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3053. (1853) Portraits littéraires. Tome I (3e éd.) pp. 1-363

On sent à chaque page que des Grieux, en défendant Manon, défend sa propre vie. […] Puisque l’auteur des Feuilles d’automne a si mal réussi dans l’analyse de ses propres sentiments, nous n’avons pas le droit de nous étonner qu’il ait échoué, lorsqu’il a tenté d’inventer des hommes, de ranimer les cendres de l’histoire. […] Hugo se contentait d’applaudir de ses propres mains le talent qu’il a montré, nous pourrions nous contenter de sourire à ce puéril délassement ; mais son orgueil, tel qu’il l’avoue, tel qu’il l’affirme dans les Voix intérieures, mérite une réprimande sévère ; car il n’exige pas moins que l’adoration ; il prétend à l’omniscience, et voit dans toutes les admirations paresseuses ou rebelles l’ignorance ou l’impiété.

3054. (1890) Journal des Goncourt. Tome IV (1870-1871) « Année 1871 » pp. 180-366

Elle est même très profondément cachée, et dissimulée sous une première cachette, remplie de dossiers et de papiers de police, propres à arrêter les chercheurs dans leurs fouilles. […] Les franchises municipales, l’autonomie de la Commune, etc., etc. : tout le nuage métaphysique dans lequel elle se tient, propre à satisfaire quelques idéologues de cabaret, n’est pas cela qui lui donne une action sur les masses. […] Alors je me demandais curieusement, si ces jeunes tiraient tout cela de leur propre fonds.

3055. (1865) Cours familier de littérature. XX « CXVIe entretien. Le Lépreux de la cité d’Aoste, par M. Xavier de Maistre » pp. 5-79

Bonnes ou mauvaises, ces doctrines qui renaissaient sous l’empire despotique de Bonaparte étaient infiniment propres à lui plaire.

3056. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre III. Les grands artistes classiques — Chapitre VI. Bossuet et Bourdaloue »

Il débite des choses sensées en termes propres ; ses sermons sont tout unis, sans variété, sans émotion : les déductions sont exactes, les portraits fidèles ; les divisions, les subdivisions rigoureuses et multiples.

3057. (1914) Boulevard et coulisses

Des bourgeois qui, individuellement, sont raisonnables et propres, deviennent, à l’état de spectateurs, incapables de toute délicatesse.

3058. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Ma biographie »

Sainte-Beuve n’a jamais cherché à remonter plus haut dans sa généalogie ; il ne se croyait pas noble, et s’il a voulu, il y a quelques années, s’assurer de la particule paternelle, qui a été omise devant son nom sur son propre acte de naissance à lui-même, deux mois et demi après la mort de son père, s’il a écrit en 1805 à M. le maire de Moreuil qui a bien voulu lui communiquer très obligeamment le document nécessaire, avec les extraits de naissance de ses oncles et tantes, c’est qu’il avait besoin de faire constater le vrai nom de son père pour la régularisation d’un acte notarié (il s’agissait, s’il m’en souvient bien, car il est bon de préciser pour faire taire les malveillants de plus d’une espèce, d’une rente perpétuelle provenant de sa mère à Boulogne-sur-Mer). — Sur l’acte de mariage de ses parents, qui est daté du 30 ventôse an XII de la République (21 mars 1804, — déjà Napoléon perçait sous Bonaparte), M. de Sainte-Beuve père est bien positivement appelé citoyen Charles-François de Sainte-Beuve, ce qui expliquerait à la rigueur que le de peut faire partie du nom sans impliquer nécessairement la qualité nobiliaire. — Mais M. 

3059. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « M. BALLANCHE. » pp. 1-51

Aussi la conviait-il incessamment, cette race antique, à s’identifier avec les destinées de la nation, afin de représenter exactement le principe social, comme c’est le propre et la condition de toute dynastie légitime.

3060. (1888) Revue wagnérienne. Tome III « VI »

J’ai toujours pensé que le propre du littérateur est l’impossibilité de se « figurer » une « description littéraire ».

3061. (1887) Journal des Goncourt. Tome I (1851-1861) « Année 1860 » pp. 303-358

Et devant cette jeune femme, tendrement penchée sur cette horrible et breneuse mégère qui l’injurie, je pense, comme on penserait à un goujat en goguette, à ce Béranger, à cet auteur qui a trouvé drolichon de faire entrer au paradis une sœur de charité et une fille d’Opéra, avec des états de service se valant à ses yeux… Oui, il a toujours manqué aux ennemis du catholicisme, un certain sens respectueux de la femme propre, manque qui est la marque et le caractère des gens de mauvaise compagnie, et le grand patron de la confrérie, M. de Voltaire, voulant faire un poème ordurier, a été nécessairement choisir comme héroïne Jeanne d’Arc : la Sainte de la patrie.

