Il faut donc que Bodin, et tous les politiques avec lui, reconnaissent les monarchies domestiques dont nous avons prouvé l’existence dans l’état de famille, et conviennent que les familles se composèrent non-seulement des fils, mais encore des serviteurs (famuli), dont la condition était une image imparfaite de celle des esclaves, qui se firent dans les guerres après la fondation des cités.
On dirait que M. de Lamartine tient à nous prouver qu’il possède une palette opulente, et ne veut pas prendre la peine de peindre. […] Il affirme que son traité sur la manière d’écrire l’histoire a précédé son livre sur les Girondins, et je ne puis pas lui prouver qu’il se trompe. […] Il a prouvé sa richesse, et son orgueil est satisfait. […] Il connaît profondément la géographie, la politique et les finances de l’Espagne, et si vous en doutez, il vous le prouvera en affirmant qu’il les connaît. […] Hugo n’a jamais prouvé qu’il fût passionné pour la simplicité.
Ce nom cité entre tous prouve que La Grange avait été mis au courant de la chronique amoureuse de la cour. […] Ce dernier prouva dans la suite qu’il était digne de l’estime de notre auteur. […] Ils cherchèrent même à prouver qu’une telle conduite ne pouvait être que celle d’un hérétique. […] Cette anecdote, qui prouve combien Molière rendait justice à son génie, nous servira à réfuter plus facilement encore l’accusation portée par Bret contre lui pour un prétendu déni de justice. […] Le dénouement du Misanthrope prouve qu’Alceste se berçait d’un faux espoir : les efforts de Molière ne furent pas moins malheureux.
Resterait à prouver la réalité de la loi morale, comme on prouve la réalité de la loi de la pesanteur. […] Cela prouve, dit M. […] Il semble bien prouvé maintenant que le récit de son voyage en Amérique n’est qu’une fantaisie. […] Qui le prouve ? […] Ce qui prouve bien l’utilité de la nature visible, c’est que Théophile Gautier écrit mal ; et M.
J’ai affirmé jusqu’ici plutôt que je ne prouvais. […] Et cela prouve que la rêverie peut avoir à l’occasion un charme exquis. […] Le seul fait de cette union, si intime qu’il en résulte une œuvre d’une homogénéité parfaite, prouve entre les deux arts une singulière affinité de nature. […] C’est bien ainsi, je crois, que l’on se représente communément la composition poétique, ce qui tend à prouver que cette méthode est en fait très usitée. […] Ce qui achève de le prouver c’est que la pièce n’aboutit à aucune conclusion ; après quelques strophes de mise en train, elle atteint rapidement son maximum d’effet, et finit par épuisement.
Dans la biographie des grands hommes, les traits abondent qui prouvent que l’attention spontanée dépend tout entière des états affectifs. […] On dira peut-être : Nous admettons cette réaction des mouvements sur le cerveau, mais rien ne prouve que les mouvements ne soient pas à l’origine un simple effet de l’attention. […] Que nous ayons le pouvoir, dans beaucoup de cas, d’arrêter les mouvements de diverses parties de notre corps, c’est ce que l’expérience prouve à chaque instant. […] Des milliers d’expériences prouvent que le mouvement est inhérent à l’image, contenu en elle. […] Cette idée fixe qui dure toute la vie, sauf le cas où il y a substitution de l’une à l’autre, se résout finalement en une passion fixe : ce qui prouve une fois de plus que l’attention et tous ses modes dépendent d’états affectifs.
50 Etant sorti du puits grâce au bouc, il le plaisante, fais sa caricature, le plaint de n’avoir pas « autant de jugement que de barbe au menton », et le laisse dans l’eau « en l’exhortant à la patience. » Mais il a tant d’esprit, qu’on l’admire, quoique vil et méchant, « Qui sait parler aux rois, dit La Bruyère, c’est peut-être où se terminent toute la prudence et toute la souplesse du courtisan. » Ce n’est rien que les louer ; il faut leur prouver qu’ils le méritent. […] Vos orateurs prouveront surabondamment vos droits. » Le courtisan est donc avocat : faire arme de tout, être toujours prêt sur le pour et le contre, fabriquer à l’instant et de toutes pièces un système de preuves, c’est la perfection du genre. […] Ces pauvres bonnes gens ne sont guère politiques ; ils sont faits pour être mangés et le prouvent surabondamment par leurs actions. […] La Fontaine ne songe à réhabiliter personne ; mais, quand vient l’occasion, il trouve ces traits pénétrants et cette pitié contagieuse qui prouvent qu’un homme d’esprit est aussi un homme de coeur. […] Un loup, quelque peu clerc, prouva par sa harangue Qu’il fallait dévouer ce maudit animal, Ce pelé, ce galeux, d’où venait tout le mal.
