement réductible à la simple énonciation d’un fait, ou particulier ou général, ne peut offrir aucun sens réel et intelligible. Phrase formidable, la plus formidable peut-être qu’un cerveau humain ait jamais osé produire, et qui le devient davantage encore, quand on en suppose la règle appliquée à ce domaine si proche de nous-mêmes que nous avions instinctivement espéré jusqu’ici pouvoir le dérober à son emprise !
Je ne sais qui l’a dit le premier : règle générale, la plaisanterie d’une nation ressemble à son mets ou à sa boisson favorite.
Dussault170, parurent s’approfondir en lui par le progrès des ans ; et, sans avoir jamais été peut-être pour M. de Parny des règles bien arrêtées, elles devinrent d’insurmontables habitudes.
La voilà implantée, la grande idée anglaise, j’entends la persuasion que l’homme est avant tout une personne morale et libre, et qu’ayant conçu seul dans sa conscience et devant Dieu la règle de sa conduite, il doit s’employer tout entier à l’appliquer en lui, hors de lui, obstinément, inflexiblement, par une résistance perpétuelle opposée aux autres et par une contrainte perpétuelle exercée sur soi.
La France, conclut-il, a donc perdu son influence en Italie pour ne s’être conformée à aucune des règles de ceux qui veulent conserver une possession.
Il faut avoir soin de l’hôte qui nous arrive : c’est moi que vous chargerez de dépêcher le grand ouvrage de cette nuit, après lequel nos nuits et nos jours ne reconnaîtront plus d’autre règle que le pouvoir souverain.
. — Au moins, répondent aux artistes ceux qui ne sentent pas l’art, soyez donc fidèles à la règle du beau.
» Il faut donc se rappeler que l’esthétique de Wagner tend à poser les lois du drame musical qu’elle conçoit comme l’œuvre d’art suprême, et nullement à édicter des règles générales sur la musique et la poésie.
Nous ne savons pas comment ces grands hommesdz se produisent ; la loi qui règle la naissance et la nature des génies et des talents nous est inconnue ; nous savons seulement qu’aucune des hypothèses que l’on a émises sur ces lois ne rend compte de tous les faits.
Pour aimer l’action, pour s’y mettre tout entier, l’homme a besoin de croire à un résultat de cette action ; il entend faire une œuvre efficace dans la mesure de ses facultés et de ses forces ; il lui répugne d’imiter ces moines du désert qui, travaillant pour obéir à la règle, arrosaient tout le jour un bâton planté dans le sable.
Or, en mettant les choses au mieux pour la thèse de la transmissibilité des caractères acquis, en supposant que le prétendu caractère acquis ne soit pas, dans la plupart des cas, le développement plus ou moins tardif d’un caractère inné, les faits nous montrent que la transmission héréditaire est l’exception et non pas la règle. […] Là même où elle agit, on ne voit pas comment elle obtiendrait un changement aussi profond qu’un accroissement de complexité : tout au plus serait-ce concevable si les caractères acquis se transmettaient régulièrement, de manière à s’additionner entre eux ; mais cette transmission paraît être l’exception plutôt que la règle.
La sincérité, et, à ses fins, l’impression du moment, suivie à la lettre, sont ma règle préférée aujourd’hui. […] Par moments aussi, le ton s’élève, et, de la petite idylle toute parfumée de thé, de vin tiède et de fleur de pêcher, passe au tableau de guerre, à la scène pathétique, quelquefois à la pensée profonde, sans toutefois jamais enfreindre les règles que s’est imposées l’auteur, et qui sont la concision pour l’expression, la brièveté quant à la phrase et la discrétion dans les procédés mis en œuvre.
* * * Aussi, et sauf quelques exceptions qui confirment la règle, la littérature normale — et la meilleure — fut-elle, ces cinq ans, du côté de ceux qui continuèrent à jouer à la balle. […] Et à vrai dire Flaubert dans Madame Bovary et dans L’Éducation sentimentale suit bien en somme la durée lente et progressive d’un personnage, mais l’exception confirme singulièrement la règle, puisque cette durée même est prise comme un élément de caractère, un principe de nihilisme, que, rigoureusement, pour Flaubert, un être qui dure c’est un être qui se détruit, et que ces deux romans sont comme le tableau clinique de cette destruction. […] Mais la Prose pour des Esseintes ou Suzanne nous fait rêver une hyperbole, une pureté d’île, état rare, précaire et charmant qui prend fin par le retour de la règle, la rentrée au bercail. […] La floraison du théâtre en France s’est accompagnée d’une feuillaison de Poétiques ou de Dramatiques, depuis l’abbé d’Aubignac jusqu’à Sarcey, où la question capitale était celle des règles de la composition : il y avait ici le songe comme il y avait là la prosopopée, ici la scène à faire comme là la péroraison, ici l’exposition comme là l’exorde, etc… Voyez au contraire les deux autres grands genres, à savoir l’épopée et la poésie lyrique. Les prétendues règles de la composition épique, telles que les reproduit Horace, sont de fausses fenêtres, tentées par les critiques ; elles ont été vite discréditées.