3062. (1898) Manuel de l’histoire de la littérature française « Livre premier. Le Moyen Âge (842-1498) » pp. 1-39

. — Que le propre de l’épopée semble être à son origine : — 1º d’avoir un fondement historique ou cru tel ; — 2º de poétiser un conflit non seulement de « nationalités », mais de « races » ; — 3º et d’incarner le triomphe de l’une de ces races sur l’autre dans un héros « éponyme ». — Qu’il ne saurait être qu’à peine question, ces caractères une fois admis, d’une épopée mérovingienne ; — et qu’il devient presque indifférent de savoir ce que c’étaient que ces « cantilènes » ou vulgaria carmina qui auraient précédé l’épopée nationale. — Il n’y a pas lieu non plus d’examiner si l’épopée française est « romane » ou « germanique » dans son origine ; — et encore bien moins de faire de la question une question de patriotisme. — Le moment précis de la naissance de l’épopée française est celui de la rencontre ou du heurt de l’Orient et de l’Occident, de l’islamisme et du christianisme, de l’Arabe et du Franc ; — elle s’est incarnée d’abord dans la personne de Charles-Martel, que l’on a confondu plus tard avec son petit-fils Charlemagne ; — et ainsi on peut même dire « où » nos Chansons de geste sont nées : c’est sur le champ de bataille de Poitiers.

3063. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Robert » pp. 222-249

Monsieur Robert, soignez vos figures, faites-en moins, et faites-les mieux ; surtout étudiez l’esprit de ce genre de figures, car elles en ont un qui leur est propre : une figure de ruines n’est pas la figure d’un autre site.

3064. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Deuxième partie. — Chapitre XVIII. »

Cet hymne toutefois, en lents hexamètres, peut n’avoir été que la prière propre, l’action de grâces solitaire de l’ancien évêque, au lever du jour, dans son petit village d’Arianze.

3065. (1910) Propos littéraires. Cinquième série

Les moralistes proprement dits ont toujours dit du mal de l’humanité ; — ou, s’il leur est arrivé d’en dire du bien, c’est avec une originalité, une distinction qui les rend peu propres à entrer en communion d’esprit avec la foule. […] Et, par conséquent, « quelles couleurs une nation qui a une pareille langue peut-elle donner à ses propres œuvres !  […] … — III : Quel serait, également, l’emblème le plus propre à représenter la République française ? […] À fabriquer le milliard propre, net, bien fini et à pouvoir dire : « Voilà qui est joli et bien fait », je n’en crains pas un.

3066. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Delille »

Ces sortes d’amnisties ont surtout leur charme en affaires littéraires, et l’esprit, dont le propre est de comprendre, jouit du plaisir singulier de se rendre compte, après-coup, de ce qu’il avait d’abord nié, et de ce qu’il a, autant qu’il l’a pu, détruit.

3067. (1929) Dialogues critiques

Celui qui aime l’un de ceux-là contre l’autre est un esprit étroit ou sectaire, excusable tout au plus si, lui-même producteur ou créateur comme on dit aujourd’hui, il ne peut vraiment apprécier que ce qui entre dans son propre système et nourrit sa personnalité féconde.

3068. (1870) De l’intelligence. Deuxième partie : Les diverses sortes de connaissances « Livre deuxième. La connaissance des corps — Chapitre premier. La perception extérieure et les idées dont se compose l’idée de corps » pp. 69-122

Ainsi nous découvrons dans les corps un caractère réel et propre, le mouvement, et nous le concevons comme analogue de loin à notre sensation musculaire de locomotion, comme un extrait prodigieusement réduit de cette sensation, bref, comme on l’a défini tout à l’heure.

3069. (1859) Cours familier de littérature. VII « XXXVIIe entretien. La littérature des sens. La peinture. Léopold Robert (2e partie) » pp. 5-80

Il dit que son soleil, à lui, baisse aussi, que sa famille est établie et prospère, que ses champs sont riches de gerbes, que ses cheveux blancs, qui s’échappent de son chapeau sur ses tempes amaigries et pâles, lui annoncent la fin des labours et des moissons ici-bas, et que l’automne de la terre lui prédit sa propre automne.

3070. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre VII, seconde guerre médique. »

En même temps, les Ioniens enrôlés par force dans l’armée persane, se révoltaient et passaient aux Grecs : la défection compliquait et précipitait le désastre, le camp envahi était déchiré par ses propres armes.

3071. (1888) Journal des Goncourt. Tome III (1866-1870) « Année 1868 » pp. 185-249

Une espèce d’autopsie qui semble aspirer, absorber notre existence, si bien qu’il nous semble ne plus exister de notre vie propre, mais de la vie de l’homme que nous étudions, que nous fouillons, que nous creusons, de l’homme derrière lequel nous emboîtons le pas, entraînés dans le tourbillon de cette activité vagabonde de Juif-Errant d’affaires et d’amour, qui nous fatigue à sa fatigue.

3072. (1891) Journal des Goncourt. Tome V (1872-1877) « Année 1874 » pp. 106-168

Puis il a encore un : « On a trouvé » un on si distingué, pour parler de ses propres découvertes.

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