et qu’est-ce que cela prouve ? […] Ainsi, les précédents ouvrages d’un homme de génie toujours préférés aux nouveaux, afin de prouver qu’il descend au lieu de monter, Mélite et la Galerie du Palais mis au-dessus du Cid ; puis les noms de ceux qui sont morts toujours jetés à la tête de ceux qui vivent : Corneille lapidé avec Tasso et Guarini (Guarini !) […] Nous venons de prouver que leur théâtre n’a aucune coïncidence avec le nôtre. […] Nous n’hésitons pas, et ceci prouverait encore aux hommes de bonne foi combien peu nous cherchons à déformer l’art, nous n’hésitons point à considérer le vers comme un des moyens les plus propres à préserver le drame du fléau que nous venons de signaler, comme une des digues les plus puissantes contre l’irruption du commun, qui, ainsi que la démocratie, coule toujours à pleins bords dans les esprits. […] À Dieu ne plaise qu’il aspire à être de ces hommes, romantiques ou classiques, qui font des ouvrages dans leur système, qui se condamnent à n’avoir jamais qu’une forme dans l’esprit, à toujours prouver quelque chose, à suivre d’autres lois que celles de leur organisation et de leur nature.
Des expériences multiples le prouvent. […] Un seul critérium, d’ailleurs, je le reconnais, pourra prouver que nous avons raison : la création d’œuvres nouvelles, conformes à notre conception de l’Univers. […] Puisque cela fut vrai, qu’ils le prouvent encore. […] Elle est une heureuse réussite qui ne prouve rien. […] Ainsi d’autres psychologues ne pouvant ni ne voulant méconnaître les rapports incontestables du physique et du moral et le travail prouvé des cellules nerveuses, mais ne pouvant pas admettre le mécanisme absolu dans la création poétique, ont imaginé une explication intéressante, mais un peu vague.
Il a la figure imposante, le regard assuré, la démarche fière, la voix terrible. »116 On a de nos jours contesté cette bonté du lion, et on a prouvé qu’il est aussi peu généreux que le tigre. […] Il explique, il développe, il prouve ; il compose des plaidoyers et des réquisitoires, justifie l’âne, invective contre le loup. […] Ils apprennent, et il sait ; ils prouvent, et il voit.
L’événement l’a prouvé. […] Il faisait des observations judicieuses et désintéressées sur les circonstances, sur les motions, sur les votes, qui prouvaient un complet détachement de lui-même. […] Le vénérable fils de M. de Sèze a remué ses souvenirs de quatre-vingts ans pour me prouver l’inexactitude de détail de mon récit en ce qui touche son père.
Ce choix du public prouve assez sa crainte d’une tension intellectuelle. […] Eugène Montfort Ce qui prouve la supériorité du livre, c’est qu’une pièce de théâtre n’est belle et n’a chance de durée que si elle peut être lue. […] D’ailleurs, « ce qui prouve que le livre est supérieur au théâtre », formule M.
C’est une des productions les plus frappantes du génie de Racine, et une de celles qui prouvent que ce grand homme pouvait tout faire. […] Il est trop vrai, et cet exemple ne le prouve que trop. […] Nous avons perdu ce qu’il avait écrit sur l’histoire, mais il a prouvé dans un discours académique qu’il aurait pu exceller dans la prose.
(4) Mais outre l’observation directe, générale ou individuelle, qui prouve l’exactitude de cette loi, je dois surtout, dans cette indication sommaire, mentionner les considérations théoriques qui en font sentir la nécessité. […] Je dois me borner à indiquer la considération principale qui prouve clairement que cette prétendue contemplation directe de l’esprit par lui-même est une pure illusion. […] Ce n’est pas aux lecteurs de cet ouvrage que je croirai jamais devoir prouver que les idées gouvernent et bouleversent le monde, ou, en d’autres termes, que tout le mécanisme social repose finalement sur des opinions.