N’attendez pas qu’il naisse un Shakespeare pour enseigner au public les règles du drame, ni un Molière pour lui enseigner les lois du rire. […] Un livre placé pour ainsi dire sous l’invocation de Platon, écrit selon les règles de sa méthode si flexible et si libre, ne pouvait qu’être excellemment composé. […] Phidias, pour le créer, aurait-il obéi aux règles prescrites par certains rhéteurs superficiels qui conseillent à l’artiste d’emprunter à tous les modèles qui posent devant lui ce qu’ils offrent de beauté, et qui croient que le meilleur moyen d’obtenir un ensemble irréprochable est de combiner ensemble toutes les perfections de détail qu’ils ont observées chez divers individus de même famille ? […] Le premier, en effet, il appliqua ces grands principes qui furent la règle de toute sa poétique : l’intelligence est le vrai fondement de l’admiration et de l’amour ; par conséquent ce qui nous donne le plus profondément l’intelligence des choses est aussi ce qui nous en révèle le mieux la réelle beauté. […] En règle générale, les hommes supportent beaucoup plus aisément les coups de bâton qui tombent sur leurs opinions qu’ils ne supportent une chiquenaude sur l’oreille ou une croquignole sur le bout du nez.
Il pensait que la poésie mourait en l’homme après un certain automne de la vie ; peut-être plus justement cette sensation lui était venue qu’il est difficile et inutile à un homme de pensée de faire concorder les idées qu’il veut traduire en leur luxe de décors et leur intérêt de circonstances, avec les règles d’une étroite tabulature établie toujours par une individualité sans mandat et d’autant plus écoutée qu’elle est plus dénuée de mandat et plus encore draconienne. […] On sait aussi qu’après avoir trop servi, les formes demeurent comme effacées ; leur effet primitif est perdu et les écrivains capables de les renouveler considèrent comme inutile de se soumettre à des règles dont ils savent l’origine empirique et les débilités. […] Si l’on pousse plus loin l’investigation on découvre que les vers sont ainsi scandés : 3 3 3 3 Oui je viens | dans son temple | adorer | l’éternel 2 4 2 4 Je viens | selon l’usage | antique | et solennel soit un premier vers composé de quatre éléments de trois pieds, ou ternaires ; et un second vers scandé : 2, 4, 2, 4 — Il est évident que tout grand poète ayant perçu d’une façon plus ou moins théorique les conditions élémentaires du vers, Racine a, empiriquement ou instinctivement, appliqué les règles fondamentales et nécessaires de la poésie, et que c’est selon notre théorie que ses vers doivent se scander. […] Brunetière veut bien reconnaître, à travers ses perpétuelles accusations d’incompréhensibilité, que le vers se trouvera ainsi libéré de règles tyranniques et inutiles ; cela prouve que s’il ne comprend pas tout il comprend un peu. […] Ainsi furent Baudelaire, romantique jusqu’à un certain point, et Flaubert, dont le réalisme se doublait d’une manière de romantisme, mais, comme celui de Baudelaire, épris de concision et d’exactitude, tandis que le romantisme courant était d’abondance, d’hyperbole et de paroxysme ; pourtant ils ne dérangent pas l’ensemble de la règle et la rendent seulement plus complexe.
Il y avait à Rome un pape et un peuple qui tenaient de leur antique et noble origine le droit de faire des empereurs, et qui avaient restauré ce grand nom d’empire romain, le plus grand, dit Fauriel, qui eût été donné à des choses humaines ; dans les Deux-Siciles, un royaume féodal, une dynastie florissante qui cherchait la gloire et la gaieté des lettres ; à Venise, une oligarchie opulente, et profonde déjà dans sa politique ; à Milan, une seigneurie nouvelle, tyrannique, mais remplie d’habileté ; à Florence enfin, une démocratie vive et hardie, exercée aux affaires par un gouvernement électif et de courte durée, et chez qui s’éveillaient ces nobles curiosités dont la satisfaction allait prendre dans l’histoire le nom de Renaissance ; partout, sous l’action opposée des ambitions papales et impériales, des soulèvements, des ligues, des conjurations, des guerres civiles où se trempait dans le sang italien le tempérament italien ; des chocs violents d’où jaillissait la flamme d’un patriotisme exalté ; des haines sauvages, des vertus héroïques, tous les excès, tous les emportements d’une société sans règle et sans frein, où se produisaient aussi, par contraste, chez un grand nombre d’âmes, le dégoût des choses d’ici-bas, l’amour contemplatif, mystique et visionnaire des choses éternelles. […] Villani, qui donne à Brunetto les louanges les plus grandes, lui attribuant l’honneur d’avoir, le premier, enseigné aux Florentins l’art de bien parler et les règles de la politique, l’accuse seulement d’avoir été mondain, un poco mondanetto. […] Saint Benoit, à son tour, compare la discipline relâchée et les mœurs corrompues des ordres religieux à ce que furent à l’origine la règle austère, la pauvreté, l’humilité, le jeûne et la prière des fondateurs. […] C’est alors qu’ayant poétiquement transformé, lui aussi, ses révoltes et ses désespoirs, tout ce qui restait en lui de son Werther et de son Prométhée, il enseigne dans ses œuvres cette noble morale d’équité compatissante envers les hommes et d’adoration désintéressée de Dieu, qui désormais sera la règle de sa vie et la joie de son grand cœur pacifié. […] Entre les curiosités vives qui s’éveillaient dans la génération nouvelle et les règles arides de l’enseignement établi, il n’y avait plus aucune concordance.
Peu m’importe que la pensée Qui s’égare en objets divers, Dans une phrase cadencée Soumette sa marche pressée Aux règles faciles des vers ; Ou que la prose journalière, Avec moins d’étude et d’apprêts, L’enlace, vive et familière, Comme les bras d’un jeune lierre Un orme géant des forêts ; Si la manière en est bannie Et qu’un sens toujours de saison S’y déploie avec harmonie, Sans prêter les droits du génie Aux débauches de la raison.
. — Partout la règle est la même.
Ce vrai mot était personnalité du génie ; il voulait être en règle avec le passé par la religion, avec le présent par l’aristocratie du faubourg Saint-Germain, avec l’avenir démocratique par ses pressentiments de république.