Même il n’est pas du tout prouvé que la tendance à la sociabilité ait été, dès l’origine, un instinct congénital du genre humain. […] Quand on a bien prouvé que les organisations sociales de plus en plus savantes qui se sont succédé au cours de l’histoire ont eu pour effet de satisfaire toujours davantage tel ou tel de nos penchants fondamentaux, on n’a pas fait comprendre pour autant comment elles se sont produites. […] C’est le cas de l’Angleterre dont la densité matérielle est supérieure à celle de la France, et où, pourtant, la coalescence des segments est beaucoup moins avancée, comme le prouve la persistance de l’esprit local et de la vie régionale.
Seulement, il faut bien que le livre finisse, et il finit par une inconséquence plus forte que l’auteur, ce réaliste qui ne veut que des livres peints, et qui repousse tout livre ayant le dessein de prouver quelque chose. Il conclut en voulant prouver. […] … Qu’a-t-il voulu prouver ?
Gibbon se pique de prouver que l’érudition bien comprise n’est pas une simple affaire de mémoire, et que toutes les facultés de l’esprit n’ont qu’à gagner à l’étude de l’ancienne littérature. […] Il fait voir que la connaissance véritable de l’Antiquité est le résultat d’un ensemble très varié, très détaillé, sans lequel on ne fait qu’entrevoir les beautés des grands classiques : « La connaissance de l’Antiquité, voilà notre vrai commentaire ; mais ce qui est plus nécessaire encore, c’est un certain esprit qui en est le résultat ; esprit qui non seulement nous fait connaître les choses, mais qui nous familiarise avec elles et nous donne à leur égard les yeux des anciens. » Il cite des exemples tirés de la fameuse querelle des anciens et des modernes, et qui prouvent à quel point, faute de cette connaissance générale et antérieure, des gens d’esprit comme Perrault ont décidé en aveugles de ce qu’ils n’entendaient pas. — Il y a, chemin faisant, des vues neuves et qui sentent l’historien.
Duclos, dans ses récits, dans ses livres de morale, a de ces observations de bon sens bien touchées, bien frappées, et qui prouvent que le moraliste en lui connaissait son sujet, et le médecin son malade. […] À ce portrait où perce discrètement la critique et qu’il jugeait trop flatteur, Duclos en a opposé un de lui par lui-même qui est d’un sentiment bien véridique, au moins en tout ce qui touche à l’esprit, et où il y a des aveux : Je me crois de l’esprit, et j’en ai la réputation ; il me semble que mes ouvrages le prouvent.
J’ai tâché, dans ce que j’ai dit aujourd’hui à son sujet, de prouver que ce grave et puissant prédicateur, dont il ne faut pas faire un talent triste et une parole terne, avait, en effet, la finesse, la pénétration, l’à-propos et la science de l’occasion, autant que les plus fortes armes de la démonstration oratoire, et qu’à travers ce qu’il semblait ignorer et ce qu’il aimait mieux ne pas voir pour marcher comme à l’aveugle et plus hardiment, il avait l’œil très ouvert et très clairvoyant sur les hommes et les choses qui l’entouraient. — Il resterait à citer et à discuter un portrait de Bourdaloue tracé par Fénelon dans ses Dialogues sur l’éloquence, portrait où la diversité et presque l’antipathie des natures se fait sentir, et où Fénelon exprime déjà sur ce talent trop réglé et trop uni à son gré quelques-uns des dégoûts modernes : mais il s’y juge peut-être lui-même encore plus que Bourdaloue, et c’est en parlant de Fénelon qu’il y aurait à y revenir un jour. […] [NdA] On m’indique dans la Revue d’Édimbourg (décembre 1826) un article sur « L’éloquence de la chaire », qui paraît être de lord Brougham : Bourdaloue y est mis fort au-dessus de Bossuet par une suite de raisons qui, toutes bien déduites qu’elles sont, prouvent seulement le genre de goût et de préférence de la nation et du juge : en France, c’est le sentiment immédiat qui nous décide, et dans le cas présent il n’hésite pas.
Avoir lu Aristote et Kant, et le prouver à chaque ligne en parlant de La Fontaine, là est le tour singulier et comme la gageure. […] Il termine son ingénieux essai par une conclusion expresse : il a voulu prouver que l’ouvrage de La Fontaine n’était, dans le détail, que la pratique de certaines règles, de deux règles principales ; il énumère et résume ce qu’il a démontré successivement pour toutes les parties, et il conclut par donc, comme dans un syllogisme.